Un écrivain sans journal, c'est un boulanger sans farine, du pain industriel,
tu peux développer un peu ta théorie, James ?
pour ma part, je devrais peut-être tenir un journal de bord pour éviter que mes textes soient remplis de trucs qui devraient être dans le journal. peut-être.
mais pas sûr.
j'écris mieux quand j'écris ce qui me passe par la tête.
et s'habituer à faire passer par sa tête ce qu'on a fait la veille et/ou ce qu'on est en train de faire, je ne suis pas sûr que ça soit si bon que ça pour un écrivain
en tout cas ça peut/doit avoir des effets
je constate que les écrivains que je préfère, soit ne tenaient pas de journal, soit n'ont jamais publié de journal
je constate que les écrivains qui ont publié leur journal, bah souvent c'est pas ce qu'ils ont fait de mieux
le journal de pavese est rigolo : y a pas un mot de sa vie, c'est des réflexions, c'est plutôt un genre de vade-mecum philosophique
yourcenar tenait (ou en tout cas a tenu) un journal, ai-je appris (avec surprise à vrai dire - c'était l'époque où il était assez évident pour moi que les écrivains-à-journal étaient plutôt les écrivains pas terribles) en lisant sa biographie (mais elle n'a jamais fait publier quoi que ce soit qui ressemble à un journal - y compris sa trilogie de la fin de sa vie)
proust se servait de sa correspondance comme d'une espèce de journal, en un sens, mais non, c'est pas un journal, un journal on raconte la vérité
perso j'ai des rapports ambigus à la tenue d'un journal
écrire des choses factuelles sur moi pour moi me fait parfois du bien
mais je me méfie un peu, ça oriente l'écriture et l'imaginaire dans une direction qui ne m'excite pas forcément beaucoup
et ça ne m'est jamais arrivé de vraiment tripper sur la lecture du journal de quelqu'un d'autre