Le Monde de L'Écriture

Coin écriture => Textes courts => Discussion démarrée par: Ayana le 03 novembre 2019 à 16:39:05

Titre: Les mésaventures de Bodrick le Barde (réponse à un défi)
Posté par: Ayana le 03 novembre 2019 à 16:39:05
Résumé: un maître tente de donner une leçon de prudence à son élève en lui relatant les mésaventures d'un célèbre barde du passé.

Avertissement: Ce texte est en réponse au défi lancé par Flulu!
Il s'inscrit (par accident) dans l'histoire que j'écris pour mon nano vu qu'en ce moment j'écris nano, je mange nano, je dors nano et je rêve nano mais il est quand même lisible tout seul. Il y a juste 1 ou 2 références que vous n'aurez pas mais ça n'empêche en rien la compréhension. Et du coup (petit) spoiler pour le chapitre 1 de mon roman.

Bonne lecture !  :bouquine:

- As-tu déjà entendu parler de Bodrick le Barde et de son voyage dans les contrées du Nord ?    Synara chercha dans ses souvenirs puis secoua la tête avant de s’asseoir sur la chaise que Ménariôn lui indiquait.
- C'était un barde qui vivait à l'époque du Roi Tobias. Il était très populaire et particulièrement renommé pour la beauté de ses vers et la justesse de ses histoires. Il se targuait personnellement d'être le serviteur fidèle de tout ce qui est beau et vrai en ce monde, et l'enfant incorruptible de la vérité.
   Ménariôn eu un sourire indulgent face à l'expression amusée de la jeune fille.
- J'ai bien peur qu'il ne s'agisse de ses mots exacts. Pour sa défense, j'ai rarement rencontré de barde qui se distingue par sa mesure ou son humilité.
   Le sourire de Synara s'élargit malgré elle. Elle était toujours en colère, pourtant, elle ne pouvait résister à l'humeur communicative de son maître. Malgré son amour immodéré pour les mots et les arts en général, ce n'était pas la première fois que Ménariôn exprimait une forme de dédain pour la profession de barde. Pour lui, ils étaient un mal nécessaire : des agents essentiels pour collecter et transmettre l'histoire et la culture d'un peuple, mais dont les méthodes et le style ne parvenaient pas à satisfaire son tempérament exigeant d'érudit.
- Et que lui est-il arrivé ? l'encouragea la jeune fille avant qu'il ne parte dans une nouvelle digression sans fin sur les mérites et démérites de la poésie en vers.
- Comme la plupart des bardes, il n'était pas capable de rester en place dès que les beaux jours revenaient. Si bien qu'une année, il décida de pousser ses voyages jusque dans les royaumes du nord.
   Synara ne put cacher sa surprise. Elle avait étudié le travail de plusieurs bardes célèbres lors de ses études avec le frère Noui, ce nom lui était pourtant totalement inconnu.
- J'ignorais que les bardes voyageaient aussi loin au nord.
- C'est le seul, à ma connaissance. Le récit de voyage qu'il a finalement écrit est d'ailleurs l'un des uniques témoignages que nous ayons sur la vie de nos voisins. Je le sortirai des archives pour que tu puisses le consulter. Malgré son style pompeux, c'est une lecture des plus instructives. Surtout dans la mesure où nous ne sommes pas à l'abri d'une reprise des hostilités avec eux dans les années à venir.
   Synara hocha la tête et ajouta l'ouvrage à la liste mentale des livres que son mentor lui avait demandé de consulter, et qui s'allongeait inexorablement à chacune de leur rencontre.
- À part lui, nous ne possédons que quelques récits de voyageurs et des rapports d'émissaires recueillis entre deux guerres. Et si le style de Bodrick est beaucoup trop fleuri à mon goût, cela reste un plaisir à lire à côté des rapports laborieux et sans vie de ces grattes papiers.
- Et que lui est-il arrivé dans les royaumes du nord ? demanda à nouveau la jeune fille, espérant cette fois retenir l'attention fuyante de son professeur.
- L’histoire veut que sa réputation l'ait précédée, et qu'ayant à peine passé la frontière il ait été convoqué auprès du chef d'une tribu puissante.
- Et il s'y est rendu ? N'était-ce pas risqué ? s'inquiéta Synara au vu des nombreuses histoires qu'elle avait entendu sur la cruauté de ces chefs redoutables, qui régnaient sur leurs sujets avec une main de fer et réservaient un sort terrible aux étrangers osant s'égarer sur leurs terres.
- Je doute que l'escorte armée envoyée par le souverain en question lui ait laissé beaucoup de choix, pointa Ménariôn avec philosophie. Peu importe si tu reconnais l'autorité d'un dirigeant ou non, une question posée hache à la main a souvent tendance à limiter le nombre de réponses envisageables.
   L'Elkarane acquiesça, se rappelant la présence intimidante et le regard sans pitié des bandits qui avaient tenté de s'attaquer à Hichoo et elle dans le quartier marchant.
- Quoiqu'il en soit, reprit Ménariôn, ce chef avait pour reine une femme nommée Daki, aussi laide que terrible. Sa réputation était telle que personne, même dans les tribus voisines, n'osait critiquer quoi que ce soit à son égard de peur d'y perdre la vie. Ce qui bien sûr, ne lui laissait aucune chance d'améliorer sa charmante personnalité ou de démentir la haute opinion qu'elle se faisait d'elle-même. Tu peux donc imaginer l'effroi de notre cher Bodrick lorsqu'il se retrouva face aux deux souverains qui lui confièrent la mission de composer une ode en hommage à la maîtresse des lieux.
   Synara imaginait sans mal la scène. Bodrick, tremblant et sans défense au milieu d'une horde de nomades sanguinaires. Regrettant la folie qui l'avait poussé à venir chercher l'aventure dans une contrée si inhospitalière, priant les dieux de le laisser retourner dans son pays vivant et en un seul morceau. Même armé et accompagné d'un bataillon de soldats royaux, elle n'aurait voulu pour rien au monde échanger sa position avec la sienne.
- La reine lui a donné deux jours et deux nuits pour se mêler à sa cour et écrire son chef d’œuvre, en lui signifiant qu'un refus ou une œuvre indigne d'elle signerait son arrêt de mort.
- C'est un peu radical comme façon de commanditer une œuvre non ? laissa échapper Synara avant même de s'en apercevoir.
   Heureusement, son maître ne se formalisa pas de son ton soudain familier.
- La vie d'artiste est ainsi faite, et on ne choisit pas toujours ses mécènes, acquiesça-t-il avec un air compatissant. Dans ce cas précis, la reine Daki avait visiblement mis un point d'honneur à montrer la hache qu'elle emploierait elle-même pour trancher le cou du barde si ses espoirs étaient contrariés. La description qu'en rapporte Bodrick est particulièrement saisissante.
   Il était clair que son maître prenait un malin plaisir à raconter son histoire, bien que Synara ne doutât pas une seconde qu'il ait également une leçon bien précise en tête pour son élève. Il la regardait à présent avec un demi-sourire, caressant nonchalamment le chat à moitié endormi sur ses genoux.
- Comme tu peux l'imaginer, pour un barde de sa réputation, le dilemme était de taille. Renier tout ce en quoi il croyait en pervertissant son art par le mensonge et la flatterie... Ou perdre la vie et laisser sa tête finir en accessoire de décoration macabre.
- Qu'a-t-il fait ? s'enquit avidement la jeune fille qui commençait à se prendre au jeu.
- En définitive, ni l'un ni l'autre. Bodrick a composé l'un des plus beaux poèmes courtois que la reine ait jamais entendu. Il y décrivit la beauté de son port altier, le sang pur qui coulait dans ses veines, la grâce exquise de ses gestes alors qu'elle allait prendre sa place au côté du roi siégeant sur son trône. Si ma mémoire est bonne, il comportait tout une strophe sur l'éclat de ses yeux brillants comme l'acier. Et une autre sur la fougue avec laquelle elle était prête à défendre son roi contre les hordes de ses ennemis.
- Et cela a plu à la reine, ce genre de comparaison ? s'étonna la jeune fille.
- Il s'agit d'un peuple à la culture profondément guerrière, ne l'oublie pas. La reine a été enchantée et Bodrick a reçu l'autorisation de repartir à condition de propager son hommage vibrant à la reine à travers le monde. Ayant terminé son histoire, Ménariôn se radossa à son siège et observa attentivement son élève, attendant visiblement sa réaction.
- Il semblerait qu'il n'ait pas eu trop de mal à mentir, en fin de compte, fit remarquer celle-ci sans cacher sa déception.
- Pas vraiment. Si la reine et sa cour n'avaient pas été trompées par les effets de style et le ton confiant du barde, ils auraient pu s'apercevoir que le poème parlait en réalité de la chienne préférée du chef. La même qui ne le quittait jamais et qui se trouvait juste à côté de la reine au moment où celle-ci écoutait avec ravissement les envolées lyriques de notre ami.
   Synara accueillit la nouvelle avec surprise et, ne doutant pas de la véracité de l'anecdote, se demanda toutefois à quel point le barde avait enjolivé son histoire en la rapportant de ce côté de la frontière.
- Alors, jeune gardienne, d'après toi quelle leçon peut-on tirer de cette histoire ?
- Je pense que vous me conseillez d'être davantage comme Bodrick. Et qu'il serait dangereux de se rebeller ouvertement contre le roi.
- Ce que je voulais dire, Synara, c'est qu'il y a parfois plus d'une façon de rester fidèle à ses principes. Sans pour autant jeter par la fenêtre toute forme de prudence et de pragmatisme. Et qu'il n'y a aucun déshonneur à accommoder les désirs des grands de ce monde pour préserver quelque chose qui en vaut la peine. Si tu ne peux triompher de tes ennemis ouvertement, tu dois simplement trouver un moyen moins direct d'arriver à tes fins. Si Bodrick avait simplement refusé de céder à la reine Daki, il aurait été exécuté sur-le-champ et le monde aurait perdu un témoignage précieux. Sans parler de toutes les autres histoires que nous lui devons. Et si les Elkarans avaient décidé de rentrer en conflit ouvert avec Tinderlas ou l'un de ses prédécesseurs, notre peuple se serait éteint il y a bien longtemps. Nous avons peut-être la magie de notre côté, mais nous ne sommes plus aussi nombreux que nous l'étions jadis. Et le Royaume dispose de moyens dont tu ne soupçonnes peut-être pas l'existence.
   La jeune fille afficha une mine contrite et promis de réfléchir à nouveau à la situation.
- Tu es encore jeune, continua l'érudit d'un ton presque paternel. Je sais que la prudence n'est pas la vertu première de la jeunesse et que la ruse et la diplomatie peuvent te sembler une réponse insuffisante face à l'injustice. Cependant, le monde n'est pas fait de blanc et de noir, et il va te falloir apprendre au plus vite à tirer le meilleur profit de toutes ces zones de gris qui te révulsent tant.
Titre: Re : Les mésaventures de Bodrick le Barde (réponse à un défi)
Posté par: Loïc le 11 novembre 2019 à 13:59:02
Salut salut

Citer
« Ses mots exactes

exacts

Citer
Pour lui il semblaient être un mal nécessaire

semblaient
A mon avis tu peux simplifier : ils lui semblaient être


Citer
célèbres lors de ces études avec le Frère Noui mais ce nom lui était totalement inconnu.
ses études
virgule à Noui

Citer
Je le sortirai des archives pour que tu puisses le consulter, malgré son style pompeux c'est une lecture des plus instructive.

à m on avis il faudrait un point à consulter

Citer
Et il s'y ait rendu ?

s'y est

Citer
qui avaient tenté de s'attaquer à Hichoo et à elle le soir de sa Confirmation.

Peut-être un peu lourd ; je sais pas non plus si répéter Hichoo est nécessaire.
(Je me suis spoilé le roman, du coup)

Citer
elle-même pour trancher le coup du barde si ses espoirs étaient contrariés.

cou
C'est plus une envie qu'un espoir, mais ça sonne moins bien je trouve.

Citer
et Bodrick a reçut l'autorisation de repartir aussitôt à condition de propager son hommage vibrant à la reine à travers le monde connu.»

reçu
Mais du coup, c'est quand même de la flatterie, non ?
J'ai rien dit, la réponse venait après xD

Citer
« Il semblerait qu'il n'est pas eu trop de mal à mentir, en fin de compte, fit remarquer celle-ci sans cacher sa déception.
- Pas vraiment. Si la reine et sa cour n'avait pas été trompés

n'ait
n'avaient

Citer
- Je pense que vous me conseiller d'être un peu plus comme Bodrick. Et de me dire qu'il serait dangereux de se rebeller ouvertement contre le roi.

conseillez
Je ne comprends pas trop la deuxième phrase. "Et vous me dîtes", non ?

Citer
Et si les elkarans avaient décidé de rentrer en conflit ouvert avec le roi ou n'importe lequel de ces prédécesseurs notre peuple se serait éteint il y a bien longtemps. »

virgule à roi et à prédécesseurs.

Alors je pense pas qu'il se lise vraiment bien seul ton texte. C'est pas en termes de compréhension que parce qu'l ne s'y passe pas grand-chose et que ça ne fait vraiment sens, cette scène, que dans un ensemble plus grand. Tout seul, ça manque un peu de saveur à mon avis.

A bientôt pour de nouvelles aventures dans cet univers.