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Auteur Sujet: [Poésie] Howl - Allen Ginsberg  (Lu 9042 fois)

Hors ligne Aléa

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[Poésie] Howl - Allen Ginsberg
« le: 20 novembre 2017 à 12:12:27 »
J'ai lu d'autres choses de Ginsberg, j'ai parfois été bien plus mitigé, parfois carrément emballé par son style vif, qui joue mais toujours pour soulever un fond, qui appelle ou soulève les choses dans ces mots,

Du coup je vais surtout parler de Howl


En fait c'est grâce à Miromensil que je l'ai découvert et à travers le film fait sur ce poème, Howl.

Le poème en lui même a été écrit selon Allen Ginsberg en trois jours de transe furieuse, pour une lecture publique où se trouvaient un peu toute la beat generation.
Ce poème, très long, composé en 4 parties publié deux ans plus tard lui a valu un procès pour obscénité (scènes de sexe, outrage à la foi etc) et a eu un réel retentissement dans le paysage poétique. Aujourd'hui je ne trouve pas ces scènes choquantes ni en trop, du tout. Mais passons, c'est juste pour l'histoire.

Bon je conseillerai le film, évidemment, le livre aussi, surtout  (y'a une édition français/anglais aux éditions Chistian Bourgeois, avec des poèmes en plus)
Le film met trois parties qui s'entremêlent, le procès, et une reproduction d'interview de Ginsberg jeune et surtout la lecture du poème, avec des scènes de la lecture publique et des scènes en animation qui sont vraiment magnifiques (https://www.youtube.com/watch?v=lM9BMVFpk80 version compilée, sous titrée anglais -mais le texte est tellement viscéral que y'a-t-il besoin de tout comprendre ? mébon regardez le film quand même haha)


Pour le texte en lui même, j'ai du mal à trouver la traduction française, dont je vais mettre un peu tout ici, en fait il y a ce début qui des fois me hante complètement, ces premières phrases qui viennent résonner dans ma tête parfois :

J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus,
se traînant à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une furieuse piqûre,
initiés à tête d’ange brûlant pour la liaison céleste ancienne avec la dynamo étoilée dans la mécanique nocturne,
qui pauweté et haillons et oeil creux et défoncés restèrent debout en fumant dans l’obscurité surnaturelle des chambres bon marché flottant par-dessus le sommet des villes en contemplant du jazz

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


//

 I saw the best minds of my generation destroyed by madness, starving hysterical naked,
dragging themselves through the negro streets at dawn looking for an angry fix,
angelheaded hipsters burning for the ancient heavenly connection to the starry dynamo in the machinery of night,
who poverty and tatters and hollow-eyed and high sat up smoking in the supernatural darkness of cold-water flats floating across the tops of cities contemplating jazz



Et ca continue, et continue encore comme une longue litanie de contemplation de la crasse et de la beauté du monde qui s'effondre et s'emerveille de son incomplétude fascinée par un parfait même plus souhaitable
Et putain, ca transporte juste, j'aime pas la poésie en tant que "cri", et pourtant là, ce texte par son rythme, toutes les tripes qui le traverse, j'ai juste envie de le lire et d'en avoir les larmes aux yeux, la partie sur le sacré surtout, qui vient après la mangifique partie du Moloch (le monstre de la société humaine où tout existe et qui voit tout), qui vient comme une libération, un baissage de bras face à l'horeur du monde parce que, merde, il est tellement beau, et puis toute cette horreur du monde qui fascine par la rage de vivre qu'on y oppose


Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy!
Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy!
The world is holy! The soul is holy! The skin is holy!
The nose is holy! The tongue and cock and hand
and asshole holy!
Everything is holy! everybody's holy! everywhere is
holy! everyday is in eternity! Everyman's an
angel!
The bum's as holy as the seraphim! the madman is
holy as you my soul are holy!
The typewriter is holy the poem is holy the voice is
holy the hearers are holy the ecstasy is holy!
Holy Peter holy Allen holy Solomon holy Lucien holy
Kerouac holy Huncke holy Burroughs holy Cassady
holy the unknown buggered and suffering
beggars holy the hideous human angels!
Holy my mother in the insane asylum! Holy the cocks
of the grandfathers of Kansas!
Holy the groaning saxophone! Holy the bop
apocalypse! Holy the jazzbands marijuana
hipsters peace & junk & drums!
Holy the solitudes of skyscrapers and pavements! Holy
the cafeterias filled with the millions! Holy the
mysterious rivers of tears under the streets!
Holy the lone juggernaut! Holy the vast lamb of the
middle class! Holy the crazy shepherds of rebellion!
Who digs Los Angeles IS Los Angeles!
Holy New York Holy San Francisco Holy Peoria &
Seattle Holy Paris Holy Tangiers Holy Moscow
Holy Istanbul!
Holy time in eternity holy eternity in time holy the
clocks in space holy the fourth dimension holy
the fifth International holy the Angel in Moloch!
Holy the sea holy the desert holy the railroad holy the
locomotive holy the visions holy the hallucinations
holy the miracles holy the eyeball holy the
abyss!
Holy forgiveness! mercy! charity! faith! Holy! Ours!
bodies! suffering! magnanimity!
Holy the supernatural extra brilliant intelligent
kindness of the soul!



Et puis voilà, même si parfois on comprend pas tout auxphrases, qu'il y a beaucoup de références à des lieux (et au final, sansles connatire il font échos à tous ces noms de lieux que personne d'autre ne connait qui flottent dans nos propres esprots), l'assemblage des mots balance un souffle vital, un appel à la vie les larmes aux yeux, la boule dans la poitrine qui se crève  et qui s'accroche avec furie à tout ce qui éclate
et puis merde j'arrive pas à vraiment décrire cet Ovni, mais ca me fait de l'effet tant c'est lancinant, que ca appelle à la grandeur à travers ce qui est petit, au delà des idées morales, juste la vie dans ces aspects les plus durs, métaphysiques et physiques et de nous écrasés là-dedans

(le texte complet en anglais ici... https://blogs.mediapart.fr/abouadil/blog/050113/howl)
Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
- Alain Damasio

Nocte

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Re : [Poésie] Howl - Allen Ginsberg
« Réponse #1 le: 20 novembre 2017 à 12:37:42 »
Ginsberg c'était un pote de Kérouac et Burroughs.
Ils fumaient beaucoup.

Hors ligne Alfred

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Re : [Poésie] Howl - Allen Ginsberg
« Réponse #2 le: 22 mars 2018 à 16:52:21 »
Une journaliste francophone demande à Ginsberg :

"Pour écrire, usez-vous de drogues ?

_ Avant oui, mais maintenant, je n'en ai plus besoin" — un sourire taquin sur le visage.

**

Diable, Allen et Jack.
Ils ont été mon épiphanie.

O.deJavel

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Re : [Poésie] Howl - Allen Ginsberg
« Réponse #3 le: 12 avril 2018 à 01:25:22 »
Il disait également que la paranoïa et l’anxiété découlant de l’usage de la marijuana devaient plutôt être attribuées à la peur d’être apréhendé et traité comme un criminel ! :)

Hors ligne Miromensil

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Re : [Poésie] Howl - Allen Ginsberg
« Réponse #4 le: 13 décembre 2019 à 13:11:34 »
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


YHA
Je vais ENFIN pouvoir apporter un retour constructif à ce fil
J'adore ce film depuis des années, et là, par hasard, dans une librairie d'occasion, je viens de trouver le livre o.o (les 2 fois où j'avais voulu le commander en librairie ces dernières années, on m'a jamais donné de nouvelles de la commande)

Et je me rends compte en lisant des morceaux que j'en connais des bouts à cause du film que j'ai vu et revu :mrgreen: (c'est très fort mon engouement pour le film sur le livre qui m'a donné envie de le lire)

Hors ligne Aléa

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Re : [Poésie] Howl - Allen Ginsberg
« Réponse #5 le: 17 décembre 2019 à 08:37:25 »
Ahhh, cool t'as enfin mis la main sur le livre huhu
je l'ai acheté peu après l'avoir vu ^^

ouaip rien que ce début me fout toujours autant d'effet

" I saw the best minds of my generation...." pis après ça rebondi dans tous les sens et les 4 parties c'est une odyssée grandiose des hauts et des bas des sentiments dans ce monde, brrr




même si c'est surtout Howl qui me marque, j'ai bien aimé America et Wild orfan sinon, enfin surtout ces passages :

Amerique

"Mes ressources nationales consistent en deux joints de marijuana
              des millions de testicules une littérature privée impubliable
              qui fonce à 1400 miles à l'heure et vingt cinq mille asiles
              d'aliénés. "


et la fin de Orphelin sauvage...

" Et le père se désole
           dans une piaule à clodos
aux méandres du souvenir
           à mille lieues
de là, ignorant
           du jeune étranger
inattendu qui
           vagabonde vers sa porte. "   
Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
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Hors ligne Gros Lo

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Re : Re : [Poésie] Howl - Allen Ginsberg
« Réponse #6 le: 17 décembre 2019 à 08:50:53 »
Sa lecture m'avait fait pas mal d'effet, mais ça fait longtemps que j'ai pas eu l'occasion d'y retourner, malheureusement.
J'adore toutes les citations que tu viens de poster. Et :
" Et le père se désole
           dans une piaule à clodos
aux méandres du souvenir
           à mille lieues
de là, ignorant
           du jeune étranger
inattendu qui
           vagabonde vers sa porte. "
Ça me fait penser à "I think of Dean Moriarty, I even think of Old Dean Moriarty the father we never found" des dernières lignes de Sur la route... Mais c'est peut-être du même père qu'il parle, de Neal Cassady ?

En tout cas c'est tout sérénisant de lire des trucs pareils (des mots employés comme ça, des brusqueries, des...).
dont be fooled by the gros that I got ~ Im still Im still lolo from the block (j Lo)

Hors ligne Manue

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Re : [Poésie] Howl - Allen Ginsberg
« Réponse #7 le: 09 mai 2020 à 12:41:01 »
Salut,

J'aime beaucoup ce texte aussi, chaque fois que je l'ouvre, la transe de Ginsberg m'emmène ; en fait, la brutalité générale des mots et du rythme est vraiment exaltante, ça donne envie de se lâcher avec son stylo !
 Je détiens aussi la fameuse édition bilingue, dont nous nous servons régulièrement lors de soirées jam ; d'avoir le texte en anglais et en français permet de s'adapter plus facilement sur la musique, chose que ce poème fait remarquablement bien.
J'associe souvent ce texte à une autre "description" poétique de l'Amérique du nord, celle de Jim Morrison La nuit Américaine, version bilingue aussi (chez 10/18 il me semble). Un rythme très différent mais finalement, beaucoup de similarité dans les ambiances.

Merci d'avoir remis ça sur le tapis !

 


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