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Auteur Sujet: Représentation de la "folie" dans la fiction  (Lu 27663 fois)

Hors ligne Ari

  • Palimpseste Astral
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Représentation de la "folie" dans la fiction
« le: 08 mai 2019 à 10:52:00 »
Modération :

Nous ouvrons ce sujet pour la conversation survenue suite à un message d'origine de ticreuch.
La partie concernant le récit par un tiers est restée sur ce fil :
Récit du personnage principal par un tiers
Ici, il s'agira seulement de la partie représentation de la "folie" dans la fiction.



Citation de: Ariane
Dans le même temps je cherche un ou des récits décrivant bien  la folie qui gagne son protagoniste, raconté du point de vue exterieur et /ou intérieur . Si possible par peine de coeur.
"Décrivant bien" = "bien" sur le plan réaliste ou stylistique ?
« Modifié: 22 octobre 2019 à 06:41:50 par Ariane »
~ Ari ~

Hors ligne Ari

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Re : Récit du personnage pricipal par un tiers OU Chute dans la folie
« Réponse #1 le: 09 mai 2019 à 11:32:07 »
Citation de: ticreuch
Ariane: Décivrant bien sur le plan réaliste. Je suis même prêt à me jeter dans un livre de psycho mais sans formation en la matière j'ai peu peur de me perdre ^^.

D'accord. D'un point de vue réaliste, ce qu'on appelle le plus communément "la folie", ce sont les troubles psychiatriques. (Ou parfois la démence).
Le truc c'est qu'il y en a plein de différents, je peux pas te décrire "la folie". Tu peux trouver des livres-témoignages sur la schizophrénie, les troubles bipolaires, les traumatismes psychiques, l'anorexie, l'autisme... et j'imagine sur un peu tout en fait (TOCs, dépression, trouble anxieux, paranoïa et que sais-je encore). Mais du coup il faudrait que tu saches de quoi tu souhaites parler. Peut-être d'ailleurs qu'en te renseignant tu réaliseras que ce n'est pas exactement ça que tu voulais décrire, pas forcément une maladie mais plutôt l'évolution d'un personnage dans sa personnalité / son histoire / ses choix. Pour l'instant en tout cas, "la folie par peine de coeur", c'est trop flou pour que je vois ce que tu as en tête. Au passage, dans la majorité des cas ta peine de coeur, si tu parles d'une maladie réelle, pourra être un facteur révélateur de la maladie (qui se décompense suite à un événement de vie) mais n'en sera pas la cause au sens propre.
Un autre aspect à prendre en compte, à mon sens du moins, si tu souhaites parler de maladie, ce sont les représentations que tu véhiculeras sur les malades eux-mêmes.
Au total c'est un terrain bien complexe, si tu n'as pas d'expérience (personnelle / professionnelle / via des proches) oui c'est cool de lire, surtout des vécus intérieurs ; et ça peut t'aider aussi d'une manière différente de lire des articles qui démontent les clichés, des blogs de personnes concernées, des choses comme ça. Aller un peu au-delà de descriptions cliniques froides, et s'intéresser aux enjeux qu'il y a derrière la représentation des maladies dans les fictions.
Bref un sacré boulot  :mrgreen:

Bon courage !
« Modifié: 20 juin 2019 à 20:38:17 par Ariane »
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Hors ligne ticreuch

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Re : Récit du personnage pricipal par un tiers OU Chute dans la folie
« Réponse #2 le: 09 mai 2019 à 14:58:18 »
Bonjour


Je ne sais plus quels sont les livres de cet auteur : un lien pour te faire une idee ICI !



J ai commence par les " Mantes religieuses " - surpris au depart par le cote epistolaire de ce polard mais assez vite pris dans l intrigue et la psychologie des personnages.
j ai replonge dans d autres polards du meme sieur - toujours bien ficeles - puis dans des ouvrages plus serieux : " La pucelle " "Neropolis "et le requisitoire contre le pape " Rome n est plus dans Rome " - toujours en admiration devant la verve l imagination et la logique impitoyable de cet homme !!! :)


Merci  ^^ je viens de lancer la commande pour Neropolis sur le Furet, je vais dévorer ca.


Ariane:

C'est vrai que je n'ai pas développé, pensant que c'était déjà bien compliqué / difficile de trouver un livre parlant de cela.

Ce que je cherche vraiment c'est réussir à retranscrire de manière réaliste un personne qui sombre dans la schizophrénie et la paranoïa, mais pas forcément au sens strict du terme, j'entend juste quelque chose qui y ressemble tout du moins. Réaliste car du point de vue des personnages extérieurs ils la verront sombrer petit à petit. Et d'un point de vue intérieur (là est le plus dur ) réussir à emmener le lecteur dans la chute avec mon personnage.
Comme tu dis, très....très gros projet.
Il ne s'agit pas de retranscrire cliniquement les symptômes d'un malade, mais plus de m'en inspirer. ^^
« Modifié: 09 mai 2019 à 15:03:40 par ticreuch »
Vivo Ad Nauseam

Hors ligne Miléna

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Re : Récit du personnage pricipal par un tiers OU Chute dans la folie
« Réponse #3 le: 09 mai 2019 à 15:22:19 »
Alors, j'ai une approche psychanalytique donc peut-être que d'autres me contrediront, mais ton personnage ne pourra pas "sombrer dans la schizophrénie".
D'après la psychanalyse, la schizophrénie est une forme de psychose, et (toujours pour la psychanalyse) un individu est soit psychotique, soit névrosé, soit pervers (ce sont des structure mentale). En gros, ton personnage ne peut pas vraiment "devenir psychotique" : il le sera de base ou il ne le sera pas. En revanche sa psychose peut se déclarer progressivement au cours de ton récit (je trouvais la subtilité d'approche assez importante pour la relever).

Je t'invite à te renseigner avec précision sur le sujet et je suis globalement d'accord avec ce qu'à dit Ariane.
Au delà de vouloir "juste raconter une histoire", sans le vouloir tu as également une responsabilité vis-à-vis des personnes atteinte de ces maladies : tu dois à mon sens être vigilant à la façon dont tu vas représenter cette maladie, pour être respectueux de ces personnes et ne pas véhiculé de stéréotype ou d'idées reçut.

Citer
Il ne s'agit pas de retranscrire cliniquement les symptômes d'un malade, mais plus de m'en inspirer. ^^
Par exemple, je trouve cette remarque relativement inquiétante.
A mon sens tu dois être très claire dans ta démarche : ton personnage peut sombrer dans la folie sans être schizophrène pour autant. Mais si tu décides que ton personnage est schizophrène, selon moi tu dois être très rigoureux d'un point de vu clinique (justement par respect pour les personnes atteintes de cette maladie et qui doivent vivre dans une société qui a déjà beaucoup de mal à les intégrer).
Je pense qu'il faut que tu construise assez précisément l'état psychologique de ton personnage en essayant de voir à quoi sa correspond d'un point de vue clinique (pour que ton récit soit à la fois cohérent et respectueux).

Enfin, surtout, n'hésite pas à pousser tes recherches aussi loin que nécessaire !
Souvent, je trouves que les auteurs hésite à se lancer. C'est vrai que ça peut faire peur de ce lancer dans des recherches un peu pointu sur un domaine pour écrire un livre. Mais déjà c'est pas si difficile ni si inatteignable qu'on le pense au départ ^^. Ensuite ça apporte vraiment quelque chose à une oeuvre. Enfin, tu n'es pas obligé de faire un compte rendu de tes recherches dans ton roman !
Le fait d'avoir fait des recherches te donnera une approche plus subtile dans le traitement de ton personnage et ça suffira à le rendre plus vrai sans que tu ai besoin d'appliqué à ton récit des tartines de présentations clinique ;)

Tout ça pour dire : n'ait pas peur de te renseigné sur la médecine et la psychopathologie, n'ait pas peur de te lancer, ton écriture et ton roman y gagneront vraiment !

Hors ligne Ari

  • Palimpseste Astral
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Re : Récit du personnage pricipal par un tiers OU Chute dans la folie
« Réponse #4 le: 09 mai 2019 à 17:50:42 »
C'est un gros projet si tu veux faire les choses de manière rigoureuse.
C'est à dire te renseigner de façon approfondie (ça tu sembles motivé pour le faire, je trouve ça cool) ; être réaliste aux yeux du lecteur en incluant les lecteurs qui s'y connaissent dans le domaine : les professionnels, les malades et les proches des malades. Oui oui, tous ces gens-là lisent aussi ;) .
C'est à dire aussi réfléchir à la maladie mentale, ses représentations, qu'est-ce que ton livre véhicule comme image de la schizophrénie, qu'est-ce qu'il apporte au lecteur quel que soit le rapport du lecteur à cette maladie. S'il y a des soins, réfléchir aussi à ce que ton livre véhicule comme image des soins, des soignants.
Là, oui, si tu fais tout ça, c'est un travail lourd.

A l'inverse, si tu veux juste t'inspirer du thème de la folie, pour le frisson qu'il procure au lecteur ignorant de tout ça, c'est beaucoup plus facile. Et c'est aussi très classique. La "folie" est une source d'inspiration inépuisable, souvent pour créer des sensations fortes, et le résultat malheureusement c'est que les patients peuvent souffrir des images qu'on leur appose.
Je pense qu'il faudrait que tu sois au clair sur tes intentions. Pourquoi as-tu choisi ce thème ? Si c'est pour le côté "mystérieux", "sensations fortes", "explication facile de tout dénouement spectaculaire", ce sera facile à traiter, mais ça risque (sans que tu l'aies voulu, bien sûr !) de manquer d'originalité, de manquer de pertinence aux yeux de toutes les personnes concernées de près ou de loin, et éventuellement selon le déroulement de ton récit, de contribuer à la tendance générale qui déploie nombre d'idées fausses autour des personnes concernées.

Si tu es curieux de ces thèmes je te conseillerais (à la fois sur le plan humain / éthique et sur le plan de l'originalité et de la profondeur du récit) de te renseigner bien sûr sur les maladies, mais aussi sur tout le reste, les patients, leur image, ce qu'ils vivent au quotidien. Ce qu'ils vivent, ce n'est pas seulement le délire / les hallucinations / la dissociation, c'est aussi les soins (qui peuvent être violents à vivre), et c'est aussi l'isolement, la stigmatisation, la discrimination. C'est aussi l'image de soi-même.
Je partage avec Miléna le point de vue selon lequel on a une certaine responsabilité vis-à-vis des personnes sur lesquelles on choisit d'écrire, surtout sur des sujets mal connus déjà noyés sous la stigmatisation.
Ce n'est pas forcément la rigueur scientifique qui est en cause, je pense que tu pourrais faire un récit passionnant en inventant ta propre maladie à toi, mais qui taperait juste concernant les conséquences sociétales pour les patients, par exemple. A l'inverse tu pourrais faire un récit parfait sur le plan symptomatique mais rempli de stéréotypes pour tout le reste.
Du coup j'en reviens à mon propos de départ, si tu veux prendre le temps de faire ce type de récit, je pense qu'il faut sortir l'artillerie lourde, y passer énormément de temps pour obtenir suffisamment de souplesse et de choix dans ta manière d'aborder le sujet, te renseigner via des approches différentes, etc etc.

Voilà, mon but c'est pas de te décourager de t'impliquer dans ce thème, je serais très très mal placée pour le faire ! C'est plutôt de te conseiller cette approche prudente et sous différents angles, en toute connaissance du sujet. J'espère que tes futures lectures t'aiguilleront dans ce sens. Les noms que j'ai d'autobiographies par des personnes souffrant de schizophrénie, je ne les ai pas encore lues (honte sur moi), du coup je préfère pas te conseiller à l'aveugle. Mais ça peut être bien, oui, de t'orienter vers ce genre de témoignage, plutôt que vers d'autres fictions sur la "folie" ou même des livres professionnels. Bon courage pour démêler tout ça. ^^
« Modifié: 10 mai 2019 à 05:24:33 par Ariane »
~ Ari ~

Hors ligne Philippe47

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Re : Récit du personnage pricipal par un tiers OU Chute dans la folie
« Réponse #5 le: 09 mai 2019 à 22:29:12 »
Bonjour Ticreuch,

Je n'ai pas grand-chose à ajouter aux judicieux conseils qu'Ariane et Milena ont exprimé. Je vais cependant me permettre une remarque et faire quelques suggestions (de référence).

Tu as écrit :
Citer
retranscrire de manière réaliste un personne qui sombre dans la schizophrénie et la paranoïa, mais pas forcément au sens strict du terme, j'entend juste quelque chose qui y ressemble tout du moins

Schizophrénie et paranoïa sont des pathologies mentales. Donc ce sont des maladies. Alors je vais remplacer les deux pathologies mentales que tu cites par des pathologies organiques. Cela nous donne : "retranscrire de manière réaliste un personne qui sombre dans le cancer et le SIDA, mais pas forcément au sens strict du terme, j'entend juste quelque chose qui y ressemble tout du moins". Quelque chose qui serait le cancer mais pas tout à fait, le SIDA mais pas vraiment ?
Ce sont des maladies, c'est à dire des dés-équilibres. Et il y a d'abord des gens qui souffrent, derrière ces noms de maladie.
 :)
.
Pour ce qui est des suggestions :
"Le livre d'un fou", de Nicolas Gogol (non non, c'est son vrai nom :)). C'est une nouvelle dans laquelle il raconte (via un journal intime) comment il a choisi de devenir fou pour échapper à la réalité (sociale) qui était la sienne.
"Une vie volée" de Susanna Kaysen. Ce livre décrit une sorte de descente aux enfers. J'ai moyennement accroché mais il est bien écrit.
Il y a bien sûr "Le Horla" de Guy de Maupassant, mais qui risque d'être hors sujet par rapport à ton projet.
Il y a aussi quelques films dont en particulier l'incontournable "Vol au-dessus d'une nid de coucou" (qui est aussi un roman mais je ne l'ai pas lu) de Milos Forman, avec l'extraordinaire Jack Nicholson, et aussi "Shutter Island", dans un autre registre.

Voilà. J'espère avoir ne serait-ce qu'un petit peu participé à ta réflexion. Et bon courage !  :)
« Modifié: 09 mai 2019 à 22:34:13 par Philippe47 »
Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté (Confucius).

Hors ligne ticreuch

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Re : Récit du personnage pricipal par un tiers OU Chute dans la folie
« Réponse #6 le: 10 mai 2019 à 09:15:23 »
Merci pour tout vos conseils, j'en prend bonne note :)

J'ai regardé vol au dessus d'un nid de coucou hier soir justement. J'attend un peu de laisser reposer pour voir ce que je peux en tirer.

Comme vous le précisez tous, si je continue sur cette voie cela me donne une sorte de "responsabilité de la représentation" vis-à-vis des malades. Je dois avouer que je ne l'avais pas vu sous cet angle ( à ma grande honte). Je vais réviser un peu mon tir je pense, je ne voudrais pas blesser par mégarde, même bien informé sur le sujet.
Vivo Ad Nauseam

Hors ligne Ari

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Re : Récit du personnage pricipal par un tiers OU Chute dans la folie
« Réponse #7 le: 10 mai 2019 à 09:24:10 »
Ne t'en fais pas, je pense que c'est normal quand tu ne connais pas le milieu de la maladie mentale de ne pas le voir sous cet angle au premier abord. De mon point de vue, tu as deux grands atouts : la curiosité et l'humilité, avec les deux tu peux apprendre plein de choses :) faut pas en oublier un en route par contre sinon sois tu stagnes soit tu te perds. Et puis après tu peux toujours revoir ton projet, c'est une implication quand même très importante qu'on te suggère, il faut avoir une motivation bien solide tournée vers ce domaine en particulier.

J'ai jamais vu Vol au-dessus d'un nid de coucou (honte sur moi). Shutter Island c'est vraiment pas ce que je conseillerais pour découvrir la "folie" (même si j'aime bien le film). Le Horla peut-être pour le style mais pas pour le réalisme. Je pense vraiment que les autobiographies ou blog t'apporteront quelque chose de plus complet et plus humain.
~ Ari ~

Hors ligne Erwan

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Re : Récit du personnage pricipal par un tiers OU Chute dans la folie
« Réponse #8 le: 10 mai 2019 à 12:22:44 »
Comme vous le précisez tous, si je continue sur cette voie cela me donne une sorte de "responsabilité de la représentation" vis-à-vis des malades. Je dois avouer que je ne l'avais pas vu sous cet angle ( à ma grande honte). Je vais réviser un peu mon tir je pense, je ne voudrais pas blesser par mégarde, même bien informé sur le sujet.

Ben pas vraiment en fait... C'est le gros débat tarte à la crème dès qu'on aborde la maladie mentale. Si tu ne mets aucun nom de pathologie, si tu ne médicalises pas ton récit, si tu fais juste un personnage qui devient "barge" dans le sens commun du terme, sans t'avancer sur le côté médical, et d'un tu fais totalement comme tu veux, et de deux tu ne blesses personne. Si tu t'inspires de faits réels, de moults interprétations et sources, et que tu fabriques à partir de ça un personnage fictif qui claque, c'est très bien. En vérité, il y a des milliers de personnages "cinglés" (dans le sens non médical du terme, donc sans rapport forcément avec la maladie mentale) qui sont super bien dans les romans, films et autres œuvres de fiction. Pourquoi devrais-tu te sentir obligé de faire un reportage sur telle ou telle maladie ? Il te reste toujours le choix de botter en touche, de ne pas parler de folie, ni de diagnostics à la gomme dans ton récit, et de faire un personnage sublime dans sa perdition, et voilà, tu n'embêtes personne. Les stéréotypes ne touchent que des noms de diagnostics, ce dont un bon romancier ne devrait pas avoir grand chose à foutre, honnêtement. En tout cas, moi à ta place, c'est comme ça que je le ferais : pas de nom de diagnostic dans le récit, pas de référence à la maladie mentale, et la liberté d'imaginer ce que je veux comme je veux, sans qu'on vienne me chercher des poux...

Voilà, je ne sais pas si ça peut t'être utile, mais c'est l'approche que j'aurais moi (et que j'ai d'ailleurs). En fait, c'est le médical et la référence à ça qui fout la merde. Mais un bon auteur, il décrit son personnage, il le rend vibrant, vivant, mais il se tape de le diagnostiquer, non ? À quoi ça sert, les diagnostics (pour le romancier, j'entends) ? ;)

Hors ligne Philippe47

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Re : Récit du personnage pricipal par un tiers OU Chute dans la folie
« Réponse #9 le: 10 mai 2019 à 12:29:38 »
Citer
Je dois avouer que je ne l'avais pas vu sous cet angle ( à ma grande honte). Je vais réviser un peu mon tir je pense, je ne voudrais pas blesser par mégarde, même bien informé sur le sujet.
Pas de souci, tout pour comme Ariane (j'te jure, on ne s'est pas concertés !  ;D) il me semble rien dans ce que tu as écrit ne laisse transparaître d'arrogance ou de mépris. Donc tu découvres un univers, et il me semble inapproprié de te reprocher ta curiosité.  :)
Si je devais ajouter quelque chose, c'est à propos des mots. Et en particulier du mot "folie", qui a longtemps aussi bien désigné certaines formes d'anormalités sociales que des  troubles de nature médicale. Il en reste des traces dans notre inconscient collectif, donc dans le langage.
C'est donc le regard que tu portes sur le malade qui est important, et sa maladie est son fardeau. Si tu te concentres sur le malade et pas sur la maladie (celle-ci apparaissant "autrement", comme un filtre au travers duquel le malade voit lui-même ou l'extérieur de lui-même), le risque de blesser est très grandement diminué. D'ailleurs : es-tu seulement obligé de citer la maladie (de "faire un diagnostic médical") ? Je n'en suis pas sûr du tout.



Citer
En tout cas, moi à ta place, c'est comme ça que je le ferais : pas de nom de diagnostic dans le récit, pas de référence à la maladie mentale, et la liberté d'imaginer ce que je veux comme je veux, sans qu'on vienne me chercher des poux...
;D ;D ;D
Complètement d'accord.
Reste à savoir si c'est ce que Ticreuch envisage. Il semblait intéressé par l'approche de la schizophrénie et/ou de la paranoïa.



Citer
J'ai jamais vu Vol au-dessus d'un nid de coucou
Sur une échelle d'appréciation proposant de 1 à 5 étoiles, j'en mettrai 6... :)
Vraiment. Vraiment époustouflant. Et encore plus pour quiconque connaît un peu l'univers des internements psychiatriques.

Modération : trois messages regroupés - Philippe stp, évite les messages à la suite, réponds à tous dans un seul message. Merci.

« Modifié: 10 mai 2019 à 17:23:34 par Claudius »
Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté (Confucius).

Hors ligne Ari

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Re : Récit du personnage pricipal par un tiers OU Chute dans la folie
« Réponse #10 le: 10 mai 2019 à 13:13:31 »
Comme vous le précisez tous, si je continue sur cette voie cela me donne une sorte de "responsabilité de la représentation" vis-à-vis des malades. Je dois avouer que je ne l'avais pas vu sous cet angle ( à ma grande honte). Je vais réviser un peu mon tir je pense, je ne voudrais pas blesser par mégarde, même bien informé sur le sujet.

Ben pas vraiment en fait... C'est le gros débat tarte à la crème dès qu'on aborde la maladie mentale. Si tu ne mets aucun nom de pathologie, si tu ne médicalises pas ton récit, si tu fais juste un personnage qui devient "barge" dans le sens commun du terme, sans t'avancer sur le côté médical, et d'un tu fais totalement comme tu veux, et de deux tu ne blesses personne. Si tu t'inspires de faits réels, de moults interprétations et sources, et que tu fabriques à partir de ça un personnage fictif qui claque, c'est très bien. En vérité, il y a des milliers de personnages "cinglés" (dans le sens non médical du terme, donc sans rapport forcément avec la maladie mentale) qui sont super bien dans les romans, films et autres œuvres de fiction. Pourquoi devrais-tu te sentir obligé de faire un reportage sur telle ou telle maladie ? Il te reste toujours le choix de botter en touche, de ne pas parler de folie, ni de diagnostics à la gomme dans ton récit, et de faire un personnage sublime dans sa perdition, et voilà, tu n'embêtes personne. Les stéréotypes ne touchent que des noms de diagnostics, ce dont un bon romancier ne devrait pas avoir grand chose à foutre, honnêtement. En tout cas, moi à ta place, c'est comme ça que je le ferais : pas de nom de diagnostic dans le récit, pas de référence à la maladie mentale, et la liberté d'imaginer ce que je veux comme je veux, sans qu'on vienne me chercher des poux...

Voilà, je ne sais pas si ça peut t'être utile, mais c'est l'approche que j'aurais moi (et que j'ai d'ailleurs). En fait, c'est le médical et la référence à ça qui fout la merde. Mais un bon auteur, il décrit son personnage, il le rend vibrant, vivant, mais il se tape de le diagnostiquer, non ? À quoi ça sert, les diagnostics (pour le romancier, j'entends) ? ;)

C'est pour ça que je précisais que cette notion de responsabilité est un point de vue (sous-entendu, un point de vue parmi d'autres). On peut aussi penser que la fiction ne véhicule pas d'idées, ou qu'on ne peut pas les anticiper toutes, ou qu'on n'a pas envie de s'en soucier.

Par contre à mon sens ce serait une erreur de croire qu'une "folie fictive" suffit à se défaire de toute attache avec le monde de la psychiatrie. Dans l'esprit des lecteurs le lien est là, que l'auteur le veuille ou non. C'est bien sûr plus indirect si on ne mentionne pas de nom de diagnostic, et c'est une prudence qui peut être utile. Mais l'image des fous dans la fiction influe sur l'image des schizophrènes dans la vie réelle, oui, bien sûr. Je ne dis pas que tout auteur est obligé d'en tenir compte, non, comme dit ci-dessus on peut aussi s'en foutre, c'est ça la liberté d'expression et heureusement. Mais je trouve ça utile de l'avoir en tête, d'en avoir entendu parler au moins une fois, pour ne pas se sentir bête le jour où on découvre ces mécanismes-là.

A mes yeux ce qui est délicat c'est l'aspect collectif de ces fonctionnements. Si un récit isolé, un jour, met en scène un personnage immigré qui se révèle à la fin du livre être le tueur, est-ce pour autant un récit raciste ? Maintenant, si dans tous les livres, tous les films, tous les reportages, les immigrés ne sont représentés que dans un rôle d'assassin... peut-on dire que cela alimente des préjugés racistes ? Au final même si chacun écrit son oeuvre personnelle, je trouve ça pas mal d'avoir un aperçu des tendances globales et des messages qu'elles font passer, pour voir dans quoi on risque de s'inscrire, et pouvoir choisir librement d'y participer ou de s'y opposer - ou de s'en foutre, bien sûr, toujours (ce qui n'empêche pas la participation involontaire).

Pour appliquer le paragraphe ci-dessus à ton propre projet, l'idée ce serait de regarder ce que "les fous" subissent aujourd'hui comme préjugés ; regarder la façon dont ils sont représentés dans la fiction en général ; et voir si ce que tu souhaites faire va dans le même sens ou non, si tu es en accord ou non. Evidemment c'est du boulot, et évidemment, c'est plus facile de s'en foutre. Mais au moins on t'en aura parlé :) .
~ Ari ~

Hors ligne Miléna

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Re : Récit du personnage pricipal par un tiers OU Chute dans la folie
« Réponse #11 le: 10 mai 2019 à 13:59:48 »
Je suis en total désaccord avec ce que dit Erwan.

"S'en foutre" c'est le meilleur moyen de reproduire inconsciemment des stéréotypes nocifs.
Ne pas se renseigner sur une domaine c'est le meilleurs moyen de faire un récit fade, déjà vu et bourré de préjugé.

Citer
En vérité, il y a des milliers de personnages "cinglés" (dans le sens non médical du terme, donc sans rapport forcément avec la maladie mentale) qui sont super bien dans les romans, films et autres œuvres de fiction. Pourquoi devrais-tu te sentir obligé de faire un reportage sur telle ou telle maladie ?
Déjà, comment tu sais qu'ils sont bien ? Tu as peut-être le sentiment qu'ils sont réussi mais si tu avais du recule (sur les stéréotype justement) peut-être ne les verrais tu pas aussi réussi.
Ensuite, tu sembles penser à certains personnages en particulier, as-tu des preuves que les personnes ayant écrit ces personnages que tu apprécie ne s'étaient pas documenter sur le domaine médicale ?

Bref, personnellement je trouve qu'en écriture se complaire dans son ignorance n'est pas une solution (même si dans l'absolue se complaire dans on intelligence n'est pas mieux).

Hors ligne Erwan

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Re : Récit du personnage pricipal par un tiers OU Chute dans la folie
« Réponse #12 le: 10 mai 2019 à 21:44:17 »
Pour appliquer le paragraphe ci-dessus à ton propre projet, l'idée ce serait de regarder ce que "les fous" subissent aujourd'hui comme préjugés ; regarder la façon dont ils sont représentés dans la fiction en général ; et voir si ce que tu souhaites faire va dans le même sens ou non, si tu es en accord ou non. Evidemment c'est du boulot, et évidemment, c'est plus facile de s'en foutre. Mais au moins on t'en aura parlé :) .

En vérité, quand je crée un personnage, je ne me demande pas s'il est fou ou non, ce qui d'ailleurs pour moi ne veut rien dire, je me demande juste comment il est. Par contre, un personnage peut-être complètement barré (= hors norme, dans le sens commun du terme), sans avoir de pathologie psychiatrique. Lorsque j'écris, je n'ai moi-même aucune idée de si mon personnage a une maladie mentale, et encore moins laquelle. Je le décris, c'est tout, je ne le diagnostique pas (c'est pas mon boulot, et je m'en tape).


Déjà, comment tu sais qu'ils sont bien ? Tu as peut-être le sentiment qu'ils sont réussi mais si tu avais du recule (sur les stéréotype justement) peut-être ne les verrais tu pas aussi réussi.
Ensuite, tu sembles penser à certains personnages en particulier, as-tu des preuves que les personnes ayant écrit ces personnages que tu apprécie ne s'étaient pas documenter sur le domaine médicale ?

Un exemple qui me vient en tête est Gollum. C'est un personnage connu, donc un bon exemple. Il est de fait un peu "fou", ou plutôt perverti par l'anneau. On retrouve des trucs chez lui qui ressemble à du dédoublement de personnalité, etc. Je ne sais pas si Tolkien avait pensé en terme psychopathologique son personnage, j'en doute fort, mais à la limite, je m'en fous. Tolkien n'a pas à se soucier de ça, d'ailleurs aucune association de malades ne semblent lui avoir fait un reproche, et je ne l'ai jamais entendu dans la bouche de qui que ce soit. En vérité, le fait que ce soit un "monstre" ne change rien, je veux dire si tu prends des personnages de méchants dans certains films, tu as des cas similaires. Ils sont "barges" dans le sens commun du terme (c'est comme ça qu'on les juge, c'est fait pour), mais à la limite on ne questionne pas la maladie mentale. C'est plus les stéréotypes du lecteur/spectateur qui vont leurs faire penser à une maladie mentale, pas le contraire. Au demeurant, un tueur en série n'est pas un fou, juste un meurtrier. Un auteur qui ne parle pas de folie a de forte chance de rester neutre, mais rien n'empêche le lecteur d'assimiler ça à une maladie mentale, c'est son propre problème je crois, c'est ses préjugés à lui, l'auteur n'a rien à voir là-dedans. J'ai pris l'exemple de Gollum aussi car j'ai vu passer un article sur un média quelconque, ou un pseudo-psy-je-ne-sais-quoi l'avait "diagnostiqué" schizoïde (personnalité du DSM4). La démarche est complètement conne et potentiellement nuisible, mais est-ce de la faute à Tolkien ? Non, je ne le crois pas.

Pour un personnage, comme dans la vraie vie, tout est possible, maintenant si l'auteur ne fait pas le lien lui-même avec une pathologie, c'est de la responsabilité du lecteur s'il le fait... À moins bien sûr de faire une caricature outrancière, qui de toute façon ne sera pas un bon personnage, littérairement parlant. Du coup, quand je dis que je m'en fous, c'est que moi-même je ne m'intéresse pas au statut de fou ou de non-fou de mes personnages. Si le lecteur veut s'y intéresser (et diagnostiquer mon personnage, comme le psy-machin-chose du dessus), je n'ai rien à voir là-dedans.

Hors ligne ticreuch

  • Plumelette
  • Messages: 17
Re : Récit du personnage pricipal par un tiers OU Chute dans la folie
« Réponse #13 le: 15 mai 2019 à 10:20:07 »
Je me rend compte que je crée le débat avec mon idée "innocente " à la base.

J'avoue que je pensais comme Erwan au début, ne pas citer ou expliciter de maladie connue, mais me renseigner sur ce qui s'en rapproche pour faire l'évolution de mon personnage. Tout cela en restant dans le sens général de "folie". Je sais que par le passé on simplifiait  énormément les choses en regroupant un peu tout sous ce terme.
Après je garde en référence Elric de Morcock, c'est ce qui se rapproche un peu du personnage que je souhaite construire (et j'aurais du commencer par cela sans doute).

L'aspect "prise de responsabilité de l'image des malades" m'a un peu refroidi, surtout en tant que gribouilleur débutant et n'écrivant que pour moi, je me voyais mal avec cette charge sur les épaules.
Je vais donc continuer à me renseigner sur le sujet. Si je pond un petit texte je le soumettrait à votre critique en toute franchise et j'accepterai les retours, négatifs ou pas ;)

ou alors je vais lancer un second débat national XD

Merci en tout cas pour vos retours
« Modifié: 15 mai 2019 à 10:22:47 par ticreuch »
Vivo Ad Nauseam

Hors ligne Philippe47

  • Calligraphe
  • Messages: 122
Re : Représentation de la folie dans la fiction
« Réponse #14 le: 15 mai 2019 à 19:24:15 »
Citer
ou alors je vais lancer un second débat national
;D
Déjà, mis à part le clin d'oeil (le Débat National a-t-il été un vrai débat ?), le débat est toujours une bonne chose au sens où il permet à chacun(e) d'exprimer ou expliciter un point de vue. Initier un débat c'est donc présumer que la discussion vaut plus qu'une éventuelle vérité qui serait à asséner  :).

Ensuite, il y a eu le long de ce fil plusieurs point de vue. Le fil conducteur reste quand même (il me semble) l'objectif qui est le tien. La difficulté que l'on a pu éprouver tient à la polysémie de la notion de "folie". Si l'on s'en tient à la description d'un personnage "hors norme", beaucoup de choses sont imaginables sur la foi de ton imagination. Le" point G" serait le lien explicite que tu ferais avec des maladies mentales identifiées.

Comme le dit Erwan, tu peux très bien prendre un personnage "hors norme(s)", sans lui affecter de symptômes au sens médical du mot mais en le faisant se comporter de façon non normale (je suis embarrassé par la notion de "normalité"  :D).

Comme le disent Milena et Ariane, si tu te risques dans une approche plus psychopathologique (donc avec un notion de diagnostic, de comportement identifiés, de pathologie au sens médical - donc au sens "souffrance" - du terme), là je crois indispensable d'être vigilant quant au respect pour le malade.

Maintenant, imaginons que tu te lances dans une biographie de Caligula, l'empereur romain.
Est-il malade ? C'est une hypothèse. Ce n'est QUE une hypothèse, mais elle est défendable.
Si c'est l'approche que tu privilégies, tu vas t'appesantir sur sa maladie, donc resituer sa folie dans un contexte médical. Là, de bonnes bases sur le sujet sont indispensables.
Mais tu peux privilégier l'approche historique et son hostilité pour le Sénat, et tu vas insister sur son rôle de Chef d'Etat. Cela n'exclura pas ses "frasques", mais tu souligneras surtout l'Histoire (et donc l'histoire).
Et tu peux aussi en faire un Dirigeant hors normes au sens strict, c'est à dire combattant la normalité  ("Le pouvoir donne ses chances à l'impossible", disait-il). Tu vas alors en faire avant tout un personnage qui te permettra d'exprimer ton regard (critique, forcément) sur "La Société".

Tu vas donc parler de la même personne, mais en changeant l'angle d'approche. Et la notion de "folie" ne transparaitra pas du tout de la même façon. C'est ton regard, ta bienveillance (vis à vis du personnage), qui feront la différence. Cela n'exclut surtout pas une culture quant aux notions de psychologie/psychopathologies considérées, mais l'utilité de cette culture est alors liée au regard que tu portes sur la ...normalité.
 :)
La discussion que tu as initiée me semble tout à fait utile. Et je crois que tout le monde a bien compris que tu es arrivé sur le sujet avec (pour citer Ariane, je crois) humilité et envie de faire "bien".
Donc merci Ticreuch  :)
Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté (Confucius).

 


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