Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

14 octobre 2024 à 01:12:10
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Auteur Sujet: Soins à domicile  (Lu 588 fois)

Hors ligne Impa Dhacor

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Soins à domicile
« le: 31 mai 2024 à 23:17:13 »
Bonjour !
Je poste mon premier texte, une nouvelle que j'ai essayé de travailler mais je sais qu'elle n'est pas parfaite et j'attends vos commentaires et vos conseils éclairés, en vous remerciant par avance.



Soins à domicile



    - Maman, je vais à l’école aujourd’hui ? 

Louise s’arrête sur le pas de la porte et adresse un léger sourire au minuscule visage fripé qui déforme à peine l’oreiller.

    - Attends juste un peu, mon chéri. D’abord, tu vas faire ta toilette, puis prendre ton petit-déjeuner.
    - Et après, c’est sûr que j’y vais, n’est-ce pas ?

Sa voix faible s’amenuise jusqu’au chuchotement en prononçant ces mots. Louise lutte pour garder un air bienveillant avant de s’absorber dans la contemplation du mur.

    - Il fait jour, je vais ouvrir les volets, déclare-t-elle.
    - N’oublie pas d’éteindre la lumière avant de sortir préparer mes habits. Hier, tu avais oublié.
    - Oui, ça arrive… Tu sais, j’ai plein de choses en tête, alors parfois j’oublie la lumière ou je ne sais plus où j’ai mis mes clefs.

Un frisson traverse soudain son dos, un aiguillon acéré darde dans sa tête, une nausée inonde sa bouche d’une marée âcre  et une immense lassitude envahit ses jambes ; elle doit s’asseoir sur la chaise à côté du lit.

    - Dis, maman, hier, tu m’as promis que j’irais à l’école...
    - Non, c’est impossible…

Elle essaie d’instiller dans son ton plus d’assurance qu’elle n’en a. Elle saisit sa main osseuse, la caresse tendrement, les yeux dans le vague. La pâle clarté d’hiver anime les fleurs fanées qui s’étiolent depuis des années sur les murs de la chambre. Elles lui rappellent son enfance. Elles s’étiolaient déjà là,  réclamant un peu d’eau, quand elle était une fillette insouciante. Elle sursaute en entendant un raclement de gorge. Elle lui fait face et constate un sourire malicieux sur son visage pâle.

    - Qu’est-ce qu’il y a ?
    - Je sais que tu me l’as dit, mais c’est comme la lumière…

Louise devrait comprendre, mais elle ne voit pas où il veut en venir.

    - Quelle lumière ?
     
Ravi qu’elle discute avec lui, il continue son explication.

    - Comme la lumière ou les clefs…
    - La lumière, les clefs…
    - Ces choses que tu oublies !

Cette fois, il éclate de rire, comme à chaque occasion où il a tenté une blague ou estime avoir marqué un point dans une joute imaginaire.

    - Avec toutes les choses que tu as en tête, tu as oublié qu’hier, tu m’avais promis d’aller à l’école !

Louise essaie de partager son enthousiasme, puis elle se lève et se dirige vers la porte.

    - Tu m’apportes des vêtements ?
    - D’abord je prépare le petit-déjeuner. Qu’est-ce que tu souhaites ce matin ?
    - Je n’ai pas très faim…
    - Il faut manger un peu.
    - Je sais, pour avoir des forces, me lever et marcher jusqu’à l’école. Mais je pense qu’au contraire, si je me dépensais pour me rendre à l’école, ça irait mieux et je serais affamé. Alors peut-être qu’il vaut mieux que je m’habille en premier et j’emporterai … un de ces paquets de goûters, comme ceux d’Hadrien, au chocolat ?

Louise secoue la tête d’un air las. Elle allume le poste de télévision avant de quitter la pièce sans se retourner. Dans la cuisine silencieuse, elle réchauffe une des crêpes qu’elle a préparées il y a trois jours et mises à conserver dans une boîte en plastique au réfrigérateur. Lentement, elle l’étale sur une assiette et la place dans le micro-onde. Pendant que l’assiette effectue sa ronde mécanique, elle prépare un verre et compte les gouttes qu’elle laisse tomber dans l’eau. Cinquante. Il a l’air énervé avec son histoire d’école. Elle en rajoute dix.


Pierre observe la pluie qui coule sur les carreaux. S’il était en classe, il devrait porter un ciré pour la récré, c’est sûr. Il ne se rappelle pas s’il en a un. Il y avait le kaki, avec une capuche, mais est-ce qu’il est encore à sa taille ? Depuis quand ne va-t-il plus à l’école ? Depuis quand n’a-t-il plus vu Jules, Hadrien et Hugo, ses meilleurs potes ? Pourquoi ne viennent-ils jamais ? Une larme coule sur son visage triste. Leur dernière partie de foot, dans la cour, c’était en été. Il s’en souvient. Ou au printemps. Le temps était  beau. Enfin, il ne pleuvait pas comme aujourd’hui. Et il ne faisait pas froid, ils portaient tous les quatre des shorts.
Hier, il avait cru qu’il avait gagné, qu’il irait à l’école. Il avait mangé sa crêpe avec un filet  d’appétit. Mais des crêpes nature tous les matins, ce n’est pas très appétissant. Elle prétend qu’il peut choisir, mais quand il réclame un muffin, il a quand même une crêpe sèche. Bon, s’il n’y avait que ça… Mais il sent qu’il est fatigué. Il n’a pas la force de se lever. Comme si une sorte d’aimant géant l’attirait vers le sommier métallique tandis que lui n’a envie que de crapahuter.

    - Qu’est-ce qu’il y a encore ?
     
Pierre sursaute et essuie rapidement les larmes qui baignent ses joues creusées. Il secoue la tête.

    - Non, ce n’est pas rien, il y a quelque chose. Quel est le problème ?

Il déteste le ton revêche qu’elle adopte de plus en plus souvent avec lui. Avec sa voix aigrie et son chignon haut, elle ressemble à la vieille infirmière retorse d’un film d’angoisse. Elle n’était pas comme ça, avant. Mais c’est maintenant qui compte.

    - Alors, tu accouches ? insiste-t-elle d’un ton agacé.
   - Je me demandais juste depuis quand je n’ai pas vu Jules, Hadrien et Hugo. J’adorais quand on jouait au foot ensemble.
    - Tu sais pertinemment que tu ne peux pas jouer au foot dans ton état.

Pierre hausse les épaules. Non, il ne sait rien, elle l’empêche toujours d’essayer. Il tente cependant timidement :

    - Ils viendraient rien que pour me voir ou jouer aux cartes…
    - Tiens, bois ton médicament, dit Louise en lui tendant son gobelet à moitié rempli.

Pierre refuserait bien, il a déjà tenté, mais elle gagne toujours et s’il renverse, elle le dispute et rapporte un autre gobelet en criant. Il n’obtiendra aucune réponse satisfaisante à ses questions. Elle est repartie dans la cuisine en chantonnant. Qu’est-ce qu’il y a de gai dans cette maison ? Le malheur est partout, sur les fleurs fanées des murs, sur les draps gris, sur son pyjama trop grand, sur la pâte caoutchouteuse et froide dans l’assiette ébréchée… Même le coucou dans l’horloge l’a compris, il ne chante plus depuis belle lurette. Pierre est fatigué d’attendre désespérément l’école. Quand il y allait quotidiennement, il n’aimait que la récré, qu’il passait à jouer au foot ou aux billes et estimait qu’il perdait son temps à écouter son vieux maître leur  dispenser des conseils obsolètes ; la sonnerie n’arrivait jamais assez vite. Aujourd’hui, il est sûr que le bonhomme l’intéresserait, du moment où il lui permettrait de s’évader de cette prison qui pue le rance et le moisi. C’est pas juste.

Pierre observe son bras mou, appuyé sur le tissu rêche. Les veines de son poignet se voient fort. Est-ce qu’on en a ailleurs ? Probablement. En tout cas, sur le poignet et sur les bras, elles se voient nettement. Il paraît qu’il y a du sang dedans ; ce serait étonnant, elles sont bleues et le sang est rouge. À l’aide de ses ongles presque ras, Pierre gratte la peau fine protégeant les veines saillantes. Plus il gratte, plus cela le démange. Alors, il gratte plus fort, mais ses ongles ne sont pas suffisamment longs. Il examine son environnement spartiate pour trouver une solution. Pas grand-chose, dans cet ameublement minimaliste, le linge, l’oreiller, son assiette dormant sur la table de chevet et dans l’assiette, une fragile cuiller en métal, de ce métal si fin qu’il est presque coupant. Pierre étend le bras pour saisir l’ustensile, mais il est trop éloigné. Il se tient au rebord du matelas et soulève légèrement les fesses pour se rapprocher de la table de chevet. Il réitère l’opération trois fois, essayant à chaque fois d’attraper la cuiller. À bout de souffle, il finit par l’atteindre et la tient fermement pour qu’elle ne tombe pas. Il se repose quelques instants puis saisit le manche d’une main et le cuilleron de l’autre, tirant les deux bouts en même temps vers le bas, puis vers le haut ; il répète l’opération quatre fois avant que l’aluminium mince cède. Il appuie l’extrémité inégale obtenue  contre sa peau rougie par le grattage de ses doigts et entreprend des mouvements de va-et-vient. Jusqu’à ce qu’une petite larme rouge suinte sur son épiderme blême. Il y a donc bien du sang dans les veines et cette larme lui fait peur :  c’est un peu de sa vie qui coule hors de son corps ; même en infime quantité, cela a quelque chose d’angoissant. Après avoir patienté une minute, Pierre est forcé de constater que la source s’est tarie. Sans raison, il recommence à gratter légèrement, puis avec frénésie, jusqu’à ce qu’une ligne carmin descende le long de son poignet gauche. Il se surprend à former un « O » majuscule avec sa bouche desséchée : le liquide poisseux a taché le drap. Il coule plus régulièrement, pas un flot, mais un gentil ruisselet obstiné à descendre la vallée de coton qui s’ouvre pour l’absorber. Pierre ne coupera pas au sermon ; peut-être qu’elle le frappera. Il n’arrive pas à se rappeler si c’est déjà arrivé. Enfin, depuis qu’il ne va plus à l’école. Les escaliers craquent sous le poids de Louise. Forcément, il n’y a qu’elle dans la maison. Il ne tardera pas à être fixé sur son sort.

    - Qu’est-ce que tu as encore manigancé ! s’exclame-t-elle en pénétrant dans la petite pièce surchauffée.

Qu’est-ce qu’il a donc l’habitude de manigancer ? Il ne quitte pratiquement plus son lit. Que ce soit une bêtise de se gratter à ce point, d’accord, mais quand est-ce qu’il aurait fait une autre bêtise ?

    - Tu vois, c’est ça le problème avec toi, continue Louise en l’essuyant avec une compresse prise sur la table de chevet. On ne peut pas te laisser cinq minutes et être tranquille, il faudrait rester là à te surveiller sans cesse. Je vais chercher quelque chose dans la salle de bains, tu ne bouges pas, d’accord ?

Pierre hoche la tête. Il ne bouge jamais. De toute façon, son grattage effréné a usé toutes ses forces, sa respiration est saccadée et ses jambes tremblent. Louise réapparaît trente secondes plus tard avec des ciseaux et du sparadrap. De ses doigts experts, elle déplie une serviette qu’elle étale sous son poignet, ouvre un sachet contenant deux compresses fines, verse de l’éosine sur la plaie puis exécute un pansement efficace. Il est taché de rouge, mais ce n’est pas du sang. Louise se lève et toise sévèrement Pierre.

    - Pourquoi t’es-tu arrangé ainsi ?

Pierre la regarde d’un air inquiet.

    - Qu’est-ce que tu voulais ?
Il hausse les épaules.

    - Parle, bon dieu ! s’exclame-t-elle en avançant vers lui.

Devant l’assaut de la femme en colère, il se plaque contre son oreiller.

    - Je ne sais pas… J’ai fait ça, comme ça...
    -Tu as « fait ça comme ça », pour me donner du travail supplémentaire.
    - Non, bien sûr que non, seulement, je ne sais pas pourquoi… Peut-être  pour savoir si j’avais vraiment du sang sous ma peau.

Louise secoue la tête et hausse les épaules ; il se prend pour Monsieur Burns, cet abruti ! Elle recule vers la porte en le fixant de ses yeux plissés.

    - Pleure toujours pour que je t’emmène à l’école demain, décrète-t-elle en haussant le ton. Réfléchis, comment tu ferais pour tes besoins si j’étais
 pas là pour te torcher ? Et comme punition, conclut-elle, j’éteins la télé.
     
Pierre n’est pas triste pour ça, la télé, c’est nul, ça n’apprend rien et ce n’est pas un camarade. Tout ce qu’il désire, c’est retourner dans sa classe. Pourtant, c’est vrai qu’il pourrait difficilement se débrouiller seul aux toilettes, comme les grands, comme les autres. Elle ne l’emmènera plus à l’école. Elle ne l’emmènera nulle part. Jamais. Il contemple son poignet bandé puis s’allonge au mieux pour se reposer. Dans un pli du drap, il découvre la paire de ciseaux que Louise a utilisée. Pas possible, elle les lui a laissé après cet incident… Elle a dû oublier. Toutes ces choses auxquelles penser. Pierre a à peine le loisir de s’interroger, les pas reviennent. Il saisit l’objet et le cache rapidement sous son oreiller, il lui dénichera une meilleure cachette plus tard : Louise est revenue, portant un verre à moitié rempli.

    - Tiens, bois, tu vas aller mieux.

Sans un mot, il prend la tasse qu’elle lui tend et ingère la moitié du liquide.

    - Vide-le complètement.

Pierre lui lance un regard inquiet avant d’avaler le reste. Que pourrait-il faire d’autre ? Il ne se souvient jamais de ce qui arrive après qu’il a bu. Il finit par se réveiller, sans souvenir d’avoir rêvé. D’ailleurs, de quoi rêverait-il, dans cet endroit sinistre ? Son imagination est aussi épuisée que son corps squelettique.
Un léger sourire apparaît sur les lèvres de Louise, qui récupère le récipient et sort.
Resté seul, Pierre se dépêche de trouver une meilleure cachette pour la paire de ciseaux. C’est comme un cadeau du ciel. Il s’en servira quand elle voudra l’empêcher d’aller à l’école ou pour la dissuader de l’obliger à boire son liquide mystérieux. Il n’y avait pas songé aussitôt, sinon, il aurait tenté il y a cinq minutes. Au pire, si ça ne marche pas contre elle,  il pourra s’en servir contre lui. Une douce torpeur l’enveloppe bientôt et Pierre s’endort en remuant les lèvres : demain, c’est sûr, il ira à l’école !

Dans sa cuisine, Louise prépare tranquillement le repas du soir ; elle filera au cinéma ensuite, si Coline est libre pour l’accompagner. Cette nuit, Pierre va dormir comme un ange. Il faudra qu’elle redemande des gouttes au médecin, elle dira que cet empoté en a renversé un flacon plein.

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………...

L’homme svelte, aux cheveux argentés sur les tempes, relève la tête qu’il tenait baissée depuis cinq secondes. C’est suffisant. Sa posture se détend, il s’approche et prend la femme par le coude, se racle la gorge.

    - Vous savez, Louise, vous n’avez rien à vous reprocher… Vous l’avez soigné mieux qu’il ne l’aurait été à l’hôpital ; vous lui avez  apporté les soins toujours au bon moment, en restant disponible et en lui prodiguant amour et tendresse…
    - C’est normal, docteur, c’était mon père, murmure Louise d’une voix rauque.
    - Vous lui avez offert une fin de vie tranquille, loin de la standardisation des soins hospitaliers, un emploi du temps sur mesure, dans son environnement habituel pour qu’il conserve ses repères, cela n’a pas de prix. La clinique, c’est bien, quand il n’y a pas d’autre solution, argumente le médecin en lorgnant le lit, évitant la forme inerte qui occupe le tiers de l’espace, mais quand on peut s’occuper de ses parents jusqu’à la fin, c’est gratifiant pour les deux parties…  Vous avez beaucoup de mérite, ajoute-t-il en serrant chaleureusement la main de son interlocutrice.
Louise, gênée, détourne la tête. C’est alors qu’elle aperçoit une ombre qui dépasse du matelas. Le médecin suit son regard.
    - J’avais remarqué quelque chose, moi aussi.

Il s’avance vers le lit et extrait  un objet métallique de l’interstice entre le matelas et le sommier .

    - Une paire de ciseaux ?
    - À bouts ronds, complète Louise dans un murmure. Il a caché mes ciseaux à bouts ronds.
    - Pourquoi diable les aurait-il posés là ?

Louise hausse les épaules en essuyant une larme à l’aide de son mouchoir roulé en boule.

    - Il voulait sans doute découper du papier crépon. Vous savez qu’il souhaitait obstinément repartir à l’école.

Convaincu, le médecin acquiesce et se dirige vers le salon pour signer le certificat. Cause du décès : arrêt cardiaque. Après son départ, Louise jette les ciseaux dans un sachet plastique contenant un flacon vide, sous l’établi du garage. Elle enfile son manteau et sort balancer le tout dans la benne anonyme à la sortie du village.




Hors ligne Basic

  • Modo
  • Palimpseste Astral
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Re : Soins à domicile
« Réponse #1 le: 01 juin 2024 à 07:25:08 »
Bonjour,

n'hésite pas à visiter le forum et à t'aventurer dans la lecture de textes longs et mi longs, rubriques moins fréquentées que les autres, il y a, pour l'instant, peu de commentateur dans ces rubriques. C'est une bonne façon de créer du lien.
C'est un sujet compliqué que tu abordes et la façon dont tu l'abordes est surprenante, je me suis fait avoir.

Dans le cadre de l'entraide et du travail du texte un commentaire donc.

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


B
Tout a déjà été raconté, alors recommençons.

Page perso ( sommaire des textes sur le forum) : https://monde-ecriture.com/forum/index.php?topic=42205.0

blog d'écriture : https://terredegorve.blogspot.com/

Hors ligne Lune

  • Aède
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    • Conquête de l'espace
Re : Soins à domicile
« Réponse #2 le: 01 juin 2024 à 20:19:21 »
Bonjour,

Ton texte est poignant.
Il démontre combien il est difficile d'être aidant et tout ce qu'il faut supporter et endurer.
Merci  ;)
Ecoute le vent, il chante
Ecoute le silence, il parle
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Hors ligne Béatrice M

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    • beatricepassionnementpoesies.
Re : Soins à domicile
« Réponse #3 le: 02 juin 2024 à 08:05:24 »
Bonjour Impar, c'est un texte poignant qui me touche beaucoup, et je vis cela aussi en tant qu'aidant, dur dur. doux et bon dimanche à vous

Hors ligne artemium

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  • Messages: 104
    • Mon blog
Re : Soins à domicile
« Réponse #4 le: 06 juin 2024 à 09:24:58 »
Bonjour,

Je suis assez partagé sur ce texte, à vrai dire.

C'est un récit très poignant, il prend aux tripes, on peut le dire. L'écriture est fluide et claire et tu as je pense réussi à mettre des mots pour raconter cet épisode de vie particulièrement dur, ce qui n'est pas rien :-[.

D'un autre côté, plus que bouleversé, j'ai terminé cette lecture en étant très retourné et mal à l'aise. Il me semble que ça doit être très dérangeant pour quelqu'un qui n'a pas eu à vivre ce genre de choses. Et pour quelqu'un qui l'a vécu, ça n'aide pas à remonter la pente. On est simplement content de découvrir que quelqu'un d'autre a vécu la même horreur.

L'histoire démarre d'une manière terrible, c'est assez pénible de suivre la descente aux enfers et ça se termine en plus en paroxysme avec une fin proprement épouvantable ! Il n'y a aucun espoir. Quoiqu'entouré, le malade se retrouve finalement assez seul aux portes de la mort et l'héroïne aura vécu une histoire horrible. Je n'ai pas adoré la toute fin. Evidemment, la mort se gère différemment suivant les personnes. Mais dans une perspective littéraire, j'ai trouvé que l'héroïne a vite fait de passer à autre chose.
Il a suffi d'une phrase du médecin pour se rassurer, elle jette ses effets et tranquille la vie on repart de l'avant. Ca ne se passe pas forcément comme ça pour tout le monde, certains se remettent très mal de ce qu'ils ont vécu et connaissent la culpabilité. Ca aurait pu être évoqué. Note bien que ce n'est en aucune manière un jugement sur la bonne ou mauvaise manière de gérer cet épisode final, je parle purement de la représentation littéraire de ce moment.

Au final, je trouve que tu as très bien réussi à immortaliser cette scène de vie dans toute sa lourdeur et toute son horreur. Et de mon point de vue, ça mériterait presque encore du cheminement pour sortir une V2. Parce que ça m'a donné l'impression d'une écriture de texte destinée à digérer le moment terrible qui vient de se produire. Or à mon sens, l'intérêt pour le lecteur d'une histoire comme la tienne, ce n'est pas de sortir chamboulé, les tripes sur la table et d'aller très mal après avoir lu ça.
C'est au contraire de "dédramatiser" ça en montrant que petit à petit, après, la vie continue et reprend. Et de ce point de vue, il m'a manqué un certain nombre de choses comme: le moment où le malade accepte son état et comprend qu'il va vers sa fin, l'accepte; le moment où l'héroïne commence à digérer ce qui s'est passé, ressentie de la culpabilité puis l'évacue, travaille le souvenir qu'elle gardera du malade, commence à ressentir de quelle manière ce qu'elle a vécu la changera pour l'avenir... Mais ce n'est pas du tout une critique. Je trouve que ton texte est finalisé en l'état mais je le vois comme une version qui en appelle d'autres.

J'espère que mon commentaire te sera utile.





Un habitant de la planète se lance dans un incroyable périple pour retrouver la Déesse du Temps ! Survivra-t-il à chaque obstacle qui le confronte à un rapport au temps?

Je suis ravi du succès de cette nouvelle! J'attends vos commentaires!
https://monde-ecriture.com/forum/index.php?topic=44208.new#

Hors ligne Lune

  • Aède
  • Messages: 210
    • Conquête de l'espace
Re : Re : Soins à domicile
« Réponse #5 le: 09 juin 2024 à 20:27:58 »
Et de ce point de vue, il m'a manqué un certain nombre de choses comme: le moment où le malade accepte son état et comprend qu'il va vers sa fin, l'accepte; le moment où l'héroïne commence à digérer ce qui s'est passé, ressentie de la culpabilité puis l'évacue, travaille le souvenir qu'elle gardera du malade, commence à ressentir de quelle manière ce qu'elle a vécu la changera pour l'avenir...

Bonjour,

Je pense que le malade n'est jamais lucide. Soit il dort après avoir pris les gouttes du médicament, soit il croit être encore un enfant et veut aller à l'école.
La culpabilité se transforme peut être en soulagement, pour elle et pour son père libéré de la maladie.

Merci pour ton message Impa Dhacor  ;)



Ecoute le vent, il chante
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Ecoute ton coeur, il sait
Proverbe Amérindien

Hors ligne Impa Dhacor

  • Scribe
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Re : Soins à domicile
« Réponse #6 le: 11 juin 2024 à 21:25:05 »
Bonsoir Artemium,
Merci pour ton commentaire long et argumenté.
Je comprends tes remarques et je suis touchée en te lisant car tu t'es identifiée aux personnages, ce qui est essentiellement ce qu'on attend du lecteur. D'autre part, tu veux de l'espoir, que la vie reprenne, que l'on assiste à  la résilience de ceux qui restent... Ma façon de voir une nouvelle, qui est en général un texte plutôt court, c'est que le texte se termine en fait par des points de suspension et que chaque lecteur puisse  la continuer comme il l'entend, s'il l'a aimée. Je pourrai aussi écrire une suite, mais je ne l'ai pas en tête pour l'instant.

Passe une bonne soirée.


Hors ligne Esmée

  • Tabellion
  • Messages: 54
Re : Soins à domicile
« Réponse #7 le: 04 septembre 2024 à 12:32:45 »
Wouhaou ! Quel texte poignant et surprenant ! Je me suis faite complètement avoir.

Mon petit coeur de maman a été absorbée instantanément par le début, alors que je voulais mettre le texte de côté pour le lire plus tard et je n'ai pu détacher mes yeux.
A l'inverse d'Artemium, j'ai été dérangée par ton texte car au fur et à mesure de la lecture, j'ai eu l'impression que la mère se fichait pas mal de son petit, voire qu'on était face à une situation de maltraitance qui m'a mise très mal à l'aise.

La fin m'a presque "soulagée" même si c'est assez horrible de dire cela ainsi. Pour moi, Louise est détachée depuis longtemps du malade dont elle prend soin. Son deuil est fait depuis longtemps, ce qui rend la phrase finale encore plus terrifiante.

Quant à l'écriture en soi, rien à redire. Les descriptions très réalistes et factuelles (la crêpe dans le micro-ondes, la blessure soignée) sonnent très justes et rendent la scène encore plus prenante.

Merci pour ton texte.

Hors ligne Impa Dhacor

  • Scribe
  • Messages: 62
Re : Soins à domicile
« Réponse #8 le: 04 septembre 2024 à 15:24:12 »
Bonjour Esmée,
Merci pour ce commentaire. Tes réactions sont un peu celles que je prévoyais lors de l'écriture du texte. Les commentaires reflètent des réceptions diverses, sans doute parce qu'on lit un texte avec les yeux et autant avec son vécu personnel. Au final, il y a autant d'interprétations que de lecteurs. Le principal, c'est d'avoir apprécié l'histoire, même si elle est triste. J'ai posté une autre nouvelle que tu pourrais apprécier, si tu as le temps.
Passe une belle journée.

 


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