Bonjour,
Je fais partie d'un atelier d'écriture de nouvelles et on applique les 7 étapes de Truby (le protagoniste a un besoin, une faiblesse, un désir, un adversaire, une stratégie, une confrontation et une révélation personnelle).
Lorsqu'on nous a expliqué ces règles, on a tous été un peu surpris et cela n'a pas suscité d'enthousiasme : très contraignant, trop précis... Et la liberté de création dans tout ça ? Est-ce que les auteurs appliquent vraiment ces règles ? Ah bon, lesquels ? Ils doivent tous écrire les mêmes histoires, alors ?
De mon côté aussi, j'avais vraiment l'impression qu'on voulait nous enfermer dans un schéma préconçu qui allait bloquer nos idées, notre originalité, notre inspiration. S'il y avait une recette miracle pour inventer de bonnes histoires et que tous les auteurs devaient s'y plier, ça se saurait ! J'étais presque révoltée !
Depuis, j'ai mis un peu d'eau dans mon vin...
Tout d'abord, il faut admettre que les récits qu'on écrit en atelier dans lesquels les 7 étapes sont facilement identifiables... sont des récits qui marchent ! Quand on a un peu bloqué sur une étape de Truby au moment de l'écriture, les autres se rendent souvent compte à la lecture qu'il y a une faiblesse quelque part, quelque chose qui cloche (le manque d'adversité par exemple est assez récurrent dans notre groupe, notamment chez moi). Depuis que j'utilise ces étapes, je pense que mes textes sont de meilleure qualité. Donc oui, j'en tiens compte.
Autre chose : si dans notre groupe d'écriture, on a tous en tête les étapes de Truby, ce n'est pas forcément le cas sur ce forum et pourtant, je lis souvent des commentaires qui relèvent de manière plus ou moins intuitives des faiblesses ou qualités qui font partie des "consignes" de Truby. Même si on ne connait pas les règles du scénario, on baigne dedans donc on les a assimilées plus ou moins consciemment et plus ou moins consciemment... on les attend.
Je pense donc qu'il y a en effet des clés, des astuces, voire des éléments essentiels dans la construction d'une histoire. Il y a bien des règles en peinture et en musique, il n'y a pas de raison qu'il n'y en ait pas en littérature (ou cinéma).
Par contre, je continue quand même à me poser des questions... Parce-qu'il m'est arrivé qu'en commentant mes textes avec la "grille Truby", on dise de manière explicite quelque chose qui justement n'était pas explicite pour moi mais qui était ce que j'avais voulu dire de manière différente. Je ne sais pas si je suis claire... Peut-être qu'en voulant analyser des textes (ou œuvres) à la lumière de certaines théories, on plaque des règles sur des formes qui n'étaient pas nécessairement nées volontairement de ces théories. Et pourtant, l'analyse fonctionne car en fouillant, on relève toujours des choses pertinentes.
Quand on faisait des commentaires de textes au lycée, on entendait toujours un élève se plaindre : "Baudelaire ne s'est pas dit : "tiens, je vais mettre le champ lexical de tel thème dans la première strophe et j'ajouterai un oxymore avant cette métaphore."" Il ne se l'est sans doute pas dit en ces termes mais il a bien des compétences dans le maniement des mots, et cela revient un peu au même.
Je pense qu'on sous-estime la technique au profit d'une créativité soi-disant totalement libre et affranchie de toute règle.
Je ne sais pas si je ne me suis pas un peu égarée par rapport à la question initiale... Pour résumer, je pense qu'il faut en effet un minimum de technique pour qu'un récit tienne la route. Mais là où je ne suis pas d'accord avec le discours que j'entends en atelier, c'est que pour moi, le style est au-dessus de la construction du récit. Une histoire pas intéressante mais bien écrite me plaira davantage qu'une histoire intéressante écrite sans jolies phrases.
Je me demande aussi pourquoi toutes ces théories ont été décrites par les scénaristes et pas par les romanciers...
J'ai surtout parlé de Truby car je connais moins bien les autres.
Et ton point de vue à toi, alors ?