Le service de Petit Jean commençait toujours quand le soleil commençait à se coucher.
Petit Jean aimait beaucoup son travail car il apportait joie et merveilles aux petits et grands. Il se surnommait lui-même le marchand de bonheur.
Vêtu de sa petite cape verte, son baluchon tout rond sur le dos, il allait de foyer en foyer distribuer de petits sacs de sable qu’il récoltait avec amour et tendresse, enrichit de poussière d’étoiles filantes toutes brillantes.
Parfois Petit Jean chantait pour emporter les enfants et les vieillards dans leurs rêves.
Le sable qu’il partageait était alors doux, fin, scintillant avec une odeur légèrement vanillée.
Son travail changeait quand le soleil finissait sa descente.
Il n’allait plus frapper aux portes des maisonnettes mais attendait sur le parvis de l’église des poètes, écrivains et autres artistes en manque d’inspiration. Il leur vendait du sable plus foncé, moins travaillé, plus brute.
Et enfin, lorsque tout était bien noir, le ciel tout étoilé, et que même les échoppes et enseignes n’étaient plus éclairées, Petit Jean s’éclipsait pour partir vagabonder à travers les ruelles étroites et sinueuses. Tout en évitant la brigade des rêves, il proposait des biens sous sa cape, comme du sablon pour se transformer en animal fantastique, de la poudre pour voler les cœurs , ou encore du venin de serpent à plume séché pour les assassinats…. Ses plus gros clients étaient les chasseurs qui aimaient transformer les passants en gibier les soirs de pleine lune.
Quand il n’avait pas trop de demande, il se rendait dans son laboratoire clandestin où il allait broyer des enfants qu’il avait récupéré au cours de la nuit pour préparer son stock du lendemain. Petit Jean aimait beaucoup rajouter la poussière d’étoiles filantes à sa préparation car tout autour de lui devenait lumineux et pailleté.
Lorsqu’enfin le ciel commençait à se découvrir et laisser apparaître les premiers rayons du soleil, Petit Jean remontait sur son nuage douillet pour passer une nuit tranquille, le sourire aux lèvres, fier de sa nuit de travail.
