[Margault]

Salut tout le monde !
Je suis face à une petite embûche dans mon roman. Pour ceux qui n'ont pas lu les chapitres que j'ai publiés il y a quelques jours, j'écris un roman que je veux très réaliste, qui se déroule à notre époque, dans lequel certaines scènes sont (ou seront) très crues et explicites, certains personnages seront vulgaires, et il y aura quelques chapitres où il sera question de drogue.

Je sais que c'est ce que je veux écrire, simplement je bloque ! Je ne suis peut-être pas la seule à me poser cette question, mais comment parler de drogue, de sexe et de vulgarité tout en gardant un style littéraire correct ?

Petit exemple tout bête parce que je n'arrive pas à être claire : je veux qu'un de mes personnages passe son temps à fumer des joints. Typiquement, je ne sais pas comment écrire de manière romanesque qu'il fume un joint...

Peut-être avez vous des conseils ou des lectures à me proposer pour que je puisse travailler sur ce genre d'écriture ?



Deux vies

[Loïc]

"Il fume un joint"
Simple, clair, précis.

De rien.
Après ça dépend effectivement du ton et du registre de langue de ta narration, mais globalement, dire les choses telles qu'elles sont, c'est pas mal je crois.

Je réfléchis à des exemples au passage et je reviens si j'en trouve.

[Verasoie]

Un roman jeunesse qui me vient à l'esprit et qui est vraiment cool c'est Junk (de Melvin Burges), où parle beaucoup de sexe et de drogue, mais je pense pas qu'il entre dans une définition de "romanesque"... C'est pas cru comme style mais c'est pas non plus de grandes envolées lyriques.

Pour moi y'a pas de problème à l'expression "fumer un joint", ça dépend juste du contexte, des personnages, de leur milieu social... (je jette un oeil au fil de ton texte long pour mieux me faire une idée)
Dans ton incipit ça parle de bière, de ragots, de bar, ... l'expression "fumer un joint" détonnerait pas : ) . En tout cas elle serait plus appropriée (je suppose) que "consommer du cannabis" ou "avoir de rendez-vous réguliers avec Marie-Jeanne" ou encore "se rouler des cinq-feuilles en permanence", c'est plutôt neutre

Mais du coup je réitère ma proposition de roman, Junk a un style assez actuel, neutre, ni cru ni d'jeuns, ça peut t'aider : )

[Margault]

Merci !  Je vais essayer de le lire alors (surtout que j'ai lu le résumé, il a l'air super !)

Du coup suite à vos conseils j'ai écrit ça pour un des passages pour lesquels je bloquais, est ce que vous pouvez me dire ce que vous en pensez ?


- Tu n’as pas regardé ton téléphone ? J’ai essayé de t’appeler plusieurs fois.
Il relâcha légèrement son étreinte et l’embrassa sur le front. Il la dominait d’une bonne quarantaine de centimètres. Ses grands bras l’entouraient et, le visage caché contre sa poitrine, Sophia pouvait à peine respirer mais se sentait bien. Enfin, ce petit picotement dans le creux de son ventre était de retour. Elle ne partait pas seule, elle n’avait plus peur.
- Je l’ai perdu hier soir, lui répondit-elle.
En riant, Jonas glissa une main dans ses cheveux et s’amusa à la décoiffer. Puis il alla s’asseoir sur le banc le plus proche. Nonchalamment, il remonta les fines manches de sa chemise en coton et commença à se rouler un joint.
Tentant sans grand succès de remettre ses épaisses boucles brunes en place, Sophia s’installa à côté de lui. Elle l’avait déjà observé rouler des dizaines de fois mais ne s’en lassait pas. La feuille posée bien à plat sur son téléphone. Le carton habilement plié pour former un minuscule M. Le tabac tassé avec délicatesse sur toute la longueur de la feuille. Puis les petites fleurs vertes délicatement moulues et saupoudrées sur le tout. Elle adorait l’odeur qui en émanait.
Elle n’avait pas besoin de fumer, l’observation de cette scène suffisait à la détendre.
Jonas ne se tourna vers elle qu’après avoir tiré une première taffe.
- C’est pas si mal non ?
Sophia dû paraître étonnée car il ajouta :
- Pour ton téléphone. Au moins, t’auras pas à répondre à tes darons quand ils capteront que t’es partie. Plus de contacts, plus de barrières !
Elle acquiesça. Il avait raison. Quitte à partir, autant couper les ponts pour de vrai.

[Verasoie]

Les observations qui me viennent sont plutôt de l'ordre de :
- répétition délicatesse/délicatement
- j'croyais que le carton on en faisait une spirale
- j'croyais que le tabac ça se tassait pas
- la fascination de ce personnage et son envie de faire d'une poésie un rituel que j'associe habituellement pas du tout à la poésie, c'est chelou (attention, chelou n'empêche pas d'être intrigant et intéressant haha).

Bref si ton objectif c'est que Sophia voie le deuxième personnage comme super attrayant, mystérieux et bg de par sa consommation, je pense qu'il est atteint. En tout cas l'utilisation du vocabulaire me semble adaptée : )

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

[Miléna]

Peut-être écoute du rap (du bon) et du Renaud (dans ses premiers albums), c'est des artistes qui arrivent à rendre poétique des univers qui à priori ne le sont pas, du coup je pense que ça pourrait t'aider.

Dans tous les cas, je pense que le mieux est que tu t'imprègne de l'ambiance que tu essais de créer.
Par exemple : tu as des potes qui fumes des joints ? Demande leur pourquoi ils le font, ce qu'ils ressentent quand il fume, quand ont-ils commencé, quel rapport ils ont avec la fumette. Cumul des témoignage et créé la rapport au canabis qui sera propre à ton personnage, ton récit en sera beaucoup plus vivant je pense.

Pour moi si tu veux écrire quelque chose de très réaliste, le meilleur moyen est que tu connaisses ton sujet en faisant des recherches. Tu as peut-être aussi des centres sociaux qui gèrent des drogués, je sais pas s'ils accèpteraient de discuter de ça mais ça pourrait être intéressant aussi.

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

[Margault]

Merci pour vos réponses !

Concernant les répétitions je vais ajuster ça ! Sinon Verasoie le carton peut aussi se faire en M et le tabac se tasse 
Milena pour le rap et Renaud c'est une super bonne idée, je n'y avais pas pensé même si j'en écoute tout le temps !!

Et sinon pour vos autres remarques, non le but n'est pas simplement de le rendre "cool" ou mystérieux via le fait de fumer un joint, il y a toute une histoire en amont et en aval et cette scène n'est qu'un petit élément avec un détail très important pour la suite.
J'adorerais tout vous expliquer mais je vais vous spoiler toute l'histoire, donc dites moi si ça vous intéresse ou si vous préférez attendre que je poste les chapitres concernés

[Verasoie]

En ce qui me concerne et comme c'est pas vraiment le sujet de ce topic, je pense qu'on peut attendre que ce soit posté dans les textes longs (ça m'a d'ailleurs donné envie d'aller jeter un oeil, donc autant utiliser ma curiosité à cet escient héhé)

[Margault]

Ok! Ça va me motiver à continuer alors 

Merci pour vos conseils !

[O.deJavel]

Bonjour Margault,

Mon commentaire arrive sur le tard. Moi aussi je reviens sur le site MdÉ. Je te dois quelques réponses ailleurs. J’y viendrai. Je promets.

Pour illustrer comment un personnage “fume un joint” de façon romanesque, tu peux utiliser un outil d’écriture très pratique : La métaphore.

Il renonça à la réalité et s’enfonça dans son plaisir chimique.
Il se drapa dans le brouillard des volutes bleutées, à la recherche de l’oubli.
Incapable de sentir sa douleur, il inhala une dose d’insouciance.
Il troqua un peu de plaisir en échange d’un cancer du poumon (Je rigole... à peine)

L’imagerie doit être choisie en fonction :

* Du contexte où se trouve le personnage au moment de fumer un joint
* De l’impression à projeter (violence, pathétique, humour, ironie)
* De la couleur générale de l’œuvre, du ton de la narration.

Elle ne doit pas tomber cru. Elle doit s’intégrer à la couleur de la narration. C’est un art qui permet de dire deux ou trois choses en même temps : l’acte, la motivation derrière l’acte et l’émotion. Très, très utile. C’est à mettre partout, dans tous les chapitre. Un outil idéal pour économiser sur le nombre de mots et réduire un récit autrement complexe à une cascade d’images facile à digérer pour le lecteur qui saisie d’un coup tout le patatruc, sans faire travailler son cerveau, parce que tu vois, c’est ça le but : offrir une évasion à notre cher lecteur, lui permettre de se projeter dans le récit sans le faire travailler.

Métaphore

[Meilhac]

"Il fume un joint"
Simple, clair, précis.

et élégant.

je ne suis ni ta mère ni ton coach margault      mais si je puis me permettre : méfie toi de tes envies de "faire littéraire".

si y a bien un point commun entre tous les grands artistes et écrivains, c'est qu'ils ont vite décidé que "faire genre" c'était pas leur truc.

quand pialat disait "ça fait cinoche", "ça fait cinéma", c'était une des remarques les plus méprisantes qu'il pouvait faire

proust n'a jamais (jamais) cherché à "faire littéraire" (sauf quand il avait quinze ans - et je suis en train de songer que si ça se trouve tu as quinze ans et tu es une future proust :--) :--) )

etc
etc

il fume un joint : c'est très bien.
c'est intense, c'est élégant, c'est léger, c'est précis, c'est rigoureux, c'est évocateur, c'est simple.

[O.deJavel]

Mais il ne faut pas oublier d’expérimenter!

Il y a ce qu’on appelle chez un auteur une “voix”. Cette façon unique de s’exprimer qui le caractérise, mais elle se développe avec le temps, et avec la sueur... il faut lire beaucoup, s’inspirer de ses auteurs préférés et faire ses propres bricolages.

Forme Simple-Sujet-Verbe-complément : 28 mots - Trois fois “Elle”

Elle descendit l’escalier avec empressement. Elle enfourcha son vélo. Elle pédala le plus vite qu’elle put, anxieuse de trouver son p’tit copain pour lui apprendre la nouvelle.

Forme métaphorique : 15 mots

Elle déboula les escaliers jusqu’à son vélo, traversant la ville comme dans un baisée fou.
(Exercice de créativité avec Springle)

Il faut que ça fasse Wow ! ...à chaque phrase. Écrire, c’est suant.

[Loïc]

Avec plus de rythme et sans métaphore foireuse :

Elle descendit l’escalier avec empressement, enfourcha son vélo et pédala le plus vite qu’elle put, anxieuse de trouver son p’tit copain pour lui apprendre la nouvelle.

[O.deJavel]

Avec plus de rythme et sans métaphore foireuse :

@Loic, je te dédie ce texte mon ami !

[Ser-metho]

J'ai gribouillé ça : J'étais assis sur le canapé, le regard un peu flou.
Un joint brûlait lentement entre mes doigts, traçant dans l’air des spirales paresseuses.
À côté de moi, sur la table basse, une bière entamée perdait sa fraîcheur.
L'odeur d'herbe et de tabac flottait dans l'air, mêlée à celle du houblon tiède.
Je tirais une latte, relâchais la fumée sans y penser.
« Un reste de pizza ?! » demanda Hector depuis sa chambre.
Je faillis m'étouffer en recrachant la fumée trop vite.
J'avais complètement oublié qu'il était là, tant il était discret.