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Le Monde de L'Écriture » Salon littéraire » Salle de lecture » Théâtre et poésie » [Poésie] Les Amours Jaunes (Tristan Corbière)

Auteur Sujet: [Poésie] Les Amours Jaunes (Tristan Corbière)  (Lu 2715 fois)

LeBarbu

  • Invité
[Poésie] Les Amours Jaunes (Tristan Corbière)
« le: 07 février 2013 à 03:09:31 »
FAUT QUE ÇA POETE ! épisode 01
LES AMOURS JAUNES Tristan Corbière

https://www.youtube.com/watch?v=oplh8Nvwlik

Une émission poilante et instructive sur la poésie.

Vous pensez que la poésie est cet amas de niaiseries qui ponctue nos voyages en métro (merci la RATP et ses panneaux poétiques) ou des textes pondus par des dinosaures en voie d'extinctions aux petits plaisirs cryptiques, incapables de simplement se faire entendre par le commun des mortels  ?
Bé non.

Pour ce premier épisode nous nous penchons sur le cas Corbière et ses Amours Jaunes, un des poètes maudits recensé par Verlaine, qui savait rire, jusque dans sa poésie, pour ne pas être fou.
En espérant que cela vous permette de changer un peu d'avis au sujet de la poésie.
N'hésitez pas à vous abonner à la chaîne ou à plébisciter notre page facebook.
Nous vous embrassons fort, avec des poils,
Le Barbu.

https://www.youtube.com/watch?v=oplh8Nvwlik
« Modifié: 17 juin 2016 à 14:44:58 par Milora »

Hors ligne hulu

  • Tabellion
  • Messages: 33
  • "life is nothing but a dream"
Re : LES AMOURS JAUNES, Tristan Corbière (en se poilant)
« Réponse #1 le: 08 février 2013 à 07:16:24 »
la tranché semble être certainement proche (comme le dirait Bashung, il faut bien rendre à César ce qui est à César) moi je veux des réponses claires nettes précises sans bavures et pas dans 150 ans
En parlant de simple d'esprits, j'ai quelques amis bien placés deci delà et ils viennent vider les poubelles juste devant mon appartamment dans cette si jolie ville de Pau dans laquelle je n'ai pas trouvé de stage malgré tous mes efforts (cf un prof de psycho ?) pour me dire, julien, veux tu un secret ?
Et moi, dans ma petite tête toute explosée je me dis, qui sait ?

Je pense donc qu'il y a quelques (mais je ne voudrais pas t'effrayer LeBarbu alors sais tu pourquoi je ne révise mes cours d'informatique par correspondance que la nuit ?) psychotiques et mongoliens deci delà

Sais-tu ce qu'est peut être le vide ou la peur LeBarbu ? Qu'as-tu déjà exploré ou qu'explores-tu ?
« Modifié: 08 février 2013 à 09:35:17 par hulu »
alors attention je porte plainte sur le forum

pehache

  • Invité
Re : LES AMOURS JAUNES, Tristan Corbière (en se poilant)
« Réponse #2 le: 16 octobre 2013 à 08:12:16 »
Juste pour dire que Tristan, c'est quand même un très grand.

Hors ligne ODIN

  • Tabellion
  • Messages: 38
Re : LES AMOURS JAUNES, Tristan Corbière (en se poilant)
« Réponse #3 le: 25 décembre 2013 à 20:43:40 »
Tristan même! Aristote  et Harry, s'toltèques  qui rencontrent sa littérature ...
L'HUMOUR DES MOTS, AUTREMENT

Eveil

  • Invité
Re : [Poésie] Les Amours Jaunes (Tristan Corbière)
« Réponse #4 le: 17 juin 2016 à 14:17:11 »
"Maudit". Tristan Corbière était moche, "être ingrat et disgrâcieux", malade, "rhumatisant, tuberculeux, infirme dès l'adolescence", seul, mal aimé, "convaincu d'être un raté [...] une erreur humaine", donnant son propre prénom à son chien, un paria, "ôté du monde et de ses plaisirs possibles", sa vie ne fut "qu'une avalanche de déceptions, de désillusions et de déboires". A vécu trente ans, 1845-1875.

"Cet être faussé, mal aimé, mal souffert/Mal haï", celui qui se qualifiait lui-même de "roman pauvre" n'avait pour lui que son rire jaune à déposer sur son être et sur le monde - et quel rire. Un de ceux qui résonnent jusqu'à la mer. Parce que la mer, Tristan Corbière la rêvait, la chantait de loin, mais la mer c'était pas pour lui, le "mal fait" qu'était pas de ces vrais hommes. Il voulut la femme aussi, il voulut être l'amant, il fut l'esclave orné d'un collier, "baisant dans la poussière la trace de son soulier".

Il n'ouvrait la bouche que pour hurler. Jusqu'à la mer. Jusqu'à la mer. "Il fut le poète du mal de vivre", et laissa derrière lui quelques incendies. "Aux portes de notre siècle, il demeure la voix des perdus anonymes qui ne savent pas chanter, et qui en crèvent". 

Quelques textes :



Ça ?
      
                                                                                                       What ?...
                                                                                         Shakespeare

Des essais ? — Allons donc, je n’ai pas essayé !
Étude ? — Fainéant je n’ai jamais pillé.
Volume ? — Trop broché pour être relié...
De la copie ? — Hélas non, ce n’est pas payé !
 
Un poème ? — Merci, mais j’ai lavé ma lyre.
Un livre ? — ... Un livre, encor, est une chose à lire !...
Des papiers ? — Non, non, Dieu merci, c’est cousu !
Album ? — Ce n’est pas blanc, et c’est trop décousu.
 
Bouts-rimés ? — Par quel bout ?... Et ce n’est pas joli !
Un ouvrage ? — Ce n’est poli ni repoli.
Chansons ? — Je voudrais bien, ô ma petite Muse !...
Passe-temps ? — Vous croyez, alors, que ça m’amuse ?
 
— Vers ?... vous avez flué des vers... — Non, c’est heurté.
— Ah, vous avez couru l’Originalité ?...
— Non... c’est une drôlesse assez drôle, — de rue —
Qui court encor, sitôt qu’elle se sent courue.
 
— Du chic pur ? — Eh qui me donnera des ficelles !
— Du haut vol ? Du haut mal ? — Pas de râle, ni d’ailes !
— Chose à mettre à la porte ? — ... Ou dans une maison
De tolérance. — Ou bien de correction ? — Mais non !
 
— Bon, ce n’est pas classique ? — À peine est-ce français !
— Amateur ? — Ai-je l’air d’un monsieur à succès ?
Est-ce vieux ? — Ça n’a pas quarante ans de service...
Est-ce jeune ? — Avec l’âge, on guérit de ce vice.
 
... ÇA c’est naïvement une impudente pose ;
C’est, ou ce n’est pas ça : rien ou quelque chose...
— Un chef-d’œuvre ? — Il se peut : je n’en ai jamais fait.
— Mais, est-ce du huron, du Gagne, ou du Musset ?
 
— C’est du... mais j’ai mis là mon humble nom d’auteur,
Et mon enfant n’a pas même un titre menteur.
C’est un coup de raccroc, juste ou faux, par hasard...
L’Art ne me connaît pas. Je ne connais pas l’Art.




Pauvre garçon

Lui qui sifflait si haut, son petit air de tête,
Etait plat près de moi ; je voyais qu'il cherchait...
Et ne trouvait pas, et... j'aimais le sentir bête,
Ce héros qui n'a pas su trouver qu'il m'aimait.

J'ai fait des ricochets sur son coeur en tempête.
Il regardait cela... Vraiment, cela l'usait ?...
Quel instrument rétif à jouer, qu'un poète ! ...
J'en ai joué. Vraiment - moi - cela m'amusait.

Est-il mort ?... Ah - c'était, du reste, un garçon drôle.
Aurait-il donc trop pris au sérieux son rôle,
Sans me le dire... au moins, - Car il est mort, de quoi ?...
Se serait-il laissé fluer de poésie...
Serait-il mort de chic, de boire, ou de phtisie,
Ou, peut-être, après tout : de rien... ou bien de Moi.



Epitaphe

Il se tua d'ardeur, ou mourut de paresse,
S'il vit, c'est par oubli ; voici ce qu'il laisse:

- Son seul regret fut de n'être pas sa maîtresse. -

Il ne naquit par aucun bout,
Fut toujours poussé vent-de-bout,
Et ce fut un arlequin-ragoût,
Mélange adultère de tout.

Du je-ne-sais-quoi. - Mais ne sachant où ;
De l'or, - mais avec pas le sou;
Des nerfs, - sans nerf. Vigueur sans force ;
De l'élan, - avec une entorse ;
De l'âme, - et pas de violon ;
De l'amour, - mais pire étalon.
- Trop de noms pour avoir un nom. -

Coureur d'idéal, - sans idée ;
Rime riche, - et jamais rimée ;
Sans avoir été, - revenu;
Se retrouvant partout perdu.

Poète, en dépit de ses vers ;
Artiste sans art, - à l'envers,
Philosophe, - à tort et à travers.

Un drôle sérieux, - pas drôle.
Acteur, il ne sut pas son rôle ;
Peintre, il jouait de la musette ;
Et musicien : de la palette.

Une tête ! - mais pas de tête;
Trop fou pour savoir être bête;
Prenant un trait pour le mot très
- ses vers faux furent ses seuls vrais.

Oiseau rare - et de pacotille;
Très mâle... et quelquefois très fille ;
Capable de tout, - bon à rien ;
Gâchant bien le mal, mal le bien.
Prodigue comme était l'enfant
Du testament, - sans testament.
Brave et souvent, par peur du plat.

Coloriste enragé, - mais blême ;
Incompris... - surtout de lui-même ;
Il pleura, chanta juste faux ;
- Et fut un défaut sans défauts.

Ne fut quelqu'un, ni quelque chose
Son naturel était la pose.
Pas poseur, - posant pour l'unique ;
Trop naïf, étant trop cynique;
Ne croyant à rien, croyant tout.
- Son goût était dans le dégoût.

Trop cru, - parce qu'il fut trop cuit,
Ressemblant à rien moins qu'à lui,
Il s'amusa de son ennui,
Jusqu'à s'en réveiller la nuit.
Flâneur au large, - à la dérive,
Épave qui jamais n'arrive...

Trop Soi pour se pouvoir souffrir,
L'esprit à sec et la tête ivre,
Fini, mais ne sachant finir,
Il mourut en s'attendant vivre
Et vécut, s'attendant mourir.

Ci-gît, - cœur, sans cœur, mal planté,
Trop réussi, - comme raté.
« Modifié: 17 juin 2016 à 14:27:36 par Eveil »

Hors ligne pehache

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 199
Re : [Poésie] Les Amours Jaunes (Tristan Corbière)
« Réponse #5 le: 31 mars 2017 à 21:42:01 »
Joli choix.
J'ajoute:

UN SONNET
AVEC LA MANIÈRE DE S'EN SERVIR
Réglons notre papier et formons bien nos lettres :


Vers filés à la main et d'un pied uniforme,
Emboîtant bien le pas, par quatre en peloton;
Qu'en marquant la césure, un des quatre s'endorme...
Ça peut dormir debout comme soldats de plomb.

Sur le railway du Pinde  est la ligne, la forme;
Aux fils du télégraphe :   on en suit quatre, en long;
A chaque pieu, la rime   exemple : chloroformes.
-   Chaque vers est un fil, et la rime un jalon.

-   Télégramme sacré   20 mots.   Vite à mon aide... 
(Sonnet   c'est un sonnet  ) ô Muse d'Archimède!
-   La preuve d'un sonnet est par l'addition :

-   Je pose 4 et 4 = 8 ! Alors je procède,
En posant 3 et 3!   Tenons Pégase  raide :
« O lyre! O délire : 0... »   Sonnet   Attention!




Le mousse


- Mousse : il est donc marin, ton père ?…                  
- Pêcheur. Perdu depuis longtemps.
En découchant d’avec ma mère,
Il a couché dans les brisants…

Maman lui garde au cimetière
Une tombe – et rien dedans. –
C’est moi son mari sur la terre,
Pour gagner du pain aux enfants.

Deux petits. – alors, sur la plage,
Rien n’est venu du naufrage ?…
son garde-pipe et son sabot…

la mère pleure, le dimanche,
pour repos… moi : j’ai ma revanche
quand je serai grand- matelot ! –
            Baie des Trépassés

 


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