Hello ! Je suis de retour avec un énorme coup de coeur :
Les siècles obscurs de Camille Endell.
Les dessous de l’immortalitéMagnus vit au Val sans retour, un petit village proche des dieux qui vénèrent les Immortels, des créatures chimériques qui ne peuvent pas mourir et qui peuplent le monde depuis des milliers d’années. Ce monde, il le connaît bien puisqu’il est amoureux d’Aleyna, une naïade qui peuple un petit étang, tout proche du village. Depuis quelques temps, l’humain et l’Immortelle filent le parfait amour, malgré le fait qu’elle ne puisse pas quitter son lac et que lui sait qu’il ne pourra pas vivre éternellement à ses côtés, étant mortel.
Leur existence paisible bascule le jour où Aleyna est enlevée par une organisation secrète, le GRAAL, qui cherche à sauver la Terre, ravagée par les éléments quelques années plus tôt. Pour cela, elle utilise l’essence des Immortels, à travers des expérimentations dangereuses qui leur coûtent souvent la vie. Magnus ne peut se résoudre à l’abandonner à son sort. Malheureusement, quand il la retrouve enfin, Aleyna est devenue mortelle.
Accompagné de Hendrick, un vampire rencontré sur la route, et d’Eden, une jeune femme que le groupe a enlevé au GRAAL pour assurer ses arrières, Magnus et Aleyna d’engagent sur un long périple qui visent à rendre son immortalité à la jeune femme. Mais cette route sinueuse et jonchée d’obstacles pourrait bien être leur chute à eux tous.
Trahisons ancestrales et nouvellesCe texte a été une grosse claque, du début à la fin. J’ai mis du temps à le lire, parce que je ne voulais pas le terminer trop vite. J’avais envie de bien avoir le temps de l’apprécier jusqu’au bout, notamment parce que l’intrigue est complexe et pleine de nuances qu’il faut bien prendre en compte.
Nous nous trouvons dans un univers à la frontière de la fantasy et de la science-fiction. Nous sommes sur Terre, mais le monde a été ravagé par des cataclysmes qui ont laissé l’humanité se répartir en petits villages, comme celui de Magnus, ou en grandes cités, comme celle d’Eden et du GRAAL, qui va beaucoup nous intéresser au fil de l’intrigue. Ainsi, deux mondes s’affrontent : un résolument tourné vers la nature, avec un grand respect pour celle-ci et pour les Immortels, qui en sont les gardiens, et un hyper-technologique, présenté comme presque monstrueux, qui s’est donné pour mission de sauver ce qu’il reste de l’humanité et de la Terre, au prix d’un génocide difficilement défendable.
Le cœur de l’intrigue, ce sont les Immortels, qui sont entre autres toutes les créatures magiques des folklores que nous connaissons : fées, naïades, dieux, faunes, centaures… Toutes ces créatures en font partie et sont les gardiens de l’équilibre sur Terre. Problème, nous apprenons au début de l’intrigue qu’ils sont en voie de disparition, et malheureusement pas suite à des causes naturelles. Ils sont enlevés par le GRAAL, qui cherchent à les étudier et à comprendre leur nature pour la reproduire et l’utiliser à l’échelle de l’humanité. Le GRAAL juge les Immortels égoïstes, ne cherchant qu’à poursuivre leurs propres intérêts, alors qu’ils pourraient faire beaucoup plus pour une humanité qu’ils sont beaucoup à avoir rejeter, considérant eux les hommes comme violents, destructeurs et indignes d’être sauvés du propre sort qu’ils ont provoqué. Il y a bien sûr un message écologique fort derrière toutes cette intrigue, avec une humanité incapable d’apprendre de ses erreurs, si ce n’est quelques individus, qui vont être représentés par Magnus et Eden, quoique toujours imparfaits, parce que c’est ça aussi d’être humain.
Nous suivons donc quatre personnages, qui vont tour à tour devenir personnages principaux de l’intrigue. Il y a tout d’abord Magnus, un jeune homme fou d’amour pour sa naïade, prêt à parcourir un monde humain qu’il ne comprend plus pour sauver sa dulcinée. Il y a Aleyna, la naïade, prisonnière et condamnée, qui va devoir apprendre à être humaine. Elle est le penchant dramatique de la relation entre Magnus et elle, étant donné que, bien qu’elle aime Magnus, elle sait qu’il n’est rien dans son éternité, lui faisant voir mille et une étoiles alors qu’elle devrait s’en décrocher. Magnus n’est malheureusement pas de cet avis. J’ai beaucoup aimé leur histoire, faites de grosses crises et de grosses retrouvailles, où chacun des personnages se retrouve tiraillé par l’intérêt qu’il a pour l’autre, les intérêts du monde et leurs intérêts personnels. C’est une histoire d’amour compliqué, où tout peut les séparer, dont la mort, malgré leurs luttes pour pouvoir vivre en paix. Les deux personnages évoluent beaucoup au fil de l’histoire, tantôt unifiés, tantôt divisés, et c’est très intéressant de suivre leur évolution.
L’autre grande protagoniste de l’histoire, c’est Eden, qui n’est autre que la fille des créateurs du GRAAL. Élevée dans un cocon très fermé, elle ne connaît pas grand chose de la vie à l’extérieur de sa tour. Malheureusement au mauvais endroit au mauvais moment, elle se fait enlever par Magnus, Aleyna et le mystérieux Hendrick, encerclés, qui l’utilisent comme une porte de sortie. Séparée de ses parents et de sa bulle de sécurité, Eden se sent en danger et craint que le groupe se débarrasse d’elle une fois leur tâche achevée. C’était sans compter sur l’étrange attirance qu’elle ressent pour Hendrick, un vampire recruté sur la route par Magnus, pour aller sauver Aleyna, et dont personne ne sait vraiment rien. Cet attachement soudain effraie la jeune femme, d’autant plus que le vampire semble éprouver quelque chose de réciproque, même s’il ne le montre pas. Mais que lui arrive-t-elle ?
Le développement du personnage d’Eden est l’intrigue principale. De jeune fille kidnappée, elle va rapidement se rendre compte que tous les chemins mènent à elles, même si elle ne le veut pas spécialement, car Eden n’est pas une jeune femme ordinaire. Je vous laisse bien sûr le plaisir de découvrir pourquoi par vous-même ! Toute son intrigue est exceptionnelle, avec un personnage qui grandit, qui apprend et qui se retrouve au milieu d’événements qui la dépasse entièrement, mais dont elle n’a pas le choix de se mêler. Les révélations finales sur son personnage prennent à la gorge, puisqu’Eden est un personnage tragique. Elle est une fille de la destinée, et et rien de ce qui ne lui arrive est le fruit du hasard. Ce destin, elle va tout faire pour lui désobéir, elle n’en veut pas, mais peut-être n’est-ce là aussi qu’une volonté du destin lui-même. Prisonnière de son rôle, elle va tenter de s’émanciper.
Ce que j’ai adoré avec ce personnage, c’est qu’il brise en quelques sortes le quatrième mur. Eden est prisonnière du rôle de personnage de l’histoire, au sens strict du terme, et elle en est consciente. Elle cherche tout au long de l’intrigue à prouver qu’elle n’est pas que ça, qu’elle peut être mieux que ça, mais un personnage de fiction peut-il être autre chose qu’un personnage de fiction ? C’est dramatique, c’est violent et c’est très difficile à lire pour un lecteur, qui veut forcément la voir réussir à mesure qu’on avance dans l’histoire, et qui assiste, impuissant, au fait que ce n’est pas possible. Ce texte est une claque pour cette raison. L’attachement aux personnages se fait naturellement, et une fois que vous êtes attaché, il n’y a plus de retour en arrière, vous ne pouvez plus rien faire pour vous en détacher, parce que vous n’êtes pas une entité du livre. C’est un coup de génie, et c’est pour ça que j’ai adoré cette histoire.
L’intrigue traite de nombreux autres sujets que je ne peux malheureusement pas trop vous parler, parce qu’ils spoilent l’intrigue et que je suis limitée par le cadre de cette critique. Mais en vrac, on parle notamment et avec puissance du poids de la famille sur la définition de qui nous sommes, et de comment cette ombre peut nous suivre, douloureusement. On parle aussi d’amours impossibles, de quêtes inatteignables, de tentation, de douleur, de la question de la mort et de ses conséquences, beaucoup. C’est un roman très complet, aux multiples sous-intrigues, toutes plus douloureuses les unes que les autres, et qui va vous faire passer par tous les états. Sur la fin, j’avoue, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps ahah.
Le texte est classé en young adult, mais en réinvente entièrement les codes. L’univers, les personnages, l’intrigue, tout est novateur et original, et ça fait énormément de bien au genre, qui peine un peu à se renouveler en librairie parfois. J’aimerais lire plus souvent ce type de young adult, qui n’est pas uniquement basé sur la romance ou le drame, mais bien sur un tas de tout qui donne un tout plus grand et terriblement génial.
C’est un coup de cœur absolu, et un de ceux dont je vais me souvenir longtemps. Je le recommande extrêmement fort à tout le monde, que vous aimiez la fantasy ou non, que vous soyez novices ou non. C’est une claque colossale.
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