Une tentative de poème barbare pas mal inspirée de Césaire et Senghor :
Ces larmes que je souillais de ton sang – Sukaena ! –, c'étaient
la dernière part infime de mon enfance ! la
mélodie tremblotante des flûtes et le rythme délirant des tambours ! le
salut des toucans et l'ivresse du soleil ! claironnant et frappant la terre matinale !
la cime des arbres et les habitations volages !
que nous déplaçons dans l'année aux vents des marchés et des pâturages !
des véhémentes tempêtes de la géopolitique tribale !...
Profusion et ferveur en toutes choses ! Entre le sein maternel et la mort sauvage...
Ces larmes que je souillais de ton sang, mère assassinée me vouant aux mânes !
du carnage et de la haine ! Ces
tous petits grains de sel humides avec lesquels s'en allait toute mon enfance – le long de mes joues meurtries, sur ton sein crevé –
sont autant de poignards et de lances pour s'abattre dans la chair flasque de leurs chiennes de femmes !
les mains et les nez de leurs si tendres enfants !
le corps pubère de leurs enfant aîné ! dont nous pendrons les couilles après le spectacle jouissif de l'incendie familial ! leurs
cœurs et leurs foies, fraîchement extirpés des carcasses palpitantes, que nous croquerons à pleine dent au sommet de la nuit embrasée ! jusqu'à pâmoison !...
Et puis, mère adorée, je porterai sur ta tombe une couronne en feuilles de bananier, purifiée par un fin limon de sésame.
Et j'aimerai mon garçon et ma fille, ma femme et l'ensemble de ma fratrie.
Et je prierai Dieu et apprendrai la sagesse, quand mes jours seront vieux.