J'ai déjà parlé mes livres traduir dans français. Maintenant, je vous présante mon roman-fantasy
Le Chien Noir d’Alchesterdont les premiers chapitres il y a longtemps j'ai montrés sur un forum francophon. Alors, une personne m'a bien aidé, mais ensuite... Non, c'est une histoire triste.

Dès lors, je ne traduisais plus ce texte. Peut-être, maintenant, si son debut vous plaît... On verra! Pour le présant, je pose le premier chapitre.
Première partie
Un père crédule, un noble frère
dont la nature est si éloignée de faire le mal
qu’il ne le soupçonne même pas ! …
Comme sa folle honnêteté
est aisément dressée par mes artifices ! …
Je vois l’affaire…
Que je doive mon patrimoine à mon esprit,
sinon à ma naissance ! Tout moyen m’est bon,
qui peut servir à mon but.
W.Shakespeare. " Le roi Lear".
Acte I, scène 2.
Chapitre I
La tempête tourbillonnait sur la lande à bruyère. Son obscurité épaisse remplissait le ciel de nuages lourds, et l'averse se pressait avec frayeur contre la lande et les escarpements rocheux, comme si l'eau cherchait dans la terre en se cachant aux coups violents du feu et du vent.
Elle se jetait précipitamment des cieux dans les bras marins et terrestres.
Les rochers se plaignaient sourdement, en brisant la frénésie de l'ouragan, et la mer se dressait jusqu’à leurs sommets, attrapant et détruisant la fureur des éclairs.
Les fissures de feu fendaient le ciel.
Et la lande faisait écho au grondement confus.
Traversant le vent violent et la pluie, le détachement des chevaliers galopait sur la plaine. Le chemin était détrempé, et la boue volait sous les sabots des chevaux éreintés.
Les cavaliers se précipitaient vers le château qui s’étendait comme un dragon massif sur les rochers du littoral.
Il se prolongeait sur tout l’escarpement.
Les pics des tours s’élevaient sur les ailes des murs…
Il était difficile de distinguer la forteresse dans l'obscurité enragée, seul l’éclat des éclairs versait de temps en temps une lueur blanche sur les bastions ronds et solides.
C’était l'heure de passage à travers le combat entre la terre et le ciel…
…Le bruit discordant des fers à cheval roula sur la roche, et voilà que les chevaux se cabrèrent violemment près de la gorge profonde qui servait de fossé.
Le son du cor, perçant et impérieux, fendit le hurlement de la tempête, en partant des meurtrières du grand mur frontal.
Après un cliquetis, le bloc sombre du pont-levis s’inclina vers le bas, en tressaillant sous les coups frénétiques du vent…
…et, après un claquement sec sur les pierres, il tomba près des sabots des chevaux.
La colonne entra dans le château.
Les gros murs d’enceinte entourant la cour la protégeaient contre les attaques de la tourmente, et seules les flammes de nombreuses torches dans les mains des domestiques crachaient méchamment sur les trombes d'eau, se hâtant de régler leurs comptes avec celles-ci. Tous ceux qui s’étaient amassés autour des cavaliers, furent aussitôt trempés.
Un homme de haute taille, aux cheveux blancs, revêtu d’un manteau bleu jeté par-dessus sa tunique de velours, vint tenir l'étrier du chef de la cavalerie.
« Sire, c’est un grand honneur pour moi de vous recevoir dans les murs de mon château.
- Laissez, laissez, mon vieil ami, et épargnons à ces braves gens de rester sous la pluie. L'arrivée d’un visiteur doit amener la joie, et non un fardeau. Allons donc ! »
Celui qu’on appelait Sire, en faisant tinter sa cotte de mailles, se dirigea vers la trouée en forme d’ogive qui s’ouvrait sur un haut perron. L’hôte montrait respectueusement le chemin au visiteur de haut lignage, et dans la cour déjà un ordinaire remue-ménage commençait : on emmenait les chevaux, les écuyers du lord accompagnaient les chevaliers du roi aux appartements qui leurs avaient été assigné… Quant au roi, il poursuivait sa conversation amicale avec son vassal.
Un large couloir recouvert de tapisseries conduisait à intérieur du château. La chaude lumière des flambeaux tremblotait sur les murs.
« Quelle nuit damnée, mon bon ami, quelle nuit damnée ! Et sans la parole que je vous avais donnée, comte, je ne me serais jamais mis en route pour de si lointaines terres, et en pleine tempête qui plus est… »
Le lord s’inclina, sans ralentir le pas.
« Votre parole, Sire, a toujours été plus précieuse que l'or et plus solide que le fer, bien avant que vous réceviez la couronne d'Angleterre. Je n’ai pas douté une seule seconde que vous arriveriez ce soir, comme vous l’aviez promis. Je vous assure, mon Roi, que, sinon, j’aurais pensé qu’il vous était arrivé malheur et j’aurais envoyé mes chevaliers vous chercher dans la lande ! »
Le roi rit.
« Voici les paroles d’un véritable noble et d’un bon ami ! Mais où sont nos héros de la fête ? »
Le vieux comte se mit à sourire :
« Oh, Votre Majesté, naturellement, ils sont ensemble, il est avec elle ! Ils sont inséparables, et très bientôt l’alliance sacrée offrira Francis à Frédérica aussi sûrement que Frédérica à Francis, et à moi, une bonne part des terres voisines !
- Ah, roublard ! menaça du doigt le compagnon couronné. Vous avez réussi à tirer, même de l'amour de votre fils, profit pour le comté !
- Je ne suis qu’un maître diligent, sourit le comte. Et, pour le dire franchement, Votre Majesté : l'amour des enfants n’est qu’un intéressant moyen de faciliter le mariage que je souhaitais… mais je ne voudrais pas que Francis apprenne cela !
- Bien entendu ! éclata de rire le roi. Vous avez de la chance, sir Edmund !
- Ce n’est pas Francis qui se marie avec lady Frédérica, mais la lande d’Alchester qui s’unit avec les vallées de Welcherst. Et c’est un grand honneur pour moi de voir mon Seigneur à ces fiançailles… »
Lord d’Alchester s’inclina, en ouvrant la porte ogivale devant le roi :
« Voici vos chambres, Sire. Les serviteurs attendent déjà, afin de vous aider à vous laver et vous changer, quant à moi, avec votre permission, je vais vous laisser pour annoncer à nos tourtereaux votre arrivée.
- Allez, allez ! ricana sous sa moustache fournie le roi. Je saurai faire mes ablutions sans votre aide ! »
Ayant ri, les deux vieux amis se séparèrent.
En dodelinant sa tête blanche, le comte alla à la grande salle.
…Le feu flambait gaiement dans l’énorme cheminée, et sous le haut plafond de pierre, des cierges tremblotaient sur le lustre rond en bois. Les grosses dalles du plancher et les murs bourdonnaient en laissant échapper le sifflement du vent éperonnant le château, les volets lourds fermant les meurtrières étroites hurlaient, mais ici, dans cette salle confortable, on ne voulait même pas penser aux intempéries se déchaînant au dehors.
Devant la cheminée il y avait une petite table d'échec, juste sur la peau duveteuse d’un cerf blanc, qui réchauffait les pieds des joueurs.
Deux personnes jouaient: un adolescent et une adolescente.
Encore toute jeune, presque une gamine, elle riait, en renversant la tête, et ses mèches souples, châtain, glissaient à tout moment sur ses épaules, sur la soie argentée de sa robe. La jeune fille faisait une grimace fâchée en tentant de nouveau et de nouveau de les rejeter dans son dos. Et le mélange ravissant du mécontentement et de la gaieté faisait étinceler ses yeux noisette.
« Alors, Francis, je vous avais bien dit que vous ne me feriez mat de nouveau ! Fi, que vous êtes insupportable ! Je ne jouerai plus jamais aux échecs avec vous ! »
Le jeune homme de vingt ou vingt-deux ans porta les mains de sa lady à ses lèvres. Des petites étincelles riraient dans ses yeux noirs.
« Comment pourrais-je racheter un péché si abominable auprès de ma dame ? »
Ses cheveux noirs comme les douces ondes encadraient son visage, descendant sur ses épaules, sur le velours noir de sa tunique ornée d’une chaîne en argent. Francis n'était pas vraiment beau : ses traits étaient trop prononcés, mais le courage et la tendresse vivaient dans ses yeux, le seul charme capable d'orner la personne la moins marquante.
Mais il était impossible de qualifier ainsi lord Francis : svelte, grand, de fines mains.
Et le ravissement dans les yeux de sa fiancée en était la plus manifeste confirmation.
« Alors, milady ? Comment pourrais-je réparer mon péché ?.
- Comment ? »
La jeune fille cligna des yeux, en improvisant.
« Eh bien, racontez-moi la légende du Chien Noir !
- C’est une légende affreuse, mademoiselle. Êtes-vous bien sûre de vouloir l'entendre à la tombée de la nuit ?
- Milord, vous avez promis, il me semble ! Ne soyez pas raseur ! »
Francis s’inclina avec une humilité feinte.
« Si ma lady le souhaite, le vassal de son cœur obéit.
Il y a fort longtemps une famille d’un clan saxon habitait dans ces parages. Et le chef de la famille eut deux fils. L’un, nommé Gyrth, l'héritier légitime, et l'autre, né hors mariage, fils d'une esclave enlevée dans un pays lointain. Personne ne savait qui elle était puisque la pauvre avait perdu l’usage de la parole suite aux malheurs endurés. Son fils était un brave homme, mais son demi-frère aîné, l'héritier du domaine, grandit se révélant cruel et cupide ne pensant pas le moins du monde au bien-être de ses sujets. Une sourde haine pour Harold se développa dans son cœur…
- Est-ce le bâtard qu’on appela ainsi ?
- Oui, c’est cela ! Francis fit-il avec un signe de tête affirmatif. Mais laissez-moi poursuivre. Un jour, Harold décida de se marier avec une belle jeune fille estimable qui convenait à sa position. Elle n’était pas une paysanne, mais venait d’une famille appauvrie, et de plus la cinquième fille. La beauté de lady Eadgyth constitua sa seule dot… avec son amour pour fiancé. Mais Gyrth, après avoir vu sa future belle-sœur, s’éprit d’un désir inavouable et coupable et décida d’en finir avec Harold qu’il détestait. Prendre sa fiancée pour son seul sombre divertissement le comblerait… Une nuit, avec une bande de complices, Gyrth attaqua la maison de Harold, tua son frère et puis enleva la jeune fille. Il viola la captive… je demande pardon, milady, mais vous avez insisté vous-même pour que je raconte cette légende... puis le lord la laissa partir. Ne pouvant pas endurer un tel déshonneur et un tel malheur, Eadgyth se jeta du haut des falaises sur ces rochers, sur lesquels, à présent se trouve notre château, milady. Elle trouva la mort dans les vagues de la mer…
- Terrible ! murmura du bout des lèvres l'auditrice.
- Mais vous n'êtes pas au bout. On pourrait d’abord croire que Gyrth s’en est tiré à bon compte, mais il en se passa différemment. L'esprit de son frère ne pouvant trouver l’apaisement, depuis ce temps-là les gens voient dans la plaine, pendant les nuits obscures, un énorme chien noir qui tourne près des murs du domaine. En entendant son hurlement, dit-on, les gredins perdirent la raison et se mirent à avouer leur crime impuni. Puis, le temps passant, ces mêmes complices qui avaient assisté le lord pour faire sa sale besogne disparurent dans la lande, mais une fois, dans la même nuit orageuse que celle-ci, le hurlement du chien appela l’héritier lui-même.
On trouva Gyrth trois jours plus tard la gorge déchiquetée. Les gens racontèrent que c’étaient là les traces des dents d’un énorme chien… Les bavards racontent jusqu'à aujourd’hui, qu’on peut rencontrer sur la lande le sinistre chien noir qui suit les voyageurs de son regard brûlant dans la nuit… mais il n’attaque jamais les gens au cœur pur. Seuls les criminels doivent se méfier de ses crocs… Et vous, ma belle Frédérica, il ne faut pas pâlir autant ! finit le jeune homme en souriant.
- Je comprends que ce n’est qu’un vieux conte ! secoua la tête la jeune fille. Bien que terrible, il n'y a rien à discuter… C’est moi, une lady normande, qui devrait moins pâlir à cause de ces quelques fantômes que des Saxons eux-mêmes ! Nos pères ont fait construire leurs châteaux sur les domaines anciens et dirigent ceux-ci avec diligence et sagesse… au contraire de ce fou de Gyrth ! »
Francis sourit.
« Je vois, milady, que vous n’avez aucune sympathie pour lui… »
Frédérica serra ses mains jusqu’à les faire blanchir.
« Milord, réfléchissez ! Harold et Eadgyth… ils n'étaient donc pas plus âgés que nous… ils s’aimaient autant… voulaient autant être ensemble… Et ce damné a tout détruit pour un caprice ! Voilà… voilà ce qui m'a effrayée… Un tel destin.
- Je vous assure, vous n’avez pas à vous tourmenter avec de pareilles comparaisons, milady, hocha de la tête l'adolescent. Qu’aurait-t-il pu faire contre vous, ma fiancée ? Je ne suis pas ce pauvre bâtard Harold, et le roi lui-même arrive pour nos fiançailles. J'ai entendu le son du cor… peut-être que Sa Majesté est déjà arrivée au château. Et très bientôt on pourra lire dans le livre paroissial de la chapelle : En l'an de grâce 1130, en date de juin, le serviteur de Dieu, Francis, lord d’Alchester, et la servante de Dieu, Frédérica, lady de Welcherst, ont contracté un mariage légitime ».
Le jeune homme sourit tendrement, en portant les mains de sa bien-aimée à ses lèvres.
« Je vous assure, milady, que j’attends cela avec impatience.
- Moi aussi, Francky… chuchota tendrement Frédérica, en baissant les yeux. Mais cette cruauté absurde me désespérera toujours… Pouvez-vous comprendre ce qu’a fait Gyrth ? »
De loin, par-dessus le hurlement de la tempête, une lourde sonnerie retentit soudain: l’horloge du donjon égrenait ses coups. Sept…
« Comprendre ? » Francis soupira et se rejeta en arrière sur sa chaise. « Partiellement... Moi-même j’ai un frère bâtard, Richard, qui est mon cadet de deux ans. Cela a toujours blessé mon honneur que mon père, en souillant son lit du péché de chair, ait manqué à la fidélité du souvenir de ma mère… bien que ce soit préférable à l'adultère. Comme si ce frère incarnait une provocation à la dignité de notre famille… Mais, d'autre part, ce n’est pas la faute du pauvre diable, n'est-ce pas, ma chère ? De plus, est-ce moi qui jugerai mon père ? Moi qui, à vrai dire, n’ai pas non plus dédaigné les plaisirs de la chair avec les filles de paysans et les servantes, avant de vous connaître. Aucune, comme vous l’imaginez, n’avait sa vertu… » Le lord s’interrompit et demanda, avec inquiétude en regardant sa fiancée en face :
« J'espère que cet aveu ne vous éloigne pas ? Ce n'étaient que des paysannes, et je n’ai pas de bâtards de leur part.
- Ce n’étaient que des paysannes », dit Frédérica en haussant les épaules et en souriant. « Convient-il à une lady de leur être jalouse ? Au contraire, je vous suis gré, Francky, de vous être montré si honnête avec moi. Mais voulez-vous ajouter quelque chose ? »
Francis sourit en réponse avec un apparent soulagement et poursuivit :
« Je priais même mon père, s'il reconnaît Richard, de lui donner au moins une petite part des terres de notre fief… C’est à nous de répondre de nos péchés, et non à nos enfants… À mon père, et non à mon pauvre frère. »
Frédérica souleva un sourcil avec étonnement.
« Pourquoi donc ne m’avez-vous jamais parlé de votre frère auparavant ?.
- Mon père me l'a interdit. Il présumait que votre famille, apprenant cette tache sur nos armes, nous refuserait votre main… »
La jeune fille se renfrogna. Son visage, tout à coup devenu très sévère, était éclairé par les reflets des flammes dansant sur ses cheveux, pareilles à des ombres dorées…
Enfin, la lady de Welcherst prononça à mi-voix :
« Il avait raison. À regret, il avait raison… Vous allez me présenter mon futur beau-frère ?
- Dick ? rit Francis. Mais certes ! C’est un brave garçon, un visionnaire acharné… Il n’a que dix-neuf ans ! Nous deviendrons une grande famille unie… croyez, à la différence du frère meurtrier de la légende, je serais bien aise sincèrement, si Dick trouvait son bonheur. Aujourd'hui il sera présenté au roi… et nous deux aussi, ma chère.
- Oh ! tressaillit d'émoi Frédérica. Sa Majesté Henri… On conte beaucoup de légendes sur lui ! Je serais très heureuse de rencontrer ce grand roi qui a su réconcilier les Angles les Saxons, et les Normands. Maintenant nous ne nous sentons plus les envahisseurs sur les terres d’autrui, et tout cela grâce à lui…
- Vous avez entièrement raison, milady, acquiesça d’un signe de tête le jeune lord. Ce n’est pas Guillaume qui a soumis l'Angleterre – c’est son fils cadet… A présent, c’est bien notre terre !
- Mais, en premier lieu la seule chose qu’il a eu à lui céder c’est de l’argent, et même le trône de la Normandie était un rêve inaccessible pour Henri, le dernier fils ! »
Francis sourit.
« Entre nous soit dit, ma chérie, dit-il en abaissant la voix et en se penchant vers sa fiancée, le prince Robert est à sa juste place en prison, car comme régent il etait incompétent… Son pouvoir n’apporterait rien au pays sauf à nouveau du sang et des dépenses absurdes ! »
Frédérica rit :
« Mais la justice ?
- La justice ? Est-ce que le calme de tout un pays ne pèse pas plus dans la balance ? Les destins de mille pour le destin d'une personne ? »
Frédérica ne céda pas.
« Mais imaginez-vous donc à la place du prince ! Il a reçu la couronne, maintenant il a de l'eau croupie dans la casemate de sa prison ! Sachant pertinemment que sa place légitime était occupée par son frère cadet ! Que ce frère l'a trahi…
- Taisez-vous, milady ! »
Francis plaqua involontairement la main sur la bouche de sa fiancée.
« Que dites-vous, songez que le roi est dans le château !
- Êtes-vous inquiet pour moi ? »
La jeune fille sourit affectueusement, et au feu passionné de la discussion qui s'éteignait dans ses yeux, succéda la lumière de la tendresse.
« Comme je vous aime, Francky, même quand vous êtes juste un raseur…
- Soit je suis un raseur, mais je me souviens de mon devoir : être fidèle à mon roi et protéger ma lady… même d’elle-même !
- Vous vous fâchez contre moi, Francky… je comprends, je l’ai mérité… » Frédérica inclina la tête d'une manière charmante, en regardant tendrement son fiancé. « Voyons, pardonnez-moi, milord… je n'ai fait que réfléchir un peu à haute voix…
- Milady, vous pourrez réfléchir sur n'importe quoi à volonté, quand vous deviendrez ma femme, et quand nous nous trouverons dans notre chambre à coucher. Vous pouvez être sûre que toutes vos idées seront correctement comprises et ne passeront pas ces murs… mais en d’autres occasions je vous conseillerais d'être plus circonspecte. »
La jeune fille mit sa main sur la main de son bien-aimé et prononça avec un sourire :
« Je vous prie, Francis, de me pardonner. Croyez bien, qu’ étant devenu votre femme, dans notre chambre à coucher je m’adonnerai avec plaisir à d’autres passe-temps qu’à des raisonnements oiseux ! »
Le jeune lord tenta de se renfrogner, mais ne put s’empêcher de rire.
« J'attends cela avec plus l'impatience que la vôtre, ma lady ! Bien que votre conversation me procure un plaisir incomparable…
- Alors je vous procurerai plaisir par tous les moyens possibles ! » rit aux éclats Frédérica.
« Je vous prends au mot ! rit Francis. Encore une partie d'échecs ? »
Frédérica se redressa avec indignation sur la chaise. Ses yeux s’allumèrent.
Elle tentait avec acharnement de se fâcher pour de bon.
« Mais… vous… je vous ai promis de ne plus jamais jouer… et vous me le proposez de nouveau ?!.
- Vous m’avez promis de me procurer du plaisir, fit le jeune homme avec un petit rire. Par tous les moyens possibles. Mais pour le moment je ne peux ressentir plus de plaisir qu’en regardant votre visage, quand vous tentez d’évaluer une stratégie… vos lèvres tressaillent, vous murmurez quelque chose à vous-même… ces sourcils incomparables se renfrognent… si vous saviez, Frédérica, comme vous êtes belle au jeu !
- Ah, seulement au jeu ?
- Au jeu surtout », répondit imperturbablement le lord.
Frédérica soupira avec résignation :
« Placez… »
À peine Francis eut-il tendu son bras vers les pièces, que les portes s’ouvrirent, et que le vieux comte entra dans la salle.
« Vous voilà ici ! sourit-il. Vous amusez-vous ?. Allons, à vos chambres, et changez-vous ! Vous avez deux heures, et ensuite le roi vous attend dans la salle du festin ! Dépêchez-vous, mes enfants ! »
Les jeunes gens échangèrent un coup d'œil – Frédérica eut un petit rire, – et les échecs furent laissés pour un autre moment…