Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

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Le Monde de L'Écriture » Salon littéraire » Salle de débats et réflexions sur l'écriture » Au bout de combien de temps on se déteste ?

Auteur Sujet: Au bout de combien de temps on se déteste ?  (Lu 1815 fois)

Hors ligne Dreamer

  • Plumelette
  • Messages: 6
Au bout de combien de temps on se déteste ?
« le: 27 novembre 2020 à 21:22:05 »
Bonsoir à tous. Nouvelle ici vous trouverez ma présentation sur la page dédiée.
J'ai commencé à écrire il y a une dizaine d'années, j'appréciais ce que je faisais. J'ai mis l'écriture de côté le temps de faire des enfants puis me revoilà cherchant la plume.

20 000 mots ont mis en place une nouvelle histoire en cette fin d'année. Curieuse j'ai eu envie de relire ce que j'avais entrepris il y a 10 ans et mon Dieu, c'est dégueulasse ! Je n'ai pas d'autre mot désolé, les phrases sont mal tournées, les temps ne sont pas harmonieux , l'histoire est plate... Pourtant j'en étais contente à l'époque.

Je me suis lu et relue plusieurs fois dans ce nouveau texte et il me plaît. Sans grande prétention je vous le promet car je ne suis pas du genre à m autoriser les éloges. (Ni à autoriser les autres d'ailleurs)

Je voulais connaître à partir de quel moment on était
vraiment objectif sur nos écrits? A quel moment on redescend de l'imprégnation de l'histoire qui nous habite, nous permettant d'être bon juge de ce qu'on fait...

Je ne sais pas si je suis claire, je ne voudrai pas transmettre mon texte a des lecteurs pensant qu'il est bon alors que c'est pourri...

Merci beaucoup !

Hors ligne Julien-Gracq

  • Aède
  • Messages: 163
Re : Au bout de combien de temps on se déteste ?
« Réponse #1 le: 28 novembre 2020 à 03:56:17 »
Bonsoir,

Je pense que ça dépend avant tout de l'auteur : certains ont la faculté d'oublier rapidement ce qu'ils ont écrits, ce qui permet une distanciation préalable facilitant la critique quand vient le temps de se relire, d'autres non ; certains arrivent à se mettre dans la condition sereine et neutre d'un lecteur lambda ou incisive d'un critique face à leur texte (plus ou moins), d'autres en sont moins capable et restent la proie de leur pathos, auquel cas ils jugent hasardeusement de leur texte au grès de leur humeur...
Cela dit, arrivé à un certain niveau, j'ai idée que quel que soit le texte, un bon auteur est censé ressentir assez précisément ce qui ne va pas.

Puis dans ton cas, en dix ans, même sans avoir beaucoup écris entretemps, tu as dû murir sur tous les plans, ce qui fait que nécessairement, tu as objectivement progressé et donc est mieux à même de voir les défauts de tes écrits passés.

Mais sinon, pour plus de sûreté, après le premier jet, le point définitif et une première relecture pour éliminer les coquilles, laisse-toi plusieurs jours, fais toi la main sur d'autres écrits, et puis revient sur ton texte terminé une ou deux semaines plus tard. Normalement tu verras mieux ce qui va et ne va pas, car tu te seras distancié, et auras peut-être même un peu oublié le ton, la voix du texte, te permettant d'expérimenter l'expérience du lecteur qui se confronte à l'altérité de l'auteur, à une voix, un prisme particulier, et voir si on y rentre bien ou si ça coince sur quelques points à modifier.

Hors ligne Cath4

  • Plumelette
  • Messages: 9
Re : Au bout de combien de temps on se déteste ?
« Réponse #2 le: 28 novembre 2020 à 13:04:14 »
Je ne sais pas si l'on peut être objectif sur ses propres textes. Quand on écrit, on souhaite exprimer une idée, un sentiment, une émotion qui nous est propre et qui correspond à notre "moi" du moment. Quand on relis, son texte, c'est rare que l'on lise les mots. Finalement on revit le moment où on l'on écrit. On peut alors être nostalgique du moment, ou au contraire pathétique.
Faut simplement espérer que nos mots "du moment" vont toucher des lecteurs.

Hors ligne Tali

  • Plumelette
  • Messages: 11
Re : Au bout de combien de temps on se déteste ?
« Réponse #3 le: 28 novembre 2020 à 16:25:21 »
Hello !

Personnellement, j'ai toujours considéré que l'écriture était une histoire de ressenti. Ce que tu ressens à un moment ne sera pas nécessairement similaire à ce que tu ressens à un autre, tu n'auras pas les mêmes idées en tête, les mêmes pensées ni les mêmes connaissances dans deux moments différents.
Si en plus, tu regardes 10 années en arrière, il y a de fortes chances que ce soit encore plus marqué !

C'est également une des questions que je me pose assez souvent en regardant mes précédents écrits. Ayant écrit ma toute première histoire à 14 ans, soit il y a 10 ans (jolie coïncidence), j'ai acquis beaucoup de vocabulaire depuis, et les cours au lycée m'ont aidé à comprendre beaucoup de choses et à en apprendre beaucoup d'autres.
Ainsi, lorsque je regarde cette première histoire, ces premiers mots bourrés de fautes d'orthographe et de temps, et vraiment peu agréables à la lecture, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il ne pourrait très bien s'agir que d'une erreur du passé.
Et pourtant, il s'agit bien de mon premier texte, aussi horrible soit-il. Il fait partie de mon expérience, de mon évolution, et comme pour toute forme d'art, il faut bien commencer quelque part !
L'avantage de l'écriture, c'est qu'on n'arrête jamais véritablement d'écrire : on parle, on réfléchit, on invente, on imagine... Tout ça au quotidien, avec ou sans stylo (ou à défaut, clavier). C'est une des façons qu'il existe pour évoluer de façon passive.
Rencontrer des gens, intéressants ou non, discuter avec eux, tout ça nous permet de les entendre parler et d'avoir un aperçu de leur façon d'utiliser les mots.

Tout ça pour dire qu'il n'y a rien de plus normal que de ne plus apprécier quelque chose que l'on a écrit et apprécié pendant des années. Parfois même, tu finis pas ne plus autant apprécier certaines lectures qui te faisaient rêver auparavant autant que tu ne le souhaiterais !

Pour en revenir à la question initiale... Au bout de combien de temps se déteste-t-on ?
Je pense qu'il n'y a pas de réponse absolue. Je suppose que ça commence à partir du moment où on a assez appris pour considérer que les premières tentatives sont mauvaises. C'est alors le moment de réécrire pour donner une meilleure version à l'histoire, la corriger, la développer, l'améliorer.

J'espère avoir pu te donner un élément de réponse. Ma réponse n'est sans doute pas absolue, mais c'est celle qui aide le mieux à progresser, à mon sens.
Rêve, rêve jusqu'à ne plus avoir d'imagination !

Hors ligne Aléa

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Re : Au bout de combien de temps on se déteste ?
« Réponse #4 le: 03 décembre 2020 à 13:35:28 »
Citer
A quel moment on redescend de l'imprégnation de l'histoire qui nous habite, nous permettant d'être bon juge de ce qu'on fait...

je ne pense pas que ce soit majoritairement une histoire de temps, mais d'état d'esprit. Quand on écrit, qu'on est dedans, on n'est pas objectifs (et c'est important de se le rappeler, parce que autant des fois on se dit que c'est génial parce qu'en fait on est en train de prendre son pied à écrire, autant eds fois on se dit que c'est de la merde alors que c'est pas forcément la faute du texte). Faut se dire qu'il y a forcément des défauts, quoi qu'il arrive, et que ça pourra se corriger plus tard, en relisant. Et je crois que le forum peut beaucoup aider justement à s'entrainer à ces phases de relectures, notamment en lisant les autres mais aussi en recevant des commentaires des autres qui nous poussent à réfélchir dessus, même si on n'est as d'accord ou que les remarques nous semblent à côté de la plaque, ça me semble important de s'entrainer à cette gymnastique mentale parce que c'est elle qui ouvre l'esprit sur nos textes et donc, nous pousse à être un peu plus critique. L'important c'est le recul. Pour le reste, "combien de temps il faut attendre ?" pour se lancer dans ces phases de relecture, là effectivement ça ne peut qu'être personnel... Quelques jours, quelques semaines, parfois quelques mois, là je crois qu'il n'y a que l'introspection et ta petite voix interne qu'il faut apprendre à écouter pour savoir si "c'est le moment d'aller y rejeter un oeil" (et oui, ça se trouve ça sera cringe et pas aussi bon que dans tes souvenirs, mais faut se dire que c'est justement maintenant que la deuxième partie de l'écriture arrive, tu peux mettre les mains dans le cambouis pour corriger le texte et qu'il corresponde à ce que tu veux ! Et des fois on redécouvre aussi des bonnes choses qui nous surprennent et font plaisir  :) )
Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
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Hors ligne Erwan

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Re : Au bout de combien de temps on se déteste ?
« Réponse #5 le: 03 décembre 2020 à 17:11:31 »
Pour ma part, je vois plusieurs cas. Déjà le temps permet la lucidité, certes, mais pas forcément le dégoût. En vérité, si le texte est vraiment mauvais par rapport aux auteurices qui nous servent d'étalon, alors c'est normal de "détester" son texte. Si on le trouve simplement jeune et immature, mais avec des qualités naissantes, c'est différent. Enfin, on peut le trouver de qualité déjà convenable, mais reconnaître que l'on pourrait faire mieux aujourd'hui.

Le problème de la réécriture est d'ailleurs là, c'est qu'on pourrait réécrire un unique texte toute sa vie ! Donc il faut bien à un moment couper le cordon et accepter que l'œuvre restera ce qu'elle est, c'est à dire le témoin d'un instant donné dans son parcours artistique. Se détester pose aussi un problème qui est de ne pas assumer son parcours d'apprentissage, comme si on devait avoir du talent dès le départ... Ou alors, c'est qu'on idéalise son œuvre beaucoup trop, ce qui est parfois le cas pour des débutants qui n'ont pas encore subis assez de revers et de désenchantements pour avoir plus de sagesse. Le mieux, je crois, c'est de réserver son jugement sur son œuvre dans un premier temps pour éviter le piège de la descente aux enfers ;).

Après, il y a des auteurices qui se pourrissent terriblement elles-mêmes, et d'autres qui rejouent le mythe de Narcisse, et encore plus qui naviguent entre les deux. Quand je vois les merdes que j'ai pu pondre, ça me fait sourire, c'est mignon comme des dessins d'enfants, j'étais encore tout petit et je grandissais. Et c'est encore vrai aujourd'hui...  :huhu:

Hors ligne rigolote

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Re : Au bout de combien de temps on se déteste ?
« Réponse #6 le: 06 décembre 2020 à 23:00:55 »
Sujet intéressant.

J'écris souvent extrêmement vite, ensuite je relis : c'est nul à c....
J'efface chaque ligne une à une jusqu'à ce que chaque phrase soit parfaite. Long processus.
Satisfaction.
Je relis quelques années plus tard : c'est complètement nul
Il m'arrive d'être satisfaite de temps en temps
Le mieux est de faire lire aux autres à ce moment là.
Les proches en général adorent
Mais les vrais gens?
D'où le forum.
Nous voilà





Hors ligne Aléa

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Re : Au bout de combien de temps on se déteste ?
« Réponse #7 le: 06 décembre 2020 à 23:38:34 »
faut aussi être un peu tolérant avec soi-même, c'est normal de pas écrire parfaitement, ça demande du travail, mais faut pas basculer dans l'autre sens et tout voir en mal, mais comme tu dis d'où le forum :)
Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
- Alain Damasio

Hors ligne cyamme

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Re : Au bout de combien de temps on se déteste ?
« Réponse #8 le: 07 décembre 2020 à 10:08:29 »
Effectivement je crois que c'est vain de chercher une réponse. En général j'apprécie plutôt plus mes textes des années après que sur le moment... Enfin à l'époque où j'écrivais encore, du moins.  :mrgreen:

Et du coup, tout comme disent Erwan et BenG. Le "bon" moment pour commencer à retravailler ça dépend de chacun, de l'implication émotionnelle dans le texte et tout. Finalement c'est peut-être parfois pas plus mal que les réponses d'éditeur se fassent attendre. Ça force à avoir du recul au moment du retravail.

Tolérance, patience et retravail !

Hors ligne txuku

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Re : Au bout de combien de temps on se déteste ?
« Réponse #9 le: 07 décembre 2020 à 19:14:14 »
Bonjour

Je n ecris pas - c est une corvee pour moi ! :-[

Par contre je pratique la photographie - paysages - portraits.................

Et le gros travail c est le tri !!! :'(

Je supprime mes images apres chaque sorties - flou - mal cadre - composition ratee - mauvais reglages.....

Je le pratique une fois par mois de preference apres une mauvaise nuit - et trois cafes - toilette faite.
Et le tout sans trop reflechir.


Je ne crains pas d etre paranoiaque

"Le traducteur kleptomane : bijoux, candelabres et objets de valeur disparaissaient du texte qu il traduisait. " Jean Baudrillard

 


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