— Ça va toi ?
— Je fais mon job tant bien que mal.
— Pour moi, c’est plutôt mal, pas plus tard qu’hier un moineau s’est posé sur ma tête, je crois bien qu’il cherchait à y faire son nid.
— Arrête de dire des horreurs, tu me fous la trouille… jusqu’à présent ils se contentaient de nous chier dessus.
— Le problème, vois-tu, est qu’on ne peut pas bouger. Chasser les oiseaux activement voilà ce qui serait efficace… et drôle de surcroît.
— Il est vrai qu’avec le manche à balai qu’on nous a planté dans le…
— Tais-toi je t’en pris, ne sois pas vulgaire… d’abord pour moi c’est un poteau de clôture… un poteau de clôture, insista-t-il avec une pointe d’orgueil.
— Ou bien alors il faudrait que nous ayons des ailes, poursuivit rêveusement son compagnon, de grandes ailes majestueuses qui battraient au vent et les mettraient en déroute.
Après un silence le même poursuit :
— Tu sais ma crainte, c’est qu’un beau matin on nous mette tous deux au chômage, et le chômage ça signifie la décharge, les feux de la Saint-Jean, la mare à purin ou bien encore…
Un nuée de moineaux arrivent. Les deux épouvantails se taisent et prennent un air féroce, les moineaux très vite se dispersent. Quoique un peu étonnés ils ébauchent un sourire de satisfaction avant de comprendre que c’est l’arrivée du patron hissé sur son tracteur qui les a mis en fuite.