Oscar
À toi, l’enfant qui vient de naître, pur comme l’eau claire qui n’a d’autres soucis que de téter sa mère.
Pour toi, le temps lentement... doucement... les heures et les minutes sont de gigantesques lectures de voyage incessant.
À toi, l’adolescent qui de l’enfance a perdu son innocence. Tu rêves de défiance... de liberté... de tout savoir sans rien connaître.
Pour toi, les heures et les minutes sont encore des siècles paraissant ralentir le monde vers ta majorité, de décider du futur que tu veux vivre.
À toi, l’adulte qui de l’adolescent en a perdu la fragilité, qui devient parent, ayant déjà oublié ses quinze ans... moralisateurs de sa progéniture... agonisant de sa jeunesse perdue.
Pour toi, les heures et les minutes sont le mécanisme d’une horloge qui commence son inexorable décadence, accélérant les vagues des océans.
À toi, le quadragénaire qui de l’adulte en a perdu ses vertus, ayant des envies de romantisme... de changer le cours de sa vie... tu révolutionnes tes amis et tes proches, tu n’acceptes pas tes premiers cheveux gris, tes pas vers la vieillesse deviennent ton obsession.
Pour toi, les heures et les minutes sont une course vers le temps qui s’envole, tu n’acceptes pas ton reflet dans le miroir, ta crise de la quarantaine devient de plus en plus présente.
À toi, le sexagénaire qui du quadragénaire en a tiré des courbatures, cheveux blancs et lunettes, qui néanmoins reste optimiste des années qui lui restent à vivre.
Pour toi, les heures et les minutes sont un filet d’huile qui crépite... le saisissement rapide d’une viande... le filet d’eau qui coule et que l’on arrête par souci d’économie.
À toi, le centenaire qui du sexagénaire en a perdu la tête, de ta peau marbrée de taches de vieillesse, il ne reste plus que l’ADN de ce que fut ta naissance... un souvenir que tu as déjà oublié.
Pour toi, les minutes et les secondes sont une course intrépide comme le cheval au galop qui te mène et conduit au tombeau, comme nous tous, ta dernière demeure froide, triste et sans vie.
À toi, Oscar,
Qui de ta vie, tu n’en auras pas l’essence... À toi, mon petit-fils qui ne sera jamais né...
À toi, qui de mon aîné, tu aurais dû être la descendance.
De là où tu es, soigne celui qui aurait dû être ton père, caresse son visage que je ne reverrai plus, et livre-lui juste un message : on t’aime toujours autant.
Pour toi, les heures et les minutes et les secondes ne seront jamais, elles se sont arrêtées un jour glacial quand un bout de mon cœur est mort... dans une peine horrible et viscérale.
Oscar, prends soin de ton père...
Oscar, un jour nous irons aussi en terre...
Oscar, nous serons réunis j’espère...
J’ai l’espoir de te voir un jour, Oscar.