[Joachès]

Bonjour à tous,

Une question toute bête est-ce qu’un texte de souvenirs d’un personnage fictif doit comporter, des rebondissements qui feront évoluer le personnage vers un objectif conscient ou dont l’auteur à seum conscience ?

Même question pour un texte qui retracerait l’histoire d’une famille sur plusieurs siècles, un texte qui s’apparenterait à la biographie d’une famille.

Si c’est le cas je vais devoir me creuser la tête, mes histoires ont tendance à être aussi plate que le plat pays.

Je vous remercie d’avance pour vos réponses.

[mercurielle]

Je n'aime pas laisser une question sans réponse. Voici donc la mienne, qui vaut ce qu'elle vaut.

Un héros a toujours un but, même inconscient. Un anti-héros aussi, du reste.

Le schéma narratif classique est le suivant :

1/ Situation initiale
2/ Elément perturbateur
3/ Péripéties et rebondissements
4/ Résolution du ou des problèmes
5/ Situation finale.

Ca vient de Vladimir Propp (Morphologie des contes, 1928). Il s'est aperçu que tout texte fonctionnait ainsi. Du moins un texte narratif. 

[Mythesilenne]

Je pense que tout est une question de proportion. Si ton histoire se passe dans un monde réel et banal, il n'y a pas forcément besoin de beaucoup pour qu'un évènement devienne un rebondissement. En revanche si c'est dans un monde de fantasy, on va s'attendre à de l'épique et le quotidien ne nous intéresse pas. Après, est-ce que ça plait, ça, c'est une autre question. Personnellement, j'ai été marquée par une fanfiction de Harry Potter de plus de un million de mots où au final, il ne se passait pas grand chose. Mais l'auteur avait su rendre le quotidien intéressant en trouvant des mini- objectifs qui renouvellent l'intérêt.
Je vais prendre quelques exemples personnels. Dans mon premier roman, une grosse partie du livre est concentré sur la restructuration psychologique d'une gamine complètement traumatisée. Les objectifs du personnage qui veille sur elle et à travers qui se déroule l'histoire sont hyper basiques: arriver  à ce qu'elle regarde les gens en face, puis plus tard ) ce qu'elle réponde oui ou non en hochant de la tête, puis à ce qu'elle prononce son premier mot, etc.... en soit, c'est rien. Mais pour l'entant en question, c'est une montagne .
Tu parles de saga familiale, alors ça me fait penser à un autre roman fleuve que je voudrais écrire, qui raconte la vie d'un personnage dans un pays imaginaire sans fantasy. Ce sera une utopie sociétale. Du coup, l'intérêt du livre sera ( à mes yeux en tout cas) de comprendre comment fonctionne le pays, d'apprendre son histoire, sa culture, ses moeurs, ses enjeux et ses défis à travers le personnage qui grandit et qui tente de trouver sa place dans cette société, ce qui implique très peu de sensationnel.

Maintenant, je pense que ce genre de récits a un public plus réduit, car c'est en total opposition avec le style très en vogue du pollar ou du thriller, des séries et du cinéma grand publics qui doivent être spectaculaires. C'est donc quelque part un peu à contre-courant.
Et puis, un style un peu faible ne pardonne pas avec ce genre car il ne peut pas être compensé par l'histoire. Du coup, je pense que c'est encoreplus difficile à écrire.

[Joachès]

Je vous remercie pour vos réponses.

La situation que tu décrit pour la fan fiction correspondrait assez bien au premier texte dont je parle. Vous aurez l'occasion de le découvrir dans quelques temps. Je me suis remis dessus, pour corriger les erreurs que ma femme m'a fait remarquer, notamment en l'enrichissant.

Pour la saga familiale je souhaite me baser sur l'Histoire, mais pour cela il faut du temps. Aussi en attendant je me concentre sur l'autre texte et mon polar, que j'écris quand je suis inspiré. 

[Joachès]

Je reviens un peu sur le sujet, est-ce qu’une intrigue du style qui suit est un schéma correct et comporte bien des péripéties ?

Une comptable Jennyfer, arrive dans une nouvelle région est embauchée dans une pme, demande un second comptable. Le patron le recrute. Carla la jeune femme en question, hétérosexuelle  tombe amoureuse de sa collègue dont elle a découvert l’homosexualité. Mais il s’avère que Carla est la fille illégitime du patron, qui est homophobe. Il les vire et fait une attaque cardiaque. Plus tard elles décident d’avoir un enfant. Le père idéal est le demi-frère de Carla. Mais la mère de ce dernier leur dit que son mari n’est pas le père. Le pseudo demi frère sera donc le père de leur enfant.

[Luna Psylle]

Salut !

Juste avec ces trois lignes, je dirais :

L'arrivée de Jennyfer dans la ville, qui peut servir d'accroche au lecteur pour découvrir le microcosme avec elle ;
L'embauche, peut-être une première mise en avant de sa sexualité, par interaction avec le directeur, ou un clin d'œil à un tiers personnage ;
La rencontre entre les deux femmes ;
Des moments de bonne entente, une amitié qui se crée ;

Pourquoi pas un premier baiser timide, en toute discrétion, alors qu'encore de l'amitié entre les deux ;
La remise en question ou révélation pour Carla ;
Un rappel de sa famille (ou juste de son père) de leur aversion ;
Du doute ou un tiraillement pour Carla, entre tradition et émancipation ;
Des scènes de développement de la relation entre les deux femmes ;
Des scènes aussi pour montrer l'évolution de la tension entre le directeur/beau-père et chacune des femmes ;

La révélation de la relation au directeur/beau-père ;
Pourquoi pas un plan monté et des mensonges jusqu'au licenciement ;
Il peut y avoir une tentative juridique, revendication des droits ;
La crise cardiaque qui perce tout ça ;
Peut-être une retombée ;

L'enfant, faut qu'elles en parlent entre elles, qu'elles révèlent leurs intentions à ce sujet ;
Les choix à faire pour le père, la façon dont sera conçu l'enfant, la mère, les dilemmes moraux, la place du père dans la vie de l'enfant ;
Un moment d'explications avec la mère
(qui sous-entend des passages plus tôt dans l'histoire pour développer le personnage de la mère et sa relation avec chacun des autres personnages qui expliquerait cette place dans la narration)
La révélation qui libère les protagonistes de leurs dilemmes ;
La fin heureuse.

J'imagine que oui, il y a moyen de faire. Après, je suis partie d'un schéma classique, rien ne t'empêche d'imaginer une fin où elles n'arrivent pas à ce dénouement, mais où Carla se libère complètement, s'assume et démarre une nouvelle vie (qui renverrait au début, avec un déménagement, un nouveau boulot et l'espoir d'une rencontre).

Edit : ce moment où je me dis qu'il faudrait que je fasse pareil avec mes histoires

Une bonne soirée !

[Joachès]

Merci Luna Psylle. Tu éclaires d'un jour nouveau cette histoire. Car en fait j'avais déjà fait un texte qui se basait sur cette intrigue assez rapidement décrite (Lienhttps://monde-ecriture.com/forum/index.php?topic=44401.0), et qui est sans doute mon intrigue la plus élaborée. Je n'ai aucun mal à imaginer les personnages, leurs parcours à partir de mes références (comme mes les carnets de bord de mes deux histoires en cours, et encore ce n'est pas les plus développées), mais dès qu'il s'agit d'imaginer une intrigue des péripéties, je sèche. C'est pourquoi je voulais vous demander, si cette intrigue là pouvait me servir d'exemple pour bâtir les prochaines.

[Luna Psylle]

Salut !

J'ai lu ta version courte, je pense la relire dans le week-end et répondre à tes souhaits en introduction dudit texte.

Et je réfléchissais à un truc qui m'arrive parfois : quand je raconte une anecdote, les gens me demandent comment je fais pour toujours vivre des trucs fous. Peut-être que si tu veux raconter une chose ordinaire, y mettre une touche d'extraordinaire, mais en restant ordinaire.

Le cas typique qui accroche toujours mes copains :

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

J'aurais pu dire que j'ai acheté un nounours, mais c'est devenu tellement plus, que non, je ne peux pas juste dire que j'ai acheté un nounours. C'est comme une fois où j'ai acheté un livre. Ouais, encore une anecdote improbable, dans laquelle il m'arrive un truc pas si fou mais où une sorte de sixième sens prend le pas et rend le truc un peu plus fou que prévu.


Aussi, quelque chose que j'ai lu il n'y a pas si longtemps (peut-être même ici... j'ai perdu ma source) et auquel je réfléchis : construire les personnages fait en grande partie l'histoire. Les rendre attachants, complexes, apporter à leur construction de sorte que chacun puisse s'y rattacher. Qu'ils soient gentils ou méchants d'ailleurs. Tout le monde est complexe : un méchant n'est pas que méchant, il a une histoire qui fait qu'il en arrive à être vu comme le méchant. Là, tu parles d'une femme qui explore sa sexualité et s'émancipe. Ce n'est pas anodin comme parcours, et je pense que beaucoup de gens peuvent s'y retrouver, en cette femme. Tu dois donc construire sa sensibilité, celle des autres personnages autour, ce qui va créer ses interactions et donc des scènes entières. Et, si j'imagine que ton antagoniste est son père, alors construis aussi son père, qu'on comprenne son point de vue, peut-être l'impact de son éducation sur sa vie, la reproduction de cette éducation sur ses enfants si reproduction il y a.

Une question toute bête est-ce qu’un texte de souvenirs d’un personnage fictif doit comporter, des rebondissements qui feront évoluer le personnage vers un objectif conscient ou dont l’auteur à seum conscience ?

Pourquoi raconter ses souvenirs ? pourquoi on raconte des mémoires ? Certains racontent pour ne pas oublier, auquel cas, on peut se dire que oui, ce qu'ils ne veulent pas oublier a été assez impactant sur le narrateur et sa construction. Certains racontent par devoir de mémoire, parce qu'ils ont vécu un évènement extraordinaire (typiquement les mémoires de survivants de guerres) et qu'ils veulent garder une trace de l'évènement par leur propre prisme.

Ensuite, nos vies même comportent des rebondissements qui nous font évoluer, donc oui, pourquoi pas nos personnages aussi : une vie quelconque, c'est peut-être des traumas d'enfance, des parents stricts ou des insultes à l'école, c'est peut-être des galères d'études ou de boulot, des râteaux, des lapins, des déceptions, mais aussi de belles rencontres, anodines au premier abord, mais importantes sur le long terme. C'est, je ne sais pas, peut-être un chat abandonné, qui va suivre ton narrateur jusqu'à chez lui à 21h en pleine semaine, pour un peu de réconfort. Un câlin une fois, un sachet de pâtée offerte sur l'instant une seconde, et quelques temps plus tard, le chat se roule sur le canapé, ravi d'avoir une maison.

J'espère avoir pu apporter un peu à ta réflexion

Une bonne journée à toi !

[Joachès]

Je te remercie de m’avoir répondu. Si je comprends bien ton explication tout dépend de la manière dont on raconte l’histoire. C’est notre manière d’écrire qui donnera du relief même au récit d’une vie ordinaire ?

[Luna Psylle]

Je pense qu'il y a de ça. Une manière de rendre l'ordinaire intriguant, peut-être un peu extraordinaire, donner à voir des personnages qu'on aimerait connaître plus.

Un autre petit conseil que j'utilise quand je veux écrire un genre : lire des œuvres du dit genre (textes du forum, livres ou autres), y trouver ce qu'on aime et ce qu'on n'aime pas dedans, ce qui nous donne envie à raconter et qui y manque.

[Joachès]

D’accord.

Je suis justement en train de lire une histoire sur Wattpad qui me fait réfléchir sur mon histoire « L’aristo arc-en-ciel ».

[tentacule_du48]

je répond vite , j'aime bien la question , c'est pas bete en fait,

il n’est passs nécessaire que le truc comporte des rebondissementts genre majeurs qui mènent le perso vers un objectif conscient ou l’auteur a une conscience tres claire.../ mais en meme les rebondissements peuvent enrichir le récit et lui donner plus de profondeur...

tiens je suis fan de star wars, le perso d’Anakin, dans la saga, il y a des éléments de ses souvenirs et de son passsé qui jouent un rôle crucial dans l’évolution de son personnage, n'est ce pas ?
genre ses expériences passées, comme son enfance et son entrainement et tout ça... BREF ces souvenirs, même s'ils ne sont pas toujours directement liés à des REebondissements majeurs, influencent profondément ses développement... GENRE Son objectif conscient est de sauver et d'atteindre une position de pouvoir pour éviter la perte de ceux qu'il aime... TU VOIS CE QUE JE VEUX DIRE ?

voilà , c'est intéressant de noter que certains souvenirs ça influencent un personnage de manière inCONSCIENTES.... GENRE DANS Star Wars, je sais pas si tu as déja vu les épisodes, mais bon , genre dans le retour du jedi, le souvenir du père, et les récits du passé, résonnent bien avec Luke et influencent les décisions et ses émotions, même s’il n’en est pas toujours conscient ... tu vois ?  c'est un exemple



bonjour

[Altarien]

Question très intéressante, et qui je pense n'a pas de réponse toute faite.

Tout dépend de l'intrigue, du monde, de la manière de laquelle on dépeint le récit, à travers quels yeux on se positionne pour narrer lhistoire.

Il est évident que toute bonne histoire à une situation de départ, un évènement déclencheur, des péripéties, et une résolution à la fin. Comme mercurielle le rappelle.

Donc en fait, on peut très bien représenter un personnage sans objectifs, mais il subira toujours une situation (même si elle n'est pas de son fait), et devra se positionner par rapport à celle-ci, de là naîtrait forcément un objectif (survivre, séduire un personnage, se rendre à un endroit, aider, ne pas aider, ...).

Tentacule_du48 aborde des sujets intéressants sur la construction d'un personnage aussi qui se construit aussi par une ambiance, un environnement et non seulement en réaction aux rebondissements racontés.

Mais je pense que ce besoin de toujours vouloir voir des péripéties, de l'action, c'est lié à notre monde actuel. Une bonne série doit se clôturer sur un cliffhanger. Une bonne saison de série doit comporter une grosse bataille qui va durer un épisode. Moi même je pense être un peu matrixé par ce réflexe. J'ai par exemple vu la saison 2 de House of The Dragons et j'ai été un peu déçu qu'il y ait de gros passages à vide. Alors que le récit a besoin aussi de respirer. Une guerre totale ne se lance pas en deux jours même en fantasy.

On est de moins en moins attentifs, on prend de moins en moins le temps.

Un exemple : les romans policiers d'aujourd'hui sont pour la plupart sont à vomir. Tu lis un Maigret, de Simenon. Tu verras qu'on va décrire avec minutie le lieu de l'action (la ville du meurtre), maigret dans sa façon d'enquêter va même prendre le temps de s'imprégner pleinement de l'atmosphère pour ensuite faire ses déductions.

On ne prend plus le temps sur rien, et en fait, selon moi, les vraies histoires qui marquent sont celles oû on va plutôt prendre le temps d'installer les personnages, une ambiance, les ancrer dans un univers avant de, bien sûr, les faire interagir avec cet univers selon le schéma classique. Ah et il ne faut pas non plus tomber dans un excès inverse et inadapté au format. Harry Potter, sept ans à Poudlard, chaque année il se passe quelque chose d'important. J'imagine mal un tome au milieu où Harry fait sa rentrée, mange au self, mets des mots dans le casier des copains ouïs rentre chez lui. Fin


Dernier exemple criant : Balzac !
Le père goriot tu le fais tenir en 10 pages. Mais à la sortie tu n'as rien appris sur la société de l'époque, tu ne t'es pas attaché (ou n'as pas détesté) aux personnages, et l'œuvre ne te marquera jamais. (Je n'aime pas Balzac particulièrement, certainement pour ça)


Pour conclure, je pense qu'il n'existe pas de personnages sans objectifs. Vivre est un objectif. Donc en fait on a : des objectifs plus ou moins ambitieux.

Un rebondissement pour créer des péripéties et faire naître des objectifs s'ils ne sont pas déjà existants chez ton personnage.

Mais est-il nécessaire de chercher toujours une péripétie à rajouter, se dire qu'il n'y a pas assez d'action, etc., personnellement je ne pense pas. Bien que je sois le premier à m'ennuyer s'il ne se passe rien.