Éditions J’ai Lu – Nouveaux Millénaires
Traduit de l’américain par Michelle Charrier
Prix Hugo du meilleur roman : 2016, 2017, 2018
Genre : SF ? Fantasy ?
Synopsis du premier tome :La terre tremble si souvent sur votre monde que la civilisation y est menacée en permanence. Le pire s’est d’ailleurs déjà produit plus d’une fois : de grands cataclysmes ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, d’interminables nuits auxquelles l’humanité n’a survécu que de justesse. Les gens comme vous, les orogènes, qui possèdent le don de dompter volcans et séismes, devraient être vénérés. Mais c’est tout l’inverse. Vous devez vous cacher, vous faire passer pour une autre. Jusqu’au jour où votre mari découvre la vérité, massacre de ses poings votre fils de trois ans et kidnappe votre fille.Ce que j’en ai pensé :Si vous ne savez pas trop à quoi vous attendre, fiez-vous à la quatrième de couverture ci-dessus : c’est sombre, c'est violent, c'est souvent froid (surtout après le début de l'apocalypse) – et ça n’ira pas forcément en s’arrangeant. Mais c'est bien !
Il y a deux fils rouges qui traversent la trilogie de la Terre fracturée.
Le premier, ce sont les cataclysmes qui façonnent ce continent qu’on appelle le Fixe et autour desquels se sont organisées l’ensemble des sociétés qui l’habitent. Si le style n’a rien de comparable avec celui de Damasio (je soupçonne d’ailleurs que la trilogie gagne à être lue en VO…), j’ai retrouvé des échos de la Horde du Contrevent dans cette manière dont les éléments conditionnent la morale, l’organisation sociale, la communication… j’ai vraiment aimé découvrir cet univers qui change pas mal de ce que j’ai croisé jusque-là en science-fiction/fantasy (hors la Horde, donc).
Le deuxième fil, c’est celui des orogènes - Damaya, Syénite et Essun, les trois femmes que l'on suit dans le premier tome, en sont - et à travers eux celui de la discrimination, de ses conséquences sur les individus et sur la société. Là aussi, l’univers qu’a construit l’auteur change un peu la donne par rapport aux thèmes habituels : ici, il n’est pas question de peuples distincts dont certains seraient discriminés, mais d’une caractéristique invisible, qui s’exprime de manière aléatoire chez des individus, et qui est totalement rejetée par le reste de la population. Ça conditionne plein de choses, et ça marche bien parce que le tout est traité subtilement, à mon avis.
Quelques faiblesses dans le scénario et la construction de l’intrigue, que j’ai surtout ressenties dans le troisième tome quand il s’est agi d’en raconter suffisamment en suffisamment peu de mots pour boucler l’intrigue (mais au moins elle est bouclée, hein (George Martin, Patrick Rothfuss, c’est vous que je regarde). J’ai trouvé les personnages vraiment, vraiment bons en revanche, mais ça je ne saurais pas trop en parler, donc il va falloir que vous vous en fassiez votre propre avis !
Pour résumer, donc : pour un choix de lecture basé sur un coup de cœur pour la couverture et sur le bandeau « prix Hugo », ça s’est avéré être une très bonne découverte que je vous recommande vraiment.