Une saison blanche et sèche
André BRINK
Juin 1979. Le jeune Jonathan, 15 ans, meurt accidentellement dans une émeute. Quelques temps plus tard, Gordon, jardinier, et prisonnier, se suicide dans sa cellule.
L’histoire peut s’arrêter là : deux morts, pas de coupables, pas de procès. Mais elle continuera : car rien de tout cela n’est vrai, à part leur mort. Car cette histoire se déroule en Afrique du Sud. Car en 1979, à Johannesburg, c’est l’apartheid. Car Gordon Ngubene et son fils Jonathan sont noirs.
Une saison blanche et sèche est l’histoire émouvante , touchante, et révoltante, d’un afrikaner (un sud africain d’origine hollandaise), Ben du Toit, un « blanc » qui, se sentant concerné par la mort d’un homme qu’il a connu et qu’il croit innocent, mais surtout victime, va tout faire pour tente de le « blanchir ».
Un roman sur la liberté individuelle, et la liberté de conscience ; un combat pour la vérité, combat pas tout à fait ordinaire venant de
cet homme, et à
cette époque.
Prix Médicis étranger,
Une saison blanche et sèche est le quatrième roman d’André Brink et son œuvre la plus engagée. Une adaptation a été réalisée en 1989 par E. Palcy. Même si l’on ne reçoit pas toutes les interrogations intérieures, les peurs et les doutes de Ben du Toit, elle est, selon moi, aussi touchante que le livre.
Extrait :« L'idée que je me faisais de lui était celle d'un homme ordinaire, au caractère facile, dépourvu de méchanceté, celle d'un homme sans qualités particulières. Le genre de personne que des amis d’université, qui se rencontreraient au bout de plusieurs années, tenteraient de se rappeler en disant “ Ben Du Toit ? ” Interrogation suivie d'un silence cocasse et d’une réponse tiède : “ Ah ! oui, bien sûr. Un type sympa. Que lui est-il arrivé ? ” Sans jamais penser que cela pourrait lui arriver.
Voilà pourquoi je dois peut-être parler de lui. J'avais confiance en lui — pour l'avoir assez bien connu. Il y a longtemps du moins. Il m'était brusquement désagréable de découvrir qu'il était un étranger. Cela semble-t-il mélodramatique ? Il n'est pas facile de se défaire de ses habitudes quand on écrit depuis tant d'années des histoires romantiques. “ Délicates et charmantes histoires de viol et de meurtre. ” Mais je suis sérieux. Sa mort lançait un défi à tout ce que j'avais toujours pensé ou ressenti à son sujet.
Elle fut annoncée de manière très banale — page quatre, troisième colonne du journal du soir. Un professeur de Johannesburg a été tué dans un accident. Écrasé par une voiture. Le chauffeur a pris la fuite. Mr. Ben Du Toit (cinquante-trois ans), vers onze heures, hier soir. Il allait poster une lettre, etc. Il laisse sa femme Susan, deux filles et un jeune fils. »
(Traduction de Robert Fouques-Duparc. © Éditions Stock.)