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Auteur Sujet: La magie en Egypte ancienne  (Lu 5740 fois)

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La magie en Egypte ancienne
« le: 17 décembre 2008 à 17:39:16 »






(Oh, quelle thématique surprenante de ma part.)



On refourgue la thématique de la malédiction à chaque fois qu'un archéologue meurt. Il a découvert la tombe du septième vizir du troisième pharaon de la onzième dynastie, haha ! tout est lié ! et dire que vous croyez stupidement que sa mort, soixante-huit ans plus tard, est due à une leucémie foudroyante... quelle naïveté :)

et autres :mrgreen:


alors voilà les grandes lignes de la magie en Egypte ancienne, inspiré que je suis de la définition du Dictionnaire de la civilisation égyptienne (article de Serge Sauneron).

Donc. La magie.


Ses deux principes fondateurs.

C’est d’abord la foi absolue en la puissance créatrice des sons : le nom d’un être vivant ou d’un objet n’est pas une simple désignation pratique facilitant l’échange d’idées entre individus ; c’est l’être ou l’objet lui-même. Prononcer un nom, c’est susciter ou atteindre l’objet ou l’être dont on parle ; et les récits cosmogoniques ne manquent pas, qui nous montrent le démiurge, pour créer l’univers, n’eut qu’à le « parler », chaque élément constitutif de la création ayant instantanément pris sa place à la seule articulation du nom qui le désigne.

C’est ensuite la valeur créatrice de l’image. Si prononcer le nom d’un dieu peut susciter sa présence, représenter un homme ou un objet c’est détourner, dans l’image nouvelle, une part de la personnalité spirituelle de l’homme ou de l’objet, autrement dit trouver un moyen d’action sur lui. Au premier principe se rattacheront tous les rites magiques utilisant des formules, au second tous ceux qui prétendent susciter la réalité par sa représentation, autant quand il s’agit par ex. d’assurer au mort le bénéfice d’une table richement chargée, que lorsqu’il sera nécessaire de conjurer un danger en détruisant une figurine à l’image de l’être menaçant.


Son emploi.

La magie sert à la protection des humains – à l’occasion, des dieux ; elle est défensive, d’abord et presque uniquement.
« Dieu a donné la magie aux hommes comme une arme afin de repousser les événements. »

A cet aspect défensif se rattachent l’emploi des talismans, l’usage des amulettes, pour protéger le corps de toute atteinte pernicieuse ; c’est lui qui explique le rôle considérable pris par les incantations dans la médecine.

Toute maladie comporte des symptômes physiques et un traitement approprié ; mais derrière cette apparence physique, qui ne traite que des effets, peut se cacher une cause immatérielle, qui, elle, est l’effet d’une volonté hostile, celle d’un dieu, ou plus couramment celle d’un démon, revenant, esprit mauvais, génie malveillant. Si donc le médecin recourt aux médicaments, le sorcier, lui, s’attaque à la cause du mal. Plusieurs techniques sont à sa disposition : le transfert, qui consiste à mettre un animal à proximité de l’homme malade, en prononçant des formules pour que le mal, abusé, se transporte dans le corps animal ; l’assimilation, où le magicien se prétend un dieu, soit pour donner des ordres au mal, soit pour lui rappeler qu’il n’a pas prise sur lui ; les textes religieux nous ont livré de longs passages de ce genre, où chaque partie du corps humain est identifiée à une divinité donnée, afin qu’aucune influence mauvaise ne puisse l’atteindre ; à l’occasion, la menace, extension, si l’on veut, du procédé précédent, qui lie le sort du malade à celui de l’univers : si ce malade ne guérit pas, le ciel s’écroulera sur la terre, le soleil cessera de se lever, etc. ; le responsable du mal ou le dieu pouvant l’écarter est inclus dans la menace d’une catastrophe où il trouverait sa propre perte.

Autres aspects de cette magie défensive, ceux qui s’attachent par ex. à réduire les craintes que peuvent inspirer des images susceptibles de s’animer à tout moment. Tous les animaux qui entrent dans le système hiéroglyphique sont par ex. mutilés sur les murs des pyramides ; lions, serpents, scorpions se voient privés d’une partie de leur corps, et ainsi réduits à l’impuissance. Procédé plus général : celui qui consiste à figurer les êtres hostiles percés de flèches ou hérissés de couteaux comme une pelote d’épingles ; s’ils ont la fâcheuse idée de s’animer, l’arsenal qu’ils portent sur le dos les amènera aussitôt à mourir. A l’opposé, dans un ordre d’idées symétrique, on écrira en noir, dans les rubriques de papyrus, les signes évoquant un dieu ou un être bienveillant (oui parce que, précision, le noir est une couleur bienveillante, celle du limon fertile, celle de la renaissance, et s’oppose au rouge de Seth et des forces mauvaises).

L’usage des statues guérisseuses relève de cette même magie protectrice ; il consiste à dresser, dans un lieu public (chapelles au départ des pistes du désert, sanatoria des temples), une statue d’homme ou de divinité, couverte d’inscriptions magiques dirigées contre les serpents, les crocodiles ou les scorpions. Il suffit de faire couler sur cette statue un filet d’eau, puis de l’absorber une fois qu’elle s’est imprégnée des vertus magiques, pour être à l’abri des dangers, ou pour guérir des piqûres, si le mal est déjà fait. Un procédé parallèle, plus facile à mettre en œuvre, consiste à délayer dans un bol un papyrus couvert de formules magiques, et de le boire : la vertu des écritures se trouve transférée dans le corps de celui qui les a avalées.

Mise naturellement au service de l’Etat, la magie doit protéger l’Egypte et son souverain contre toutes les attaques possibles d’ennemis étrangers. On y parvient par divers procédés, relevant tous de l’envoûtement ; on peut par ex. façonner des figurines sur lesquelles on inscrit le nom des peuples ou chefs de tribus que l’on redoute ; ensuite, ces figurines sont percées de coups, piétinées, brûlées ou enterrées, de sorte que ceux qu’elles représentent sont rendus inoffensifs. Les prêtres emploient même procédé pour combattre Apopis, Seth et leurs alliés. Le rite de la chasse au filet, qui capture non seulement des oiseaux et des poissons, mais aussi des humains, et qu’on représente volontiers sur les murs des temples, se rattache à la même technique.

Accomplie par des particuliers, à des fins personnelles, les actes relevant de la magie noire sont rares : c’est ainsi qu’un criminel, au temps de Ramsès III, s’était emparé de textes magiques royaux et avait confectionné des figurines de cire et des charmes afin d’envoûter les gardiens du harem ; de même c’est au moyen d’un crocodile de cire, devenu, à l’énoncé d’une formule, un vrai crocodile, que le chef lecteur Oubaoné se débarrassa d’un rival ; et les contes de Satni, les papyrus magiques du Nouvel Empire, les formules jaculatoires des grimoires tardifs livrent d’autres exemples de cette sorcellerie agressive et malveillante.



> En général protectrice, agressive à l’occasion, la magie était présente dans la plupart des activités courantes. Elle servait à l’Etat, elle servait aux temples ; elle servait aussi aux malades et était préventive ; elle protégeait les revenants des accidents ; elle sauvait les morts des génies d’outre-tombe et les gardait d’une seconde mort par la faim, le jour où les vivants délaisseraient leur culte. A l’occasion, elle assurerait les succès militaires et les bonnes fortunes… Elle imprégnait la couronne du roi, déesse « aux grands sortilèges ». Et, ça et là, on adora un dieu « Magie », personnifiant le pouvoir contraignant que le démiurge avait mis en œuvre dès le jour de la création.



Idées de recyclage.
Un pilleur de tombes qui se fait attaquer par des amulettes-scarabées ; un voyageur qui néglige de procéder aux rituels de départ à qui il arrive plein de malheurs ; un tjaty ambitieux qui s'allie à un sorcier pour fomenter un coup d'Etat ; une petite fille qui sculpte des objets de cire et qu'on enlève pour la mettre au service d'un mage noir...


'oilà !



« Modifié: 17 décembre 2008 à 18:08:58 par Loredan »
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Re : La magie en Egypte ancienne
« Réponse #1 le: 18 décembre 2008 à 22:41:35 »
waow, vachement intéressant! On pourrait au choix faire une histoire sur le temps des égyptiens ou utiliser quelques idées de ce que tu nous as présenté! (moi c'est ce que je pense faire lol)

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Re : La magie en Egypte ancienne
« Réponse #2 le: 19 décembre 2008 à 16:07:04 »
C'est amusant de voir combien certaines croyances sont universelles! Dans les croyances celtiques, une grande importance est également donnée aux noms! C'est par exemple pour cela que Vercingétorix n'est pas en fait le nom du bien connu chef gaulois, mais un surnom qui lui a été remis en tant que chef de guerre afin d'éviter l'utilisation de son vrai nom dans des rituels. On peut également penser au pouvoir des bardes qui pouvaient selon les légendes réduire une armée entière à l'impuissance par leur seul chant.
Je vais peut-être faire un article sur la magie celte, moi... et sur les croyances japonaises, peut-être?
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Re : La magie en Egypte ancienne
« Réponse #3 le: 19 décembre 2008 à 19:26:02 »
Oui, et cette représentation des chefs ennemis sous forme de poupées me rappelle les dagides du vaudou haïtien, où, de la même manière, les attaques sur des représentations symboliques se transposent sur la personne réelle.

Alors peut-être que moi aussi, je ferai un article sur la magie dans les Antilles... et peut-être sur quelques croyances africaines, surtout dogon.
"J’ai soudain la sensation limpide d’avoir gaspillé ma jeunesse… L’avoir vue s’échapper de mes mains comme l’anguille effrayée et m’appeler à présent sur le lierre du tombeau, où patiente depuis toujours le chant des enfants, les raisins volés…"

Roi Loth, Kaamelott, Livre V

Hors ligne Plume d'argent

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Re : La magie en Egypte ancienne
« Réponse #4 le: 21 décembre 2008 à 17:44:29 »
Citer
les textes religieux nous ont livré de longs passages de ce genre, où chaque partie du corps humain est identifiée à une divinité donnée, afin qu’aucune influence mauvaise ne puisse l’atteindre

Tu pourrais expliciter ce passage? A quels textes religieux fais-tu référence?

Hors ligne Gros Lo

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Re : La magie en Egypte ancienne
« Réponse #5 le: 21 décembre 2008 à 17:52:31 »

Les textes religieux sont surtout ceux qu'on trouve sur les parois des tombeaux et sur les sarcophages. Les plus célèbres sont ceux de la pyramide d'Ounas à Saqqarah ; on a regroupé toutes ces formules pour en faire les Textes des Pyramides, qui composent également une partie du Livre des Morts. C'est considéré comme le fondement de la théologie (mais aussi de la littérature) de l'Egypte ancienne. L'article parle sûrement d'une traduction des Textes des Pyramides. J'ai le Livre des Morts chez moi, je chercherai le passage précis, si tu veux.
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Re : Re : La magie en Egypte ancienne
« Réponse #6 le: 02 novembre 2010 à 13:06:31 »
Alors peut-être que moi aussi, je ferai un article sur la magie dans les Antilles... et peut-être sur quelques croyances africaines, surtout dogon.

Oui oui oui oui Ambre' !!!


Sinon 'achement intéressant ...  =D

Mais j'me demandais si l'interdiction de représenter Mahomet dans la religion musulmane venait de là ?
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