[CamilleDelair]

^{Matin tristesse cet été où ma cour a perdu son coin de verdure. Moment d'émotion absurde}

Ce matin
On a coupé mon arbre.

Il était beau, fort et vaillant
Il absorbait mes rêves
Il tenait entre ses branches mes réveils brumeux
Et certains jours moins heureux.

Ce matin
On a coupé mon arbre.

Il rendait mon café encore plus savoureux
Mes cauchemars se rendormaient
Au rythme du vent dans ses feuilles
La vie semblait plus douce à l’ombre de son tronc.

Ce matin
On a coupé mon arbre.

Comme un ami silencieux,
Sa présence était puissante
Comme un vieil homme au coin du feu
Le temps, les tempêtes l’ont abîmés

Ce matin
On a coupé mon arbre.

Il insufflait la vie
Me rappelait souvent qu’elle vaut tout de même le coup
Il apportait la forêt au milieu du béton
Un refuge pour l’écureuil qui choisissait ses feuilles
Des balançoires pour les oiseaux les jours de chaleur

Ce matin
On a coupé mon arbre.

On a brisé ma vue
Mon regard ne se perd plus
Le charme s’est rompu.

Et mon coeur s'est fissuré.

[PhiléasThoubert]

Et me reviennent quelques notes, d'une chanson qui a bercé mon adolescence... Comme un arbre, comme un arbre dans la ville... Ou l'histoire de ce chêne, auprès duquel nous vivions heureux... Ô matin, tristesse...

[Claudius]

 

Un arbre, deuxième texte où nos amis de la terre indispensables sont menacés. J'aime bien cette plainte lancinante tout au long du discours.

C'est drôle, cela me rappelle le mien, le nôtre, celui de la cité où je vivais enfant puis ado. Un châtaignier sur lequel on grimpait pour consommer notre goûter en rentrant de l'école ! Quelle drôle d'idée, mais c'était notre arbre... Quand on a su qu'il allait être coupé, que le champ deviendrait un lotissement dans les mois suivants, nous étions tous aux fenêtres les larmes aux yeux, le regardant tomber... on a coupé notre arbre, toute une jeunesse qui s'enfuit. Des souvenirs en sanglots...

Merci pour ce texte qui a fait remonter ces souvenirs.

De plus j'aime bien les images que tu as associées à ce texte.

 

[CamilleDelair]

Merci pour vos commentaires 

J'hésite souvent à publier certains poèmes en pensant que cela ne parlera à personne! Et puis on réalise qu'on n'est jamais seul 

[Fried]

Bonjour,
ton poème sur cet arbre me parle, il me dit comme l'on peut ressentir sa présence bienveillante et réaliser ce qu'il était quand il vient à disparaitre.
Oui je pense aussi à Brassens avec "auprès de mon arbre je vivais heureux"
merci pour ce partage

[CamilleDelair]

Fried,

C'est tout-à-fait ça. Il faisait partie de mon nouvel environnement, et on me l'a enlevé bien vite.
Je ne parle pas de mon coeur brisé quand l'écureuil a continué à venir chercher son nid... un déchirement pour moi.