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Le Monde de L'Écriture » Sous le soleil des topics » Archives croulantes » BlindText » 17e édition - BT Érotique » B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )

Auteur Sujet: B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )  (Lu 6012 fois)

Hors ligne Samarcande

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B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« le: 18 octobre 2020 à 20:57:24 »
Avertissement : ce texte parle de la zone grise du consentement.




Les feuilles mortes


     
       Il est 17h15, je suis en retard, et pourtant je reste plantée devant la porte sous la pluie. Tout ça pour gagner un peu de temps.
 « Ça va aller. C’est Alex. Il comprendra. ».
Je pousse enfin la porte de la médiathèque comme on franchit la porte des enfers.
Nous n’avions rien trouvé de mieux pour nous réfugier la semaine dernière lorsque le ciel s’était assombri et que les premières gouttes s’étaient écrasées sur nos visages. Et c’est là que, tout naturellement, il m’a donné rendez-vous aujourd'hui.

       Je traverse le hall, une bulle d’acier et de verre, et grimpe l’escalier en spirale. Les baies vitrées laissent filtrer une lumière blafarde que les lignes implacables de la coupole ne font qu’accentuer.
Une passerelle de plexiglas surplombe le labyrinthe de livres parmi les couloirs duquel, penchée à la rambarde, je cherche la silhouette d’Alex.
Il y a plus de monde et trouver une table dans un coin tranquille ne sera pas aisé. Ce constat, qui m’aurait contrariée la semaine dernière, me soulage aujourd'hui.
— Léa, par ici !
Alex, le sourire ensoleillé, me fait signe depuis la section manga. Je crois que c’est ce que je préfère chez lui, cette manière qu’il a de sourire comme si tout son visage et son corps participaient du mouvement des lèvres. La boule d’angoisse sourde qui m’avait alourdie jusque-là s’évapore. Bien sûr qu’il va comprendre. Je dévale les escaliers dans sa direction. Il est déjà là, prêt à me recevoir dans ses bras et je plonge, la joue écrasée contre les boutons de sa chemise verte, celle qui fait ressortir ses yeux. Il l’a mise pour moi ; je le préfère en tee-shirt.
— Tu m’as tellement manquée !
Ses baisers pleuvent sur mes cheveux, sur mon front, sur mes yeux et mes lèvres. J’ai envie de répondre que lui aussi m’a manqué, et je me sens soulagée de le voir si tendre, bête d’avoir douté de lui, coupable d’avoir dilapidé du temps à hésiter dehors. Sa main glisse le long de mon dos jusqu'à mes fesses.
— T’es mignonne en pantalon, susurre-t-il à mon oreille avant d’en mordiller le lobe. Mais ça va pas être très pratique.

       Le sourire est toujours là, mais tout à coup ses rayons ne m’atteignent plus. Un imperceptible glissement s’opère, comme une fuite en avant de moi-même. Je vois, plus que je ne le perçois, mon corps se raidir alors qu’il devrait se dérouler sous le souffle tiède de ces mots, de cette bouche qui a toujours su modeler mon désir.
Mais Alex m’entraîne déjà vers une table libre, coincée entre deux rayons d’essais anthropologiques, dépose son sac à dos sur le plateau et m’aide à ôter mon manteau, effleurant mes seins au passage. L’eau coule de mon manteau et forme un petit lac sous ma chaise.
Alex s’installe à côté de moi et caresse une mèche de cheveux humide.
— T’es trempée, il se mord la lèvre. C’est trop con de plus avoir la voiture. J’aurais pu passer te prendre et on aurait eu tout l’après-midi ensemble.
— Ton père a pas changé d’avis ? Il veut toujours pas te la prêter ?
— Ça ne risque pas d’arriver depuis que j’ai bousillé la Fiat de ma mère - il ricane - c’est le bus à vie maintenant.
Sa main se pose sur ma cuisse, dessine un cercle du bout des doigts.
Remarque, se retrouver en ville, c’était pas vraiment un problème cet été. Mais ça risque d’être plus compliqué avec le froid.
Il soupire.
Putain, je voudrais vraiment avoir un appart à moi !
Sa main remonte jusqu'à mon entrejambe, impérieuse.
Foutu temps de merde ! Avant on pouvait au moins rester dehors et continuer l’exploration.
 

      Avant. Cet été. Nous nous retrouvions devant la Fontaine de Neptune et partions main dans la main à la recherche d’un endroit tranquille, jamais le même, explorateurs d’un continent nouveau. Loin des sentiers battus, des touristes et du soleil dévorant, la ville secrète s’ouvrait à nous ; une ville d’impasses aguichantes, de portes cochères profondes et de troublantes cours internes. Nos jeux étaient infinis comme les possibilités que nous offraient la ville : une rambarde ciselée soutenait nos ébats, un sol de mosaïque imprimait dans nos chairs ses émaux, nos peaux incendiées frissonnaient au contact d’une statue de bronze. Partout nous laissions notre marque : un soupir, un gémissement, une extase. Chaque fois, avant de nous séparer, nous tracions au marqueur rouge un nouveau point « Vous êtes ici » sur le plan de la ville fixé à l’abribus.
      L’air tiède du début d’automne avait rendu les ruelles aveugles moins attirantes. J’avais troqué ma tenue de bataille, une mini-jupe à godets infroissable et suffisamment large pour permettre nos acrobaties, contre une jupe ample qui tombait jusqu'à mes pieds. Alex avait eu une moue dépitée en me voyant arriver. Je l'avais entraîné en riant sur un banc du parc.
— J'ai envie de toi ! Viens ! avais-je dis simplement.
— T'es complètement barrée !
J'avais ondulé plus d'une heure durant sur lui, avec des mouvements si légers qu’ils en étaient imperceptibles, ma large jupe déployée autour de nous comme un rideau, les yeux plantés dans les siens, attentive à la moindre variation de sa respiration, aux micro-changements de densité de son pénis et au moindre millimètre de contact entre nos corps, tandis qu’autour de nous les enfants jouaient au ballon sur l’herbe et que défilaient les passants. L’orgasme avait enflé en silence et seules nos pupilles dilatées et nos mains crispées sur le banc avaient témoigné de l’explosion interne qui nous secouait. Une lente et profonde lame de fond qui n'avait plus rien de l’urgence et de la violence de nos jouissances estivales.
La semaine suivante il avait commencé à pleuvoir.


— Tu m’accompagnes aux toilettes ? lance-t-il avec nonchalance.
Pas moyen d’esquiver. Je baisse les yeux vers la flaque d’eau qui ne cesse de s’élargir sous mon manteau. Un petit fleuve s’en détache et commence à ruisseler en direction de la chaise d’Alex.
— Ou on pourrait rester ici ?
 Ma voix dérape, fausse note dans une partition trop lisse.
— Pour quoi faire ?
Ses yeux rient.
— Je sais pas… Discuter ?
Il a l'air décontenancé.
— T'es sérieuse ?
Il me fixe, les sourcils froncés, puis son visage se détend.
— Ah, ok… J'ai  compris. C’est pas la bonne période, c'est ça ?
Je considère un instant la possibilité de hocher simplement de la tête, d'éviter la confrontation. Merveilleusement simple et efficace… Et pathétique.
— Non c'est pas ça… C'est juste que… C'est glauque, non ? Je veux dire, les chiottes, les gens à côté qui peuvent nous entendre…
— Les gens qui peuvent nous entendre !
Ses sourcils sont deux circonflexes implacables, contre lesquels se brisent les ondes de son front.
— Mais qu’est-ce que tu racontes ? On a baisé partout, toi et moi ! Derrière une colonne du théâtre, sur des balcons, et dans les jardins de la cathédrale.
— Je sais… mais là c’est juste…
— T’étais toujours partante. T’en avais jamais assez.
— Oui je sais mais…

      Comment lui expliquer la différence ? Je me revoie à l’équerre sur la lunette, les mains entourées de papier toilette, et la jupe longue coincée sous le bras pour l’empêcher de plonger dans le WC, dont le rabat, évidemment, manquait. Une tache de merde au font de la cuvette.  L’inscription « Emma = salope » et « Aziza go home » sur les carreaux du fond. Et Alex derrière moi, les mains sur mes hanches qui ahanait tandis qu’une vieille dans la cabine d'à côté se raclait la gorge, réprobatrice, et que des filles gloussaient derrière la porte.
      Je lui en veux soudain de ne pas saisir l'abysse qui sépare nos jeux urbains et notre apothéose au parc de ce triste coït.
— C’est juste que j'ai pas envie aujourd'hui. Pas comme ça.
Il balance un coup de poing rageur dans la chaise avant de s'effondrer sur la table, soudain voûté et le visage défait. Une bibliothécaire qui passait dans l’allée centrale se retourne et nous jette un regard courroucé.
— Léa, me fais pas ça s'il-te-plait.
— …
— Léa, pas ça, pas aujourd'hui, s’il-te-plait. J'ai eu une semaine de merde. J'ai planté mes partiel et je me suis engueulé avec mes parents, souffle-t-il avec un air de chien battu. Et tu sais la seule chose qui m'a fait tenir le coup ? Il prend mon menton et me force à le regarder dans les yeux.
C’est ça, dit-il en posant sa main sur mon genou d’un air possessif.
Ça ! Pas toi ! Ça !
Je savais qu'après tout irait mieux, que je serai zen. T’es ma dope, mon soleil, tu sais.

       J’oscille. Je devrais me sentir insultée d’être juste le fix du samedi après-midi, mais je perçois une faille dans le regard d'Alex, lui qui prend toujours le parti de rire de tout. Dans le doute, je grimace un sourire.
Il se penche et m’embrasse avec tendresse.
— T'es belle quand tu souris. Oublie ce que je viens de dire. Je voulais pas t'emmerder. J'avais juste envie d’être un peu seul avec toi, tu comprends ?
       Une fossette se creuse dans sa joue et c'est de nouveau Alex, mais en mieux. Un Alex qui me laisse finalement entrevoir ce qui s’agite sous la surface lisse et bronzée. Alex de qui j'oserai peut-être un jour tomber amoureuse.
Tout à coup la grisaille semble se dissiper ; la médiathèque perd ses allures de vaisseau spatial et se fait cocon. Moi aussi j'ai envie d’être seule avec lui, de pouvoir parler tout haut sans craindre d'être réprimandée par les tables voisines, de me lover dans ses bras et de rire avec lui de mes craintes idiotes. Je propose timidement :
— OK…  On pourrait aller dans le couloir bleu, ça te va ?

      Alex s'illumine. Il ramasse son sac-à-dos et mon manteau à la va-vite et me prend la main.
L’endroit est désert, comme je m’y attendais. Du reste, qui pourrait bien emprunter un couloir qui ne mène nulle part ? Accroché aux parois circulaires du bâtiment, avec ses petits yeux-hublots écarquillés, il se contente de faire gentiment le tour du palier. Dans un édifice où tout est si fonctionnel, ce recoin est une vraie merveille d’inutilité. Sans doute une petite blague de la part d’un architecte rebelle.
Les spots au plafond découpent nos ombres bleutées. Alex s’installe en tailleur sur le linoléum sombre constellé de paillettes. Je me laisse glisser à ses côtés, dos au mur et pose la tête sur son épaule.
D'une main il attire mon visage à lui et m’embrasse. Ses baisers virevoltent un peu partout avant de se poser sur mes lèvres. Je voudrais dire quelque chose, je ne sais pas trop quoi, et des mots montent en bulles jusqu'à mes lèvres contre lesquelles ils s’éteignent en silence. Je ne veux pas me détacher de lui, malgré la torsion antinaturelle de mon cou. Immobile, je reste à l’écoute de mon corps, du sien, de ce tourbillon violent qui confond tout. J’ai désormais du mal à percevoir les contours de mes lèvres, des siennes. Est-ce ma langue qui tourne dans sa bouche ou la sienne ? Cette chaleur qui se propage dans ma poitrine et dans mon ventre est bien plus que du désir, j’en suis à présent certaine.

      Sans lâcher mes lèvres, Alex déplie ses longues jambes et me fait face, à genoux. Il me surplombe et ne me laisse pas d’autre choix que de suivre ses mouvements et me dresser sur mes genoux moi aussi, pour ne pas interrompre le contact entre nos lèvres scellées. Derrière mes paupière closes explosent des taches dorées et oranges, comme autant de feux d’artifice à chacun des battements de mon cœur. Et il me semble percevoir le sang qui circule dans mes veines, enflamme mes joues et irrigue chacune de mes cellules.
Une seconde interminable, peut-être une heure, ou une année-lumière s’écoule avant qu’Alex ne dénoue ses lèvres des miennes. Son absence m’est aussitôt intolérable, mais je garde les yeux fermés pour savourer la caresse sur mon front de son souffle. Lorsque je les rouvrirai, il pourra y lire tout ce qu’il a fait naître, et nous inventerons ensemble l’indicible, ce petit foyer tenace qui vaut plus que tous nos brasiers de l’été.
Des pas sur le linoléum, un bruit métallique de fermeture éclair, et le vent chaud de sa respiration s’éloigne.
— J'veux que tu me suces, Léa.
Alex est debout, braguette béante et me menace de son sexe durci. La lumière des spots qui tombe à la verticale ennuage ses yeux, et bleuit sa peau.
— Oh, Alex…
Son visage se fige et emporte avec lui son sourire.
— Qu’est-ce qui ne va pas maintenant ? C’était une idée à toi, non, de venir ici ? C’est clean, il n’y a personne en vue. Alors où est le problème ?
Je ne réponds rien. C’est comme si tous les mots s’étaient vidés de leur sens. Non, ce n’est pas ce que je voulais, ce n’est pas lui que je voulais, pas cet Alex qui me toise avec la tempête dans les yeux.
Il soupire et reprend avec douceur :
— Ecoute, je vois que t’as pas envie de baiser et j’insisterai pas, mais tu peux pas m’allumer comme ça et me dire non maintenant, tu comprends ? Alors ça – il désigna son pénis puis ma bouche – c’est un bon compromis, non ?
Il sourit, glisse sa main derrière mon crâne et m’attire sans hâte vers lui, comme un pêcheur ferre un poisson.
— Allez, mon petit soleil, fais resplendir ma journée !

        La fossette a réapparu au creux de sa joue et je me sens confuse, écartelée entre ma déception et un vague sentiment de culpabilité. Quelle faute a-t-il, au fond, à part celle de ne pas savoir lire entre les lignes et de ne pas avoir décrypté des sentiments que je ne sais même pas comment définir ? Il a raison. J’ai été trop loin pour reculer. Je cède à la pression de sa main. Après tout, qu’est-ce que ça me coûte de lui faire plaisir ? J’entrouvre les lèvres. Il s’y engouffre.
Ma tête cogne contre le mur derrière moi tandis qu’il me fouille de son membre. Il a posé ses deux mains sur mes tempes, comme pour m’empêcher de le repousser, de fuir, de respirer. Il impose son rythme, ralentit et accélère à sa guise, les yeux fermés, comme pour mieux faire abstraction de tout, moi y compris. Je ne suis plus pour lui qu’une bouche, barrière de dents qui presse légèrement son gland à l’entrée, langue-coussin ou reposer sa verge, gorge profonde où fuse son plaisir.
Je le déteste soudain de cette jouissance qu’il prend sans moi et je me dégoûte d’avoir capitulé si facilement.
Il se retire dans un râle, referme sa braguette et me tend la main pour m’aider à me relever. Mes lèvres ont un gout amer.

       Nous ne parlons pas en sortant du couloir. Il est 18 heures et les derniers usagers se hâtent vers les guichets de prêts, tandis que les bibliothécaires roulent leurs chariots chargés de livres entre les files désertes.
— Il faut que je file ou je vais louper mon bus. Je te texte quand je suis dedans. T’es la meilleure, tu sais. Tu vas trop me manquer cette semaine.
J’acquiesce en silence. Un dernier baiser insipide et il s’éloigne.
J’enfile mon manteau. L’eau a traversé l’épaisseur de la laine et un froid humide me pénètre.
Dehors il a recommencé à pleuvoir. Quelques feuilles de platane brunies se décomposent sous mes pas.
Sait-on jamais, nos chemins pourraient se croiser ! (Amin Maalouf )

Hors ligne MoonAngel

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Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #1 le: 19 octobre 2020 à 18:02:02 »
Hello, ô auteur anonyme :mrgreen:

Je commence par ton texte qui n'a pas encore reçu de retour, et je vois le retour de la fameuse zone grise. Je suis curieuse de savoir comment tu vas l'aborder, alors c'est parti ^^

Citer
Alex de qui j'oserai peut-être un jour tomber amoureuse.
J'oserais*, si tu dis "peut-être".
(Bon, je trouve ça un peu bizarre de coucher avec quelqu'un sans être amoureux.se de la personne. Mais je sais que c'est moi et qu'il y a beaucoup de gens que ça ne dérange pas.)

Citer
J'veux que tu me suces, Léa.
Cette nette rupture avec la romance qui se dégageait du paragraphe précédent :D
Mais du coup, ça fonctionne vraiment à fond pour comprendre la fracture entre le Alex que Léa aime et celui qu'elle trouve désagréable (euphémisme).

Et surtout je trouve que tu as bien retranscrit la culpabilité qu'Alex fait ressentir à Léa, TOUT EN comprenant (légèrement) le point de vue d'Alex (même si bon, forcément, je ne l'approuve absolument pas). Et rien que pour ça, big GG !

Après, je pense qu'il y avait moyen de rendre le "forçage" d'Alex un peu plus subtil que ça. Je le trouve passer de gentil à vulgaire de façon peut-être un peu trop brutale pour que ça me paraisse totalement naturel.

En tout cas, merci à toi pour cette lecture ^^
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Hors ligne Dieter

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Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #2 le: 19 octobre 2020 à 20:30:16 »
Bonsoir,

Voilà un texte très difficile à commenter. Parce que le thème y est abordé (très bien, d'ailleurs, il n'y a rien à y redire) d'une manière inhabituelle. J'avoue que cela m'a troublé parce que ça me renvoie très bien à ma responsabilité dans ce genre de moment qui obligatoirement, arrive dans la vie d'un couple. Cela crée donc chez moi un malaise qui laisse le cerveau en vrac car même en y réfléchissant sur son propre compte (saurais-je décrypter le message chez ma compagne si ça arrivait ? Serais-je capable d'affronter la situation avec respect et amour ou serais-je un sale con égoïste ? Est-ce déjà arrivé ? Me dira-t-elle la vérité à ce propos si je l'interroge ?), on ne trouve jamais de réponse satisfaisante.
Donc si le but était de pousser à l'introspection, c'est franchement réussi. En tout cas pour moi.
Une remarque, pourtant : j'ai du mal à saisir pourquoi, d'emblée, avant de rejoindre Alex, Léa hésite. Parce que fondamentalement, elle n'est pas contre ces jeux improvisés (elle semble même y être assez adepte), la seule chose qui la répugne, c'est de le faire aux toilettes. Or, rien à ce moment-là n'indique que ce sera le cas.

J'en viens aux quelques coquilles relevées :

Citer
Nos jeux étaient infinis comme les possibilités que nous offraient la ville
-> offrait

Citer
Viens ! avais-je dis simplement
-> dit

Citer
micro-changements de densité
-> microchangements

Citer
Ah, ok… J'ai  compris
-> OK (une abréviation  est toujours en majuscules) + double espace après "j'ai"

Citer
Je me revoie à l’équerre
-> revois

Citer
plonger dans le WC
-> les WC

Citer
s'il-te-plait
-> sans traits d'union

Citer
J'ai planté mes partiel
-> partiels

Citer
sac-à-dos
-> sans traits d'union

Citer
Derrière mes paupière closes
-> paupières

Citer
des taches dorées et oranges
-> orange (adjectif de couleur = invariable)

Citer
Ecoute, je vois que t’as pas envie
-> Écoute

Citer
J'avais ondulé plus d'une heure durant sur lui, avec des mouvements si légers qu’ils en étaient imperceptibles, ma large jupe déployée autour de nous comme un rideau, les yeux plantés dans les siens, attentive à la moindre variation de sa respiration, aux micro-changements de densité de son pénis et au moindre millimètre de contact entre nos corps, tandis qu’autour de nous les enfants jouaient au ballon sur l’herbe et que défilaient les passants.
-> la phrase me semble excessivement longue : j'aurais mis un point après rideau.

Voilà pour moi. Merci pour ce partage, j'ai beaucoup apprécié ce texte.
On n'a rien inventé de mieux que la bêtise pour se croire intelligent.
Amélie Nothomb

Hors ligne Erwan (Mysterion C.)

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Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #3 le: 19 octobre 2020 à 22:34:00 »
Le texte est bien construit mais d'une lecture un peu difficile par moments, un peu à l'image du thème. La seule petite critique se situe dans les dialogues, où on ne sait pas toujours qui parle (même si là encore ce n'est pas trop grave car il n'y a jamais plus de deux personnages).
On me chasse par la porte, je reviens par la fenêtre.

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Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #4 le: 20 octobre 2020 à 15:41:44 »
Bonjour,

Très bonne histoire bien amenée, les personnages restent pourtant étrangement froids dans leur relation très mécanique style on se voit donc on "baise". Et puis au fil des semaines, l'une veut autre chose et l'autre encore la même chose. Le non n'est pas tant sur la fellation imposée, mais sur l'image que Léa a d'elle même.
 
Je trouve que pour l'instant elle est dans l'incapacité de dire NON à celle qu'elle voit dans le regard de son petit ami. Cette Léa a fini son temps, cette image ne lui correspond plus, jusqu'à une certaine détestation même. Elle se veut autre : amoureuse, heureuse dans une relation différente où la connaissance de l'autre prévaut sur le sexe et où avancer à deux vers l'avenir semble un but raisonnable. Bienvenue dans le monde des adultes Léa ! Qui n'a pas fait d'erreurs dans ses choix de relations intimes ?! Alex va mûrir aussi...chacun son rythme.

Je gage que Léa saura faire des choix pertinents pour elle. Savoir se dire non à soi c'est se respecter, le reste vient après...

Quelques coquilles gâchent un peu la lecture du texte, mais en tout cas c'est un bon texte qui fait réfléchir.
"La critique, art aisé, se doit d'être constructive." Boris Vian dans l'Herbe rouge.

Hors ligne Ari

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Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #5 le: 20 octobre 2020 à 16:51:49 »
Les noms des personnages me parlent... Peut-être juste une coïncidence ?

Pour ce qui est du style d'écriture, pour ce début de texte : dans l'ensemble je le trouve très soigné, mais avec une syntaxe un petit peu alambiquée par moments, ralentissant la lecture sans plus-value particulière (à plusieurs endroits il doit y avoir moyen de fluidifier). J'ai l'impression globalement que ça s'améliore au fil de la lecture :) .
Citer
participaient du mouvement des lèvres.
participaient au mouvement des lèvres
Citer
comme une fuite en avant de moi-même.
Cette comparaison ne m'a pas trop parlé, j'ai l'impression d'un mélange de deux expressions... '-'
Citer
L’eau coule de mon manteau
Répétition de manteau (si jamais tu t'en soucies ; je sais que certains auteurs n'en tiennent pas tellement compte).
Citer
— T’es trempée, il se mord la lèvre. C’est trop con de plus avoir la voiture. J’aurais pu passer te prendre et on aurait eu tout l’après-midi ensemble.
— Ton père a pas changé d’avis ? Il veut toujours pas te la prêter ?
— Ça ne risque pas d’arriver depuis que j’ai bousillé la Fiat de ma mère - il ricane - c’est le bus à vie maintenant.
Sa main se pose sur ma cuisse, dessine un cercle du bout des doigts.
Remarque, se retrouver en ville, c’était pas vraiment un problème cet été. Mais ça risque d’être plus compliqué avec le froid.
Il soupire.
Putain, je voudrais vraiment avoir un appart à moi !
Sa main remonte jusqu'à mon entrejambe, impérieuse.
Foutu temps de merde ! Avant on pouvait au moins rester dehors et continuer l’exploration.
Je ne sais pas si c'est par erreur ou pour un effet de style, mais j'aurais préféré une ponctuation classique des dialogues, pour s'y retrouver naturellement sans avoir à réfléchir. Idem pour les dialogues suivants.
Sinon, j'aime bien les métaphores filées météorologiques depuis le début du texte (enfin, la métaphore filée du soleil, et puis les descriptions de pluie).
Citer
      Avant. Cet été. Nous nous retrouvions devant la Fontaine de Neptune et partions main dans la main à la recherche d’un endroit tranquille, jamais le même, explorateurs d’un continent nouveau. Loin des sentiers battus, des touristes et du soleil dévorant, la ville secrète s’ouvrait à nous ; une ville d’impasses aguichantes, de portes cochères profondes et de troublantes cours internes. Nos jeux étaient infinis comme les possibilités que nous offraient la ville : une rambarde ciselée soutenait nos ébats, un sol de mosaïque imprimait dans nos chairs ses émaux, nos peaux incendiées frissonnaient au contact d’une statue de bronze. Partout nous laissions notre marque : un soupir, un gémissement, une extase.
J'aime bien ce passage :) .
Citer
J'avais ondulé plus d'une heure durant sur lui, avec des mouvements si légers qu’ils en étaient imperceptibles, ma large jupe déployée autour de nous comme un rideau, les yeux plantés dans les siens, attentive à la moindre variation de sa respiration, aux micro-changements de densité de son pénis et au moindre millimètre de contact entre nos corps, tandis qu’autour de nous les enfants jouaient au ballon sur l’herbe et que défilaient les passants. L’orgasme avait enflé en silence et seules nos pupilles dilatées et nos mains crispées sur le banc avaient témoigné de l’explosion interne qui nous secouait. Une lente et profonde lame de fond qui n'avait plus rien de l’urgence et de la violence de nos jouissances estivales.
J'aime beaucoup aussi !
Citer
La semaine suivante il avait commencé à pleuvoir.
Et j'adore cette transition :) .
Et aussi la suite avec la flaque sous la chaise.
Citer
— Ah, ok… J'ai  compris. C’est pas la bonne période, c'est ça ?
Je considère un instant la possibilité de hocher simplement de la tête, d'éviter la confrontation. Merveilleusement simple et efficace… Et pathétique.
J'aime beaucoup ce moment d'hésitation.
Citer
Je me revoie à l’équerre sur la lunette
revois
Citer
      Comment lui expliquer la différence ? Je me revoie à l’équerre sur la lunette, les mains entourées de papier toilette, et la jupe longue coincée sous le bras pour l’empêcher de plonger dans le WC, dont le rabat, évidemment, manquait. Une tache de merde au font de la cuvette.  L’inscription « Emma = salope » et « Aziza go home » sur les carreaux du fond. Et Alex derrière moi, les mains sur mes hanches qui ahanait tandis qu’une vieille dans la cabine d'à côté se raclait la gorge, réprobatrice, et que des filles gloussaient derrière la porte.
J'aime bien aussi cette description-là, et qui clarifie d'emblée la réticence de la narratrice à venir à leur rendez-vous au même endroit la fois suivante (cela dit, même sans raison particulière, une réticence m'aurait semblé réaliste, elle a le droit de n'être tout simplement pas d'humeur ce jour-là ! or elle se doute bien des attentes d'Alex).
Citer
Je lui en veux soudain de ne pas saisir l'abysse qui sépare nos jeux urbains et notre apothéose au parc de ce triste coït.
Je trouve que le "et" porte à confusion ("qui sépare nos jeux urbains et notre apothéose au parc" ?... ah, non, c'est "qui sépare tout ça de notre triste coït"...)
Citer
Il balance un coup de poing rageur dans la chaise avant de s'effondrer sur la table, soudain voûté et le visage défait.
:o :(
(Je me demande soudain comment se définit la "zone grise" ; pour moi c'était quand le "non" n'était pas explicitement formulé (alors qu'ici il l'est...). Mais je n'ai pas de mot précis pour désigner ce type de situation d'insistance jusqu'à ce que l'autre cède. Ca me paraît encore plus violent que la zone grise :( mais peut-être que "zone grise" recoupe tout cela à la fois en effet...).
Citer
J'ai planté mes partiel
partiels
Citer
Je savais qu'après tout irait mieux, que je serai zen.
serais
J'aime énormément les changements de ton d'Alex suivis des changements de météo.
On retrouve des mécanismes beaucoup décrits dans les violences conjugales malheureusement :( . Pour autant, je ne vois pas Alex comme qqn de volontairement violent (je le précise au cas où). Mais on retrouve des similitudes avec des situations de relations violentes... La personne qui s'attendrit de découvrir les faiblesses de l'autre, qui retombe amoureuse lorsque le sourire revient, etc.
Citer
des mots montent en bulles jusqu'à mes lèvres contre lesquelles ils s’éteignent en silence.
J'aime bien.
Citer
et nous inventerons ensemble l’indicible, ce petit foyer tenace qui vaut plus que tous nos brasiers de l’été.
J'aime beaucoup l'idée du foyer d'amour tenace qui est toujours là, qui était là lors des brasiers et de la libido au plafond, et qui est encore là sous la pluie et le manque d'envie.
Citer
Des pas sur le linoléum, un bruit métallique de fermeture éclair, et le vent chaud de sa respiration s’éloigne.
— J'veux que tu me suces, Léa.
Ah, oui, la transition est brutale  :o .
En tout cas le lecteur n'y est pas tellement préparé quand il lit le monologue intérieur de la narratrice ; ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas réaliste, peut-être qu'ils ont l'habitude de se parler comme ça.
Citer
Son visage se fige et emporte avec lui son sourire.
:(
Citer
Il impose son rythme, ralentit et accélère à sa guise, les yeux fermés, comme pour mieux faire abstraction de tout, moi y compris. Je ne suis plus pour lui qu’une bouche, barrière de dents qui presse légèrement son gland à l’entrée, langue-coussin ou reposer sa verge, gorge profonde où fuse son plaisir.
:( :(
(mais je trouve ça très bien écrit...).
Citer
J’acquiesce en silence. Un dernier baiser insipide et il s’éloigne.
J’enfile mon manteau. L’eau a traversé l’épaisseur de la laine et un froid humide me pénètre.
Dehors il a recommencé à pleuvoir. Quelques feuilles de platane brunies se décomposent sous mes pas.
La fin m'a rendue encore plus triste...
Je crois que j'aurais aimé lire, quelque part, qu'au moins elle avait décidé qu'elle ne le reverrait pas... :( .

Pfiou, pas facile du tout comme thème :( mais je trouve que tu l'as très bien traité. Enfin, ça dépend de tes intentions. Dans ma tête "zone grise" désignait davantage un manque de compréhension entre les deux partenaires, une mauvaise lecture du corps et des silences. Ici pour moi Alex insiste on ne peut plus lourdement, l'accent est vraiment mis sur le peu de souci qu'il a des sentiments et ressentis de sa partenaire. Si c'est ce que tu voulais transmettre, ça a vraiment marché sur moi ; si à l'inverse tu voulais peindre un portrait plus nuancé, je ne l'ai pas perçu. J'ai néanmoins trouvé que leur relation était très bien décrite ; pour ma part je n'y ai pas lu "que du sexe" lorsqu'on parlait de leurs ébats de l'été ; je n'ai pas non plus lu un souhait profond de changement dans leur fracture de l'automne ; j'ai plutôt eu l'impression que lorsque leur libido était raccord, toute leur complicité pouvait briller, mais brusquement lorsque Léa exprime des réticences, elle découvre que le respect de l'autre n'est pas présent dans leur relation. Au lieu de leur belle complicité, on tombe brutalement dans des enjeux latents de sexisme et de chosification de la femme. :( Sur ce plan-là j'ai trouvé ce texte bien mené.

Merci pour ce partage.
« Modifié: 20 octobre 2020 à 17:52:47 par Ariane »
~ Ari ~

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Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #6 le: 20 octobre 2020 à 21:28:52 »
Bonjour Inconnu,

Rien à ajouter à ce qui a déjà été dit, j'ai moi aussi trouvé bien menée l'approche de ce thème pas facile. Les quelques coquillées relevées plus haut ne m'ont pas gênée plus que ça dans la lecture.
Les textes du BT que j'ai lus sont tous remarquablement bien écrits. Celui-ci ne fait pas exception !
Par curiosité, je me demande ce que donnerait un texte écrit de l'autre point de vue.

Merci pour cette lecture

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Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #7 le: 21 octobre 2020 à 13:48:53 »
Bonjour Gamy,

Citer
Je pousse enfin la porte de la médiathèque comme on franchit la porte des enfers.
hum, un peu dramatique peut-etre?

Citer
Nous n’avions rien trouvé de mieux pour nous réfugier la semaine dernière
Nous réfugier où ? C'est pas très clair. J'imagine la médiathèque, mais il faudrait mieux le préciser il me semble

Citer
Je traverse le hall, une bulle d’acier et de verre
j'ai de la peine à m'imaginer un hall en forme de bulle  :mrgreen:

Citer
Il y a plus de monde
plus de monde que où? J'imagine que le fois dernière, mais il faudrait peut-etre aussi le préciser pour augmenter la clarté

Citer
comme si tout son visage et son corps participaient du mouvement des lèvres
participaient aux mouvement, non ?

Citer
Il l’a mise pour moi ; je le préfère en tee-shirt.
ca c'est pas très clair non plus. Si elle préfère les tee-shirt, pourquoi aurait-il mis la chemise pour elle ?

Citer
— Tu m’as tellement manquée !
manquer ne s'accorde pas ici il me semble

Citer
— T’es mignonne en pantalon, susurre-t-il à mon oreille avant d’en mordiller le lobe. Mais ça va pas être très pratique.
je trouve cette phrase très parlante et annoncatrice de ce qui va suivre. Le "mignonne" qui montre le role supérieur qu'Alex s'octroie, le fait que le pantalon n'est pas pratique à son gout

Citer
  Le sourire est toujours là, mais tout à coup ses rayons ne m’atteignent plus. Un imperceptible glissement s’opère, comme une fuite en avant de moi-même. Je vois, plus que je ne le perçois, mon corps se raidir alors qu’il devrait se dérouler sous le souffle tiède de ces mots, de cette bouche qui a toujours su modeler mon désir.
chouettement dit tout ce passage

Citer
L’eau coule de mon manteau et forme un petit lac sous ma chaise.
petit lac, je trouve un peu exagéré aussi. Flaque aurait suffit

Citer
Remarque, se retrouver en ville, c’était pas vraiment un problème cet été. Mais ça risque d’être plus compliqué avec le froid.
Cette phrase fait-elle partie du dialogue, si oui, il faudrait ajouter un tiret ou des guillemets. Pareil pour les suivantes

Citer
Avant. Cet été. Nous nous retrouvions devant la Fontaine de Neptune et partions main dans la main à la recherche d’un endroit tranquille, jamais le même, explorateurs d’un continent nouveau. Loin des sentiers battus, des touristes et du soleil dévorant, la ville secrète s’ouvrait à nous ; une ville d’impasses aguichantes, de portes cochères profondes et de troublantes cours internes. Nos jeux étaient infinis comme les possibilités que nous offraient la ville : une rambarde ciselée soutenait nos ébats, un sol de mosaïque imprimait dans nos chairs ses émaux, nos peaux incendiées frissonnaient au contact d’une statue de bronze. Partout nous laissions notre marque : un soupir, un gémissement, une extase. Chaque fois, avant de nous séparer, nous tracions au marqueur rouge un nouveau point « Vous êtes ici » sur le plan de la ville fixé à l’abribus.
chouette ce passage

Citer
J'avais ondulé plus d'une heure durant sur lui, avec des mouvements si légers qu’ils en étaient imperceptibles, ma large jupe déployée autour de nous comme un rideau, les yeux plantés dans les siens, attentive à la moindre variation de sa respiration, aux micro-changements de densité de son pénis et au moindre millimètre de contact entre nos corps, tandis qu’autour de nous les enfants jouaient au ballon sur l’herbe et que défilaient les passants. L’orgasme avait enflé en silence et seules nos pupilles dilatées et nos mains crispées sur le banc avaient témoigné de l’explosion interne qui nous secouait.
:o je me demande à quel point c'est possible de faire ca sans que personne ne le remarque

Citer
Ses sourcils sont deux circonflexes implacables, contre lesquels se brisent les ondes de son front.
:coeur:

Citer
Je me revoie à l’équerre sur la lunette, les mains entourées de papier toilette, et la jupe longue coincée sous le bras pour l’empêcher de plonger dans le WC, dont le rabat, évidemment, manquait. Une tache de merde au font de la cuvette.  L’inscription « Emma = salope » et « Aziza go home » sur les carreaux du fond. Et Alex derrière moi, les mains sur mes hanches qui ahanait tandis qu’une vieille dans la cabine d'à côté se raclait la gorge, réprobatrice, et que des filles gloussaient derrière la porte.
là aussi, il me manque des éléments pour comprendre à quoi elle fait référence. Si j'essaie de deviner, je dirais la fois d'avant, à la médiathèque, mais je pense qu'il faudrait vraiment le préciser.

Citer
— Léa, pas ça, pas aujourd'hui, s’il-te-plait. J'ai eu une semaine de merde. J'ai planté mes partiel et je me suis engueulé avec mes parents, souffle-t-il avec un air de chien battu. Et tu sais la seule chose qui m'a fait tenir le coup ?
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C’est ça, dit-il en posant sa main sur mon genou d’un air possessif.
Ça ! Pas toi ! Ça !
Je savais qu'après tout irait mieux, que je serai zen. T’es ma dope, mon soleil, tu sais.
ici faudrait aussi chercher à clarifier ce qui fait partie du dialogue et ce qui n'en fait pas partie

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Dans un édifice où tout est si fonctionnel, ce recoin est une vraie merveille d’inutilité.
:coeur:

Citer
Dans un édifice où tout est si fonctionnel, ce recoin est une vraie merveille d’inutilité.
:coeur:

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peut-être une heure, ou une année-lumière
je trouve ca aussi un peu too much

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Lorsque je les rouvrirai, il pourra y lire tout ce qu’il a fait naître, et nous inventerons ensemble l’indicible, ce petit foyer tenace qui vaut plus que tous nos brasiers de l’été.
Des pas sur le linoléum, un bruit métallique de fermeture éclair, et le vent chaud de sa respiration s’éloigne.
— J'veux que tu me suces, Léa.
j'aime beaucoup beaucoup cette transition abrupte entre les désirs de Léa et ceux d'Alex. Entre les espoirts de Léa et la réalité.

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ce n’est pas lui que je voulais, pas cet Alex qui me toise avec la tempête dans les yeux.
j'aime aussi beaucoup que pour elle, il existe deux Alex. Ca lui permet sans doute mieux de se permettre de l'aimer.

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mais tu peux pas m’allumer comme ça et me dire non maintenant, tu comprends ?
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


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Alors ça – il désigna son pénis puis ma bouche – c’est un bon compromis, non ?
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


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Ma tête cogne contre le mur derrière moi tandis qu’il me fouille de son membre. Il a posé ses deux mains sur mes tempes, comme pour m’empêcher de le repousser, de fuir, de respirer. Il impose son rythme, ralentit et accélère à sa guise, les yeux fermés, comme pour mieux faire abstraction de tout, moi y compris. Je ne suis plus pour lui qu’une bouche, barrière de dents qui presse légèrement son gland à l’entrée, langue-coussin ou reposer sa verge, gorge profonde où fuse son plaisir.
horrible mais chouette ce passage

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J’acquiesce en silence. Un dernier baiser insipide et il s’éloigne.
J’enfile mon manteau. L’eau a traversé l’épaisseur de la laine et un froid humide me pénètre.
Dehors il a recommencé à pleuvoir. Quelques feuilles de platane brunies se décomposent sous mes pas.
la fin est super

Bon, en général, j'ai bien aimé. Je trouve que t'as très bien su rendre les sentiments, les craintes et les espoirs de Léa, sans pour autant trop avoir à les décrire. Tu as dit ce qu'il fallait pour que je comprenne facilement la situation et les décisions qu'elle prend. Je trouve aussi qu'en général, le texte est bien écrit, plutot fluide, et il y a des très chouettes passages.

Je suis un peu tiraillée avec cette idée de zone grise, dans ce contexte. Pour moi, le comportement d'Alex est clairement blamable. Il commence par la manipuler par les sentiments, et puis il exige qu'elle le suce, bien qu'il ait très bien compris qu'elle n'a pas envie de sexe, il le dit lui-meme. Il essaie de la culpabiliser. C'est un peu le combo "connard". Le coté "zone grise", je le percois plus dans les réactions de Léa, qui pétrifiée et amoureuse, n'ose pas dire non. Pourtant, le non, il a été dit d'une manière ou d'une autre, puisqu'Alex dit lui-meme "Je vois que t'as pas envie de baiser".

Enfin voilà, merci et bravo pour ce texte !
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  Nicolas Bouvier

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Re : Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #8 le: 21 octobre 2020 à 16:04:13 »
Salut DLM,

Léa, qui pétrifiée et amoureuse, n'ose pas dire non. Pourtant, le non, il a été dit d'une manière ou d'une autre, puisqu'Alex dit lui-meme "Je vois que t'as pas envie de baiser".
Sans vouloir lancer un débat, je voudrais mettre un bémol à ton interprétation. En effet, penser ça, c'est très mal connaître la psychologie masculine. En règle générale, un homme qui dit ça n'attend que la contradiction. Il ne le croit pas, il ne le pense même pas la moindre seconde. Il veut juste se rassurer, car pour lui, c'est impensable. Alors tant que la femme ne confirmera pas elle-même qu'elle n'en a pas envie, il ne comprendra pas. C'est con, mais c'est comme ça. Seuls, les hommes qui aiment réellement et sincèrement, ceux qui ont à cœur de faire attention à leur compagne, peuvent arriver à "tilter" (et encore, puisque je ne suis moi-même pas certain d'en être capable). Mais là, on sait très bien qu'Alex n'a que peu de sentiments. Alors même si je ne l'approuve pas, je le comprends : c'est dans sa nature. Encore une fois, c'est con, mais c'est comme ça.
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Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #9 le: 21 octobre 2020 à 16:13:31 »
Bonjour

Le personnage de Lea et le couple me semble a la recherche de leurs fantasmes..........


Et la pipe - sommaire - ne parait pas faire partie de ses desirs ? :)


Un derapage de clavier :
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Une tache de merde au font de la cuvette
fond.

Je ne crains pas d etre paranoiaque

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Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #10 le: 21 octobre 2020 à 16:15:49 »
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Sans vouloir lancer un débat, je voudrais mettre un bémol à ton interprétation. En effet, penser ça, c'est très mal connaître la psychologie masculine. En règle générale, un homme qui dit ça n'attend que la contradiction. Il ne le croit pas, il ne le pense même pas la moindre seconde. Il veut juste se rassurer, car pour lui, c'est impensable. Alors tant que la femme ne confirmera pas elle-même qu'elle n'en a pas envie, il ne comprendra pas. C'est con, mais c'est comme ça. Seuls, les hommes qui aiment réellement et sincèrement, ceux qui ont à cœur de faire attention à leur compagne, peuvent arriver à "tilter" (et encore, puisque je ne suis moi-même pas certain d'en être capable). Mais là, on sait très bien qu'Alex n'a que peu de sentiments. Alors même si je ne l'approuve pas, je le comprends : c'est dans sa nature. Encore une fois, c'est con, mais c'est comme ça.
Dieter, je t'invite chaleureusement à te renseigner un peu sur la culture du viol, le féminisme, la zone grise (qui est l'objet de ce texte). Plutôt que des affirmations stéréotypées sur la nature de l'homme et de la femme, tu trouveras pas mal d'info sur l'influence de la société dans le rapport à la sexualité. Je pourrais en résumer une partie en disant que c'est précisément parce qu'on apprend aux hommes qu'ils sont supposés ne penser qu'avec leur sexe, et que les femmes de toutes façons seront toujours plus réticentes, qu'ils en viennent à appliquer ça avec fatalisme. Bref, ça renforce typiquement le genre de comportements dénoncés par ce texte.
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Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #11 le: 21 octobre 2020 à 16:28:18 »
@Dieter

Ton commentaire me laisse perplexe. J'ai l'impression que c'est toi qui connait mal la psychologie masculine, mais que pour te rassurer ou te déculpabiliser, tu généralises à partir de ton cas. Tu dis que seuls les hommes qui aiment sincèrement une femme peuvent comprendre qu'une femme n'a pas envie de sexe  ? Et bien, je suis bien heureuse de me trouver dans une autre réalité que la tienne. Et puis, c'est également affirmer qu'un homme a envie de sexe à tout instant, et que son envie de sexe passera toujours au-dessus du bien-être de son/sa partenaire. Aïe. Heureusement que je connais de nombreuses personnes qui prouvent bien que tu as tort.
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Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #12 le: 21 octobre 2020 à 17:07:27 »
@ Ariane : Ah mais (pour une fois) je suis en partie d'accord avec toi, Ariane. Il y a effectivement l'influence sociétale derrière tout ça. Il n'empêche que celle-ci dure depuis des milliers d'années. À tel point que c'en est devenu un des pendants de la nature masculine. Néanmoins, je continue de penser que cette "nature" s'érode normalement avec l'âge, et surtout lorsque les sentiments existent. Je ne dis pas que ça disparait, mais que ça s'érode : je fais personnellement très attention à ça dans ma relation avec ma conjointe, mais je ne peux jurer y arriver en permanence. Je le reconnais. Par contre, il est illusoire de penser qu'un jeune, dans une relation éphémère, puisse y parvenir. Et on ne peut pas lui en vouloir. Ce serait comme d'en vouloir à un adolescent de se masturber.

@ DLM : Je ne connais pas ta "réalité", je ne peux donc pas argumenter, puisque je ne comprends pas vraiment ce que tu veux me dire. Par contre, tu extrapoles en me prêtant des idées que je n'ai pas : "c'est également affirmer qu'un homme a envie de sexe à tout instant, et que son envie de sexe passera toujours au-dessus du bien-être de son/sa partenaire." Je n'ai jamais ni prétendu ça, ni même pensé ça. Et je peux aisément le prouver, puisque nombreux sont ceux à le savoir ici, ma conjointe est membre de ce forum.
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Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #13 le: 21 octobre 2020 à 17:16:46 »
Citer
Il y a effectivement l'influence sociétale derrière tout ça.
D'accord ; dans ce cas c'est le mot "nature" qui ne reflète pas ta pensée et qui fait écho à d'autres modes de pensée...
Citer
Par contre, il est illusoire de penser qu'un jeune, dans une relation éphémère, puisse y parvenir. Et on ne peut pas lui en vouloir. Ce serait comme d'en vouloir à un adolescent de se masturber.
:o :o :o
Tu te rends compte de ce que tu écris ? Evidemment que certains jeunes respectent les autres ! Promis, ça existe ! Et leur dire qu'ils ne peuvent pas le faire (que ce serait comme les empêcher de se masturber !), c'est précisément ça qui nourrit la culture du viol. Désolée, hein, ce n'est pas contre toi (c'est juste qu'on a pas les mêmes points de vue sur la vie alors forcément, les désaccords se répètent !), mais je ne peux pas ne pas relever ça. Donc, oui, les jeunes connaissent le respect de l'autre (pas tous, malheureusement, mais beaucoup), et je me demande même si certains ne sont pas + sensibilisés à ces questions-là que les générations précédentes (ce qui serait logique vu la libération de la parole sur le sujet). Et cela même dans une relation éphémère, oui, bien sûr ("ne pas agresser les autres", ce n'est pas juste "ne pas agresser la personne dont tu es amoureux").
« Modifié: 21 octobre 2020 à 17:22:03 par Ariane »
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Re : B6 – Les feuilles mortes (BT Érotique - Très explicite )
« Réponse #14 le: 21 octobre 2020 à 17:32:21 »
@ Dieter

Ce que je veux dire, c'est que je connais des hommes non-amoureux qui possèdent entre autre, parmi leurs capacités cognitives, celle d'être sensible aux désirs des autres, même quand ils bandent. Donc visiblement, ma réalité n'est pas la tienne, puisque tu sembles dire que dans ton monde, un homme non-amoureux qui puisse comprendre qu'une femme n'a pas envie de sexe quand lui-même en a envie, ça n'existe pas.

Si j'ai dit ça : "c'est également affirmer qu'un homme a envie de sexe à tout instant, et que son envie de sexe passera toujours au-dessus du bien-être de son/sa partenaire." c'est parce que tu sembles croire qu'il est impensable pour un homme de croire qu'une femme n'a pas envie de sexe quand lui en a envie. C'est en tout cas ce que j'ai compris quand j'ai lu : "Il ne le croit pas, il ne le pense même pas la moindre seconde. Il veut juste se rassurer, car pour lui, c'est impensable. Alors tant que la femme ne confirmera pas elle-même qu'elle n'en a pas envie, il ne comprendra pas." Si j'ai mal compris, alors tant mieux :).

Je tiens à ajouter que je ne pense pas que dans ce récit, Alex ne comprend pas que Léa n'a pas envie de sexe. Je pense qu'il le comprend même très bien, puisque je le répète, il le dit, mais non seulement il le dit, il propose ensuite la pipe comme "compromis". Il semblerait qu'à ses yeux, Léa soit coupable de l'avoir allumé, et que donc, une simple pipe est un bon compromis.

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