Bonjour Earth Son. Merci de nous accueillir pour cette seconde interview. Peux-tu nous décrire cet endroit ? Et nous éclairer sur ce pseudo original ?
Bonjour Thom et merci pour cette invitation.
Je dois avouer que cette première question me met quelque peu en difficulté étant donné que la plupart de mes écrits s’inscrivent dans la réalité, dans ma réalité, même s’ils mettent en scène des personnages de fiction. Ces personnages évoluent en Bretagne, à Paris, dans les rues de Nantes, en Savoie ou dans les Pyrénées… uniquement des lieux que je connais pour y avoir vécu plus ou moins longtemps. Je ne les nomme pas toujours, mais je les ai néanmoins en tête quand j’écris. Et quand je ne suis pas sûre, Google Maps est mon ami

Tout ça pour dire qu’il n’y a pas d’endroit qui m’est vraiment cher à part celui où mes personnages vivent au fil de mon inspiration.
Mais si je devais quand même choisir un lieu, ce serait le centre de recherche du Dr Burgaud. Je dirais même le bureau de David, avec vue sur les prés remplis de chevaux et la forêt en arrière plan.
Et pour mon pseudo, je vois que tu n’as pas fait un tour dans la rubrique éponyme (rires).
En fait, j’ai découvert le groupe de rock alternatif Placebo tardivement et suis devenue complètement fan. Le premier forum sur lequel je me suis inscrite est donc un forum ayant pour thématique ce groupe. Au moment de m’inscrire, je ne savais pas trop quoi choisir comme pseudo et me suis donc inspirée d’une de leurs chansons sortie à l’époque qui s’appelle « Jesus’ Son ». Mais n’étant pas du tout versée dans la religion, j’ai préféré remplacer « Jesus » par « Earth » car ça me parlait beaucoup plus. D’où, au final Earth son. J’ai gardé le même sur le MDE. Et puis, nous sommes tous des enfants de la Terre, n’est-ce pas ?
En tout cas, nous sommes tous dessus, cela devrait nous mettre d'accord !
Est-il exact de dire qu'une constante scientifique sous tend tes écrits : si les paysages sont bien réels, ce qui aide à ancrer une histoire, seuls les personnages sont bien fictifs. Pour autant, il y a visiblement une profonde volonté d'exactitude, comme une dette vis a vis de la réalité. Je dis "dette" parce que je relève une grande humilité voire un sentiment d'insatisfaction de tes textes, à une exception près si je ne me trompe pas (Deux galets ). C'est souvent la marque des bons auteurs, mais en publiant, tu appelles souvent les avis avec cette précaution d'emploi...Il semblerait que tu m’as percée à jour. En effet, j’aime l’exactitude, dans tous les domaines. Que ce soit dans ma vie personnelle, professionnelle ou mes écrits, je ne supporte pas les erreurs. Quand j’en fait une, je peux la ressasser pendant des jours et des jours alors j’évite au maximum. C’est ainsi que pour mes écrits, quand je ne connais pas un domaine, je cherche et cherche et cherche… Par exemple, pour
Deux galets auquel tu fais référence, j’ai passé beaucoup de temps sur des forums ou à visionner des vidéos pour comprendre au mieux les difficultés que pourrait rencontrer mon personnage principal. Pourtant, mon insatisfaction vis-à-vis de mes écrits n’est pas liée à ça il me semble. C’est simplement que j’aime aller le plus directement possible au but et, dans l’écriture, ça ne fonctionne pas ainsi. De manière générale, les longues descriptions m’ennuient, j’ai donc du mal à en faire. Mais si on ne les fait pas pour nos lecteurs, il est difficile de les embarquer avec nous. C’est sur ce point que je travaille depuis quelques temps et j’espère que ça se voit
Absolument, on voit les fruits de ces efforts et tant mieux.
Pour les fotes, on va tascher deux ne pas en fere treau pour ne pâtée nairver...
Un autre point, ce goût immodéré pour le choco... Oh, mais je vois que quelqu'un nous rejoint, visiblement un de tes personnages : qui est-ce ?Oh oui, quelle bonne surprise !
Il me semble que c’est
Gianni. Ah non, désolée, c’est Joachim, bien sûr. Il est vrai qu’ils ont à peu près la même corpulence et sont bruns tous les deux. En plus, je suis un peu myope. Viens avec nous, Joachim !
Nihao Joachim !
Comment va votre amie Lise ? Aucun doute que vous êtes accroché, entre nous : "Son sourire, son franc-parler, son dynamisme… Même sa mauvaise foi. Tout lui apparaît attendrissant". Lorsque vous l'appellerez : qu'allez-vous lui dire ?Qu’est-ce que je vais dire à Lise ? Mmm… « N’oublie pas le pain ! » Non, sans rire, nous envisageons sérieusement de nous installer ensemble. Mais nous devons faire face à quelques problèmes logistiques puisqu’elle poursuit ses études pour devenir guide-conférencier à Paris. Elle qui déteste les parisiens, je n’arrête pas de la charrier. Et moi, j’alterne entre le lycée agricole et l’exploitation de Frédéric. Alors on ne se voit pas beaucoup. Du coup, je lui dirais plutôt « Tu me manques, mon amour. Quand est-ce qu’on se voit ? J’aimerais qu’on arrive à passer plus de deux jours de suite ensemble. » C’est difficile, mais c’est pour la bonne cause. Elle fait ce qu’elle aime et moi aussi. Pour l’instant, nous avons juste du mal à coordonner nos agendas.
S'il n'y a que cet obstacle, je fais confiance à la force des sentiments pour régler ce souci logistique, merci Joachim.
Earth, pourrais-tu, je te prie, poursuivre d'un paragraphe cette histoire, débutée par une phrase imposée, Delnatja en avait assuré un début prometteur ?À cet instant, j'ignorais qui elle était. Aussi, je l'abordais comme n'importe qui, tout en sachant que je prenais un risque calculé. Son apparence me rappelait une femme que j'avais côtoyée quelques années auparavant. Le genre de femme qui vous maîtrise d'un seul regard, avec des yeux bleus, presque transparents, qui pénètrent en vous comme une sonde invasive et mortelle. Inutile de vous préciser, que je n'en menais pas large malgré mon Glock Big-cat à viseur déporté. Il fallait la jouer fine et surtout ne rien brusquer, en espérant que le tuyau que mon indic m'avait balancé littéralement en pleine figure, avant de se carapater et de finir maladroitement dans un broyeur, n'était pas percé. Je sentais qu'elle m'avait déjà jaugée et je ne pouvais plus faire marche arrière et c'est avec une apparente décontraction que je lui demandais…...Si je pouvais fumer une cigarette.
Ses longs cils se figèrent puis elle inclina la tête sur le côté en signe d’assentiment. Alors qu’elle croisait et décroisait ses interminables jambes moulées dans un pantalon de cuir noir, mes mains attrapèrent une Lucky Srike dans ma poche de jean. Avec des gestes lents, je la coinçais entre mes lèvres sèches avant de l’allumer. Cet intermède me permit de vérifier les forces en présence. La patronne était bien entourée. Deux gorilles étaient si proches d’elle qu’ils pouvaient certainement entendre sa respiration et des hommes armés disséminés aux quatre coins de la pièce complétaient le tableau. J’étais clairement en infériorité numérique si les choses tournaient mal.
Elles ne pouvaient pas mal tourner.
J’exhalais un long panache de fumée et attaquais d’emblée.
— Il paraît que vous êtes à la recherche d’un certain objet et j’ai une proposition à vous faire…
Pas mal du tout ! Merci Earth Son de ce temps passé en notre compagnie ! Continue, stp, à nous faire rêver avec cet esprit très attaché au réel.