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Auteur Sujet: Tout sur la flèche  (Lu 6715 fois)

Hors ligne Krapoutchniek

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Tout sur la flèche
« le: 05 mars 2009 à 15:35:49 »
L'autre jour, je cherchais le meilleur mot pour désigner la pointe d'une flèche(et ce mot se trouve être... "la pointe"  :noange: ). En lisant un article ou deux, je me suis rendu compte que ça pourrait en faire un bon article pour le Mde. J'écarte évidemment d'emblée les méthodes de fabrication modernes, vu qu'on est tous des fervents partisans de la fantasy  :mrgreen:





1) Une flèche, c'est quoi ?

Non, non, je ne vous prends pas pour des abrutis en posant cette question :p
Mais tout bon article passe par là.

Une flèche est donc une arme de jet, constituée d'un tube ou fût, composé d'une pointe à une extremité et d'une encoche à l'autre. Elle est tirée par un arc ou une arbalète(on appelle alors la flèche un "carreau"). Les flèches sont généralement conçues soit pour la chasse, soit pour la guerre.

Le fût est généralement en bois(quoiqu'actuellement, on en trouve aussi en métal ou en fibre de carbone). L'empennage, qui stabilise la flèche, est constituée de plumes. La pointe est souvent un silex coupant, un bout d'os ou constituée de métal. Enfin, l'encoche peut-être fabriquée en bois, en plastique, etc... et sert à maintenir la flèche avant le tir.

Un carquois est une poche en bois ou en cuir qui contient les flèches. On le porte généralement dans le dos ou en bandoulière.




2) Fabrication

A) Matériel

- Des fûts
- Des plumes
- Des fils de tendon et de la colle de peau
- Des lames de silex coupantes
- Un feu



B) Les fûts

Avant toute chose, il faut choisir du bon bois pour faire ses flèches. De la qualité de ce bois dépendra la qualité de la flèche et même plus simplement : de la qualité du bois peut dépendre la réalisation de la flèche. En d'autres mots, du mauvais bois peut rendre difficile la fabrication de la flèche, voire même n'aboutir à rien. Les futurs fûts ne doivent pas contenir de moelle trop importante, sous peine de rendre difficile la fixation de la pointe et rendre la flèche ainsi que l'encoche fragiles. Le cornouiller ferait d'excellentes flèches. Evidemment, les pousses que l'on cueille doivent être le plus droit possibles.

Après avoir récolté ses fûts, il faut procéder à un redressage. C'est-à-dire que l'on chauffe les fûts, avec une flamme pas trop intense(il ne faut pas enflammer le fût), sans enlever l'écorce afin de les redresser. Lorsque c'est fait, il faut laisser les fûts au sec et au frais, toujours sans enlever l'écorce, pendant 5 à 6 semaines. Afin de ne pas rendre le redressage inutile, il vaut mieux lier plusieurs fûts ensembles ou les les lier à une plance de bois parfaitement droite.

Ensuite, il faut vérifier que les fûts ne soient pas fendus. S'ils ne sont pas droits, il faut les redresser une seconde fois. L'écorce peut alors être enlevée et les fûts devront de nouveau être mis au sec et au frais durant 2-3 semaines.

Puis, on rabotte la flèche, afin qu'elle ait un diamètre convenable(8 millimètres pour les flèches longues, 7 millimètres pour les courtes). La partie(d'environ un centimètre de long) contenant l'empennage est plus épaisse.

Un redressement à la chaleur peut être effectué, tant que l'empennage n'est pas mis. Il faut laisser sécher un jour ou deux. Pour éviter de brunir la flèche lors du redressement, on peut huiler ou graisser les parties à redresser. Sauf la partie qui contiendra l'empennage, car la graisse pourrait empêcher la colle de maintenir l'empennage comme il faut.

Les raynures de l'empennage peuvent se faire grâce à un outil prévu pour, ou à défaut, un couteau. Il suffit de suivre le fut sur sa longueur, en appuyant fermement. Trois raynures devront être effectuées. Un dernier redressement à la chaleur(à ce stade, les plumes ne sont pas mises) peut être fait.



C) Les pointes

Les pointes sont choisies en fonction du type de cible : guerre ou chasse. Les "flèches d'entraînement"(pour tirer dans de la paille) ne nécessiteront pas de pointe sophistiquée, par exemple.

Les pointes destinées aux cibles doivent être pointues mais non tranchantes(sous peine d'arracher le papier en enlevant la flèche). Celles destinées à la chasse doivent être tranchantes. Celles pour l'homme de préférences barbelées(dentelées). Mais de manière générale, n'importe quoi de pointu et/ou tranchant peut faire l'affaire(un os, du silex).

Il vaut mieux fixer solidement ses pointes, surtout si on compte les réutiliser. Il faut pratiquer une encoche dans l'extremité opposée à l'empennage. On peut tailler cette extremité en pointe. Le talon de la pointe est chauffée et fixé dans l'encoche. On y ajoute de la résine de pin ou de la colle de peau. On laisse refroidir en serrant le fût sur la pointe. Pour consolider, on ajoute du fil de tendon trempé dans de la colle de peau.



D) L'encoche

Pour faire l'encoche, il faut creuser un sillon de 5-6 millimètres de profondeur et de 4 millimètres de large. Généralement, l'encoche est perpendiculaire à la pointe.



E) L'empennage

N'importe quoi peut faire l'affaire mais les plumes font les meilleurs empennages. Classiquement, on aura trois plumes : une plume "coq" et deux plumes "poule"(des plumes d'origines différentes donc). Mais les trois plumes doivent venir de la même partie d'un animal(aile gauche ou droite, plumes de queue, ...) même s'il s'agit d'animaus différents. Les trois plumes doivent être séparées chaune en deux, dans le sens de la longueur. On peut alors utiliser ces trois plumes pour deux flèches. L'épaisseur des rachis des moitiés de plumes doivent être réduite avec un couteau, pour pouvoir se glisser facilement dans les rayures.

Les plumes peuvent être placées sur la flèche. Le rachis des plumes est encollé avec de la colle de peau. La plume "coq" est placée perpendiculairement à l'encoche. On ajoute du fil de tendon pour maintenir les plumes et on plaque ces dernières sur le fût. On peut donner un mouvement tournant aux plumes.

Ensuite, on taille les plumes pour leur donner la hauteur et l'aérodynamisme que l'on souhaite.  On peut aussi ajouter du duvet coloré pour faire joli(en soi, il ne sert à rien).



F) Finitions

Il ne reste plus qu'à faire les finitions éventuelles. A savoir, polir le fût, lui donner du brillant à l'aide d'un os ou d'un andouiller et de le cirer ou le huiler.







Et voilà, maintenant, vous devriez savoir comment fabriquer une flèche. Donc, pas question que vos personnages se fabriquent une quinzaine de flèches en une soirée, au coin d'un feu. Sauf si vous voulez que votre histoire ne soit pas hyper réaliste  :noange:
« Modifié: 05 mars 2009 à 18:36:16 par Krapoutchniek »
It will reveal its meaning when it lives in victory...

Hors ligne Leia Tortoise

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Re : Tout sur la flèche
« Réponse #1 le: 05 mars 2009 à 16:38:22 »
pour l'instant je n'ai lu que le début, mais...

Citer
ou en boudilière.
En bandouillère, peut-être?  :mrgreen:
Of course it is happening inside your head, but why on earth should that mean that it is not real ?
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Re : Tout sur la flèche
« Réponse #2 le: 05 mars 2009 à 18:21:05 »
Citation de: Leia
pour l'instant je n'ai lu que le début, mais...

Citer
ou en boudilière.
En bandouillère, peut-être?  :mrgreen:
plutôt en bandoulière :mrgreen:


ah c'est trop bien !


pour des compléments sur la fabrication des arcs, lire Le Ventre de l'arc de K. J. Parker (tome 2 de la Trilogie Loredan)
dont be fooled by the gros that I got ~ Im still Im still lolo from the block (j Lo)

Hors ligne Krapoutchniek

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Re : Tout sur la flèche
« Réponse #3 le: 05 mars 2009 à 18:34:42 »
Heu oui, bandoulière  :-[



Edit :

Autre erreur :

Citer
de la qualité du bois peut dépendre la réalisation du bois

La réalisation de la flèche, évidemment >_<
« Modifié: 05 mars 2009 à 18:36:54 par Krapoutchniek »
It will reveal its meaning when it lives in victory...

Hors ligne Kei

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  • Où est mon arc?
Re : Tout sur la flèche
« Réponse #4 le: 05 mars 2009 à 18:50:41 »
Si tu permets que j'apporte mon grin de sel...

Ne devrait-on pas plutôt dire que l'arc, l'arbalète ou la sarbacane est l'arme de jet, et la flèche ou le carreau le projectile?

Si tu cherches toujours un synonyme de pointe, on parle parfois de fer, comme pour une lance.
Elles ne sont pas forcément incisives. Pour la chasse par exemple, on utilisait couramment pour le petit gibier et les oiseaux des pointes lourdes et sphériques, afin de briser le crâne ou la cage thorassique de l'animal sans abimer sa fourrure ou son plumage.

Voili, voilou ^^
Good, better, best. Never let it rest.
'Til your good is better and your better is best.

pehache

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Re : Tout sur la flèche
« Réponse #5 le: 31 août 2009 à 12:53:06 »
"J'avais à mon carquois les flèches de tout possible" A. Melon-Degras

Hors ligne xavion

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Re : Tout sur la flèche
« Réponse #6 le: 29 mars 2013 à 16:43:46 »
Vu la finesse de la description de la fabrication de la flèche, je me permet de rajouter un détail qui est fondamental.

Lorsque les futs ont été bien fignolés comme tu le décris dans la phase B. Il reste à choisir ceux qui seront spécifiquement adaptés aux caractéristiques de l'arc pour lequel les flèches sont destinées :  l'allonge et la puissance.

C'est pour résoudre ce que les archers appellent "le paradoxe de l'archer" :
- étant donné la largeur de la poignée de l'arc, la poussée que la corde exerce sur la flèche se fera dans une direction légèrement différente que l'axe de tir (en gros la flèche pointe un peu à gauche pour un archer droitier). Et pourtant, une bonne flèche "sort" exactement dans l'axe de tir : elle contourne la poignée, valse un peu sur les premiers mètres de vol, et se rééquilibre sous l'action de l'empennage, dans le bon axe.
Pour pouvoir faire ça elle ne doit pas être trop rigide (elle partirait "comme un barreau de chaise", sans épouser la poignée, elle ne part pas dans la direction visée), ni trop souple (elle valserait comme une folle et ne pourrait pas s'équilibrer, elle part dans la bonne direction mais elle ne peut pas être précise ; de plus si elle est vraiment trop souple elle peut se briser à la décoche et blesser la main de l'archer, ).
Pour un même spin (terme qui désigne la souplesse du fut), plus la flèche est grande, plus elle sera souple. Par ailleurs, plus l'arc est puissant, plus les flèches doivent être rigides. Il faut jongler avec ces deux paramètres pour une flèche qui vole vraiment bien sur un arc donné (et elle volera peut-être comme un fer à repasser sur un autre arc).

Ca donne une idée de la valeur d'une bonne flèche, c'est long à fabriquer et il faut en faire des tas pour en trouver une qui vole "comme sur un fil". Quand on veut mettre en scène un personnage d'archer, il faut tenir compte de ça ; il ne balance pas ses flèches à droite et à gauche, il va les chercher chaque fois que c'est possible ; il peut en avoir une quantité dans son carquois, mais dans le tas il en aura toujours quelques unes qui volent mieux que les autres, il les reconnais, il connait leur vol et il fais en sorte de ne pas les perdre ni les briser. Et il est vert quand ça arrive. Croyez-moi, c'est du vécu !

pehache

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Re : Tout sur la flèche
« Réponse #7 le: 01 avril 2013 à 08:26:46 »
Et maintenant, expliquer clairement pourquoi seul Odysseus était à même de bander son arc.

Hors ligne xavion

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Re : Tout sur la flèche
« Réponse #8 le: 01 avril 2013 à 13:33:22 »

Parce qu'Ulysse était le plus costaud
Parce qu'Homère l'a décidé comme ça.
Parce que c'est plus classe que la tâche de naissance sur la fesse pour reconnaitre un personnage qui rentre au bercail.
Et surtout
Parce que "la bandaison papa, ça ne se commande pas".

pehache

  • Invité
Re : Tout sur la flèche
« Réponse #9 le: 01 avril 2013 à 16:21:04 »
Non, Ulysse n'était pas "le plus costaud".
Me suis laissé dire que, si la force était fondamentale, il y avait aussi une question de proportions.
Kiki sait ?

Hors ligne xavion

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Re : Tout sur la flèche
« Réponse #10 le: 01 avril 2013 à 17:53:23 »
Je pratique le tir à l'arc depuis 25 ans, je ne dis pas ça par pédanterie, juste pour expliquer pourquoi je me permet d'afficher cette certitude sur ce sujet. Bien sur je peux me tromper, je propose juste ma réponse.
Bander un arc ce n'est pas la même chose que l'armer. Ulysse est reconnu au fait qu'il peut armer son arc (le tendre au maximum avec la flèche sur la corde, pour pouvoir décocher), mais on utilise souvent le verbe "bander" pour rendre compte de cette action. J'ai imaginé que c'était à ça que tu faisais allusion (je me suis trompé ?). Bref, pour cette action, une fois qu'on maitrise la technique de base, ce n'est (à ma connaissance) plus qu'une question de force physique et de résistance à la douleur.
Les proportions de l'archer interviennent dans le choix des proportions de son arc : plus il est grand plus son allonge le sera, donc plus il va tirer sur la corde et plus il va tendre l'arc. Comme on tend un ressort : l'arc donnera d'autant plus d'énergie à la flèche qu'il aura été tendu. Un archer plus petit avec le même arc tirera moins loin la corde, donc l'arc développera moins de puissance pour lui que pour un grand archer.
Bander l'arc c'est l'action qui consiste à tendre la corde sur l'arc (le band, c'est la distance qu'il y a entre la poignée de l'arc et la corde quand il est bandé).

 


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