Le Monde de L'Écriture
Encore plus loin dans l'écriture ! => L'Aire de jeux => Défis Tic-Tac => Discussion démarrée par: derrierelemiroir le 19 février 2019 à 22:01:25
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Cadence
Azur. Du ciel, il se dissout dans la mer, de la mer il s’évapore dans le ciel. Il m’entoure de toute part et seul le bruissement de l’eau sur le sable empêche l’hypnose. L’eau qui va et vient. Qui s’enroule sur elle-même, qui ramasse les grains dorés et les repose. Ce rythme est le secret du mot félicité. Il chuchote à l’oreille des mouettes, s’enfile sous la coquille nacrée des mollusques, donne le tempo sur lequel vient se déposer le chant de la forêt. Cadence de ma vie, désormais. Un battement de mon cœur et l’eau arrive, un second battement, elle se retire. Sérénité.
J’ai loué une petite maison, pas loin de la plage, à mi-chemin entre un village et un autre. J’ai amené des livres et des cahiers vides. Quelques stylos et un dictionnaire. Un vieux Nokia, modèle 3310. Pas d’internet, c’était important. Une fois par semaine, le camion passe, me livre un panier de légumes divers et de fruits, des œufs et parfois du pain. Sinon, c’est juste le temps qui passe. Je lis moins que ce que j’avais prévu, je n’écris presque pas. C’est tout juste si je pense. Je reste des heures allongée sur la plage, suis les plongeons des mouettes des yeux, parfois si j’ai de la chance, je vois une sterne ou un pygargue. Et le temps passe.
Mon corps est entièrement décontracté, je pourrais me dissoudre dans le sable, une cellule après l’autre. Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, je n’étais qu’un nœud de tensions diverses, mes cellules, une bouillie en ébullition. Me remémorer l’avant et ce départ précipité ? Les souvenirs parfois me démangent, rampent le long de mon corps, s’infiltrent entre mes pores. Alors je me secoue, ramasse ma bicyclette et m’enfuis. Je me suis faite un seul ami depuis mon arrivée. Et il suffit. Il conduit ce qu’on appelle ici un « watertaxi », transporte les gens d’une île à l’autre en glissant sur le miroir de l’eau. J’ai fait recours à ses services un jour, on a discuté, je lui ai parlé d’orques et de baleines avec des yeux tout ronds. Il a refusé mon argent. M’a proposé de revenir quand je voulais. Quand je suis avec lui sur le petit bateau à moteur, les souvenirs s’effacent devant la possibilité de voir l’aileron majestueux. Le noir et le blanc de l’orque coupant l’unité de l’eau.
Souvenir le long de ma jambe – Il y a quelques semaines, l’Allemagne. Il s’accroche, se hisse d’un poil à l’autre – le travail pleuvant du plafond, s’accumulant sur mes épaules. Il grimpe sur mon genou – l’incertitude et la précarité. Il se traîne sur ma cuisse – et la peur de ne pas réussir, l’angoisse de l’imposture. Il… non ! Souvenirs-sangsues, hors de ma tête ! Je ne veux plus jamais ressentir cette tension dans mon corps, mes muscles raidis, mon espoir pétrifié. Tensions dans les épaules et le cou, mais surtout dans le ventre. Tension profonde à voix de basse. Au feu ! Si on m’avait dit, alors, qu’ailleurs ce bleu, qu’ailleurs ces oiseaux aux plumes si blanches, et ces baleines à l’œil curieux, j'aurais répondu : « Non merci, votre travail, vous y tenez tant, je vous le rends ». Je me lève, quitte la plage, ramasse mon vélo, m'enfuis. L’air que je sens dans ce mouvement me libère.
Azur. Accepte mon cœur, mes rêves, ma vie. En retour, repose-moi et laisse le va-et-vient de l’eau se déverser sur moi.
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Salut dlm :)
Bizarre le "sylvestre". Deux trois autres bricoles que je n'ai pas relevées, tu as géré l'affaire.
J'aime bien la manière dont tu as traité le thème, c'est apaisant. L'avant dernier paragraphe claque comme un vieux coup de fouet qu'on voudrait oublié et j'aime bien que ce soit l'azur et le vent dans les cheveux qui le fasse disparaître.
La toute dernière phrase me semble à peaufiner, le "en retour" ne me semble pas logique.
Chouette texte ! Merci pour les mouettes, l'orque et la mer :)
++
Rémi
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Ah ! J'ai beaucoup aimé Dlm, c'est fluide (comme l'eau) c'est comme une leçon de yoga, (pardon) tu fermes les yeux, tu ne penses à rien, tu te laisses aller.
Joliment trouvé, c'est chouette. Je n'ai pas relevé, juste dégusté.
:) :) merci de ce moment de détente pure au fil de l'eau.
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@Rémi
Merci, j'ai déjà enlevé sylvestre, il me paraissait aussi bizarre!
Merci pour ton passage :)
Ah ! J'ai beaucoup aimé Dlm, c'est fluide (comme l'eau) c'est comme une leçon de yoga, (pardon) tu fermes les yeux, tu ne penses à rien, tu te laisses aller.
Joliment trouvé, c'est chouette. Je n'ai pas relevé, juste dégusté.
:) :) merci de ce moment de détente pure au fil de l'eau.
Merci Claudius, haha je viens de retourner de ma leçon de yoga en vrai, ça a sûrement joué un rôle! :coeur: Merci pour ton passage
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Ma chère derrierelemirroir,
J'ai apprécié cette lecture profondément concentrée et pourtant explosive. Je crois que je rejoins Rémi sur le claquement du fouet en enfer et que je rejoins Claudius sur la fluidité d'une agréable leçon de yoga.
Une fois les deux bouts joints, je me demande encore si l'azur mérite d'être nommé, je me demande si tu n'as pas les moyens aujourd'hui de t'en retourner vers des métaphores de l'invisible, de l'inconnu ou de l'impossible, chez toi le ciel me semble être encore trop lointain, j'y recherche plutôt la proximité d'un « toi et moi ».
Une douce contemplation.
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Merci Alan pour ton commentaire.
J'ai apprécié cette lecture profondément concentrée et pourtant explosive.
:-[ c'est gentil comme description
chez toi le ciel me semble être encore trop lointain, j'y recherche plutôt la proximité d'un « toi et moi ».
tu entends quoi par là, suis pas sûre d'avoir compris ^^?
Merci pour ton passage :)
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chez toi le ciel me semble être encore trop lointain, j'y recherche plutôt la proximité d'un « toi et moi ».
tu entends quoi par là, suis pas sûre d'avoir compris ^^?
L'intimité d'une incertitude, ma chère derrierelemiroir, celle de ces petits riens que l'autre n'avait pas remarqués, cette petite chose que l'on pensait improbable, voilà ce que je tente de trouver.
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C'est cool de lire un texte comme ça avant de dormir, ça rappelle l'époque où nous contait des histoires calmes dans l'espoir que nous dormions la nuit :D
J'aime bien cet univers de la mer et du bleu, de la nature et cette idée de déconnection totale avec le monde qui nous entoure... Tu dépeins les souvenirs oppressants et c'est vrai que je n'avais pas envisagé cet aspect là non plus mais je le trouve tout à fait approprié ici ^^
D'ailleurs, à l'évocation de toute cette angoisse, tu t'en sors avec une jolie pirouette.
Moi aussi je veux rejoindre l'azur
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Je crois que l'intimité des incertitudes je les laisse à mon hivers :D mais merci Alan, j'apprécie toujours tes commentaires.
@Become
ça fait plaisir ce que tu dis, maintenant j'ai aussi envie d'une histoire calme et le bruit de la mer.
Tous à l'azur!
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Alors que ton hiver soit plein d'inspirations, ma chère derrierelemiroir, je suis heureux d'avoir pu t'apporter ne serait-ce qu'une goutte d'inattendu.
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Merci Alan :)
Mon inspiration traîne des pieds dernièrement mais cet exercice m'a forcé à écrire en étant de bonne humeur, je vais appliqué ça à mon hiver maintenant ^^