Bonjour !
Je suis content de revenir sur le forum. J'ai déjà eu l'occasion de publier une nouvelle policière que j'avais adaptée grâce aux retours de la communauté !
Mes nouvelles sont l'occasion d'explorer des thématiques contemporaines, liées souvent aux technologies et toujours à la condition humaine.
J'ai écrit une nouvelle de science-fiction et d'aventures ! Un parcours d'obstacles terrible; ou peut-être un impitoyable voyage initiatique ! Les héros de cette histoire sont confrontés à leurs rapports actuels au temps qui passe. Ce texte traite de son accélération, son évolution, de ce que nous en faisons, de la peur de l'urgence... mais aussi des temps libres !
N'hésitez pas à le commenter et me dire ce que vous en avez pensé ! Un grand merci par avance.
Préface
Au gré de mes recherches et de mes lectures, un mot s’imposait à moi : Accélération. L’accélération du temps.
Je percevais que dans le XXIè siècle naissant, le monde occidental continuait à s’éprendre toujours plus de vitesse.
A l’évidence, l’émergence des nouvelles technologies n’a pas eu l’effet escompté. La micro-informatique, la robotisation de certaines tâches nous ont bien sûr facilité la vie. Ces phénomènes ont permis de dominer les contraintes du temps et de l’espace et il est possible de se délester et d’automatiser des tâches répétitives.
Le temps libre qui en a résulté ne nous a pas conduit à rechercher la lenteur, la sollicitation intellectuelle, le temps long. Non. Parce que le but de la cybernétique a toujours été de rationaliser, nous avons suivi le mouvement au point de vouloir optimiser nos vies. Ce temps libre, nous avons voulu le consacrer pour faire d’autre choses, de plus en plus de choses et toujours plus vite. De sorte que l’envie de davantage remplir sa vie semble être allé de pair avec la peur des temps inoccupés, des temps morts. Qui signent la Mort.
Il faut dire qu’Internet a décloisonné toutes les formes de frontière, ouverts à des réservoirs gigantesques de connaissances, diverses et variées, disponibles en toutes les langues depuis tous les pays. Ainsi donc, la vieille malle en osier des années 1970-80, qui contenait à peine quelques livres chinés en un an, a fait la place à des sites de e-commerce qui ont ouvert l’accès à des centaines et des milliers de livres. Et d’autres sites ont fait de même pour nous rapprocher de la littérature de tous les pays.
Nous pouvons voir sans souci la filmographie de toutes les époques et toutes les contrées, écouter tous les morceaux de musique, lire tous les livres. Et bientôt, grâce à internet, nous pouvons accéder à d’autres formes d’expression : les articles de blogs, les interactions sur les réseaux sociaux, les vidéos…
A ce petit jeu, Internet casse les codes et livre toutes les connaissances en les plaçant sur un même pied d’égalité. La recherche du Beau et la patience que cela implique laisse la place à une impatience et un appétit insatiable d’en voir et d’en lire toujours plus.
Je devinais un besoin naissant de toujours chercher de quoi s’occuper, de quoi se sentir stimulé. Pour donner l’impression d’être actif, pour exister, par peur de la mort…
J’étais certain que cela existait aussi dans l’entreprise. Peut-être le monde du travail a-t-il même encouragé cette évolution. Une partie de la productivité devait se résumer à des projets, des avancées, des innovations technologiques dont le but n’est pas tant de développer une activité commerciale dans un sens socialement utile, mais simplement d’exister, de rayonner, de dépenser un budget que l’on nous a alloué.
Et tant pis si cette pression terrible - qui vient des autres et de soi-même - peut conduire à la dépression, à la procrastination ou à l’autodestruction. Et tant pis si ce besoin de tous d’agir à tout prix pousse la société vers sa propre perte.
Ce sont ces sujets que la nouvelle « Chronosaïa » traite. Le Legmer George vit des tribulations incroyables, dignes de grands romans d’aventures, dans le but désespéré de revoir la Déesse du Temps qui Passe qui, un jour, avait croisé son chemin. Ce sera donc un récit d’aventures et d’action, un récit qui raconte un parcours jalonné d’obstacles emportant, l’un après l’autre, tous les candidats à ce jeu extraordinaire. Derrière cette histoire a priori simple, se cache une nouvelle dystopique et philosophique.
L’histoire nous entraîne sur une planète qui propose une vision de cauchemar. Un lieu dans lequel tout un peuple a œuvré pour toujours plus de progrès et d’innovations sans se rendre compte qu’il rendait ainsi sa propre planète aride et inhospitalière. Un endroit terrible où chacun ne peut survivre qu’en rejoignant une tribu qui essaie de continuer de vivre sans rien changer. Ces peuplades, façonnées par l’idéologie du progrès à tout prix et de la croissance, se sont certainement éloignées des religions traditionnelles et des structures traditionnelles. Mais elles ont aussi fabriqué leurs propres Dieux : clui de la technologie, celui de la science… et celle du Temps qui passe.
« Chronosaia » renoue ainsi à la tonalité sombre d’une autre de mes nouvelles de science-fiction : « Rien que deux petits vers ». Cette nouvelle sombre raconte le devenir dramatique d’une tribu qui, à vouloir se doter d’une technologie, avait fini par se laisser anéantir. Cette fois, le peuple des Legmers a survécu, pour l’instant tout du moins.
Dans cette nouvelle, l’individualité disparaît. Chaque protagoniste, jusqu’au héros, sont des personnages peu détaillés, au caractère peu étoffé, tout simplement parce qu’ils personnifient simplement l’humanité dans son ensemble. Ce qui compte est l’impitoyable parcours d’obstacles auxquels ils vont être confrontés, et sa dimension initiatique. Cela fait de cette histoire un mélange d’action pure et de références, d’allusions et de symboles dont la signification relève du 2nd ou du 3ème degré.
Pourquoi les Dieux ont-ils imposé cette épreuve aux Legmers ? Pourquoi, maintenant ? L’histoire ne le détaillera pas. Peut-être est-ce le constat que la situation est grave. Peut-être comme nous les Legmers sont-ils à l’horizon de nouveautés technologiques qui les pousseront à accélérer encore davantage.
Aussi, en partant retrouver la Déesse qui l’avait tellement obsédé, le héros de cette histoire va plonger dans une aventure incroyable, parsemée de dangers. Et qui le confronte,t dans son rapport à toutes les formes de temps. Le temps de l’urgence, le temps de l’action, le temps trop précipité, le temps gaspillé, le temps long…
Beaucoup vont échouer sur ce chemin semé d’embûches. Celui qui triomphera des épreuves aura sans doute beaucoup appris de lui-même et de ce qui compte dans son existence. En ce sens, je n’ai cette fois pas écrit une nouvelle tragique. L’accélération n’est pas inéluctable, même si le ralentissement total de sa vie n’est peut-être pas forcément non plus la solution ultime.
Quoiqu’il en soit, il y a un espoir à la fin de l’histoire et c’est plutôt rassurant pour notre propre devenir d’êtres humains.
I
Je m’appelle George Oliver Stone et je vis dans le monde des Legmers.
Si vous levez les yeux vers le ciel, vous apercevrez peut-être ma planète. Une grosse boule rocheuse noire, au relief sans aspérité. Il n'y a plus ici de montagne ni de lac; il n'y a pas de cratère et l'on y chercherait en vain une grotte.
Pour nous, la roche est comme un homme muni de deux sceptres. Elle est le minéral et l'animal, la vie et la mort, le tout et le rien. Nous croyons à la colère et à la violence inhérente à notre nature. Alors pour la contenir, nos Legmers mâles se sont retroussés les manches et avec force pelles et pioches, se sont mis a creuser d'énormes fondations. A bâtir d’innombrables villes, ces fleurs de pierre gigantesques, qui s’ouvrent avec fracas et se déploient sur de vastes surfaces. Fallait-il parler d’une irruption florale ou d’un vomissement d’immeubles d’une blancheur immaculée ?
Au-dessus de ce spectacle incroyable, une femme à la robe-mongolfière flottait régulièrement, portée dans les airs par les cris de rages, les ahans et les soupirs. Elle incarnait à merveille l’Espérance. Partenaire fidèle, elle demeurait des heures durant penchée vers l’avant, longue-vue en main, guettait l’avenir apaisé que nous recherchions tellement.
*
Les immeubles furent érigés avec une rage toute guerrière et c'est ce spectacle que je contemplai à présent, assis sur le rebord d’un quai de gare. Le spectacle de gigantesques colosses en pierre blanche qui me parurent converger d’un pas lourd vers le lieu de la bataille. Leur cause n’était pas la mienne et malgré leur stature, je ne redoutai pas ces corps monstrueux qui sauraient passer à côté de moi sans m’écraser.
Pourtant, derrière moi, là-bas, il n’y avait que l’infini parsemé d’étoiles. A scruter l’horizon, on quêterait en vain l’adversaire. D’ailleurs, l'Espérance observait-elle réellement ou faisait-elle semblant ? Je ne sus jamais répondre à cette question, aussi mon regard se fit-il avec le temps moins candide. Ces immenses constructions ressemblaient à de longs tissus blancs sous lesquels des enfants se seraient cachés, avec leurs bêtises, leur malice et leurs caprices. Pour la Nature, en tout cas, notre folie des grandes villes dut être une bien mauvaise farce !
L’âge d’or de mon peuple s’épanouit sans grève, ni manifestation. Sans combat ni même désaccord. Et parce que l’on ne s’entend jamais aussi bien qu’avec ceux qui nous ressemblent, notre morphologie changea au gré du temps. Nos corps devinrent blancs, eux aussi. Nos visages perdirent leurs traits, leurs poils, tout ce qui les différenciait l’un de l’autre. Scruter nos faces - en quête d’une identité – ressemblait à la traversée d’un escalier en colimaçon dont chaque étage aurait la forme d’un visage – gueule béante – relié aux autres. Le même visage, puis le même l’étage d’après. Encore et toujours...
*
Et puis, un jour, ils surgirent. Ils. Les dieux. Cela se produisit par une belle soirée. Un habitant legmer fut le témoin de cette arrivée inopinée. Une lumière chaude et diffuse se déversa sur la roche, comme pour annoncer l’heureux évènement. Elle marcha, s’arrêta.
Devant elle, le sol se fractura et de longs doigts, des doigts interminables, s’en extirpèrent. Les doigts d’une main gigantesque qui précédaient une tête. Puis un tronc, étiré à l’infini comme il se dressait lentement. Ce géant répondait au nom de Technologios.
En un autre, Saientis déchira le sol. De la même manière. Il dressa son corps noir et informe juste au dessus d’une de nos villes. Il n’y avait sur son visage que deux yeux brillants et enfoncés. Rien qui ne permit d'exprimer une émotion. Et pourtant, de là haut, il aurait pu se demander : à quoi pouvait bien servir cet amas de parallélépipèdes blancs ? N’y avait-il pas là de quoi s’étonner ?
Et tandis qu’ils nous observaient sans comprendre, nous les contemplions. Pour nous, ils paraissaient grands au point de toucher le ciel du doigt !
La troisième géante apparut juste devant moi, en pleine rue, au détour d’une promenade. Quelque chose attiré mon œil, en direction du mur lisse et blanc d’un immeuble. Cette surface homogène fut bientôt entachée par l’émergence d’une chose de couleur grise. Elle prit du relief lentement, au fur et a mesure qu’elle apparut. Quelle surprise fut pour moi l’arrivée douce d’un gigantesque visage pixellisé ! Il était composé d’une myriade de rectangles épousant toutes les nuances du gris. Celui d’une jeune femme triste. La tête baissée, elle tentait de dissimuler une envie de pleurer en gardant les yeux fermés. A la contempler ainsi, je me mis à percer le secret même de ses pensées, à la comprendre. Son entrée ici-bas était inévitable et tel était le drame de sa vie. Quelle mélancolie profonde, quelle pitié que le spectacle déchirant de quelqu’un se désolant de venir ! Sa venue en notre monde progressa à contrecœur et le corps vint ainsi inéluctablement à moi. Le buste gigantesque, les jambes colossales et magnifiques... Elle se dressa bientôt dans son intégralité.
Pourquoi étaient-ils tous apparus sur notre planète ? Sans le vouloir, nous avions pendant des décennies abreuvé le sol de notre conviction en faveur du progrès et des inventions, de notre passion sans borne pour la raison et la science. Nous avions fait du temps une denrée rare. Chronosaïa était la déesse du temps derrière lequel l’on court, qui toujours nous manque.
Elle et les autres dieux n’avaient nulle part où aller. Ils prirent le parti de marcher sans but, d’un pas lent et vacillant. Ils contournèrent les villes et firent du sol rocheux le terrain d’un jeu sans règle. Et nous ? Nous décidâmes de les adorer.
Pourquoi ici ? Pourquoi en cet instant ? Ils durent se rendre à l'évidence : ils n’avaient aucune réponse à cette question. Ils jetèrent un regard lointain sur ce monde pour lequel ils n’étaient pas faits et entreprirent de le sillonner au hasard. Au moment de sortir de terre, savaient-ils seulement qu’ils n’étaient pas uniques sur la planète ? Qu'il y avait plusieurs géants ? Peut-être pas.
*
Je demeurai subjugué par ma rencontre fantastique avec la Déesse. Lorsqu’elle décida, à l’instar de ses comparses, de partir visiter ce monde, ce départ résonna en moi comme la rupture déchirante d’une histoire d’amour improbable.
Elle partie, je me sentis soudain seul et vide, immobile comme un automate. Amant malheureux, je guettais fiévreusement son retour impensable. Mais notre planète était grande et jour après jour l’horizon ne s’emplissait point de la présence tant espérée.
A hauteur de colosse, ce monde avait certainement de quoi déconcerter. Chacun avança et se déroula sous ses pieds comme un tapis bleu parsemé de figures géométriques. Comme une mer sombre que, pour une raison inconnue, beaucoup tentaient de fuir dans de minuscules barques blanches. Ils ne comprenaient pas la raison pour laquelle les Legmers désertaient la terre qui les avait fait jaillir.
Technologios s’étendit un instant sur le côté et ferma les yeux, pour oublier. Alors qu’il les rouvrait, nos villes l’entouraient comme des créatures fidèles à leur maître. Loin de là, Saientis déployait ses bras autour d’une autre ville. Il provoqua un remous éolien qui ressemblait à s’y méprendre à une tornade ! Il se pencha en avant et si les habitants ne virent qu’une masse sombre lui tenant lieu de face, ils y projetaient sans peine les traits d’un enfant dépité qui ne comprend pas.
Je resterai hanté toute ma vie par l’apparition fugace de Chronosaïa. Elles furent si rares par la suite! Chaque apparition fut un message délivré à notre attention. Sur le temps qui s’écoulait trop vite. A moins que ce ne fut nous qui nous convainquions qu’il accélérait ? Chronosaïa était splendide, pareille à un arbre en majesté par sa grandeur ! Un arbre sombre, irradié par une lumière franche et fraîche et autour duquel je me rêvais en train de danser. De virevolter avec grâce et légèreté. Son départ sonna comme une incompréhensible rupture. La perte de l’être cher et aimé... à peine rencontré.
Jour après jour, je guettai inlassablement des retrouvailles. Mon cœur invariablement palpitait et l’arc-en-ciel de l’espoir vint chaque fois irradier une âme usée par la déception de la veille. Et pourtant, la retrouvaille maintes fois désirée n’arriva pas.
*
Un beau jour… L’occasion enfin se présenta, sans prévenir.
Émergeant du brouillard qui embrumait ma vie ainsi que la ville, une tête, sombre et impassible. Puis son corps impressionnant, marchant avec calme et fermeté. Quelle félicité, quelle douceur ! Quelle féminité !
Non... Hélas cent fois non, ce ne fut que Technologios qui contournait la ville.
Combien de fausses joies ponctuèrent une vie soudain devenue insupportable ? Je suis incapable de le dire...
*
Des jours durant, le récit de ma vie se résuma à une complainte mélancolique dont l’orchestre fut pourtant troublé au moment où je reçus un courrier inattendu.
C'est pour cela que ce jour-là, j'étais assis sur un quai. A contempler des bâtiments immobiles et pourtant, à mes yeux en tout cas, partis en guerre. J'attendais un train, un papier en main. Une invitation pour être précis.
Pour revoir… enfin… la Déesse du temps qui passe. Avait-elle donc entendu au loin mon chant triste ? Tout à mon émotion, je ne lus et relus que la première moitié du document qui me parlait de retrouvailles, d’un lieu à rejoindre et d’un pèlerinage à accomplir.
Je formai un bagage léger et partis le lendemain même.
Je termine ici mon extrait... Alors, qu'en avez-vous pensé ?
les aventures de notre Legmer se poursuivent ! La troupe réussira-t-elle à gravir la paroi montagneuse sous ce soleil de plomb meurtrier? Pourquoi la paroi est-elle recouverte de baies vitrées ? Quels dangers terribles attendent encore les héros de cette histoire ? Qu'est devenu le Legmer qui a abandonné le groupe pour emprunter un passage secret? Est-il encore en vie? Est-il au plus près des Dieux ?
Si vous voulez le savoir, vous pouvez lire ici la nouvelle en intégralité. Comme je l'ai déjà publiée sur internet, je préfère ne pas reproduire le texte partout.
https://www.monbestseller.com/manuscrit/9241-chronosaia-que-le-temps-passe-vite