Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

12 mai 2024 à 01:26:01
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Une bonne disposition

Auteur Sujet: Une bonne disposition  (Lu 2542 fois)

Hors ligne Opercule

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Une bonne disposition
« le: 25 mai 2020 à 20:14:10 »
Un orage terrifiant s’abattait sur la grande maison. Les vieux murs tremblaient et les chambres semblaient vrombir sous l’assaut de la foudre. Portée par le vent, la pluie hurlante tambourinait sur les portes comme pour en déloger son seul occupant. De l’autre côté des volets mal fermés, un arbre lançait à chaque éclair des ombres de doigts morts et monstrueux à l’assaut des fenêtres.
Les cauchemars de Nabil flottaient juste hors de sa portée, dans un demi-sommeil zébré par le tonnerre. Dans son lit, trempé par la sueur et échaudé par l’insomnie, il hésitait inconsciemment en veille et sommeil, dans une valse équivoque avec un Morphée trompeur. Son corps semblait le piquer, le gratter, sans cesser vouloir se tourner, se retourner, chercher la moindre surface de draps fraîche ; mais tout également son esprit était enfermé dans des délires qui s’étaient pas des rêves et qui ne le reposaient pas.
Quand il put enfin reprendre contrôle de lui, Nabil s’arracha son état second, s’assit au bord de son lit. L’orage semblait encore plus proche, juste au-dessus de lui. S’enveloppant dans sa robe de chambre, il se dirigea vers la cuisine. La maison déployait tout le potentiel lugubre des bibelots divers, rayonnages de livres dans le couloir, escaliers larges et chargés d’objets. Éclairée par de larges portes-fenêtres, la cuisine ressemblait à une pharmacie d’apothicaire démoniaque, avec ses larges flacons et ses récipients divers, agencés en rang au-dessus des armoires. Dehors, le jardin battu par la nuit luisait sous la lumière fade d’un réverbère.
Les chaises du jardin se faisaient renverser par le vent, tandis que sa haie et ses arbres fruitiers dansaient encore. Il remplit la bouilloire et la posa sur la plaque chaude. Il s’assit sur le fauteuil du séjour, et attendit que l’eau soit chaude. Dodelinant de la tête, il considérait le jardin qui chantait sous le vent.

Toujours dans sa robe de chambre gris perle, Nabil marchait. Le soleil était généreux et la plaine collineuse resplendissait. Un étroit chemin de pierres pavées suggérait un chemin entre les herbes, les pâquerettes, les pissenlits. Une paix profonde l’avait saisi, et il lui semblait avoir marché depuis une éternité, pieds nus sur les pierres chaudes, quand il réalisa qu’à sa droite quelqu’un l’accompagnait.
Quand il reconnut son interlocuteur, il pouffa. L’apparition inclina la tête pour signifier son interrogation. Nabil continua son chemin, ignorant son compagnon de route, mais restant à ses côtés. Les couleurs du pré et du ciel le plongeaient dans un calme béat.
Ils marchèrent encore longtemps sans but, absorbés par l’invisible, et ils ne ressentaient ni la faim ni la fatigue. Nabil soupira et mit les mains dans les poches, et ils s’arrêtèrent. Devant eux le chemin continuait, mais il y avait un banc. Et ce banc surplombait un vallon, sous un pommier. Ils s’y installèrent, et captèrent le silence. Sous l’ombre de l’arbre, l’air était aussi satisfaisant que sous l’œil du soleil. Le délassement se prolongea encore, sans interruption.
« C’est calme, dit le compagnon.
– C’est vide, répondit Nabil. »

Comme pour le contredire, juste à l’horizon apparut un jeune chat, noir et blanc, et une petite fille, son amie. Elle lui parlait et sautait et se cachait. Enfin, elle s’assit sur une marche d’escalier et continua de jouer avec le chat.
Autour d’eux, l’environnement changea imperceptiblement, comme les aiguilles d’une montre qui glissent. Bientôt, ils se retrouvèrent dans un espace vert entouré de petites maisons brunes qui se cachent derrière des arbres. Des chemins étroits labyrinthaient entre les maisons et serpentaient vers le vallon. Des badauds traversaient l’espace, en discussion indiscernable qui éclatent en rire.
« Je me souviens de cet endroit, murmura Nabil. J’ai habité ici.
– C’est un lieu calme. Nous voulons une bonne disposition.
– Je dors, reprit Nabil, je rêve. »

Il voulut se lever pour se précipiter dans les airs, mais ne bougea pas. Il restait toujours flâneusement assis sur le banc. Il ne fut pas alarmé, juste un peu surpris, et revint à l’indolence.
« Nous sommes ton ami, n’est-ce pas ? »

Nabil acquiesça. La forme de son interlocuteur était indéfinissable et sa voix désincarnée. Ce n’était pas son ami. C’était un souvenir reconstitué, une ombre sans gestes, un instantané mis en vie. Par les mouvements saccadés, les lèvres sans respiration, le ton monocorde, il semblait être une chimère numérique. Mais rien ne perturbait la placidité de l’humain, son sourire lointain, et le petit chat qui sautait.
« Es-tu dans une bonne disposition ? demanda l’apparition.
– Oui, j’imagine.
– Explique-toi. »

Il pensa à la musique, à la joie, l’allégresse et l’amour. Une mélodie s’éleva comme une odeur pour embaumer l’atmosphère. Elle venait de la fenêtre entrouverte d’un immeuble environnant. Tout à coup, ou tout doucement, ou les deux, ils avaient changé de lieu. Ils étaient toujours sur un banc, dans un parc, mais c’était un rectangle de verdure urbaine. Le soleil était plus paresseux et frais, des nuages coursaient à travers le ciel.
Son suiveur avait changé, c’était une jeune femme dont les traits et l’habit était un peu plus fixés que l’incarnation précédente, mais dont les contours étaient toujours aussi flous. Il la reconnut silencieusement et n’éprouva aucune surprise. Ses pensées sautèrent d’un état à l’autre et malgré son air impassible, il commença à éprouver de la gêne. Il commençait à se débattre intérieurement, comme pour sortir d’un bain visqueux.
« Explique-toi, remarqua-t-elle. Es-tu dans une bonne disposition ?
– Je ne le suis plus, dit Nabil. »

Son corps ne suivit pas ses pensées, il se tenait toujours aussi imperturbable, le regard léger. L’apparition, dont la physionomie était encore flottante, semblait tenir un silence catastrophé et pensif :
« Explique-toi, répéta la présence. Es-tu dans une bonne disposition ?
– C’est fini, c’est mort. Je n’en veux plus. »

La respiration de Nabil se faisait plus lourde, et ses doigts commençaient à répondre à sa volonté. Sous son visage indifférent un grognement jaillit, tandis qu’elle répétait « Explique-toi. Explique-toi. » continuellement. Il ne lui accordait aucune attention et bataillait comme pour s’extirper d’une camisole.
La voix de l’autre serinait la même injonction, jusqu’à ce la phrase devînt une masse informe de sons qui écrasait tout. L’herbe, les passants, les immeubles, le soleil s’écroulaient et un monde vide et froid enveloppait la conscience possédée de Nabil. L’agitation du corps et la fréquence du bruit augmentèrent jusqu’à ce que la phrase soit réduite à un bruit constant et suraigu.
 « Quelles sont vos défenses planétaires ? » marmonna Nabil en émergeant subitement du sommeil.
Sur le feu, la bouilloire sifflait.

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« Modifié: 18 janvier 2021 à 18:49:17 par Opercule »

Hors ligne Loïc

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Re : Une bonne disposition
« Réponse #1 le: 25 mai 2020 à 22:56:20 »
Tagazok

Citer
il hésitait inconsciemment en veille et sommeil

entre, non ?

Citer
s’étaient pas des rêves et qui ne le reposaient pas.

n'étaient

Citer
la posa sur la plaque chaude. Il s’assit sur le fauteuil du séjour, et attendit que l’eau soit chaude

tite répétition

Citer
Nabil soupira et mit les mains dans les poches, et ils s’arrêtèrent.

Une virgule remplacerait avantageusement le premier et

Citer
sous d’un pommier.

'core une coquille

Citer
qui se cachent derrière des arbres

à mettre au passé

Citer
en discussion indiscernable qui éclatent en rire.

Je n'arrive pas à saisir ce que tu veux dire

J'ai rien compris, mais j'ai bien aimé. Il y a une espèce d'onirisme, de lourdeur mais dans le bon sens.
Mais j'ai quand même rien compris.
"We think you're dumb and we hate you too"
Alestorm

"Les Grandes Histoires sont celles que l'on a déjà entendues et que l'on n'aspire qu'à réentendre.
Celles dans lesquelles on peut entrer à tout moment et s'installer à son aise."
Arundhati Roy

Hors ligne Opercule

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Re : Une bonne disposition
« Réponse #2 le: 26 mai 2020 à 11:31:40 »
Yo, merci de passer,
Y a quelques coquilles (plus que je ne le voudrais), beaucoup d’hésitations pendant l’écriture et pas lissées. C’était un texte assez éprouvant à composer, mais je suis satisfait qu’il y ait au moins l’idée principale qui soit passée sans encombre...


Citer
qui se cachent derrière des arbres

à mettre au passé
j’ai hésité pour celui-là, je pensais peut-être faire un présent de vérité générale – ou de vérité, tout du moins.

Citer
en discussion indiscernable qui éclatent en rire.

Je n'arrive pas à saisir ce que tu veux dire
Je ne sais pas si tu as vécu ce moment où tu entends des gens parler ; tu ne sais pas ce qu’ils disent, mais tu sens l’ambiance qu’il y a entre eux, si c’est tendu ou léger, à fortiori quand ils finissent pas rire ensemble.

J'ai rien compris, mais j'ai bien aimé. Il y a une espèce d'onirisme, de lourdeur mais dans le bon sens.
Mais j'ai quand même rien compris.
Je voulais un esprit un peu sirupeux, informe, comme dans un rêve. En ce sens, c’est bien réussi. C’est pas tout ce que contient ce texte, il y a un en filigrane un questionnement sur ce qu’est être “bien”, “dans une bonne disposition” ; tu aurais pu te demander “en bonne disposition pour quoi ?”, et je te répondrais que c’est une partie du texte que j’ai abandonnée : c’était un alien qui voulait le manipuler pour qu’il dévoile les “défenses de la Terre”.

R
je ne vois qu’une lettre de ton commentaire, tu as dû avoir un bogue en postant ? Merci d’avoir lu, j’imagine.

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Re : Une bonne disposition
« Réponse #3 le: 26 mai 2020 à 17:49:47 »
yopercule !

Citer
S’enveloppant dans sa robe de chambre
hmm j'ai trouvé ambivalent, d'un côté l'ambiance horreur-robe de chambre qui fait toujours bien glauque-chic, en opposition cependant avec le fait que je trouve cela fait vachement 'un autre temps' que de se parer de tels accoutrements... mais d'une j'ai pas forcément raison sur ce point, et de deux tu ne précises pas de temporalité à ton onirisme (je reprends le terme du commentaire qui va bien), donc ça se justifie... après je reste dubitatif quand à l'utilisation un peu prout prout de l'objet qu'un slip négligemment rajusté d'un claquement de fesse aurait pu remplacer pour ensommeiller un peu l'ambiance

un show don't tell à préciser :
Citer
La maison déployait tout le potentiel lugubre

et puis heu bin en général, assez dur d'accès ce bout de prose, parce que je crois l'idée n'est pas de faire vibrer le lecteur sur un vécu auquel il n'aurait pas accès, mais plutôt lui faire accéder à une intériorité qui, par principe naturel, garde ses distances : qu'est-ce que signifie 'disposition', l'amitié d'un revenant, les figures complexes et approximées des autres personnages ; on sent la vapeur de la nuit, de cet état un peu second d'un réveil insomniaque...

je suis parti un peu mal à l'aise avec l'imparfait du début, et pourtant j'ai trouvé celui-ci savoureux en fin
ce qui m'amène à cette autre remarque que j'allais oublier : je crois que ce début n'était pas échauffé, et j'aime bien qu'il soit intégré malgré tout au produit fini... comme si tu avais écrit ceci sans te prendre le chou avec des artifices stopés par fixations de concentration appliquées

heu mince...
je crois que y'a plus de matière à soulever que ce que j'en dis, mais je sèche quand même un peu

bien à toi, et merci du partage
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Re : Re : Une bonne disposition
« Réponse #4 le: 26 mai 2020 à 23:22:26 »
yopercule !

Citer
S’enveloppant dans sa robe de chambre
hmm j'ai trouvé ambivalent, d'un côté l'ambiance horreur-robe de chambre qui fait toujours bien glauque-chic, en opposition cependant avec le fait que je trouve cela fait vachement 'un autre temps' que de se parer de tels accoutrements[...]

C’est vrai que ça fait tout de suite vieux. L’habit que j’ai en tête existe bel et bien dans notre temporalité, et pourrait s’appeler un peignoir, si ce n’est que ce n’est pas en tissu-éponge (comme un essuie de bain).

je suis parti un peu mal à l'aise avec l'imparfait du début, et pourtant j'ai trouvé celui-ci savoureux en fin
 [... ]ce début n'était pas échauffé, et j'aime bien qu'il soit intégré malgré tout au produit fini... comme si tu avais écrit ceci sans te prendre le chou avec des artifices stopés par fixations de concentration appliquées
exactement ! mon histoire commençait réellement dans le rêve et j’ai bricolé un genre d’intro sur le fil. C’est effectivement improvisé, donc j’espère que ça ne porte pas trop préjudice à la séquence.

Pour la question des temps utilisés, c’est vrai qu’on veut étaler les valeurs temporelles, c’est plus facile de taper quelques imparfaits, peut-être au point d’être étrange. Là encore, est-ce que c’est contre-productif ?
« Modifié: 28 mai 2020 à 13:16:14 par Opercule »

Hors ligne Jryber

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Re : Une bonne disposition
« Réponse #5 le: 27 mai 2020 à 01:39:14 »
Bonjour Opercule,

Je saute tout de suite dans le vif du sujet, la première impression qui m'est venu à la lecture de ce texte c'est que par moment les tournures de phrases étaient étranges et un peu lourdes, comme celles-ci :

Citer
La maison déployait tout le lugubre des bibelots
Citer
Il restait toujours flâneusement assis sur le banc

On en comprend le sens mais la lecture n'est pas fluide. J'avoue que ça m'a sorti de l'histoire à plusieurs reprises. J'ai aussi ressenti la répétition dans cette phrase :

Citer
Un étroit chemin de pierres pavées suggérait un chemin entre les herbes, les pâquerettes, les pissenlits.

Je suis d'accord sur le fait qu'à partir d'un moment j'ai senti que j'arrivais à une partie un peu plus travaillée. C'est le cas de ce paragraphe et des suivants.

Citer
Nabil acquiesça. La forme de son interlocuteur était indéfinissable et sa voix désincarnée. Ce n’était pas son ami. C’était un souvenir reconstitué, une ombre sans gestes, un instantané mis en vie. Par les mouvements saccadés, les lèvres sans respiration, le ton monocorde, il semblait être une chimère numérique. Mais rien ne perturbait la placidité de l’humain, son sourire lointain, et le petit chat qui sautait.

J'ai adoré ce passage, très envoutant, bien écrit et qui fait vraiment très onirique. Ça m'a fait penser aux personnes que l'on s'imagine en pensées ou en rêve et que l'on ne peut exactement définir.

Pour conclure, je suis un peu comme Loïc, j'ai bien aimé l'univers et l'ambiance même si je ne suis pas certain d'avoir bien compris la chute. En résumé, ce seraient des êtres extraterrestres qui utilisent la tempête pour se déplacer (ou cacher leurs déplacements) et qui tentent de soutirer des informations au protagoniste. Ils essayent de le mettre dans de bonnes dispositions en lui faisant revivre en rêves certains moments de son existence pour au final lui poser des questions sur les défenses de la planète, ce qui ne semble pas porter ses fruits.

Est-ce que ça correspondrait ou je suis totalement passé à côté ? :)

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Re : Une bonne disposition
« Réponse #6 le: 27 mai 2020 à 18:36:51 »
Citer
Pour la question des temps utilisés, c’est vrai qui on veut étaler les valeurs temporelles, c’est plus facile de taper quelques imparfaits, peut-être au point d’être étrange. Là encore, est-ce que c’est contre-productif ?
je dirais que c'est plutôt un peu négligé, comme si ce temps m'apparaissait le plus souvent désuet...
mais c'est ptetr que mon impression
comment le sens tu toi ?

pour répondre à Jryber, je suis pas sûr que y'ait la pondération d'importance à ce qu'on se fait généralement d'une histoire... c'est cliché d'attendre une chute et de comprendre le sens d'un texte... non là c'est du proserêve, c'est du photomantôme, des nuages d'images... je me trompe peut-être mais j'aime ce genre de littérature et ici je crois en avoir trouvé un peu par goût du truc

ahah et en PS : op, une soie couleur peau scintillante, aux drapés plongeants et monumentaux, sur un corps scultural ? y'a de quoi sublimer pas qu'un imaginaire je crois :}
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Hors ligne Opercule

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Re : Une bonne disposition
« Réponse #7 le: 28 mai 2020 à 13:31:43 »
Merci pour tes pensées, Jryber ! Ce n’est pas la première fois que l’on pointe des tournures un peu alambiquées sur mon texte. Dans les exemples que tu prends, je vois que je peux déjà me débarrasser de quelques adverbes ou répétitions.
Je remarque aussi, maintenant que tu les cites, que j’aime beaucoup décrire les choses en triades, mentionner trois choses dans l’entourage. Probablement un reste d’ateliers d’écritures :mrgreen:

En résumé, ce seraient des êtres extraterrestres qui utilisent la tempête pour se déplacer (ou cacher leurs déplacements) et qui tentent de soutirer des informations au protagoniste. Ils essayent de le mettre dans de bonnes dispositions en lui faisant revivre en rêves certains moments de son existence pour au final lui poser des questions sur les défenses de la planète, ce qui ne semble pas porter ses fruits. Est-ce que ça correspondrait [...] ? :)

Dans un monde idéal où les auteurs pourraient faire passer leurs idées comme ils le désirent, ce serait ça. J’avais prévu un second arc narratif et davantage de doutes sur l’identité  de "l’interlocuteur" – mais c’est l’essentiel.

je dirais que c'est plutôt un peu négligé, comme si [l’imparfait] m'apparaissait le plus souvent désuet [...] comment le sens tu toi ?
hum… je ne sais pas trop. j’aimais bien l’imparfait... négligé et désuet ? comment ça ?

pour répondre à Jryber, je suis pas sûr que y'ait la pondération d'importance à ce qu'on se fait généralement d'une histoire... c'est cliché d'attendre une chute et de comprendre le sens d'un texte...

Vous avez tous les deux raison, ce texte n’a pas vraiment de chute – dans le sens un événement mémorable duquel on ne pourrait pas revenir. C’est un genre de tranche de vie, une fin ouverte qui pourrait être le début d’une chose ou la fin d’une autre. Je ne suis pas partisan du "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants", ou de la fin de Star Wars (le film original) où il y a une grande cérémonie militaire pour décorer les gens. Il n’y a pas toujours non plus de grand moment d’explication ou un dénouement où tout s’arrange. La vie continue...

ahah et en PS : op, une soie couleur peau scintillante, aux drapés plongeants et monumentaux, sur un corps scultural ? y'a de quoi sublimer pas qu'un imaginaire je crois :}
On dit qu’on doit porter le peignoir/ robe de chambre croisée, à savoir un pan recouvre l’autre. Aucune chance de distinguer ce beau corps d’Apollon ... ;-)

Hors ligne Milora

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Re : Une bonne disposition
« Réponse #8 le: 20 août 2020 à 00:44:06 »
Petit remontage !

Pour le détail :

Citer
Son corps semblait comme le piquer, le gratter,
Je chipote mais le "comme" répète l'idée déjà continue dans "semblait", du coup il ne me semble pas nécessaire.

Citer
mais tout également son esprit était enfermé dans des délires qui n’étaient pas des rêves et qui ne le reposaient pas.
Je comprends pas bien ce "mais tout également son esprit". Le "tout également" est là comme adverbe ? (j'ai du mal à voir à quoi se raccroche le "tout")

Citer
quand il réalisa qu’à sa droite quelqu’un l’accompagnait.
Quand il reconnut son interlocuteur, il pouffa.
Il y a une répétition de "quand"

Citer
pour signifier son interrogation.
La formulation me semble un chouia lourde

Citer
Ils marchèrent encore longtemps sans but, absorbés par l’invisible, et ils ne ressentaient ni la faim ni la fatigue. Nabil soupira et mit les mains dans les poches ; ils s’arrêtèrent. Devant eux le chemin continuait, mais il y avait un banc. Et ce banc surplombait un vallon, sous un pommier. Ils s’y installèrent, et captèrent le silence.
C'est peut-être volontaire, mais je trouve qu'on entend beaucoup la répétition des "et", dans ce passage (d'autant que la plupart sont mis en relief par une ponctuation (virgule ou point) juste avant, du coup on les entend fort à la lecture).

Citer
ils se retrouvèrent dans espace vert
Petite coquille, il manque un "un"

Citer
Des chemins étroits labyrinthaient
Oh, c'est joli, ce verbe ! (même inventé !)

Citer
Il restait toujours flâneusement assis sur le banc.
J'aime bien le mot flâneusement aussi, même s'il n'existe pas non plus.

Citer
un instantané mis en vie.
Jolie tournure !

Citer
Mais rien ne perturbait la placidité de l’humain,
L'humain, ici, c'est bien Nabil ? Si oui c'est bizarre, cette périphrase pour le désigner, vu qu'on est grosso modo en focalisation interne sur son point de vue depuis le début. Il ne se penserait sans doute pas sous ce terme.

Citer
dont les traits et l’habit était un peu plus fixé
étaient, fixés (puisque le sujet c'est les traits et l'habit)

Citer
et ses doigts commençaient à bouger sous son impulsion. Sous son visage indifférent un grognement jaillit,
Deux fois "sous" (et je trouve que "sous son impulsion" est un peu lourd)

La fin m'a un peu déçue ! En gros c'est juste "et c'était un rêve" ? Je trouve ça un peu décevant parce qu'on a l'impression que le "compagnon" essaie de l'amener à quelque chose (j'ai pensé qu'il était en train de mourir de sa maladie, et que le "compagnon" l'accompagnait, ou un truc comme ça). Alors que la phrase :
Citer
« Quelles sont vos défenses planétaires ? » marmonna Nabil, s’éveillant en sursaut.
détone beaucoup par rapport à l'ambiance plutôt onirique/intimiste/fantastique du reste du texte. C'est pas le même imaginaire, du coup ça m'a semblé un peu incongru.

Par rapport aux commentaires précédents :

Citer
Pour la question des temps utilisés, c’est vrai qu’on veut étaler les valeurs temporelles, c’est plus facile de taper quelques imparfaits, peut-être au point d’être étrange. Là encore, est-ce que c’est contre-productif ?
Les subjonctifs imparfaits ne m'ont pas du tout gênée (je les avais même pas remarqués), à part sur la fin : "jusqu’à ce que ça devînt", parce que "ça" c'est plutôt familier, et "devînt" c'est très soutenu, du coup j'ai trouvé que ça n'allait pas très bien, côte à côte.


 Dans l'ensemble, j'ai trouvé la lecture agréable, l'ambiance onirique est là, on sent assez bien le personnage fiévreux qui délire ; mais par contre, la fin m'a semblé un petit peu expédiée, du coup ça m'a empêchée de vraiment adhérer au texte  :-[

Merci pour cette lecture, en tout cas ! :mafio:
« Modifié: 20 août 2020 à 01:25:03 par Milora »
Il ne faut jamais remettre à demain ce que tu peux faire après-demain.

Hors ligne Opercule

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Re : Une bonne disposition
« Réponse #9 le: 06 janvier 2021 à 22:23:02 »
Petit remontage !
Razzias de réponses aux commentaires oubliés, passez votre chemin. Salut Milora !

Pour le détail :

Citer
Son corps semblait comme le piquer, le gratter,
Je chipote mais le "comme" répète l'idée déjà continue dans "semblait", du coup il ne me semble pas nécessaire.
C’est peut-être une formule plus ou moins consacrée, ou une tournure informelle, mais j’avais le sentiment que c’était une structure assez connue/correcte ?

Citer
mais tout également son esprit était enfermé dans des délires qui n’étaient pas des rêves et qui ne le reposaient pas.
Je comprends pas bien ce "mais tout également son esprit". Le "tout également" est là comme adverbe ? (j'ai du mal à voir à quoi se raccroche le "tout")
Mouais, revoyant ça quelques mois plus tard je me demande ce que ça peut bien faire là. C’est lié à "également". que veux-tu, j’aime inventé  ::)

Citer
quand il réalisa qu’à sa droite quelqu’un l’accompagnait.
Quand il reconnut son interlocuteur, il pouffa.
Il y a une répétition de "quand"

Citer
pour signifier son interrogation.
La formulation me semble un chouia lourde
Ma cryptonite  :-¬?

Citer
Ils marchèrent encore longtemps sans but, absorbés par l’invisible, et ils ne ressentaient ni la faim ni la fatigue. Nabil soupira et mit les mains dans les poches ; ils s’arrêtèrent. Devant eux le chemin continuait, mais il y avait un banc. Et ce banc surplombait un vallon, sous un pommier. Ils s’y installèrent, et captèrent le silence.
C'est peut-être volontaire, mais je trouve qu'on entend beaucoup la répétition des "et", dans ce passage (d'autant que la plupart sont mis en relief par une ponctuation (virgule ou point) juste avant, du coup on les entend fort à la lecture).
Très juste, c’était plutôt voulu. Comme dit avant c’était pour jouer sur la sensation de longueur étirée, allonger le truc d’une manière ou d’une autre. Tu en penses quoi ?

Citer
Des chemins étroits labyrinthaient
Oh, c'est joli, ce verbe ! (même inventé !)

Citer
Il restait toujours flâneusement assis sur le banc.
J'aime bien le mot flâneusement aussi, même s'il n'existe pas non plus.

Citer
un instantané mis en vie.
Jolie tournure !
Merci ; comme quoi ça tombe juste parfois  ;D

Citer
Mais rien ne perturbait la placidité de l’humain,
L'humain, ici, c'est bien Nabil ? Si oui c'est bizarre, cette périphrase pour le désigner, vu qu'on est grosso modo en focalisation interne sur son point de vue depuis le début. Il ne se penserait sans doute pas sous ce terme.
Je ne suis pas sûr de quelle focalisation j’ai été dans le texte. je ne suis pas totalement fixé sur ça. Tu veux dire que si je veux désigner le personnage j’ai pas le droit de le décrire pour ce qu’il est ? Genre "jeune homme" c’est la même chose non ?

La fin m'a un peu déçue ! En gros c'est juste "et c'était un rêve" ? Je trouve ça un peu décevant parce qu'on a l'impression que le "compagnon" essaie de l'amener à quelque chose (j'ai pensé qu'il était en train de mourir de sa maladie, et que le "compagnon" l'accompagnait, ou un truc comme ça). Alors que la phrase :
Citer
« Quelles sont vos défenses planétaires ? » marmonna Nabil, s’éveillant en sursaut.
détone beaucoup par rapport à l'ambiance plutôt onirique/intimiste/fantastique du reste du texte. C'est pas le même imaginaire, du coup ça m'a semblé un peu incongru.

C’est triste que tu n’aies pas donné à la fin le sens que j’aurais voulu. Peut-être qu’elle était précipitée. mon idée originale était que, encore dans le rêve, son "ami" agisse de plus en plus suspicieusement et curieusement, jusqu’à ce que, à travers son délire, Nabil soit persuadé que ce soit un genre d’apparition non-humaine. La question sr les défenses serait posée par l’"ami", dans le rêve. Qui est en fait un genre de "contrôle de son esprit", ou d"interrogatoire hypnotique" par des entités aliens ’-’

Par rapport aux commentaires précédents :

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Pour la question des temps utilisés, c’est vrai qu’on veut étaler les valeurs temporelles, c’est plus facile de taper quelques imparfaits, peut-être au point d’être étrange. Là encore, est-ce que c’est contre-productif ?
Les subjonctifs imparfaits ne m'ont pas du tout gênée (je les avais même pas remarqués), à part sur la fin : "jusqu’à ce que ça devînt", parce que "ça" c'est plutôt familier, et "devînt" c'est très soutenu, du coup j'ai trouvé que ça n'allait pas très bien, côte à côte.

ouais, je dois te l’accorder. c’est pas vraiment remplaçable par "cela", n’est-ce pas ? ce serait trop transparent. parfois je vois des "cela" et je me dis "c’est juste des faux "ça""  :P

Merci de ton remontage en tout cas !

 


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