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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes mi-longs » chroniques de la galène "l'écume de prose"

Auteur Sujet: chroniques de la galène "l'écume de prose"  (Lu 3309 fois)

Hors ligne Aponiwa

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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #15 le: 12 octobre 2021 à 19:19:14 »
Hello! :)

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


C'est toujours excellent!  ^^
Juste une petite chose : j'aimerai bien plus de descriptions, les paysages, les personnages et les objets inventés, car je n'arrive pas toujours à deviner ce que c'est avec le contexte (mes capacités poétiques sont très réduites! :) )
Le combat a l'air un peu "facile" aussi : tu nous présentes de grosses bêtes qui ont l'air diablement féroces et je n'ai pas l'impression que les héros galèrent. C'est peut-être voulu, je ne sais pas.

Sinon, c'est toujours un plaisir de te lire! :)
Merci pour ton texte!
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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #16 le: 13 octobre 2021 à 06:17:46 »
Bonjour Aponiwa,

j'ai bien noté ce que tu m'as dit,
C'est plus une blague, un clin d'œil à Michaux et aussi à Rostand. Mes guerriers sont tous des poètes et des cyranos. Je les avais inventés (pour ne rien te cacher) pour aborder une rencontre. Il s'agit d'amuser mon lecteur et aussi de le pousser à imaginer, à créer aussi l'envers des mots, une sorte de voyage partagé.

B
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Hors ligne Aponiwa

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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #17 le: 13 octobre 2021 à 11:08:29 »
Oui, mais les plus amusantes sont les blagues sérieuses, bien sûr! ;)
Justement, le combat aurait pu être prétexte à une scène complètement farfelue. C'était sympa ton explosion de couleurs dans cet épisode, ça donnait justement des choses "à voir". Après, je trouve ton délire très sympa et je serai contente de lire la suite! :)
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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #18 le: 21 octobre 2021 à 12:13:43 »
Bonjour Basic,

Me revoilà pour la seconde partie du récit !
Comme d'habitude, déjà mes remarques au fil du texte :

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


D'un point de vue plus général, j'aime toujours autant l'atmosphère du récit.
J'aime les idées qui se dégage de l'ensemble, entre poésie et humour. :)

A bientôt ~
“A faint clap of thunder;
Clouded skies;
Perhaps rain comes – if so, will you stay here with me?”

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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #19 le: 21 octobre 2021 à 18:50:04 »
Merci BeeHa d'être passé.
J'ai corrigé... mordius !
Bon, et ton récit ?
B
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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #20 le: 22 octobre 2021 à 10:26:02 »
Bonjour Basic,

J'ai raccourci mon "Au fil du texte", n'ayant quasiment rien vu de "tiquant". :)

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


Plus j'avance, plus je trouve un quelque chose de La Horde du Contrevent, de Damasio. Ton texte est certes plus "léger" (dans le sens d'amusant) mais la construction sur les mots, un équipage et l'Histoire (oui, avec un grand "H", celle de l'univers en quelque sorte) qui se dégage en fond. Et je dois dire que ça me plaît beaucoup ça. :)


Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #21 le: 22 octobre 2021 à 16:49:33 »
BeeHa,

je ne sais pas si j'y ai mis tout ça. Le clin d'œil vers la horde me gonfle d'orgueil, comme un paon.

Voici le verso 6

[spoiler][Verso 6

La fissure débouchait sur une salle étrangement luminescente et de très grande dimension, mais nous n'eûmes point l'occasion d'user de nos talents d'arpenteur. Au centre de l'excavation s’élevait un escalier qui ne semblait mener qu'à la voûte, mais là non plus nous n'en admirâmes point la hardiesse architecturale tant notre attention se consumait sur un autre spectacle. Sur les marches, je dois avouer, se tenaient debout, assises ou allongées les plus belles créatures que j'ai eu l'heur de croiser, même dans mes vies antérieures.
Elles avaient corps proportionnés comme celui des femmes mais d’une texture et d’une tenure plus noble. Lorsque changeait la lumière, le grain de peau ou le satiné des courbes rappelaient la vivacité ou l’élégance sauvage d’un fauve. Leurs yeux moirés étaient plus grands aussi, leurs couleurs échappaient au règne du chromatique, il n’était pas de bleu, d’azur, de mer, ou d’émeraude mais d’ailleurs, peut être de nuées étrangères, arcs-en-ciel nés de lois physiques étrangères à la nature terrestre. Outre ces magnificences, les créatures n’étaient vêtues que d’ailes gigantesques qui paraissaient de plumes, de métaux, ou de gemmes, mais en tout cas souples et fluides comme des brumes, parfois liquides, parfois tranchantes et dures comme l’acier.
Nous n’osions bouger, de peur de briser ce moment, une attente toute semblable à celle précédent l’étreinte de l’amour ou de la mort. Puis peu à peu, un sentiment naquit en nos cœurs, perçant la coquille de notre ébahissement, une étrange jalousie, ou plutôt une aspiration… nous aspirions tous à être Marcilius gisant parmi elles, étendu de son long dans leur présence. Il ne manifestait rien de sa conscience de nous et semblait comme figé d’émoi. Peu à peu, je sentais en moi-même le désir d’abandon croître si fort, que mes jambes ne me soutinrent plus et qu’à mon tour je m’allongeai sur la pierre, je perçus alors sur ma peau et dans mes pupilles, la lumière de celles qui régnaient ici. Ce fut comme une source vive, une satiété, mêlée d’un sentiment de regret qui se dilua dans l’oubli du monde.
Puis alors que mon âme s'envolait ainsi dans ces cieux lumineux, soutenue par le sommeil lui-même comme par l’air, ou l’eau… il y eut une violente déchirure, le bruit insupportable d’une étoffe qu’on ouvre en deux presque dans votre oreille.
J’ouvris les yeux.
Roman de Gare n’était pas tombé ! Il n'avait pas cédé à l'outrageante fascination. Sous le charme mais encore debout, il avait réussi à mouvoir sa main et à ouvrir son manteau, puis, après de grands efforts il avait laissé choir une dague à gros mots qui en décocha un en se fichant au sol, une minuscule insulte :
- Méchantes !
Cette innocente injure résonna comme une déflagration, une onde surpuissante qui brisa la somnolence dans laquelle nous plongions.
Brusquement nos yeux s’ouvrirent encore s'ils s'étaient refermés, le plus souvent sur les mâchoires des femmes ailées, abominablement et démesurément ouvertes, offrant à la vue la dentition parfaite des prédateurs cruelles.
Je roulai sur le sol alors que l’appareil masticatoire d’une terrible femelle se refermait en un claquement sinistre. Je dégainai prestement deux de mes dagues à lancer qui atteignirent sans coup férir les deux yeux d’azur outre monde, en lâchant furieusement un « crève pétasse ! » et « ta mère est un cave ! » féroces. Autour de moi, mes compagnons agissaient de même dans un gras fracas d'armes et d'ailes, dans de grands miroitements d'outre couleurs. Pourtant, le combat tourna court et je me relevai pour voir s’envoler les créatures survivantes.
Les faux-anges se perdirent dans l’obscurité, nous entendîmes le battement de leurs ailes disparaître dans le lointain.
Nous nous précipitâmes vers notre Porteur de vers toujours allongé, la nuque maintenant posé sur les genoux de notre capitaine, Marcilius agonisait, blanc et presque aussi desséché que la cabrette à ouin ouin du grand pleureur à la porte des morts. Il me saisit pourtant par le col et m’attira vers ses lèvres.
- O mon ami, notre doux chroniqueur
Voici venue, c’est sûr, mon heure,
Alors note bien, frère, mon épitaphe !
Qu’on inscrive quelque part à bord
Et surtout sans faute d’orthographe,
« Ici vécut Marcélius né à Alzirabord
Et mort dans l’ombre pour la beauté.
Il fut parfois faible et cabotin,
Et il ne savait que dire des phrases,
Le plus souvent avec trop d’emphase,
Mal rimées et de pieds en nombre succinct.
Sachez pourtant qu’il pensait toujours bellement
Mais qu’il ne pouvait pas faire autrement. »

Sur ces mots mourut Marcelius et nous pleurâmes comme les veaux bleus du vieux Rabadimol dans le conte du même nom.
Roman de Gare nous laissa pleurer et pleura aussi puis quand nous fûmes essorés de larmes, il vint vers nous deux et flatta nos épaules.
- Allons fiers changuerriers, il est temps d’aller voir ce que réservent encore les ténèbres. Nous devons franchir ce Styx aux eaux noires pour l’âme de notre ami. Menons son souvenir et son chant à travers l’aventure.
/spoiler]
« Modifié: 25 octobre 2021 à 08:34:00 par Basic »
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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #22 le: 22 octobre 2021 à 18:47:34 »
Hello Basic,

La lecture de tes chroniques est toujours aussi agréable. La description des créatures très colorée et très réussie, j'aime beaucoup, même si elles ont tué le leveur de vers, les méchantes!

Quelques broutilles :

- voute : voûte

- "assises ou allongées les plus belles créatures que j'ai eu l'heur de croiser même dans mes vies antérieures. " : j'aurai mis une virgule entre croiser et même

- arc en ciel : avec des tirets, je crois

- manque pas un point? : "Il n'avait pas cédé à l'outrageante fascination Sous le charme mais encore debout, "

- "il avait laissè choir" : laissé

- "Voici venue c’est sûr, mon heure," : manque une virgule pour moi

Belle soirée à toi!  :)
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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #23 le: 23 octobre 2021 à 08:33:38 »
Merci encore à toi Aponiwa.

Je suis certain que le leveur de vers,  en lèvera un à ta santé de l'autre côté de la porte des morts, une fois supporté le ouin ouin de la cabrette et ciré sa moustache fantôme. (lui aussi en a une peut-être)
B
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Hors ligne Delnatja

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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #24 le: 23 octobre 2021 à 10:13:19 »
Bonjour Basic. Juste pour te dire que je continue à te lire et que j'aime ça.
Bonne journée.
Michèle

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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #25 le: 23 octobre 2021 à 12:51:44 »
Merci delnatja de faire partie du voyage.
B
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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #26 le: 23 octobre 2021 à 19:10:07 »
Tiens voici le 7 par la barbe du grand touilleur de rimes.

B

Verso 7

[spoiler][Verso 7

C’est ainsi que Roman de Gare enjamba le corps du poète et gravit les marches. L’escalier s’enfonçait comme une aiguille au travers de la voûte, il perçait la roche comme l’épais mystère, comme la peau du reptile, comme la carne du malin.
Nous montâmes donc alors que nous étions descendus.
Nos torches éclairaient les marches innombrables de cette spirale sans fin, nos jambes s’épuisaient à hisser nos corps dans ce périple, et le temps comme le sable perdit le compte des grains. Il nous sembla que cette ascension n’avait pas de fin. Encore une fois, nous n’étions plus régis par les lois naturelles, l'escalier nous emmenait dans la métaphysique, je ne savais plus si mes jambes tremblaient sous l'effort ou si la peur les privait de leur force.
Pourtant, cette épreuve cessa elle aussi, les marches échouèrent là où nous nous y attendions le moins, sur les berges d’une eau lumineuse ou d’un ciel. A partir du seuil s’étendait une immensité fluide déroulant des lingeries d’écume comme fait la mer, pourtant ce n’était pas la mer, ce n’était pas un ciel non plus, puisque cette eau avait densité et texture. Cela n’avait pas de limites hormis d’où nous venions et l’obscurité qui la dominait… il y avait cette étendue infinie et une infinie étendue de ténèbres par-dessus.
A cet instant nous manquèrent les rimes de Marcelius et le rire d’Astafort, à cet instant nous étions troublés et épuisés par les événements.
C’est dans ces temps là, bien sûr, que frappe la destinée… qu’elle décide d’accabler ou de favoriser, elle s’évertue à saisir les occasions les plus propices pour servir la légende.
Du plus lointain du ciel de ténèbres surgit un bourdonnement qui peu à peu devint assourdissant, il s’agissait des battements d’ailes de milliers de faux anges, emplissant les nues obscures d'un miroitement métallique. Il y en avait tant et tant que nous nous demandâmes comment les créatures ne s’emmêlaient pas dans leur vol. La nuit était pavée de femmes ailées aux regards d’azur extraterrestre, et toutes nous regardaient avec désir, toutes nous voulaient entre leurs dents.
Mais elles ne nous dévorèrent pas, dans un grand chamboulement de nos sens et de notre honneur, nous nous retrouvâmes bientôt en l’air, soulevés par les bras, ou les cheveux, ou les jambes, et elles nous emportèrent dans le lointain.

Nous volâmes ainsi dans la nuit comme en nous-mêmes, puis la nuée nous jeta brutalement sur un sol de pierre, quelques unes se posèrent autour de nous mais la plupart disparurent. Celles qui restaient nous regardaient toujours avec le même appétit, et ce trouble désir nous mettait mal à l’aise.
Dans la bataille, puis dans le vol nous avions perdu la plupart de nos armes, Bolirime avait sauvé une dague, mais il ne restait à notre capitaine et à moi-même que l’étui vide de nos sabredouilles.
- Ainsi nous allons mourir, croulant sous le nombre et dévorés tout vif entre ces lèvres purpurines. Cela ne se peut ! Il n’est pas dit que nous nous perdions dans la bouche de ces femelles. Un capitaine de galène ne peut faillir de la sorte. Il doit y avoir un virage quelque part dans ma destinée.

Le présent ne courba rien, il resta droit et sans coup d'œil sur les côtés. Tout était plat, mer lumineuse, ciel bas et noir de ténèbres, plateau de pierre gris jusqu’aux confins

/spoiler]
« Modifié: 27 octobre 2021 à 17:43:11 par Basic »
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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #27 le: 24 octobre 2021 à 18:24:29 »
Ola Basic,

Le suspens est insoutenable. Les faux anges vont-ils faire un barbecue avec Roman de Gare?  ;)

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #28 le: 25 octobre 2021 à 08:32:03 »
merci Aponiwa .

pour que tu passes un bon début de semaine sans que tu te tordes les mains d'angoisse pour les héros voici le verso 8

B

Verso 8

[spoiler][Verso 8

Alors que nous recommandions notre âme au dieu des poèmes et des proses, alors que déjà des plumes métaphoriques montraient le bout de leur duvet, nous entendîmes ce chant mille fois aimé, mille fois chanté :
« Nous sommes cavaliers des mers et servant juste cause,
Nous sommes le fier équipage de l’Ecume de prose. »
…encore lointain mais s’approchant sur la plaine, l’étendard debout et sous lui Astafort, minuscule dans le mirage, mais glorieux.
Nous nous frappâmes bellement sur les cuisses, nous jetâmes en l’air le fantôme de nos tricornes, du sable et des mots, et  nous nous appliquâmes à le héler du cœur, des mains et de la voix… c’est alors que Marcilius, mon ami mort, parla par ma bouche, et que de simple chroniqueur je devins leveur de vers. Je me mis à hurler, et mes mots résonnèrent comme la trompe du héraut :
- Je vois venant gaillardement de sur la plaine grise,
portant haut l’étendard et l’honneur du navire,
Astafort le fidèle, l’homme que rien ne grise
Surtout pas l’impossible, encore moins le pire.

Bientôt, nous nous embrassâmes à plein bras, émus aux larmes et riant et pleurant, et tout à nos retrouvailles nous entendîmes de derrière nous cette voix carnassière :
- Je voudrais surtout pas gêner mais vous avez rendez-vous.

Roman de Gare faillit de surprise, en perdre ses fanfrelantines, tant il pivota rudement sur lui-même. Nous pensâmes un instant qu’il s’en était vrillé la genouillette. Pour excuser la perte de galanterie de notre capitaine, j'avancerais la dureté des circonstances et le fait que la dame mordeuse avait drapé sa féminité dans ses ailes et grandement ouvert la bouche.
- Or donc, gourgandine affamée ! Tu m’aglaviches depuis ce tantôt. Je vais réduire ta mise à celle d’un oreiller dont on retire les plumes pour le remettre à neuf.
- Holà ! Beau merle ! gardes donc ta hargne et ta vigueur pour ton repas funèbre, en sachant surtout bien que tu seras peut-être élu comme dessert, au mieux comme hors d’œuvre.
- Elle n’est point née la donzaile qui percera de ses canines, la vêture de nuit que m’a donnée ma mère !
- Tu te trompes mon gougeât… si nous devions goûter ta triste chair cela serait fait déjà. Ce n’est point nous qui rongerons tes os, mais notre saint patron, notre grand commissaire.
- Et où siège donc ce poussah ? Que je l’admoneste, le recroqueville, le massacraléve…
- Ne crains rien il arrive, autant le dire tout net, c’est tout comme, c’est comme si c’était fait, c’est à l’instant, c’est lui… le voilà, il est là !

Et tomba du ciel une chose lourde.
Avec un grand poids arriva le poussah, si énorme que le monde se fendit de l’obole d’un tremblement. Sa voix était le tonnerre, mais continu... le tonnerre d'un orage qui n'est qu'un grand éclair. Pourtant nous ne le vîmes point mais sa présence nous écrasait.
- Que viennent donc faire ici, des gens civilisés ? Rien n’est bon sur cette terre, il n’y a ni goût, ni parfum aux choses.  dit le Poussah et si terriblement que nous en fumes assourdis à en glinguer la boite à rimes.

Nous nous étions accroupetissés sur le sol, tant d’effroi que d’obligeante servilité. La chose lourde avait la senteur et l’étoffe d’un dieu, une soie cousue d’or et d’étoiles, matelassée d’éther et d’infini.
Nous ne nous disputâmes pas la parole et par élimination ce fut Roman de gare qui dut répondre. Il gloussa tout d’abord quelques voyelles tant la peur lui rapetaillait la gorge puis enfin :
- Ce n’est que nous Seigneur ! Les gens de la galène l'Ecume de prose !
- Qu’est-ce donc ?
L’étendard à la question, répondit sans honte de sa voix de stentor si fluette sous l’ouragan et pourtant le rouge nous vint au front :
- « Nous sommes cavaliers des mers et servant juste cause,
Nous sommes le fier équipage de l’Ecume de prose. »
Alors le dieu se mit à rire, et la mer et la terre, et les faux anges et nous-mêmes, roulèrent de ci de là comme sur la table du mess de la galène les couverts et les plats, par un jour de tempête.
/spoiler]
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Re : chroniques de la galène "l'écume de prose"
« Réponse #29 le: 25 octobre 2021 à 11:11:50 »
Bonjour Basic,,

C'est parti pour la suite, toujours aussi plaisante ! :D

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


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