Un autre poème inspiré par un de mes précédents. J'ai tenté de reprendre le thème initialement développé en prose et de le proposer différemment, avec une exposition sous la forme de la poésie contemporaine.
Des hordes de bisons, courant les yeux crevés,
Ecrasent les tapis de pétales séchés.
Des femmes éléphants hurlent en suraigu
Aux enfants abreuvés de longs mots biscornus,
Un long chant scandé dans une langue inconnue.
Le jour ronge la nuit, le loup mange le chien.
Je perçois le lac noir conté par les Anciens.
Ma peau revêt soudain une gangue mousseuse
Et j'en vois transpirer l'humanité visqueuse.
Les femmes éléphants pleurent l'air et la terre,
Et j'en sens les enfants inspirer le mystère
De leurs bouches cousues à l'endroit à l'envers.
Je suis le fils de l'eau, le roi de la forêt,
Des fleurs grises fanées, le maître de l'après.
Les bisons ont quitté le bruit et la fureur
Pour un monde éloigné de la chasse et la peur.
Les femmes éléphants ont dévoré le feu,
Délivré les enfants et repris depuis peu
Leur posture de mère auprès d'un nouveau dieu.
Enfin le lac frémit. Il semble m'appeler,
Moi son fils attendu. Je dois me préparer.