Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes mi-longs » Chatouiller le Misanthrope - 3

Auteur Sujet: Chatouiller le Misanthrope - 3  (Lu 56540 fois)

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Madame piaffe
« Réponse #15 le: 14 décembre 2019 à 21:35:46 »
Madame piaffe
C'est quatre singettes, elles sont pas vraiment bougonnes. Dieu les a mis en dehors de la pièce invisible aux singes bougons, et pendant qu'ils se tournent le dos, se maugréent des baragouinements, elles les observent de loin, sans être vues.
Les singettes n'observent pas que les singes qui s'aveuglent. Elles écoutent les oiseaux qui piaillent. Elle hument la terre qui sent. Elles retiennent leur attention pour le bourdonnement d'insectes qui viennent chatouiller les oreilles d'un singe un peu bougon. Il les chasse et ils s'enfuient.
Elles piaffent alors, de le voir si bougon face à ce qui parait risible d'un point de vue naturellement karmique. Elles renvoient des odeurs de rire pour les plantes. Elles baffent quelque bourdonnement d'insectes un peu trop silencieux pour être à présent entendu au milieu des esclaffades écarquillées.
N'osant pas approcher, elles se signifient entre elles, et amplifient un doute étrange, celui de ne pas être ce qu'elles croient être. Des singes et des singettes, pourquoi pas après tout. Mais pourquoi sont-ils bougons ? Rire est tellement plus agréable. Alors les singettes restent à leur place, et demandent à Dieu d'ouvrir la boîte aux singes. Seraient-ils rieurs de ne pas être assis en coins d'eux-mêmes ? Elles-mêmes n'en savent rien, et de loin observent.
C'est alors qu'un petit singeonneau apparaît et se dirige vers la boîte aux singes. Les singettes attendries sont pourtant alertes, et toujours sans oser pénétrer la boîte de Dieu, elles auscultent le singeonneau se faire des papouilles par les singes qui sont un peu moins bougons.
Au bout d'un moment, une des singettes se lève et marche.

Hors ligne LaurenH

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Re : Chatouiller le misanthrope
« Réponse #16 le: 14 décembre 2019 à 23:07:36 »
Dieue est une femme, les animaux sont des hommes et les hommes, des fous.
Merci pour cette projection.

LaurenH.

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Re : Chatouiller le misanthrope
« Réponse #17 le: 15 décembre 2019 à 04:59:17 »
ahah oui, tellement bien résumé ce brassage des rôles qui sied à l'ironie amère de ces tableaux
au plaisir

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Des ires & obsession
« Réponse #18 le: 19 décembre 2019 à 23:44:00 »
Des ires & obsession
La colère l'a frappé, lui n'est que sa renommée.
Le chien a la queue qui frétille, le membre soit-disant heureux, la canne d'un aveugle, le bâton à chercher... En bref, il est la lance d'un faire-valoir de choses qui ne se disent pas. Une responsabilité ? Celle d'aller violer le chat, quoi qu'en dise le contrat, les coups de griffes, les effets de feulement et tout ce qui pourrait lui faire rentrer bredouille, et entre ses jambes, alors des c... Le chat s'en fout lui, il sait qu'il en aura, de quoi manger dans sa gamelle, les gamètes du mâle, en chien le chat ? Que s'il n'y voit pas d'inconvénient. Et sinon ? C'est qu'il est trop exigent. Alors qu'en chasse est le chien, toujours à espérer, délivrer de la tour, ses injures qu'il répète, et qu'on lui prête en velours de l'interprête d'un discours de sourd. Non les testostérones ne prouvent que la nervosité et aucune de leurs raisons. Les autres hormones sont les douves de la madone, curiosité sans lacune de l'instinct. N'y a-t-il de courage à faire la cour depuis l'âge des courroux de nos mages, à l'oraison des mots pas trop sages...? Pourquoi diable à l'heure d'une peut-être revendication au pouvoir, le chat se permettrait encore son indifférence traumatisée, son dédain désintéressé ? Les choses changent, le chien. On verra demain le chat frétiller de la queue. Le chien saura ronronner, et tout ce qu'il y a de plus soyeux. Lorsque leurs deux nez auront de quoi faire aucun envieux, c'est qu'ils seront au mieux de ce qui se fait dans les cieux de leurs yeux éclatants...
Désir de mon impulsion, je lui dois quelque incarnation.
La patte a fixé son empreinte. Le chien en chien. Le chat en chasse. Tout devient ce qui se déplace dans le destin de nos chars à ramasse-cher, qu'a massé l'entendement de votre atmosphère, un esprit vaporeux, félin et fait l'autre, canin et cas gigantesque. Tous les mots sont permis, tous le sont de tuer, et ce n'est pas jouer que de souffler les raisons de nos flibustions... Non, je crois vraiment, que le chat est feignant et favorisé par sa morphologie, pendant que le chien pue et moisit. Je suis persuadé que le chat attend sa croquette comme un drogué enfoncé dans son squat, et que le chien attend sa papouille comme un esclave sa gamelle. Oui je pense, le chat s'endort sur son succès en béton qui prend lentement, le chien vieillit de sa loyauté. Par exemple le chien et le chat, les ires des uns dans les urnes des autres...
Mais quoi alors. L'obsession d'un concept. L'humain. Celui qui fait que je ne sais pas pourquoi, mais si les géraniums meurent ce sera forcément de la part d'une humaité qui voulait conserver l'éternelle beauté. Le chien et le chat dans tout ça, ils poursuivent quoi ? La compagnie de deux lunes à l'espèce ? On se sent seuls, humains... les papouilles, c'est pas que pour les animaux.
Et si le chien pue et que le chat s'en lèche le minou... Bin c'est leur faute et pas la notre, hein ?
J'imagine que les perroquet enseigneraient la parole, que les crocodiles montreraient la tristesse ou pas, et que les moustiques ça gratte là où faut mettre le doigt.
Dans la prise.
Avec la langue.
De chien.

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Papy Savane
« Réponse #19 le: 25 décembre 2019 à 22:15:21 »
Papy Savane
C'est un lion un peu bougon.
Il est un peu bougon parce qu'il est trop vieux pour le clan. Et puis comme ils l'ont viré, il profite plus trop du produit de la chasse, ni de la quiétude sécuritaire du regroupement social, ni de la présence rassurante des lionceaux. Alors il traîne, le lion bougon. Il traîne une patte qui fut à l'heure de baffes puissantes contre des ennemis presque imaginaires. Des buffles et des éléphants, des singes un peu bougons, des crocodiles et de tous types de citoyens de la savane. Il en a rencontré des crinières, des touffes et des pelages, bariolés jusqu'au chapeau des cacatoès, au rose des flamands, les plumes de son royaume au service des couleurs de l'entendement...
Le lion, il est pas vraiment bougon en fait. C'est le même état, mais beaucoup plus blasé. La barre au front. Le lion il s'en fout qu'il va crever, depuis le début c'est à la fois le challenge et le péril. La griffe de la savane.
Son pelage n'est plus aussi doré qu'à l'époque. Il n'est plus très flamboyant. Il boitille un peu, et depuis qu'ils l'ont viré, il est devenu squelettique et un peu noirci par la poussière, la colle de sa crasse en manque de lèche. Le lion tire la langue au soleil, ses yeux clignent tandis qu'il ronronne, posé sur la plaque chauffante d'un rocher exposé.
Autour de lui, de l'herbe, un peu haute mais pas trop...
Là, une touffe s'agite.
Baissant le regard entre ses mains croisées aux coudes équerres, il observe étrangement frappé d'incrédulité, alors qu'une mangouste vient lui renifler les moustaches. A son tour stimulé, il sniffe à son tour... et manque de vomir ! C'est alors qu'un phacochère point le gros bout de sa corpulence.
Alors le lion un peu bougon se demande comment déguster les plats qui se rient aujourd'hui de sa faiblesse, encore bien vivants, et venus le narguer par curiosité. Il s'imagine ensuite pallier à la mort avec des trucs un peu gluants mais appétissants... Mais à quoi bon.
Le lion blasé par la vie n'attend qu'un truc, c'est que le soleil se couche. Mais c'est la mangouste et le phacochère qui se couchent avant, auprès de lui qui se sent un peu en territoire désaccointant, entre cette proie apéritive et le renégat de la bienséance de son royaume.
Il ferme les yeux, le lion bougon, et toujours aussi blasé, il passe à demain...

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Monsieur sourit
« Réponse #20 le: 26 décembre 2019 à 15:33:25 »
Monsieur sourit
C'est un singe un peu bougon, il est assis sur son bureau.
Il a chaussé ses lunettes en demi-lunes, et la pleine lune brille en demi-lunettes par la lucarne désuète sous les toits du dernier étage d'une maison de savane.
Sa main droite laisse du creux de la paume, dépasser un poil qui chatouille la souris de l'ordinateur. Clic. Sur l'écran des stars d'un film de science-fiction planétarium, quelque effet retard d'une culture qu'il zappe finalement. Des flux d'informations, l'actualité de son époque cryptée pour qu'il puisse s'en servir selon son bon goût. Il zappe en un clic. De la musique dans les enceintes, il faut changer de playlist : le singe se ressaisit, et redresse le dos de son siège pendant que le sien s'arrondit. La lumière se reflète sur son visage pétillant. Il y a dorénavant à l'image, une conversation téléretranscrite en temps réel. Le singe pianote quelques trucs, change de faciès, soupire un coup...
Il se demande alors.
Fut un temps où il vivait dehors, et sans remords il s'est enfermé dans la tombe de l'essouflement de son âme. Il soupire encore. Il fait le vaste tour d'internet, encore une fois. Tout est changeant sur la toile. Quelques moucherons s'y collent à perdition parfois, mais généralement les araignées tissent à toute vitesse.
Le singe joue en ligne ; il tue avec les armes dont il rêve ; il pilote des bolides presque irréels tant ils sont inacessibles. Toutes les situations de jeu lui sont familières. Il y a un naturel si facile, que le singe se renvoie au reflet de l'écran sur son visage. Seul, assis dans le noir, le singe est toujours bougon. Il s'était figuré du divertissement, il n'a trouvé qu'un ennui encore plus plat que tout.
Alors il appuie sur le bouton, toujours bougon. Il se faufile sous la couette, pose les lunettes en demi-lune et, sous la pleine lune en demi-lunettes, il observe par la fenêtre, l'immensité du ciel. Les vibrations informatiques s'épuisent un petit peu, et alors le singe un peu bougon frétille de la moustache ; il sourit.

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Re : Chatouiller le misanthrope
« Réponse #21 le: 27 décembre 2019 à 00:06:47 »
Pas évident de rentrer dans certains de vos textes.
Je préfère les moins alambiqués (sur la forme), sans doute les moins expérimentaux. C'est mon côté vieille école qui doit s'exprimer.
Je peux comprendre dans une certaine mesure ce besoin de sortir des sentiers battus mais il y a un côté hermétique dans certaines de vos créations.
Dur de partager le plaisir que vous avez sans doute eu en les écrivant.

Mon commentaire ne vous apporte sans doute pas grand chose mais je tenais à vous faire un retour au moins un peu général après avoir lu quelques-uns de vos textes courts.

Par curiosité, avez-vous des projets de roman plus conventionnels ou privilégiez vous les textes courts et les projets expérimentaux?

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croque-(m(isanthrope)o(nsieu)r)((-cha)t(ouille)) ETC
« Réponse #22 le: 27 décembre 2019 à 00:21:54 »
Eh bien Yuugure, c'est un euphémisme que de souligner votre maîtrise qui m'apparaît de votre vieille école, et pour signifier l'intérêt que j'approuve à votre prose communicationnelle, je me permets quelques accointances personnelles divergentes...

Directement pour répondre : j'ai justement commencé tout-à-l'heure un projet de roman, mais si ce n'est pas le premier à commencer, ce serait le premier à aboutir... d'où que j'ai souvent privilégié oui, le genre de format qu'on retrouve ici avec par exemple L'écrivain qui voulait en vain devenir romancier.

Sinon je veux bien travailler mon côté hermétique que j'ai déjà vaguement tenté de déverrouiller...
Je me désole de ne pas être aussi transparent dans le ressenti pulsionnel de ma passion...
Je tente l'excuse quant à la complexité de mes prépositions...
J'aime franchir les sentiers battus pour mieux y revenir...

Merci de votre passage, et si vous le voulez bien, immédiatement car presque plu vraiment fraîchement pondue...
La suite '-'

croque-(m(isanthrope)o(nsieu)r)((-cha)t(ouille))
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Monsieur & Madame Cygne
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Tête-de-lit note
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Loue des bois
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« Modifié: 17 juillet 2020 à 09:02:57 par Dot Quote »

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Fourmir
« Réponse #23 le: 28 décembre 2019 à 01:09:32 »
Fourmir
Il est dans la rue.
Enfin il... pas vraiment il ou elle, puisqu'ul est asexué. Lu fourmi. Et puis la rue... pas vraiment non plus. Autant dire, le tracé olfactif à pondération temporelle, qui constitue l'une des voies de la cité.
Et ça bouchonne un peu.
Ul voudrait doubler, dépasser, croiser et esquiver sans avoir à trop risquer d'encombrer, heurter, coincer... Mais non. Dans ce fourre-tout, tout est permis, sauf de foncer librement. Ul faut être bien remis, dans l'ordre chaotique de ces organisations qui méritent pour leur sérieux, quelque hourra un peu prétentieux. Ul fonce, à moitié. Le tas de terre est engourdi. Gonflé par la population qui s'entrechoque. Ul traîne derrière un irrémédiable de la largeur du tunnel. Ul s'écrase pour croiser un autre volumineux. Ul prend un détour lorsque tout est fermé.
Et ul s'essoufle. Ul suffoque.
Lu fourmi vibre, les antennes à l'affût. Il faut chercher, courir, trouver, prendre et porter. Il faut rester vigilent, conduire inlassablement aussi frénétiquement que la chaleur le permet.
Ul croise une larve qui dégouline... Et une feuille mâchouillée qui colle...
Derrière lu, du teigneux piquant qui lu pousse à accélérer.
Alors ul pousse aussi devant lu. Il faut tout rentrer, tout accumuler, tout compresser et imbriquer. Rien ne doit être laissé au vide ou au hasard.
Alors lu fourmi se dit qu'à un moment donné il n'y aura tellement plus de place qu'il faudra ne plus bouger pour vivre encore. Qu'on sera tous collés les uns contre les autres. Si bien qu'on se regardera droit dans les yeux, parce que pas le choix. Immobiles seront les statues des individus figés par eux-mêmes. Elles n'auront plus qu'à attendre. Qu'une place se libère...
Alors lu fourmi s'arrête en plein milieu de la rue.
Et ul attend qu'une place se libère.

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Re : Chatouiller le misanthrope
« Réponse #24 le: 28 décembre 2019 à 14:10:40 »
J'ai bien aimé "Fourmir".
Je trouve le néologisme vraiment bien trouvé. Ça sonne bien mieux que son parent "fourmiller".
Le jeu avec les pronoms/articles est aussi intéressant (sur un court texte tel que celui-ci).

J'avais bien aimé le titre "Surp" également. '"Surp" me rappelait les abréviations de certains livres de SF, donc n'était pas forcément inédit, mais le petit effet est là. Ça fonctionne! 

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Nous pigeons
« Réponse #25 le: 28 décembre 2019 à 16:49:25 »
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Nous pigeons
C'est des piafs un peu ahuris.
Dans une cacophonie aérienne, ils voltigent. La plupart des battements d'ailes sont inaudibles au milieu des autres, et pourtant on n'entend qu'eux. Lorsque frémit l'air autour de ces plumes grises, c'est pour accueillir les corbeaux ou les colombes.
Mais ceux-là, de piafs, ont l’œil rougi de sommeil.
Ils ne contrôlent plus rien. Des pattes amputées leur servent de béquilles. Ils se rentrent dedans. Tout le long de la journée leur errance se fait de plus en plus craintive. Ils dodelinent, d'incompréhension. Et pourquoi pas parfois, se retournent de doute pour faire volte-face, quart-de-tour ou simplement biais tout-court. Ce qui les change de la trajectoire qu'ils ne réfléchissent peut-être pas autant que nous leur voudrions.
Ces piafs grappillent quelques miettes chopées au vol. Ils les indiffèrent des mégots de cigarettes jetés négligemment, ou des petits cailloux trouvés sur le bord d'un banc pour les berner. Se jetant dessus parce qu'il n'y a rien d'autre que le goudron aussi gris qu'eux, les piafs détruisent petit à petit leurs espoirs en brisant leurs becs et leurs estomacs sur ces illusions. Et lorsqu'elles n'en sont pas, phénomène bien trop rare pour être apprécié, eh bien elles ont une saveur de gaz d'échappement.
Au-dessus des immeubles... Des aménagements de fortune. La vie citadine des piafs est entre le plafond et le toit. Le ciel se couvre quand ils sont tristes, et le soleil leur rougit les yeux. Des fois ils se prennent des vitres. Des fois des trains. Des fois des battes de baseball. Mais toujours reviennent-ils à la charge.
Il faut vivre.

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Des blattes errent
« Réponse #26 le: 29 décembre 2019 à 20:22:30 »



Des blattes errent






Un problème de blattes ?
Des insectes aplatis qui sortent la nuit, j'en aurais le cafard, je suis maudit. Cancre las de ses tribulations, je rends feuille noircie, gribouillée, brouillon de cette fourmilliation.
Un alien est rentré dans mon corps, j'en suis ressorti un peu mort, un peu occis, mais bon... Tant pis. La poussière se mord avec appétit, le décor d'un apprenti, charpentier par pari, aurait alors, de quoi renchérir, sur le bois de nos maçonneries, minet râle et l'eau chaude ne le ronronne.
Ca grouille dans la remise, ça gratouille dedans, un peu trop, ça chatouille le misanthrope, quand son talon ne peut tous les faire croustiller. Semelles de botte se mêlent des mêmes crottes à trottoir. L'aise hantée, les antennes dressées, les saisons athées, antiques des moustiques à mastiquer, c'est rustique ces mascottes, qui pratiques se téléscopent en plastique dévote de nos portiques à portes !



« Modifié: 15 juillet 2020 à 19:19:30 par Dot Quote »

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Monsieur vive
« Réponse #27 le: 12 janvier 2020 à 23:33:14 »
Monsieur vive
C'est un misanthrope un peu bougon.
Il se balade sur la plage, parce que c'est l'heure où elle est vide. L'heure où personne ne marche dessus, parce qu'on a alors le risque de se piquer avec l'aileron d'une vive. Ce petit poisson qui s'enfonce dans le sable, tout innocent, avec son poison à lunaison. Le misanthrope cherche un peu. Pas vraiment le danger, mais le fantasme réel. Il sait que quelque part, là, pas loin de ses plantes nues, quelque dard menace ses pieds. La plage est grande, mais pas infinie. Et les vives sont là, certainement en nombre. Il y a donc une statistique incalculable de surface plus ou moins minée. Et si les déterminismes du misanthrope ne lui permettent ni de calculer ses chances, et donc encore moins de prévoir le danger... eh bien, le danger est là malgré tout, et il se rit de sa puissance. Car il est anxiogène non par effet mais par essence. C'est de son éventualité que naît l'ambition de le contourner. Le danger advenu n'est plus qu'accident. Et le risque dans tout ça, l'incertain, est la matière à fantasme. Le misanthrope marche parce que quelque part, la petite fiole dans sa poche pourrait recueillir le poison d'une blessure. Ou qu'une petite douleur fait se sentir vivant dans ce monde de douceur. Ou qu'un poisson méchant, c'est peut-être plus sympa qu'un humain gentil. Ou que la plage où ailleurs, on se fait toujours mal, même les rares fois ou on aimerait ne pas fuir la douleur.
Donc le misanthrope est bougon, car il est encore humain. Eh oui, s'il fallait que l'humain suscite une émotion chez autre chose que lui... ce ne serait pas humain. Non le misanthrope est forcément humain, et c'est tout ce qu'il n'aime pas. Donc... il est bougon. C'est très inconfortable de ressentir à ce point une allergie à soi-même. Une essence qui s'empoisonne elle-même. Comme une substance... qui ne se supporterait plus.
Chaque heure de pointes en sable, il se pointe le misanthrope. Mais est-ce le karma qui se joue de lui ou lui qui se joue du risque ? Il paranoïse le pauvre. Pourquoi jamais, au grand jamais son pied ne lui arracha cette larme douloureuse, alors qu'il fit tout pour mesurer son risque ? La provocation en milieu magnétisé d'auras, renverse beaucoup de destins, et il paranoïse le pauvre. L'épée de Damoclès au dessus de son confort. Une douleur à venir. Qui fait peur. Tétanise. Misanthrope.
Ne reste.
Qu'elle.
Vive.

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Heplague
« Réponse #28 le: 29 mars 2020 à 01:58:16 »
Heplague

C'est une guêpe son copain lui a acheté un tailleur.
Elle le reluque, le copain et le tailleur, et elle se dit que l'un va bien sans l'autre, mais que c'est cool que les deux soient un peu liés. L'un servirait à ôter l'autre, d'un prétexte un peu vautré dans la démesure d'un manque, la guêpe elle lui pique ses vêtements, au copain qui d'ailleurs, le lui rend en tailleurs, en compléments un peu railleurs, complètement meilleurs que ces scintillements d'heures, et pourtant. Pourtant la guêpe elle a le sein dur, et ce qu'elle serre entre ce rien qu'elle mesure, pour une ceinture ce n'est pas bien sûr, mais ce qui est certain, c'est qu'à serrer, cette ceinture, elle va se dessiner une allure, à l'aspect si pur qu'elle se permet une fracture, au bassin. Les alvéoles de son avé hexamétrique, ses yeux en facettes de mille-feuilles d'arbres, lavés aux lovés, avalés par des globes, gobés comme on dévale une menue vallée, encore une taille enlevée, et le cran de sûreté peut avancer, sans se vanter, la ceinture...
La guêpe elle a tout ajusté, au millimètre, carré est le coupage de ses cheveux. Lisses, ils sont soyeux. Et elle glisse contre un aveu, ce précipice en dessous de la ruche, la riche ville vulnérable, perchée en haut-lieu, et alors que d'un miroir peu soucieux elle se souvient, c'est dans son tailleur qu'elle se maintient. Son sein tut, rond, tous les pantalons. Mais de ses pattes à elles, qu'un rasement de table éternel, rien n'y fait elle n'a que ses ailes pour chanter ce qu'elle est.
La guêpe un tailleur lui va à ravir, mais au fond d'elle-même elle sent gémir, son corps un peu frêle qui lui demande de se tenir, comme elle, mais en pas pire, même quand il grêle et que le froid, de partir non, reste en atmosphère, et d'en rire elle finit par ne plus qu'en pleurer, des larmes chaudes d'insecte, le rare nectar animal d'un miel qu'elle voudrait moins amer.
Elle serre, et encore.
Dans un verre, elle se mirore.
Et le tailleur ; la coupe en deux.

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en corbeau coût - cocowrimo
« Réponse #29 le: 31 mars 2020 à 19:36:02 »
en corbeau coût
Un matin ils ont disparu.
Ils n'étaient plus là.
Au début j'ai cru que j'étais mal réveillé. Pas très bien assuré de vraiment ne pas les voir partout, j'ai tenté de chercher l'hallucination ; le tour de passe-passe. Mais de magie il n'y avait que le bénéfice de leur absence. J'ai volé d'un platane à un autre. Étendu mes ailes d'une vautre qui n'était pas encore à l'aise ; pas encore. Lorsque, les jours passant, on a tous vu qu'ils avaient disparu, on s'est quand-même demandé ce qu'il s'était passé. Les chiens nous on répondu qu'ils avaient peur des petites bêtes et des cauchemars. Les chats avaient peur, eux aussi ; et nous on a vu que même s'ils avaient pas disparu comme ça dans le vide, c'était pas sans raison non plus. Ils ont organisé plus d'espace entre eux ; c'est tout. Et le temps qu'ils en gagnent ou en perdent, de cet espace, eh bien nous on s'était servis. J'ai chassé dans leurs rues, une poursuite avec un des miens ; je n'en revenais pas de ne pas être oppressé par leurs voitures. N'ayant jamais vraiment remarqué leur omniprésence, je m'offusquais de ressentir du plaisir à leur nouvelle pondération numéraire. Et puis j'ai vite oublié.
S'ils reviennent un jour, je retomberai dans le gris du noir de mes ailes, et elles terniront encore leur atmosphère de mauvaise augure, eux, ceux qui sont partout ; ceux qui sont nulle part aussi, car lorsque nous les appelons, il ne répondent qu'en écho.
Alors qu'ils soient là où pas...
« Modifié: 01 avril 2020 à 11:20:42 par Dot Quote »

 


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