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Auteur Sujet: "Enrichir" (ou non) son style d'écriture  (Lu 3647 fois)

Hors ligne Ari

  • Palimpseste Astral
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"Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« le: 01 septembre 2023 à 22:14:00 »
     Bonjour,

     Ces temps-ci j’essaye de retravailler mes écrits et je me pose beaucoup de questions. J’aimerais « enrichir » mon style, tout en ne sachant pas exactement ce que j’entends par là. Je sais juste qu’il y a des styles que j’admire pour leurs sonorités, leur « richesse » (diversité du vocabulaire et des tournures) et leur créativité.
     D’un autre côté, je n’aime pas l’idée de faire compliqué pour le simple plaisir de faire compliqué, d’employer du vocabulaire soutenu juste parce qu’on nous enseigne que c’est cela la littérature, etc. A mes yeux il y a là une forme d’élitisme, directement corrélée aux inégalités éducatives et aux violences de classe.
     J’essaye donc, par tâtonnements, de trouver ce qui me plaît vraiment comme retravail et pourquoi ça me plaît, ce qui me semble utile ou non, ce que cela apporte ou non. Je me suis dit que ces réflexions et points de vigilance pourraient intéresser d’autres personnes.
     Je veux bien vos avis, soit sur d’autres points de vigilance, conseils ou « astuces » utiles, soit sur l’utilité ou non de ceux-ci.



NB : J'ai tout liste de façon un peu expéditive  :-[ mais l'idée c'était de lister un panel de possibilités, et évidemment, chacun pioche ce qu'il veut, avec les nuances qu'il veut, pour choisir d'aller dans telle ou telle direction ! Le but dans ma tête était d'élargir les possibles plutôt que les restreindre (tout en restant très pragmatique).


Sentez-vous libre, également, de rajouter des "je pense" et des "je crois" et des "j'ai l'impression" et des "à mon sens" un peu partout ; j'ai craint que le texte soit imbuvable si je recontextualisais à chaque fois la subjectivité de mes propos.



Pour commencer pour tous les items
Il me semble important d’adapter le style :
-   au narrateur : familier ? soutenu ? argot ? facilités littéraires ? difficultés à ordonner sa pensée ? comment perçoit-iel le monde ? domaines de connaissance particuliers, utilisés préférentiellement pour les comparaisons ou métaphores, ou pour utiliser un vocabulaire un peu + spécifique ?
-   au public visé : âge ? souci d’accessibilité pour le plus grand nombre ?
-   au propos : les idées que l’on souhaite faire passer ? le « contrat implicite » avec le lecteur : quelles seront ses attentes au vu du thème ou du début du livre, et souhaite-t-on trancher avec ces attentes ou au contraire y répondre ?
Il n’est pas toujours pertinent « d’enrichir » au sens le + classique (vocabulaire précis, soutenu, structures variées…), selon le narrateur, le public ou le propos du livre.

Varier la ponctuation
Objectifs :
-   Pour éviter l’ennui / rompre les habitudes
-   Pour varier le rythme de lecture et donc mieux l’adapter à ce que l’on souhaite transmettre (tension narrative, moments contemplatifs, interrogations, difficultés du narrateur, émotions du narrateur)
-   Pour élargir le panel des possibles pour chaque phrase.
Méthode :
-   S’entraîner à utiliser les signes délaissés, y compris le tiret – celui qui permet d’insérer des explications ou des remarques au « second plan » –, y compris les deux points ou le point-virgule (j’en mets trop).
Risques / Limites :
-   Les parenthèses sont beaucoup plus controversées dans les fictions, je ne sais pas trop pourquoi ; ça m’est arrivé d’en utiliser dans un roman où je prends beaucoup de libertés, mais plusieurs lecteurs ont tiqué.
-   Les points d’exclamation ou d’interrogation font partie des signes que je souhaite utiliser, mais avec parcimonie sinon il me semble qu’ils ne sonnent pas « justes », ils peuvent vite lasser ou paraître surjoués.
-   Je dois souvent tempérer mon usage des points de suspension… sinon j’en utiliserais bien un peu partout…

Varier la syntaxe et la longueur des phrases
Objectifs :
-   Eviter l’ennui. Si on emploie constamment les mêmes structures de phrases, quelle que soit la richesse du vocabulaire ou du contenu, l’impression de monotonie viendra très vite
-   Dynamiser, modifier le rythme de lecture et donc mieux l’adapter à ce que l’on souhaite transmettre.
Méthodes :
-   Varier la longueur des phrases (sans tomber dans une séquence rythmique repérable)
-   S’autoriser les phrases nominales, ou les listes (personnellement j’en utilise trop)
-   Varier le nombre de propositions principales ou de propositions subordonnées, l’emplacement des compléments circonstanciels et autres, la construction des groupes nominaux : brefs ou longs, avec relative ou non... etc
-   S’autoriser les verbes sans sujet (notamment quand le sujet n’a pas besoin d’être répété).
-   Faire des essais : rassembler deux phrases ? les séparer ? transformer une proposition subordonnée en proposition principale, pour lui donner plus de place ?
-   Essayer l’original ou l’alambiqué… et le supprimer quand il n’apporte rien de plus qu’une pirouette littéraire qui fait plaisir à l’égo de l’auteur.
Risque :
-   Il faut bien sûr éviter de faire compliqué juste pour le plaisir de faire compliqué, mais autrement, je ne vois pas trop de risque à essayer de varier les structures.

Varier la mise en page ?
Ici, je ne parle pas trop de la découpe en paragraphes ou en chapitres ou en sous-parties. Cette découpe a son importance, mais ça me semble un peu hors sujet. Ici je parle plutôt des mises en page « déstructurées » (je ne sais pas si cela porte un nom officiel), inspirées des calligrammes par exemple mais sans être figuratives : le fait de passer des lignes ou déposer des mots de façon choisie à tel emplacement de la page, espacer les lettres ou les chevaucher, modifier la taille ou la police, introduire des symboles, faires des colonnes…
Objectifs :
-   Mieux transmettre une idée ou une émotion
-   Mieux transmettre une certaine organisation de l’univers, des personnages ou de leurs pensées
-   Apporter une composante esthétique ou de l’originalité.
Méthodes :
-   Tout est permis une fois qu’on décide de s’affranchir du cadre !
-   Regarder ce qui a été fait ailleurs, ou dans des poèmes, ou des romans graphiques…
-   Trouver ses propres règles et sa propre cohérence dans la mise en page.
Risque :
-   Personnellement, j’ai du mal à accrocher quand il s’agit « juste » de mieux traduire une composante émotionnelle par exemple, dans un texte à la narration par ailleurs « classique » (même si le mot ne veut pas dire grand-chose). La recherche d’originalité me semble alors forcée.
-   Par contre, j’apprécie ces procédés quand le sujet s’y prête : le livre d’un auteur où les personnages se déplaçaient grâce à la musique ; une nouvelle d’une amie où le personnage principal était une entité qui pouvait se morceler ou se regrouper ; un texte que j’ai écrit avec un personnage dont la pensée était médicalement désorganisée (avec des pensées qui se chevauchent ou des « vides », des hallucinations qui se superposent, des ruptures de rythme).

Enrichir le vocabulaire
Objectifs :
-   Gagner en précision. Il ne s’agit pas d’une précision « technique » et d’être précis pour le plaisir d’être précis, mais d’une précision de ce qu’on veut transmettre (précision des images utilisées ? des émotions ? des atmosphères ? des idées ?)
-   Eviter les répétitions, varier les sonorités
-   Meilleure immersion pour le lecteur, en fonction des champs lexicaux choisis.
Méthodes :
-   Identifier et traquer nos mots « doudous » (les mots que l’on utilise à toutes les sauces)
-   Regarder les statistiques des mots que l’on utilise le plus, pour essayer de varier davantage
-   Recherches de champs lexicaux à enrichir
-   Listes de synonymes, même sans répétition, mais juste pour diversifier
-   Selon le personnage ou l’histoire : recherches sur l’argot, les langues anciennes, l’évolution de la langue, certains champs lexicaux techniques… etc.
Risques :
-   Certains champs lexicaux techniques seront certes plus précis (tel vocabulaire d’architecture pour décrire tel détail de la maison que le personnage aperçoit), mais étranges dans la bouche du narrateur (s’il n’a pas fait des études d’archi) ou inconnus pour le lecteur.
-   Certains lecteurs apprécient beaucoup apprendre de nouveaux mots (quelle qu’en soit l’origine), mais cela peut rendre le texte hermétique, et selon la quantité ou selon le passage concerné, on n’a pas toujours envie de poser le livre pour aller faire une recherche avant de reprendre sa lecture.
-   Manque d’accessibilité, sélection selon le niveau d’éducation ou la culture.
Important : Enrichir le vocabulaire ne veut pas forcément dire puiser éperdument dans le registre de langue soutenu. On peut enrichir avec de l’argot, avec des emprunts étrangers, avec des mots vieillots ou futuristes, avec un langage spécifique à telle catégorie de population, avec des régionalismes, avec un langage technique en lien avec tel ou tel domaine (métaphore filée autour de la couture pour un perso qui a des raisons de connaître ce domaine ?), avec des langues inventées. Cela peut aider à mieux incarner le narrateur et les personnages ; et l’inverse est vrai aussi, pour ce faire il est utile de mieux connaître son narrateur et ses personnages. Ceci étant dit, les questions autour de l’accessibilité demeurent. Et même si certains langages sont opposés aux clichés élitistes en littérature, j’ai l’impression que toute originalité, toute réinvention de la langue, demande au lecteur des capacités d’adaptation qui sont plus accessibles pour les très bons lecteurs (surtout lors d’une immersion brutale ; on peut aussi être vigilant à introduire progressivement le lexique non familier). 

Eviter les répétitions
Objectifs :
-   Gagner en précision (comme précédemment). Le gain en précision est surtout valable pour les termes un peu généraux : se plonger dans une liste de synonymes permet d’en repérer de plus adaptés à notre situation précise.
-   Eviter la lassitude ou le sentiment de « piétinement » (sauf si c’est voulu bien sûr)
-   Intérêt esthétique perçu comme important dans les normes françaises.
Les méthodes :
-   Les listes de synonymes permettent d’accroître notre palette de nuances
-   Les listes de champs lexicaux me semblent parfois encore + utiles, car elles ouvrent la porte à d’autres structures de phrase, plutôt que simplement changer le mot.
-   Même pour les répétitions qui ne semblent pas gênantes à la lecture, il peut être utile de chercher tout de même une autre formulation, juste pour voir si on préfère changer ou laisser
-   Ne pas rester coincé dans une structure de phrase figée ! Il arrive souvent que pour éviter une répétition, on doive reformuler la phrase ou changer l’ordre des idées (pas de synonyme parfait).
Les risques / les limites :
-   Le but n’est pas d’enlever toutes les répétitions d’un texte : certaines sont volontaires (anaphores, piétinement de la pensée, « blocage »), d’autres répétitions sont si naturelles qu’elles ne dérangent pas le lecteur et « sonnent juste » pour incarner la personnalité du narrateur.
-   Il semblerait que ce soit une préoccupation très française et que les anglo-saxons s’en soucient beaucoup moins… garder en tête, donc, l’aspect relatif et culturel.
-   Dans certaines situations, le remplacement par un autre mot peut sembler « forcé » ou « obvious » : on voit que l’auteur a voulu éviter une répétition gênante. Par exemple, si un personnage manipule un objet pendant cinq lignes, et que l’objet est nommé trois fois, de trois façons différentes, je trouve ça un peu gros (sauf effet de style voulu bien sûr, ou découverte de l’objet qui s’affine), il vaut mieux trouver d’autres formulations ou une autre organisation du texte.
-   Parfois aussi, le mot utilisé pour remplacer la répétition est un mot qui sonne moins juste, ou dans un champ lexical moins naturel pour le narrateur et le ton du texte. Dans ce cas, idem, je préfère garder la répétition ou changer ma phrase.

L’utilisation des pronoms ou des périphrases
Objectif :
-   Eviter les répétitions : varier la désignation de la chose ou du personnage
-   Affiner le point de vue, le regard porté sur la personne concernée.
Méthode :
-   Pour ce qui est des périphrases : au-delà du simple but d’éviter une répétition, la périphrase s’utilise préférentiellement au moment où on se place dans le point de vue, ou la situation, qui correspond le mieux : exemple un peu caricatural : pour Dumbledore, on peut dire « le directeur de l’école » ou « le vieil homme », mais ce ne sont pas des termes interchangeables, cela dépend du regard qu’on porte sur lui à l’instant T. Il faut donc penser au regard que le narrateur, ou le personnage dont on épouse le + le point de vue, pose sur la personne concernée.
Risques :
-   Pour les périphrases, je trouve difficile d’éviter les clichés ou les formules vues et revues (j’ai l’impression que mes textes à la troisième personne sont souvent criblés de « la jeune fille » et « le jeune homme »).
-   Les noms, pronoms ou périphrases ne sont pas interchangeables juste pour éviter les répétitions : chacun transmet une nuance et une manière de considérer la personne, il faut donc choisir où on les place.
-   Pour ce qui est des pronoms, il me semble (règle tacite ?) qu’on évite d’employer un pronom en début de paragraphe (et encore moins en début de chapitre), même si avec le contexte il est évident qu’on sait de qui on parle. Le paragraphe forme une petite unité et c’est plus « propre » qu’il se tienne un minimum à lui tout seul.
-   Une autre difficulté avec les pronoms est de rester vigilant aux confusions possibles : même si on peut résoudre certaines ambiguïtés en réfléchissant une seconde ou en lisant la suite de la phrase, cela ralentit la lecture. Parfois je préfère répéter le nom pour éviter toute confusion. 

Eviter les verbes faibles
Les verbes dits « faibles » sont les verbes les plus employés dans la langue française, c’est-à-dire les auxiliaires « être » et « avoir », et quelques autres : « faire », « aller »… la liste est plus ou moins longue selon les points de vue et peut comprendre aussi « mettre », « prendre », « dire », et d’autres verbes qui sont surtout trop souvent employés dans les textes : « sembler », « paraître », « sentir », « arriver à », « se mettre à », « commencer à ».
Objectif :
-   Eviter les termes flous qui sont peu immersifs
-   Gagner en précision
-   Rendre un texte plus dynamique.
Méthodes :
-   Comme pour les répétitions : dictionnaires des synonymes, chercher un verbe plus précis…
-   Essayer de n’utiliser qu’un seul verbe si on peut éviter verbe + infinitif
-   On pourra favoriser des verbes d’action pour un rendu plus dynamique.
Risque / Limites :
-   Ces verbes ne sont pas à proscrire ! parfois ce sont effectivement les plus adaptés.
-   Pour un langage oral ou familier, l’emploi de verbes faibles sera beaucoup plus fréquent (même si on peut quand même essayer de les réguler un peu).

De manière plus large, diversifier le choix des verbes
Objectifs :
-   Eviter les répétitions, renouveler son lexique
-   Gagner en précision
-   Dynamiser le récit avec plus de verbes d’action
-   Sortir des clichés, renouveler les images utilisées et les métaphores.
Méthodes :
-   S’attarder sur tous les verbes d’usage courant, se demander s’ils collent au mieux à l’action ou à l’image qu’on essaye de transmettre.
-   Utiliser les dictionnaires des synonymes et des champs lexicaux
-   Questionner les participes présents et les infinitifs : comment le texte sonne-t-il si on choisit une forme + active, à l’indicatif ?
-   Eviter les tournures passives, préférer les tournures actives en changeant le sujet.
Risque / Limites :
-   Toujours la même chose : ne pas faire alambiqué juste pour faire alambiqué, il faut qu’il y ait une vraie plus-value pour le texte, autre que la cabriole littéraire.

Porter une attention particulière aux sonorités
Objectif :
-   Plaisir, immersion du lecteur.
-   Certaines allitérations ou assonances peuvent appuyer le propos (sonorités jugées douces ou brutales, cassantes ; sons ressemblant aux sons décrits dans l’histoire).
Méthodes :
-   Lire à voix haute (avec les liaisons et en prononçant les « e » muets selon les mêmes règles qu’en poésie)
-   Choix des sonorités pour une meilleure fluidité à la lecture
-   Personnellement, je me retrouve souvent à devoir supprimer des allitérations involontaires
-   Je supprime aussi beaucoup de rimes internes. Un peu, c’est joli, mais quand c’est trop je trouve cela très entêtant, notamment toutes les fins de phrases en « é » (merci la langue française…) ou en « an ».
Risque / Limites :
-   Aucun en particulier ; si ce n’est que pour moi l’esthétique ne doit pas primer sur le sens ou la syntaxe.

Simplifier / clarifier le texte
Objectifs :
-   Faciliter la compréhension et donc l’immersion du lecteur
-   Rendre un texte plus percutant.
Méthodes :
-   Traquer les ambiguïtés (notamment pronominales), même celles qui peuvent être résolues en réfléchissant une seconde : le but n’est pas de s’arrêter pendant une seconde.
-   Mettre des verbes d’action plus directs, plutôt que des formules comme « commencer à… » « arriver à… » « se mettre à… »
-   Epurer les adverbes. Personnellement, je dois supprimer beaucoup de termes comme « un peu », « plutôt », « je crois »… qui amoindrissent l’impact des mots, souvent sans qu’il y ait de plus-value bien au contraire.
-   Ne pas superposer des séries de métaphores qui partent dans des directions différentes, sinon le lecteur qui essaye de visualiser les choses ne sait plus où donner de la tête. Préférer une seule métaphore filée, ou d’autres figures de style, ou un style descriptif plus littéral ou un style plus épuré. Exemple dans un de mes textes : "Ces deux Songes m'ancrent si fort… qu’ils nourrissent la toile de mes déambulations oniriques,..." => ancre = une image ; nourrir = une autre ; la toile = encore une autre ; les déambulations = encore une autre ? J'ai changé pour "Ces deux Songes me plaisent si fort... qu’ils dressent le décor de mes rêveries éveillées,...".
-   Bien choisir l’ordre des phrases au sein d’un paragraphe, ou l’ordre des paragraphes. Certaines répétitions et certaines sensations de piétinement peuvent être évitées en rassemblant nos idées. Traiter d’abord le sujet A, puis le B, puis le C, plutôt que faire un peu de A puis B puis A puis C puis A… etc. 
Risques :
-   Ne pas trop prendre le lecteur par la main / ne pas être trop explicite concernant les idées de fond ? Laisser une part d’interprétation et d’imagination ? (mais il me semble que là il n'est plus question du style mais bien du propos...).

Ajouter des détails, ajouter du sensoriel
Objectifs :
-   Rendre un texte plus immersif pour le lecteur.
Méthodes :
-   Ajouter des détails qui puissent servir d’ « ancrage », de point d’accroche pour le lecteur. Je trouve que quelques éléments précis sont parfois suffisants pour brosser un tableau ou peindre une atmosphère : on nomme les détails visuels sur lesquels le regard accroche, les impressions sonores qui nous marquent…
-   Penser à toutes les modalités sensorielles (vue, audition, odorat, toucher, goût, proprioception).
Risques / Limites :
-   Ne pas surcharger
-   Ne pas ajouter de détail « plaqué » ou « forcé »
-   En tant que lectrice, je suis très indifférente à toutes les descriptions « techniques » minutieuses précisant l’organisation exacte d’une pièce ou d’une ville, tel truc à droite, tel truc à gauche, combien de rangées de ceci ou de cela. Mais peut-être est-ce parce que j’ai une très mauvaise représentation en 3D ?

Homogénéité / hétérogénéité d’un texte
Il me semble important de garder une cohérence de narration pour un même point de vue / un même narrateur, qu’il soit omniscient ou non.
Il est toutefois important aussi d’adapter l’écriture à ce qui se passe dans le texte, et une certaine hétérogénéité est nécessaire au moins concernant le rythme et les champs lexicaux (et évidemment les dialogues). On peut aussi travailler cette hétérogénéité avec application, par exemple pour les romans polyphoniques pour mieux incarner les différents points de vue, ou bien pour montrer l’évolution d’un personnage au fil du récit.

Les figures de style
(à venir).

Pour conclure
Je crois que pour tous les points notés ci-dessus, il est toujours possible de les retourner totalement et de les utiliser de la manière inverse (par exemple : faire des répétitions / mettre en place une monotonie dans la syntaxe ou la ponctuation / ne pas clarifier, laisser le lecteur errer...), dans le but d'obtenir certains effets de styles, que ce soit pour un passage de texte seulement ou pour une œuvre entière.

« Modifié: 06 septembre 2023 à 00:08:13 par Ari »
~ Ari ~

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Re : "Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« Réponse #1 le: 02 septembre 2023 à 07:30:15 »
Tu montes un cours?

C'est une liste qui donne le tournis tant elle est juste et complète et... tellement longue qu'elle donne les chocottes.

Dans cette liste il faut aussi trouver ce qui donne une singularité, à quel endroit on la trouve... dans les limites, les marges, dans la dérive parfois, là où on s'est érigé la règle et où soudainement on l'abandonne.

B
Tout a déjà été raconté, alors recommençons.

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Hors ligne Ari

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Re : "Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« Réponse #2 le: 02 septembre 2023 à 08:36:23 »
Oui bien sûr, pour chaque item on a le choix ou pas de l'appliquer et surtout en quelle quantité / dans quelle mesure. L'idéal pour moi c'est que les partis pris soient volontaires (même si c'est seulement intuitif et non analytique).

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Tu montes un cours?
:D Non, mais ça me plairait je pense ;) .

Maintenant que j'ai écrit tout ça, yapuka l'appliquer pour ma novella.......  :s :aah: :D
~ Ari ~

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Re : "Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« Réponse #3 le: 02 septembre 2023 à 09:01:15 »
Je pense qu il faudrait afficher ta liste au dessus de tous nos ordi...
Bon, on prendrait peut être peur.
Travaille bien et amuse toi.
Nos royaumes sont minuscules.
B
Tout a déjà été raconté, alors recommençons.

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Re : "Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« Réponse #4 le: 02 septembre 2023 à 09:50:49 »
C'est vraiment incroyable le travail que tu fais sur tes textes, moi je ne fais pas tout cela. Je pense que c'est aussi ce qui joue sur la différence.

Comme je l'ai déjà dit, écrire une fiction  n'est pas pareil que un moment de sa vie. On voudra faire passer une information ou un évènement avant tout. Ecrire un récit, c'est raconter une histoire.
Même si on peut vouloir partager une information ou un évènement, cela est romancer. On a une liberté dans la narration ou dans les termes. Mais on doit veiller a ce que cela reste cohérent.
Un passage de notre vie, on décrit juste la chronologie, on a pas besoin de réfléchir à la logique, à la psychologie des personnages. Par contre il faut faire attention ce que ca reste clair et aussi bien réfléchir a ce que l'on dit.

Pour revenir a ce que tu nous a partager.
C'est tellement vrai que l'on a tendance a utiliser souvent les même termes. Il faut réfléchir  a ce qu'on raconte et comment on le raconte, surtout que ca peut casser une ambiance si on décrit ou on écrit mal.
Ce qui m'agace ceux sont les films, ou les livres, ou ils font parler des personnages par clichés. Ca fait sortir de l'histoire.

Le style est très important.
Pour donner a une personne l'envie de lire un récit, il faut l'accrocher , par l'histoire, mais surtout par  l'écriture. C'est le "chemin" qui permet a la personne de découvrir notre texte.  Si on écrit comme une patate, la lecture devra faire un effort pour le lire et ca deviendra une contrainte. Il s'en lassera très vite.
Il préfère se balader sur une route goudronné en été que sur un chemin de montagne en hiver^^

Hors ligne Ari

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Re : "Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« Réponse #5 le: 02 septembre 2023 à 10:13:04 »
Oh, c'est pourtant chouette les chemins de montagne en hiver  :coeur:
Merci pour ton retour !  :oxo:

Citer
Comme je l'ai déjà dit, écrire une fiction  n'est pas pareil que un moment de sa vie. On voudra faire passer une information ou un évènement avant tout. Ecrire un récit, c'est raconter une histoire.
Même si on peut vouloir partager une information ou un évènement, cela est romancer. On a une liberté dans la narration ou dans les termes. Mais on doit veiller a ce que cela reste cohérent.
Un passage de notre vie, on décrit juste la chronologie, on a pas besoin de réfléchir à la logique, à la psychologie des personnages. Par contre il faut faire attention ce que ca reste clair et aussi bien réfléchir a ce que l'on dit.
Oui, après avoir rédigé tout ça sur le style, je me suis dit que je devrais mieux étudier le fond, la construction de l'histoire etc... Mais ce sera un autre sujet ! (pour lequel je suis encore beaucoup moins au point o_o).

Citer
C'est vraiment incroyable le travail que tu fais sur tes textes, moi je ne fais pas tout cela.
Je n'applique pas tout  :-[ . Ce post-ci, c'est le fruit de mes réflexions du moment et donc ce que je me dis qu'il serait utile de faire  :mrgreen: . Je vais essayer de m'y appliquer un peu +, pour la novella que j'écris en ce moment.

A bientôt ! :)

Edit : Je vais écrire un bouquin de fiches sur comment écrire des livres, ça sera plus efficace qu'essayer d'écrire mes livres  :D
~ Ari ~

Hors ligne Alan Tréard

  • Vortex Intertextuel
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  • Optimiste, je vais chaud devant.
    • Alan Tréard, c'est moi !
Re : "Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« Réponse #6 le: 02 septembre 2023 à 11:40:53 »
Bonjour Ari,


Difficile de se faire un style bien à part, mais c'est une recherche passionnante.

Moi de mon côté, je m'amuse à orienter la narration selon les personnages, comme si mon narrateur se pliait aux exigences des personnages qu'il présente. De cette façon, comme si chaque personnage avait son propre style, le narrateur essaierait de correspondre à chacun comme pour lui faire plaisir. Comme quelqu'un qui leur rendrait service en parlant comme eux.

Faire plaisir à mes personnages en imitant leur style et m'adaptant à eux, voici comment j'imagine les scènes et récits que j'écris pour m'encourager moi-même à innover un peu.

La façon de m'exprimer, le rythme, les préférences et priorités ou les goûts, les formes du langages, ce sont tous des critères que j'essaie de moduler.


Tout plein d'inspiration à toi pour parvenir à tes ambitions, Ari.

Et nombre d'émotions également. :)
Mon carnet de bord avec un projet de fantasy.

Hors ligne Safrande

  • Troubadour
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Re : "Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« Réponse #7 le: 05 septembre 2023 à 19:17:51 »
Coucou Ari, comme disait Glaçon à propos d'une autre histoire, je te trouve trop "mécanique" ;D



Pour moi le "style" doit venir, selon une expression éculée, en quelque sorte, du sang. Varier la ponctuation, la syntaxe, la mise en page, etc, pour faire du style, c'est comme complimenter, offrir des cadeaux, faire du zèle pour paraître gentil : c'est une expression de la gentillesse, dont n'importe quel goujat pourrait se servir, mais ce n'est pas la gentillesse elle-même, qui conduit les actes et se voit dans le regard d'une personne plus souterrainement. À mon avis, et c'est bizarre de dire ça, même à moi ça me parait paradoxal, mais le "style" c'est avant une quelconque syntaxe, une quelconque originalité de vocabulaire, un certain point de vue, un certain ton - et pourtant c'est aussi tout ça à la fois, et c'est tout ça que je relève quand je veux parler du style de quelqu'un...



Je sais pas, c'est quelque chose de plus organique comme certaines manières indéfinissables qu'on certaines personnes, et dont la description serait absurde et absurdement long tant il y a de chose inexprimable et tout personnel à décrire, tant il faudrait inventer tout un langage pour décrire un mouvement de la main, qui certes est un mouvement comme tous les mouvements, et une main comme toutes les mains, mais est le mouvement bien particulier et sans aucun équivalent de cette personne, et une main dont la forme et la proportion ne se retrouve chez aucun autre.



Dans ce que j'ai lu de toi, certes la forme différait (entre tes textes courts par exemple et Les abeilles), le ton n'était pas le même, le vocabulaire non plus, la syntaxe non plus : pourtant dans le fond (du style bien entendu) je sentais que c'était toujours toi que je lisais. J'ai l'impression que peu importe à quel point on se travestit en littérature, on ne peut pas changer la nature même de ce qui caractérise notre écriture. Cet effet je l'ai eu aussi avec Faulkner ou Joyce : quand bien même chez le premier les narrateurs se succèdent, sont totalement opposés (âge, milieu, etc), parlent différemment, c'est toujours la "voix" de l'auteur que j’entends ; et chez le deuxième, quand bien même il essaye de changer radicalement de style d'un chapitre à l'autre (passant d'un langage suranné, à une pièce de théâtre, à un monologue intérieur), je devine sous le travail de forme, les ornements, les artifices, toujours la même nature, le même gars qui aime l'humour, les assonances, je devine ce même ton amusé et doucement ironique.



Du coup je me dis, au lieu de vouloir "enrichir" son style en voulant varier les verbes, la sonorités, les répétitions, qui reviendrait à vouloir une maison plus grande en changeant les meubles, ou qui serait comme se munir de tout un éventail d'outil pour dessiner une pomme qui nécessiterait qu'un crayon papier, est-ce qu'il ne vaudrait mieux pas, en premier lieu, chercher ce style, capter ce qu'il a de singulier, et l'approfondir en essayant de comprendre les moments où ils nous traduit le mieux, et multiplier, provoquer ces moments, de sorte qu'il finisse par devenir l'expression de plus en plus directe de nous-même, et de sorte que tout ce qui soit exprimé, quand bien même l'humanité ne cesse de l'exprimer depuis des siècle, le soit d'une manière nouvelle parce que par nous-même. Enfin moi c'est une logique du dépouillement que j'ai toujours aimé, comme pour la batterie : d'abords apprendre à jouer avec caisse claire, grosse caisse, un tom, une charley puis une cymbale : les possibilités de cette configuration sont déjà infinies, et ce qui fera la différence de mon jeu avec un autre n'est pas les milles toms et les milles cymbales que je rajouterai, mais comment je tape, l'ingéniosité de mes roulements, l'inventivité de mes rythmes, dont les nouveaux outils que veux ajouter ne seront aucunement responsables : toute ma personnalité peut déjà s'exprimer avec un minimum de matériel.



Et même finalement, "enrichir" un style ne me plait pas beaucoup, l'approfondir oui, le rendre plus personnel encore oui, mais vouloir "l'enrichir" me donne l'impression de vouloir le gonfler superficiellement, ça me semble une chose entreprise davantage par la peur de lasser le public ou par l'envie de lui être agréable que par le besoin de répondre à une nécessité intérieure. On voudrait tester des couleurs, essayer d'autres personnages, des décors différents sur une peinture pour faire évoluer son style, sans se rendre compte que ces ajouts changent effectivement l'apparence du tableau, mais ne changent rien au style qui est toujours le même, peu développé, sans une personnalité forte, sur nos 100 autres tableaux, et n'a jamais évolué parce qu'au lieu de travailler dessus on a travaillé sur ce qui n'en n'était que le reflet.

Les conseils que tu donnes pour enrichir son style me semblent génériques, et semblent être ce qu'on trouve sur internet quand on tape "comment bien écrire/avoir un bon style". Mais selon moi "bien écrire" n'a pas beaucoup d'intérêt, c'est bien utile pour un mail à son patron, pour une lettre de motiv, pour raconter une histoire à quelqu'un, mais ça l'est beaucoup moins pour faire de la littérature, dont le but premier selon moi, comme tous les arts, est de proposer une expérience esthétique unique et marquante. Beaucoup d'auteurs que j'aime vont à l'encontre de tout ce que tu énonces ici, que ce soit Simon qui fait des phrases de 10 pages, Robbe Grillet dont la littérature entière est basé justement sur l'énonciation de menus détails avec une extrême précision, jusqu'à se perdre dedans et perdre le lecteur, ou Bernhard dont l'écriture n'est faite que d'inlassables répétitions jusqu'à l'hypnose, presque une sorte de transe - sans parler de Céline qui utilise les trois point (...) quasiment à la place de tous les points, entre autre particularité. À mon avis enrichir un style ne se fait pas de la même façon pour tout le monde, et il y a autant de façon d'enrichir/d'approfondir un style qu'il y a de style, puisque ça demande avant tout de capter ce qu'il y a de singulier en lui, c'est-à-dire en chacun de nous, et de développer à partir de ça. On peut énoncer ce qui est communément admis comme étant "bien écrit" et comment l'obtenir, mais on ne peut pas énoncer comment "améliorer/enrichir/approfondir" son style puisqu'il s'agit d'un cheminement tout personnel, d'un questionnement intérieur constant, qui se fait à tâtons pendant la découverte de soi dans l'acte même d'écrire, et dans celle de ce qui nous parle/nous touche dans nos lectures.



Bon je crois que je tourne en boucle, j'ai du mal à exprimer mon idée...



Il me semble aussi que tu parles du style comme si c'était un paramètre à ajuster à l'histoire, comme s'il pouvait se régler sur l'une, et se dérégler à l'opposé sur l'autre pour mieux lui convenir. Chez pas mal d'auteurs que j'ai lus, ils ont passé leur vie à ajuster un style particulier à une histoire particulière, à trouver l'histoire qui convient à leur style, ou le style qui convient à l'histoire, de sorte que les deux fassent corps, et que le style soit autant l'histoire que l'histoire est le style, qu'ils soient indissociables. Et donc si c'est déjà le travail de toute une vie (je pense à Gombrowicz ou même Simon dont les œuvres les plus totales et réussies se trouvent à la fin), pouvoir le faire avec différent style et différentes histoires de manière totale et convaincantes serait le travail de plusieurs vies ! Y'a un écrivain, je sais plus lequel, qui disait qu'on écrivait un seul livre toute sa vie, et j'aime bien cette idée : que finalement l'approfondissement du style, de ce qu'on a besoin d'exprimer, d'une histoire (ou de ses histoires), de son point de vue, est le travail de toute une vie. Et je pense qu'il est préférable de se concentrer à exprimer une petite chose toute personnelle qui nous tient à cœur, qui est ancré en nous, de façon totalement notre et convaincante, comme aucun ne l'a exprimé, que d'en exprimer tout plein, que de balayer tous plein de sujets avec toute sortes de façons de dire, superficiellement et comme tant d'autres l'ont fait. Et finalement quand je te lis, j'ai l'impression que c'est ce que tu fais, et finalement c'est ce que beaucoup font assez naturellement : tes histoires tournent souvent autour des sujets liés à un traumatisme, à un handicap, et peu importe la forme que tu y mets, peu importe les symboles et autres pirouettes dont tu noircis tes pages, c'est toujours proche de la sensation, d'une certaine poésie de la sensation, c'est toujours un peu triste/mélancolique, doucement écorché.



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Varier la ponctuation

Objectifs :

- Pour éviter l’ennui / rompre les habitudes

Rompre les habitudes de temps en temps c'est bien, mais elles sont aussi ce qui fait toute la personnalité d'un style, et il est plus important de les perpétuer (sans abuser bien sûr) que de les rompre, comme les répétitions dont tu parles un peu plus loin. Pour moi ce qui donne le liant à un style, ce qui lui donne une impression de cohérence dans un tout, c'est justement cette base d'habitude, de répétition de motifs bien particulier - pas seulement d'un mot ou d'un groupe de mots ou d'une certaine syntaxe, mais aussi de certaines situations (je pense aux situations absurdes que ne comprennent pas les personnages de Kafka) ou de certains personnages (y'a qu'à voir comme les traits des personnages principaux de Miyazaki se ressemblent), autour desquels s'articulent d'autres choses plus spécifiques. C'est parce qu'une musique répète son refrain, son harmonie, certaines cadences, qu'elle me donne une impression de cohérence (dont se dégage d'ailleurs une certaine beauté), qu'elle me donne l'impression d'avoir un socle solide, une base, comme un village retrouve disséminé un peu partout le pavé ou les réverbères de sa place, les colombages de ses plus vieilles maisons.



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Eviter les verbes faibles

J'en avais parlé je sais plus où, mais les verbes "faibles" sont pour moi indispensables à une écriture naturelle. À vouloir les diminuer on engonce une écriture, surtout que leur chercher des synonymes, sans modifier la phrase en entier, n'est jamais très convaincant. Proust utilise un verbe "faible" presque à chaque phrase, y'en a partout, et ils sont indispensables à la bonne compréhension et la bonne clarté de son propos, et c'est une des raisons pour lesquelles on dirait que ça coule tout seul.



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Porter une attention particulière aux sonorités

Objectif :

- Plaisir, immersion du lecteur.

- Certaines allitérations ou assonances peuvent appuyer le propos (sonorités jugées douces ou brutales, cassantes ; sons ressemblant aux sons décrits dans l’histoire).

Méthodes :

- Lire à voix haute (avec les liaisons et en prononçant les « e » muets selon les mêmes règles qu’en poésie)

- Choix des sonorités pour une meilleure fluidité à la lecture

- Personnellement, je me retrouve souvent à devoir supprimer des allitérations involontaires

- Je supprime aussi beaucoup de rimes internes. Un peu, c’est joli, mais quand c’est trop je trouve cela très entêtant, notamment toutes les fins de phrases en « é » (merci la langue française…) ou en « an ».

Risque / Limites :

- Aucun en particulier ; si ce n’est que pour moi l’esthétique ne doit pas primer sur le sens ou la syntaxe.

Là j'suis assez d'accord avec toi ; sur ce point j'ai des règles absurdement compliquées à respecter mais qui me tiennent à cœur ; j'voudrais juste aller un peu plus loin sur ce que tu dis pour la voix haute : j'essaye de m'arranger pour que le tout soit agréable pour la bouche, la langue, la respiration, et même délicieux si possible - et pour ça lire son texte, et au-delà de ce qu'il veut dire, sentir ce qu'il procure au corps, aux sens, puis s'enregistrer au dictaphone et s'écouter (méthode efficace pour se rendre compte non seulement d'une connerie dans la syntaxe, dans le sens, mais aussi d'une fausse note dans la sonorité, d'un rythme mal tenu, comme on se rend compte des erreurs d'une de nos partition quand on l'entend au piano pour la première fois : ce travail à haute voix me parait essentiel pour dorloter, chérir, peaufiner notre musique).



Vraiment d'accord sur la clarification, sur la simplicité, qui est peut-être la chose la plus dure à obtenir, tant elle demande à questionner nos doutes sur tel passage, à fouiller toujours plus, à élaguer et donc supprimer des choses qui nous tenaient à cœur pour atteindre l'essentiel, tant elle oblige à reformuler le propos pour le rendre évident.



Bon ce message est autant une recherche personnelle qu'a enclenché la tienne à propos du style qu'une espèce d'invitation au débat, qu'un questionnement de tes questionnements à toi, dans le but peut-être de remettre certaines choses en cause, d'en renforcer d'autres, de créer du mouvement ; j'ai sûrement dis beaucoup de conneries sur lesquelles je reviendrai, que je nuancerai ; en vérité ton post m'a fait cogiter pendant deux jours, puis là j'ai pas fini ;D

« Modifié: 05 septembre 2023 à 20:24:21 par Safrande »
Il regardait le verre non à sa portée d'une façon de reproche.

Hors ligne Ari

  • Palimpseste Astral
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Re : "Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« Réponse #8 le: 05 septembre 2023 à 23:48:05 »
Merci pour vos réponses Alan et Safrande  :calin:.

Alan : j'aime beaucoup ta manière de raconter tes relations avec tes personnages, je trouve ça très chouette comme immersion.

Safrande : je pense que tu as surinterprété mon message, et que tu y as lu des choses que je ne dis pas....

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Beaucoup d'auteurs que j'aime vont à l'encontre de tout ce que tu énonces ici
Je ne vois pas comment on pourrait "aller à l'encontre de ce que j'énonce", dans le sens où je n'ai pas souhaité donner de consigne de ce qu'il "faudrait" faire et encore moins de ce qu'il ne "faudrait pas" faire. Je liste juste des possibilités, en essayant de dire à chaque fois aussi quels sont les "risques / limites", mais un risque, c'est qqch qui s'assume tout à fait quand on l'utilise sciemment. Dès le début je précise que chaque point discuté ici doit à mon sens être adapté au récit, au narrateur etc, et surtout aux intentions de l'auteur.

Si tu veux, je pourrai modifier mon texte pour rajouter des nuances partout plutôt que des verbes à l'infinitif qui donnent effectivement l'impression d'avis tranchés '-' j'ai procédé par liste et tirets car j'ai pensé que personne ne me lirait si je laissais des paragraphes ultra détaillés. Mais dans ma tête, avec le contexte posé au départ et le fait que je donne à chaque fois du pour et du contre, + les mots "risques" / "limites", je pensais qu'on percevait l'esprit de nuance.

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À mon avis enrichir un style ne se fait pas de la même façon pour tout le monde,
Ai-je dit le contraire ?  :-\ Il faut vraiment que je reformule dans ce cas. J'ai sûrement été trop paresseuse dans mes explications. Pour moi il s'agit d'un panel de possibilités, donc évidemment chacun choisit les siennes. C'est même cela qui ouvre la possibilité de composer dix mille prises de position différentes.

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Les conseils que tu donnes pour enrichir son style me semblent génériques, et semblent être ce qu'on trouve sur internet quand on tape "comment bien écrire/avoir un bon style".
Je n'ai jamais prétendu le contraire. Il me semblait que ça restait pertinent sur ce forum, vu qu'ici on est là pour s'entraider, chacun pioche dans ce qui lui est utile. Il y a des gens qui débutent et souhaitent des conseils simples, d'autres qui ne débutent pas mais sont preneurs quand même. Moi ça m'a aidée de faire ce topo car j'ai pu nommer à chaque fois les limites que je voyais aux conseils que j'entends ici ou là.

Edit : En y réfléchissant, faire cette liste m'a surtout aidée à identifier d'autres objectifs que juste "pour faire bien", "pour faire soutenu", "parce que ça en jette" ;) (ce ne sont pas des objectifs auxquels j'adhèrerais >< ). J'avais besoin de trouver un intérêt pragmatique pour le lecteur, et je me suis penchée à essayer de décortiquer cet intérêt, c'est à dire, trouver à quoi cela peut *vraiment* servir au-delà des injonctions d'un "style riche" (d'où les guillemets dans mon titre). J'avais vraiment besoin de faire la part des choses entre d'une part : "ce type de conseils pour embellir le style sont des conseils normatifs et élitistes hérités d'une littérature bourgeoise et des inégalités socio-culturelles" ; et d'autre part : "mais oui c'est beau, immersif et puissant, je veux écrire de cette façon !". Et ma façon de faire la part des choses c'était de lister chaque fois le pour et le contre, en essayant de passer outre "l'impression générale que ça donne" mais vraiment de décortiquer l'effet de chaque petit point sur la lecture. Ensuite, on peut essayer toutes les nuances qu'on veut.

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Et je pense qu'il est préférable de se concentrer à exprimer une petite chose toute personnelle qui nous tient à cœur, qui est ancré en nous, de façon totalement notre et convaincante, comme aucun ne l'a exprimé, que d'en exprimer tout plein, que de balayer tous plein de sujets avec toute sortes de façons de dire, superficiellement et comme tant d'autres l'ont fait.
Chacun ses buts, chacun sa vision de l'écriture. On a le droit de ne pas rechercher les mêmes choses.

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Pour moi ce qui donne le liant à un style, ce qui lui donne une impression de cohérence dans un tout, c'est justement cette base d'habitude, de répétition de motifs bien particulier - pas seulement d'un mot ou d'un groupe de mots ou d'une certaine syntaxe, mais aussi de certaines situations (je pense aux situations absurdes que ne comprennent pas les personnages de Kafka) ou de certains personnages (y'a qu'à voir comme les traits des personnages principaux de Miyazaki se ressemblent), autour desquels s'articulent d'autres choses plus spécifiques. C'est parce qu'une musique répète son refrain, son harmonie, certaines cadences, qu'elle me donne une impression de cohérence (dont se dégage d'ailleurs une certaine beauté), qu'elle me donne l'impression d'avoir un socle solide, une base, comme un village retrouve disséminé un peu partout le pavé ou les réverbères de sa place, les colombages de ses plus vieilles maisons.
J'en parle dans la partie homogénéité / hétérogénéité. Je suis d'accord avec toi : c'est la partie que j'appelais homogénéité.

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J'en avais parlé je sais plus où, mais les verbes "faibles" sont pour moi indispensables à une écriture naturelle. À vouloir les diminuer on engonce une écriture, surtout que leur chercher des synonymes, sans modifier la phrase en entier, n'est jamais très convaincant. Proust utilise un verbe "faible" presque à chaque phrase, y'en a partout, et ils sont indispensables à la bonne compréhension et la bonne clarté de son propos, et c'est une des raisons pour lesquelles on dirait que ça coule tout seul.
Ben oui, je l'ai dit aussi que ça avait ses limites.

J'ai vraiment l'impression que tu as mal compris mon post, je vais essayer de le rendre + clair :( .

Pour te répondre sur l'ensemble :

J'ai l'impression, peut-être à tort, d'une forme de sacralisation de l'écriture chez toi (ou de l'art en général, je n'en sais rien). Dans ce cas, effectivement, on aura des désaccords et on aura du mal à se comprendre, car je ne suis pas dans cette optique. Pour moi les écrits que l'on produit sont le fruit de nos déterminismes et du temps que l'on a passé dessus. J'aime effectivement (et ça me touche beaucoup - si j'ai bien compris tes mots ! - que tu aies pu trouver cela dans mes écrits) quand un auteur transmet une manière de percevoir le monde et c'est cela qui est pour moi le + important : le "regard" à défaut d'un meilleur mot. Et une partie sera difficile à travestir ou à modifier. Mais je ne rends pas ce regard sacré et pour moi tout travail, toute prise de conscience, peut être utile (j'ai bien écrit "peut" "être" "utile", je n'ai pas dit que c'était obligatoire) pour mieux maîtriser ce que l'on souhaite faire, même si c'est pour peaufiner (et c'est souvent ça) ce que l'on fait déjà intuitivement. J'ai l'impression que dans tous les arts, l'idée de "talent" (sous-entendu inné ? ou du moins spontané ?) suscite bien des légendes mais est amplifiée dans les discours par rapport aux réalités. Il en découle que pour moi, oui, le travail d'un texte / d'un style n'est pas un sujet tabou et résumer cela à chercher le regard unique que l'on a au fond de nous et l'authenticité qui transformera nos écrits en chef d'œuvre, je trouve que c'est un point de vue restrictif : on a le droit de travailler d'autres axes, que ce soit sur le fond (construction de persos, d'intrigues, d'univers) ou sur la forme (vocabulaire, syntaxe, sonorités, images). Et surtout, rien de tout ça n'est exclusif. Ce n'est pas parce que tu te questionnes sur l'emploi ou non de répétitions, que tu trahiras l'authenticité de ton texte ; du moment que tu n'en fais pas une règle absolue et rigide sans la questionner. Ce n'est pas parce que tu utilises une fois un style soutenu et une autre un style familier que tu te trahis... tu le dis toi-même d'ailleurs, en citant des exemples d'auteurs. Donc en fait, oui, non, j'ai vraiment du mal à te comprendre '-' . Tu le dis bien, que la forme ne transforme pas le regard. Alors quel est le souci à lister les manières dont on peut faire varier la forme ?  :???: Je pense qu'on a le droit de lister des outils, on a le droit de les utiliser ou non... Je n'ai jamais dit "faites ci puis ça puis ça et ne faites surtout pas autrement." Et désolée si le contenu est trop "basique" pour toi, mais moi j'en suis encore à ces stades-là...

Je pense aussi que tout cela se fait de manière bien plus intuitive avec un remède très simple : lire, lire énormément, de tout, lire + sophistiqué si on veut faire + sophistiqué, élargir son vocabulaire, etc, pour qu'ensuite tous les "outils" soient intégrés de manière réflexe dans notre manière de penser et d'écrire. C'est sûrement le cas pour toi, d'après les échanges que nous avons eus au sujet de tes lectures, tes recherches de style, etc. Mais pour moi, non, les données enregistrées de manière inconsciente ne sont pas suffisantes (je ne lis pas assez), donc j'ai besoin de pousser les murs pour élargir les possibles. Ca n'oblige à rien, au contraire, c'est juste une manière d'essayer d'être + libre. J'aimerais bien que ça finisse par devenir intuitif, mais aujourd'hui, j'ai encore besoin d'ouvrir à la pelle des listes de synonymes.
« Modifié: 06 septembre 2023 à 00:18:15 par Ari »
~ Ari ~

Hors ligne Cendres

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Re : "Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« Réponse #9 le: 06 septembre 2023 à 10:38:46 »
(...)
Pour te répondre sur l'ensemble :

J'ai l'impression, peut-être à tort, d'une forme de sacralisation de l'écriture chez toi (ou de l'art en général, je n'en sais rien). Dans ce cas, effectivement, on aura des désaccords et on aura du mal à se comprendre, car je ne suis pas dans cette optique. Pour moi les écrits que l'on produit sont le fruit de nos déterminismes et du temps que l'on a passé dessus. J'aime effectivement (et ça me touche beaucoup - si j'ai bien compris tes mots ! - que tu aies pu trouver cela dans mes écrits) quand un auteur transmet une manière de percevoir le monde et c'est cela qui est pour moi le + important : le "regard" à défaut d'un meilleur mot. Et une partie sera difficile à travestir ou à modifier. Mais je ne rends pas ce regard sacré et pour moi tout travail, toute prise de conscience, peut être utile (j'ai bien écrit "peut" "être" "utile", je n'ai pas dit que c'était obligatoire) pour mieux maîtriser ce que l'on souhaite faire, même si c'est pour peaufiner (et c'est souvent ça) ce que l'on fait déjà intuitivement. J'ai l'impression que dans tous les arts, l'idée de "talent" (sous-entendu inné ? ou du moins spontané ?) suscite bien des légendes mais est amplifiée dans les discours par rapport aux réalités. Il en découle que pour moi, oui, le travail d'un texte / d'un style n'est pas un sujet tabou et résumer cela à chercher le regard unique que l'on a au fond de nous et l'authenticité qui transformera nos écrits en chef d'œuvre, je trouve que c'est un point de vue restrictif : on a le droit de travailler d'autres axes, que ce soit sur le fond (construction de persos, d'intrigues, d'univers) ou sur la forme (vocabulaire, syntaxe, sonorités, images). Et surtout, rien de tout ça n'est exclusif. Ce n'est pas parce que tu te questionnes sur l'emploi ou non de répétitions, que tu trahiras l'authenticité de ton texte ; du moment que tu n'en fais pas une règle absolue et rigide sans la questionner. Ce n'est pas parce que tu utilises une fois un style soutenu et une autre un style familier que tu te trahis... tu le dis toi-même d'ailleurs, en citant des exemples d'auteurs. Donc en fait, oui, non, j'ai vraiment du mal à te comprendre '-' . Tu le dis bien, que la forme ne transforme pas le regard. Alors quel est le souci à lister les manières dont on peut faire varier la forme ?  :???: Je pense qu'on a le droit de lister des outils, on a le droit de les utiliser ou non... Je n'ai jamais dit "faites ci puis ça puis ça et ne faites surtout pas autrement." Et désolée si le contenu est trop "basique" pour toi, mais moi j'en suis encore à ces stades-là...

Je pense aussi que tout cela se fait de manière bien plus intuitive avec un remède très simple : lire, lire énormément, de tout, lire + sophistiqué si on veut faire + sophistiqué, élargir son vocabulaire, etc, pour qu'ensuite tous les "outils" soient intégrés de manière réflexe dans notre manière de penser et d'écrire. C'est sûrement le cas pour toi, d'après les échanges que nous avons eus au sujet de tes lectures, tes recherches de style, etc. Mais pour moi, non, les données enregistrées de manière inconsciente ne sont pas suffisantes (je ne lis pas assez), donc j'ai besoin de pousser les murs pour élargir les possibles. Ca n'oblige à rien, au contraire, c'est juste une manière d'essayer d'être + libre. J'aimerais bien que ça finisse par devenir intuitif, mais aujourd'hui, j'ai encore besoin d'ouvrir à la pelle des listes de synonymes.

Je lis les échanges, surtout les réponses de Ari, car étant l'autrice du sujet. Je voudrais apporter mon "expérience" au sujet des synonymes et aussi lorsque l'on cherche à retransmettre des phrases.

J'ai des fois le problème de retransmettre des expressions. Elles sont grossières, mais si je change les termes, on perd le sens.
Si je fais parler un homme disant à une fille "Tu es une femme dévergondée avec une vie sexuelle très libre", c'est poli, mais ce ne sont pas les termes employés. Des fois, nous n'avons pas le choix que d'utiliser des grossièretés ou des termes que ne nous voulons pas.

En ce qui concerne les synonymes, tous les mots n'en possèdent pas, ou ne vont pas. Des fois, il faut faire des répétitions.
De plus, il y a aussi les mots que l'on évite et qu'on n'écrit pas.

Je pense aussi que l'auteur de l'écrit joue aussi sur le jugement. Si un prof de français écrits un texte moyen, ça sera jugé plus sévèrement qu'une personne normale.

Je crois qu'au-delà de faire de belles phrases, il faut surtout faire des phrases compréhensible et sans faute d'orthographe. Je parle surtout de moi là.

Hors ligne Deewild

  • Aède
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Re : "Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« Réponse #10 le: 06 septembre 2023 à 13:30:48 »
Continuer d'écrire dès que possible et lire.

Je ne pense pas que le style d'une personne puisse être modifié en appliquant dès règles ou des principes. Eventuellement adapter les codes en fonction du genre littéraire, mais c'est suffisant.

Je dis juste ça comme ça, ne le prenez pas mal.
Plus un auteur écrit, plus il prends confiance et s'améliore.

Je vous laisse.
Il n'y a pas plus grande richesse sur Terre que la liberté...mes amis imaginaires peuvent en convenir.

Hors ligne Safrande

  • Troubadour
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Re : "Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« Réponse #11 le: 06 septembre 2023 à 14:37:27 »
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J'ai l'impression, peut-être à tort, d'une forme de sacralisation de l'écriture chez toi (ou de l'art en général, je n'en sais rien).
Non c'est juste que la littérature et l'art en général est la source de mes plaisirs les plus fins, les plus intense, de mes expériences (sensorielles, intellectuelles) les plus plus riches et les plus marquantes, parce que c'est autant se découvrir soi que découvrir les autres. Et je n'y vois rien de plus : rien de sacré - j'ai même tendance à être saoulé par l'aveuglement dont peuvent faire preuve certain en idolâtrant tel ou tel artiste, en les appelant "maîtres", "dieu", en ritualisant leur pratique ou leur consommation de l'art, y trouvant un sens mystique. Et pour ce qui est de l'écriture, c'est moins une forme de sacralisation qu'une envie de comprendre ses mécanismes complexes, d'où effectivement une forme de fascination et peut-être de mystification qui se dégagent de mes propos immatures, de mes idées qui n'arrivent pas à bien comprendre encore ce qui se joue au moment où l'on écrit, et qui par leur forme un peu abstraite ou imagée peuvent donner l'impression d'être mystiques, mais traduisent en vérité une méconnaissance du sujet et une difficulté à mettre des mots dessus. En fait si ton post était "comment enrichir son style", je l'ai peut-être pris pour "comment faire/trouver son style", et c'est peut-être pour ça qu'il y a opposition dans mes propos sans qu'il y est lieu d'y en avoir. Mon message est hors sujet donc, comme souvent, mais peut être considéré comme un appendice au tient, ou un truc du genre  ;D

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Pour moi les écrits que l'on produit sont le fruit de nos déterminismes et du temps que l'on a passé dessus.
Et je suis totalement d'accord, c'est même une idée que j'ai défendu il y a quelque mois avec Glaçon !

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Mais je ne rends pas ce regard sacré et pour moi tout travail, toute prise de conscience, peut être utile (j'ai bien écrit "peut" "être" "utile", je n'ai pas dit que c'était obligatoire) pour mieux maîtriser ce que l'on souhaite faire, même si c'est pour peaufiner (et c'est souvent ça) ce que l'on fait déjà intuitivement. J'ai l'impression que dans tous les arts, l'idée de "talent" (sous-entendu inné ? ou du moins spontané ?) suscite bien des légendes mais est amplifiée dans les discours par rapport aux réalités.
Et là tout pareil : je suis le premier à questionner ces mots "talents" ou pire encore "génie", qui pour moi sont des fabulations ! Je n'y crois pas, tu me verras jamais les utiliser, et pareil je les ai questionné dans un échange avec Glaçon il y a quelque mois.
Dans mes propos par rapport à la recherche de "son style", il n'a jamais été question d'autre chose que de travail : je parle de chercher, de capter, d'approfondir, et tout ça n'a rien à voir avec une activité passive qui consisterait à laisser s'exprimer son intuition, son talent, son génie. Mais je considère que ce travail se fait moins avec des dictionnaires, des bescherelles ou des synonymes que par une espèce d'introspection, de contemplation de soi qui sont à la porté de tout le monde - et qui se font pendant l'acte même d'écrire ou de lire : écrire le cheminement de ses pensées (ou comprendre et analyser ce qui était à l'œuvre quand on a écrit tel morceau), ou comprendre qu'une chose qu'on a lu (par l'expression directe du propos ou par les règles internes qui régissent une description par exemple) nous touche, nous parle, et pourquoi ça nous touche et nous parle, etc. Car si un dico ou des synonymes peuvent améliorer le vocabulaire, la syntaxe d'une phrase (imaginons encore que c'est une description), sur la même phrase un approfondissement de nos impressions, de ce qu'on cherche à dire, pourrait l'améliorer bien plus efficacement car agissant non plus sur sa forme mais sur sa nature même. Et ce serait économiser un temps précieux de recherche avec les différents outils qui n'auraient peut-être pas donné un résultat aussi proche de nous-même.

Je crois que c'est en ça et en ça seulement que mon message s'opposait (à tort) au tient, en prenant un peu vite tes suggestions "d'enrichissements" pour une méthode afin de "trouver" son style ; aussi j'ai peut-être été porté par le besoin de ce que j'avais à dire, et c'est ce qui doit me rendre "froid" ou même "agressif", et c'est ce qui m'a fait surinterpréter comme souvent, je m'en excuse. Ca m'embête aussi que tu es pu croire que je trouvais tes questionnements trop "basiques", que tu es pu ressentir une forme de mépris dans mes propos, quand j'essayais (de façon maladroite) de questionner, de réagir, de me battre contre moi-même pour essayer de tirer une impression au clair :(

Et comme toi j'ai besoin et j'aurais toujours besoin de mes deux dico, plus mes deux autres sur internet, et de mes deux dico synonymes, plus tous les sites de synonymes qui existent sur internet, pour écrire - y'a aussi chat gpt qui est un outil vraiment pratique pour chercher des synonymes, des tournures, ect. Je ne dédaigne pas ce travail, j'y passe peut-être le plus clair de mon temps quand je veux ajuster ma musique, j'en parle tout le temps, je dis juste qu'avant celui là y'en a un autre plus important selon moi, et qui est cette recherche et ce travail sur soi, comme si le meilleur moyen de travailler son style était encore de le faire à sa source - comme au moment d'enregistrer une voix au micro il faut s'assurer d'avoir le bon micro et d'être dans de bonnes conditions, sinon peut importe la post prod qu'on fournira sur une voix mal enregistré et défaillante elle ne sera pas aussi satisfaisante et on ne pourra pas en tirer autant de chose qu'une autre dont l'enregistrement était idéal.

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J'aime effectivement (et ça me touche beaucoup - si j'ai bien compris tes mots ! - que tu aies pu trouver cela dans mes écrits) quand un auteur transmet une manière de percevoir le monde et c'est cela qui est pour moi le + important : le "regard" à défaut d'un meilleur mot.
Oui tu as bien compris mes mots ! Et ce que tu appelles le "regard" est ce que j'essaye de nommer quand je dis "style", et c'est de ça dont je parle quand je dis qu'il faut le chercher en soi, etc. En fait c'est en quelque sorte le "regard" qui passe à travers le style, le style en est le conducteur, entre autre chose - il est aussi la façon de rendre ce regard, enfin je crois... Je sais pas trop ce que je dis là  ;D

Bon j'arrête de t'embêter ;D

« Modifié: 06 septembre 2023 à 15:34:25 par Safrande »
Il regardait le verre non à sa portée d'une façon de reproche.

Hors ligne Ari

  • Palimpseste Astral
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Re : "Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« Réponse #12 le: 06 septembre 2023 à 16:54:30 »
Merci pour vos retours.

Safrande :

Merci pour les précisions :)

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En fait si ton post était "comment enrichir son style", je l'ai peut-être pris pour "comment faire/trouver son style"
Ah oui je suis d'accord que ce n'est pas du tout la même démarche !

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Dans mes propos par rapport à la recherche de "son style", il n'a jamais été question d'autre chose que de travail : je parle de chercher, de capter, d'approfondir, et tout ça n'a rien à voir avec une activité passive qui consisterait à laisser s'exprimer son intuition, son talent, son génie.
D'acc :)
Oui c'est vrai que tu le formulais bien comme ça, mais j'avais du mal à bien te comprendre, d'où le fait que j'aie ramené cette notion de "talent" etc... alors que tu n'en parlais pas du tout >< désolée.

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Car si un dico ou des synonymes peuvent améliorer le vocabulaire, la syntaxe d'une phrase (imaginons encore que c'est une description), sur la même phrase un approfondissement de nos impressions, de ce qu'on cherche à dire, pourrait l'améliorer bien plus efficacement car agissant non plus sur sa forme mais sur sa nature même.
Je suis d'accord avec ça, mais je pense que l'un n'exclut pas l'autre, ce sont juste deux sujets / axes différents...

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et c'est ce qui doit me rendre "froid" ou même "agressif", et c'est ce qui m'a fait surinterpréter comme souvent, je m'en excuse.
Alors, on ne se connaît pas IRL, mais j'ai quand même suffisamment échangé avec toi pour ne pas tirer ce genre de conclusions :) et quand tu es direct dans ta communication, je me dis juste que tu es concentré sur le sujet et sur ce que tu veux dire ! :) je ne le prends pas comme de l'agressivité.

Tu ne m'embêtes pas ne t'en fais pas !
Je comprends mieux les ptites nuances de points de vue maintenant.

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Oui tu as bien compris mes mots ! Et ce que tu appelles le "regard" est ce que j'essaye de nommer quand je dis "style", et c'est de ça dont je parle quand je dis qu'il faut le chercher en soi, etc. En fait c'est en quelque sorte le "regard" qui passe à travers le style, le style en est le conducteur, entre autre chose - il est aussi la façon de rendre ce regard, enfin je crois... Je sais pas trop ce que je dis là  ;D
Effectivement, si on faisait un post sur Comment "enrichir" le regard, waouh, ça partirait vers de toutes autres directions ! :o Mais je serais bien incapable de donner des conseils là-dessus...  :-[


Deewild :

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Je ne pense pas que le style d'une personne puisse être modifié en appliquant dès règles ou des principes.
Ben du coup pour ne pas reproduire le même qui pro quo qu'avec Safrande, je dirai juste que ça dépend de ce qu'on nomme le "style" :) !


Cendres :


Je suis d'accord, pour les grossièretés comme pour les répétitions, et c'est pour ça que je voulais surtout préciser qu'écrire et retravailler ses écrits, c'est plein de partis pris ! Sans "conseil universel" ; juste des possibilités.
~ Ari ~

Hors ligne Ji.Héllēn

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  • Messages: 75
Re : "Enrichir" (ou non) son style d'écriture
« Réponse #13 le: 03 octobre 2023 à 10:44:13 »
hello holà hallo

c'est hautement intéressant ce qui se discute sur ce topic.
je vais apporter mon gravier à l'édifice :

il me semble ari que tes efforts pour parfaire ton style sont surtout centrés sur les qualités objectives que ton style pourrait/devrait présenter. par exemple, pas de répétitions, des tournures variées, des champs lexicaux variées, etc, etc.

or plus le temps passe, plus je réalise que ce qui fait généralement un style, ce sont précisément ses défauts. par exemple, ses répétitions, ses tournures répétées, son champ lexical borné, etc, etc.

des stats pour étayer mon propos : il y a quelques mois je traversais une crise du style, considérant que le mien n'était pas assez — pas assez quoi au juste ? je ne savais pas, mais très clairement il manquait un truc.
pour comprendre, j'ai passé au crible un certain nombre de textes d'auteurs que j'adore (jack london, j.k rowling, boris vian, hermann hesse etc.).
l'expérience consistait à passer les premiers chapitres d'un de leurs romans sur antidote et d'en comparer les données avec celles de mon texte : les % de répétitions (des mots, des tournures), les % d'utilisation des verbes ternes, la longueur des phrases, etc.

et ben sacrée surprise. qu'est-ce que j'ai constaté ? que tous ces textes intègraient beaucoup, mais vraiment beaucoup plus de répétitions que le mien, de verbes faibles, d'adverbes, de blabla de blabli.
ça m'a fait comprendre que ce qui manquait à mon texte, ça va sonner très prétentieux, mais c'étaient des défauts. à force d'être peaufiné, il était devenu trop lisse. il n'y avait plus rien dans sa forme qui pouvait agripper le lecteur.

je sais plus trop qui avait un jour dit un truc comme : “avoir du style, c'est écrire mal ”
c'est caricatural mais ça n'empêche que il y'a du vrai dans cette phrase.
« Modifié: 03 octobre 2023 à 13:09:02 par Ji.Héllēn »

 


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