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03 mai 2024 à 10:56:40
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Auteur Sujet: Pas un bon jour pour tuer (public averti)  (Lu 1548 fois)

Hors ligne Paloma

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Pas un bon jour pour tuer (public averti)
« le: 09 octobre 2020 à 19:00:27 »
Bonjour :)

Je viens de terminer cette nouvelle et je souhaiterais l'améliorer. Merci à ceux qui voudront bien la lire, et encore plus à ceux qui me feront un retour, positif ou négatif (en toute civilité bien sûr)   ;)
N'hésitez pas à souligner les incohérences, fautes de syntaxe, les tournures qui vous dérangent.

Bonne lecture :)

Attention : ce texte traite de violences conjugales et comporte des scènes relativement gores.



Pas un bon jour pour tuer

Myriam Brun s’adossa contre le réfrigérateur, les yeux révulsés, la respiration haletante, sa poitrine prête d’exploser. Elle ferma les paupières puis les rouvrit, dans l’espoir que la scène sous ses yeux se fût évanouie en ce court laps de temps, mais il n’en fut rien : le sang éclaboussait les murs, le couteau de cuisine gisait à ses pieds et surtout, le corps reposait toujours sur le sol, sa tête auréolée d’une flaque rouge qui s’étendait progressivement vers elle.

« Putain… putain… »

Elle eut juste assez de temps pour atteindre l’évier avant qu’une vague de nausée ne lui fît rendre l’entièreté de son diner. D’un geste vif, elle écarta les quelques mèches de cheveux qui retombaient autour de son visage, et considéra d’un regard vide ce qu’elle venait de régurgiter.

« Putain… »

Si l’odeur lui arracha un nouveau haut-le-cœur, son estomac désormais vide n’avait plus que de la bile à offrir, dont le goût âcre envahit sa bouche avant de se déverser au fond de l’évier. Pantelante, la jeune femme fit couler un filet d’eau du robinet et entreprit de se laver la bouche. Des larmes chaudes glissèrent sur ses joues, simple réflexe dépourvu de charge émotionnelle alors que son esprit émergeait péniblement du brouillard. Elle n’était pas encore sûre que ce qu’il venait de se passer relevait bien de la réalité ou d’un cauchemar dont elle s’éveillerait bientôt…

« Putain… J’ai fait quoi là… C’est pas possible… Merde, merde, merde ! »

Elle cracha une dernière gorgée d’eau, poussa un profond soupire puis, lentement, elle se retourna.
La lueur jaunâtre du plafonnier plongeait la cuisine dans une ambiance lugubre et sale qui, même avant cette nuit-là, n’avait jamais paru accueillante. Elle accompagnait désormais parfaitement l’hideux spectacle qui s’y déroulait, projetant sur les murs l’ombre agrandie du moindre objet, pour n’éclairer vraiment que l’homme étendu sur le carrelage dans une position grotesque et la lame rougie du couteau à côté de lui. Aux pieds d’un mur étaient dispersés les débris d’une assiette ainsi que son contenu. Sur le plan de travail gisait une barquette de steak dont le film plastique avait été en partie ouvert.

La jeune femme s’approcha prudemment, s’accroupie et d’une main tremblante, saisit le poignet le plus proche de sa portée, prête à bondir en arrière au moindre signe de vie. La chaleur écœurante de la peau contre ses doigts moites de sang lui arracha un frisson, mais aucune réaction n’agita le corps. Pas un bruit. Pas un mouvement.
A peine soulagée, elle posa l’index et le majeur de son autre main dans le creux où l’artère radiale devait circuler, guettant une pulsation, même infime. Aucun pouls ne vint battre contre la pulpe de ses doigts.

« Putain ! Pierre… »

Un râle profond, inhumain, s’échappa de sa gorge : elle venait juste de tuer son mari. Cette idée força les remparts de son esprit, qui malgré tout résistait encore face à l’évidence. L’homme dont la seule vue la terrifiait, dont la voix éveillait une peur ancrée jusque dans ses os, cet homme-là gisait sur le sol de sa cuisine, le ventre et la gorge ouverts.

Le sol se déroba sous les jambes de Myriam et son dos vint buter contre un placard tandis qu’elle s’écroulait sur son séant. Ses pantoufles tracèrent des sillons dans la mare de sang frais, et elle sentit son jean se gorger sous ses fesses. Nouveau haut-le-cœur. Elle inspira profondément, espérant calmer la vague de nausée, mais l’odeur métallique du sang amplifia son dégoût. La tête du macchabée, tournée dans sa direction, la fixait à travers ses paupières mi closes, sans la voir. Un filet de bave coulait au coin de sa bouche. Un ricanement lui échappa.

« Tu fais moins le fier là où tu es salopard ! »

La haine émergea enfin, balayant un court instant tout autre émotion. Le ressentiment que cet homme avait pu lui inspirer au cours des cinq dernières années jaillit dans toute sa crudité, provoquant en elle une extase jubilatoire qui, si elle avait perduré, l’aurait rendue indifférente aux conséquences de son acte. Cela ne dura cependant que quelques secondes, juste le temps pour que sa conscience reprît le dessus. Tous les autres facteurs que sa haine avait éclipsés s’imposèrent en même temps à elle. La prison. Les regards accusateurs. Le blâme. Ce mot qui ne la quitterait plus : meurtrière.

Elle se releva péniblement, luttant pour ne pas glisser malgré le tremblement de ses chevilles et le liquide poisseux sous ses semelles, appuya son dos trempé contre le plan de travail de la cuisine, tendit l’oreille. Aucun son ne lui parvenait du dehors, si ce n’étaient les bruits ordinaires de la nuit – le crissement d’un criquet dans un jardin, une musique lointaine, un éclat de rire… La plupart des maisons étaient encore allumées à cette heure-ci, mais personne ne semblait avoir été alerté par ce qu’il s’était passé à cette adresse. Rien d’étonnant, si on y réfléchissait bien. Tout s’était passé vite : le fracas de la vaisselle brisée contre le mur, quelques sanglots, un éclat de voix plus fort que les autres, puis plus rien. Les voisins étaient habitués à plus de raffut, à supposer qu’il existait un seuil de décibels pour lequel ils seraient intervenus. Personne n’avait jamais toqué à l’entrée pour vérifier si tout allait bien, et encore moins avait appelé la police. Pourtant, Myriam aurait mis sa main à couper que tous (à part peut-être le fils handicapé de la famille Deschamps) savaient parfaitement ce qu’il se passait sous ce toit, ce qui signifiait que tous avaient consciemment choisi de faire comme si de rien n’était.

Pouvait-elle cependant leur en vouloir d’avoir peur d’intervenir, quand l’idée-même de son mari la terrorisait ? La jeune femme rechignait à trouver une excuse pouvant atténuer la haine qu’elle ressentait pour tous ces gens bien respectables qui l’avaient laissée à son calvaire ; toutefois, certains regards peinés ou encore certaines paroles avaient pu évoquer au fil des années une forme de soutien voire de réassurance.

Cela n’avait néanmoins pas plus apaisé la peur qu’empêché les coups de tomber…

En revanche, force était de constater que ce soir-là, la surdité manifeste de ses voisins l’arrangeait. La maison était vide, et pour l’instant une seule personne était au courant du cadavre étendu dans cette cuisine : elle.

« Bien… Maintenant je fais quoi ? »

La question s’imposait plus que sa réponse. La solution la plus logique consistait sûrement à se ruer sur le téléphone (sur le meuble dans le hall, là où Pierre lui ordonnait de le poser une fois rentrée du travail) et d’appeler la police, en espérant que les témoignages de violence ainsi qu’un bon avocat convaincraient le juge de sa légitime défense. Elle se vit debout au tribunal, racontant pour la centième fois la même histoire, cuisinée tour à tour par la défense, le juge et dieu sait combien d’autres personnes, sachant que le moindre faux la mènerait derrière les barreaux.

Non… Ses nerfs ne tiendraient pas le choc. Impossible.

Il restait une autre éventualité : cacher le meurtre. Autour de la ville s’élevaient de nombreuses collines, certaines suffisamment escarpées pour offrir des points de vue imprenables sur la vallée en contrebas. A ces endroits, le vide semblait vous happer, même quand vous étiez installé bien sagement derrière les barrières de bois disposées pour empêcher les gens de trop s’approcher du ravin. Peut-être pouvait-elle précipiter le corps depuis cette hauteur, simulant une mort accidentelle ?

Cette idée lui arracha un hoquet nerveux et elle prit conscience qu’elle se trouvait au bord de la crise de panique. Ses mains se resserrèrent sur le plan de travail de la cuisine, laissant une trace vermeil sur le bois synthétique. Le sang autour du corps avait cessé de s’étendre, se figeant en une large mare coagulante.

« Putain… Faut que je nettoie ça… Par où je commence… Je sais pas quoi faire… Ressaisis toi Myriam putain, c’est ça où tu meurs ! »

Sous une impulsion soudaine – l’adrénaline peut-être – elle commença à agir. Sans but précis au départ, les idées trop confuses pour concevoir un plan solide, elle enjamba le cadavre, évitant avec soin la flaque rouge sombre sur laquelle se reflétait de façon imprécise la lumière du plafonnier, puis retira ses pantoufles, son pantalon trempé de rouge, son teeshirt parsemé des giclures provoquées par les coups de couteau, pour ne garder que ses sous-vêtements. Ces derniers n’avaient pas été épargnés par le sang, mais elle préféra les garder pour ce qu’elle avait à faire. Ils rejoindraient le reste après, dans la poubelle. 

Dans le garage se trouvait une bâche, qu’ils avaient utilisés une fois en camping, à une époque qui semblait si lointaine à Myriam qu’elle concevait difficilement que ces souvenirs pussent lui appartenir. Ça ne remontait qu’à cinq ans, et pourtant combien de choses pouvaient changer en seulement cinq ans… On pouvait passer de la plus joyeuse des béatitudes à un enfer de chaque instant, d’une insouciance infantile à une crainte perpétuelle, d’un amour absolu à une haine insondable. Et alors s’évanouissaient les bonheurs d’autrefois, les soirées en tête-à-tête, les journées qui passaient en un coup de vent, les nuits passionnées. Jusqu’à ce week-end si merveilleux où Pierre avait mis un genou à terre devant le restaurant du camping où ils logeaient depuis la veille, une vingtaine de convives inconnus attablés pour un barbecue pour lui servir de témoins et, alors que le crépuscule recouvrait délicatement la campagne environnante, sous les effluves de la viande grillée, de l’herbe fraiche et de l’eau d’une rivière qui coulait à seulement quelques pas, il lui avait demandé de devenir sa femme.

Ce jour-là, elle avait cru exploser de bonheur. Et pendant quelques temps, elle avait été heureuse.
Il lui était difficile de déterminer quand cela avait pris fin, quand exactement le malaise s’était installé… Peut-être lorsque Pierre avait été licencié, quelques mois plus tard ? Ou à partir du moment où il avait trouvé ce job deux fois moins payé que le précédent, dans cette entreprise de programmes informatiques dont le directeur avait presque toutes les caractéristiques d’un sociopathe ? Chacun considère et vit la déchéance à sa manière, et si Pierre avait légèrement augmenté sa consommation de bière durant cette période, ce n’était pas dans l’alcool qu’il avait trouvé refuge. Sans qu’il eût besoin d’en dire beaucoup, Myriam avait rapidement compris que chaque jour au travail ouvrait la voie à un florilège d’humiliations répétées ; l’unique moyen qu’il avait alors trouvé pour supporter l’insupportable avait été de ramener ces humiliations sous son toit.

Le changement avait été radical : les compliments et marques d’affections s’étaient raréfiés, laissant place à des remarques acerbes et des propos où le dégradant se mêlait à la culpabilisation. La peur s’était installée. La moindre phrase pouvait être détournée, engendrant une dispute. Elle avait cru que ce n’était qu’une passade, que son mari traversait une phase difficile. Il n’en avait été rien. Une porte avait été ouverte sur un gouffre dont on ne remonte pas, où l’on ne peut que tomber toujours plus profond.

Ils avaient donc chuté ensemble, s’enfonçant dans un abime sans fin. Il pouvait y avoir des périodes de paix, comme le calme avant la tempête, mais le retour à la réalité n’en était que plus violent. Les larmes ne séchaient que pour mieux couler de nouveau.

Puis un jour les paroles n’avaient plus suffi, et les coups avaient commencé à tomber.

Myriam ouvrit la porte du garage ; un souffle glacé effleura sa peau nue. Elle se sentit soudain infiniment vulnérable dans ses sous-vêtements poisseux, seule face aux ténèbres. Sa main gauche chercha l’interrupteur dans le noir. L’idée de laisser des traces de sang la traversa, qu’elle la balaya aussitôt : elle repasserait nettoyer quand ce serait le moment. Elle passerait toute la maison à la serpillère s’il le fallait. Sa priorité n’était pas encore là.
L’ampoule fixée au plafond inonda le garage d’une lumière encore plus sinistre que celle de la cuisine, révélant la voiture de Myriam, qu’elle ne sortait que pour aller au travail, et disposés sur des étagères, tout un ensemble d’objets qui ne servaient plus depuis des années. Si elle avait à la longue cessé de leur prêter attention, ce soir-là, les souvenirs rejaillirent par dizaine à leur vue, comme si une soupape les avait jusqu’alors retenus. Un sanglot se bloqua dans sa gorge, qu’elle contint avec peine.

« Bon… La bâche. »

Cette dernière se trouvait en haut d’une étagère, enroulée sur elle-même. Myriam dût se hisser sur la pointe des pieds pour l’atteindre et la faire rouler vers elle, avant de l’attraper juste avant qu’elle ne chutte au sol.
Nombreux étaient les films décrivant comment faire disparaître un corps avec des techniques rivalisant d’originalité : le faire fondre dans de l’acide fluoridrique, le donner à manger à des convives, ou plus simplement couper les membres et la tête afin de faciliter le transport vers une cachette éloignée de toute manifestation humaine. Seulement, Myriam ne tenait pas de restaurant et n’avait comme produit le plus corrosif qu’une bouteille de destop rangée sous l’évier ; quant à posséder une hache ou une scie…

De retour dans la cuisine, elle considéra la masse étalée de son mari : un mètre quatre-vingts, quatre-vingt-dix kilos de muscles à moitié fondus et de ventre à bière. Il fallait se rendre à l’évidence : il lui serait impossible de le déplacer discrètement hors de la maison. Ce qui excluait d’utiliser la voiture de Pierre, sa petite fierté exposée sur le trottoir à la vue de tous.

Elle s’adossa contre un mur, songeuse. L’action l’avait presque calmée, si l’on excluait le tremblement persistant de ses mains, et ses idées émergeaient enfin du brouillard confus qui l’avait jusque-là guidée. Alors qu’elle s’abîmait dans sa réflexion, l’échafaudage se son plan se précisa et après de longue minutes, elle se redressa, prête à passer à agir.


L’angoisse de laisser des traces était telle que Myriam eut recours à un drap, qu’elle étendit sur la bâche avant de faire rouler sur l’ensemble le cadavre encore plus lourd qu’escompté de Pierre. Quelques taches vinrent rougir le drap, quoique moins qu’escompté : le sang avait presque entièrement séché. Elle disposa ensuite des sacs poubelles sur les membres et la tête, avant de refermer son étrange linceul à grand renfort de ruban adhésif disposés au niveau du cou et des chevilles. Quand elle s’écarta, pantelante et couverte de sueur, elle constata non sans ironie que le résultat ressemblait à un mélange entre un paquet cadeau noué d’une main peu experte et un énorme sashimi.

Un nouveau drap vint tapisser le coffre de sa propre voiture, située dans le garage à l’abris des regards, puis vint la longue entreprise d’y charger le corps sans vie. Le début ne se révéla pas le plus dur, car il suffisait de trainer l’étrange fardeau sur le sol, néanmoins quelques pauses furent nécessaires, durant lesquelles elle s’asseyait à côté du sinistre empaquetage, essoufflée, en se demandant comment elle avait bien pu en arriver là.
Plus précisément, comment un steak trop cuit avait pu la mener dans ce pétrin…

Pierre tenait à ce que ses repas fussent comme il le souhaitait. Myriam avait appris à laisser ses goûts personnels au placard, pour n’acheter que ce qui serait indubitablement validé par son mari. Ce dernier consultait systématiquement la note du magasin, au moment où elle lui rendait la carte de crédit qu’il ne lui cédait que pour les courses. Parfois un produit de première nécessité devenait superflu du jour au lendemain, suivant une logique aussi imprévisible que les conséquences qui en découlaient… Quant à cuisine, elle se devait d’être parfaite.
Ce soir -là, alors que Myriam venait de déposer une assiette devant son mari, lequel venait d’avaler une gorgée de sa bière à même le goulot, quelque chose avait alerté la jeune femme. Cela faisait plusieurs jours qu’elle sentait la menace couvrir, prête à exploser le moment venu, toutefois elle ne sut jamais quel signal son instinct avait-il pu percevoir – le bruit trop brusque du verre contre la table lorsque Pierre avait reposé la bouteille, ou le son guttural qui s’était échappé de sa gorge ? Quoi qu’il en fût, ses jambes avaient spontanément reculé vers le plan de travail, l’éloignant au maximum de l’homme attablé au milieu de la pièce. Ce dernier avait considéré son steak et ses pommes de terre avec un long silence puis d’un geste avait envoyé valser l’assiette contre un mur.

- Tu t’fous d’moi ?

Soudain pétrifiée, Myriam n’avait pas su répondre. Elle avait vu son mari se lever, repoussant violemment sa chaise, et la toiser d’un air menaçant. Il ne l’avait pas approchée – pas tout de suite – mais son poing serré jusqu’à en trembler ne laissait plus aucun doute sur l’issus de la discussion.

- Dis le, avait-il poursuivi.

Sa voix ne se résumait qu’à un sifflement savamment étudié, prémices d’un déchaînement imminent.

- Dis-le, tu te fous d’moi ?

Si elle ne répondait pas, les coups partiraient directement, Myriam le savait mais elle avait eu beau rassembler toutes ses forces pour produire un son, ce dernier avait sonné à ses oreilles comme le couinement d’une souri prise au piège face à un chat. Son menton tremblait hystériquement et ses jambes parurent se liquéfier sous elle.

- Je… Non… Qu’est-ce que…

- Je bosse toute la journée, et tu piges bien j’espère que je gagne plus que toi avec ton boulot d’aide-soignante de merde, hein ? Donc on est d’accord que c’est moi qui t’paye cette baraque, la bouffe que tu grailles, les fringues que tu portes et j’en passe ?

La jeune femme n’avait su qu’acquiescer, s’abstenant de préciser qu’elle travaillait comme infirmière et non comme aide-soignante. Pierre aimait à dire que c’était la même chose, et le contredire à ce moment-là aurait été du suicide.

- J’te d’mande pas grand-chose putain ! avait explosé son mari.

Dans un sanglot, Myriam avait demandé ce qui n’allait pas, générant sur le visage de l’homme furieux une expression de profond dégoût mêlé d’incrédulité.

- Tu m’prends vraiment pour un con !  Tu t’rends pas compte, j’en peux plus moi d’tes conneries ! Quand j’rentre du boulot, j’veux juste être tranquille, me reposer d’ma journée, et toi tu fais tout pour m’emmerder, continuellement !

- Je cherche pas à t’emmerder Pierre, avait-elle gémi.

Son sacrum avait heurté le bord de l’évier, au fond duquel elle avait vu en un léger coup d’œil le reflet de l’économe et du couteau de cuisine qui avaient servi à cuisiner les pommes de terre. Qu’elle eût pensé à utiliser l’un de ces ustensiles pour se défendre aurait été une exagération ; la peur paralysait tant son esprit qu’il était déjà miraculeux qu’elle parvînt à prononcer une phrase cohérente. Plusieurs fois elle avait souhaité la mort de son mari, souvent suivie de la sienne, mais ce n’étaient que des pensées furtives, nées d’une haine reléguée au plus profond d’elle-même. Cependant, il était probable que l’image d’elle-même prenant le couteau de cuisine au fond de l’évier, quoique presque immédiatement refoulée, eût germé à ce moment-là, et que ceci eût plus ou moins consciemment influencé le cours des événements.

Car lorsque Pierre avait finalement lâché, comme une évidence, les raisons de sa rage – à savoir qu’elle avait cuit son steak à point alors qu’il l’aimait saignant – la jeune femme s’était précipitée dans un élan désespéré vers le frigidaire d’où elle avait sorti une nouvelle barquette de steak. Puis, s’aidant du couteau de cuisine récupéré dans l’évier, elle avait entrepris d’ouvrir le film plastique.

- Attends mon chéri, je vais te préparer un nouveau st…

La gifle avait jailli de façon si imprévisible qu’il lui avait fallu quelques secondes pour sentir la douleur s’épanouir sur sa joue. Le choc l’avait fait reculer vers le plan de travail, sur lequel la barquette de steak était tombée dans un bruit mat, mais le couteau était resté dans sa main, renvoyant sur le ventre de Pierre le reflet du plafonnier. Jugeant sûrement que son épouse ne se défendrait pas, même armée, il s’était rué sur elle, s’arrêtant juste assez pour que sa masse la domine sans l’écraser complètement. Il l’avait poussée contre les meubles de la cuisine, l’obligeant à se courber en arrière. Son visage, à quelques centimètres de celui de Myriam, exhalait des relents de houblon au rythme de sa respiration.

- Pierre, s’il-te-plait…

Nouvelle claque, suivie de deux cris, celui de Myriam parcouru de vibrations plaintives, l’autre plus proche du grognement. Pierre avait chancelé, l’écrasant presque, et c’est alors que la jeune femme s’était aperçue que la lame du couteau dont elle tenait toujours fermement la garde disparaissait presque entièrement dans le ventre pléthorique de son mari.

Ce dernier l’avait regardée l’air incrédule, avant de baisser les yeux sur son débardeur gris, où s’étendait déjà une large tâche rouge brique. Un suffoquement ahuri avait ébranlé sa gorge tandis que ses traits se déformaient sous une nouvelle vague de souffrance. Levant de nouveau les yeux sur sa victime devenue bourreau, un éclat de folie meurtrière avait inondé ses pupilles et avant que Myriam eût le temps de réagir, une poigne d’une force inattendue s’était soudain resserrée sur son cou, coupant net sa respiration. Sous le coup de la surprise, elle avait lâché le couteau, qui était resté enfoncé dans les chairs de son agresseur. 

Par réflexe, sa bouche s’était ouverte, cherchant désespérément le moindre centilitre d’air, en vain : les doigts de Pierre lui broyaient la trachée. Sa vision s’était brouillée, beaucoup trop vite, et par le même temps, elle avait senti son esprit s’étioler à mesure que son cerveau capitulait face au manque d’oxygène. Ses mains avaient agrippé celles de son mari dans une tentative affolée de réduire leur étreinte, ses ongles pénétrant la peau le plus profondément possible. Pierre avait hurlé, et l’espace d’une seconde, son étreinte s’était relâchée, juste ce qu’il fallait.

Inspirant une bouffée d’air, Myriam s’était ressaisie du couteau encore enfoncé jusqu’à la garde, l’avait extirpé d’un geste vif et sans réfléchir, avait de nouveau abattue la lame couleur grenât, cette fois au creux de sa clavicule. Du sang avait giclé des deux blessures, inondant le sol, les murs et la jeune femme d’un liquide chaud et écœurant. Pierre n’avait pas eu le temps de porter les mains sur l’une ou l’autre de ses plaies que ses yeux se voilaient déjà, et dans un dernier râle, il s’était écroulé.

« Tout ça pour un steak, » conclut Myriam en reniflant, un sourire amer aux lèvres.
 
Elle s’en voulut d’avoir fait une pause dans sa sinistre besogne, d’avoir pris le temps de penser au point d’éveiller des émotions que les circonstances rendaient inutiles, sinon dangereuses. Elle eut soudain envie de pleurer, de se recroqueviller dans un coin en attendant que quelqu’un finisse par s’inquiéter de sa disparition ou de celle de son mari – un voisin, un collecteur d’impôts, ou peut-être un proche de Pierre, comme ce connard de Vincent qui venait un samedi sur deux étaler sa politique de comptoir autour d’une bière fraiche que Myriam lui décapsulait avant de s’éclipser dans le coin de la pièce où elle pouvait se faire la plus discrète.

Elle en était convaincue, ce serait pour son mari qu’on viendrait, pas pour elle. Pierre était l’ami, le fils et le frère idéal, tout l’opposé de Myriam, dont le cercle de connaissances s’était considérablement aminci au cours des cinq dernières années, se réduisant désormais à ses collègues d’hôpital, lesquels avait depuis longtemps renoncé à l’inviter en dehors du travail, et à quelques voisins quartier avec qui elle échangeait rarement plus qu’une réflexion sur la pluie et le beau temps.

« Normal, lui faisait souvent remarquer Pierre, chiante comme tu es, qui voudrait se rapprocher de toi ? »

La jeune femme avait tant entendu cette phrase qu’elle avait fini par y croire, occultant les nombreuses fois où ses sorties s’étaient terminées sur une tempête de reproches qui l’avait progressivement amenée à réduire leur fréquence, jusqu’à les arrêter complètement.

Quant à ses parents, si elle avait pratiquement coupé les ponts avec eux aux débuts de sa relation avec Pierre, cette dernière avait achevé de les éloigner.

Il n’aimait pas ses parents, et ces derniers le lui rendaient bien. La mère de Myriam en particulier manifestait à son encontre un mélange de méfiance et d’antipathie à peine dissimulée. Pierre, lui, ne manquait pas, une fois dans l’intimité, de les accabler de reproches qui avaient achevé de nourrir la lassitude et les rancœurs que Myriam cultivait depuis des années.

Lorsque Pierre avait perdu son travail, le couple s’était installé à plusieurs heures de routes de la Bretagne où résidaient les parents de Myriam. Les appels téléphoniques, qui avaient un temps maintenu le contact, avant de progressivement s’espacer, jusqu’à cette dispute qui y avait définitivement mis fin.
Myriam entendait encore la voix de sa mère au téléphone, aussi nette que le jour-même :

- Ma chérie, écoute je m’inquiète pour toi. Je voudrais que tu passes à la maison. Prends-toi des vacances, et rejoins-nous. On peut même venir te chercher à la gare si tu en as besoin.

Elle avait répondu tel un automate :
- Je vais bien Maman… Je n’ai pas besoin de vacances.

- Ecoute ma chérie, depuis que tu es mariée, je ne te vois presque plus. Tu ne donnes plus de nouvelles à tes amies d’ici. C’est à peine si tu nous appelles nous, on ne se voit pas pendant les fêtes… Je ne te reconnais plus.

Plus tôt ce jour-là, Pierre était sorti de la maison en claquant la porte, menaçant de ne plus jamais revenir. Myriam avait attendu toute la journée son retour, en vain – il n’était revenu que le lendemain en fin d’après-midi, traînant ses semelles sur le parquet avec un regard lourd de reproches. Elle avait appelé sa mère dans l’espoir d’un réconfort qu’elle savait impossible, cherchant peut-être à déplacer sa rage sur quelque chose, ou sur quelqu’un.
Elle avait laissé les mots lui glisser dessus, jusqu’à ce que tout barrage en elle se fût rompu, et soudain, elle s’était entendu déverser en un flot continu jusqu’aux plus infimes des ressentiments accumulés au fil des ans – des reproches innombrables dont elle avait oublié la teneur depuis. Sa mère n’avait pipé mot tout du long, jugeant peut-être qu’il valait mieux laisser les mots jaillir d’eux-mêmes avant de leur opposer résistance, à moins que la surprise lui eût juste coupé la chique. Myriam ne sut jamais si elle attendait qu’elle fût à court de parole pour engager un dialogue ou si elle projetait de lui raccrocher au nez sans plus de cérémonie, car, loin de la soulager, cet épanchement lui avait fait franchir un cap où la colère s’amplifie d’elle-même, réclamant toujours plus, sans jamais être assouvie.

Elle avait coupé l’appel sans attendre de réponse, puis bloqué les numéro de ses deux parents, sans jamais oser les débloquer.

« C’était il y a quatre ans, songea-t-elle. Je rejetais la seule aide que l’on ne m’ait jamais manifesté. Maintenant c’est trop tard… »

Un ricanement amer lui échappa. Le carrelage frais sous ses cuisses nues lui donnait la chair de poule, mais ce fut un froid plus profond qui la fit frissonner. Son regard se posa sur le linceul étendu à ses côtés, qu’une légère trainée rouge suivait en s’amincissant.

« Je pourrai nettoyer ça facilement. Si je me décide à bouger. »

Prenant une grande inspiration, elle se redressa, saisit à pleines main la tête emballé du cadavre, et entreprit de le trainer jusqu’au coffre de sa voiture, où elle le chargea à grande peine.
Une fois cette tâche accompli, elle monta à l’étage pour se changer. La salle de bain était située juste à côté de la chambre conjugale et comportait un large miroir, dans lequel son regard croisa celui de son reflet. Elle avait piteuse mine : là où le sang ne cachait pas sa peau s’étendaient des tâches multiples aux nuances diverses, du bleu sombre au brun-jaunâtre et ses cheveux en bataille collaient à son visage rougis par les larmes. L’une de ses pommettes, celle que Pierre avait frappé le plus fort, était légèrement enflé.

Elle ne prit aucun plaisir à se laver. Sentir le jet brûlant de la douche sur sa peau avait quelque chose d’incongru dans cette situation, une saveur de normalité qui n’allait pas avec l’idée d’un corps sans vie l’attendait dans son garage. Elle se récura avec une minutie chirurgicale, frottant énergiquement sa peau jusqu’à la rendre douloureuse. Tandis qu’elle s’acharnait, son cerveau refusait le calme, ressassant son plan en boucle comme par peur de l’oublier. Lorsqu’elle coupa l’eau, ses muscles endoloris s’étaient légèrement détendus sous l’effet de la chaleur, et ses réflexions se profilaient avec une netteté inédite.
 
Sans attendre, elle enfila une tenue de sport noir, noua ses cheveux derrière sa nuque, et retourna au garage. Le bruit du moteur une fois le contact activé lui parut aussi tonitruant que les trompettes de l’apocalypse, mais le voisinage ne sembla pas particulièrement secoué. Aussi loin que les réverbères jalonnant les trottoirs offraient une visibilité, la rue était déserte, plongée dans le silence. La plupart des maisons baignaient dans le noir à cette heure tardive, hormis de rares fenêtres derrières lesquelles on pouvait apercevoir les nuances lumineuses d’un écran de télé ou l’éclairage chaleureux d’une lampe de chevet. La lune se tenait haute dans le ciel, ronde et rassurante, et quelques étoiles résistaient même aux interférences de la ville pour consteller l’encre du ciel d’un timide éclat. Myriam passa plusieurs fois en revue le quartier endormi, avant de soupirer de soulagement. Puis elle abaissa le frein à main, franchit l’allée de sa maison et s’enfonça dans la nuit.

Alors qu’elle évoluait à travers rangées d’habitations, ses yeux restaient à l’affut du moindre signe de vie, mais à part un groupe probablement aviné niché au coin d’un parking et un couple de chat, personne ne se baladaient dehors à cette heure tardive. Un avantage de vivre à la périphérie d’une petite ville de campagne – il ne se passait pas grand-chose le jour, et encore moins la nuit. Myriam avait toujours apprécié la tranquillité des cités dortoirs, et ce soir-là encore davantage.

Néanmoins, elle ne desserra pas les dents avant d’avoir dépassé le cimetière, orée de la civilisation. A partir de là, elle dut allumer ses feux de route, car plus aucun réverbère ne venait interrompre l’obscurité. En réalité, cette limite débouchait sur deux routes bordées de fourrées, l’une montant vers les collines environnantes tandis que l’autre se perdait dans les champs. Myriam choisit la première direction.
La ligne sinueuse de gravier défilait devant elle, déserte. Sur le bas-côté, les habitations se raréfiaient, tandis que la forêt s’épaississait, chargée des effluves de chêne, d’arbouses, de romarin que la vitrine côté passager laissait passer dans l’air frais de la nuit. Les minutes défilèrent, bercées par le seul bruit du moteur. Myriam fut tentée d’allumer la radio sur une chaîne de musique, dans l’espoir de se détendre, mais se ravisa. Elle poursuivit un long moment son ascension, jusqu’à un point qu’elle connaissait pour y être une fois montée dans le but d’être seule – elle ne savait pas précisément quand – et qui donnait accès à un bosquet touffu et difficilement praticable. L’idéal pour cacher un cadavre.

Elle se gara dans un renflement de la chaussée, à peine assez large même pour sa citroën de taille minimaliste, et après avoir rapidement vérifié que la voie était libre, éteignit le moteur puis alla récupérer sous le siège arrière le matériel qu’elle y avait rassemblé : une pelle de chantier trouvée dans le garage (Pierre l’avait empruntée à Vincent pour des travaux devant la maison et ne l’avait jamais rendue) ainsi qu’une lampe-torche.
C’est alors qu’un bruit la fit sursauter. Cela ressemblait à un gémissement, enfin… Elle n’était pas sûre. Elle tendit l’oreille, scrutant les ténèbres environnantes. Un hibou ululait quelque part dans les bois, des insectes entonnaient leur chorale stridente, et le vent par instant soufflait entre les branchages, mais aucun bruit humain, hormis sa propre respiration et le tambourinement de son cœur contre ses côtes, ne venait se mêler aux sonorités habituelles de la forêt.

Guère rassurée, Myriam se précipita pour ouvrir le coffre, sur lequel elle braqua le faisceau de sa lampe. A l’intérieur, se détachant sur le drap blanc, se trouvait encore le paquetage qu’elle y avait laissé une demi-heure plus tôt. D’une main tremblante, elle effectua une légère pression du bout des doigts contre la bâche et son contenu, dont le contact à la fois mou et résistant lui arracha une grimace de dégoût, sans qu’il n’y eût pour autant de réaction de la part de la masse inerte sous sa main.

« Tu deviens folle ma vieille ! A quoi tu t’attendais ? »

Elle se demandait bien quoi, en effet. Elle avait pourtant constaté l’absence de pouls quelques heures auparavant, et par ailleurs, elle avait à plusieurs reprise manipulé le corps sans que ce dernier ne manifestât le moindre signe de vie. Sans parler de tout ce sang dans la cuisine…
Quant à une éventuelle présence étrangère, cette dernière était hautement improbable, à cet endroit précis, et à une heure aussi tardive. Toutefois, elle poursuivit son travail avec une anxiété redoublée.
Armée de sa pelle et de sa lampe torche, elle s’enfonça dans les bosquets touffus, ignorant les branchages et les herbes hautes qui lui griffaient la peau, et marcha sur environ une vingtaine de mètres, avant de s’arrêter au pied d’un chêne dont la silhouette se perdait au milieu des feuillages.

La jeune femme posa la lampe-torche allumée en équilibre sur une branche de l’arbre, de sorte que le faisceau fût orientée vers elle, et d’un geste vif, elle planta la pelle dans le sol qui céda sans grande résistance. L’opération se révéla d’autant plus pénible que les efforts effectués plus tôt dans la soirée avaient rendu les bras de Myriam douloureux, mais elle ne se permit aucun répit, bien que la fréquence de chaque pelleté fût par moments amoindrie. Régulièrement, l’extrémité de la pelle venait buter contre une pierre, ou les fines racines d’un arbre environnant, et de longues heures s’écoulèrent avant que ce qu’elle creusait ressemblât à une tombe.
En dehors du rayon de la lampe, la forêt autour d’elle était plongée dans une obscurité épaisse, que l’abondant feuillage rendait inaccessible aux astres nocturnes. Au moindre son, la jeune femme se redressait, pantelante, guettant un mouvement entre les arbres comme si quelqu’un ou quelque chose se terrait dans les ténèbres en attendant le bon moment pour attaquer. Mais rien ne vint troubler son étrange besogne, sinon le vol d’un oiseau nocturne entre les branchages et la fuite précipitée d’un rongeur vers une cachette inconnue.

Au bout de ce qui sembla une éternité, Myriam planta la pelle dans le sol et s’écarta pour apprécier son œuvre : un fossé rectangulaire dont le fond se perdait dans les méandres de la terre.

Laissant la lampe-torche sur le chêne en guise de repère, elle se fraya un chemin à travers les buissons jusqu’à la voiture, dont elle ouvrit le coffre. Entre la fatigue accumulée et les branches sur son passage qui se prenaient dans ses cheveux ou lui griffaient la peau à travers ses vêtements, le transport du corps fut un véritable calvaire. Le faisceau semblait désespérément éloigné malgré la faible distance par rapport à la route, et la masse inerte de Pierre pesait plus lourde que jamais. Quand elle eût enfin atteint la tombe, Myriam s’assit à côté de l’impressionnant monticule de terre qu’elle avait elle-même déplacée. Son souffle court produisait une légère buée à chaque respiration et la sueur sur sa peau la faisait frissonner. 

Elle se demanda si une prière était de mise. Bien qu’issus d’une famille catholique, Pierre n’avait de chrétien que la petite croix dorée qu’il portait autour de son cou, probable cadeau d’un parent alors qu’il était encore enfant. Quant à Myriam, elle avait hérité de ses géniteurs une forme d’athéisme mêlée de morale dont l’origine biblique n’était qu’en partie assumée. Baptisée peu après sa naissance, sa présence dans une église n’avait depuis poursuivi qu’un but purement touristique.

- Seigneur, marmonna la jeune femme sans grande conviction, je ne sais pas si vous m’entendez, mais si c’est le cas, j’espère que vous prendrez le temps de m’écouter.

Elle inspira un grand coup, comme pour chercher le courage de parler – de lâcher une bonne fois pour toute aux yeux du monde ce qu’elle avait sur le cœur.

- J’ai vraiment aimé ce type vous savez. En fait, je crois que je l’aime toujours. Je ne savais pas qu’on pouvait aimer et haïr en même temps avant de le connaître... Je voulais pas le tuer, vous savez, même si j’y songeais des fois, quand les choses tournaient très mal. Quand…

Sa voix se brisa.

- Quand il me frappait au point de m’envoyer à l’hôpital, quand je me réveillais en sueur la nuit parce que j’avais peur de lui, ou quand il me forçait à… Vous savez. Mais ce n’était pas sérieux ; je ne voulais pas en arriver là, j’vous jure… Cependant, je ne vous le cache pas, je me sens mieux maintenant. En fait, je me sens si soulagée, j’ai comme un poids énorme qui s’est retiré de mes épaules. J’ai passé les cinq dernières années de ma vie à haïr mon mari, à haïr le monde qui regardait sans voir, ou qui voyait tout en détournant le regard… Maintenant, je crois que je peux aller mieux. Peut-être…

Elle jeta un regard au mort étendu à ses côté, puis au fond noir de la tombe face à elle, avant d’ajouter :

- Ecoutez Seigneur… Monsieur… Machin… Si vous envoyez cette petite ordure en enfer, faites-moi une faveur : envoyez le dans une jolie maison de banlieue, un petit havre de paix loin de l’agitation urbaine, où l’on entend les cigales chanter l’été. Et offrez-lui un compagnon, un ami avec qui il pourra se confier quand il n’ira pas bien, dont l’épaule sera là pour recevoir ses pleurs si besoin, même si connaissant la bête, il broiera sa main dans une tondeuse à gazon avant de pleurer devant quelqu’un…
« Enfin voilà, donnez-lui tout ça au début, et laissez s’écouler quelques mois, peut-être une année si vous en avez la patience, à vous de décider, mais ne vous empressez pas trop, je vous en prie. Passé le délai choisi, je veux que son ami change d’attitude. Que ses paroles bienveillantes se changent en réprimandes. Que ses accolades se transforment en coup de poing. Que mon Pierre ne se sente plus jamais à l’abris dans cette jolie petite maison, où qu’il se cache. Que les murs de cette barraque ne soient pour lui que les barreaux d’une prison. Que chaque jour, il se réveille l’estomac noué par l’appréhension.
« Croyez-moi, il ne mérite pas le feu infernal, ni les instrument de torture que l’on voit sur certaines peintures. Des poings, des coups de ceintures, des cheveux tirés, des croches-pattes suffiront amplement. Et surtout des insultes, autant que vous en voudrez, et cela pour l’éternité.
« Amen !

Ses yeux la brûlaient, sans que s’écoulât une larme. Elle resta un instant silencieuse, savourant l’effet libérateur de ses paroles, puis entreprit de retirer le scotch qui refermaient les deux extrémités de son linceul improvisé. Le corps révélé à la lueur de la lampe-torche avait la bouche entrouverte, les paupières mi-closes sur une cornée blanche comme l’ivoire. En le déplaçant de sorte qu’il fût bien allongé parallèlement à la tombe, Myriam fut surprise de pouvoir glisser ses mains sous les aisselles du corps, écartant les bras du tronc sans rencontrer de résistance.

Elle avait en effet appris à l’hôpital que la rigidité cadavérique survenait environ six heures après le décès, en commençant par le chef pour descendre jusqu’aux membres inférieurs. Son absence pouvait probablement s’expliquer par la présence d’autres facteur, cependant Myriam se sentit mal à l’aise : quelque chose n’allait pas.
Une fois correctement placé, elle poussa le cadavre dans le trou creusé, où il disparut en heurtant le fond dans un bruit écœurant. C’est alors que, se joignant à la chute, un son étrange s’éleva dans la nuit, le même grognement qu’elle avait cru entendre plus tôt dans la soirée. Le temps parut se figer, comme si le monde entier retenait son souffle, et Myriam remarqua à cet instant que la nature elle-même s’était tue, plongeant la forêt dans un silence total. Puis le râle reprit, plus fort cette fois-ci, et le sang de la jeune femme se glaça lorsqu’elle prit conscience qu’il provenait du trou béant où elle avait poussé le corps de son mari.

Ses yeux se révulsèrent, incapables de se détacher de l’obscurité épaisse sous ses pieds. Au moment où elle esquissa un geste pour s’emparer de la lampe-torche, une main froide comme la mort se referma sur sa cheville et la tira vers la tombe. La jeune femme trébucha, s’écroulant de tout son poids sur le sol humide couvert de feuilles mortes et de cailloux polis par la pluie et le vent. La poigne se resserra davantage sur sa jambe et un souffle rauque retentit derrière elle, un son terrifiant et dépourvu d’âme. Myriam agrippa la terre devant elle, cherchant à se traîner hors de portée de son agresseur, mais ce dernier la tira en arrière, au point que son pied finît par battre dans le vide au-dessus du trou qu’elle avait elle-même creusé.

Myriam se retourna, découvrant derrière elle la figure maculée de terre de son mari – ou de ce qui l’avait été, un jour. Car ce qu’elle voyait ne ressemblait à rien de ce qu’il avait été vivant. C’était un ébauche, une parodie d’être-humain ; une créature qui bougeait, mais dont les gestes étaient brusques, saccadés tels de vieux réflexes imparfaitement conservés par quelque mémoire musculaire, dont les paupières s’ouvraient sur des yeux vide de poisson, et dont les traits demeuraient figés dans une expression morne, dépourvue de toute envie propre hormis celle d’entraîner sa victime dans les ténèbres d’où il venait.

La jeune femme hurla en se débattant de plus belle, quand soudain une douleur fulgurante se répandit dans son mollet : le monstre venait d’enfoncer ses dents dans sa chair, arrachant une quantité terrifiante de peau et de muscles. Du sang gicla, éclaboussant le visage du monstre.
Les larmes aux yeux, Myriam assena un coup de sa jambe libre sur la tête de la créature, qui bien qu’elle ne semblât pas en souffrir, rejeta sa nuque en arrière, sans lâcher sa prise. C’est alors que Myriam vit la pelle, toujours plantée au sol, tendit le bras, et tira de toutes ses forces.

Lors de la première guerre mondiale, on se représentait souvent les soldats équipés de baïonnettes pour charger sur le front, toutefois malgré leur aspect esthétique, ces armes se révélaient inutiles une fois sur le front. La lame à l’extrémité du canon, ne résistait en particulier pas aux assauts et il n’était pas rare qu’elle se brisât en plein combat, quand elle ne restait pas plantée dans les chairs de l’ennemi. Aussi, les soldats avaient-il redoublé d’inventivité pour se trouver des armes plus adaptées, parmi lesquelles l’indétrônable s’était révélée être la pelle ; outre sa disponibilité immédiate, cet outil pouvait fendre un homme de l’épaule jusqu’à l’aine, si on y mettait suffisamment de puissance...

Myriam n’avait jamais utilisé de pelle en tant que moyen défensif, encore moins connaissait-elle son usage sur les champs de bataille, mais c’était l’unique recours qui s’offrait à elle. Saisissant le manche d’une main, elle arracha le tranchant à la terre, et s’aidant de sa deuxième main, elle en abattit le plat sur la tête de son adversaire.
Comme pour le coup de pied, ce dernier ne sembla pas ressentir de douleur. Myriam persista tout de même à frapper, encore et encore, aussi fort que le permettait sa portée, incapable de voir si son acharnement provoquait la moindre blessure.

Pierre – cette chose qui ressemblait à Pierre – n’esquissa aucun geste pour se défendre, encaissant avec une inhumaine indifférence les assauts répétés de la pelle, sans lâcher la jambe de Myriam, qui semblait en réalité son unique intérêt puisqu’au bout du deuxième ou du troisième coup, sa mâchoire s’ouvrit sur une immonde cavité bordées de dents souillées de sang et de chair humaine prête à mordre de nouveau. Dans un cri, la jeune femme ajusta sa prise et au lieu du plat, assena un violent coup avec le tranchant de la pelle sur le crâne de la créature. Cette dernière stoppa net, la bouche béante, un filet de bave rouge s’étirant du bord de ses lèvres vers le sol. Le râle dans sa gorge faiblit, avant de s’évanouir, et non sans avoir lâché sa prise autour de la cheville de Myriam, l’être monstrueux s’écroula dans la fosse, disparaissant dans un monde de ténèbres.
La jeune femme recula sur son séant, tâchant d’ignorer le liquide poisseux qui maculait l’extrémité de la pelle qu’elle tenait toujours dans ses mains. Sa jambe lui faisait horriblement mal, et son corps était parcouru de frissons, comme sous l’influence d’une mauvaise grippe. Elle parvint à se relever difficilement, évitant l’appui du côté de sa blessure. Sa tête la lançait depuis le fond des orbites jusqu’à l’orée de sa nuque par des assauts successifs dont l’intensité augmentait à chaque battement de son cœur, et ses paupières commençaient à la brûler. Confuse, la jeune femme se traîna hors de la forêt, laissant derrière elle la tombe ouverte telle une bouche béante vers les entrailles de la terre, s’engouffra dans la voiture et démarra, la respiration haletante. Ce qu’elle laissait derrière elle n’importait plus – seule comptait la fuite, le plus loin possible.

Ce fut par miracle qu’elle fît demi-tour. La douleur l’aveuglait à moitié, lancinante ; elle ne venait pas juste de sa jambe désormais, mais de tout son être. La peur, mue par une pensée aussi imprécise que furtive, de basculer dans le vide la traversa ; elle n’en accéléra que d’avantage, appréhendant les virages avec l’empressement affolé de qui vient de voir la mort en face. Son champ de vision se brouillait, le sang battait contre ses tempes, le froid pénétrait la moelle de ses os, et avant même d’atteindre le bas de la colline, elle sut, juste avant que son esprit ne se dissipe, qu’elle n’irait pas plus loin.
Ses mains lâchèrent le volant, sa tête bascula en avant, et la voiture alla s’écraser à toute vitesse contre un réverbère – le premier de la ville – à deux mètres à peine du portail en fer forgé menant au cimetière.


Myriam émergea peut après, mais ce n’était plus elle. Le choc de l’accident l’avait projetée à travers le pare-brise qui s’ouvrait sur une large brèche dans laquelle son ventre ensanglanté s’écharpait contre les morceaux épars de verre tranchant. Son buste reposait contre le capot fumant tandis que ses jambes gisaient encore dans l’habitacle, tordues en une position non physiologique.

La jeune femme releva sa tête mutilée, un râle vide d’émotions s’échappant de sa gorge, juste le temps de voir de ses yeux vides la horde de figures désarticulées se traîner hors du cimetière. Des corps encore frais, d’autres pourris par les semaines, les mois passés sous terre, qu’une force inconnue avait poussés à quitter leur cercueils pour venir hanter la nuit de leurs ombres patibulaires. Par une volonté qui n’était plus la sienne, Myriam voulut les rejoindre, mais ses os brisés ne répondirent pas, et elle ne put que tendre le bras vers l’étrange procession qui se dirigeait vers la ville, emplissant la nuit d’une rumeur affamée.
« Modifié: 09 octobre 2020 à 23:10:49 par Paloma »

Hors ligne Cendres

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Re : Pas un bon jour pour tuer (public averti)
« Réponse #1 le: 10 octobre 2020 à 20:54:04 »
Merci pour le partage de ton texte.

Je suis désolée, mais je n'ai pas lu jusqu'au bout ton texte. Ce n'est pas parce qu'il est mal écrit, mais il y a beaucoup de détails.
Je l'ai lue jusqu'à :"- Attends mon chéri, je vais te préparer un nouveau st…"

Les descriptions sont là pour donner une ambiance, mais selon mes goûts, qui ne sont qu'un avis personnel, sont un peu trop nombreuses.
Je suis nullement experte en écritures, mais on m'a toujours dit que si on donne un détail il faut que ca sert à l'histoire(Le fusil de Tchekhov). Certains détails descriptifs ne font pas avancer l'histoire.
Ce que je dis la en critique, ne reflète que mon opinion personnelle et ne remet pas en question la qualité de ton texte.
Sinon il est bien écrit.

Hors ligne Xeraphia

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Re : Pas un bon jour pour tuer (public averti)
« Réponse #2 le: 11 octobre 2020 à 05:20:22 »
Hello Paloma :)

Il n’y a pas à dire, le titre est accrocheur. Et donc, me voilà.

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


En espérant ne pas t’avoir découragée ;)

Hors ligne Paloma

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Re : Pas un bon jour pour tuer (public averti)
« Réponse #3 le: 11 octobre 2020 à 11:17:10 »
Merci à vous deux pour vos retours.

Pour ce qui est du commentaire de Cendres, déjà merci d'avoir quand même essayé de lire mon texte :)
J'aime personnellement les histoires qui campent leur décors (je suis une grande afficionados de Stephen King, d'Emile Zola, Gustave Flaubert etc.). Du coup, quand j'écris une histoire, j'éprouve vraiment le besoin de décrire une atmosphère... Après, j'ai fait lire la nouvelle à mon compagnon qui m'a également fait la remarque que les descriptions étaient nombreuses (bien que ça ne l'ait pas gêné).
Pour ce qui est de l'utilité d'une description, je suis partagée... D'un côté, décrire uniquement les actions retire à l'histoire toute l'ambiance que l'on peut tisser autour, tout l'univers que l'on peut créer... Quand Stephen King dans "Ca" fait des description, j'ai le sentiment que c'est pour apporter une touche de réel, comme pour dire "mes personnages ne sont pas fictifs, voici leur parcours ; et Derry existe, voilà comment elle est". C'est un aspect que j'apprécie beaucoup en littérature, mais je pense que c'est subjectif.
D'un autre côté, je pensais comme toi quand j'ai commencé mes études (je l'avais même écrit dans une nouvelle à l'époque  :mrgreen:) : je ne voyais pas l'utilité de décrire des choses qui ne servaient pas directement à l'intrigue... Bref, je comprends que ça t'ai dérangée. :-[

De ce que tu as lu, est-ce que tu pourrais me citer des passages qui selon toi sont trop détaillés?



Pour ce qui est du commentaire de Xeraphia, déjà merci pour ton retour (et pour ton compliment vis-à-vis du style  ^^).
Alors oui je comprends que l'histoire de maltraitance soit peu original et pour cause, je me suis vraiment basée sur les cours que j'ai reçu à la faculté sur les violences conjugales, d'où l'aspect un peu cliché.  :mrgreen:
Mon angoisse était de tomber dans le faux concernant ce type de relation (que je n'ai pas personnellement vécue, dieu soit loué), ou de partir dans le trop cru (je mentionnais explicitement des antécédents de viol dans mon premier jet, que j'ai préféré remplacer par une simple suggestion parce que, sans considérer que le viol ne soit pas à décrire dans la fiction, je trouve qu'il y a souvent une trop grosse complaisance à en mettre dans certaines histoires sans que ce soit forcément nécessaire...).
L'idée était de partir d'une "tranche de vie" en quelque sorte (une femme maltraitée, qui vient de tuer son mari par accident et qui cherche à se débarrasser du corps) pour décrire ensuite l'apparition d'un élément surnaturel (sans que cela n'ait été préparé, le personnage étant trop occupé pour voir les signes).
Décrire la relation abusive était pour moi une façon de camper les personnages. Peut-être suis-je trop partie dans les détails, mais je voulais vraiment qu'on comprenne qui était Myriam, pourquoi son mari était mort, etc. Le contraste avec l'histoire de zombie était voulu (je voulais vraiment apporter un élément presque dissonant dans une ambiance de "normalité"... Loin de moi l'idée de dire qu'il est normal de battre sa femme ou de tuer son mari hein  :mrgreen: ).

En réalité, l'histoire devait se terminer autrement : Myriam devait effectivement tuer son mari mort-vivant, sans se faire mordre, et découvrir la horde de zombie se dirigeant vers la ville. A ce moment-là, elle aurait eu le choix : fuir, ou tenter d'aider la population.
J'ai au final abandonné cette fin (bien qu'écrire une fin alternative me tenterait pas mal) car  je ne voulais pas d'une fin trop moraliste (que Myriam aide ou pas les gens de la ville aurait été tout aussi moralisateur : d'un côté, elle les aide donc il faut pardonner toussa toussa ; d'un autre côté, c'est pas bien de pas regarder quand quelqu'un est en danger et c'est bien fait pour ces vilains voisins qui ont laissé l'inacceptable se commettre etc etc...).

J'ai du coup opté pour la mort de Myriam, faire en sorte que sa relation abusive la "bouffe" intégralement pour annihiler jusqu'à son humanité... C'était cela le parallèle voulu avec sa relation abusive, le fait que certains êtres humains soient capable de dévorer mentalement leur prochain, comme un zombie dévore physiquement ses proies sans aucun remord. Bon, OK, ça va peut-être chercher loin  :o

En tout cas, tes pistes sont très intéressantes, je vais m'y pencher plus en détail :)

PS : ton commentaire est loin d'être décourageant (bon OK l'ensemble sans la précision que mon style t'a plu m'aurait peut-être laissée un peu amère, mais tes propos sont plus que pertinents). Si je poste ma nouvelle, c'est bien pour avoir des conseils pour m'améliorer :)

Bonne journée à vous deux :)
« Modifié: 11 octobre 2020 à 11:19:54 par Paloma »

Hors ligne Deofresh

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Re : Pas un bon jour pour tuer (public averti)
« Réponse #4 le: 11 octobre 2020 à 17:47:24 »
Salut Paloma,

J'ai lu ton texte hier soir, mais j'avais la flemme de mettre en forme mon commentaire. Je vais quand même essayer de ne pas trop faire doublon avec Xeraphia.

D'abord, je dois dire que je partage son avis : ton style est très agréable. Ton vocabulaire est varié, juste, et le rythme de tes phrases est très bon. En revanche, il y a des longueurs dans ton texte.

Pourtant, je suis un fan des descriptions. Comme toi, j'aime Stephen King et ses pavés de plusieurs milliards de mots (j'exagère un peu), mais je crois que le défaut ici, c'est que tu as voulu trop faire pour le format. Je m'explique. Si ton texte avait été un roman, je pense que cette scène nous aurait parfaitement bien introduit Myriam, mais dans une nouvelle c'est de trop. Pour prendre un exemple concret : dans ton premier passage, Myriam voit le sang, elle vomit. Ok, on sent qu'elle est traumatisée. Elle se retourne et elle vomit de la bile. Bon, elle est vraiment secouée. Elle se retourne encore et tombe sur son séant. Là, j'avais déjà une bonne image mentale de son état psychologique. Ce que je veux dire donc, c'est que je pense que tu peux garder l'essence de ton texte, ce coté tranche de vie, tout en allégeant un peu la charge pour coller au format de la nouvelle.

Maintenant, j'ai décelé un autre problème. La narration en focalisation interne que tu adoptes ici ne colle pas à l'état psychologique de ta protagoniste. Tu nous parles de panique, de terreur, d'absence de pensée cohérente, mais à côté de ça, Myriam se remémore avec clarté son passé, elle s'imagine très bien devant un tribunal et va presque jusqu'à inventer le réquisitoire du procureur. Le résultat est que je ne croyais pas trop à cette panique. Je ne sais pas si je suis bien clair.

Bon, trêve de négativité. J'ai aussi beaucoup aimé la fin. Sincèrement, je ne m'y attendais pas. En plus, l'arrivée est annoncée un peu avant avec le groupe à l'air aviné. Un peu Shaun of the Dead je trouve, j'adore.

Enfin bref, ce fut quand même une lecture agréable. Je te laisse avec mes commentaires en détail au fil de ma lecture :

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


À bientôt !

En ce moment, je travaille sur ça : Les cinq masques

Hors ligne Cendres

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Re : Re : Pas un bon jour pour tuer (public averti)
« Réponse #5 le: 11 octobre 2020 à 17:58:59 »
(...)
De ce que tu as lu, est-ce que tu pourrais me citer des passages qui selon toi sont trop détaillés?

Lorsque je juge une histoire, c'est selon mes goûts. C'est a dire une personne médiocre en écriture et en lecture. Donc mon avis n'est que personnel et pas représentatifs.

En fait ce n'est pas une phrase, mais la répétition des descriptions.
C'est leurs nombres.

Hors ligne Xeraphia

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Re : Pas un bon jour pour tuer (public averti)
« Réponse #6 le: 11 octobre 2020 à 18:44:12 »
Re o/

[spoiler]OK, alors, je pars de ça :
L'idée était de partir d'une "tranche de vie" en quelque sorte (une femme maltraitée, qui vient de tuer son mari par accident et qui cherche à se débarrasser du corps) pour décrire ensuite l'apparition d'un élément surnaturel (sans que cela n'ait été préparé, le personnage étant trop occupé pour voir les signes).
Décrire la relation abusive était pour moi une façon de camper les personnages. Peut-être suis-je trop partie dans les détails, mais je voulais vraiment qu'on comprenne qui était Myriam, pourquoi son mari était mort, etc. Le contraste avec l'histoire de zombie était voulu (je voulais vraiment apporter un élément presque dissonant dans une ambiance de "normalité"... Loin de moi l'idée de dire qu'il est normal de battre sa femme ou de tuer son mari hein)
Et là, on est sur la même longueur d’onde.
Sauf que tu as mis ça au début de ton texte :
« Tu fais moins le fier là où tu es salopard ! »

La haine émergea enfin, balayant un court instant tout autre émotion. Le ressentiment que cet homme avait pu lui inspirer au cours des cinq dernières années jaillit dans toute sa crudité, provoquant en elle une extase jubilatoire qui, si elle avait perduré, l’aurait rendue indifférente aux conséquences de son acte. Cela ne dura cependant que quelques secondes, juste le temps pour que sa conscience reprît le dessus. Tous les autres facteurs que sa haine avait éclipsés s’imposèrent en même temps à elle. La prison. Les regards accusateurs. Le blâme. Ce mot qui ne la quitterait plus : meurtrière.

[...]

Tout s’était passé vite : le fracas de la vaisselle brisée contre le mur, quelques sanglots, un éclat de voix plus fort que les autres, puis plus rien. Les voisins étaient habitués à plus de raffut, à supposer qu’il existait un seuil de décibels pour lequel ils seraient intervenus. Personne n’avait jamais toqué à l’entrée pour vérifier si tout allait bien, et encore moins avait appelé la police. Pourtant, Myriam aurait mis sa main à couper que tous (à part peut-être le fils handicapé de la famille Deschamps) savaient parfaitement ce qu’il se passait sous ce toit, ce qui signifiait que tous avaient consciemment choisi de faire comme si de rien n’était.

Pouvait-elle cependant leur en vouloir d’avoir peur d’intervenir, quand l’idée-même de son mari la terrorisait ? La jeune femme rechignait à trouver une excuse pouvant atténuer la haine qu’elle ressentait pour tous ces gens bien respectables qui l’avaient laissée à son calvaire ; toutefois, certains regards peinés ou encore certaines paroles avaient pu évoquer au fil des années une forme de soutien voire de réassurance.

Cela n’avait néanmoins pas plus apaisé la peur qu’empêché les coups de tomber…

En revanche, force était de constater que ce soir-là, la surdité manifeste de ses voisins l’arrangeait. La maison était vide, et pour l’instant une seule personne était au courant du cadavre étendu dans cette cuisine : elle.
Et ton boulot est fait. On n’a pas besoin de plus. Tout ce que tu as rajouté ensuite à propos de leur relation n’apporte rien de plus que ce bout de texte. Tous les détails mènent vers le même portrait. On a déjà compris pourquoi il est mort, et on a déjà bien commencé à comprendre qui est Myriam. On achève de mieux la connaitre quand elle se débarrasse du corps.

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En réalité, l'histoire devait se terminer autrement : Myriam devait effectivement tuer son mari mort-vivant, sans se faire mordre, et découvrir la horde de zombie se dirigeant vers la ville. A ce moment-là, elle aurait eu le choix : fuir, ou tenter d'aider la population.
J'ai au final abandonné cette fin (bien qu'écrire une fin alternative me tenterait pas mal) car  je ne voulais pas d'une fin trop moraliste (que Myriam aide ou pas les gens de la ville aurait été tout aussi moralisateur : d'un côté, elle les aide donc il faut pardonner toussa toussa ; d'un autre côté, c'est pas bien de pas regarder quand quelqu'un est en danger et c'est bien fait pour ces vilains voisins qui ont laissé l'inacceptable se commettre etc etc...).
Mais je la trouve très intéressante, moi, cette piste ! C’est très intéressant comme dilemme, et la réaction de Myriam est un immense terrain de jeu pour toi !
Sans compter que tu ne donnes qu’un choix blanc ou noir, alors qu’en fait il y a toutes les nuances de gris (peut-être pas cinquante, hein) entre les deux. Et c’est un super développement de personnage de voir où Myriam va atterrir. Aidera-t-elle la population (innocente) sauf ses voisins (lâches) ? En veut-elle aux gens, point, quitte à laisser toute une ville mourir pour les actions de Pierre et sa propre impuissance ?  Est-ce qu’elle va réussir à s’élever au-dessus de ses traumatismes ? Va-t-elle commencer avec un choix/plan et changer d’avis, dans une direction ou une autre, ensuite ? Bref… toutes ces possibilités !
C’est une super piste histoire de ficeler le personnage qu’on aura vu 1) à travers sa relation, 2) à travers son choix d’enterrer son mari et 3) à travers son choix vis-à-vis des morts-vivants.

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J'ai du coup opté pour la mort de Myriam, faire en sorte que sa relation abusive la "bouffe" intégralement pour annihiler jusqu'à son humanité... C'était cela le parallèle voulu avec sa relation abusive, le fait que certains êtres humains soient capable de dévorer mentalement leur prochain, comme un zombie dévore physiquement ses proies sans aucun remord. Bon, OK, ça va peut-être chercher loin
Je… je t’avoue que j’avais pas vu tout ça ;D Mais ça vaut surement le coup d'être développé/exploré/poussé !

Hors ligne Samarcande

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Re : Pas un bon jour pour tuer (public averti)
« Réponse #7 le: 11 octobre 2020 à 19:09:03 »
Salut Paloma,

je n'ai pas tellement le temps pour un commentaire détaillé, mais j'avais envie de laisser quelques lignes.
J'ai beaucoup aimé ton texte, même si au départ, contrairement à Xeraphia, le titre ne m'avait pas trop accroché (je m'attendais plus à un polar, genre dont je ne suis pas vraiment fan ).

Je me suis laissée prendre au récit de cette violence conjugale et du meurtre jusqu'au passage super WTF   :aah: du mari zombie qui sort de sa tombe ! C'est là que je suis vraiment rentrée dans ton texte. Sauf que c'était presque fini !  :relou:
Mais j'ai beaucoup aimé le final !

Bon, si je dois dire deux ou trois trucs sur la structure : rien de spécial à dire sur la partie des violences conjugales si ce n'est que tu peux effectivement raccourcir un peu ou synthétiser.
J'ai trouvé un peu longue et monotone toute la partie sur l'occultement et le transport du cadavre. C'était bien écrit et je n'ai eu aucun problème à le lire, mais effectivement c'est une scène (cinématographiquement parlant) vue et revue.

J'ai adoré la partie des zombies et j'ai regretté qu'elle ne soit pas plus longue.
Je pense que tu pourrais la lier un peu plus à ce qui précède : semer des indices dans ton texte sur le fait que Pierre a déjà été contaminé et ne se comporte pas vraiment comme d'habitude, même si Myriam ne s'en rend pas vraiment compte.
J'aurais bien voulu qu'elle ait la vague sensation sans réussir à mettre le doigt dessus que quelque chose (outre la violence conjugale) cloche et que ce soit cette sensation qui, inconsciemment, la pousse au meurtre précisément ce soir là.

Bref l'envie de relire le texte du début et de se dire...Mais oui bien sûr, tous les indices étaient là ! Comment n'ai-je pu ne rien voir ?

A part ça, j'ai bien aimé ton texte, donc merci pour la lecture !
« Modifié: 11 octobre 2020 à 19:11:54 par Samarcande »
Sait-on jamais, nos chemins pourraient se croiser ! (Amin Maalouf )

Hors ligne Paloma

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Re : Pas un bon jour pour tuer (public averti)
« Réponse #8 le: 11 octobre 2020 à 19:09:12 »
Merci Deofresh pour ton retour :)
Pour ce qui est de la panique de Myriam, je voulais surtout exprimer qu'elle se trouvait vraiment au bord de la panique : elle est agitée, a du mal à planifier ce qu'elle va faire, songe aux conséquences de ses actes sans donc en conçoit d'autant plus de peur, ce qui l'amène a moins bien réfléchir... Pour moi, on peut songer à la prison et au procès sans pour autant réussir à échafauder un plan, surtout dans le vif de l'action, mais j'ai peut-être mal dosé l'ensemble en développant trop l'idée du tribunal.
A mon avis il faut que je laisse ce texte décanter pour le reprendre d'ici un mois par exemple. Je pense que les contradictions éventuelles me sauteront plus aux yeux :)
Merci également pour tes remarques en spoil, notamment pour tout ce qui est répétition. Je n'ai pas encore vu World War Z hélas  ;), il y a un truc comme ça?
Et pour l'idée du mari, je voulais vraiment dire "le fait d'y penser", "son image"... Peut-être que je pourrais plutôt mettre "l'ombre de son mari", "le fait de penser à son mari"...


Cendres : je ne te connais pas assez pour juger, mais franchement je ne pense pas que tu sois médiocre autrice ou lectrice, surtout vu comme tu as l'air active sur ce forum ;) De toute façon ton retour reste pertinent.



Xeraphia : du coup, il faudrait retirer tu penses l'histoire des parents par exemple, ou de la demande en mariage? Pour les parents j'ai mis ce passage pour souligner l'isolement de Myriam, car souvent on dit aux femmes victimes de violences "mais pourquoi tu ne pars pas?", "tu n'as pas des gens à qui en parler?" et je voulais vraiment avancer le fait que souvent une femme n'est battue que lorsqu'elle est vulnérable, donc seule.
J'écrirai peut-être une fin alternative, en vrai ça me tente bien... Le soucis c'est que j'avais peur d'écrire un texte trop long vu que j'étais vraiment partie sur une nouvelle. Là si je développe l'idée qu'elle va aider dans le village par exemple, je ne pense pas résister à l'envie d'écrire carrément un survival, avec de nouveaux personnages, une intrigue, et à ce moment là, développer quelque chose par rapport aux voisins...   :D
Donc là ce ne serait plus une nouvelle...
Je vais réfléchir à la question, et par la même occasion je vais voir si je peux creuser le rapprochement entre l'histoire de Myriam et les zombies.


Hors ligne Paloma

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Re : Pas un bon jour pour tuer (public averti)
« Réponse #9 le: 11 octobre 2020 à 19:21:13 »
Merci pour ton retour Samarcande ;D
Pour te dire la vérité, écrire la partie zombie a été un kiff absolu (j'attendais presque impatiemment d'en être à ce passage en écrivant le début... bon ça se voit peut-être pas vu le temps que je mets pour y arriver mais vraiment, tout le long de la rédaction j'étais en mode "Bon allez, ils arrivent quand les zombies???"). Et... Bizarrement j'ai aussi été un peu triste de laisser mes morts-vivants si rapidement (le passage par rapport au reste du récit est au final assez court, et j'ai mis peu de temps pour l'écrire comparé au reste).  :(
Je trouve l'idée des indices intéressante effectivement. Décrire je sais pas, une odeur particulière, des veines trop visibles, des yeux injectés de sang ou un comportement plus agressif que la moyenne (genre... une tentative de meurtre de la part de Pierre)... C'a aurait peut-être créé plus de lien entre le début et la fin de la nouvelle en plus, retirant du coup l'effet "cheveux sur la soupe" :)

Comme dit plus haut, je pense laisser cette nouvelle reposer, avant de la relire la tête bien froide. Les défauts me sauteront sûrement au yeux et je serai plus  motivée pour tout bien retravailler :)

Bonne soirée :)

PS : quand tu as parlé du passage WTF, j'ai pensé à Antoine Daniel hurlant "WHAT THE FUCK". Ma mère n'a pas compris ce qui m'arrivait mais j'ai  ri  :D
« Modifié: 11 octobre 2020 à 19:27:50 par Paloma »

Hors ligne Mathieu

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Re : Pas un bon jour pour tuer (public averti)
« Réponse #10 le: 12 octobre 2020 à 21:34:46 »

Un texte haletant Paloma ! Et très curieux !
Le changement d’orientation vers la fin m’a surpris, mais dans le bon sens du terme. J’ai trouvé ça chouette que le texte bifurque vers autre chose.

Je ne suis pas hyper fan de drame dans ce genre, ni d’ailleurs de zombie, mais j’avoue m’être laissé prendre par la tension. La gestion de cette tension est un point fort de ce texte.

Le début est peut-être un peu lent, mais du coup tout est bien en place.
Je trouve quand même que tu pourrais peut-être te permettre quelques ellipses, histoire de laisser ton lecteur participer en bouchant les trous. Ton désir de tout raconter point par point peut être un peu pesant à force.

Je t’ai mis ci-dessous quelques remarques au fil de ma lecture. 

*/ « Personne n’avait jamais toqué à l’entrée pour vérifier si tout allait bien, et encore moins avait appelé la police. »
Un peu lourd à mon avis. Le deuxième « avait » est superflu.

*/ « La question s’imposait plus que sa réponse. »
Pour moi, pas très bien dit.

*/ « Jusqu’à ce week-end si merveilleux où Pierre avait mis un genou à terre devant le restaurant du camping où ils logeaient depuis la veille, une vingtaine de convives inconnus attablés pour un barbecue pour lui servir de témoins et, alors que le crépuscule recouvrait délicatement la campagne environnante, sous les effluves de la viande grillée, de l’herbe fraiche et de l’eau d’une rivière qui coulait à seulement quelques pas, il lui avait demandé de devenir sa femme. »
 A mon avis, cette phrase est trop longue.

*/ « avant qu’elle ne chutte au sol. »
Chute

*/ « éloignée de toute manifestation humaine »
Je comprends ce que tu veux dire mais je trouve la formulation pas convaincante. (En même temps, là, rien ne me vient pour remplacer)

*/ « Alors qu’elle s’abîmait dans sa réflexion, l’échafaudage se son plan se précisa »
Je trouve que l’emploi d’alors que n’est pas idéal.

*/ « le cadavre encore plus lourd qu’escompté de Pierre. »
Je te propose de supprimer « de Pierre », qui n’est pas utile et un peu étrange en bout de phrase.

*/ « plus lourd qu’escompté de Pierre. Quelques taches vinrent rougir le drap, quoique moins qu’escompté »
Répétition de « escompté »

*/ « disposa ensuite des sacs poubelles sur les membres et la tête, avant de refermer son étrange linceul à grand renfort de ruban adhésif disposés »
Répétition « disposa » / « disposés ». Je trouve d’ailleurs que « disposa » n’est pas très approprié. Elle met bien la tête et les bras dans des sacs, non ? Pas très clair pour moi.

*/ « à l’abris des regards »
Abri

*/ « le corps sans vie »
Je supprimerai « sans vie », qui n’apporte rien de neuf.

*/ « puis bloqué les numéro »
Numéros

*/ « Je rejetais la seule aide que l’on ne m’ait jamais manifesté »
Pour moi, manifester une aide ne se dit pas. Proposer une aide ?

*/ « Une fois cette tâche accompli »
Accomplie

*/ « L’une de ses pommettes, celle que Pierre avait frappé le plus fort, était légèrement enflé »
Enflée

*/ « l’une montant vers les collines environnantes »
Ici, le « environnantes » me semble superflu et un peu incongru à vrai dire. Mais peut-être est-ce moi.

*/ « le matériel qu’elle y avait rassemblé »
Ca m’a surpris. Je pensais que tu nous avais TOUT raconté ce qu’elle avait fait depuis le « meurtre ». Je croyais vraiment à un récit linéaire, ou rien n’est omis. Ces outils, du coup me surprennent.

*/ « à plusieurs reprise »
reprises

*/ « la fréquence de chaque pelleté fût par moments amoindrie »
Fréquence amoindrie, pour moi, ça ne passe pas bien. Diminuée ?

*/ « se sente plus jamais à l’abris dans cette jolie petite maison »
Abri

*/ « ni les instrument de torture »
Instruments

*/ « Lors de la première guerre mondiale, […] puissance »
Cet aparté me semble évitable. On est en pleine action et on veut savoir l’issue du combat !!!


Hors ligne Paloma

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Re : Pas un bon jour pour tuer (public averti)
« Réponse #11 le: 13 octobre 2020 à 14:19:46 »
Merci Matthieu pour ton commentaire  :)

J'ai corrigé les... nombreuses fautes d'orthographes que tu as relevées (je crois que j'ai un gros problème avec les s  :-¬?).
J'ai également jeté un coup d'oeil aux maladresses et répétitions que tu as reportées, pour en corriger une grosse partie (suppression de certains mots, emploie de synonymes etc).
J'espère que ça rendra mieux ainsi :)

Pour ce qui est de la charge du texte, je pense que tout le monde est assez unanime, donc je vais prendre le temps de laisser reposer cette histoire pour la relire tranquillement plus tard, et voir ce qui peut être enlevé. Après, j'avoue que certains passages (comme celui sur les soldats de la 1ère guerre mondiale) sont, je sais , assez inutiles (même si l'idée était d'expliquer qu'on puisse se servir d'une pelle comme d'une arme), mais j'avoue les avoir écrits plus pour le plaisir  :mrgreen:, que dans un but utilitaire (ça veut pas dire que c'est bien hein  ^^).

Pour la phrase sur la demande en mariage, même si j'ai souvent tendance à considérer la longueur des phrases dans certains textes comme un défaut (donc bon c'est normal qu'on me le reproche aussi :mrgreen:), j'ai un peu fait exprès d'allonger celle-ci, pour donner l'impression que la scène, d'un coup, se figeait, comme si le personnage souhaitait y revenir et rester bloquer à cette époque... Reste à voir si après relecture plus approfondi ça ne me paraîtra pas superflu, mais l'intention était là  ;)

Merci pour tes remarques pertinentes et bonne journée :D

 


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