- transparence (explicite (synthèse, précision, concision)) / implicite (figures de style (métaphore, allégorie, comparaison, etc))) :
INTRODUCTION
(définir « exercice »)
Il me semble que s’exercer, ce serait un peu prendre un morceau spécial d’un tout d’une discipline, et le travailler ainsi isolé, afin qu’il soit sérieusement distingué des autres… Tous les exercices ici suggérés pour l’écriture tournent autour de cette idée. La seule directive générale est donc, pour stimuler telle ou telle partie du travail scriptif, de se lancer à écrire en axant son attention spécifiquement sur l’élément pratique isolé. Le point à retenir pour chaque exercice, est donc d’orienter le processus créatif autour de l’un de ces différents éléments qui forgent la globalité d’un texte.
I - DISTINGUER & ASSOCIER
(divers canaux)
Tout d’abord, il convient de cerner différents concepts polarisés englobant l’écrit en général ; cette simple prise de conscience permettrait probablement de mieux envisager telle ou telle facette des constituants de tout produit textuel afin de s’exercer spécifiquement.
à lire (analyser) / à écrire (formuler) :Pas de lézard j’espère autour de ce double mouvement qu’on peut prendre indépendamment l’un de l’autre, mais qui se doit dans sa binarité, d’exister en communion. S’exercer à lire, et s’exercer à écrire, sans autre indication ni consigne ou contrainte, est une des bases de l’élaboration des mots écrits.
Expl : lire une page par jour, écrire une page par jour.
manuscrit (papier) / clavier (numérique) :Aspect technique pour l’écriture. Cette fois-ci c’est le média qui se déploie en deux formes : le stylo ou le clavier, deux moyens à entraîner chacun comme on le souhaite. Il s’agit d’un choix qui peut être exclusif, on peut pratiquer uniquement l’un ou uniquement l’autre, même si un bon conseil qui concerne beaucoup de sujets, consiste à ne pas se fermer en s’interdisant un item d’une liste de choix.
Expl : écrire un texte au stylo, écrire un texte au clavier.
exercice ponctuel / exercice habituel :Encore une fois deux canaux à tisser selon envie ou préférence, mais qui vont mieux une fois mariés. Les efforts momentanés au résultat unique, produit d’un jour, d’une heure, d’une minute, à l’opposé des efforts à répéter sur le long terme, au résultat du plusieurs travaux cumulés comme peut l’être un journal par exemple. Pour une pratique quotidienne, une suggestion intuitive serait d’avoir un exercice ponctuel et un habituel à chaque session d’entraînement, et chaque jour changer le ponctuel et compléter la suite de l’habituel.
Expl : écrire un lipogramme, écrire un paragraphe de journal.
II – CÔTÉ PHYSIQUE
(conditions matérielles)
Au préalable, en méta-méthode, accorder une forme du corps pour exploiter au mieux celui-ci dans la production littéraire, c’est se disposer à être en meilleure condition pour écrire.
S’échauffer :Assis ou debout, l’échauffement est une prérogative à l’exercice d’entraînement tout comme à la pratique productive. Il convient d’être corporellement prêt, surtout si la session active s’étale dans la durée.
Expl : s’étirer le dos pour se tenir droit, s’échauffer les doigts au stylo ou au clavier, chauffer la nuque, cligner des yeux pour ne pas les forcer trop brutalement.
Faire des pauses :Sur une base consensuelle, reposer l’esprit et le corps, permettre de se recentrer afin d’éviter tout surmenage ou claquage de corps ou d’esprit. Toutes les heures dans l’idéal approximatif, s’octroyer cinq à dix minutes de pause, adaptable selon chacun.
Expl : se lever, marcher un peu, bouger son corps, détendre la nuque par des mouvements doux mais fermes.
Varier les conditions :Les lieux, la promiscuité, la présence ou la solitude, la température ou la saison ou la météo, assis ou debout, stylo ou clavier, sur une grande ou petite feuille, sur l’un ou l’autre type de logiciels, tous les paramètres qui peuvent conditionner votre façon d’écrire peuvent être expérimentés, ils feront varier votre manière d’écrire et avec le recul, vous forgeront à la fois vos goûts, vos préférences, vos habitudes.
Expl : écrire chez soi, ou dans un bar, dehors, sur un carnet ou une feuille libre, un cahier, le soir ou le matin, l’après-midi ou la nuit, etc.
III – THÉORIE
(les outils de langue)
Outre la pratique scriptive, il convient de maîtriser la théorie. Les ressources informatives sont foison, je ne vais pas ici me substituer à celles-ci. Voici une forme listée des facettes de la discipline, qui concerne l’apprentissage de la langue, y compris depuis les bases que l’école primaire est en devoir de nous inculquer.
maîtriser les lettres (alphabet) :L’ère numérique nous apporte par le biais du clavier, des aisances à l’écriture des graphèmes, mais n’oublions pas immédiatement qu’au cours primaire, nous apprenons à distinguer les lettres en les écrivant au stylo. Pour les illettrés ou les pratiquants d’un autre alphabet que celui latin, il peut être intéressant de s’exercer à cette simple pratique de la distinction des caractères typographiques, et de les lier à leurs phonèmes respectifs.
Expl : tracer au stylo des lignes de lettres, se repérer sur un clavier.
maîtriser les mots (orthographe) :En langue française, avec l’alphabet latin, et plus largement dans beaucoup de langues, les mots sont composés de lettres qu’il faut ordonner correctement si l’on souhaite se faire comprendre sur l’objet lexical que l’on veut partager, et bien le signifier. C’est en cela que l’orthographe relève d’une pratique du bon usage de la concaténation des lettres entre une espace et la suivante. Écrire ou lire dans la juste utilisation se fait notamment grâce à cet outil indispensable : le dictionnaire.
Expl : lire le dictionnaire ou un livre, recopier des mots ou des textes, en se concentrant sur la bonne orthographe.
maîtriser les concepts (vocabulaire) :Encore une fois le(s) dictionnaire(s) est l’outil indispensable pour enrichir notre connaissance des mots existants. Le vocabulaire permet de désigner les éléments de ce que l’on souhaite communiquer. Il peut s’envisager sous différents angles, comme l’étymologie (les racines, préfixes, suffixes ; la construction d’un mot), le champ lexical (groupement thématique liant les mots autour d’un sujet), la synonymie (les variations des mots pour désigner une même chose), la taxinomie (la classification des mots), etc.
Expl : lire un dictionnaire, étudier les racines latines ou grecques, analyser des textes.
maîtriser les formulations (grammaire) :Entre lecture et écriture, nourrir la façon dont peut se former un propos écrit passe par l’articulation des mots, la construction des phrases, l’élaboration des paragraphes. S’entraîner à comprendre ou élaborer ce qui se trouve entre une majuscule et un point est essentiel pour organiser la pensée écrite ; c’est la syntaxe. Pour ceci il convient de discerner à quoi servent les différents types de mots : noms, verbes, adjectifs, connecteurs, auxiliaires. La grammaire est une discipline complexe dont on peut lire la théorie dans les livres scolaires, et qui se complexifie au fur et à mesure de la pratique de lecture et d’écriture. S’exercer à construire des phrases qui ont du sens est une directive libre qui en soi, se travaille plutôt naturellement lorsqu’on écrit, mais qui peut être la finalité d’un exercice en tant que tel.
Expl : faire de longues phrases ou au contraire de courtes phrases, varier en elles la place des sujets ou des verbes, appliquer les règles de disposition et d’ordre des mots, pour chercher la clarté du sens voulu exprimé.
maîtriser les temps (conjugaison) :Les temps d’un texte sont portés par les verbes et la manière de les conjuguer ; c’est un des deux aspects de la conjugaison. Indiquer si le signifié est au passé, au présent, au futur, est une des bases de ce que l’intelligible est à distinguer. S’entraîner à formuler cette composante d’un texte, c’est aussi s’entraîner à réfléchir sur tel ou tel sens historique, cela permet de situer le propos par rapport à l’instant de référence, ce qui est formulé. Chaque temps possède ses règles qu’on peut combiner pour un produit fini, ou isoler pour s’exercer.
Expl : écrire un texte au passé, au présent, au futur, ou tenter de fusionner des temps.
maîtriser les modes (conjugaison) :Les modes sont les moyens de renseigner pour la conjugaison d’un verbe, sur l’action qu’il décrit, le sujet qui l’acte et comment celui-ci est acté. En français, l’indicatif, le subjonctif, le conditionnel et l’impératif sont quatre modes dits personnels, ils ont un sujet et définissent si le verbe décrit une réalité, une causalité hypothétique, une condition ou une causalité inévitable. Toujours en français, l’infinitif, le participe et le gérondif sont les trois modes dits impersonnels, ils ne varient pas en fonction de la personne et distinguent : la forme nominale du verbe et son idée, la forme du verbe en tant qu’adjectif, la forme circonstancielle d’une action désignée par le verbe. À noter que les modes, plus que des outils de langue, sont des outils de pensée. S’exercer à les alterner est une condition adéquate pour la déduction, la projection, la narration, ces différentes formes d’objets intellectuels signifiés par la conjugaison.
Expl : écrire une scène d’action pour l’indicatif, des dialogues pour le subjonctif, des réflexions pour le conditionnel, des discours ou des notices ou des recettes pour l’impératif.
IV – PRATIQUE
(varier les expériences)
Au-delà de l’usage correct de la langue, une aventure fondamentale de l’écriture consiste à se forger une identité littéraire, c’est-à-dire un style. Les paramètres sont nombreux, et encore une fois, les exercices ici constituent l’isolation de l’un ou l’autre de ces paramètres dans son usage pratique ponctuel exclusif.
0 – AVANT DE SE LANCER :Identifier les formes consensuelles de tel ou tel type d’écrit se fait en amont de la pratique de l’écriture. Lire est important en tant que telle prédisposition, et savoir ce qu’on lit également, pour s’orienter sur ce que l’on veut écrire et comment le faire.
À partir de lectures :
La création est un processus indissociable de son pôle opposé : l’inspiration. C’est nourri de ses lectures qu’un lecteur peut envisager d’être écrivain. Lier les deux est un bon moyen d’harmoniser l’input et l’output.
- relire et corriger un texte :D’un auteur, d’un écrivain, d’un ami, d’un collègue, d’un enfant ou d’un adulte, toute expérience est bonne à prendre : chercher les fautes diverses, de sens ou de forme, sont un moyen qui parfait la droiture de la pratique scriptive. Drôlement, plus le texte relu et corrigé comporte des fautes, plus l’exercice est substantiel.
Expl : relire d’un œil critique une lettre que l’on a reçu, un mail, ou chercher les fautes dans des publications web ou print.
- lire à l’oral :C’est s’entraîner autrement qu’intérieurement, à déchiffrer un texte. C’est ne pas oublier le caractère sonore de la langue, son aspect parlé. C’est entendre mieux la tonalité de l’humeur d’un texte, ou de sa ponctuation. C’est donner corps au produit textuel.
Expl : lire un dialogue ou carrément une pièce de théâtre, y mettre les formes de voix, ou une lettre sur un ton intime, un discours en faisant porter la voix, une chanson avec sa musique, etc.
- résumer, commenter ou analyser :Afin d’exercer la compréhension de la langue, il s’agit d’écrire à propos d’un texte ou d’une autre forme de contenu. Mettre des mots dessus, d’interprétation ou de réaction, une réflexion se basant sur de l’existant. Cerner les enjeux, les problématiques, les objets décrits, leurs interactions logiques ou artistiques, parvenir à s’exprimer à sa manière sur quelque chose déjà exprimé d’une certaine manière, y apporter la nuance, ou la défocalisation. Développer l’esprit critique d’un écrit qui n’est pas de vous enrichira vos propres écrits.
Expl : résumer, commenter ou analyser une poésie dans sa forme, ou un essai philosophique dans son fond, ou un article, un rapport ou un discours en discernant la part de l’auteur, le propos communiqué.
Choisir son genre (forme type) :
Il existe une classification des formes de produits écrits. Sans vraiment être universels, ses différents objets orientent le fond et la forme d’un écrit, ses intentions, ses usages. Hormis une pratique totalement free ou absurde, il convient de choisir ce que l’on veut écrire. Des théories existent pour former ces consensus de genres, en voici une rapide approximation pour orienter votre entraînement.
- roman / nouvelle :Des dizaines ou des centaines de milliers de mots, de la prose principalement, le récit d’une histoire fictive ou réelle adaptée à ce format, avec ou sans chapitrage, une méthode de narration ; tels sont les codes à respecter plus ou moins, et libres à chacun avec son style.
- poésie :Des vers, des rimes, des figures de style, le caractère imaginaire, onirique, lyrique de ce genre d’écrits, la métrique, la phonétique ; des directions à adapter en tout poète qui sommeille en vous.
- théâtre :Une ambition à être joué sur scène, le texte se doit d’être facilement transposable à l’oral, fidèle à une expressivité comportementale, travailler les personnalités des personnages, inclure des didascalies ou non, axer les formules autour d’un sens qui puisse être transposé dans l’espace théâtral, voici quelques pistes pour élaborer du jeu d’acteurs.
- article :De presse ou de web, créer un contenu informatif, cela passe par un travail de renseignement, de vérification de faits historiques ou de données scientifiques, le rassemblement d’un contexte du sujet abordé, sa mise en relation avec l’actualité, son intérêt médiatique, le ciblage orienté vers le lectorat et les intérêts qu’il compte piocher dans votre texte ; comment aborder la diffusion d’un contenu, vulgarisation ou divulgation peuvent être des points important du journalisme.
- thèse :Composer une réflexion, justifier une idée, élaborer un raisonnement, affirmer un parti pris, argumenter le tout, apporter des exemples, synthétiser des enjeux, déployer une démarche intellectuelle ; ainsi exercer votre manière de convaincre et persuader le lectorat, est une direction que la thèse propose.
- calligramme :Lier mots et image, la typographie libre, la calligraphie esthétique, chercher adéquation entre fond d’un texte et forme des caractères, les couleurs les tailles les formes, tout ceci pour un genre presque trop peu littéraire de l’écriture, mais qui peut ouvrir ce que permet le caractère visuel des mots écrits.
- lettre (d’embauche, épistolaire, carte postale) :S’adresser à quelqu’un choisi pour votre objet littéraire, trouver les formes de cet entre-deux à la frontière de l’écrit solitaire et de la conversation, s’adapter aux différentes finalités à l’objet, raconter une anecdote à partager, se vendre auprès d’un employeur, réduire la distance d’une absence en période touristique ; ainsi exercer l’écrit sur une courte forme destinée à quelqu’un en particulier.
- phrase (aphorisme, slogan, etc) :Travailler la concision, que ce soit par le biais d’une métaphore, d’une forme condensée à l’idée générale que vous voulez transmettre, synthétiser un principe, une valeur, un avis, une conception personnelle, un conseil, une morale ou un trait humoristique ; tout le pouvoir de cette forme courte qui s’exerce comme les autres, par la pratique consciente, spécifique et répétée.
- discours (politique, philosophique, événementiel, présentatif, etc) :Des mots à apprendre ou à lire depuis une feuille, préparez-vous à ce que vous soyez reçu par votre prise de parole préparée en amont, vous devrez réfléchir à l’intonation principalement, et compter la différence entre les mots écrits et les mots prononcés ; s’adresser à une foule est un exercice qui demande entraînement, et la base de l’entraînement consiste en la pratique répétée de cet exercice.
- journal :Intime ou public, se raconter soi ou sur un sujet récurrent, son quotidien ou son intériorité, sous la forme de l’accumulation régulière et fréquente du récit d’une unité thématique ; comment formuler une expérience sur le long terme, telle est l’orientation de cet exercice.
1 – ÉCRIRE PAR PETITS BOUTS (segmenter les produits) :Chaque session d’écriture est plus substantielle si elle tient une unité. Isoler telle ou telle part d’un tout est un exercice qui permet d’être clair, de ne pas s’éparpiller, de savoir où vous allez, d’être solidement construit. Plusieurs axes méritent entraînement, il s’agit de vous exercer sur l’un de ceux qui vous tentent.
Exercer l’imaginaire (idée principale) :
Pour tourner autour du fond, il faut se donner une contrainte, la prendre à part pour rester dans l’objectif de ce fond, et ainsi vous exercer à rester dans son unité.
- répondre à une question classique :Définir, identifier, situer, expliquer, temporaliser, sont des formes qui indépendamment peuvent se travailler si l’on se fixe ainsi de se focaliser sur une question. L’exercice consiste à écrire pour mieux expliquer une zone d’interrogation.
Expl : « qu’est-ce que [...] ? », « qui est […] ? », « où ? », « comment fait-on […] ? », « quand […] ? ».
- sur un sujet :À caractère informatif, le sujet permet de brasser de l’idée, l’entraînement est la cumulation des occurrences de l’exercice, chaque session à son sujet. Plus vous multiplierez l’exercice, plus l’aisance à cerner vos propres techniques, votre propre méthode, vous sera pleinement consciente et pertinente pour ne pas vous éparpiller dans vos rédactions.
Expl : écrire sur un domaine scientifique, une culture particulière, un art spécifique, une personnalité historique, un animal ou une plante, ou un quelconque centre d’intérêt que vous voulez partager.
- autour d’un thème :À caractère narratif, le thème permet aussi de brasser de l’idée, plus ou moins décrire vos goûts, vos opinions, vos conceptions, et comme pour tout, c’est en répétant plusieurs sessions suffisamment de fois que vous observerez vos résultats. À noter que des thèmes peuvent être plutôt universels comme le sexe et l’argent, et que d’autres cibleront de manière plus diluée votre lectorat. Vous pouvez vous exercer ainsi sur comment atteindre quelles cibles pour votre écrit.
Expl : écrire sur la politique, ou l’art, ou la philosophie, toute forme d’idée qui vous impliquerait en tant que participant d’une vision qui vous appartient ; écrire un portrait, un métier, une chimère.
- à partir de :S’exercer en prenant une base pour votre imagination. Piochez n’importe où quelque chose, au hasard ou par choix, et partez de là pour broder votre propos écrit. Compléter, poursuivre, approfondir, destiner, tels sont les secteurs de votre imagination à ici explorer.
Expl : image à décortiquer, mot et ce qu’il vous inspire, phrase et suite à donner, citation à extrapoler, scène à poursuivre, objet à décrire ou contextualiser, personne à identifier, personnage à inventer, lieu à décrire, situation scénaristique (que feriez-vous si vous gagniez au loto ? si vous appreniez que vous allez mourir demain ? si vous aviez le choix d’une destination de voyage ? etc), fin à amener par le récit, son ou musique à décrire.
- à la manière de :Se fixer comme contrainte, la norme efficace qui identifie quelque chose qui a déjà fonctionné pour d’autres avant vous. Reproduire selon des codes fonctionnels vérifiés, c’est ainsi s’assurer une certaine qualité, et vous permettre de vous baser sur les effets solides de ces produits afin de vous construire vos propres atouts desquels vous saurez mieux après coup, vous émanciper pour affirmer votre identité et votre style, tout en respectant les attentes du potentiel lectorat.
Expl : mimétisme autour d’un auteur, d’un style, d’une époque, d’un lieu, d’une culture.
- détournement d’un ouvrage :Déformer pour mieux s’affirmer. Tel peut être l’axe de votre travail par cet exercice consistant à mélanger les choses, les points de vue ou les sujets, les formes ou les fonds, les niveaux de langue, par un travail d’hybridation, de réadaptation, de recomposition. Transformer quelque chose d’existant vers votre vision à vous, sous un autre angle de construction.
Expl : parodier un sujet sérieux, transposer une thèse en discours, changer d’époque un récit, changer le narrateur parmi les personnages d’une histoire, réécrire des vers, réinterpréter un témoignage, changer le niveau de langue d’un dialogue, etc.
Exercer le style (manière personnelle) :
Reprendre plusieurs fois le même propos, et en varier la forme, voici des exercices pour changer les couleurs de vos écrits.
- ton (humeur, émotivité, personnalité) :Sur la même idée, varier les interprétations psychiques potentielles, en changeant les émotions, c’est exercer la capacité à percevoir et interpréter les mêmes faits ou les mêmes informations.
Expl : écrire sous l’angle de la joie, ou de la tristesse, de l’exaspération ; comment réagirait différemment quelqu’un face à une situation du quotidien, ou exceptionnelle, ou bizarre, ou inattendue et surprenante.
- point de vue (soi / personnage – objectif / subjectif) :Varier la focale est un exercice qui peut entraîner à l’originalité, autant que autour de ce qui est personnel, individuel, entre la relativité et l’absolu. Cela varie autour de la notion d’identité qui prend la parole à travers l’écrit. Se saisir des mots selon qui on est ou n’est pas.
Expl : écrire une scène autant de fois qu’il y a de personnages, réécrire une thématique sous l’angle de chacun des acteurs d’un débat ; osciller entre factuel pur et mémoriel orienté par intérêts, sélectionner les points les plus importants d’une situation envisagée différemment par chacun de ceux qui y participent.
- transparence (explicite (synthèse, précision, concision)) / implicite (figures de style (métaphore, allégorie, comparaison, etc))) :S’exercer à jouer sur la suggestion en un propos fantomatique à deviner, ou au contraire sur la droiture sans ambiguïté d’une formulation, c’est s’entraîner à maîtriser l’entre-deux sur les pôles de ce que les mots amènent et ce qu’il y a toujours en eux des sous-bassements. C’est s’entraîner à être clair, sans faille, ou à être inspirateur, interprétatif. C’est s’entraîner à savoir ce que l’on écrit et savoir qu’il y a de plus à lire entre les lignes.
Expl : manier le second degré, l’ironie, la métaphore ou l’allégorie, le sarcasme, l’absurde, ou au contraire le sérieux, carré, stricte ; écrire sans formuler, ou au contraire insister le plus possible sur les approfondissements.
- niveaux de détails (rallonger une phrase) :Construire non pas linéairement un texte, mais glisser de nouveaux éléments en début ou en fin ou au milieu de celui-ci. C’est s’entraîner à retravailler le texte, en lui ajoutant de nouveaux éléments pour lesquels il faut trouver les bonnes méthodes d’insertion.
Expl : commencer par une phrase simple, et ajouter un qualificatif, un complément, une nouvelle préposition, puis une antithèse, ou une paraphrase, enfin un point et une nouvelle racine de phrase, etc à l’infini, en se contraignant à ne pas forcément ajouter ces éléments dans l’ordre de lecture.
Exercer la forme (isolement des techniques) :
Les mots écrits en tant qu’outils de formulation, restreindre votre liberté à utiliser certains et non d’autres vous entraînera à faire avec ce dont vous disposez, l’exercice est intéressant pas forcément dans le résultat, mais parce qu’une fois que vous reviendrez à une liberté totale pour écrire ce que vous voulez, vous serez plus précis et fin dans votre choix de termes.
- liens et associations lexicales (sémantique / thématique / phonétique) :Chercher des mots qui ont un lien, c’est entraîner votre capacité à trouver les bons. À partir d’un mot, faire une liste, ou sur une feuille composer en étoile, soit chercher la racine et les dérivés, soit faire un ensemble en champ lexical, soit trouver des mots qui sonnent avec des similitudes, vous permettra d’exercer votre propre cohérence, les richesses que vous pouvez rassembler, la pertinence des liens que vous travaillerez.
- enrichir la fluidité de formulation (paraphrase, réécriture) :Pour vous entraîner à contourner les répétitions, trouver différentes manières d’exprimer une idée, l’exercice de réécriture ou de paraphrase axe l’effort autour de la relativité des structures lexicales. Prenez un texte de quelqu’un ou de vous-même, et changez au mieux tout ce que vous trouverez pour le remplacer par autre chose. Cherchez des synonymes, prenez d’autres syntaxes, gardez le fond le plus efficacement possible en changeant la forme. Il existe une infinité de manières de signifier quelque chose par les mots, en explorant les niveaux de langue, en éclairant des zones d’ombres, en déployant ce qui peut faire défaut à la compréhension du texte initial, qui forcément est imparfait et relatif : chaque nouvelle manière d’écrire est un pas en avant vers la maîtrise de la relativité du langage.
- utiliser les lettres (pangramme / lipogramme / 26 mots / acrostiche) :La contrainte alphabétique peut vite pousser à contourner des obstacles, et ainsi entraîner à vous adapter aux difficultés de composer. Utiliser tout l’alphabet, c’est un pangramme ; bannir une lettre du texte, c’est un lipogramme ; commencer des vers avec en initiales de chaque ligne, un choix de lettres qui forment un mot vertical, c’est un acrostiche. S’imposer tel ou tel usage de l’alphabet demande parfois à trouver autrement comment dire la chose, et plus vous contraignez, plus vous restreignez les mots utilisables, et donc, plus vous vous exercez à faire avec ce que vous avez, ce qui rend plus habile votre capacité d’écriture lorsque vous écrirez réellement un travail.
- interdire :Décrire un objet sans le nommer, c’est un classique pour exercer votre précision. Le but est que l’on comprenne le sujet du texte sans que celui-ci ne soit explicite. Interdire de nommer, ou interdire autre chose : un texte avec des phrases nominales pour s’interdire le verbe… Plus l’objet interdit est courant, plus c’est difficile, mais plus également cela exerce à trouver des solutions. Commencez sans pluriel, ou sans adjectifs, sans subordonnées ou sans connecteurs. Puis pourquoi pas sans être et avoir, sans mot de plus de cinq lettres, ou sans mot de moins de cinq lettres. Le but est encore ici d’entraîner à trouver des alternatives à la formulation, ce qui la muscle dans votre pratique cérébrale.
- obliger :S’imposer une liste de mots pris au hasard et les placer dans un seul texte. Ou des mots qui contiennent obligatoirement une lettre, ou seulement des verbes à l’infinitif, ou seulement des verbes qui commencent par une voyelle, ou qui terminent par une consonne, s’obliger un nombre de mots par phrase, un nombre de phrases par paragraphe, obliger à utiliser telle ou telle ponctuation, vous pouvez varier tout ce que vous voulez travailler. Cela amplifie l’usage du paramètre choisi, et même si le texte perd un peu en forme lisible, divertissante ou intelligible, essayer que ce le soit le maximum vous forcera à être clair avec cette contrainte.
Exercer les identités de la narration :
Autour d’un texte, il y a un auteur et un lecteur. La narration vient complexifier la chose selon l’entité qui porte le propos et celle qui le reçoit. Travailler ces différentes formes en s’exerçant à leur diversité, c’est élargir le cercle de ces capacités à l’identité.
- écrire sur soi / écrire sur quelqu’un / écrire sur quelque choseÉcrire sur soi comme dans un journal, pour ceci il faut s’exercer à se connaître, trouver les bons mots pour n’être ni trop dans le faux, ni trop dans l’exagéré, ni dans le solipsisme. Décrire quelqu’un est une affaire parallèle qui demande à vous exercer sur l’observation, l’interprétation, avant de pouvoir exercer à choisir les bons mots. Si le sujet de votre écrit n’est pas une personne, encore une fois l’exercice est différent et vous fera travailler d’autres types de ressources intérieures...
- écrire pour soi / écrire pour quelqu’un / écrire sans cibleÉcrire, c’est communiquer, et s’adresser à quelqu’un, à soi, à personne ou à tout le monde, sont différentes formes de ce choix à faire. S’exercer sur la question, c’est multiplier les expériences, se forger une diversité de pratiques et de vécus afin de mieux travailler ces différents axes. L’éclectisme, la variation de ce paramètre, vous fera prendre mesure de l’importance du lecteur.
Exercer les formes de contenu :
Pour les exercices suivants, il s’agit de se focaliser sur différents aspects d’un récit. Certains de ces aspects sont utilisés plutôt dans un genre ou dans un autre, le roman les utilise tous, la poésie au choix, mais le théâtre ou la thèse sont plutôt axées sur l’un ou l’autre. S’entraîner sur chacun est un choix qui vous appartient, selon vos propres ambitions à l’écriture. Description, action, analyse, paroles… Vous pouvez faire d’une pierre deux coups, ces exercices s’intègrent parfaitement à un travail présentable.
- l’être : description (lieu, personnage, objet)Entraînez-vous avec les éléments que vous souhaitez intégrer à votre art : décrire vos personnages, les lieux de vos récits, des objets de votre univers. Issus de la réalité ou de vos fictions, imaginaires ou pragmatiques, vous aurez besoin que vos lecteurs puissent s’imaginer ce qui les identifie. Exercer ce type d’écrit, c’est mieux vous les visualiser, mieux les concevoir, et pouvoir les utiliser dans la suite de votre travail.
- le faire : action (faits, événements, péripéties)Utilisez des verbes, créez du mouvement, de l’interaction, des causalités événementielles, bref : des péripéties. À travers l’écrit de faits à narrer, vous commencez à composer vos histoires, à leur faire vivre quelque chose autour d’une trame scénaristique. Distinguez les moments forts, la tension du lecteur sur les aventures que vous commencez à raconter. Qui fait quoi avec quelles choses, où ; contextualisez, insérez des éléments dans la réalité de votre récit.
- le penser : analyse (d’un objet) / théorie (philosophique)Qu’il s’agisse du narrateur ou de l’auteur ou d’un personnage, axez votre entraînement sur le paramètre de la réflexion. Causalité psychique, envolées émotionnelles, relation mystique aux questions métaphysiques, prenez de quoi traduire une intériorité, la votre ou celle d’un personnage, d’un narrateur ou d’un de ses objets d’observation, traduisez le cheminement mental afin que l’on saisisse une personnalité, une identité intérieure, un champ d’opinions, des formes d’avis, des partis pris ou des convictions. Cela exercera à vous mettre dans la peau d’une entité singulière, quelle qu’elle soit.
- le dire : dialogue / monologueFormulez par écrit de l’oral. Un monologue de discours, ou un dialogue de théâtre, des conversations dans un roman, ici vous traduirez plutôt ce secteur spécifique à la frontière entre l’oral et l’écrit : la retranscription écrite d’une forme orale des mots. Faire parler les personnages, rapporter une conversation, ou en inventer une. Ici votre expérience à forger est de l’ordre de ce qui se dit, se raconte, se hurle ou se chuchote, ce qui laisse réfléchir à la voix, à l’écoute, dans une temporalité linéaire au dialogue et non dans d’autres formes de récit.
2 – COMPOSER UN TOUT - (structurer les produits) :En soi peut-être pas un exercice à la fréquence obligatoirement dense. À partir de ce que vous avez pu créer à terme, il convient que le travail cumulé soit bien cousu. Avec vos différents bouts de textes, vous pouvez assembler un produit composé conséquent.
Ordonner les parties
Vous pouvez réfléchir sur la question du bon ordre, cela passe par la logique structurelle de la linéarité que vous devez construire le long d’un texte aux multiples facettes.
- paragraphes / chapitrage / tomesVotre trame ne peut être en un segment unique, si vous souhaitez écrire quelque chose qui ressemble à un livre. Vous devez donc segmenter une structure. Les paragraphes s’ordonnent entre eux pour une cohérence, s’il y a des chapitres ils se doivent de respecter un ordre et tracer un chemin pour le lecteur, s’il y a des tomes leur unité doit pouvoir faire sentir au lecteur une certaine cohérence. N’hésitez pas à faire des tests, changer sans se fixer trop à l’avance, ne choisir un ordre qu’en ayant testé d’autres, prendre le temps de modeler, remodeler, assembler désassembler réassembler non pas à votre guise et selon votre intuition, mais plutôt en essayant toutes les possibilités, parmi lesquelles avec le recul, vous pourrez choisir la bonne.
Doser les formes
Les quantités, les doses, les taux, à vous de chercher ce qui correspond le mieux à votre texte.
- description, action, analyse, dialogueAlterner les passages de votre texte, c’est mélanger l’être, le faire, le penser et le dire. Comme les pièces d’un puzzle, composer un tout de textes n’est pas vraiment un exercice en soi, mais c’est une part de la création qui mérite pourtant son entraînement. Restez donc sérieux au moment de lier les différents bouts qui une fois réunis, feront de votre texte un texte stable.
Articuler les formes
Comme tout produit en kit, il faut les pièces de la structure, et les moyens de les accrocher les unes aux autres. Choisir comment coudre, ou visser, ou coller ces morceaux, est une expérience qui demande pratique et habitude, bien que cela ne soit là pas le travail le plus souvent sollicité ; celui-ci demande d’avoir tous les éléments, c’est donc une fois que vous avez déjà beaucoup produit, que vous pouvez seulement monter votre structure.
- transitions, liaisons, articulationsUne phrase qui joint deux bouts de textes. La fin de l’un et le début de l’autre à rebricoler pour mieux qu’ils s’articulent. Il s’agit de faire en sorte que le lecteur ne perçoive pas que tout ceci est un puzzle, il s’agit que le tout tienne sans s’effondrer, que les parties soient bien liées entre elles, articulées ou fixées. Lorsqu’il y a un trou ou un vide, que celui-ci soit justifié, cohérent, et ne nuise pas au tout.
V – ANNEXES
(importées depuis d’autres disciplines)
L’entraînement, l’exercice, ne sont pas le propre de l’écriture seulement, ni même de tout processus créatif. Le psychisme étant assez puissant pour que métaphoriquement, nous puissions importer des méthodes depuis d’autres discipline, vous pouvez inspirer votre créativité depuis d’autres disciplines.
Sport :Plus que l’écriture, les sports demandent des conditions du corps. Bien que plutôt cérébral, l’écrit peut tout-de-même se travailler comme un muscle.
échauffements /étirements
Vos doigts en hiver reviennent d’une froide journée mais vous souhaitez écrire ? Sans directement brancher votre cerveau, chauffez-les-vous en écrivant sans but, sans volonté à un travail sérieux. Il serait dommage que votre vrai travail soit bancal au début à cause de vos doigts refroidis. Au contraire vous avez travaillé au bureau toute la journée et vos mains sont fatiguées ? Reposez-les pendant que vous échauffez votre imaginaire : ne commencez pas à écrire tout-de-suite, et prenez le temps de vous plonger dans votre art. Fantasmez, rêvez, faites-vous le film de ce que vous avez envie d’écrire, et lorsqu’enfin vous en avez une idée qui peut être suffisamment claire, vous aurez reposé vos doigts. Le but ici est de distinguer la préparation de la performance, et de jouer chacune en son temps en prenant le temps d’agir des phases de création qui seront en dehors du produit final, mais qui auront facilité son élaboration et sa solidité.
Musique :Faire des gammes, déchiffrer une portée, suivre une grille d’accords, entendre des harmonies, compter une rythmique, si cette synesthésie vous parle, il vous est possible de la transposer pour votre travail scriptif.
gammes
Monter et descendre des notes ? Au clavier peut-être plus qu’au stylo, c’est par exemple monter ou descendre l’alphabet, le plus vite possible ou contraint par une seule main, ou un seul doigt. Réécrire plusieurs fois un mot qui vous donne trop souvent du fil à retordre. C’est tenter d’exercer par la répétition rapide, là où vous vous heurtez à un spontané maladroit, là où vous faites des erreurs automatiques, et par travail de ces automatismes, tentez de gommer ces fautes que vous avez repéré en vous.
improvisation
En jazz, une grille d’accord d’accompagnement, une gamme et votre sensibilité d’oreille, voici les outils pour l’improvisation. À l’écrit c’est quelque chose de beaucoup plus présent, car les mots viennent et composent à chaque fois une mélodie nouvelle tirée de l’instantané. Pourquoi donc, ne pas s’inspirer de cette pratique musicale ? Fixez des repères comme une succession d’accords à l’harmonie mélodieuse, gardez comme fil une gamme aux tonalités inspirantes, et laissez votre sensibilité faire le reste. Composez en live votre propre concert, jouez-le, et faites bien attention à relâcher vos tensions pour que la musique soit la plus fluide et instinctive possible.
CONCLUSION
(pour résumer)
S’exercer dans une discipline, c’est au final bien prendre conscience de chaque trait de celle-ci, séparément, distinctement, afin de mieux concevoir ce qui est à assembler, à composer, dès lors que l’on sort de l’entraînement pour se lancer à une pratique concrète dans un objectif de résultat. Pour l’écriture, le domaine est vaste et flou, il peut se penser de mille et une manières ; voici la mienne, qui est une élaboration non-exhaustive et relative autour de ce que chaque petit atelier ici proposé permet de cibler un peu différents axes du travail qu’est l’écriture. Il est à prendre comme un outil à penser, à pratiquer, mais reste une manière fixe, qui m’est propre, de se figurer le travail d’écriture. Ne sont pas vraiment proposées toutes les formes possible d’exercices, il en existe probablement une infinité selon l’inventivité de chacun, mais plutôt les secteurs spécifiques et distincts que j’ai essayé de rendre dans une vision la plus large et complète que possible. À chacun de se faire sa recette avec ces ingrédients, ou d’autres si j’en ai omis...