D'accord, je me suis emporté, surtout sur mes derniers messages.
Comme le dit enrya, c'est vrai qu'à la base mon intention était de me faire comprendre...
"
Idéalisme réactionnaire primaire" a peut-être mis le feu au poudres, qui sait...
Je vais essayer de clarifier tout ça en réprimant mes tendances pyromanes :
Je présente mes excuses pour le procès d'intention.
Pour l'utilisation d'un passif-agressif moqueur sur mes deux derniers messages qui n'a fait que parasiter mes intentions d'explications.
Il en est de même pour l'amalgame à l'extrême droite qui aurai pu être fait.
Mais je tiens à préciser que cette façon d'expliquer ( à savoir l'islamisation de problèmes sociétaux ) s'étend dans toutes les sphères politique et ce grosso-modo depuis 2001, qui suit un changement de politique extérieur des États-Unis et du "Monde Occidental" envers le Moyen-Orient et le monde musulman en général ( même si en France on a cette tradition depuis la colonisation ).
Donc, je pense que dans ce contexte général, il était pertinent de rappeler l'origine et le porte étendard traditionnel, puisqu'y trouvant un réel intérêt politique, de cette façon d'accoler à la définition même de l'Islam le sexisme et la violence ( par exemple ) que l'on retrouve un peu partout dans l'espace médiatique français. Et dans pas mal de conversations que j'ai pu avoir avec des français de toutes origines et de bords politiques, surtout lorsque je travaillait en zone rurale.
Je me présente aussi, déjà pour clarifier mon point de vue au niveau des religions :
Je suis issu de la diversité ( grands-parents polonais, mauricien et belge ), baptisé catholique, dans une famille athée qui suivait les traditions régionales.
J'ai progressivement rejoint un point de vue agnostique lors de mes études scientifiques, que j'ai arrêté après la première année d'école d'ingénieur pour me reconvertir fleuriste.
Je tiens particulièrement à cette notion d'impossibilité pour l'humain de définir ou de conceptualiser Dieu, ce qui implique l'impossibilité de fournir des arguments en faveur de son existence ou non. Je suis aussi extrêmement attaché à l'inscription des religions dans l'Histoire et structures humaines qui les composent, les diffusent et les font exister.
Je continue dans la lancée proposée par enrya.
Je pense que cela reste dans le sujet du livre ( que j'ai maintenant entre les main et que j'ai pu feuilleter ), puisque l'un des principal objectif de ce livre est
justement de casser l'idée de l’apposition du sexisme à la définition de l'Islam.
Un peu au hasard, un citation p.131
Les opposants au projet féministe dans l'islam son répartis en trois larges catégories : les traditionalistes musulmans, les fondamentalistes musulmans et les fondamentalistes laïques. Les traditionalistes musulmans résistent aux changement touchant à ce qu'ils considère comme étant des règles éternellement valides, sanctionnées par une immuable shari'a. Les fondamentalistes musulmans - une très large catégorie - sont ceux qui cherchent à modifier les pratiques actuelles au profit d'un retour à une version antérieur, "plus pure", de la shari'a. Les fondamentalistes laïques - qui peuvent être tout autant dogmatiques et idéologiques que le sont les fondamentalistes religieux - nient l'idée qu'une loi ou une pratique sociale religieuse puisse être juste et égalitaire.Ziba Mir-Hosseini,
Le projet inachevé : la quête d'égalité des femmes musulmanes en Iran, 2006, traduit de l'anglais.
De manière générale, j'ai une façon de raisonner qui semble coller à celle proposer dans le texte, mais ça impose quelques remise au clair dans pas mal de notions concernant la religion :
Il y a bien une distinction entre la religion, le texte, ce qui est dit du texte, ce qui est pratiqué/pensé par les croyants.
Cela ne veut pas dire que ces notions sont hermétiques entres-elle ou ne peuvent s'inclurent les unes dans les autres.
De mon point de vue, le concept de religion, ici d'Islam, est relié de facto aux croyants de cette (ces) religion(s), les musulmans.
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
La religion n'existe tout simplement pas sans les populations qui la porte. Un Livre Saint, seul, aussi divin et intouchable soit-il, ne "crée" pas une religion si il n'y a personne pour lire ce texte,
l’interpréter (cette notion est, je pense, vraiment importante à garder en tête ), établir les dogmes et les coutumes qui la portent et construire les structures d'enseignement et de pérennisation de cette religion ( en soit les différentes écoles coraniques et chefs religieux ).
Et cette importance du peuple et de la culture pré-islamique, qui tous deux sont impliqués dans ces structures d'enseignement et déteignent sur celles-ci, peut s'observer dans cette grande diversité dogmatique et culturel de l'Islam. Autrement dit : on observe que la façon de
vivre, de
pratiquer et d'
interpréter l'Islam varie en fonction des peuples qui pratiquent cette religion et des contextes socio-culturels voir politiques des régions dans lesquelles elle est implantée. Et ce alors même que le texte du Coran en lui même ne varie pas (
"ses textes indiscutables" comme le dit pehache ).
Je prend pour exemple la pratique (terrible/horrible/immonde/
adjectif de votre choix) de l'excision,
goûteuse ?
présente majoritairement au Centre et au Nord-Est de l'Afrique, souvent associé à tord à l'Islam quand bien même elle se soit installée dans un contexte animiste ou pharaonique, avant l'arrivée de l'Islam dans la région.
Et ça, c'est justement du à l'importance de l'interprétation et de l'enseignement, qui supplante souvent ( et ce dans tous les exemples de religion ) l'importance du texte en lui-même.
On ne va pas avoir la même approche du Coran si on part avec l'idée que ce sont, en effet, des paroles divines prononcées il y a 1400 ans et qui sont toujours valables aujourd'hui, ou alors que même si divines, ces paroles ne s'imbriquent que dans une société qui n'est plus d'actualité.
À cela s'ajoute la langue du Coran elle-même, l'arabe coranique, encore sujette à de nombreuses écoles d'interprétation, souvent en désaccord avec les sens qu'elles donnent à certains mots.
D'où la frilosité des différentes institutions de l'Islam à modifier ou à traduire le Coran : il y a déjà des désaccords sur le sens des mots dans la langue originale, et des traductions ne proposant pas les mêmes subtilités et concepts de l'arabe coranique doivent prendre des partis-pris ne pouvant convenir à l'ensemble des voies d'interprétation du Coran ( et ça c'est peut-être à mettre en parallèle avec les conflits de traduction de la Bible qui ont pu avoir eu lieu dans l'Histoire chrétienne ).
De même, un prédicateur insistant quotidiennement sur les passages guerriers et intolérants du Coran en rapprochant leurs contextes à des contextes actuels aura un effet complétement différent sur ses croyants qu'un prédicateur ne prêchant en priorité que les passages centrés sur l'entre-aide et les principes humanistes, en prenant soin de remettre en contexte les passages plus violents.
Enfin, je pense qu'il faut préciser aussi que la plupart des lois dites islamiques ne sont pas tirées du Coran, mais bien construites par les autorités religieuses sous la base d'interprétations ( qui varient encore une fois en fonct...etc )
Donc, pour résumer, je dirai qu'une religion est cet ensemble hétéroclite comprenant un ou des textes sacrés, les institutions qui la diffusent, des groupes croyants qui la pratiquent, les traditions qu'elle imbrique dans les culture locales, et ce avec toutes les variations locales possibles.
C'est pour cela que dire que l'Islam est sexiste en soi et se dédouaner en disant ne pas parler des musulmans me pose problème.
Déjà parce que l'on fait apparaitre l'Islam comme uniforme - ce qui n'est pas du tout le cas.
Ensuite parce que la notion d'Islam comprend, inclue les musulmans.
Surtout si l'argument consiste à essentialiser la religion à son livre, tout en attendant un texte de 14 siècle d'être aux normes sociétales occidentales actuelles. Car oui, je ne pense pas qu'un qualificatif comme "sexiste" soit absolu en soit, on l'utilise au travers d'une norme adoptée. Et je ne pense pas me tromper en supposant que cette norme, c'est cette vision plutôt idéalisée de nos sociétés occidentale ( Judéo-chrétienne sécularisées, entre autres ). Norme qui, je tiens à le préciser, n'est que très récente dans l'histoire française en ce qui concerne les droits de la femme. À prendre à titre d'exemple l'histoire d'Olympe de Gouges et sa
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de septembre 1791, qui à force de dénonciation politique finira par être exécutée par un tribunal révolutionnaire au milieu d'autre femmes, en 1793. Le procureur de la commune de Paris déclarera :
"virago, la femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges qui la première institua des sociétés de femmes, abandonna les soins de son ménage, voulut politiquer et commit des crimes [...] Tous ces êtres immoraux ont été anéantis sous le fer vengeur des lois."L'utilisation et l'idéalisation de cette norme est d'ailleurs l'objet de critiques dans ce livre qui considère, et peut-être à raison, l'origine colonisatrice de cette image de "
La" femme musulmane, opprimée par sa religion, plus que dans toute autre culture, que les empires coloniaux se devaient de "sauver" en l'arrachant à sa terrible culture sexiste et obscurantiste.
Toujours est-il que faire des parallèle avec les autres religions reste très important.
Non pas comme un procès d'intention comme cela, pour des raisons que je ne comprend pas puisque ayant déjà explicité les raisons de ces comparaison, a pu être compris, mais parce que, bien que possédant ses spécificités, l'Islam n'est pas un phénomène religieux déconnecté des autres. Comprendre ce qui s'est passé avec les autres grandes religions monothéistes, c'est se donner des pistes d'explication, de compréhension et pourquoi pas d'évolution possible des phénomènes religieux que l'on peut observer aujourd'hui au sein de l'Islam.
Le sexisme et la violence inhérente aux textes saints du Christianisme et du Judaïsme n'ont pas empêché l'émergence d'une pensée féministe dans les sociétés où elle s'inscrivait. Bien l'acquisition des droits de la femme s'est aussi très bien appuyé du rejet de l'église chrétienne, force est de constater que l'église elle-même a en partie suivit ce mouvement. Des mouvements fondamentalistes Chrétiens existent toujours, certes, et ils tiennent le discours que leur définition suggère, mais l’Église, en Occident, fait preuve d'une bien plus grande ouverture sur les questions de la femme, de l'homosexualité et de la contraception qu'il y a ne serai-ce que 20 - 50 - 100 ans.
Si l'on est forcé de constater qu'effectivement, les religions monothéistes ne restent pas fixes, sont sujettes à des transformations aussi bien au niveau des interprétations que des façons de la pratiquer, je ne voit pas pourquoi il serait impossible à l'Islam d'évoluer de ce même sens, sur ces sujets.
Après, je suis pas là pour démentir le sexisme présent dans les sociétés Islamiques, particulièrement au Moyen-Orient (Je connais moins le reste du monde musulman à vrai dire), ni l'existence de mouvances Islamiques réellement problématiques à ce niveau ( Je pense surtout au Wahabisme des monarchies du Golf, qui n'a cesser d'apporter des tensions au sein même des communautés musulmanes en raison de son fondamentalisme réformateur et de sa position face à ceux considérés comme apostats ).
Mais ça c'est peut-être à mettre en relation avec les contextes de guerres régionales, les temps de conflits armés allant rarement de pair avec ceux du développement du droit de la femme. Surtout si les états dictatoriaux de la région favorisent l'obscurantisme religieux pour des raisons de contrôle de population. (À l'instar de Bachar Al-Assad qui a relâché des têtes pensantes du fondamentalisme religieux au début de la guerre civile syrienne et s'est servi du chaos et la peur engendrés par l'EI pour réprimer dans le sang les populations syriennes en toute tranquillité. Sans jamais faire de l'EI son objectif principal. C'est
beau tout ça.) Ou même quand les pays en question sont engagés dans des politiques natalistes, en soi incompatibles avec l'idée moderne du féminisme que nous connaissons ( ce qui arrive souvent après des périodes de conflits qui ont dépeuplé une région, un peu comme en ce moment).
Mais cette tendance me semble généralisé dans les pays du monde musulman en général, qui affrontent de réels problèmes de stabilité politique et sociales. Et ce pour des raisons qui ont plus affaire avec l'Histoire et les ressources des pays concernés qu'avec les spécificités culturelles et religieuses de ces régions.
Mais il ne faut pas faire comme si le féminisme islamique ne serait ni sérieux, ni envisageable.
Surtout pas si l'on regarde ce qu'il se passe du coté des territoires actuellement contrôlés par les Kurdes en Irak et en Syrie, dans le cadre de la Guerre civile Syrienne.
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
Bon, après, comme toute information provenant de région en conflit, c'est à prendre avec des pincettes, sans compter l'évident intérêt stratégique des Kurdes à proposer cette "vitrine médiatique".
Mais des initiatives comme celles portées par le YPJ, une unité combattante des Kurdes, exclusivement féminin et ouvertement éco-féministe, inscrites dans la lutte contre l'EI, sont tout de même extrêmement encourageantes quand à l'avenir des
féminismes islamiques et des
féminismes en terre d'Islam.