Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

28 avril 2024 à 10:28:33
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Auteur Sujet: Annie divorce  (Lu 226 fois)

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Annie divorce
« le: 19 avril 2024 à 09:50:20 »
Annie Divorce
Prologue


« C’est fini ! »
Ces simples mots, qui mettent un terme à plus de dix années d’une relation sans aucun nuage, sans dispute, sans que rien ne présage une telle issue, sonnent faux. Des mots d’une telle violence, qu’un orage assourdissant retentit dans la cuisine comme la pire insulte qu’un homme puisse balancer au visage de sa propre femme. Dans ce monde de ricochet, « c’est fini ! » rebondit sur les crins qui écorchent les cordes de son violon interne. Mais cet idiot d’archet ne savait même plus jouer les notes de la sincérité. Désormais, « c’est fini ! », allait faire partie de sa vie et régler les moindres humeurs et les moindres saveurs de ses faits et gestes.
Le monde allait lui paraître terne tel un lambeau de temps qui ne reviendra plus. Une brûlure à vif, balafré dans sa propre chair pendant que son cœur détruit accusait le choc et le terme de son amour.
Devant son mari, sous le coup de l’émotion, Annie se devait de rester forte, rester digne dans sa pudeur devant la lâcheté des mots. Et bien qu’elle ne comprenait pas vraiment ce qui se jouait devant ses yeux, elle devait se contenir, faire semblant devant l’évidence de ce qu’elle venait d’entendre.
« Ne pas rentrer dans son jeu », se dit-elle. « Ne le laisse pas continuer. » C’était peine perdue, car la force de cette affirmation ne lui laissait plus de doute, Pierre la quittait. Pourtant, c’était un homme aimable, bon et généreux avec qui Annie avait partagé tellement de moments de complicité, d’émotion, d’amour. Le couple avait acheté une maison ensemble, était parti en voyage, avait passé des soirées à rire devant une comédie. Mais aujourd’hui, l’homme de sa vie qui se tenait devant elle, en une fraction de seconde, était devenu son pire ennemi. Elle s’en rendait compte, car son corps manifestait une peur viscérale, une envie de vomir pendant que son cœur tentait d’arrêter de battre.
« Je veux mourir, maintenant. »
Automatiquement, des photos arrachées, des moments de bonheur détruits, des années de plaisir évaporé, la saisirent au creux de ses tripes. Puis, son corps robotisé se mit en mouvement pour se planter devant Pierre. Son après-rasage immonde accentua le malaise.
— C’est ça que tu voulais, qu’on divorce. Pierre, explique-moi ?
— Non, je n’ai pas voulu cela, mais je te le redis, c’est fini.
De toute façon, la réalité de son mariage, Annie la connaissait déjà. Depuis des mois, elle s’était voilé la face devant son mari qui changeait de comportement un peu plus chaque jour, rentrant du travail renfrogné, esquivant la discussion, allant directement à la douche pour manger un plateau-repas dans la chambre. En femme naïve, elle avait pensé qu’il faisait un burn-out, trop de pression de son patron, trop de responsabilités, sans compter qu’il vérifiait frénétiquement son agenda les week-ends. Devant cet homme qu’elle ne reconnaissait plus, elle comprenait que le mal en lui s’enracinait bien plus profondément. Elle s’en rendait compte à l’instant, mais c’était trop tard. Quand des paroles sont prononcées, on ne peut les effacer ni gommer la douleur qui va avec.
Pierre la quittait sans un regard, dans l’impossibilité de soutenir les yeux de celle dont il avait conscience de détruire sa vie.
Annie tenta une gifle. Pierre l’esquiva de justesse.
— Tu ne peux pas me faire cela, s’écria-t-elle, sous le choc.
— Je pars, j’en ai marre de ta jalousie. Tu m’étouffes.
« Une moitié d’orange coupée en deux, voilà ce que je deviens. »
— Pourquoi t’être marié alors, si c’est pour partir aujourd’hui ?
Et là, la réponse fut on ne peut plus dévastatrice.
— Je n’ai jamais voulu me marier, hurla Pierre qui se tenait debout raide de tous ses muscles.
Abasourdie, Annie n’en revenait pas. « Je n’ai jamais voulu me marier ! » Quelle ironie ! Pourtant sur les photos, ce jour-là, son mari arborait un immense sourire. Sa montagne s’effondrait. Pendant toutes ces années, elle avait toujours cru en un mariage heureux, en un amour inconditionnel, en une vie tranquille, sans une seule dispute.
« Si j’avais un couteau sous la main… »
Pierre ne souriait pas, au contraire, il affichait son visage des jours graves, des jours de deuil. Il n’y a pas de bonne façon d’annoncer que l’on quitte la personne qu’on aime.
Il n’y a pas de bonne façon de se retrouver rejeté.
« Tout ce que je voulais, c’était d’être une bonne mère de famille, aimer mon mari. »
Désespérée, Annie commençait à comprendre qu’en réalité Pierre s’était masqué derrière une gentillesse exacerbée, un repli sur lui-même, introverti dans ses émotions. Et quand le masque était tombé, cela engendra du mal, alors son vrai visage était apparu dans toute la monstruosité de celui qui déserte son mariage.
De toute façon, à force de cacher les sentiments, les masques tombent toujours à long terme. Ils deviennent sinistres, empreints d’un goût d’amertume.
Annie regarda avec attention les lèvres charnues qui avaient comblé sa féminité à mainte reprise. Cette bouche devenue amère lui infligeait maintenant tellement de haine.
« C’est fini, je n’ai jamais voulu me marier. » Le cerveau d’Annie avait basculé en mode survie, ne voulait rien savoir, ne voulait plus rien entendre et surtout pas ressentir. Mais les mots ne mentent pas. Jamais.
Et puis la nuit de la veille lui revient en mémoire : ils avaient été intimes. Le couple avait partagé le lit, peau contre peau, corps contre corps. À ce moment-là, est-ce qu’il ressentait encore de l’amour pour elle ou avait-il fait semblant de jouir ?
La prise de conscience d’Annie fut violente : c’était une décennie de sa vie jetée en pâture aux cochons.
La cinquantenaire basculait du côté sombre de l’amour, de la force, au bout des siennes, mais pour Pierre, sa volonté avait mûri en seulement quelques mois. La conviction qu’il n’était plus heureux dans ce couple vide de sa substance. Un couple de vieux plus que des amants, plus un frère et une sœur cohabitant sous le même toit. L’envie de partir s’était nourrie de toutes les frustrations refoulées accumulées depuis des années, les regrets de n’être qu’une plante au milieu du salon, de la mauvaise herbe. Un homme en carton. Puis vint le dégoût. Sa femme avait étouffé sa masculinité comme une mère couve trop son enfant. Pierre allait fêter ses cinquante ans. Ce manque de liberté le tuait à petit feu. Il ressentait le manque de soleil, de vagues salées, d’horizon, de bateau ivre au gré des vents.
Ainsi, Pierre n’avait pas vraiment de reproches contre sa femme, c’était juste l’usure du temps, et cette jalousie maladive, cette facilité qu’elle avait d’anticiper ses moindres désirs. Combien de fois, il avait retenu un geste malencontreux qui aurait pu m’être fin à tout ce marasme depuis longtemps ! Trop de temps.
L’un et l’autre avaient mis trop de passion dans ce mariage, trop de dépendance, trop de tout, alors qu’il n’avait pas eu d’enfants. Peut-être que c’était la raison de cette séparation, le manque d’un autre amour.
Un instant après, Pierre avait regretté ses paroles. Trop tard pour faire marche arrière. Enfin, il avait soulagé sa conscience, vidé son cœur, son chagrin. Pour Annie, c’était le début de l’enfer, des questions, des doutes, la destruction de son estime, la remise en question de son intégrité de femme.
« Je ne veux pas qu’on se perde encore une fois », lui avait-il dit au cours d’une nouvelle dispute quelques jours auparavant. « Tu es mon amour », se souvient-elle. Et d’un coup, ce fut évident, « tu es mon amour », ne veut rien dire, c’est creux et léger, comme un bâton de craie qui s’effrite. C’est du vent. « Tu es mon amour », cela n’a pas de sens. Cela ne veut pas dire : je t’aime.
Et c’était sur cette dernière pensée qu’Annie regarda son mari monter les escaliers jusqu’à leur chambre, prendre quelques affaires, claquer la porte sur leur mariage sans un regard pour celle qui partageait sa vie depuis si longtemps. Peut-être trop de temps.
« Comment accepter l’inacceptable, surtout quand on ne s’y attend pas ? », se dit-elle dans une réflexion stérile d’un cœur brisé. Maintenant, les larmes pouvaient couler et la colère s’exprimer.
Pour tout le monde dorénavant ce sera « Pierre et Annie divorcent. »
Pour ses amies, ce sera « Annie divorce. »
« Divorce. »
Un sacré coup de poignard.
“La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté.”, François Mauriac

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Re : Annie divorce
« Réponse #1 le: 21 avril 2024 à 07:29:12 »
Bonjour,

Un commentaire pour t'accueillir sur le forum. Les rubriques longs et mi longs sont peu fréquentées, peut-être faut il créer des liens, échanger avec les autres auteurs des rubriques pour que la curiosité construisent de vrais échanges.
Dans la présentation de ce texte peut-être devrais tu préciser des attentes quant aux retours que tu attends et présenter le propos de ton texte et où tu en es ( en cours, terminé...)
Dans le cadre de l'entraide et du travail du texte, voici un commentaire sur ton texte. Mes commentaires sont généralement un peu distants, essentiellement techniques ( avec un charabia personnel, je n'ai pas de thèse en narratologie, je suis un écrivailleur comme toi), si ils te gênent, tu me le dis, si il y a des trucs pas clairs, pareil. Au niveau purement affectif, je ne suis pas très attiré par la littérature blanche de ce type.

[spoiler]

parfois des métaphores un peu étranges.
Ce qui m'a le plus perturbé, c'est les focales de narration. Je crois que c'est très intéressant que la narration soit tantôt centré sur annie, tantôt sur Pierre... mais peut-être trouver un truc, ou insister mieux pour que le lecteur le perçoive plus. Ou garder une seule focale.

Annie Divorce
Prologue



« C’est fini ! »
Ces simples mots, qui mettent un terme à plus de dix années d’une relation sans aucun nuage, sans dispute, sans que rien ne présage une telle issue, sonnent faux. Des mots d’une telle violence, qu’un orage assourdissant retentit dans la cuisine comme la pire insulte qu’un homme puisse balancer au visage de sa propre femme ( je trouve que la métaphore est à l’envers ici, ou qu’il y a peut être trop d’emboîtements – la formule comme un orage comme une insulte). Dans ce monde de ricochet, « c’est fini ! » rebondit sur les crins qui écorchent les cordes de son violon interne ( la métaphore : ce serait les crins qui écorcheraient les cordes ). Mais cet idiot d’archet ne savait même plus jouer les notes de la sincérité. Désormais, « c’est fini ! », allait faire partie de sa vie et régler les moindres humeurs et les moindres saveurs de ses faits et gestes. ( je me demande si saveur pour faits et gestes, ça peut le faire)
Le monde allait lui paraître terne tel un lambeau de temps qui ne reviendra plus ( tu compares espace et temps… je ne sais pas). Une brûlure à vif, balafré dans sa propre chair pendant que son cœur détruit accusait le choc et le terme de son amour.
Devant son mari, sous le coup de l’émotion, Annie se devait de rester forte, rester digne dans sa pudeur devant la lâcheté des mots. Et bien qu’elle ne comprenait pas vraiment ce qui se jouait devant ses yeux, elle devait se contenir, faire semblant devant l’évidence de ce qu’elle venait d’entendre.
« Ne pas rentrer dans son jeu », se dit-elle. « Ne le laisse pas continuer. » C’était peine perdue, car la force de cette affirmation ne lui laissait plus de doute, Pierre la quittait. Pourtant, c’était un homme aimable, bon et généreux avec qui Annie avait partagé tellement de moments de complicité, d’émotion, d’amour. Le couple avait acheté une maison ensemble, était parti en voyage, avait passé des soirées à rire devant une comédie. Mais aujourd’hui, l’homme de sa vie qui se tenait devant elle, en une fraction de seconde, était devenu son pire ennemi. Elle s’en rendait compte, car son corps manifestait une peur viscérale, une envie de vomir pendant que son cœur tentait d’arrêter de battre.
« Je veux mourir, maintenant. »
Automatiquement, des photos arrachées, des moments de bonheur détruits, des années de plaisir évaporé ( évaporées), la saisirent au creux de ses tripes ( c’est l’évocation de ces événements qui lui fait du mal, c’est ça… Alors peut être trouver une formule pour nous le faire comprendre). Puis, son corps robotisé se mit en mouvement pour se planter devant Pierre. Son après-rasage immonde accentua le malaise.
— C’est ça que tu voulais, qu’on divorce. Pierre, explique-moi ?
— Non, je n’ai pas voulu cela, mais je te le redis, c’est fini.
De toute façon, la réalité de son mariage, Annie la connaissait déjà. Depuis des mois, elle s’était voilé la face devant son mari qui changeait de comportement un peu plus chaque jour, rentrant du travail renfrogné, esquivant la discussion, allant directement à la douche pour manger un plateau-repas dans la chambre. En femme naïve, elle avait pensé qu’il faisait un burn-out, trop de pression de son patron, trop de responsabilités, sans compter qu’il vérifiait frénétiquement son agenda les week-ends. Devant cet homme qu’elle ne reconnaissait plus, elle comprenait que le mal en lui s’enracinait bien plus profondément. Elle s’en rendait compte à l’instant, mais c’était trop tard. Quand des paroles sont prononcées, on ne peut les effacer ni gommer la douleur qui va avec.
Pierre la quittait sans un regard, dans l’impossibilité de soutenir les yeux de celle dont il avait conscience de détruire sa vie. ( ici, le narrateur très focalisé sur la dame entre dans la psy du monsieur… je me demande si c’est intéressant de connaître ces motivations ou ce qu’il sait de cette façon… peut-être que le récit pourrait se contenter de «  dont il devait avoir conscience de détruire sa vie » mais en mieux,)
Annie tenta une gifle. Pierre l’esquiva de justesse.
— Tu ne peux pas me faire cela, s’écria-t-elle, sous le choc.
— Je pars, j’en ai marre de ta jalousie. Tu m’étouffes.
« Une moitié d’orange coupée en deux, voilà ce que je deviens. » Qu’est ce que c’est ces guillemets ?: Une pensée d’Annie. Donc la narration amplifie la focale sur Annie.
— Pourquoi t’être marié alors, si c’est pour partir aujourd’hui ?
Et là, la réponse fut on ne peut plus dévastatrice.
— Je n’ai jamais voulu me marier, hurla Pierre qui se tenait debout raide de tous ses muscles.
Abasourdie, Annie n’en revenait pas. « Je n’ai jamais voulu me marier ! » Quelle ironie ! Pourtant sur les photos, ce jour-là, son mari arborait un immense sourire. Sa montagne s’effondrait. Pendant toutes ces années, elle avait toujours cru en un mariage heureux, en un amour inconditionnel, en une vie tranquille, sans une seule dispute.
« Si j’avais un couteau sous la main… »
Pierre ne souriait pas, au contraire, il affichait son visage des jours graves, des jours de deuil. Il n’y a pas de bonne façon d’annoncer que l’on quitte la personne qu’on aime.
Il n’y a pas de bonne façon de se retrouver rejeté.
« Tout ce que je voulais, c’était d’être une bonne mère de famille, aimer mon mari. »
Désespérée, Annie commençait à comprendre qu’en réalité Pierre s’était masqué derrière une gentillesse exacerbée, un repli sur lui-même, introverti dans ses émotions ( je pense qu’introverti devrait suffire, je ne sais pas si on peut être « introverti » dans ses émotions, c’est un comportement). Et quand le masque était tombé (je crois que « tomba » serait plus exact), cela engendra du mal, alors son vrai visage était apparu dans toute la monstruosité de celui qui déserte son mariage.
De toute façon, à force de cacher les sentiments, les masques tombent toujours à long terme ( pas très beau ce à long terme, peut-être une autre formule). Ils deviennent sinistres, empreints d’un goût d’amertume. ( pareil que pour saveur, je ne sais pas si faire appel au sens du goût pour un masque ça convient bien)
Annie regarda avec attention les lèvres charnues qui avaient comblé sa féminité à mainte reprise. Cette bouche devenue amère lui infligeait maintenant tellement de haine. ( lui infligeait de la haine. Le narrateur parlerait il de celle de Pierre, ou de celle d’Annie… ensuite, je trouve qu’infliger de la haine, c’est un peu bizarre, on peut infliger un affront, une amende)
« C’est fini, je n’ai jamais voulu me marier. » Le cerveau d’Annie avait basculé en mode survie, ne voulait rien savoir, ne voulait plus rien entendre et surtout pas ressentir. Mais les mots ne mentent pas. Jamais.
Et puis la nuit de la veille lui revient en mémoire : ils avaient été intimes. Le couple avait partagé le lit, peau contre peau, corps contre corps. À ce moment-là, est-ce qu’il ressentait encore de l’amour pour elle ou avait-il fait semblant de jouir ?
La prise de conscience d’Annie fut violente : c’était une décennie de sa vie jetée en pâture aux cochons.
La cinquantenaire basculait du côté sombre de l’amour, de la force, au bout des siennes, mais pour Pierre, sa volonté avait mûri en seulement quelques mois. La conviction qu’il n’était plus heureux dans ce couple vide ( vidé?)de sa substance. Un couple de vieux plus que des amants, plus un frère et une sœur cohabitant sous le même toit . L’envie de partir s’était nourrie de toutes les frustrations refoulées accumulées depuis des années, les regrets de n’être qu’une plante au milieu du salon, de la mauvaise herbe. Un homme en carton. Puis vint le dégoût. Sa femme avait étouffé sa masculinité comme une mère couve trop son enfant. Pierre allait fêter ses cinquante ans. Ce manque de liberté le tuait à petit feu. Il ressentait le manque de soleil, de vagues salées, d’horizon, de bateau ivre au gré des vents.
Ainsi, Pierre n’avait pas vraiment de reproches contre sa femme, c’était juste l’usure du temps, et cette jalousie maladive, cette facilité qu’elle avait d’anticiper ses moindres désirs. Combien de fois, il avait retenu un geste malencontreux qui aurait pu m’être fin à tout ce marasme depuis longtemps ! Trop de temps.
L’un et l’autre avaient mis trop de passion dans ce mariage, trop de dépendance, trop de tout, alors qu’il n’avait pas eu d’enfants. Peut-être que c’était la raison de cette séparation, le manque d’un autre amour.
Un instant après, Pierre avait regretté ses paroles. Trop tard pour faire marche arrière. Enfin, il avait soulagé sa conscience, vidé son cœur, son chagrin. Pour Annie, c’était le début de l’enfer, des questions, des doutes, la destruction de son estime, la remise en question de son intégrité de femme.
« Je ne veux pas qu’on se perde encore une fois », lui avait-il dit au cours d’une nouvelle dispute quelques jours auparavant. (le narrateur disait précédemment qu’il n’y avait pas eu de disputes, un mariage tranquille… Si c’est la vision d’Annie, ça peut être intéressant qu’il y ait effectivement deux versions mais peut être alors trouver un truc dans la narration pour faire basculer les focales de façon plus compréhensible pour le lecteur)« Tu es mon amour », se souvient-elle. Et d’un coup, ce fut évident, « tu es mon amour », ne veut rien dire, c’est creux et léger, comme un bâton de craie qui s’effrite. C’est du vent. « Tu es mon amour », cela n’a pas de sens. Cela ne veut pas dire : je t’aime.
Et c’était sur cette dernière pensée qu’Annie regarda son mari monter les escaliers jusqu’à leur chambre, prendre quelques affaires, claquer la porte sur leur mariage sans un regard pour celle qui partageait sa vie depuis si longtemps. Peut-être trop de temps.
« Comment accepter l’inacceptable, surtout quand on ne s’y attend pas ? », se dit-elle dans une réflexion stérile d’un cœur brisé. Maintenant, les larmes pouvaient couler et la colère s’exprimer.
Pour tout le monde dorénavant ce sera « Pierre et Annie divorcent. »
Pour ses amies, ce sera « Annie divorce. »
« Divorce. »
Un sacré coup de poignard.
/spoiler]
« Modifié: 21 avril 2024 à 07:31:34 par Basic »
Tout a déjà été raconté, alors recommençons.

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Re : Annie divorce
« Réponse #2 le: 21 avril 2024 à 11:07:24 »
Bonjour Basic,

La critique ne me dérange pas au contraire.

Qu'est-ce que tu entends par "littérature blanche"

Faire un lien pour mettre où ?

Oui je vais lire les autres textes pour interagir avec les autres personnes sur cette catégorie

Là c'est le prologue de mon livre et j'en suis au début 2éme chapitre, j'ai posté ce prologue pour avoir un avis constructif.
Je te remercie de ta réponse. Je suis intriguée par "littérature blanche".
Karine
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Re : Annie divorce
« Réponse #3 le: 21 avril 2024 à 11:51:55 »
Bonjour,
La littérature blanche est un style littéraire apparu il y a une vingtaine d'années environ. Voir Annie Ernaux par exemple. L'auteur se refuse à toute émotion et se contente de décrire les faits (bien entendu, les faits parlent d'eux-mêmes !) 
Ma page
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Re : Annie divorce
« Réponse #4 le: 21 avril 2024 à 14:13:00 »
Bonjour,

Merci beaucoup, je ne connaissais pas la littérature blanche. Je vais regarder les livres de Annie Ernaux pour voir un peu comment cela s'articule.
Un roman sans émotion ! raconter les faits ! c'est vrai que ce prologue c'est raconter le départ de Pierre, les dernières minutes avant le séparation.
Merci pour cet éclairage, cela m’intéresse du coup la littérature blanche.

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Re : Annie divorce
« Réponse #5 le: 21 avril 2024 à 17:46:28 »
Bonjour kelhora,

Je n'aime pas du tout cette littérature "blanche". Après le Nouveau Roman, qui s'est bien planté, on a un peu traficoté pour renouveler la littérature et on a décidé que, dans ce monde sans but, dépourvu de valeurs, le mieux était de ne rien dire, tout en disant.

Toutefois, j'aime bien Annie Ernaux dans l'ensemble. Elle raconte qu'elle souffre beaucoup en écrivant puisqu'elle s'interdit l'émotion (pourtant présente et prégnante en elle).   
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Re : Annie divorce
« Réponse #6 le: 22 avril 2024 à 07:11:28 »
Bonjour,
Mercurielle a pu t'expliquer ce qu'était la littérature blanche.
Faire du lien , ce n'est pas créer un lien de renvoie ( je me suis mal fait comprendre), c'est créer du lien entre membre du forum, créer ( outre les rapports amicaux) des rapports de réciprocité au minimum. Une sorte d'échanges. Tout dépend ce qui est recherché comme retour. Apparemment tu souhaites des retours critiques, ça demande pas mal de travail, il y a quelques personnes qui offrent ce type de regards. C'est asse formateur de tenter de expliquer ce que l'on ressent par rapport à un texte.
Présenter ton sujet, c'est justement mettre les limites ou les balises. Dire : "c'est un sujet fictionnel" ( alors on peut critiquer le personnage d'Annie, la façon dont il est décrit... sans craindre de te blesser, toi par exe si c'est un récit d'autofiction) ou ce n'en est pas. Donner tes ambitions, c'est à dire ce que tu souhaiterais faire du texte : tu n'as pas besoin des mêmes retours si tu souhaites le publier chez Gallimard ou chez amazon. Si tu veux un récit propre pour toi même ou un truc qui pourrait passer le barrage des comité de lecture ( tout en sachant que perso je n'y suis jamais arrivé et peu d'entre nous. De surcroit ceux qui y sont parvenus on certainement mieux à faire que passer du temps sur le mde).
Tout a déjà été raconté, alors recommençons.

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Re : Annie divorce
« Réponse #7 le: 22 avril 2024 à 15:10:25 »
Merci Basic

Je comprend mieux maintenant et je vais suivre tes conseils pour expliquer mes attentes et la nature de mon texte.

Oui je suis Bête (Mdr) moi un lien c'est un lien texte, j'ai pas pensé à du lien social.

Je suis là pour apprendre et regarder aussi ce que les autres personnes écrivent et dire mon avis en toute modestie.

J'ai fais un imprim écran de tes explications pour m'en servir à chaque poste.

Merci beaucoup
Karine :P
« Modifié: 22 avril 2024 à 15:12:43 par kelhora »
“La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté.”, François Mauriac

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Re : Annie divorce
« Réponse #8 le: 22 avril 2024 à 23:46:57 »
Bonjour Kelhora!

Je vois que c'est un prologue, donc j'en conclue qu'il y a une suite? Tu pourrais nous dire deux mots sur le projets? J'aime bien avoir un peu de contexte! ::) Je vois que Basic t'a déjà fait une recommandation.

Alors dans l'ensemble, je trouve que c'est pas mal écrit. Je vois deux axes d'amélioration:
- Le point de vue. Tu nous balades un peu entre un point de vue interne par Annie, un point de vue omniscient et même un point de vue interne par Pierre. Je suis d'avis qu'il faut se décider pour un point de vue, quitte à accepter de laisser les états d'âme d'un personnage (ici peut-être Pierre?) inconnu au lecteur. Il y a d'autres moyens d'explorer la profondeur de tous les personnages par un seul point de vue interne. En tout cas dans une même scène, c'est sûr qu'il faut s'en tenir à un seul point de vue. Le ^point de vue omniscient peut être pratique, mais je trouve que pour un texte basé sur les émotions ou la vie sentimentale, il est moins puissant ou plus difficile à manier.
- La deuxième chose, c'est que tu donnes un peu trop de sous-texte, il y a des choses un peu inutiles et cela fait perdre en puissance au discours. L'exemple le plus flagrant c'est
Citer
se dit-elle dans une réflexion stérile d’un cœur brisé
. C'est inutile! Avec la phrase entre guillemets juste avant, on a compris. J'étais pareil avant, je voulais être sûre que le lecteur comprenne tout, ne loupe rien, je lui mâchais le travail. Jusqu'au jour où une amie m'a dit d'arrêter de prendre le lecteur pour un idiot, de le laisser penser. Et j'ai aussi pris conscience que ça alourdissait le texte et desservait l'émotion.

Voilà, c'est très général, mais ce sont des conseils qui m'ont beaucoup aidé quand on me les a donnés. J'ai mis du temps à détecter ces problèmes de moi-même, il faut accepter de se poser et de s'interroger un peu sur chaque phrase au début. Lire d'autres textes en se questionnant aide aussi, on voit généralement miex les problèmes chez les autres que chez soi!  :D

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Re : Annie divorce
« Réponse #9 le: 25 avril 2024 à 10:41:57 »
Bonjour,

Merci pour tes conseils, je vais revoir les points que tu as soulevé et réécrire du point de vue d'Annie, c'est elle le personnage principal.
Le contexte c'est une rupture difficile dans un couple sans histoire du jour au lendemain Annie se retrouve seule, elle est dans une dépendance affective mais au lieu d'accepter la rupture et comme Pierre ne lui donne plus de nouvelle ni une seule explication elle va plonger dans déni et se lancer dans une reconquête qui a du sens que pour elle.
Voila un peu mon idée.

Je vais retravailler le prologue la partie pour Pierre.

Merci en tout cas, je n'y aurait pas pensé
Karine
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