Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

14 octobre 2024 à 02:09:31
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes mi-longs » Sans titre encore !(explicite/violence/sex)!

Auteur Sujet: Sans titre encore !(explicite/violence/sex)!  (Lu 1974 fois)

Hors ligne Safrande

  • Troubadour
  • Messages: 381
Sans titre encore !(explicite/violence/sex)!
« le: 24 mars 2024 à 22:27:18 »
Salut tout le monde !
Pour vous présenter un peu le bordel, il s'agit du premier texte d'un livre (une espèce de journal plutôt) plus grand et fragmentaire autour du même univers, du même personnage. Ce texte étant l'ouverture, l'exposé de plein de thématiques qu'on retrouvera tout au long de l'ouvrage, j'ai besoin de vos retours pour savoir en gros ce que vous avez saisi de la situation concrète du perso, et au contraire ce qui vous échappe - il y a des choses qui sont naturellement insaisissables, puisque je ne dévoile pas tout dans le premier texte, mais je veux m'assurer que ce soit les bonnes ^ ^
Et globalement si vous avez des remarques précises/concrètes pour améliorer la compréhension/la clarté du texte j'suis preneur. Les fautes ça va sans dire - vous allez être servis  ;D

Bonne lecture !

L'épigraphe du livre sera une phrase de notre ancien camarade Keanu/Forêt

Texte n°1
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Texte n°2
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« Modifié: 13 juillet 2024 à 00:15:58 par Safrande »
Il regardait le verre non à sa portée d'une façon de reproche.

Hors ligne Beglous

  • Calliopéen
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Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #1 le: 29 mars 2024 à 19:45:43 »
Bonjour Safrande,

Je te fais un retour sur le début seulement, pour le moment (me suis arrêtée au cimetière).

Ce qui me plaît, c'est l'expérimentation dans ton écriture, que je découvre (cela me rappelle cependant beaucoup la vidéo que tu avais postée).
Mais comme toute expérimentation, ce qu'elle gagne à oser, elle peut le perdre en compréhensibilité.
Je ne vais pas m'avancer sur l'histoire pour l'instant - dans l'attente de lire l'entièreté, mais avant cela il y a des choix que j'aimerais interroger.
La ponctuation, principalement.
Je la trouve étonnante, imprévisible et je n'en comprends pas la logique.
Je ne doute pas qu'il y a cependant une recherche consciencieuse la concernant ; et je serais vraiment curieuse de te lire à ce sujet.

Ce que j'apprécie, ce sont les fulgurances poétiques dans le texte, l'approche rugueuse de l'écriture très portée sur le sensitif. J'apprécie aussi le déroulé associatif qui restitue bien à mon sens, les impressions que peuvent déposer en nous la mémoire, et notamment la mémoire de l'enfance.
Mais,
je trouve qu'il y a parfois une tendance à complexifier plus que nécessaire le discours. Là aussi, cela me poste question. Je me demande ce que tu veux produire comme effet sur le lecteur et ce qui motive ton geste narratif. Je crois que lorsqu'on expérimente ainsi, on le fait pour une raison, ce n'est pas par hasard que l'on tord la langue, que l'on propose un système complexe et original d'imbrications.

Hors ligne Safrande

  • Troubadour
  • Messages: 381
Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #2 le: 29 mars 2024 à 22:49:46 »
Salut Beglous, merci beaucoup pour ton retour  ;D

Pour ce qui est de la ponctuation, son imprévisibilité est sans doute dû à mon goût pour l'organicité, je sais pas trop ; c'est aussi le fait qu'elle soit taillée pour la voix - le texte globalement est fait pour la voix, il respecte la respiration et ménage la langue, bien qu'il soit incompréhensible à voix haute (c'est paradoxal). J'ai passé des millier de fois (j'exagère à peine) le texte au "gueuloir", mais au gueuloir moderne : non seulement je le lit à voix haute, mais aussi je m'enregistre pour pouvoir m'écouter, et j'ajuste à petites touches certains rythmes, certaines mélodies qui me semblent fausses.

Citer
ce n'est pas par hasard que l'on tord la langue
Ouais pour moi c'est l'enjeux principal de la littérature : je ne souhaite pas être un conteur, quelqu'un qui intéresse surtout par le récit (ce dont je suis à peu près incapable, et que j'apprécie par ailleurs), je cherche aussi un travail de la langue, je souhaite une approche formelle qui transcende en quelque sorte des histoires/des expériences à priori banales et mille fois expérimenté par tout le monde, en les restituant par exemple au plus proche de mes sensation, de ma sensibilité, de mes dédales mentaux (ou d'ailleurs à l'inverse de ma sensibilité, de mes sensation, de ma morale), pour leur donner un caractère "unique". Bon tout ça est bien prétentieux mais c'est bien des choses que je "cherche", que je "souhaite", c'est un idéal que je suis encore loin d'atteindre  ;D

La complexification du discours est multifactorielle je pense. Il y a le fait que ce soit le premier texte d'un livre qui sera énorme je pense, qui traitera toujours du même personnage et du même cadre, et qu'il y a ce désir de jeter le lecteur dans le bain, comme au beau milieu d'une histoire, d'un état d'esprit, avec un personnage dont on comprend les tenants et les aboutissants au fur et à mesure de la lecture - à mesure qu'on lit les textes ça sera moins obscur, la situation se fera nette, on apprendra des choses sur lui par les souvenirs qu'il évoquera, etc. Il y a le fait que je voulais faire un tour d'horizon des thématiques qu'on retrouvera disséminé plus en détail dans le reste du livre - mes autres textes partent moins à droite à gauche et se focalisent sur un unique objet en général, et sont beaucoup plus court. Il y a aussi le fait que c'est mon premier "vrai" texte dont j'suis content, et qu'il porte encore la marque de mon désir d'impressionner, tare qui s'estompe avec le temps, comme celle de la peur de lasser, et qui est aussi responsable de la complexité du truc. L'alambiqué des phrases, le flou que peut créer la complexité du récit sont surement dû à mes lectures de Faulkner ou Simon, que j'adore mais dont j'ai pris les défauts sans les qualités qui vont avec  ;D Et en vrai y'aurait tellement d'autres facteurs qui font que le discours est complexe, mais peut-être une réponse golmon et un peu provocatrice serait de dire "la vie c'est pas simple"  :D Non mais ouais j'ai ce désir de faire cohabiter des paradoxes, des sensations, de les exprimer clairement si elles sont claires, confusément si elles sont confuses, dédalement si elle sont dédaleuses  ;D

Mais du coup c'est vrai que vos retours me sont précieux justement parce que j'ai conscience que tout n'est pas clair, et j'aurais besoin de remarques précises pour améliorer tout ça, pour faire un peu de jour, en m'indiquant un passage dans une phrase, une situation que vous comprenez pas, le choix d'un mot qui n'est pas clair, etc - bien qu'il y ait des choses, comme je l'ai dit dans la présentation, qui sont volontairement insaisissables pour l'instant.

Merci en tout cas de l'intérêt que tu portes au texte, à plus  ;D
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Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #3 le: 30 mars 2024 à 07:35:34 »
Bonjour safrande

autant te l'avouer je ne suis pas fan d'auto fiction ( si ce n'en est pas, ça le fait), ce type de littérature me laisse un peu à côté. Toutefois j'ai lu ton texte ( pour l'instant, un morceau) avec curiosité.
Je t'ai mis quelques notes. Bon, j'espère que ça peut t'accompagner un peu

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B
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Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #4 le: 30 mars 2024 à 12:11:28 »
Salut Basic, merci beaucoup pour ta lecture, du temps que t'as pris pour te plonger dans le texte  ;D
Ouais c'est de l'auto fiction - le curseur est quand même plus à la fiction qu'à l'auto : ce perso n'est pas moi heureusement. C'est marrant que si ce n'en est pas ça le fait pour toi, alors qu'à priori ça ne change rien sur le papier ?

Pour ce qui est des crochets ils ont bien une signification, toutes mes "expérimentations" (sauf peut-être l'histoire des pronoms, j'y reviendrai) ont une intention en général - mais c'est vrai que dans ce texte leur accumulation leur donne un côté gratuit, un côté "je vais t'éblouir avec mon laboratoire".

Je met ce segment sous spoiler car il révèle certaines de mes intentions, et si quelqu'un s'aventure à commenter je voudrais savoir ce qu'il a compris sans les avoir lu au préalable  ;D
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Citer
pas trop compris ça « il doit penser de nous » ainsi que la majuscule à Cet
J'ai supprimé ce passage, trop de retour me l'ont signalé et le tient m'a décidé - je sais pas trop pourquoi j'y étais attaché en plus, il n'apporte pas grand chose. Et majuscule à "Cet" ça indique l'entrée d'une parole, je ne met pas de guillemet, c'est un truc que je fais tout au long du texte - j'ai piqué ça à Simon, à Beckett, beaucoup le font.

Citer
que par mes excrétions et ma sudation réunies ( j’ai eu un souci avec nous, on, je… )
Au lieu de mettre "; on pleura" vers la fin, qui peut être assez ambigu, j'ai mis "je pleurai".

Citer
ici, apparaît un autre perso « le garçon »… purée je ne l’ai pas vu arriver
Ouais la brutalité des introductions à certains sujet est voulue, j'aime bien "jeter dans le bain"  ;D

Citer
(on dit glands pour un pin?). ( du coup c’est un chêne)
Haha t'es le premier à avoir remarqué ça j'suis content  :D Effectivement le narrateur inverse tout, je voulais rendre l'espèce d'embrouillement dans ses images ; c'était un petit jeu avec le lecteur aussi, une tentative d'humour - parce que jusque là personne n'en a parlé mais : est ce que vous avez un peu sourit ? J'avoue que c'est un des but du texte aussi...

Citer
voit nous sommes fouichus ( bug ou pas bug?)

Ouais c'est volontaire, parce que juste après je dis qu'il met sa langue dans mon nez, donc c'est la retranscription de la parole quand une autre bouche vient l'attaquer  ;D

Citer
comme il est souple ou rapide...
C'est pour ça que je précise après "on aurait dit" : "et son pénis tout droit dans mon nez on aurait dit n'est-ce pas tellement"

Citer
le coup tendu ( bug :cou tendu?)
Ouais bug ici, c'est bien "cou"

Et globalement merci pour les fautes  ;D
« Modifié: 31 mars 2024 à 03:09:04 par Safrande »
Il regardait le verre non à sa portée d'une façon de reproche.

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Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #5 le: 10 avril 2024 à 10:26:20 »
Bonjour Safrande,

un peu la même impression... parfois l'écriture m'intrigue, parfois elle me laisse dubitatif ( ces histoires d'effets)... je peine aussi avec le sujet, les intèrêts du narrateur ( après on peut commenter quand même)

donc des trucs sur cette deuxième partie

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Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #6 le: 10 avril 2024 à 23:34:26 »
C'est gentil à toi de t'accrocher Basic, d'autant que tu n'as vraiment pas l'air emballé  :D

Pour ce qui est des intérêts du narrateur, c'est à peu près normal qu'ils soient flous pour l'instant - et comme je l'ai dis dans mon post initial, ça me serait d'une grande aide que vous me faisiez un petit topo sur ce que vous avez compris ou croyez comprendre de la situation du perso, en très gros quoi, grossièrement. Le sujet, "l'intrigue", y'en a pas vraiment je crois, ou y'en a plein, vu que le livre sera une espèce de journal ; je ne cherche pas vraiment à "conter" une histoire ; et le vagabondage entre les différents thèmes fait parti de la démarche, ça sert un peu à montrer le désœuvrement, l'errement du perso. Bon dans tous les cas ça passe pas j'ai l'impression  :D

Citer
( dans l’inaction par rapport à la statue ce n’est peut-être pas nécessaire, par rapport à une personne oui, alors déplacer « dans l’inaction)
J'ai pas compris ta suggestion ici ?

Citer
( est-ce le nous singulier ? Alors figé)
C'est un choix à faire : est-ce que pour le "nous" qui désigne le narrateur il faut que je conjugue à la 1ère personne du singulier, ou est ce que faire ça va encore plus embrouiller le lecteur et lui faire croire en plus que je sais pas conjuguer la 1ère personne du pluriel ? Perso je me suis dis que ça allait plus embrouiller qu'autre chose, du coup j'ai laissé les conjugaisons tranquilles - après dis moi ce que t'en penses ?

Citer
j’aime bien le début par exemple ici, puis après ça s’entasse et pour moi, ça bug

Sans plus de détail sur pourquoi ça bug, je vais pas pouvoir faire grand chose. Pour moi tout est oké, c'est peut-être l'omission du nom vers la fin : "car il m'appartenait et donc, comme nous l'avons (je parle ici du contrôle : "comme nous avons le contrôle de mes gestes", mais le nom vient après, c'est un truc que fait pas mal Proust ou Simon, mais peut-être qu'ici ce n'est pas bien fait) de mes gestes, nous avions le contrôle sur ce qu'il était/allait devenir." - c'est peut-être aussi que le temps n'est pas le même : comme nous l'avons de mes gestes, nous avions le contrôle etc, car je ne peux pas dire "comme nous l'avions de mes gestes", car le perso a toujours le contrôle de ses gestes à l'heure actuelle. Mais je reconnais que c'est tordu, c'est le genre de réflexions alambiquées que fait souvent Faulkner, dont je raffole, et qui je trouve collaient bien à la bizarrerie du personnage, et en même temps ça capte bien quand même une sensation intime que j'avais quand j'étais petit, que je contrôlais la vision que j'avais de mon environnement aussi facilement que n'importe quels gestes de mon corps, comme si mon environnement n'en était qu'une extension, et que je pouvais jouer avec aussi bien que je jouais avec mes jambes, mes doigts, etc - mais y'a peut-être une couille dans l'exécution.

Citer
ça change de temps dans la même phrase par ex ici

Oui ici je me demandais si c'était grave ici, si c'était choquant ; c'était pour éviter la lourdeur de l'imparfait, mais je vais m'y résoudre  :D

Citer
et cette perspective, bien qu'elle m’envoûtât, m'apaisât et d'autres folies, me plongeait (plongeaient) dans de vives réflexions.
Je ne crois pas ici, parce que je parle bien de la perspective qui, bien qu'elle m'envoute, m'apaise (et d'autres folies), me plonge dans de vives réflexions. 

Merci en tout cas de prendre le temps !


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Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #7 le: 13 avril 2024 à 05:45:16 »
Bonjour,

comme je te le disais je suis resté certainement trop à côté du texte. Les "thèmes" (peut on parler de thème) abordés par le narrateur me laisse un peu  froid dirons nous.
Le personnage :disons que dans le format ( on est sur le forum, sur peu de texte mais quand même déjà un peu) : donc on est en compagnie de ce perso et disons que... il nous raconte des morceaux de vie assez glauques tout en étant pas non plus des aventures... qu'est ce qui crée l'empathie ( pour ce perso, je ne sais pas si il peut y en avoir) ou l'intérêt que le lecteur peut avoir à le suivre dans ces pages.... plus largement quel intérêt un lecteur peut avoir à suivre un perso négatif : la fascination pour le trouble, le style de la narration. Tu as choisi une narration première personne, donc encore plus compliqué. Une narration hachée, par bonds, qui se complique d'effets d'oralisation ( liés au perso, j'imagine ): crochets, pronoms personnels, ellipse, changement de temps... ça fait peut-être un peu trop. Il y a des éléments qui pourraient certainement être intéressant à garder même à épaissir. Je sors de la lecture avec une sorte de sentiment de répulsion (le perso ne m'est pas sympathique, bon, pas grave pas nécessaire, mais j'ai du mal à attraper quelque chose, à être intrigué)
Toutefois, je crois que l'on peut faire un peu de compagnie même si on est pas emballé. Entre nous, heureusement qu'on le peut. C'est ce que j'ai essayé.
Donc essentiellement sur la narration.
Elle m' a laissé perplexe parfois, plu à d'autres
l'exemple que je te donnais :  Dans mon enfance les endroits ou les lieux m'appartenaient, les endroits étaient d'autres lieux, n'étaient pas juste des lieux mais ce que nous voulions qu'ils fussent : et si je ne voulais plus que Saint-Jean, mon village, fût ce que j'avais convenu qu'il été ( était), nous le modifiions, car il m'appartenait et donc, comme nous l'avons de mes gestes, nous avions le contrôle sur ce qu'il était/allait devenir.
Je trouve la première partie très chouette, très juste (celle que j'ai soulignée), ensuite, la répétition de la forme sonore ( st jean fut ce) le gonflement de la phrase par une tentative d'explication compliquée m'a noyé.

Dans l'inaction par rapport à la statue, ( j'y pense à l'instant) . C'est un peu comme si on disait comme une statue immobile... ça peut avoir un effet comique cette évidence, mais ici, je ne sais pas trop.

C'est un projet ambitieux, pas facile du tout. Je pense qu'il faut le tester avec un maximum de lecteurs. Je suis certainement trop "classique" , trop normé.

B
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  • Troubadour
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Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #8 le: 14 avril 2024 à 00:28:44 »
Merci beaucoup Basic d'être aller au bout, malgré le manque d'affinité avec le touti...
Ma réponse sous spoil pour éviter de dévoiler aux potentiel prochains lecteurs, comme j'ai besoin de savoir ce qu'ils ont compris...

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« Modifié: 21 avril 2024 à 14:09:51 par Safrande »
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  • Calliopéen
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Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #9 le: 21 avril 2024 à 12:05:28 »
Bonjour Safrande,

J'ai poursuivi ma lecture jusqu'à "pas de déchet" pour le moment.
(j'en profite pour souligner 'déchet' au singulier, s'il n'y en a pas).

Je vais reprendre tes réponses à mes premières interrogations.

Citer
Pour ce qui est de la ponctuation, son imprévisibilité est sans doute dû à mon goût pour l'organicité, je sais pas trop ; c'est aussi le fait qu'elle soit taillée pour la voix - le texte globalement est fait pour la voix, il respecte la respiration et ménage la langue, bien qu'il soit incompréhensible à voix haute (c'est paradoxal). J'ai passé des millier de fois (j'exagère à peine) le texte au "gueuloir", mais au gueuloir moderne : non seulement je le lit à voix haute, mais aussi je m'enregistre pour pouvoir m'écouter, et j'ajuste à petites touches certains rythmes, certaines mélodies qui me semblent fausses.
Ton texte je le lis à voix haute. Je ne le fais pas toujours, mais quand un texte me résiste un peu c'est ma façon de l'apprivoiser. Et bien même ainsi... il me résiste :D Quand tu dis qu'"il respecte la respiration", que c'est "taillée pour la voix" et en même temps "incompréhensible à voix haute", je crois que l'essentiel est dit. Cela me donne l'impression d'une tentative organique avec une approche hautement intellectuelle. Donc une contradiction. Si ça résiste c'est peut-être que toi, dans ton approche d'écriture, tu es aussi entré en résistance quelque part, en un endroit qui te concerne et qui t'appartient, je ne vais donc pas aller plus loin mais disons que ça m'éclaire.
De fait, cela m'amène à envisager ce texte comme une partition, un peu comme ces partitions d'écriture musicale contemporaine. Cela dit, ces partitions offrent généralement une grande liberté de lecture et d'interprétation, tandis que ce texte-ci a plutôt tendance à rétrécir la focale, à se concentrer sur des détails, à entrer de plus en plus loin dans le dédale logique de son protagoniste - ( [ { . } ] ) -
Si c'est bien de cela dont il s'agit, je t'encourage alors à aller encore plus loin. Sans demi-mesure peut-être. Mais alors, il me parait essentiel que la lecture à voix haute soit interprétable et pas rigidifiée par le système de ponctuation et de respiration proposé. Je laisse ouverte cette réflexion bien sûr, elle n'est pas très claire dans mon esprit, mais c'est ce que m'évoque ta tentative telle que je me la représente.
 
Citer
Il y a aussi le fait que c'est mon premier "vrai" texte dont j'suis content, et qu'il porte encore la marque de mon désir d'impressionner, tare qui s'estompe avec le temps, comme celle de la peur de lasser, et qui est aussi responsable de la complexité du truc. L'alambiqué des phrases, le flou que peut créer la complexité du récit sont surement dû à mes lectures de Faulkner ou Simon, que j'adore mais dont j'ai pris les défauts sans les qualités qui vont avec  ;D Et en vrai y'aurait tellement d'autres facteurs qui font que le discours est complexe, mais peut-être une réponse golmon et un peu provocatrice serait de dire "la vie c'est pas simple"  :D Non mais ouais j'ai ce désir de faire cohabiter des paradoxes, des sensations, de les exprimer clairement si elles sont claires, confusément si elles sont confuses, dédalement si elle sont dédaleuses  ;D
Oui, je suis d'accord avec ton analyse, je trouve que cela se ressent ce "désir d'impressionner" dans la "complexité du truc". J'ai ce travers aussi. Peut-être que tu ne le vois pas ainsi mais je pense que c'en est un. Je travaille beaucoup à m'en défaire comme on ôterait un habit qui a servi autrefois mais qui empêche désormais plus qu'il ne libère. Très simplement, pour moi, cette surenchère de complexité à différents niveaux (du mot à l'articulation globale du propos) fait que je ne me représente pas, mentalement, visuellement, le contenu. Généralement quand je lis, je vois, j'entends, je sens mon pouls battre en écho à celui du texte, ma pensée parfois le devancer ou à l'inverse se faire surprendre. Dans le cas de ton texte, tel qu'il se présente aujourd'hui, j'ai l'impression de gravir une montagne hors d'haleine. Il y a parfois des moments où je peux me poser, où quelque chose de concret, de tangible apparait. Je ne parle pas de la corporéité ni des de ses fluides qui sont convoqués un peu à outrance, pas de ce concret-là, mais bien des instants où je me figure le bonhomme, son rapport au monde, ses bouées psychiques. Dans un rapport au corps, je dirais que l'écriture est dans une forme de contrainte et de contraction, il y a peu de relâchement, de détente, de souffle justement, de lieux, de figures, de mots qui nous reposent. Je ne crois pas que l'écriture gagne à être une ascension perpétuelle, une astreinte à s'élever. Tomber, s'arrêter, ces instants que l'on laisse s'installer, même s'ils peuvent paraître plats, banaux, dépourvus de singularité, c'est eux le bol d'air. Je crois qu'ils sont à voir comme une autorisation, pour reprendre ton terme que je trouve très éloquent, une autorisation "à lasser". Un délassement.

Citer
Mais du coup c'est vrai que vos retours me sont précieux justement parce que j'ai conscience que tout n'est pas clair, et j'aurais besoin de remarques précises pour améliorer tout ça, pour faire un peu de jour, en m'indiquant un passage dans une phrase, une situation que vous comprenez pas, le choix d'un mot qui n'est pas clair, etc - bien qu'il y ait des choses, comme je l'ai dit dans la présentation, qui sont volontairement insaisissables pour l'instant.
Je suis bien incapable, au vu de ma compréhension du texte, de te donner ce que tu demandes, des précisions sur des passages en particulier. C'est l'articulation de l'ensemble que je discute, tant que cela n'est pas clair pour moi je ne trouve pas de sens à rapprocher ma focale.

à bientôt pour la suite de ma lecture et pour la continuité de l'échange si tu le souhaites.

Hors ligne Safrande

  • Troubadour
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Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #10 le: 21 avril 2024 à 18:10:40 »
Salut Beglous, merci beaucoup pour ce retour riche et fourni  ;D

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Si ça résiste c'est peut-être que toi, dans ton approche d'écriture, tu es aussi entré en résistance quelque part, en un endroit qui te concerne et qui t'appartient, je ne vais donc pas aller plus loin mais disons que ça m'éclaire.
Oui y'a peut-être une contradiction entre mon désir de faire de la musique (j'suis un musicien frustré) et d'exprimer quelque chose de précis. Comme tu l'as remarqué, le texte offre peu de place à la libre interprétation des lecteurs, c'est quelque chose dont j'ai horreur ; j'suis content que tu aies été sensible (du moins que tu l'aies remarqué) à l'enfoncement dans la logique du perso, comme dans un monde qu'on ne comprend pas toujours mais dont on devine qu'il est régit par des lois logiques.

Citer
Si c'est bien de cela dont il s'agit, je t'encourage alors à aller encore plus loin. Sans demi-mesure peut-être. Mais alors, il me parait essentiel que la lecture à voix haute soit interprétable et pas rigidifiée par le système de ponctuation et de respiration proposé. Je laisse ouverte cette réflexion bien sûr, elle n'est pas très claire dans mon esprit, mais c'est ce que m'évoque ta tentative telle que je me la représente.
On m'a déjà fait cette suggestion, d'aller plus loin dans mon délire, mais j'avoue que malgré l'hermétisme de mon texte, il y a quand même un désir d'être compris - et j'offre malgré tout quelques clefs de compréhension dans le texte en lui même (enfin je crois : il me semble qu'il est possible de comprendre sa situation, son état d'esprit, etc). Je veux pouvoir être un minimum suivable, je refuse l'abstraction, le concept, j'ai, malgré mes partis pris formels et stylistiques, le désir d'écrire un truc concret. Et d'ailleurs je crois que mon texte est déjà bien "sans demi mesure" pour perdre à peu près 98% des gens à qui je l'ai fait lire, donc aller encore plus loin (chose que j'ai fait avant mais dont j'ai un peu honte maintenant) et je suis tout seul  :D

Citer
Je travaille beaucoup à m'en défaire comme on ôterait un habit qui a servi autrefois mais qui empêche désormais plus qu'il ne libère.
Oui totalement. Déjà rien que dans mon deuxième texte, j'ai laissé tombé les crochets [...], les variations de mots (ex : "où je peux me coucher/étaler nos jambes"), et globalement le changement de sujet incessant. Après, je suis quand même attaché à une certaine complexité du propos, à l'idée de tout dire dans les détails ; je me méfie de la simplicité, d'une certaine simplicité pour être exact, la simplicité "vulgaire" comme disait Simon, celle qui n'est pas le fruit d'une réflexion profonde si bien assimilé qu'on arrive à en extraire l'essence en quelques mots ; et quand bien même, cette simplicité là je m'en méfie aussi, car sa concision nous fait passer à côté de subtilités parfois jouissives ; de plus en plus je comprend que rien est "simple", rien est "évident", et peut-être qu'il y a un désir d'illustrer ce sentiment dans ce que j'écris, j'en sais rien... Dans tous les cas oui, y'a un équilibre à avoir que je n'ai pas encore trouvé !

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Très simplement, pour moi, cette surenchère de complexité à différents niveaux (du mot à l'articulation globale du propos) fait que je ne me représente pas, mentalement, visuellement, le contenu. Généralement quand je lis, je vois, j'entends, je sens mon pouls battre en écho à celui du texte, ma pensée parfois le devancer ou à l'inverse se faire surprendre. Dans le cas de ton texte, tel qu'il se présente aujourd'hui, j'ai l'impression de gravir une montagne hors d'haleine. Il y a parfois des moments où je peux me poser, où quelque chose de concret, de tangible apparait. Je ne parle pas de la corporéité ni des de ses fluides qui sont convoqués un peu à outrance, pas de ce concret-là, mais bien des instants où je me figure le bonhomme, son rapport au monde, ses bouées psychiques. Dans un rapport au corps, je dirais que l'écriture est dans une forme de contrainte et de contraction, il y a peu de relâchement, de détente, de souffle justement, de lieux, de figures, de mots qui nous reposent. Je ne crois pas que l'écriture gagne à être une ascension perpétuelle, une astreinte à s'élever. Tomber, s'arrêter, ces instants que l'on laisse s'installer, même s'ils peuvent paraître plats, banaux, dépourvus de singularité, c'est eux le bol d'air. Je crois qu'ils sont à voir comme une autorisation, pour reprendre ton terme que je trouve très éloquent, une autorisation "à lasser". Un délassement.
J'aime beaucoup tout ce que tu dis là, c'est assez révélateur. J'ai envie de dire, tout dépend de ce que t'attend quand tu lis ? J'avoue que dans mes lectures je ne cherche pas spécialement à ce que mon pouls "batte en écho" avec celui du texte. En art en général j'aime être bousculé, j'aime vivre une expérience singulière, et ce qui me semble "une montagne hors d'haleine", si je sens une réelle intention derrière, me stimule, semble comme un défi - ça a été le cas avec Simon, vraiment difficile d'accès, mais la beauté de sa langue m'a maintenu avec lui, et ça a été le cas avec Proust aussi, vraiment rude au début, mais si on s'accroche, si on s'adapte à son monde, on découvre une profondeur analytique incroyable.
J'aime beaucoup ce que tu dis et ce que tu as capté sur la corporalité de l'écriture, qu'il y a peu de relâchement, de détente, c'est absolument vrai. Y'a quasiment rien de "naturel" aussi, tout est absolument artificiel, construit de toute pièce, avec beaucoup de sueur. En fait c'est surement dû à mes gouts : j'aime, en littérature comme en musique, qu'il n'y ait rien de trop, que tout serve à quelque chose. Je dégraisse systématiquement, parce que quand je vois dans un livre ces fameux passages "bol d'air" ça a tendance à m'ennuyer, j'ai presque la sensation que ça m'infantilise aussi, que ça ne fait pas confiance à ma curiosité, à ma capacité à m'investir pour comprendre - c'était pas mal le cas avec Kafka. Je suis attaché (pour l'instant) à l'idée de remplir l'espace - Bach aime bien ça en musique aussi  :D Ca vient peut-être de la poésie que je pratiquais avant, et dont j'ai gardé le frénétique soupèsement de chaque mots, de chaque vers. J'aime cette idée d'un objet plein, qu'on peut tourner dans tous les sens sans y voir quelque chose de superflu, un objet quasiment impossible, à cause de sa densité, à saisir en un regard - pour ça aussi que je tend à faire des textes beaucoup plus court : la longueur de celui ci était une erreur, autant pour le lecteur que pour moi, pour le lecteur car revenir en arrière lui coute, revenir au début est quasiment suicidaire, et pour moi car j'ai passé un an sur ce texte, à m'en rendre fou :D Aussi  je ne m'autorise pas à garder quelque chose que j'estime avoir moins de matière que le reste, il faut toujours que ce soit un minimum profond ou original ou drôle, etc ; il faut toujours qu'à chaque phrase je donne quelque chose, je surprenne, je nourrisse (et je comprends que ça puisse être indigeste) ; j'ai horreur des mots pour rien, des banalités qu'on entend tous les jours, des poncifs ; mais tout ça c'est peut-être un manque de confiance en moi-même et dans le pouvoir des mots, y'a un équilibre qu'il me faut trouver. Quoi qu'il en soit, toutes ces "tares" tendent à s'effacer avec le temps ; ce texte date d'il y a deux ans maintenant, et celui que j'ai fini en mars dernier a déjà bien évolué sur ces points, enfin je crois...
« Modifié: 21 avril 2024 à 19:23:11 par Safrande »
Il regardait le verre non à sa portée d'une façon de reproche.

Hors ligne Beglous

  • Calliopéen
  • Messages: 455
Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #11 le: 26 avril 2024 à 16:21:07 »
ça y est, tout lu !

Je vais d'abord revenir sur ton précédent message.

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le texte offre peu de place à la libre interprétation des lecteurs, c'est quelque chose dont j'ai horreur
J'ai pas compris dans quel sens il fallait l'entendre.

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un monde qu'on ne comprend pas toujours mais dont on devine qu'il est régit par des lois logiques.
A mon avis c'est le principe d'un récit introspectif ; c'en est même tout l'intérêt : un chemin profond vers l’altérité.

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On m'a déjà fait cette suggestion, d'aller plus loin dans mon délire, mais j'avoue que malgré l'hermétisme de mon texte, il y a quand même un désir d'être compris - et j'offre malgré tout quelques clefs de compréhension dans le texte en lui même (enfin je crois : il me semble qu'il est possible de comprendre sa situation, son état d'esprit, etc). Je veux pouvoir être un minimum suivable, je refuse l'abstraction, le concept, j'ai, malgré mes partis pris formels et stylistiques, le désir d'écrire un truc concret.
Je parlais de la ponctuation. On sent bien que tu la tritures, que tu expérimentes quelque chose avec, et je pense que tu vas affiner ça avec le temps, que ça va se préciser. Si je comprends bien, tu le lis d'une certaine façon, tu t'enregistres même pour voir comment ça rend à l'oreille, au souffle, mais as-tu demandé à quelqu'un d'autre de le lire à voix haute, de le lire ainsi en le découvrant ? Est-ce-que cela rend ainsi que tu souhaites l'entendre ?

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tout dépend de ce que t'attend quand tu lis ? J'avoue que dans mes lectures je ne cherche pas spécialement à ce que mon pouls "batte en écho" avec celui du texte. En art en général j'aime être bousculé, j'aime vivre une expérience singulière, et ce qui me semble "une montagne hors d'haleine", si je sens une réelle intention derrière, me stimule, semble comme un défi - ça a été le cas avec Simon, vraiment difficile d'accès, mais la beauté de sa langue m'a maintenu avec lui, et ça a été le cas avec Proust aussi, vraiment rude au début, mais si on s'accroche, si on s'adapte à son monde, on découvre une profondeur analytique incroyable.
Certainement, les attentes diffèrent et c'est heureux. Je ne saurais pas vraiment dire ce que j'attends car il me semble que cela évolue avec le temps long et le temps court, et que parfois, dans un détour, je rencontre quelque chose que je n'attendais pas et qui me plaît beaucoup alors qu'il peut arriver aussi que je sois déçue là où j'avais placé mon attente. Je réagis donc à la résonance, ce que j'exprimais plus physiquement par un pouls qui bat en écho. Peut-être, enfin c'est ce qui m'effleure en te répondant, réagit-on à une rencontre littéraire ou artistique un peu comme nous réagissons à une rencontre humaine et sensible.

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quand je vois dans un livre ces fameux passages "bol d'air" ça a tendance à m'ennuyer, j'ai presque la sensation que ça m'infantilise aussi, que ça ne fait pas confiance à ma curiosité, à ma capacité à m'investir pour comprendre - c'était pas mal le cas avec Kafka. Je suis attaché (pour l'instant) à l'idée de remplir l'espace
C'est étonnant cette lecture du "bol d'air" que tu fais, cette sensation d'en être "infantilisé" alors que, si j'interroge sur un versant logique, n'est-ce-pas dans le vide qu'une question peut émerger, dans un silence qu'un regard peut s'exprimer, dans l'espace que l'on peut se déplacer et donc dans un creux que la curiosité peut s'épanouir ?
Peux-tu développer concernant Kafka ?

Pour le reste, ton analyse de ta démarche, de ta recherche narrative, il me semble que tu cernes les choses très justement, et que cela t'appartient, c'est ton cheminement, je crois que ça a à voir avec le rapport intime que chacun entretient avec l'écriture et la lecture.

Pour en revenir au texte en lui-même, j'ai reconnu le dernier paragraphe comme étant celui lu dans la vidéo postée il y a quelques temps sur le forum. Et cela me conforte un peu plus dans l'idée qu'il y a encore quelque chose à affiner entre la ponctuation telle que tu l'écris et telle que tu te la représentes (ainsi que tu parlais dans la vidéo). Le souffle que tu avais dans la vidéo, cette pente un peu inexorable qui donnait au tout une allure un peu hypnotique où la confusion sujet-objet, la perte de la référence initiale puis son retour - comme ces aperçus que l'on perd et retrouve dans les chemins vallonnés - passaient très bien, donnaient un rendu très particulier qui m'est resté.

De ton texte, ce qu'il me reste ce sont des éclats bruts, un paysage très morcelé, fait de confusions, passé-présent, eux-moi-nous-lui, confusion de sensations, de tout cela je garde une impression positive, c'est un portrait inattendu, intéressant à bien des égards.
L'intrication fond-forme fonctionne bien, à mon sens, dans les paragraphes plus longs, où l'on peut se permettre de s'enfoncer ; où à un moment donné ou à un autre, on va finir par revenir au premier lieu. Il y a comme ça des paragraphes entiers de circonvolutions. La cohérence de l'ensemble finit par donner, malgré l'étrangeté, une familiarité, ce que j'ai pu ressentir au fil de mes lectures.

Concernant ce que j'ai compris. Pas grand chose certainement. Un type, plus ou moins jeune c'est selon, se raconte dans un territoire physique qui semble avoir fusionné avec son territoire psychique. Il me paraît quelque peu esseulé, sans repère stable, un peu rendu à lui-même et à ses pulsions. Pointe parfois une forme de dérision, un décalage. Me reste une sensation de boue, comme s'il était souvent à ras de terre. Autour de lui gravitent des personnages, mais qui restent un peu flou, comme dans une zone périphérique de sa focale, ou alors vus en gros plan avec des zooms sur des endroits du corps.

Voilà :)
à bientôt !


Hors ligne Safrande

  • Troubadour
  • Messages: 381
Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #12 le: 30 avril 2024 à 01:26:57 »
Salut Beglous !

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le texte offre peu de place à la libre interprétation des lecteurs, c'est quelque chose dont j'ai horreur
J'ai pas compris dans quel sens il fallait l'entendre.
Dans le sens que je n'aime pas laisser à chacun une vaste fenêtre d'interprétation. C'est des trucs assez précis que j'ai envie de faire passer, j'écris de sorte à être toujours au plus près de ce que j'ai envie de dire ; j'aimerais que ce que j'écris soit un resto où j'ai choisi consciencieusement mes ingrédients, que j'ai ensuite non moins contentieusement agencés, pour offrir aux clients une jolie expérience (qui n'empêche en rien une interprétation différente de l'intention de base), et non pas un resto où j'ai effectivement bien choisi mes ingrédients, mais où je laisse aux clients le choix de les combiner, de les agencer comme ils veulent, selon leur goût, leur envie/leur besoin du moment.

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mais as-tu demandé à quelqu'un d'autre de le lire à voix haute, de le lire ainsi en le découvrant ? Est-ce-que cela rend ainsi que tu souhaites l'entendre ?
Oui j'ai déjà essayé, avec mon frère, mais c'était catastrophique, les causes étaient multifactorielles, mais la principale était que c'était en lendemain de cuite  :D Mais comme je l'ai dis, je pense qu'il n'est pas fait pour être lu, pour être compris (encore moins pour être découvert) à voix haute, il a juste été taillé à voix haute. Je crois que j'ai juste envie qu'on sente sourdement une espèce "d'oralité" quand on lit en voix de tête, du moins un rythme qui n'est pas celui de la pensée, mais de la voix, avec toutes les contraintes qu'elle a et que n'a pas la pensée ; j'ai envie que le rythme soit régit par une certaine matérialité, une certaine corporalité, comme ne pouvant pas dépasser certaine limites du corps, alors même qu'on est dans une espèce de "courant de conscience", d'où le paradoxe. Mais je crois aussi qu'il y a certain partis pris qui ne marchent pas, qui sont juste loupés, faux, pas encore abouti, et de plus en plus je m'en rend compte.

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Peut-être, enfin c'est ce qui m'effleure en te répondant, réagit-on à une rencontre littéraire ou artistique un peu comme nous réagissons à une rencontre humaine et sensible.
Ah c'est vrai que je n'ai pas vraiment ce rapport à la littérature, et plus globalement à l'art. J'ai l'impression que les textes, par exemples, sont des objets longuement réfléchit, pensés, sous pesé, qu'ils sont donc plus profonds que ce qu'une personne physique est capable de nous faire ressentir avec ses simples gestes et sa parole, mais aussi moins sincère est spontané, dénaturant en grande parti ce que l'auteur est réellement, non seulement par les moyens largement codifiés et restrictif de la langue, mais aussi parce qu'un auteur n'a comme matière première que lui même, son vécu et ses connaissances, et que pour les rendre lisibles et compréhensibles ils doit au bout d'un moment les travestir un peu, les rogner, les étirer, comme dans une musique on enlève certaine notes, on en modifie d'autres pour la rendre plus harmonieuse et cohérente. Je prends toujours une œuvre (film, musique, sculpture) comme un objet que quelqu'un a façonné, et je la juge selon des critères esthétiques et expressifs, et ce n'est pas différent avec un texte, quand bien même il doit composer avec les éléments les plus intimes de son auteur.

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C'est étonnant cette lecture du "bol d'air" que tu fais, cette sensation d'en être "infantilisé" alors que, si j'interroge sur un versant logique, n'est-ce-pas dans le vide qu'une question peut émerger, dans un silence qu'un regard peut s'exprimer, dans l'espace que l'on peut se déplacer et donc dans un creux que la curiosité peut s'épanouir ?
Oui tu as raison, sur ce point j'ai encore du boulot à faire je crois, un équilibre à trouver, parce que je ne peux pas nier l'importance et même presque l'obligation de ces "bol d'air". Mais ce qui bloque encore chez moi c'est plus quelque chose d'ordre psychologique, je ne m'autorise pas, je ne fais pas confiance à une phrase plus faible qui pourrait potentiellement reposer le lecteur, c'est plus fort que moi pour l'instant. Ca vient peut-être aussi de ma façon de lire (qui elle même est régit par une de mes névrose : la peur de perdre mon temps) : je ne sais pas lire distraitement, sans avoir un regard aigue et intransigeant sur ce qu'il se passe dans l'écriture, sans faire 3 annotations par page ; la lecture me demande un effort, donc je vais être intransigeant avec un texte, et si j'ai envie de lire ça veux dire que je suis prêt mentalement à plonger en entier dans ce que je lis et à m'investir le plus que je peux, parce que certes c'est plus difficile et couteux (en énergie, en temps) que de regarder un film ou d'écouter de la musique, mais c'est aussi (j'en ai la sensation) plus profond et marquant. Du coup ça fait que les ventres mous de certains livres, qui sont sensé reposer un peu le lecteur, vont vite m'ennuyer, parce que je les goûte non pas avec l'espèce de soulagement après l'effort avec lequel on devrait les prendre, mais avec une attention aigue, une absurde envie de me nourrir. Pour ça que j'ai aimé Vies minuscules de Pierre Michon par exemple : c'est toujours fort, c'est toujours tendu, pas un mot plus faible que l'autre, c'est toujours plein de matière à nager dedans. Enfin bref, peut-être que ça éclairera sur le pourquoi qu'on ne respire pas dans mon texte ^ ^

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Peux-tu développer concernant Kafka ?
En gros, chez Kafka j'ai la sensation qu'il y a trop souvent cette volonté d'être explicite deux fois, qui alourdit sensiblement son récit. Exemple dans le Procès, il dit : "... il ouvrit l'album, le feuilleta un peu, mais dût bientôt cesser, car l'obscurité était devenue telle que, relevant les yeux, il put à peine distinguer un seul détail dans la nef latérale toute proche". Là déjà en elle même je trouve la phrase assez lourde, on comprend que le reste de la cathédrale est obscure si déjà il n'arrive pas à voir les photo de l'album, mais encore ça passe, c'est rien de méchant, mais deux phrases plus loin il recommence : "... K aperçut, pas très loin derrière lui, un grand sierge [...] Si beau que cela fut, c'était tout à fait insuffisant pour éclairer les retables, qui pour la plupart étaient accrochés dans les ténèbres des autels latéraux, cela ajoutait même aux ténèbres". Et là je trouve ça vraiment lourd inutilement, explicite pour rien, et c'est le genre de trucs qui m'agace dans la lecture, qui me donne la sensation de tourner en rond, de perdre mon temps (parce qu'encore il ferait quelque chose de cette obscurité, il la traiterait poétiquement ou en ferait un objet d'étude ça serait oké, mais là c'est juste des phrases pour poser le décor - et il le fait pas mal de fois ; dès fois on a surtout la sensation que c'est un manque de relecture, de débroussaillage, et au vu de l'histoire de ses textes c'est pas étonnant, ayant quasiment tous été publié à titre posthume, en l'état je crois ; puis c'est aussi peut-être la faute de la traduction, ça se peut ^ ^).

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Pour en revenir au texte en lui-même, j'ai reconnu le dernier paragraphe comme étant celui lu dans la vidéo postée il y a quelques temps sur le forum. Et cela me conforte un peu plus dans l'idée qu'il y a encore quelque chose à affiner entre la ponctuation telle que tu l'écris et telle que tu te la représentes (ainsi que tu parlais dans la vidéo). Le souffle que tu avais dans la vidéo, cette pente un peu inexorable qui donnait au tout une allure un peu hypnotique où la confusion sujet-objet, la perte de la référence initiale puis son retour - comme ces aperçus que l'on perd et retrouve dans les chemins vallonnés - passaient très bien, donnaient un rendu très particulier qui m'est resté.
Et du coup en voyant le texte écrit tu n'as pas ressenti l'intention que je mettais à voix haute dans la vidéo, tu n'as pas eu cet effet "hypnotique" que te donnait la vidéo en lisant le texte ? Comment tu traduirais le rythme du texte de la vidéo toi ? Plutôt avec des points que des virgules ? Parce qu'il y a à prendre en compte aussi que, dans un texte, n'importe lequel, toutes les virgules n'ont pas forcément la même valeur, on le vois bien avec certain interprètes : parfois c'est aux mots eux mêmes, c'est à ce qui est en train de se dire qu'il faut se fier pour trouver le rythme, c'est le ton du moment qui le défini, c'est inquantifiable et vivant ; je ne considère pas la ponctuation comme une science exacte, comme quelque chose de mathématique, comme si chaque point ou chaque point virgule avaient la même valeurs, comme chaque crochet ou chaque blanche en musique.

Très content de ton retour global, de lire que malgré l'étrangeté, la cohérence de l'ensemble finit par donner une certaine familiarité, c'est rassurant, et c'est l'effet que je cherche. Incroyable ce que tu dis de la fusion du lieu physique avec le lieu mental du perso, c'est des choses que je développe plus tard dans des textes que j'ai écrit plutôt récemment, cette espèce de corps avec le lieu, à quel point le lieu influence le corps et inversement, je ne pensais pas que c'était déjà palpable ici. Ta sensation de boue et de raz du sol est vraiment heureuse aussi : dans mon deuxième texte j'écris : "... c'est dans la reptation qu'on jubile", coïncidence ?
Je me demande si t'as compris que l'endroit dans lequel il erre est aussi le/les villages où il a passé son enfance et où il a vécu les trucs qu'il raconte ?
J'aime bien ce que tu dis de ses "pulsions", ça renvoit à une espèce d'animalité que j'ai aussi développé dans mon deuxième texte, et qui fait partie du personnage - et la cause se trouve justement dans l'esseulement, le manque de repère, de stabilité. Et très content que t'aies compris une certaine dérision, un certain décalage, enfin ! Parce qu'avec les absurdités que le perso peut débiter je me disait que l'humour allait être palpable mais c'est tellement pas le cas, on prend tout au premier degrés la plupart du temps, je dois avoir un problème de curseur, ou ce n'est pas assez ahurissant pour qu'on comprenne que c'est du second degrés  :D

En tout cas merci pour ce retour riche (qui m'a fait bavarder) et sensible (qui fait chaud au cœur)  ;D
À plus !
« Modifié: 30 avril 2024 à 13:06:30 par Safrande »
Il regardait le verre non à sa portée d'une façon de reproche.

Hors ligne Beglous

  • Calliopéen
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Re : Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #13 le: 05 mai 2024 à 16:35:54 »
Salut Safandre :)

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Comment tu traduirais le rythme du texte de la vidéo toi ?
Excellent !
Je me suis prêtée à l'exercice (à l'oreille donc, à partir de la vidéo que tu avais postée :)
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


Et sinon,
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J'ai l'impression que les textes, par exemples, sont des objets longuement réfléchit, pensés, sous pesé, qu'ils sont donc plus profonds que ce qu'une personne physique est capable de nous faire ressentir avec ses simples gestes et sa parole
Je ne partage pas cet avis :)
J'accorde au vivant beaucoup de profondeur et de richesse, c'est en cela qu'il s'agit de sources d'inspirations.

C'est plus clair pour moi, avec tes explications, ta façon d'aborder la lecture et l'écriture. Je trouve très intéressant comme tu l'analyses. Cela vaut pour toi, je ne pense pas que c'est une expérience généralisable, en tout cas personnellement je ne me reconnais pas dans cette approche, mais cela se tient et je te remercie pour tes éclaircissements. Je pense que j'aurais de terribles migraines si j'abordais la littérature à ta façon :D

Citer
Parce qu'il y a à prendre en compte aussi que, dans un texte, n'importe lequel, toutes les virgules n'ont pas forcément la même valeur, on le vois bien avec certain interprètes : parfois c'est aux mots eux mêmes, c'est à ce qui est en train de se dire qu'il faut se fier pour trouver le rythme, c'est le ton du moment qui le défini, c'est inquantifiable et vivant ; je ne considère pas la ponctuation comme une science exacte, comme quelque chose de mathématique, comme si chaque point ou chaque point virgule avaient la même valeurs, comme chaque crochet ou chaque blanche en musique.
Tout à fait d'accord avec toi, cela dit je ne considère pas avoir une maitrise parfaite de la ponctuation et peut-être qu'un spécialiste ès-rythmique-syntaxique tiendrait un autre langage. Mon retour était subjectif - que peut-il être d'autre - entre ma perception de la vidéo et celle du texte. Je ne sais pas être plus précise malheureusement. Il me semble que tu as lâché en cours de route l'utilisation des crochets. Je suppose qu'au fur et à mesure tu enlèveras ce que tu estimes superflu. Disons que selon moi il existe peut-être une contradiction entre ton désir de précision et densité et ton usage de la ponctuation qui, à mon sens, ôte parfois au texte sa teneur, tend à le morceler (ceci amplifié par les associations incluses dans le discours). Mais, je le répète, je considère cela comme un travail d'expérimentation, de jeu avec la langue et donc comme positif.

Citer
dans mon deuxième texte j'écris : "... c'est dans la reptation qu'on jubile", coïncidence ?
Il suffit de lire entre les lignes ;) (même si tu n'apprécies pas la liberté de mouvement chez le lecteur, en fait je crois que c'est inévitable)
Plus sérieusement, ravie que ce retour te soit positif et bienheureux. Pour moi c'est une écriture de l'archaïque et c'est une 'matière' à laquelle je suis très sensible.

Citer
Je me demande si t'as compris que l'endroit dans lequel il erre est aussi le/les villages où il a passé son enfance et où il a vécu les trucs qu'il raconte ?
Oui, je l'avais en filigrane.

Citer
très content que t'aies compris une certaine dérision, un certain décalage
Yep, alors j'irais pas jusqu'à dire que j'ai ri aux éclats, mais j'ai eu par endroits ce sourire qui me connecte à l'autre - le narrateur en l’occurrence.
Pourquoi c'est pas mieux saisi ? Difficile à dire. Spontanément ce qui me vient c'est les méandres syntaxiques qui personnellement me demandaient beaucoup d'efforts rien que pour suivre le déroulé et donc ne me rendait pas forcément disponible pour vraiment apprécier les particularités du bonhomme, et parce que ses autres particularités, disons-le ainsi, peuvent davantage surprendre, saisir, faire plus forte impression et donc recouvrir la part humoristique.

à bientôt Safrande :)

Hors ligne Safrande

  • Troubadour
  • Messages: 381
Re : L'aller retour !(explicite/violence/sex)!
« Réponse #14 le: 05 mai 2024 à 22:43:12 »
Ah ouais je vois pour ta vision du rythme, c'est éclairant... Décidément, l'intention que j'ai au moment de l'interprétation, et la ponctuation que j'ai mis en conséquence, est bien éloigné de comment tu la perçois  :D À part le début, qui est un peu morcelé, y'a un désir de faire une parole rectiligne, un flux qui suit sa marche, comme s'il était inarrêtable (mais sans doute que je l'interpréterais différemment aujourd'hui, en y mettant plus d'intention, en étant moins robotique, mais non moins monotone), et d'après ta retranscription (sauts à la ligne, points, quadratins) tu ne l'as pas perçu - si c'est bien une retranscription de ce que tu as entendu, et non la façon dont tu l'agencerais. Bref c'est intéressant comme exercice, et merci de t'être prêtée au jeu  ;D

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J'accorde au vivant beaucoup de profondeur et de richesse, c'est en cela qu'il s'agit de sources d'inspirations.
Ah mais qu'on soit d'accord : tout pareil ! Je dis simplement que les objets qu'on peut façonner, les textes qu'on a mis des années à écrire et qui résultent parfois de décennie d'expérience, de vécu et d'histoire qu'on a condensé en quelques pages, sont à la fois peut-être et logiquement plus profond (en tout cas mieux "dit", pensé au "plus juste") que ce qu'une discutions de vive voix peut produire - parce qu'il n'y a pas les barrières et les impératifs que peuvent être certains codes sociaux (éviter de parler de sujets tristes, bizarres, capter l'attention, parler pas trop lentement, faire attention à l'autre, bien paraitre : toutes ces choses qui nous empêche d'aborder un sujet de façon aussi profonde que dans un texte, qui empêche (et c'est juste normal) l'introspection et donc le lent tâtonnement (comme celui du bébé qui essaye de marcher) en nous même et les non moins lente découverte qu'on peut y faire -, mais aussi moins authentique car tout ce travail (dans une œuvre) de transmutation, de peaufinage, d'élagage, de condensation dénature en grande parti l'auteur - faire de l'art c'est toujours un peu mentir, illusionner, comme disait Pessoa, qui pour faire comprendre à ses lecteurs un sentiment inexprimable (à moins d'utiliser un langage que lui seul comprendrait) choisit un sujet qui parle à tout le monde et qui se rapproche le plus de ce qu'il ressent : la nostalgie de l'enfance perdue.

"Le mensonge est simplement le langage idéal de l'âme ; et de même que nous nous servons des mots, qui sont des Sons articulés de manière absurde, pour traduire en langage réel les mouvements les plus subtils et les plus intimes de nos émotions et de nos pensées (que les mots, bien entendu, ne pourrons jamais traduire) – de même nous nous servons du mensonge et de la fiction pour nous comprendre les uns les autres, alors que nous n'y parviendrions jamais par le seul canal de la vérité, pure et intransmissible. L'art ment parce qu'il est social." Fernando Pessoa, Livre de l'intranquillité.

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Cela vaut pour toi, je ne pense pas que c'est une expérience généralisable, en tout cas personnellement je ne me reconnais pas dans cette approche
Huhu, je n'ai jamais prétendu que tout le monde avait ou devait avoir cette approche de la littérature, miloudiou !

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Tout à fait d'accord avec toi, cela dit je ne considère pas avoir une maitrise parfaite de la ponctuation et peut-être qu'un spécialiste ès-rythmique-syntaxique tiendrait un autre langage. Mon retour était subjectif - que peut-il être d'autre - entre ma perception de la vidéo et celle du texte.
Je ne veux pas m'avancer mais, même si, comme avec la syntaxe, y a des règles et des choses évidentes à ne pas faire, je crois qu'il n'y a pas non plus de règles qui ne soient pas un peu malléable concernant la ponctuation ; chacun selon sa sensibilité placera ses virgules à des endroits différents sans que l'un ait plus raison que l'autre.

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Il me semble que tu as lâché en cours de route l'utilisation des crochets. Je suppose qu'au fur et à mesure tu enlèveras ce que tu estimes superflu.
Oui effectivement j'ai lâché mes crochets - j'ai fondu leur contenu au reste du texte et il me semble que ça n'est pas choquant.

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Yep, alors j'irais pas jusqu'à dire que j'ai ri aux éclats, mais j'ai eu par endroits ce sourire qui me connecte à l'autre - le narrateur en l’occurrence.
Pourquoi c'est pas mieux saisi ? Difficile à dire. Spontanément ce qui me vient c'est les méandres syntaxiques qui personnellement me demandaient beaucoup d'efforts rien que pour suivre le déroulé et donc ne me rendait pas forcément disponible pour vraiment apprécier les particularités du bonhomme, et parce que ses autres particularités, disons-le ainsi, peuvent davantage surprendre, saisir, faire plus forte impression et donc recouvrir la part humoristique.
Oui je vois ce que tu veux dire, à mon avis t'as raison ; y'a tellement d'informations dans la tempête que t'entends pas forcément le gars qui fait sa blague  :D C'est noté ! En vrai je pense qu'il sera quasi impossible de remanier ce texte en profondeur, je pense qu'il restera un peu chaotique et irrespirable dans sa nature même (comme l'est une naissance si on veut faire de l'interprétation de comptoir) ; je peux agir sur des détails encore pour minimiser les dégâts mais ça va être dur  d'aller plus loin - ça serait remplacer les colonnes qui le soutiennent, et j'ai pas la force de faire ça. Mais ces remarques me seront précieuses pour mes prochains textes, je les aurais en tête pendant l'écriture - même si je cherche quand même une écriture dense, complexe, c'est ça qui me plait.

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même si tu n'apprécies pas la liberté de mouvement chez le lecteur, en fait je crois que c'est inévitable
Ah mais bien sûr et c'est super comme ça - j'ai été "victime" d'une interprétation éloignée de ce que mon texte voulais faire passer, et en vrai je comprends absolument l'intérêt que ça a, c'est assez génial  ;D Comme dit un camarade, une fois qu'on donne un texte il ne nous appartient plus ! Seulement quand même j'ai à cœur qu'on comprenne ma démarche - parce que si j'ai sans cesse besoin de l'expliquer ça tombe à l'eau, c'est comme une blague qu'il faudrait expliquer : c'est que ça marche pas !

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Pour moi c'est une écriture de l'archaïque et c'est une 'matière' à laquelle je suis très sensible.
Ah oui "archaïque" ? Dans le sens que ça a l'air d'être quelque chose "d'ancien", que l'écriture a quelque chose des coutumes qui ne sont plus d'usages ?

À plus Beglous, trop cool de discuter avec toi  ;D
« Modifié: 07 mai 2024 à 15:01:16 par Safrande »
Il regardait le verre non à sa portée d'une façon de reproche.

 


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