Je m'aperçois avec horreur qu'il n'y a aucun fil ouvert sur
Robert Merle 
Qui c'est c't'oiseau ! Bé mon p'tit c't'un romancier pur XX
e (1908 - 2004) qui a écrit des trucs très différents mais très... XX
e 
comme
Week-end à Zuydcoote (prix Goncourt),
La mort est mon métier,
Un animal doué de raison ou
Malevil, pour ne citer que ses romans les plus connus - il n'en a pas écrit des millions non plus hein, z'avez qu'à
looker sur Wiki. Il a aussi écrit une série de romans historiques
(Fortune de France) et un peu de théâtre.
De mon côté je n'ai lu que quelques uns de ses romans donc c'est sur ceux-là que je vais me baser pour énoncer ces quelques lignes de présentation.
Donc de ce que j'ai pu voir, ce qui revient assez souvent dans son œuvre c'est les sujets autour de la guerre, bien sûr, mais aussi des thèmes sociétaux/politiques assez marqués. Ce qui m'impressionne à chaque fois c'est la finesse et la puissance de l'analyse psychologique dont font preuve la plupart de ses personnages principaux. Mais ce qui me frappe aussi c'est qu'il a une prose très facile d'accès, bien construite, bien rythmée, tu sens que rien n'est laissé au hasard et pourtant, jamais d'impression de suffisance : l'auteur est complètement effacé derrière son narrateur qui tient tout le récit et qui t'emporte sur des pages et des pages sans que tu t'en aperçoives et avec une constance dans la qualité qui force l'admiration. En fait, dans son style à lui et dans ses sujets à lui, l'écriture de Robert Merle me fait assez penser à du Stephen King "à la francophone" - même si je reconnais que la comparaison n'est pas des plus pertinentes, mais je pense qu'elle n'est malgré tout pas tout à fait à côté de la plaque. Ceux qui en ont lu les deux auteurs comprendront peut-être de quoi je parle (je ne prétends pas les connaitre tous les deux très bien, hein, juste en amateur).
Un petit zoom sur quelques unes de ses œuvres ?
Week-end à Zuydcoote
Le résumé : c'est l'histoire d'un soldat coincé entre la Manche et les Allemands pendant la débâcle française de 1940. Il cherche à sortir de l'enfer de Dunkerque, en tentant d'embarquer sur un navire anglais. Une plongée dans l'absurdité de la guerre, le temps d'un week-end.
Mon avis : ça fait longtemps que je l'ai lu mais j'en ai un très bon souvenir. J'avais vu le film avant de lire le bouquin mais il s'est passé beaucoup de temps entre deux donc je ne sais pas dans quelle mesure l'un a influencé l'autre. En tout cas, j'ai trouvé le roman très percutant. Bien foutu. Faut dire aussi que la côte d'Opale, je la connais bien et je l'aime ; je pense que ce cadre aussi a joué dans mon appréciation du livre uhuh
La mort est mon métier
Le résumé : biographie romancée de Rudolf Lang (ie Rudolf Höß), qui était le commandant du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale. LOLILOL ouais c'est l'éclate.
Mon avis : là encore, c'est super bien fait. En plus l'écriture a été achevée quelques années seulement après la fin de la guerre (1952), le contexte était quand même très singulier. Le texte m'a rendue assez mal à l'aise parce que c'est l'histoire de la dissolution d'une personne dans une entreprise affreuse, c'est la nécessité d'exécuter, d'exécuter bien et de disparaitre dans une vie tout ce qu'il a de plus ordinaire, pour se sentir bien avec soi-même, c'est l'histoire de la disparition de soi (de n'importe qui) au service du global, qui engloutit tout. Mais quand ce global c'est la Shoah, ça fout des frissons... Bref, à lire.
Un animal doué de raison
Le résumé : OUI CA PARLE DE DAUPHINS, LA COUVERTURE EST
FLIPPANTE ET JE VOUS EMMERDE PARCE QUE C'EST QUAND MEME UN BON LIVRE. Oups j'ai confondu avec mon avis. Non bon sérieux, ça se passe en pleine guerre froide (fin des années 60 héhé) et ça suit l'histoire d'un chercheur qui réussit à apprendre l'anglais à des dauphins et à communiquer avec eux. Autant dire que ses recherches intéressent les services secrets et qu'ils veulent les détourner !
Mon avis : oui je sais, ç'a a l'air assez basique comme scénario mais comme le reste, on s'en fiche un peu parce que c'est bien foutu. C'est bien construit, bien rythmé, tout à fait crédible et en plus on apprend plein de trucs sur les dauphins. Ma lecture date un peu mais ce fut ma première rencontre avec Robert Merle et j'avais plutôt bien kiffé parce que c'était super intéressant, entrainant, et facile à lire. Et un peu SF. Donc ç'avait tout pour me plaire.
Malevil 
Le résumé : bim, une (plein de) bombe(s) nucléaire(s) ! Improbablement protégés par une falaise abritant elle-même une forteresse médiévale, un groupe de survivants s’organise.
Mon avis : bim, un des meilleurs romans post-apo que j'ai pu lire (avec La Route). Ouais je déconne pas, c'est selon moi du très, très bon (remballez Ravage et Walking Dead, c'est de la gnognotte). Son point fort : la crédibilité ! Et toujours cette qualité et cette finesse dans la construction du récit, du rythme, des personnages. Je recommande très vivement, c'est un pavé mais il file comme le vent.
Voilà voilà, je crois avoir achevé le tour de ses œuvres les plus connues. Vous les avez lues ? Vous en avez pensé quoi ?
Pour la petite histoire (putain on s'en fout) j'ai aussi lu
Madrapour : l'histoire de quinze personnes qui, dans un aéroport désert, s'embarquent dans un avion pour Madrapour, une ville qui n'existe pas. Le pitch était assez grisant mais en fait j'ai été assez déçue car j'ai plus eu l'impression de lire du Barjavel (que je trouve assez basique) qu'autre chose. C'était intéressant, bien écrit (dans le sens, toujours, où c'est bien construit etc.) mais vraiment sans plus.
J'aimerais bien lire ses autres romans, notamment
L'Île et
Le jour ne se lève pas pour nous, y'a du potentiel.
...
Mais je faillis à toute politesse ! Cessé-je de bavasser, maintenant, à vous de vous exprimer ! Est-ce que vous aussi, vous kiffez pas mal les bouquins de Robert Merle ? Dites-nous tout
