[Mémoire]

Il est génial ton texte Rain ! 

[Rain]

Merci  Moi je le trouve cynique et ça m'agace 

Les autres sont pas mal non plus, tous différents, c'est cool !

(Sinon, 37)

[Doctor Grimm]

Oui, super chouette !

et du coup, un chiffre : 214.

[Mémoire]

583 encore.
Arbitraire - distinction - psalmodier

[Rain]

Les flûtes étaient oppressantes. Les tambours accablants. Les voix pesantes. Sorel naviguait entre les musiciens comme on nage dans un rêve brumeux. Il avait du mal à retenir les détails, à imprimer les visages, à distinguer les formes et les couleurs de ceux qui l'entouraient. Il se contentait d'avancer parce qu'il n'avait pas le choix. Il fallait qu'il atteigne le centre.

Pourquoi déjà ? Pourquoi devait-il continuer ? Qu'y avait-il de mal à s'asseoir là, psalmodier avec les autres rien qu'un petit peu ? Leur chanson était jolie. Leur rythme était apaisant. Lourd. Apaisant. Il battait au rythme de son coeur. Sorel sentait que ce rythme pouvait devenir celui de sa vie. C'était un rythme lent et précis, il n'y avait jamais de fausse note, jamais rien n'allait de travers.

C'est normal, dit une petite voix arbitraire au fond de lui-même, il n'y a qu'une seule note. Ce n'est pas pour toi. Avance.

Alors Sorel avançait. Un pas après l'autre. Il s'efforçait de ne pas regarder, de ne pas écouter. Encore un peu. Juste un peu. Le centre était là, juste là, et le mécanisme l'attendait. C'est ça. Il venait là pour actionner le mécanisme. Pour... arrêter tout ça. C'était mal. Il fallait faire quelque chose. Sorel posa une main froide et tremblante sur le levier et poussa.

La musique se tut ; il y eut un vacarme abominable tandis que tous les androïdes derrière lui s'effondraient sans distinction. Sorel tomba à genou, reprenant une bouffée d'air insupportable et tellement vitale. Entre ses genoux reposait sa main. Elle s'était désactivée en même temps que tous les autres appareils électriques de la salle, et probablement du monde. Mais c'était la seule partie de son corps. Il lui restait ses jambes, sa tête, son autre bras. Il était toujours humain.

Pour la première fois depuis des années, Sorel rit à la face du diktat des robots, et c'était un rire de joie pure. Leur Conversion avait échoué. Il n'y aurait pas d'entité unique.

La pensée libre avait vaincu.

[Doctor Grimm]

Foule. Piétinement. Bousculade. Se frayer un chemin dans la masse, tantôt violence tantôt silence, à coup d'épaules ou en glissant. Je sans un coup dans mon dos et quelqu'un essaie de me faire trébucher, mais la main qui me tire en avant tient bon. Un cri, qui déchire l'air, qui crache dans l'oreille et brise le calme. J'arrive au premier rang avec Thalys, on se retrouve devant une barrière de bois, et derrière, les gardes tout en noir qui sont alignés. Ils tournent le dos à l'estrade pour nous faire face, avec leur mines patibulaires. Ils fixent la cohue que nous formons. Une vague compacte, sans visage. Aucune distinction entre moi et mon voisin de droite.
Un cri encore, plus calme et contrôlé. Presque un chant. La foule s'ouvre et laisse passer quatre silhouettes drapées dans d'immenses capes. Les mains cachées dans de grandes manches, le visage reculé au fond du capuchon. On voit à peine les lèvres bouger au rythme d'un psalmodie inconnue. Trop de bruit autour pour distinguer quoi que ce soit.
“Ils jettent un sort”, murmure Thalys en se penchant vers moi. Je frissonne et elle me caresse les cheveux. Thalys est ma grande soeur.
Les quatre prêtres grimpent quatre petites marches et arrivent sur l'estrade. Ils s'approprient chacun un coin pour faire face à la foule. Peu à peu, le volume de leur incantation monte, chant sauvage et inquiétant qui finit par nous transpercer la tête, à nous qui sommes au premier rang.

Aujourd'hui à Milbrough, on fait couler le sang.

Un page allume un feu sacrificiel sous nos yeux. Thalys me serre la main pour me rassurer. Ça ne peut pas tomber sur nous. Je suis trop jeune encore et elle est une fille. Ils n'aiment pas tuer les filles, ça fait mauvais genre. Et puis, on est au premier rang. Les prêtres ne regardent jamais au premier rang, juste devant les barrières. Ils n'arrivent pas à baisser autant les yeux. Alors, cette année encore, on va s'en sortir, et c'est quelqu'un d'autre qui y passera. Aucun doute.

Alors quand les chants s'arrêtent j'expire. Quand les doigts se lèvent dans quatre directions différentes j'inpire. Quand les gardes ouvrent les barrières je retiens mon souffle. Quand ils avancent dans la foule pour récupérer les agneaux du jour, j ne respire plus. Et ils ne vont pas assez  loin. Et ils prennent Thalys et Thalys crie. Et je ne sais plus. Elle se débat, elle hurle que non, non, je suis une fille et je dois m'occuper de mon frère. Elle hurle quand on la pose en première sur l'hôtel arbitraire de la cruauté parce que les trois autres ne sont pas encore là. Elle hurle quand ils l'attachent, pieds et mains écartés, le feu qui brûle sa robe puis son dos puis ses os, elle hurle.

Quand elle se tait enfin, je recommence à respirer. Les trois autres passent sur le bûcher comme dans un songe, puis la foule se disperse en frissonnant. Un grand gars blond me tape sur l'épaule. Sans trop savoir pourquoi, je le suis.

Un jour de plus de gagné.
Qui sait, l'année prochaine, peut être que j'y passerai.

[Rain]

Wow, c'est glauque, mais c'est cool. Jolie plume !

Alors, pour ceux qui veulent jouer demain matin, voici les mots qui sont sortis !

tolérant/embryopathie/trempé

élégiaque/abaca/radiosource et Aa/Dircom/Pixel (ici pour les définitions)

Arbitraire - distinction - psalmodier

[tim gab]

personne ce soir ?

[Rémi]

Vite fait, si t'es encore là.
Personne d'autre ?

[tim gab]

je vais pas rester et visiblement il n'y a personne d'autre donc tant pis

[Rémi]

ok, snif !
Dimanche prochain, tous sur le pont !!!

[Aléa]

Je suis là, mais ouaip la semaine prochaine ca m'arrange plus aussi... Dimanche promis! 

[Kerena]

Du coup pour ce dimanche y'a des motivés ?

(ou tout le monde aura encore trop la tête dans l'après-meeting pour réfléchir ?  )

[MillaNox]

yep peut-être pas très tôt mais je devrais pouvoir

[Rémi]

J'en serai sûrement !