Le Monde de L'Écriture

Salon littéraire => Salle de lecture => Romans, nouvelles => Discussion démarrée par: Ambrena le 28 février 2009 à 21:55:33

Titre: [Auteur] Marcel Proust
Posté par: Ambrena le 28 février 2009 à 21:55:33
Chose promise, chose dûe ! Depuis le temps que je me délecte d'A la Recherche du Temps Perdu et autres Contre Sainte-Beuve et que je sais ne pas être la seule sur le forum, le moment est venu de bâtir la cathédrale MdEienne qui chantera leurs louanges -ou réveillera leurs détracteurs! 

Marcel Proust (1922-1971) est l'un des auteurs les plus marquants de la charnière littéraire effectuée entre les XIXe et XXe siècles. Son oeuvre paraît surtout en début de XXe siècle, mais se place -entre autres- sous le signe d'une observation critique de l'ère passée. Mais elle est loin de se réduire à cette dimension. A moins, comme le dit Wikipédia, de verser dans la caricature (excellente, au demeurant) des Monty Python (http://www.youtube.com/watch?v=X8rhIw_9ucA), il est assez difficile de résumer la Recherche.
Citation de: Wikipédia
Le narrateur, jeune homme hypersensible né dans une famille bourgeoise parisienne vers la fin du XIXe siècle, veut devenir écrivain. Cependant, la tentation mondaine le détourne longtemps de son objectif premier. Attiré par le mirage de l'aristocratie ou des lieux de villégiature à la mode (comme Balbec, ville de la côte normande dont Cabourg est le modèle), il grandit en même temps qu'il découvre le monde, l'amour, l'existence de l'homosexualité. La maladie et la guerre, qui le couperont du monde, lui feront prendre conscience de l'extrême vanité de la tentation mondaine et de son aptitude à devenir finalement écrivain pour fixer le temps perdu.
La Recherche, c'est bien plus que ce simple résume, succinct s'il en est. En effet, il s'agit surtout d'une entreprise immense de questionnement sur l'amour, de l'art, la mémoire, les sens et surtout, l'écriture elle-même. Ce roman, ou plutôt cette série de romans, fait voyager le lecteur dans l'espace et dans le temps, lors d'une prise de conscience de la vie dans son essence ou du moins, dans la tentative constante de cette prise de conscience.
C'est aussi la rencontre avec des personnages tantôt satires vivantes, tantôt portraits psychologiques, tantôt instances subjectives -et parfois, tout cela à la fois. Ainsi, on peut reconnaître en Albertine une critique de la jeune fille parvenue, mais aussi une transposition romanesque d'Alfred Agostinelli, amant principal de l'auteur, ou encore une incarnation de l'Amour sous sa forme la plus tyrannique, la plus absolue mais aussi la plus vulnérable aux ravages de l'oubli. D'autres figures, tels que le baron de Charlus, homosexuel notoire, constituent tant bien une critique sociale que des éléments du milieu mondain, dont la peinture traverse l'oeuvre. Ce tableau distancié provoque souvent (si si, je vous assure!) le rire du lecteur, car la plume proustienne est loin d'être dénuée d'ironie envers le Narrateur ou le monde dans lequel ce dernier évolue.

A la Recherche du Temps Perdu se compose de:
1- Du côté de chez Swann (dont Un Amour de Swann constitue la 2e partie)
2- A l'Ombre des Jeunes Filles en Fleur
3- Le Côté de Guermantes
4- Sodome et Gomorrhe
5- La Prisonnière
6- La Fugitive (Albertine Disparue)
7- Le Temps Retrouvé

Autres ouvrages:
Contre Sainte-Beuve, un essai de critique littéraire
Pastiches et mélanges, des pastiches d'autres écrivains aisément (c'est vite dit) reconnaissables
Jean Santeuil, un roman inachevé

Et vous? Avez-vous été intéressés, captivés, dégoûtés? De mon côté, je suis fan! :coeur:

Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Milora le 30 mars 2009 à 16:36:10
Ah lala, Marcel, Marcel, tu as hanté mon hypo et ma première khâgne...
La première année, on a lu Du côté de chez Swann, et la deuxième, Albertine disparue. Y a un gouffre entre les deux.
 
J'ai bien aimé Du côté de chez Swann, c'est un rythme, il faut se laisser prendre. Quand j'y repense, je pense à un jardin au soleil, je sais pas pourquoi. (sauf la partie "Un amour de Swann" qui était assez exaspérante aprce que bien écrite, donc on ressentait vraiment la jalousie du personnage, et du coup ça en devient désagréable à lire, je trouve XD). Cela dit c'était assez bizarre : le seul livre que j'ai arrêté plusieurs mois puis repris, comme si de rien était : pas de frustration de ne pas avoir la suite, et pas non plus de dépaysement en le reprenant. Bref, un livre marquant.

Par contre, Albertine disparue...  >< Non. Non, lui il est pas bien passé du tout. Un narrateur qui passe sa vie à s'imaginer les perversions de sa petite amie décédée... Décidément, non. Après, c'est toujours aussi bien écrit, toujours aussi juste mais... J'ai vraiment pas accroché. J'ai même trouvé la lecture douloureuse, lol.

Du coup j'ai pas lu les autres tomes ^^ En fait, je crois que ce que j'ai aimé dans Du côté de chez Swann, c'était juste le parfum d'enfance, très bien rendu. Mais j'aime pas du tout l'histoire (la non histoire lol) d'ALRDTP.

N'empêche, Albertine, je te dois bien quelque chose : j'ai jamais eu une aussi bonne note en dissert de lettres ! XD
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Ambrena le 30 mars 2009 à 22:21:59
Arf, je dois moi-même avouer que des sept tomes - que j'ai maintenant fini de lire, mais pas de relire, hyuu! - c'est celui-ci, Albertine Disparue, que j'aime le moins. C'est une réécriture d'Un Amour de Swann, certes, mais je préfère Albertine vivante (que c'est cynique, dit comme ça) ou encore le Narrateur pleinement créateur, comme dans le sept. J'ai beau adorer Proust, cet élément de la saga m'a moins touchée que les autres, je ne sais pas pourquoi.

En revanche, ce volume s'avère fondateur pour la suite. Et puis Saint-Loup s'y révèle, ce qui ne m'a pas trop surprise à cause des notes spoilantes, mais qui m'a en revanche pas mal intéressée. Du coup, mes tomes préférés de la Cathédrale sont finalement le premier, Du Côté de chez Swann, le dernier, Le Temps Retrouvé, et puis le quatrième, Sodome et Gomorrhe, au milieu.

Je suis d'accord pour l'idée de "non-histoire", ce qui est capital chez cet auteur, c'est son style. D'ailleurs, au risque de passer pour une vilaine fangirl, j'ai du mal à trouver un romancier qui écrive aussi bien que lui -à part peut-être Gracq et quelques autres. Au fond, dans ALRDTP, l'histoire, c'est celle du style et de sa trouvaille par un Narrateur qui devient de plus en plus écrivain, en nous appelant, nous, simples lecteurs, à le devenir aussi.

Un de ces jours, j'irai mettre des fleurs sur sa tombe, au Père-Lachaise... :coeur:
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Verasoie le 18 juin 2011 à 12:08:49
Y'a un truc qu'il faut que vous m'expliquiez, parce que j'en ai marre de me sentir débile : le narrateur de la Recherche, c'est Proust, oui ou non ? :mrgreen:

(Tes dates m'ont induite en erreur Ambre, c'est 1871 - 1922 ^ ^)

Cela mis à part, j'ai dévoré les deux premiers tomes en moins d'un mois, et je vais sûrement bientôt craquer et acheter la suite. C'est incroyablement raconté : j'aurais jamais cru que tant de détails puissent me paraître nécessaires. Contrairement à Balzac et Hugo, il n'y a rien dedans qui m'ait paru superflu (alors que c'est encore plus long et avec une intrigue encore plus lente que Hugo !). Même le moindre détail est justifié, a sa raison d'être là parce qu'il a influencé le narrateur, etc. C'est gigantesque.

Ah oui et effectivement pour le style, j'ai l'impression de lire l'essence de la langue française (je ris toute seule quand il se moque des domestiques qui utilisent "rentrer" pour "entrer" et d'Albertine : "parfaitement" pour "tout à fait". S'il nous entendait parler dans la rue.. xD). Blague à part, c'est une sacrée claque littéraire.

Sinon dans l'histoire, j'ai beaucoup aimé Combray (ça évoque tellement de souvenirs, même à un siècle d'écart), l'humour dans Un amour de Swann (Cottard, ah, ce cher docteur, mdr), la relation (tellement unilatérale) du narrateur avec Gilberte, puis Albertine. J'ai pas (là tout de suite maintenant) le temps de me plonger dans la suite, mais à la rentrée je compte bien finir x)
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Milora le 18 juin 2011 à 12:11:00
Citer
narrateur de la Recherche, c'est Proust, oui ou non ?

Oui et non... Techniquement, non. C'est pas une autobiographie. Mais il s'est beauuuuucoup servi de sa propre vie pour son roman (et d'ailleurs il me semble que la seule fois où on nous dit le nom du narrateur, c'est Marcel)
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Verasoie le 18 juin 2011 à 12:16:38
Ok, c'est bien ce que je me disais (de toute façon on peut pas appeler ça une autobiographie, si ça donne autant d'importance à l'histoire d'un perso se passant avant même la naissance de l'auteur  :mrgreen:). Merci d'avoir confirmé o/
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Ambrena le 18 juin 2011 à 17:07:14
Je sors ma science, mais c'est ce qu'on appelle un roman autobiographique : certes, le Narrateur n'est pas Proust, mais il lui ressemble beaucoup. Ne serait-ce que parce qu'il s'appelle... Marcel.
Titre: Re : Re : Marcel Proust
Posté par: Meilhac le 02 novembre 2011 à 00:24:12
Au fond, dans ALRDTP, l'histoire, c'est celle du style et de sa trouvaille par un Narrateur qui devient de plus en plus écrivain, en nous appelant, nous, simples lecteurs, à le devenir aussi.
Je suis assez d'accord avec cette manière de voir les choses. En tout cas,ce qui est troublant, c'est que les quelques autres écrits de proust ne comportent pas les longues phrases qui font la spécificité de la recherche du t p. autrement dit, y a un lien entre ce que raconte le livre et le style, davantage peut-être que chez beaucoup d'auteurs.

moi je suis ultra-fan c'est clair, mon idole absolue, pendant une longue période de deux ans environ, je ne pouvais pas lire quoi que ce soit d'autre

fabuleuse entreprise de spéléologie interne : tout se passe entre les deux oreilles du narrateur, et on ne s'ennuie pas une seconde. dommage qu'il n'ait pas eu le temps de faire quelques milliers de pages supplémentaires.

dommage aussi qu'il n'ait pas eu le temps de relire la fin, le dernier tome est un peu moins léché, le style un peu moins chiadé.

est-ce que quelqu'un sait si y a moyen quelque part à paris de voir des manuscrits de proust ? dans un musée ou un truc comme ça?
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Milora le 02 novembre 2011 à 09:54:49
Il existe le Musée des Lettres et des Manuscrits, à Paris (bd St-Germain) ; j'y ai été deux fois mais je ne me rappelle plus s'il y a des pièces de Proust... (En tous cas c'est très sympa : on voit les manuscrits de pas mal d'auteurs et quelques autres curiosités).


Et j'aime beaucoup ton expression de "spéléologie interne" ^^
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: ernya le 02 novembre 2011 à 10:15:48
Huhu, les manuscrits de Prout ça doit être trop cool ! Je crois que y a les grands centres d'archives style BNF, tu devrais regarder sur leurs bases de donnée ! Après, c'est sûrement plus accessible au musée des Manuscrits mais y aura moins de choses que sur Proust.
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Meilhac le 02 novembre 2011 à 17:54:08
Contre Sainte-Beuve, un essai de critique littéraire
A propos de ce truc, ce qui fabuleux, c'est que A la recherche du t p est partie de là. proust avait plus ou moins renoncé à l'idée qu'il ne ferait sans doute jamais de vrai roman, il voulait faire un truc de critique littéraire sur la conception de la littérature de sainte-beuve. donc au départ il s'agissait de faire un essai littéraire. après quelques dizaines de pages, il s'est dit "je vais donner corps à ma théorie, en montrant par un exemple ce qu'est ma conception de la littérature et en quoi elle s'oppose à celle de sainte-beuve", et résultat, son exemple a pris un peu d'ampleur, puis beaucoup, et est devenu... la recherche du t p  :D c'est énormissime, à la fois  :D,  :o, et :coeur:

dans un autre genre ça me fait penser à http://www.youtube.com/watch?v=jk-kXwjASEE&feature=fvsr ça : maradona a dit dans une interview qu'il n'avait pas du tout l'intention de marquer le but du siècle. "j'avais un ou deux anglais aux basques aux alentours du rond central, j'ai juste voulu les empêcher de me prendre le ballon, et pi bon ça a pris un peu d'ampleur en cours de route"  :D

les petits ruisseaux, les grandes rivières... seulement le premier pas qui coûte... les plus longues marches commencent par  un pas (c'est un proverbe chinois ça? ça pourrait en tout cas  :D). etc.

à part ça merci beaucoup pour vos conseils, je vais creuser un peu la question des manuscrits de proust. ça doit être d'autant + trippant de les voir que quand il relisait, il faisait doubler de volume son texte, y en avait autant dans les marges que dans le texte, et si les marges étaient trop petites il faisait des espèces de collages foireux (les fameuses "paperolles" de proust :D) pour faire tout tenir ; son éditeur s'en arrachait parfois les cheveux, pour proust, relire était l'occasion d'ajouter dix mille trucs.

c'est parce qu'il n'a pas eu le temps de faire ça pour le temps retrouvé que le temps retrouvé est parfois un peu "sec", un peu moins génial que les autres tomes. la recherche du t p est une oeuvre un peu inachevée, comme le requiem de mozart, le capital de marx... sauf que proust avait été bien prévoyant  ^^: il avait écrit la conclusion de son bouquin longtemps à l'avance, donc si il était mort deux-trois ans avant, le bouquin aurait existé aussi, il aurait juste été un peu moins long.

je vous tiens au courant de ce que je trouve pour les manuscrits

rahlàlà marcel forever
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Meilhac le 10 janvier 2012 à 00:08:41
je suis en train de lire la correspondance gallimard/proust. pas mal du tout. mille fois bouleversant évident que la lecture  de l'oeuvre de proust, mais émouvant et drôle quand même.
on voit apparaître différents traits de caractère de proust : sa combativité, sa pugnacité, quand il s'agissait de défendre son oeuvre. il ne vivait plus que pour son oeuvre, il avait consacré sa vie à ça, il y fait allusion dans ses lettres, et surtout ça se sent à l'attention qu'il porte à la manière dont les différents tomes sont édités.
y a des allusions au fait qu'il faisait enrager les imprimeurs, puisqu'il faisait imprimer une première fois ses manuscrits, puis il y ajoutait des tas de trucs, il renvoyait à l'imprimeur, et il modifiait de nouveau, etc. il ajoutait plein de trucs au fur et à mesure (sauf pour la fin).

on voit aussi le proust jaloux/paranoïaque/susceptible. il paraît qu'il était assez comme ça dans la vie (ce qui est somme toute assez logique, au sens où la richesse de son imaginaire l'amenait à envisager dix mille trucs dans ses relations avec les gens).

on voit aussi le proust coupeur de cheveux en quatre; y a des phrases assez tordantes, du genre "les choses dont j'ai à vous parler sont au nombre de deux. La deuxième est sans importance", là où n'importe qui d'autre aurait écrit "j'ai une chose à vous dire" :D

et y a quelque chose de drôle aussi dans le début et la fin des lettres, une espèce de comique de répétition : tous les débuts de lettre de proust, c'est "j'ai été très malade, je n'ai pas pu vous écrire plus tôt"; et toutes les fins de lettres "très affectueusement mon cher gaston", etc. (alors que proust n'avait pas vraiment d'amis; mais il était prêt à être un peu hypocrite ou obséquieux pour défendre son oeuvre, et puis d'une manière générale il était exquis avec les gens, tout en préférant la solitude).

et puis plus on approche de la fin, plus c'est émouvant : le corps-à-corps entre proust et son oeuvre, la course contre la montre, la course contre le temps, la course contre la mort, qui oblige proust à cravacher, cravacher, cravacher, pour que l'oeuvre de sa vie soit la plus aboutie possible. les dernières lettres sont plus courtes, il explique carrément qu'il tombe par terre dès qu'il essaie de faire trois pas. dans sa dernière lettre, il dit que le plus urgent c'est qu'il donne tout ce qu'il a à l'éditeur, il bâcle la ponctuation, il termine en disant "je m'arrête adieu cher gaston  - marcel proust" et ce drôle de post scriptum "Lettre suivra quand pourrai".

y a aussi des phrases qui, hors contexte, sonnent drôlement : "écrire me tue", des phrases comme ça.

il fait aussi un lapsus calami (le seul, en 600 pages) à un moment : il fait une lettre à gallimard pour lui dire qu'il aimerait être édité chez gallimard ; il propose pour cela de se désengager de chez grasset. "encore faut-il que vous le vouliez, et qu'une fois mon livre retiré de chez grasset, vous ne le preniez pas"  :D comme une sorte de gros lapsus qui aurait pu vouloir dire - si on veut faire de la psychanalyse de comptoir - "non, je veux viiiiivre pour moi, pas pour mon oeuvre :-)

bref, je recommande, les fans de proust, ça les émouvra; les pas-fan de proust, ça leur donnera peut-être envie de s'essayer à la recherche du t p.  ^^
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: pehache le 13 janvier 2012 à 19:36:23
Un narrateur n'est jamais l'auteur, par définition.

On trouve, sur internet, une interview de Céline où il évoque Proust, c'est bref, mais intéressant.
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: ernya le 14 janvier 2012 à 00:15:21
Je suis en train de réessayer, et ben c'est violent. J'accroche pas du tout à cette écriture à rallonge. C'est pas moralisateur comme chez Balzac mais je n'en trouve pas ça pour autant moins chiant.
Et puis il pouvait pas penser à son lecteur et faire un peu plus de paragraphes ? Visuellement parlant, c'est une gageure à lire. :mrgreen:

Heureusement que y a quelques passages sympa de temps à autres mais c'est vraiment pas un style que j'apprécie.

Sinon, vous saviez que ça avait été adapté en BD ? Je vais essayer d'en choper une à ma médiathèque pour voir ce que ça peut donner. :mrgreen:
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Gros Lo le 14 janvier 2012 à 00:38:30

C'est ce que Laura m'a offert à Noël :jubile: je te la filerai quand je l'aurai lue


Meilhac, ta présentation m'a donné super envie de lire ça ! mais faudrait peut-être que je reprenne les Jeunes filles en fleurs un jour...
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Milora le 14 janvier 2012 à 00:39:39
Oui ça fait longtemps qu'elle existe la BD ^^ Mais comme Proust c'est surtout des ambiances, je vois mal ce qu'un résumé imagé peut donner...

Ernya, ça m'étonne pas que t'accroches pas. C'est quand même une sorte de longue description, ce bouquin...
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Gros Lo le 14 janvier 2012 à 00:45:56

Aaah mais il se place plein de choses dans Proust ! oO

Même la mer n'est jamais la même <3

Oui c'est vrai ça peut un peu apparaitre comme une sorte de gigantesque one-man-show, dans la mesure où c'est tout le temps plein d'esprit, et souvent super drôle, mais y a des dizaines d'épisodes bien distincts quand même, pour le peu que j'en ai lu... entre Combray, Swann, les Champs, Balbec, les liants des uns et des autres, et partout partout toute cette intelligence :coeur:
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Milora le 14 janvier 2012 à 00:52:23
"Se passer" c'est quand même beaucoup dire. Proust c'est plutôt l'évolution psychologique d'un narrateur inactif, avouons-le. Oui, il y a des épisodes, mais si on les résume, ça n'a pas d'intérêt. Du genre dans le premier tome, ce serait "Le narrateur, enfant, passait ses étés à Combray, et leur voisin Swann était malheureux parce qu'il s'était entiché d'une cocotte". Au niveau des événements, y a pas trente-six trucs à retenir...
Enfin, j'ai trouvé que ça avait le côté flou et étiré dans le temps qu'ont les souvenirs d'enfance (je parle toujours du premier tome), donc j'ai bien aimé cet aspect-là. D'une manière générale, je trouve que Proust sonne vraiment juste.
Mais son récit est quand même une espèce de pâte épaisse qui prend petit à petit différentes formes, un peu comme si les "événements", les séquences du livre, étaient une espèce de truc en train de couler qui, progressivement, se transforme. On arrive à un point du livre et on s'aperçoit que l'ambiance, la situation, l'état d'esprit du narrateur sont totalement différents d'y a 150 pages. Mais on est incapable d'identifier quand a eu lieu le changement, ni comment il s'est opéré...
Du coup ça me paraît difficile de dire qu'il s'y passe vraiment des choses...
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Loïc le 14 janvier 2012 à 00:57:03
En même temps c'est une ligne d'action, 70 pages de psycho. C'est dur au début, mais une fois dans la deuxième partie, ça roule tout seul!
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Gros Lo le 14 janvier 2012 à 01:34:05
Citation de: Mil
un peu comme si les "événements", les séquences du livre, étaient une espèce de truc en train de couler qui, progressivement, se transforme. On arrive à un point du livre et on s'aperçoit que l'ambiance, la situation, l'état d'esprit du narrateur sont totalement différents d'y a 150 pages. Mais on est incapable d'identifier quand a eu lieu le changement, ni comment il s'est opéré...
Du coup ça me paraît difficile de dire qu'il s'y passe vraiment des choses...

dis qu'il s'y coule des choses si ça t'aide, mais j'y vois pas de grande différence :mrgreen:

Non je suis d'accord avec le fait qu'on ait pas de péripéties à proprement parler, pas des péripéties aventurières en tout cas (parce que des péripéties psychologiques, on en a ; c'est juste que le schéma narratif est + sur un plan psychologique que, je sais pas, "aventurier").
Mais c'est le cas de beaucoup de bouquins et, pour reprendre ce que tu disais, beaucoup de bons bouquins ne sont pas résumables, ou du moins ne rendent rien en les résumant. Résumer Madame Bovary...
Enfin voilà, pour moi c'est pas parce qu'on n'est pas dans le cas d'un roman à intrigue qu'il ne se passe rien. Et puis c'est vraiment difficile cette notion de roman à intrigue, parce que tout peut en être : l'intrigue d'Emma Bovary c'est "trouvera-t-elle un amant romanesque ?" etc. ; et du coup il se passe des choses à ce niveau-là, il y a des rebondissements et tout. Simplement il se passe peu de choses de proprement romanesques dans la mesure où l'intrigue n'est pas romanesque, mais psychologique. De la même façon que dans une intrigue romanesque, le psychologique est souvent au second plan.
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Milora le 14 janvier 2012 à 10:37:30
Non, je suis d'accord avec toi, mais là tu parles plus de la structure ("intrigue" ou pas, évolution identifiable...). J'ai pas lu Madame Bovary, mais je suis d'accord pour dire que certains livres sont plus ou moins impossibles à résumer, ou deviennent très plats lorsqu'ils le sont.

Mais là, pour Proust, je parlais plus de l'impression qu'il donne à la lecture. On a vraiment le sentiment que rien n'a bougé, que rien ne se passe, qu'on est toujours en train de lire une mise en ambiance. Puis soudain on compare avec un point antérieur du roman, et on s'aperçoit que si, tout a changé. Mais on ne le voit pas quand on lit. Du moins je l'avais ressenti comme ça...
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Marygold le 14 janvier 2012 à 11:16:51
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Oui ça fait longtemps qu'elle existe la BD ^^ Mais comme Proust c'est surtout des ambiances, je vois mal ce qu'un résumé imagé peut donner...
J'avais essayé de la lire en l'empruntant à la bibli... Mais je l'ai trouvée assez décevante et malheureusement je n'ai pas continué très longtemps. Déjà je n'aime pas le style du dessin (enfin, ça c'est personnel), mais en plus les cases de la BD forcent la narration à s'adapter, et du coup la phrase de Proust est souvent découpée. (d'une case à l'autre, certes mais elle marque une pause quand même). Comme, personnellement, c'est ce que j'aime dans la Recherche, cette longue phrase qui se déroule, je n'ai pas accroché à la BD.

Sinon, j'ai vu qu'aujourd'hui sur Inter, c'était "Proust et la musique" dans C'est du classique mais c'est pas grave (16h-17h). Je ne connais l'émission que de nom, je n'ai jamais eu l'occasion de l'écouter, mais je me suis dit que ça pourrait intéresser des gens :)
Titre: Re : Re : Marcel Proust
Posté par: Meilhac le 14 janvier 2012 à 13:15:55
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Oui ça fait longtemps qu'elle existe la BD ^^ Mais comme Proust c'est surtout des ambiances, je vois mal ce qu'un résumé imagé peut donner...
Sinon, j'ai vu qu'aujourd'hui sur Inter, c'était "Proust et la musique" dans C'est du classique mais c'est pas grave (16h-17h). Je ne connais l'émission que de nom, je n'ai jamais eu l'occasion de l'écouter, mais je me suis dit que ça pourrait intéresser des gens :)
merci beaucoup pour l'info marygold, je vais écouter ça (il doit y avoir de quio dire d'ailleurs;proust était fan de musique, et il est beaucoup question de musique dans à la recherche du t p. à l'époque , y avait pas de gramophone, et quand il avait besoin d'entendre de la musique, d'en imprimer dans sa tête pour se mettre dans l'ambiance pour rédiger tel passage, il faisait venir un quatuor, pour un petit concert privé. il disait à sa servante "du coup tant qu'à faire je vais inviter des gens", et puis le lendemain "non finalement il vaut mieux que je sois seul pour pouvoir me consacrer entièrement aux impressions que la musique fera naître en moi", et les zikôsses (des très bons zikôsses souvent) arrivaient et jouaient devant proust tout seul  :D y a pas à tortiller, la musique enregistrée c'est pratique :-)

y a plein d'analogies dans à la recherche u t p concernant la musique, des analogies entre tel morceau de musique et telle manière de parler, du genre "M. de norpois, qui jusqu'ici s'était exprimé avec véhémence, avait adopté un silence angélique qui semblait ne pouvoir s'épanouir, si la voix lui revenait, qu'en un chant innocent et mélodieux de mpendelsson ou de césar franck" [je cite à peu près], ou du genre "de même que le thème de l'adagio est parfois repris dans le dernier mouvement, m. de charlus développait de nouveau le propos qu'il avait tenu au cours du repas, mais avec une fougue décuplée" [j'invente ], enfin des trucs comme ça.

d'une manière générale proust était très branché odorat et goût (cf. l'épisode de la madeleine trempée dans le thé), mais aussi toucher, vue et ouïe : la petite phrase de vinteuil (une phrase musicale que joue un zikôsse la première fois où swann rencontre son amoureuse) est à swann ce que la madeleine est au narrateur : le réceptacle d'émotions et de souvenirs enfouis, qui ressurgissent d'un coup quand la phrase est rejouée.

il n'a jamais joué de musique par contre proust je crois.

sinon pour la bédé j'y ai jeté un oeil pendant une demi-seconde, le dessin me plait pas non plus, et puis quand on est fan du bouquin, difficile d'avoir envie d'en lire une reprise en bédé
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: pehache le 14 janvier 2012 à 21:05:46
Si Loredan, qui évoque la mer, m'y autorise, puis-je placer ici un texte critique (que j'ai effacé des lieux) que j'avais déjà posté concernant Albertine et la mer.
Titre: Re : Re : Marcel Proust
Posté par: Meilhac le 14 janvier 2012 à 21:08:42
Si Loredan, qui évoque la mer, m'y autorise, puis-je placer ici un texte critique (que j'ai effacé des lieux) que j'avais déjà posté concernant Albertine et la mer.
bé oui, envoie pehache  ^^ ("l'autorisation", je me demande si c'est pas plutôt à la nouvelle modo (zacharielle) qu'il faut la demander  :mrgreen: )
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Marygold le 14 janvier 2012 à 21:47:22
(Tss, Zach est la nouvelle admin voyons ! Les modos n'ont pas changé.)

Si tu l'avais déjà posté, pehache, pourquoi l'avoir effacé ? En tout cas, tu peux réitérer (à moins que ce soit un texte de toi, auquel cas il irait mieux dans les Textes je pense, avec un lien ici.)
Titre: Re : Re : Marcel Proust
Posté par: Meilhac le 14 janvier 2012 à 21:55:00
(Tss, Zach est la nouvelle admin voyons ! Les modos n'ont pas changé.)
oups pardon  :mrgreen:
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: pehache le 15 janvier 2012 à 09:11:29
C'est une analyse que je faisais du rapport d'Albertine à la mer, à partir de deux extraits de Proust. Alors, ici, pas ici ?
Je l'avais effacé parce que Loredan m'avait dit que c'était un peu savant ou pas bien utile, je ne me rappelle plus.
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Zacharielle le 15 janvier 2012 à 09:56:00
Tant que ça peut apporter au débat, l'enrichir, le faire aller plus loin, je ne vois pas où est le problème !
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: ernya le 15 janvier 2012 à 12:26:40
une mini remarque, pehache, est-ce que tu pourrais mettre ton étude un peu plus en valeur ? Genre mettre en italique les citations ou les oeuvres critiques citées, ou bien pour les citations, diminuer la police, etc. Pour que ce soit plus visible, quoi ! Qu'on s'y retrouve plus entre ce qui est cité et ton commentaire.  ^^
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: pehache le 15 janvier 2012 à 14:33:12
A part les deux citations introductives, il n'y a que mon analyse et le texte de Proust, toujours entre guillemets et avec références.
(J'ai mis en gras les noms des deux auteurs cités, et des titres, voilà.)
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: ernya le 15 janvier 2012 à 14:41:23
Oki, cool (les guillemets se fondent un peu dans le reste mais bon tant pis).

Je réagis juste par rapport à "épiphanie des mouettes", tu aurais des trucs ou des ouvrages à me conseiller en ce qui concernerait "l'épiphanie mémorielle" chez Proust, par hasard ?  :mrgreen:
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Verasoie le 24 juillet 2012 à 19:01:53
Je viens (il y a une dizaine de jours) de finir Sodome et Gomorrhe.

OMG  :coeur:



(Par contre MERCI Gallimard pour ses petites notes du style "allusion à la relation entre X et Y dans le tome suivant ?" - "allusion à la mort de Z dans deux tomes ?" --')

Pour l'instant c'est sûrement le tome que j'ai préféré (avec Combray). Il a tout, les passages à se plier de rire et ceux à béer d'affliction, les expressions qu'on hallucine de voir dans Proust ("en carton" pour dire nul, voire même "c'est caca !", lol quoi), les passages trop beaux, la mer, les culpabilités du narrateur, Saint-Loup, Albertine, et les 15 dernières pages m'ont tuée sur place. 

 :aah:
Titre: Re : Re : Marcel Proust
Posté par: Meilhac le 25 juillet 2012 à 00:47:00
les expressions qu'on hallucine de voir dans Proust ("en carton" pour dire nul, voire même "c'est caca !", lol quoi)
lol de mémoire c'est des expressions qu'il met dans la bouche de personnages, je ne crois pas que le narrateur dise ça himself, si?

(oui méfiance avec les notes (heureusement chez gallimard elles sont regroupées à la fin du bouquin je crois, donc faciles à ignorer (parce que c'est clair qu'il faut les ignorer, dans proust y a du suspense, quand on a la chance de lire ça pour la première fois, autant éviter effectivemetn les spoilers :--))
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Verasoie le 25 juillet 2012 à 10:15:29
Caca c'est Charlus, en carton c'est le narrateur, il me semble !

Elles ont beau être à la fin du bouquin, j'ai toujours la curiosité insatiable quand je vois une petite note :mrgreen: surtout après un passage sympa. Déjà que c'est difficile de sauvegarder sa naïveté avec les classiques, ils pourraient faire un effort xD
Titre: Re : Re : Marcel Proust
Posté par: Meilhac le 25 juillet 2012 à 10:49:38
Elles ont beau être à la fin du bouquin, j'ai toujours la curiosité insatiable quand je vois une petite note :mrgreen: surtout après un passage sympa. Déjà que c'est difficile de sauvegarder sa naïveté avec les classiques, ils pourraient faire un effort xD
lol on va essayer de te dégoter une édition sans notes (je sais pas si ça existe tellement :--))

"en carton" je me souviens pas où c'est, tu te souviens à quel propos il utilise cette expression ?  ;)
Titre: Re : Re : Marcel Proust
Posté par: Meilhac le 25 juillet 2012 à 12:59:59
Pas du tout ! (C'est dommage, j'aurais dû noter x)). Désolée : )
M. de Charlus savait bien que les tonnerres qu'il brandissait contre ceux qui ne se pliait pas à ses ordres, ou qu'il avait pris en haine, commençaient à passer selon beaucoup de gens, toute la rage qu'il y mît, pour des tonnerres en carton, qui n'avaient plus la force de chasser n'importe qui de n'importe où.

ça doit être celle-ci :--)

et effectiment caca c'est charlus (et d'autres peut-être aussi, mais en tout cas charlus) "sarah bernhardt dans l'aiglon, qu'est-ce que c'est ? du caca" "que vous alliez faire pipi chez la comtesse Caca ou caca chez la baronne Pipi, c'est la même chose" (avis aux non-habitué.e.s : rien de représentatif là-dedans, peu de passages scato dans proust :--)))
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Zacharielle le 20 novembre 2012 à 11:04:50
Pour les amateurs, sachez que des textes inédits de Proust, écrits dans sa jeunesse, viennent d'être publiés chez Des Busclats . Plus d'infos : http://www.actualitte.com/les-maisons/des-busclats-publie-onze-textes-retrouves-de-proust-38272.htm !
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Meilhac le 21 novembre 2012 à 18:49:10
http://www.franceculture.fr/emission-fictions-theatre-et-cie-le-scenario-proust-de-harold-pinter-1ere-partie-2012-11-11

je sais pas ce que ça vaut. si j'écoute je vous raconterai

EDIT : j'y ai jeté une oreille, j'ai trouvé ça bof bof bof, mille fois moins que le bouquin a priori (faut dire que la barre est haute)
Titre: Re : Re : Marcel Proust
Posté par: Meilhac le 22 novembre 2012 à 20:35:30
Pour les amateurs, sachez que des textes inédits de Proust, écrits dans sa jeunesse, viennent d'être publiés chez Des Busclats . Plus d'infos : http://www.actualitte.com/les-maisons/des-busclats-publie-onze-textes-retrouves-de-proust-38272.htm !
Alerte, spécial info flash : je viens de feuilleter la chose à la librairie : les textes ne sont pas inédits, ils figurent là-dedans http://www.amazon.fr/Ecrits-sur-lart-Marcel-Proust/dp/2080710532 (écrits sur l'art), et c'est moins cher, et y a beaucoup + de choses (des pastiches pas piqués des vers notamment). bref c'est de l'enfumage ce foin autour de ces pseudo-inédits.

Mais ils sont jolis, ils sont pas mal.pas du grand proust, mais élégant, smart, subtil, raffiné. de la bonne came, qui n'a pas du tout la puissance de la recherche du t p, mais a déjà une belle délicatesse.  ^^
Titre: Ne lisez jamais Proust! (Marcel Proust)
Posté par: Champdefaye le 15 août 2014 à 17:33:25
En matière d’art, j'ai un principe qui est de considérer que, si tant de gens aiment des œuvres que je n'apprécie pas, c'est qu’il y a probablement plus de chances pour qu’ils aient raison et moi tort que l’inverse. Tant de personnes ne pouvant être tous des snobs ou tous des idiots, mon premier mouvement est de penser que c’est moi qui dois être un béotien.
De ce principe découle naturellement la volonté de tenter quelques raisonnables efforts  pour aimer et, pourquoi pas, comprendre (mais on peut aimer sans comprendre, une œuvre d'art, une femme, ...) ce qui, jusqu’à présent, m'ennuyait ou même me faisait ricaner.
La croyance en ce principe n’est pas une preuve particulière de modestie et, beaucoup de mes amis vous le diront, cette qualité n’est pas plus développée chez moi que chez le premier imbécile venu. De plus, toute modestie mise à part, je crois pouvoir situer assez précisément et sans illusion mes limites intellectuelles.
Je me dois également de préciser que je n’applique pas  ce principe de généreuse ouverture à tous les arts ni à tous les artistes.
En premier lieu, j’ai exclu du champ de mon possible la musique, la danse,  la poésie et le théâtre. Non pas que je n’aime pas la musique, la danse, la poésie ou le théâtre, mais, dans ces domaines, mon choix est fait depuis longtemps, et trop d’expériences aventureuses se sont soldées par d’inoubliables soirées d’ennui. Pour le moment, et dans ces domaines culturels, je resterai encore un temps d’un conservatisme prudent en appliquant cet autre principe selon lequel « what you don’t know won’t hurt you », ce qui est une façon chic de dire que « ce que tu n'iras pas voir (ou entendre) ne te fera pas ch.... » .
Reste donc la littérature et la peinture, mais bien sûr, pas toute la littérature ni toute la peinture. En effet, et tout comme l’imbécile déjà cité, j'ai une idée personnelle et quasi définitive de ce qu'est le mauvais goût, et je ne souhaite pas évoluer sur ce sujet.
Ces préliminaires expliquent sans doute pourquoi je n'ai jusqu'à présent tenté réellement ces raisonnables efforts que sur un nombre restreint de sujets. Et là, j'ai connu quelques échecs. Parmi eux, par exemple, Montaigne et Saint Augustin, James Joyce et Umberto Eco, Francis Bacon et Andy Warhol.
Juste un mot sur Montaigne : la forme déjà me rebute, je n'arrive littéralement pas à saisir le sens de la phrase et je trouve que la ponctuation ne fait qu'ajouter à la confusion. Quand le sens apparait,  soit qu'on me l'ait expliqué soit que j'ai accompli quelque effort personnel, je ne vois la plupart du temps qu'angélisme et banalité, égoïsme et autosatisfaction. Je sais que je suis dans l'erreur, que c'est choquant, indéfendable. Mais pour moi, c'est comme la cuisine japonaise: j'ai goûté et ça va comme ça.
Par contre, j'ai eu quelques réussites, dont Homère, Shakespeare, Flaubert, Virgile, Yourcenar, et, surtout, ma dernière découverte, Proust.
Ah! La Recherche! Tout le monde a lu ses trente premières pages, mais si peu les deux mille neuf cents dernières.
La Recherche, roman intense et distendu, habité de portraits cruels, drôles ou attendris de personnages à jamais disparus depuis cent ans, mais que l'on peut retrouver par surprise au croisement d'un diner pas trop intime et d'une humeur d'ethnologue.
Qui n'a pas rencontré de Cottard, de Basin, de Norpois, de Grand-Mère, de Françoise ? Qui n'a pas aimé puis détesté une Oriane de Guermantes ? Qui n'aurait pas voulu avoir pour ami un Swann ou un Saint Loup ? Qui n’a pas frôlé une Albertine ?
La Recherche, étude pointilliste d’une société extraordinairement inégalitaire mais totalement assumée et acceptée par les personnages mis en scène, quelles que soient leurs places sociales dans le roman.
Comment, aujourd’hui, ne pas être surpris, amusé et parfois choqué par les incommensurables fossés qui séparaient alors le grand monde de la bourgeoisie et la bourgeoisie du peuple, Charlus de Cottard, et Cottard d’André…
La Recherche, exposition de peintures de scènes immobiles ou animées, si romantiques, si fleuries et pourtant si précises et si réelles que l’on peut en entendre le fond sonore ou en sentir le parfum, si parfaites que l'on se demande pourquoi on n’a jamais rien lu de tel.
Comment mieux faire apparaitre le jeu d’un rayon du soleil sur le fer forgé d’un balcon ou les gerbes d’une fontaine au loin dans un jardin ?
La Recherche possède également une caractéristique rarement appréciée de notre temps où règnent les twitts, les texto et les mails. C’est celle d’avoir du  temps, d’être interminable. Ce qui chez d’autres auteurs serait un grave défaut, est, chez le petit Marcel, une qualité majeure. Quand on est bien dans un roman, qu’y a-t-il de plus confortable et de plus rassurant que de ne pas en voir le bout : Chouette ! Encore mille deux cent cinquante-trois pages !
La Recherche présente pourtant un défaut : lorsque vous en sortirez, tout ébloui, vous mettrez beaucoup de temps à ré-accommoder votre vue sur le reste de la littérature.
Titre: Re : Ne lisez jamais Proust! (Marcel Proust)
Posté par: ernya le 15 août 2014 à 17:51:58
Coucou, y a déjà un sujet sur Proust en fait !
ici : http://monde-ecriture.com/forum/index.php/topic,1881.0.html

je déplace ton message là-bas ? ^^
Titre: Re : Re : Ne lisez jamais Proust! (Marcel Proust)
Posté par: Meilhac le 15 août 2014 à 18:04:48
salut
Coucou, y a déjà un sujet sur Proust en fait !
ici : http://monde-ecriture.com/forum/index.php/topic,1881.0.html

je déplace ton message là-bas ? ^^
bé oui, autant les fondre à mon très humble avis  ;)
bienvenue au club des fans champdefaye (petit détail en passant : n'hésite pas la prochaine fois à éviter de faire vingt lignes d'intro sur ton rapport à la lecture avant d'aller à l'os  :D   ;) )
y a un tome ou un passage que tu préfères dans proust ? tu as lu le proust hors-recherche ?
Titre: Re : Ne lisez jamais Proust! (Marcel Proust)
Posté par: Champdefaye le 16 août 2014 à 09:15:00
Bonjour Ernya,
Bien entendu d'accord pour que "Ne lisez jamais Proust" soit déplacé. En espérant qu'un jour vous trouviez Proust moins "chiant" et mieux écrit.(!!!!)
À mon avis, la bande dessinée n'est pas le bon moyen pour aborder ce monument.
Je signale qu'il existe un enregistrement complet de la Recherche. Il comporte une centaine de CD, soit une centaine d'heures. Le lecture est faite par Dussolier, Wilson, Galliene , Podalydes et Lonsdale. 

Bonjour Meilhac,
En écrivant ce texte, mon intention n'était pas de présenter la Recherche ou d'en faire imprudemment un résumé, mais d'expliciter le processus par lequel j'étais venu à Proust.
Un processus logique, en quelque sorte:
 1) Proust est considéré, et pas seulement en France, comme le plus grand écrivain occidental du 20ème siècle.
 2) Proust m'a découragé quand j'étais au lycée.
3) tous ces gens qui disent aimer Proust ne sont pas des menteurs ou des snobs (quelques uns, oui)
4) Je vais donc essayer de lire la Recherche.

Pour ceux qui ont peur de se lancer dans la Recherche. je donne habituellement deux conseils:
a) commencez par les 50 premières pages de Contre Sainte Beuve. Si vous aimez, vous aimerez la Recherche
b ) si la phrase longue de Proust vous paraît difficile, lisez le texte à mi-voix et le sens apparaîtra sans difficulté.
Donc, avec mon texte, je n'ai pas voulu écrire un article de catalogue sur Proust, il y en a déjà tellement, mais donner des raisons et des  impressions de lecture.
Peut être aurais-je dû le placer dans la rubrique Textes Courts.

En ce qui concerne la question de mon  volume préféré, c'est Sodome et Gomorrhe.
Quant aux bouquins sur Proust, j'ai bien aimé " le manteau de Proust" , "Monsieur Proust"  de Céleste Albaret, le dictionnaire des Einthoven père et fils, un livre de Samuel Beckett dont j'ai oublié le titre.
Les pastiches sont un plaisir,  mais je n'ai pas pu avancer dans  Jean Santeuil.
Il me reste à lire le Temps retrouvé.
Titre: Re : Ne lisez jamais Proust! (Marcel Proust)
Posté par: ernya le 16 août 2014 à 10:05:15
Je déplace donc ! ;)

Sinon, Champdefaye, j'ai pas relu le sujet en détail mais je crois pas avoir dit que Proust aurait dû mieux écrire. J'ai juste fait une remarque tintée d'une légère ironie sur ses paragraphes longs (clin d'oeil à mon sujet de mémoire sur le paragraphe flaubertien, private joke que tu ne pouvais pas saisir mais que d'autres membres oui ^^), c'est tout. J'ai beaucoup de mal avec Proust, c'est un fait. J'accroche mal à son humour - que je perçois mais de manière très superficielle à en croire mes anciens profs.
Aborder Proust par une lecture, très peu pour moi, j'accroche pas à un texte quand on me le lit, mais ça peut être une autre approche, en effet.
Le Contre Sainte-Beuve, j'aime bien la thèse essentielle sur le moi de l'artiste et le moi biographique mais dans l'ensemble, j'ai eu un peu de mal avec tout le début très très égocentrique.

Par contre, j'ai beaucoup aimé Proust de Beckett, il a une lecture très intéressante du rapport vis-à-vis du souvenir chez Proust (c'est à peu de choses près la même lecture que celle que fait Walter Benjamin). J'ai aussi beaucoup aimé un bouquin critique que j'ai lu sur Proust qui analysait la structure du processus de l'épiphanie au fil de l'oeuvre en montrant, si je me souviens bien, que Proust favorisait aussi les épiphanies pour le lecteur en parlant de choses déjà lues par le lecteur au fil de l'oeuvre.

Bref, en règle générale, je trouve que Proust est plutôt intéressant à partir du moment où je suis guidée par des critiques, à partir du moment où j'y entre par des entrées thématiques et non selon un processus de lecture solitaire et linéaire. Du coup, à lire par moi-même, juste pour le plaisir de la lecture, j'accroche très très peu, il me manque un souffle pour avancer.

Peut-être que ça viendra plus tard mais tout ça pour dire qu'"aborder Proust", j'ai déjà essayé, oui. Et pour la BD, c'était plus par curiosité qu'autre chose (et je ne suis pas allée très loin dans ma lecture de planches parce que j'étais pas très convaincue).  ^^
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: LeBossu le 16 août 2014 à 15:06:02
Au fait, Céline commentant Proust, vous l'avez écouté ?
Non, mais merci, ça m'a permis de tomber sur cette page (http://proustien.over-blog.com/pages/Ils_ont_dit_de_Proust_ou_de_son_oeuvre-943118.html), bien intéressante (perso, c'est l'intervention de Gide que j'ai suivie avec intérêt).
Titre: Re : Re : Ne lisez jamais Proust! (Marcel Proust)
Posté par: Meilhac le 16 août 2014 à 15:37:07
salut  ;)

Quant aux bouquins sur Proust, j'ai bien aimé " le manteau de Proust" , "Monsieur Proust"  de Céleste Albaret, le dictionnaire des Einthoven père et fils, un livre de Samuel Beckett dont j'ai oublié le titre.
Je crois que le livre de Beckett s'appelle "proust" :--) (sacré samuel (à vérifier quand même)).
le manteau de proust j'ai trouvé ça chiant, mais le témoignage de céleste est très émouvant
d'ailleurs on la voit sur youtube, et elle a un côté poétesse, un peu comme la céleste de la recherche qui lui dit à l'hôtel de balbec qu'il est comme un oiseau qui se lisse les plumes, ou un truc comme ça (à propos de la mort de proust, la vraie céleste dit en gros "comme une étoile qui ne brille plus" dans le documentaire sur youtube, facile à trouver je pense, où on voit de beaux témoignages de mauriac et morand aussi).
quant à céline parlant de proust, je ne connais que sa célèbre phrase sur dudule et totor :--).
mais bon je suis modérément fan de céline.
si on veut faire de la comparaison, j'ai découvert cet été un truc marrant : scène de la mort de la grand=mère, dans céline aussi (mort à crédit, je crois) ! exactement comme celle de la grand-mère du narrateur de la recherche, en style céline. drôle de voir les deux styles racontant exactement la même chose (agonie, médecin, famille autour du pieu, respiration qui s'arrête, gamin qui sait pas trop où se foutre). j'ai lu ça dans le supplément du "monde" sur céline cet été.
dans proust, en gros, "la vie, en partant, avait emmené avec elle les désillusions de la vie" génial la fin de la scène de la mort de la grand-mère
bon ça me fait penser qu'on a toujours pas mis un extrait de proust dans ce fil de quatre pages. à l'occasion j'en mettrai un fendard (entre autres choses, à la recherche du temps perdu est un livre tout simplement hilarant).
édit : voici la chose
https://www.youtube.com/watch?v=s60bNcVr4IE

pour la BD, c'était plus par curiosité qu'autre chose (et je ne suis pas allée très loin dans ma lecture de planches parce que j'étais pas très convaincue).  ^^
yep, la bédé m'a paru tout simplement catastrophique (dessin moche, et un texte aussi génial rabattu sur des images aussi plates... ouille ouille ouille). par contre y a une réalisatrice qui a réussi à faire un film pas mal du tout à partir d'à la recherche du temps perdu, je vais essayer de retrouver la préférence.

quant aux conseils à ceux qui ont pas lu proust, moi j'ai en ai : si au bout de cinquante pages, on ne kiffe pas : laisser tomber :--).
comme disait proust lui même, un livre c'est un truc qui nous permet de lire en nous. c'est comme une paire de lunettes, quoi. alors certes, vu qu'au début c'est avant tout bizarre, il faut quand même insister un peu, mais disons que si au bout de cinquante pages de proust on n'est pas un peu intrigué, intéressé, amusé, le mieux à mon avis, c'est de se dire "cet auteur ne m'aide pas à lire en moi, je vais en essayer d'autres", et d'essayer d'autres auteurs - d'autres lunettes, quoi :--).
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Ambrena le 16 août 2014 à 19:36:56
Je ne suis pas d'accord.  ;) J'ai commencé Proust par Un amour de Swann, en été, pour la prépa, et je me suis rarement fait aussi chier (eh oui !). J'ai persévéré et fini. Et puis j'ai lu depuis le tout début du Côté de Chez Swann, et là, j'ai vraiment adoré. En parallèle on commentait le texte en cours, et cela aussi, cela m'a permis d'aimer, alors que j'étais restée sur une mauvaise impression. Comme quoi !
Titre: Re : Re : Marcel Proust
Posté par: Meilhac le 16 août 2014 à 19:41:26
Je ne suis pas d'accord.  ;) J'ai commencé Proust par Un amour de Swann, en été, pour la prépa, et je me suis rarement fait aussi chier (eh oui !). J'ai persévéré et fini. Et puis j'ai lu depuis le tout début du Côté de Chez Swann, et là, j'ai vraiment adoré. En parallèle on commentait le texte en cours, et cela aussi, cela m'a permis d'aimer, alors que j'étais restée sur une mauvaise impression. Comme quoi !
Cool alors.  :)
Oui, autant pour moi, peut-être ça vaut le coup d'insister plus que cinquante pages.
et parfois, vivent les commentaires en cours effectivement.
lire un peu la préface, ça peut être pas mal aussi (chez gallimard poche, les préfaces des volumes de proust sont pas mal du tout).
par ailleurs, commencer par "un amour de swann", moi je ne le recommanderais pas particulièrement ("un amour de swann" est comme une petit aparté dans l'histoire, et le narrateur nous manque  :'(  :D ; à mon avis, le mieux : commencer par le début, et pi c'est tout :--)).
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Ambrena le 17 août 2014 à 01:03:56
par ailleurs, commencer par "un amour de swann", moi je ne le recommanderais pas particulièrement ("un amour de swann" est comme une petit aparté dans l'histoire, et le narrateur nous manque  :'(  :D ; à mon avis, le mieux : commencer par le début, et pi c'est tout :--)).
Ouép, je ne recommanderais pas non plus. Mais là, c'était conjoncturel - comme je le disais, je l'ai lu pour des raisons scolaires. Je pense que Proust, il faut le commencer du début et en entier. Mais si on n'accroche pas, ce n'est pas forcément la peine de tout laisser tomber (à moins de véritablement avoir développé une vraie aversion).
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Champdefaye le 17 août 2014 à 18:00:34
Un court portrait de l'un des personnages secondaires de la Recherche, une merveille:

Le docteur Cottard ne savait jamais d’une façon certaine de quel ton il devait répondre à quelqu’un, si son interlocuteur voulait rire ou était sérieux. Et à tout hasard il ajoutait à toutes ses expressions de physionomie l’offre d’un sourire conditionnel et provisoire dont la finesse expectante le disculperait du reproche de naïveté, si le propos qu’on lui avait tenu se trouvait avoir été facétieux. Mais comme pour faire face à l’hypothèse opposée il n’osait pas laisser ce sourire s’affirmer nettement sur son visage, on y voyait flotter perpétuellement une incertitude où se lisait la question qu’il n’osait pas poser: «Dites-vous cela pour de bon?» Il n’était pas plus assuré de la façon dont il devait se comporter dans la rue, et même en général dans la vie, que dans un salon, et on le voyait opposer aux passants, aux voitures, aux événements un malicieux sourire qui ôtait d’avance à son attitude toute impropriété puisqu’il prouvait, si elle n’était pas de mise, qu’il le savait bien et que s’il avait adopté celle-là, c’était par plaisanterie.
(Du côté de chez Swann)

A noter qu'à l'époque, on ne disposait pas des "émoticones" qui, irréfutablement,  auraient rendu la vie bien plus facile au Docteur.
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Ambrena le 18 août 2014 à 02:52:30
Ah, cela me rappelle comme j'adore ces bouquins, cette description de perso... :coeur:

Lol pour ton commentaire final, 'Faye, c'est sûr que des smileys lui auraient été bien utiles, au Docteur Cottard.  :mrgreen:

Pehache, pourquoi commencer par Sodome et Gommorrhe (ce que perso je ne recommanderais pas forcément, vu que c'est en plein milieu du livre) ? Des arguments choc pour défendre ce parti pris ?
Titre: Re : Re : Marcel Proust
Posté par: Milora le 18 août 2014 à 09:18:59
Je ne suis pas d'accord.  ;) J'ai commencé Proust par Un amour de Swann, en été, pour la prépa, et je me suis rarement fait aussi chier (eh oui !). J'ai persévéré et fini. Et puis j'ai lu depuis le tout début du Côté de Chez Swann, et là, j'ai vraiment adoré. En parallèle on commentait le texte en cours, et cela aussi, cela m'a permis d'aimer, alors que j'étais restée sur une mauvaise impression. Comme quoi !
Mais j'ai l'impression que Un amour de Swann est assez différent du reste du tome 1, non, si je me souviens bien ? J'avais lu le 1er volume pour la prépa moi aussi, et autznt j'avais vraiment apprécié l'ambiance, le style, le rythme du livre, autant j'avais dû fqire des efforts pour la partie Un amour de Swann... (Ceci dit c'est peut-être juste une question due goût concernant les termes abordés et l'histoire, parce que quand j'ai lu Albertine disparue pour la prépa aussi, j'ai eu la même impression qu'avec Un amour de Swann. Les sentiments et pensées explorés par le narrateur (jalousie, obsession, souffrance) m?omt rendu la lecture désagréable)
Titre: Re : Re : Re : Marcel Proust
Posté par: Meilhac le 18 août 2014 à 11:02:30
Je ne suis pas d'accord.  ;) J'ai commencé Proust par Un amour de Swann, en été, pour la prépa, et je me suis rarement fait aussi chier (eh oui !). J'ai persévéré et fini. Et puis j'ai lu depuis le tout début du Côté de Chez Swann, et là, j'ai vraiment adoré. En parallèle on commentait le texte en cours, et cela aussi, cela m'a permis d'aimer, alors que j'étais restée sur une mauvaise impression. Comme quoi !
Mais j'ai l'impression que Un amour de Swann est assez différent du reste du tome 1, non, si je me souviens bien ? J'avais lu le 1er volume pour la prépa moi aussi, et autznt j'avais vraiment apprécié l'ambiance, le style, le rythme du livre, autant j'avais dû fqire des efforts pour la partie Un amour de Swann...
yep, je suis comme toi Milo, Un amour de Swann c'est génial, mais un rien moins génial que le reste, puisque ce n'est pas à la première personne ; et le style et le génie de proust s'expriment encore mieux à la première personne (pas un hasard si proust avait essayé d'écrire son grand roman à la troisième personne (jean santeuil) et avait laissé béton; ralala ces histoires de voix décidément c'est crucial.)

sinon je pense comme toi Ambrena : absolument aucune raison de commencer la lecture par le quatrième tome (drôle d'idée, à tout le moins)

et sinon oui les émoticônes auraient pu être utiles à Cottard (ou à Charlus, qui parfois aussi laisse flotter des sourires ambigus sur son visage, dans les soirées et réceptions, pour éviter qu'on vienne l'emmerder :--)); mais je sais pas si un émoticône aussi ambigu que celui que décrit proust existe ; un émoticône qui demande dites vous cela pour de bon... faut l'inventer ! marcel, ressuscite, et viens faire le webdesigner :--) !
Titre: Re : Marcel Proust
Posté par: Champdefaye le 19 août 2014 à 20:26:57
En réponse à Meilhac, je précise que c'est Nina Companez qui a réalisé pour la télévision une "Reherche du temps perdu" en quatre épisodes d'une heure chacun. Extraordinaire réalisation, avec des acteurs tous excellents. A voir, à louer, à acheter, à emprunter, à voler, irréfutablement.

Je reproduis ci-dessous un très court extrait du passage le plus connu de la Recherche, c'est à dire celui de la petite madeleine (le texte intégral de la petite madeleine tient environ trois pages). Cet extrait donne un exemple pour moi parfait de la phrase proustienne: longue, précise, découpée, énumérative, évocatrice, splendide...l'édifice immense du souvenir porté par une goutelette. L'édifice immense du souvenir...

Et vous verrez, les gars, quand vous serez grands, c'est vrai.

Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.

(Du côté de chez Swann)
Titre: Mais enfin, pourquoi faut-il donc toujours relire Proust ?
Posté par: Champdefaye le 07 juin 2022 à 18:14:23
L’homme élégant et la femme du monde ne lisent pas Proust. Ils le relisent.
Le vieillard cacochyme aussi, mais lui, il croit que c’est la première fois.
Vous voulez savoir pourquoi il  faut relire Proust ? Eh bien, je vais vous le dire. Mais pour que vous en soyez vraiment convaincus, je vais le faire par le truchement de quelques spécialistes.

D’abord, relire pour le plaisir :

C’est peu dire que le plaisir proustien par excellence n’est pas celui de la lecture, mais celui de la relecture.
Laurence des Cars, présidente du musée d’Orsay

Ensuite parce qu’à chaque relecture, on s’intéresse à des choses différentes :

Bonheur de lire Proust : d’une lecture à l’autre, on ne saute jamais les mêmes passages.
Roland Barthes

Et aussi, parce que la première fois qu’on entre dans la Recherche, il est rare qu'on aille au bout :

Je crois que Proust est plutôt un livre de relecture que de lecture. Il faut l’avoir lu d’abord tout entier, s’y être perdu, l’avoir peut-être détesté à certains moments, l’avoir rejeté, l’avoir repris, puis, après, on prend Proust, on l’ouvre, on commence à lire une phrase, et on suit et généralement on va jusqu’au bout ; en tout cas pour moi c’est l’expérience que je fais chaque fois.
Jean Giono - Interview - 1965

Et enfin, parce que pour lire Proust, il faut avoir lu. Ce n'est pas moi qui le dis :

(…) Parce que pour lire Proust, il faut avoir lu, et c’est une nouvelle défaite qu’il faut accepter pour le lecteur. Il est impossible, à la première lecture, de déceler toutes les références poétiques, philosophiques, théâtrales ou picturales qui sont disséminées tout au long de ces plusieurs milliers de pages. Platon, Montaigne, Corneille, Racine, Saint-Simon, Chateaubriand, Hugo, Balzac, Dostoievski sont présents derrière chaque syllabe et c’est sûrement pour cela que la littérature critique autour de Proust n’est pas prête d’en venir à bout ;
Julien Leclercq - Le Nouveau Cénacle

Donc, lisez et relisez Proust ! La phrase qui suit par exemple, celle qui conclut le fameux épisode de la Madeleine. Mais attention, danger ! Sa lecture répétée sans précaution peut provoquer un grave choc esthétique ; surtout si l'on prononce les mots à mi-voix. Essayez :

Et comme dans ce jeu où les Japonais s'amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d'eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s'étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l'église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé.
Marcel Proust - Du côté de chez Swann
Titre: la phrase de Proust
Posté par: Champdefaye le 01 septembre 2022 à 20:43:23
La phrase de Proust... musicale, magique, complexe, mathématique, interminable, incompréhensible, voilà quelques uns des qualificatifs qui lui ont été donnés. Voici ce qu'en a dit Paul Morand, lumineux :
"Cette phrase chantante, argutieuse, raisonneuse, répondant à des objections qu'on ne songerait pas à formuler, soulevant des difficultés imprévues, subtile dans ses déclics et ses chicanes, étourdissante dans ses parenthèses qui la soutiennent comme des ballons, vertigineuse par sa longueur, surprenante par son assurance cachée sous la déférence, et bien construite malgré son décousu, vous engaine dans un réseau d'incidents si emmêlés qu'on se serait laissé engourdir par sa musique si l'on n'avait été sollicité soudain par quelques pensées d'une profondeur inouïe ou d'un comique fulgurant."