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14 octobre 2024 à 01:58:15
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Auteur Sujet: La morale s'arrête à la porte du tribunal  (Lu 223 fois)

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La morale s'arrête à la porte du tribunal
« le: 19 septembre 2024 à 10:55:09 »
La morale s’arrête à la porte du tribunal

Parent désenfanté - mode d’emploi

 

 

Apprendre à devenir parent à distance pour récupérer la garde de son enfant 

 

Je dédie mon histoire et ces conseils à tous les parents qui ont perdu la garde de leur enfant, qui souffrent en silence dans le temps, qui s’efforcent en permanence de prouver leur amour envers leur enfant et qui s’épuisent à trouver des solutions pour enfin, vivre heureux avec leur enfant. 

 

 

Introduction
 Je veux juste mon enfant ! 

 

Imaginez un instant que tout ce que vous avez de plus précieux dans la vie disparaissent sous ordonnance judiciaire. Imaginez-vous que votre enfant est à dix mètres de vous, que vous ne pouvez ni lui parler, ni vous en approcher au risque d’aller en prison. Et ceci pendant des années. Comment pourriez-vous réagir ? 

 

Trouble du stress post traumatique, hospitalisations, suicide : c’est le cas de milliers de parents en France qui perdent la garde totale de leur (s) enfant (s), peu importe les raisons. 

 

Pour toutes les mamans à distance, pour tous les papas désenfantés, ces conseils sont un recueil de bonnes pratiques puisées dans le savoir expérientiel. Équilibrer la relation avec l’Aide Sociale à l’Enfance, entretenir le lien avec son enfant tout en maîtrisant ses émotions, se former à une éducation judiciaire, une grande partie des sujets que vous rencontrerez sur cette route seront abordés et je serai là pour vous accompagner dans ce marathon imposé et dans cette atmosphère injuste pour tous ceux qui en sont victimes. 

 

La morale s’arrête à la porte du tribunal 

« Café de France, Place d'Italie – 2018", la lumière dorée de fin d’après-midi effleurait les pavés. J’étais en avance, une pression en main, assise à la terrasse d’un bar. J’attendais Chloé, mon amie d’enfance, mais mon regard fut attiré ailleurs. Il était là, un serveur au visage angélique, ses yeux d'un bleu si profond que je me suis sentie happée. Il m’a souri, timidement, avec une douceur presque irréelle. J’ai su à cet instant : c’était lui.

Les semaines ont passé, et chaque pensée m'amenait vers Mathias. Je l'avais invité, il n’était pas venu. Pourtant, quelque chose en moi persistait – cette certitude, presque irrationnelle, qu’il était l’homme de ma vie. Puis, un soir, il m’a conviée à une fête. Une immense colocation à cinq étages, quelque part près de Barbès. Le monde grouillait, mais j'étais là, tout près de lui, sur un canapé. Nous parlions, entourés d’inconnus, mais rien d'autre n'existait.

"Viens", m’a-t-il chuchoté. Nous avons grimpé par la cuisine, enjambé une table, et à travers une fenêtre, nous sommes montés sur les toits de Paris. Là, sous les étoiles, dans le souffle léger de la ville endormie, nous nous sommes embrassés pour la première fois. Le reste s’est enchaîné comme un rêve. Nous avons fait l'amour, une première fois, dans mon petit appartement près de l’Arc de Triomphe. Lui, serveur ; moi, responsable de communication dans une grande société. Deux mondes que tout opposait, et pourtant, ensemble, nous étions invincibles.

C’était magique, comme si nous étions les héros d’une histoire qui ne pouvait finir que bien. Mais la vie a une drôle de façon de tout détruire. Mathias est tombé malade, un cancer qui lui rongeait l’épaule droite. Une année de douleur, de traitements, d’espoir écrasé sous le poids des diagnostics. Je l’ai accompagné à chaque instant. Jusqu’à ce jour de Noël où, devant sa famille, il m’a demandée en mariage. Mon cœur éclatait d’espoir, mais il est parti. Un matin, il n'était plus là. Sans explications.

La chute fut brutale. Dépression, alcoolisme. J'ai tout perdu : mon travail, ma dignité, même mes parents ont dû me faire interner. Les jours étaient flous, une spirale d'autodestruction dont je ne voyais pas le fond. Une nuit, traînant dans les rues, une voiture rouge s’est arrêtée. Ils étaient cinq. "On te ramène", m’ont-ils dit. J’ai accepté, trop fatiguée pour réfléchir. Ce qui s'est passé ensuite est gravé dans ma mémoire, un cauchemar de violence et de douleur dans une tour HLM. Le lendemain, avec des faux billets en poche, je suis allée à la police, incapable de trouver les mots.

Encore une hospitalisation. Encore un mois de silence et de médicaments. Je suis sortie, vide, écorchée, mais prête à essayer. À Saint-Étienne, dans un minuscule appartement, j’ai tenté de me reconstruire. Écrire, jouer de la musique, me plonger dans l’art pour oublier. Mais l’alcool m’enveloppait toujours. J’essayais de me soigner, mais les traitements – la Risperdal – me laissaient dans un état second.

Puis un jour, deux ans plus tard, alors que j’étais enfin de retour à Paris dans l’appartement familial, j’ai reçu un message. Mathias. Il voulait me revoir. Mon corps a réagi avant même mon esprit, comme si le destin jouait de nouveau avec moi. Je me suis déboîté la hanche en recevant son message, un signe du sort.

Mais je l’ai revu. Et dans ses bras, c'était comme au premier jour. L’amour, la tendresse, l’oubli des blessures passées. Mathias était de retour, et nous étions enfin ensemble, comme si tout le reste n’avait été qu’un cauchemar à oublier

La vie à Paris était comme un rêve éveillé. Mathias et moi, enlacés dans les rues, respirions l’amour à chaque coin de rue. Les passants s'arrêtaient parfois pour nous dire à quel point nous étions magnifiques ensemble. Il me serrait dans ses bras si fort, m'embrassait avec tant d'engouement, que je me sentais chanceuse. Nous vivions dans un petit appartement bruyant sur le boulevard Barbès, mais rien n'importait. Nous étions de retour à Paris, dans notre propre monde, et j’étais profondément amoureuse.

Puis, un mois plus tard, une nouvelle incroyable est venue éclairer notre vie : j’étais enceinte. Cet enfant, nous l’avions désiré de tout cœur, un symbole de notre amour. Mais tout s’est effondré lorsque mon père a appris la nouvelle. Il a pris une décision qui a bouleversé notre existence : vendre l’appartement. Nous n’avions plus le choix. Nous avons quitté Paris pour Saint-Étienne, une ville moins chère où nous pourrions élever notre fils, Léo, avec bienveillance et sérénité. C’était le plan.

Mais la réalité a pris une tournure bien différente. La grossesse s'est révélée être un calvaire. Je me sentais délaissée, ignorée dans mes douleurs et mes doutes. Mathias ne partageait plus le lit avec moi, il dormait sur le canapé. C'était le temps du COVID, et tout était plus difficile. Pendant que je me débattais avec mes questionnements et mes angoisses, il passait des heures interminables à jouer aux jeux vidéo – quinze heures par jour, parfois plus – en buvant sans cesse. L’homme dont j’étais tombée amoureuse semblait s’évanouir sous mes yeux.

Puis est venu le jour où j'ai perdu les eaux. Affolée, je l’ai prévenu. Il ne m’a pas cru. L’urgence s’est imposée : je ne pouvais plus respirer. J’ai dû appeler les pompiers, seule, terrorisée. L'accouchement s'est déroulé sans encombre, et pour un instant, tout semblait enfin s’éclairer. Nous avions un fils, Léo, ce petit être que nous avions tant attendu. Mais ce bonheur fut éphémère.

Quelque chose n’allait pas. Après l’accouchement, je me suis sentie vide, seule, comme si toutes les promesses, tout ce que nous avions construit, s’était évaporé. Mon corps, transformé par la grossesse, semblait désormais dégoûter Mathias. Ce corps qui avait porté notre enfant, qui devait être un symbole de vie, devenait une barrière entre nous. Il me rejetait. Il s’était trouvé un travail dans un bar de nuit à Saint-Étienne et rentrait chaque matin, complètement ivre, à cinq heures. Moi, seule avec mon nouveau-né, en plein post-partum, je sombrais dans l’inquiétude, l’angoisse. L’environnement était devenu toxique, insécurisant.

Et puis, il y eut cette nuit. Une nuit que je ne pourrais jamais oublier. Il s'est tenu au-dessus du berceau de notre bébé et, d'une voix froide, il a prononcé la phrase qui a fait basculer ma vie : "Tu n'es qu'une mère porteuse. Dégage."

Ces mots ont brisé quelque chose en moi. Une peur viscérale m’a envahie, comme si tout mon monde venait de s'effondrer sous le poids de cette trahison. L’homme que j’avais aimé avec tant de ferveur, celui avec qui je croyais avoir un avenir, m'avait réduite à une ombre, me renvoyant à une fonction, un corps, sans âme. La réalité était implacable, brutale. Ce moment, ce point de rupture, a marqué la fin d'un rêve, et le début d'un chemin bien plus sombre et solitaire.

Je suis retournée chez mes parents, comme un naufragé revenant sur une terre familière mais étrangement étrangère. Toutes ces valeurs familiales auxquelles j'avais cru, tout ce rêve d'une vie de famille que j'avais tant chéri, semblaient se désintégrer sous mes yeux. Je devais désormais m’occuper seule de mon bébé d’un mois et demi, seule avec mes pensées, seule face à ma détresse, face à une séparation qui avait déchiré mon âme. Chaque jour était un combat solitaire, et plus le silence s'éternisait autour de moi, plus l’angoisse me rongeait.

Un jour, dans un moment de désespoir, j'ai craqué. Je ne pouvais plus supporter ce silence. J'ai voulu parler à Mathias, le raisonner, lui dire que tout cela était une erreur. Je voulais qu'il comprenne, qu’il cesse de se détruire et de nous détruire par la même occasion. J'avais cette conviction ancrée au plus profond de moi : si nous revenions ensemble, si nous reconstruisions cette famille pour notre fils, alors peut-être que tout redeviendrait supportable, que nous pourrions soigner nos blessures. J’étais prête à tout pour que Léo ait ses deux parents unis.

Je me suis donc rendue chez lui, dans cet appartement où tant de souvenirs flottaient encore dans l’air. Nous étions assis là, à parler, mais rapidement, la panique s’est emparée de moi. Les mots se bousculaient, je voulais le convaincre, le sauver. Mais Mathias, froid, distant, a soudainement appelé les pompiers. "Tu vas perdre ton fils," m'a-t-il lancé, impassible. Ces mots ont résonné en moi comme un coup de poignard. Il savait, il savait que j'avais des antécédents psychiatriques. Il a prétexté auprès des pompiers que j’étais en train de me suicider. Une accusation absurde, cruelle, et totalement fausse. Mais cela n’avait plus d’importance.

Les pompiers sont arrivés, leur visage sans émotion, suivant leur protocole. En un clin d’œil, ma réalité s'est effondrée. Ils m’ont enfermée dans un hôpital psychiatrique, encore une fois. Un mois de plus. Je me souviens encore de ces couloirs glacés, de l’odeur fade de désinfectant, de mon corps, recroquevillé, vomissant de dégoût. Pas seulement le dégoût physique, mais un dégoût profond, viscéral, de ce que ma vie était devenue. Mathias avait exploité ma vulnérabilité, cette faiblesse que je tentais désespérément de surmonter, pour me torturer un peu plus. Pourquoi ? Qu'avais-je fait pour mériter ça ? Pourquoi étais-je réduite à cette version brisée de moi-même ?

Le psychiatre, ce jour-là, prononça la phrase fatale, celle qui changea tout. "Si tu veux retrouver ton fils, il faut accepter une injection de Risperdal." Une phrase simple, mais lourde de conséquences. Je savais ce que cela signifiait. Ce médicament, je ne le supportais pas. Ses effets secondaires étaient si intenses que je craignais de perdre totalement pied. Je savais que cette injection pourrait m’anéantir encore plus, et mettre en péril ma capacité à garder mon fils. Mais je me retrouvais à la croisée des chemins : accepter cette aide, malgré tout, malgré la douleur, ou perdre ce que j'avais de plus cher.

J’étais terrifiée, perdue, mais je savais aussi, au fond de moi, que j'avais besoin d'aide. Que je n'y arriverais pas seule.

Le premier rendez-vous chez l'avocat fut un tournant que je n'avais jamais envisagé dans ma vie. À cette époque, j'habitais chez mes parents. J’étais devenue une ombre, une larve fatiguée, épuisée à la fois physiquement et mentalement. Chaque jour semblait peser sur moi avec une intensité que je ne comprenais pas. Pourquoi fallait-il que je me batte, que je me transforme en une guerrière pour simplement garder mon fils près de moi ? Je ne cherchais pas à me venger, je cherchais seulement à être aimée, à protéger mon petit Léo.

Les conseils fusaient de toutes parts. J'ai écouté ceux de mon avocat et suis allée porter plainte pour violence conjugale. Classé sans suite. Rien. Le système, comme une machine froide et insensible, ne voyait pas ma douleur. Les jours suivants, la police m’a convoquée, moi et mon bébé, pour rencontrer une psychologue. Là, assise dans ce bureau stérile, j’ai dû raconter une énième fois mon histoire. Elle m’écoutait tout en observant Léo, comme si ses sourires ou ses gestes anodins contenaient des réponses à des questions que je ne comprenais pas.

C'était étrange, surréaliste même. Un jour, alors que je me promenais dans la rue avec Léo, un homme s'est assis à côté de moi. Il m'a regardée avec une expression que je ne saisis pas et a murmuré : "Allez-y mollo quand même. Oh, de toute façon, on se reverra bien avec votre fils." Ce moment, glacial et dérangeant, est resté gravé dans mon esprit. Était-ce une menace ? Une simple coïncidence ? Ou bien étais-je en train de sombrer dans une paranoïa née de l’épuisement et de l’angoisse constante ?

Je vivais dans un petit appartement rue Charles de Gaulle, à Saint-Étienne. L’endroit n’était pas grand, mais il était à nous, à moi et à Léo. Puis, la PMI est intervenue pour s'assurer que tout se passait bien avec mon fils. Je me sentais constamment scrutée, comme si chaque geste était une preuve à produire pour démontrer que j’étais une bonne mère. Mais tout allait bien, du moins en surface. La PMI n'a rien trouvé d'inquiétant, et lorsque je suis finalement passée devant le juge, j'ai obtenu la garde complète de mon fils. C’était une victoire, mais elle ne semblait pas douce. Elle était empreinte de fatigue, de doutes, comme si même cette décision de justice ne suffisait pas à apaiser mes craintes.

Consciente que Léo avait aussi besoin de son père, malgré tout ce que j'avais traversé, j’ai accepté qu’il puisse le voir deux jours par semaine. À l’époque, je pensais que c’était la meilleure chose à faire. Peut-être par culpabilité, ou par espoir que cela ramènerait une sorte d’équilibre dans nos vies brisées. Je ne sais pas exactement ce qui m’a poussée à cette décision, mais je croyais sincèrement que je faisais ce qu’il fallait, même si une part de moi hurlait en silence.

À cette époque, malgré la tempête que j'avais traversée, je commençais à me reconstruire. J'avais la garde complète de mon fils, et chaque jour était une victoire, même si mon corps semblait encore porter les cicatrices invisibles de tout ce que j'avais vécu. Les vomissements étaient toujours là, comme un rappel quotidien de la douleur, mais je voyais un psychiatre chaque semaine. Chaque séance était une libération, une manière de me délester de ce poids émotionnel accumulé au fil des années.

Petit à petit, je sentais que je reprenais le contrôle. Mon travail en tant qu'attachée de presse indépendante me donnait une nouvelle énergie. Je m’investissais pleinement dans chaque projet, retrouvant le plaisir de créer et de collaborer. J'avais découvert la méthode Wim Hof, cette pratique de respiration et d'exposition au froid, et elle m'apportait une clarté d'esprit inattendue. Chaque inspiration, chaque bain glacé était comme une renaissance, une façon de réapprendre à vivre dans mon propre corps, à faire la paix avec lui.

Je m'épanouissais. Peu à peu, les éclats de mon ancienne vie semblaient se rassembler, formant une nouvelle version de moi-même, plus forte, plus résiliente.

C’était une journée ordinaire, une de celles où la vie semble paisible, où rien ne présage l’imminence d’un drame. J’avais invité un ami à déjeuner dehors, profitant de l’attente avant de récupérer mon fils, Léo, chez son père. Nous étions en train de rire, comme si le monde allait bien. Jusqu’à ce moment où tout bascula.

Quand le père de Léo me l’a rendu, mon cœur a immédiatement cessé de battre. Léo était bleu. Pas pâle, pas simplement malade. Bleu. Et il ne respirait plus. Je me souviens avoir croisé le regard de mon ami, l’incompréhension figée dans ses yeux, aussi terrifié que moi. Sans un mot, nous avons sauté dans la voiture et foncé à l’hôpital. Chaque seconde était une éternité.

Les médecins nous ont parlé de "détresse respiratoire aiguë de catégorie 2". En d’autres termes : très grave. Trois jours d’hospitalisation, trois jours où je vivais avec cette peur viscérale de perdre mon bébé. Le père de Léo n’avait jamais pris la santé de notre fils au sérieux. Il ignorait mes avertissements, me disant que je m'inquiétais pour rien. Mais cette fois, le pire aurait pu arriver. Et il avait failli arriver.

Lorsque Léo a enfin pu respirer de nouveau seul, j’ai cru que le cauchemar était derrière moi. Mais il ne faisait que commencer. J'ai ressaisi la juge des affaires familiales, espérant que cette fois, on m’écouterait. Que cette fois, je serais entendue, que je pourrais protéger mon enfant. Mais tout ce que j’ai trouvé, c’est un mur. Des textes de loi, des arguments que je ne comprenais pas. La juge a tranché, et ce n’était pas en ma faveur.

Je me suis effondrée. Le père de Léo m’accusait, à chaque fois qu’il le récupérait, d’avoir donné de l’alcool à notre fils. Des accusations folles, mais à qui pouvais-je me confier ? La police ne voulait plus entendre mes plaintes répétées. J’étais seule, piégée dans un tourbillon d’injustice et de douleur. Je pensais que le pire était passé. Mais le pire était à venir.

Ce jour-là, lorsque je suis allée chercher Léo à la crèche, je ne m’attendais à rien de spécial. J'avais déjà traversé tellement de tempêtes que je me croyais prête à tout. Mais rien n’aurait pu me préparer à ce qui allait se passer.

Ils m’ont enfermée dans une pièce, sans explication. Une femme, que je ne connaissais pas, se tenait là, le visage fermé. Ses mots sont gravés dans ma mémoire comme des coups de poignard : “Vous avez perdu la garde de votre enfant. Vous ne le récupérerez pas.” J’ai ressenti un choc si violent que c’était comme si l’on brisait un vase en mille morceaux dans ma tête. Chaque mot, chaque seconde était une autre blessure. C’est à cet instant précis que j’ai compris que mon fils m’était définitivement enlevé. Mon bébé, ma chair, ma vie... ils me l’avaient pris.

Jamais, jamais de ma vie je n’aurais imaginé que quelque chose d’aussi horrible puisse arriver. Pas en France. Pas ici, chez moi. J’ai appelé la police, incapable de comprendre. Mais ils m’ont renvoyée dehors, comme si ma douleur n’avait aucune importance.

Le père de Léo a immédiatement lancé une procédure d’urgence, un référé auquel je n’ai même pas pu assister. Je mourais littéralement dans mon lit, seule, la honte me dévorant vivante. Je culpabilisais. Pourquoi ? Je l’ignorais. Peut-être parce que tout le monde autour de moi me rejetait, mes parents compris. Leur silence me tuait. J’étais seule, dans ce lit, à suffoquer de la douleur d’avoir perdu mon fils.

Je pensais être forte, capable de tout affronter. Mais ce jour-là, je suis tombée dans un gouffre dont je ne pouvais plus sortir. Une maladie mentale, un cauchemar éveillé. Je croyais que des gens venaient chez moi, déplaçaient mes affaires. Je croyais que le monde entier connaissait ma vie, que tout le monde me jugeait. Rien ne semblait réel, mais tout était anormal. Ma vie m’échappait et je n’avais plus aucune prise sur quoi que ce soit.

Mon fils avait à peine un an quand je l’ai perdu. Un an de bonheur volé par la douleur, par la trahison de ceux qui étaient censés me protéger. Je l’ai perdu à jamais. Et cette blessure-là, personne ne pourrait jamais la guérir. J’étais une mère privée de son enfant, et chaque jour, je revivais ce moment. La sensation de ce jour précis où j’ai compris que je ne pourrais plus jamais serrer mon fils dans mes bras.

 chaque jour passait sans mon fils. Chaque jour était une journée interminable. La juge des affaires familiales a décidé une expertise psychiatrique. En attendant, je pouvais voir mon fils une journée par semaine en présence de mes deux parents. Bien évidemment, le fait d’avoir perdu. Mon fils avait détérioré considérablement mes relations avec mes parents et médiatisé se passaient très mal. Nous devons nous habiter à ce nouveau mode de vie qui était en soutenable pour tous les trois et mon frère aussi qui souffre beaucoup de la situation. Je pense que je suis devenue une mort-vivant son genre encore un peu plus dans l’alcool. Je faisais des rencontres douteuses où je sortais avec n’importe qui pour pouvoir faire passer le temps sans mon fils n’importe quelle occasion pour ne pas y penser et ne pas être triste. C’était une bonne occasion. Je sortais beaucoup je voyais beaucoup d’amis je me raccroche à eux mais j’étais de plus en plus alcoolique, et je tomberais de plus en plus dans la maladie mentale sans m’en rendre compte à tel point que le père de mon fils a encore saisi la juge des affaires familiales pour m’enlever cette précieuse journée avec mon Enfant pour que j’aille le voir une heure dans un Point Vert par semaine il a encore obtenu garde de cause. Voilà maintenant que je vois mon fils une heure par semaine dans un Point Vert avec d’autres parents et d’autres enfants. Je n’ai pas encaissé cette nouvelle mesure contraignante et destructive pour ma vie, mais le pire dans tout ça, c’est que chaque semaine que je voyais mon fils mon bébé à chaque semaine, il revenait avec des bleus, des boutons purulent partout sur le visage des affaires. Beaucoup trop serrés qui crée des traces rouges sur les mollets, des chaussures déchirés, des chaussettes, des par des body trop petit, une carie à l’âge de deux ans et demi, je constatais chaque semaine, c’est négligeant infantile et je ne pouvais rien faire jusqu’au moment où j’ai décidé de faire appel à l’aide sociale à l’enfance car j’avais besoin d’aide pour que ça s’arrête et que je puisse enfin profiter sereinement de mon fils pour sept heures sauf que bien évidemment tout absolument tout s’est retourné contre moi la veille de Noël 2024 2000 la veille de Noël, 2023, le père de mon fils Fer référer heures par heure, c’est-à-dire le référé d’extrême urgence pour me retirer retirer tous mes droits et vous savez quoi il a encore obtenu une cause j’ai perdu tout mes droits de visite d’hébergement, sauf que je n’ai même pas pu assister à l’audience, car je n’étais pas informé comme c’était un référé heures par heure et je n’ai même pas pu me défendre. J’ai perdu tous mes droits de visite et d’hébergement la veille de Noël décembre 2023 POUR seul motif que j’ai voulu défendre mon enfant de négligence parental et ceci est transformé en dénigrement du père, ainsi il me restait plus qu’à la mesure de la juge des enfants pour voir mon fils, c’est-à-dire que depuis un an je le vois une heure par mois en présence de deux éducateurs spécialisé.

 Je n'avais plus confiance en l'Aide Sociale à l'Enfance. Chaque tentative pour protéger mon fils semblait se retourner contre moi. Je savais pourtant ce que je voyais, ce que je ressentais. Le père de Léo restait prisonnier de ses démons, l'alcool marquant chaque recoin de sa vie. Et pourtant, c'était moi qu'on surveillait. Moi qu'on jugeait inapte.

Chaque semaine, cette heure passée avec mon fils était devenue une obligation légale, une condition nécessaire pour espérer, peut-être un jour, revoir Léo chez moi. Une heure pour me rappeler combien les liens qui nous unissaient s'effilochaient, se perdaient dans les méandres de cette bataille judiciaire interminable. Ses yeux, jadis pétillants d’amour et de complicité, semblaient devenir des étrangers à mesure que le temps nous séparait.

Je me souviens encore d’une audience, celle qui résonne en moi comme une cicatrice indélébile. Face à la juge des enfants, j’ai osé ouvrir mon cœur. J’ai parlé de la torture quotidienne que je vivais, de l’agonie émotionnelle d'une mère qui voit son enfant lui échapper. Mais c’est sa réponse qui, aujourd’hui encore, me hante.

Devant tous, elle a lâché ces mots glacials : "On s’en fout de votre souffrance."

Ces paroles résonnent encore en moi, comme si elles s'étaient gravées dans ma chair. C’était à ce moment précis que j’ai compris l’ampleur de mon isolement. Ma souffrance, ma bataille pour protéger Léo, mon combat contre l'injustice... Tout cela ne comptait pas. J’étais seule dans cet océan d'indifférence.

 Heureusement, dans ce chaos, je n'étais pas seule. Mon conjoint était à mes côtés, et grâce à lui, j'ai découvert des vérités qui allaient bouleverser encore plus la situation. Un de ses amis, policier à Saint-Étienne, avait consulté le dossier du père de mon fils. Ce qu'il y trouva confirma mes pires craintes : le père de Léo devait passer en jugement pour trafic de drogue, il avait de multiples plaintes à son actif pour tapage nocturne, et plusieurs témoins avaient rapporté l’avoir vu en pleine crise d’hystérie, complètement ivre, en présence de mon enfant.

Je me souviens de la douleur de ces révélations. Ces faits étaient bien réels, confirmés par la police. Nous avons appelé le 119, désespérés de protéger Léo. Mais, comme toujours, la vérité s’est retournée contre moi. La juge des enfants a considéré que j'accusais injustement le père, et a interprété tout cela comme du dénigrement. Mon instinct maternel, ce besoin de défendre mon fils, était balayé par l'indifférence des institutions.

Même en sachant que le père de mon fils serait jugé en décembre 2024, cela n'aurait aucune incidence sur la garde de Léo. C'était un coup de poignard supplémentaire. Comment pouvait-il conserver la garde malgré tout cela ? Comment un trafic de drogue et un comportement aussi instable pouvaient-ils ne rien changer ?

Quand j’ai perdu tous mes droits de visite et d’hébergement la veille de Noël 2023, quelque chose en moi a cédé. L'injustice, la douleur... tout était trop. Dans un moment de détresse totale, j'ai pris mon téléphone et j’ai appelé l’avocate du père de Léo. Sous l'emprise de l’alcool, je l'ai menacée de mort. C’était un geste désespéré, un cri de douleur dans la nuit. Sur le coup, j’ai ressenti un étrange soulagement. Mais bien sûr, les conséquences ne se sont pas fait attendre.

Elle a immédiatement porté plainte, et je me suis retrouvée en garde à vue au commissariat de Saint-Étienne. C'était une première pour moi. Je ne me souvenais plus de grand-chose de cet appel. Ce n’est que lorsque j’ai été transférée à Lyon pour passer une expertise psychiatrique que la réalité m’a frappée. Le psychiatre expert m’a déclarée irresponsable pénalement. J’étais devenue l’ombre de moi-même, ne contrôlant plus rien, ni mes émotions, ni ma vie.

Cette période a été marquée par ma première expérience de la garde à vue et de la justice. J'ai été condamnée à un stage de civisme et à une amende de 251€ pour l'avocate du père de mon fils.

 Honnêtement dans toute cette histoire j'ai l'impression que je suis victime que je me suis transformée de victime à coupable coupable d'avoir vécu des violences conjugales coupable d'avoir cru en l'amour coupable de m'être protégé en portant plainte coupable d'avoir voulu protéger mon fils coupable d'être tombé dans la maladie psychique coupable de m'être soigné coupable de tout. 

 Dans toute cette tempête de douleur et d’injustice, il semblait que chaque effort que je faisais pour remonter la pente était immédiatement anéanti. L'aide sociale à l'enfance, au lieu de m'aider à me relever, ne faisait que m'enfoncer encore davantage. Chaque décision, chaque action prise pour redresser ma vie, pour prouver que j'étais capable, se retournait contre moi.

Après des mois de traitement avec l’aide d’un psychiatre de Saint-Étienne, je commençais enfin à me rétablir. Pour me reconstruire et remercier ceux qui m’avaient soutenue dans ces moments de profonde détresse, j’ai décidé de poursuivre un master 2 en psychologie clinique à distance. La psychologie m'intéressait profondément, et je voulais aider ceux qui, comme moi, avaient subi des traumatismes. Cette démarche était une manière pour moi de redonner un sens à ma vie, de transformer ma souffrance en quelque chose de positif.

Je me suis donc installée dans un petit cabinet sur le cours Fauriel, où j’exerçais comme psycho-praticienne, en parallèle de mes études. J’ai même obtenu un stage en tant que psychologue clinicienne dans un lieu proche de chez moi, un bar nommé "Le Remue-Méninges", où j’accueillais des personnes en détresse psychologique et gérais une permanence téléphonique.

Mais au lieu d’être reconnue pour mes efforts, j’ai été dénoncée. L'aide sociale à l'enfance a porté plainte contre moi, m'accusant de fraude, d’escroquerie. On aurait dit qu’elles étaient prêtes à tout pour me détruire. Une nouvelle fois, j’ai dû me rendre au commissariat pour me justifier, et passer une autre expertise psychiatrique. Heureusement, tout était en ordre, mais cela ne suffisait jamais.

Comme si cela ne suffisait pas, je suis tombée enceinte de mon conjoint. Mais là encore, elles ont trouvé un moyen de s’immiscer dans ma vie. Elles ont dénoncé ma grossesse au président du département de la Loire, émettant une "information préoccupante" sur mon futur enfant, comme si j'étais déjà condamnée à l'échec en tant que mère.

Je me souviens encore du jour où j’ai reçu le courrier. En lisant ces mots, une vague de panique m’a envahie, et presque immédiatement, les saignements ont commencé. J'ai fait une fausse couche.

 Je ne me souviens plus exactement du moment où tout a basculé, où le diagnostic de bipolarité est tombé. Cela fait maintenant un an que je reçois des injections mensuelles d'Abilify, et heureusement, sans aucun effet secondaire. Mon quotidien est rythmé par les visites chez mon médecin généraliste et mon psychiatre, tous les deux à trois mois, pour renouveler mon traitement. Mais malgré la stabilisation de ma condition, le poids de la stigmatisation, lui, ne s’est jamais allégé.

Je crois que je n’ai jamais autant ressenti ce regard accusateur, cette peur latente que la société projette sur les maladies psychiques. J’ai eu très peur qu'une mère bipolaire, même traitée, soit perçue comme inapte à s’occuper de son enfant aux yeux de la justice. Mais, contre toute attente, j'ai enfin reçu une bonne nouvelle dans ce tourbillon d'injustice : le fait d'être soignée pour ma maladie psychique n'a aucune incidence sur la garde de mon fils. Ce soulagement, rare dans cette histoire, a été une lueur dans l’obscurité.

Pourtant, on ne cesse de me reprocher autre chose, cette accusation qui revient encore et encore : le "dénigrement du père". Mais le père, lui, dans tout cela ? Pourquoi personne ne se demande s’il a pensé une seule seconde à ce que je ressente, à ce que ressente notre fils ? Comment peut-il accepter que je ne voie mon propre enfant qu'une heure par mois, même pas en sa présence ou celle de mes parents ? Comment a-t-il pu agir avec une cruauté aussi froide, aussi calculée ? Chaque geste, chaque mot semblait délibérément destiné à me maintenir dans l’ombre de ce qu’il restait de ma vie.

Et pourtant, dans ce labyrinthe d’accusations et de procédures, j’ai compris une chose : pour espérer retrouver mon fils, je devais faire semblant. Faire croire à tout le monde que le "conflit parental" était terminé. Alors, j'ai joué la carte de la diplomatie. J’ai masqué ma colère, ma douleur, pour me fondre dans le rôle qu’ils attendaient de moi. Chaque pas était une stratégie, chaque sourire forcé était une épreuve de plus dans ce long combat pour récupérer mon enfant.

Assise sur mon canapé, j’avais l’impression que tout avançait lentement, comme dans un rêve. Mais chaque petit pas était une victoire. Mon conjoint a acheté une maison à Firminy, dotée d'un grand jardin, et m'a offert une voiture pour faciliter mes déplacements. J’avais également un espace local pour continuer à exercer ma pratique de psycho-praticienne. Malgré les obstacles, les avis de mes patients étaient excellents, et ils revenaient régulièrement, me rappelant que je faisais une différence dans leurs vies.

Je suis tombée enceinte à nouveau, et cette fois-ci, c’est pour de bon. Actuellement, j'attends mon deuxième enfant, un rayon d'espoir dans cette longue période de lutte. Depuis un an, je n'ai plus touché à l'alcool, et ma vie s'est stabilisée. Les relations avec l'aide sociale à l'enfance se sont améliorées, et je peux maintenant voir mon fils un peu plus d'une heure par mois, en présence de leurs représentants.

Je croise souvent mon fils dans la rue avec son père. Il est douloureux de devoir rester à distance, de ne pas pouvoir l'approcher ni lui parler. Le père de mon fils est souvent visible, alcoolisé dans les bars, toujours en présence de Léo. Je suis incapable d’intervenir sans risquer d’être accusée de dénigrement, ce qui me laisse dans un état de frustration et d'impuissance.

En janvier 2025, je ressaisirai la juge aux affaires familiales pour tenter de récupérer mes droits de visite. Chaque jour est une bataille pour retrouver une place légitime dans la vie de mon fils, mais je suis déterminée à continuer ce combat pour obtenir ce que j’ai toujours désiré : être pleinement présente pour mes enfants.


 
« Modifié: 19 septembre 2024 à 13:20:31 par Passagepoeme »

Hors ligne Cendres

  • Comète Versifiante
  • Messages: 4 270
Re : La morale s'arrête à la porte du tribunal
« Réponse #1 le: 21 septembre 2024 à 09:32:11 »
Merci pour ton texte qui raconte un parcours difficile et éprouvant plein de difficulté :
La rencontre du père de ton enfant, qui était merveilleux, puis sa maladie, que a fait rompre le couple, la reconstruction du couple et l'arrivé du bébé, qui ensuite va vers de nouveaux la destruction du couple...
Et aussi, malheureusement, ta dépendance a l'alcool et ton viol.

C'est une vie dure et pénible, mais tu as réussi à bâtir quelque chose. Malheureusement, des personnes sont profité de tes vulnérabilités pour profiter de toi et te dénigrer.


Je pense que tu as écrit ce texte pour exprimer tout cela. Tu devrais peut-être t'approcher d'association qui serait mieux te renseigner que n'importe qui sur un forum d'écriture.

Si tu as une situation stable, un revenu, un logement avec une chambre pour l'enfant et que tu n'es plus dépendante, je ne comprends pas pourquoi tu n'aurais plus le droit d'avoir un droit de garde.
Mais je sais qu'en cas d'inceste, il arrive que ce soit le parent abuseur qui a la garde, et le parent protecteur qui la perd.

Je ne trouverais pas les mots pour te réconforter, mais tu as écrit un "joli" texte qui exprime ta situation et qui nous permet de la comprendre. Le système est souvent injuste. Je ne suis pas experte, mais je sais que l'ASE, c'est nul. Dans de nombreux foyers, ce n'est pas le sujet, c'est l'horreur.

J'espère de tout mon cœur que tu récupéras la garde de ton fils, car tu le mérites.
Je t'envoie plein de  :calin:


Sinon tu as fait une faute de frappe ici, tu as oublié une majuscule
"chaque jour passait sans mon fils"

Hors ligne Passagepoeme

  • Scribe
  • Messages: 88
Re : La morale s'arrête à la porte du tribunal
« Réponse #2 le: 21 septembre 2024 à 09:57:46 »
Merci beaucoup pour ton commentaire si gentil,
Merci beaucoup

 


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