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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Jalousie meurtrière.

Auteur Sujet: Jalousie meurtrière.  (Lu 2035 fois)

Hors ligne Cinnamon

  • Plumelette
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Jalousie meurtrière.
« le: 28 décembre 2016 à 17:01:39 »
Elle est assise au pied du lit,le regardant dormir. Très délicatement, elle soulève les rideaux. Elle l'entend gémir. Alors elle se rapproche, son corps contre le sien, sa tête enfouie dans son cou brûlant.
Elle chuchote dans le creux de son oreille :
« Dis-moi que tu m'aimes »
D'un murmure, il lui répond :
« Je t'aime ».
Elle sourit et lui croit aveuglement qu'elle est heureuse. Sous son sourire mielleux, son corps tremble de rage. Sous ses habits qu'elle revêt tous les jours de femme heureuse, la vérité tente de s'échapper et comme si elle le pressentait, elle retient son souffle. Elle veut l'étrangler, lui qui dort paisiblement. Lentement, une voix dominatrice a eu le temps de s'infiltrer dans sa tête.
"Tu attendais une autre réponse. Tu voulais qu'il te regarde et qu'il te dise la vérité ? Tu es idiote. Tu penses peut-être que tu es la seule à ses yeux ? Arrête de te voiler la face. Tu sais pertinemment ce que tu as vu, hier soir. Admets-le. Tu ne veux pas ? Oh, tu penses peut-être que la fille qu'il a vue en douce, pensant que tu étais au travail, était une simple connaissance ? La blague. Si c'était le cas, il t'en aurait parlé. Mais regarde ! Regarde-le. Il dort à poings fermés, heureux de sa tromperie. Mais toi, tu le sais n'est-ce pas ? Il ne t'aime pas. Tu ne seras jamais LA fille, l'unique à ses yeux. Jamais il ne te regardera comme il l'a regardé, elle. C'est ça, continue de fermer les yeux. Tu es inutile et tu te complais dans cette nullité affligeante. Tu n'as plus aucun honneur, tu n'es qu'un chien accroché à son maître, persuadé d'un amour que tu crois infini. Tu es stupide. Il ne t'aime pas, il t'a simplement répondu par politesse. Après tout, qui voudrait d'une fille comme toi ? Tu ne me crois pas ? Regarde son téléphone. Il est posé sur la table de nuit. Mais ça, tu le sais bien, pas vrai ? Ça te démange. Fouille-le, et tu sauras la vérité."
En un mouvement mécanique, elle prend d'une main le portable et commence à regarder ses messages.
Elle lit, analyse chaque détail.
D'un coup, elle sursaute.
« Qu'est-ce que tu fais ? »
D'une rapidité déconcertante, elle remet l'objet du crime à sa place et le regarde tendrement.
« Rien, rendors-toi »
Elle saisit un oreiller, attend quelques minutes. Il est tellement beau, quand il dort. Doucement, elle place l'oreiller sur son visage. Il commence à se débattre. D'une sûreté terrifiante, elle n'a aucun regret à le regarder mourir. Alors qu'il lâche son dernier souffle, elle murmure :
"Je t'aime, mon amour."
Les rideaux tombent, les spectateurs applaudissent. Les deux acteurs se redressent et quittent la scène.

Dans la salle, le mélange de sueurs et de parfums rend l'air irrespirable. Sans dire un mot face aux tonnerres d'applaudissements, elle sort dans la rue.  Silencieusement, elle allume une cigarette. Machinalement, quand elle se brûle les lèvres, proches du filtre, elle la jette par terre et en reprend une autre. Puis une troisième.  Jusqu'à ce qu'elle puisse enfin respirer.
Cette pièce de théâtre, elle la connaît du bout des doigts, elle l'a jouée des centaines de fois devant des spectateurs et seule, face à son miroir, seule face à son conjoint. Cette voix-off animée par un acteur en manque de succès n'est qu'une imitation de son propre mal-être.
 Mais aujourd'hui est un jour différent, car elle sait comment atténuer ce mal qui la ronge depuis des années. Ou plutôt : Elle sait comment l'éradiquer.
D'un pas décidé, elle jette sa cigarette et s'apprête à rejouer son rôle à nouveau.

Sans qu'elle ait pu l'apercevoir, il s'approche d'elle et chuchote : « Tu sais, j'ai crû que tu voulais réellement me tuer »
Elle le regarde intensément mais son esprit est ailleurs. Elle sort un objet de son sac à main et s'avance mollement.
Il est paniqué, sa voix tremble. Il commence à reculer.
« Chérie, qu'est-ce que tu fais ? »
Elle esquisse un sourire tout en continuant d'avancer.
« Rendors-toi. »
« Modifié: 31 décembre 2016 à 01:38:44 par Cinnamon »

Hors ligne fabrizzio

  • Tabellion
  • Messages: 51
Re : jalousie meurtrière.
« Réponse #1 le: 30 décembre 2016 à 20:44:32 »
J'aime bien ta description de la jalousie comme un serpent venimeux qui entre dans la tête. Le coup de théâtre  ;) de la première partie est très bien vu. Et le fait d'enchaîner ainsi deux scènes de meurtre c'est une très bonne idée. Après, je trouve que la deuxième partie est peut-être un peu trop rapide, peut-être aménager un petit suspense pour qu'on puisse "souffler" entre les deux parties, et/ou expliquer pourquoi elle veut le tuer.
Sinon il y a quelques menus détails comme un espace après la virgule (à un ou deux endroits dans le texte il me semble), et une faute d'orthographe "Dis-moi que tu m'aimeS" ;) , je n'ai pas tout relu en détail voir s'il y en a d'autres...

Hors ligne Cinnamon

  • Plumelette
  • Messages: 14
Re : jalousie meurtrière.
« Réponse #2 le: 30 décembre 2016 à 23:21:08 »
Merci de ta réponse.
Je suis assez d'accord sur la seconde partie, en y réfléchissant, j'ai fait un rajout dans l'histoire, entre la première et la seconde partie pour expliquer son comportement. J'ai aussi corrigé les fautes. :)
 Si vous avez des suggestions ou des idées pour améliorer mon texte et rendre l'histoire plus complète, vous qui me lisez, je vous accueille à bras ouverts !  :D
« Modifié: 31 décembre 2016 à 00:58:57 par Cinnamon »

Verasoie

  • Invité
Re : Jalousie meurtrière.
« Réponse #3 le: 02 janvier 2017 à 02:36:26 »
Salut et bienvenue !

Citer
Cette voix-off animée par un acteur en manque de succès n'est qu'une imitation de son propre mal-être.

Je sais pas pourquoi tu précises "en manque de succès", ça me paraît pas avoir grand-chose à voir avec la choucroute, enfin, j'ai l'impression que c'est très rhétorique comme remarque...

Citer
« Tu sais, j'ai crû que tu voulais réellement me tuer »

J'ai cru


J'ai un petit doute sur le format pièce de théâtre parce que perso j'imagine pas trop une scène pareille passer au théâtre (genre les deux acteurs dans le lit -> soit on voit que leurs pieds, soit que leur tête, soit que la tranche d'un des deux...). Pareil pour son monologue intérieur... Je trouve que le format tournage de film serait plus adapté, en plus là ce serait pertinent qu'il y ait une "voix off" (dont tu parles après). Enfin voilà mon ressenti perso sur ce détail.

Après, le reste, c'est classique mais bien mené, avec les deux chutes, c'est sympa, mais je pense que tu peux essayer de sortir plus des clous, par exemple en approfondissant tes personnages (les pauvres n'ont même pas de nom ^ ^). Pour moi y'a rien d'ultra-surprenant dans ce texte mais c'est un bon exercice de style : )

Hors ligne fabrizzio

  • Tabellion
  • Messages: 51
Re : Jalousie meurtrière.
« Réponse #4 le: 02 janvier 2017 à 12:23:56 »
Bien pour la 2ème partie  ;) . La remarque de Verasoie est assez juste et bien que ça ne gêne pas la lecture, il y a là peut être un problème de cohérence car on n'imagine pas en effet que cela puisse être joué au théatre, l'idée d'un tournage de film est donc mieux adapté il me semble.

Hors ligne Cinnamon

  • Plumelette
  • Messages: 14
Re : Jalousie meurtrière.
« Réponse #5 le: 03 janvier 2017 à 17:10:03 »
Pour répondre à ta question, elle ne peut plus supporter cette voix qui lui rappelle constamment que son conjoint ne l'aime pas comme elle voudrait être aimée. Imagine cette voix comme étant la même sensation  désagréable que des acouphènes. Au début, quand ça ne dure que quelques secondes, tu attends bien sagement que ça s'arrête . Mais quand ça dure des mois entiers, ou des années au point de ne plus pouvoir respirer normalement, que ça te tue à petit feu, tu décides d'agir. C'est plus une paranoïa mélangé à de la jalousie. Et c'est aussi pourquoi j'ai énormément de mal à expliquer cette décision violente de le tuer, mais que je cache beaucoup de détails sur ce qu'elle ressent.

Hors ligne fabrizzio

  • Tabellion
  • Messages: 51
Re : Jalousie meurtrière.
« Réponse #6 le: 03 janvier 2017 à 17:58:24 »
Peut-être que justement ce que tu expliques là pour justifier son passage à l'acte mériterait peut-être d'être davantage explicité, je ne sais pas...
« Modifié: 03 janvier 2017 à 18:01:31 par fabrizzio »

Hors ligne leeanne

  • Plumelette
  • Messages: 7
Re : Jalousie meurtrière.
« Réponse #7 le: 03 janvier 2017 à 21:16:09 »
J'ai trouvé ça très agréable, j'aime bien l'idée de "débarquer" dans le récit ainsi, on ressent vraiment les émotions et les pulsions de ton personnage ! Bravo en tout cas :)

Grange

  • Invité
Re : Jalousie meurtrière.
« Réponse #8 le: 05 janvier 2017 à 20:58:56 »
La proposition de Verasoie sur le cadre de l'histoire (cinéma plutôt que théâtre) me semble une très belle idée. Tu devrais y réfléchir ;)
Quelques petites fautes d'orthographe ont été signalées. Prends l'habitude d'utiliser un correcteur orthographique c'est tellement plus agréable de lire un texte sans fautes!


Hors ligne Dot Quote

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Re : Jalousie meurtrière.
« Réponse #9 le: 21 août 2020 à 04:36:29 »
je rejoins Verasoie :

Citation de: Verasoie
Pour moi y'a rien d'ultra-surprenant dans ce texte

le propos reflété dans un titre tellement poncé qu'aucun des concerné n'aurait à justifier le crime passionnel qui en découle, la violence du ressenti, l'injustice qui en est la cause, le système qui le permet, le valorise inconsciemment, l'entretient et parfois, le légitime par une morale, celle de la jalousie oui, le tu-m'appartiens, le que-toi-et-moi, le jusqu'à-ce-que-la-mort-ne-nous-sépare-plus, le quoi d'autre...

bref, la possession, c'est le pouvoir, et quand on possède une vie, on possède la mort

un peu allergique au propos qui me permet pourtant de réagir
merci
"listen to the land of snow, it makes no sound"
time - wintersun

 


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