Je voulais juste vous recommander chaudement "It Follows", un film d'épouvante assez controversé (la presse est très enthousiaste, mais les spectateurs beaucoup plus divisés)
Je ne voudrais pas exagérer les qualités de ce film (je n'ai pas vraiment perçu la dimension politique ou philosophique que certains on pu y voir), mais simplement dire qu'en tant que film d'épouvante, il atteint vraiment son but, et ce avec originalité et exigence formelle. Pour tout vous dire, je crois que je n'ai jamais eu autant les pétoches devant un film (et pourtant, j'en ai vu du film d'horreur en veux-tu en voilà).
Esthétiquement, on est vraiment à mi-chemin entre "Virgin Suicide" de Sofia Coppola et "Halloween" de John Carpenter (film auquel la musique omniprésente, les quartiers résidentiels et jusqu'aux voitures rétro ne cessent de faire référence). Mariage curieux s'il en est, mais diablement efficace.
Sur le plan de l'histoire, eh bien je dois dire que le postulat m'a paru très malin pour susciter la peur. Je préfère ne pas le dévoiler, d'ailleurs, car il paraîtra sans doute peu convaincant sous ma plume.
La représentation des personnages (un bande de jeunes ados américains) est elle-aussi assez originales : pour une fois, on n'a pas à subir pendant 1h30 les inanités d'ados décérébrés écoutant du rock de campus. Ces ados-là, joués avec sobriété par de bons acteurs, ne sont pas très causants, ou plutôt ne correspondent pas à certains prototypes éculés du genre. Pour vous donner une idée, une des filles de la bandes lit "l'Idiot" de Dostoïevski sur une tablette tactile en forme de miroir de poche, et inflige même parfois des citations de l'auteur russe à ses amis. C'est un détail, mais il est assez révélateur de la tentative du réalisateur d'échapper aux poncifs et à une représentation dénigrante de la jeunesse.
Alors certes, la sexualité semble être au coeur de leur préoccupation, comme dans les plus mauvais films du genre. Mais ici, la sexualité apparaît sur le mode du désir frustré, de la tentation un peu douloureuse, ou de l'expression d'un amour authentique, et non pas comme une pratique purement hédoniste dont un quarterback voudrait se vanter auprès de ses copains.
Plus fort encore, il semblerait presque que le réalisateur (ne me demandez pas son nom, je ne retiens jamais les noms de réalisateur) ait compris intimement le lien entre la sexualité et l'angoisse, et qu'il s'appuie sur cette compréhension pour créer les scènes les plus effrayantes de son film. Vraiment, j'ai eu l'impression que ce film allait chercher la peur jusque dans l'inconscient du spectateur, au lieu de jouer simplement avec les ressors classiques (effet de surprise, visages cachés, caméra subjective)
Voilà ce que j'aurais envie d'en dire...