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06 mai 2024 à 14:49:16
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » un tunnel sous le ciel

Auteur Sujet: un tunnel sous le ciel  (Lu 294 fois)

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un tunnel sous le ciel
« le: 07 avril 2024 à 16:25:01 »
un tunnel sous le ciel
#bribes #science-fiction #'sommeil' & 'éveil' #apocalypse

...

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- I
"le réveil sonne"
Sous la Surface désigne l'ensemble des successions de sociétés secrètes qui ont agitées l'humanité à partir du IIIème millénaire durant la période dite 'de sommeil'... celle-ci s'écoula depuis le début de cette approximative date transitoire vers ce qui allait marquer l'humanité d'une régression dans les modalités qu'elle avait assemblée jusqu'à lors, elle dura et elle dure encore, et durera jusqu'à sa fin promise sans garantie, et si elle se permet à elle-même de s'achever... peut-être alors que dans ce cas, l'ère de la communication transparente est proche ! elle est à atteindre pour nous sortir du phénomène sale de nettoyage de nos mensonges humains par l'avènement d'un nouvel état social ne permettant plus à ce mensonge d'exister en tant qu'usage profitable à titre individuel en société ; oui, depuis le IIIème millénaire, les vérités gagnent, pour la première fois de l'Histoire, plus de batailles que le mensonge ; et ce n'est pas un mince retournement de situation ! non, d'après certains, le faux a toujours suivi l'hominisation depuis l'hominidé à partir du stade où celui-ci a cherché la communication ; ce que nous cherchions à la base de ce moteur qui nous unifiait, le partage pratique de l'information, nos ancêtres sans exception avaient eu pour cette quête, affaire au mystère et aux interrogations : des questions sans réponses transcendant les âges, et qui avançaient sans qu'on s'en aperçoive, pas à pas, à chacune des autres questions qui construisaient notre rapport acté à la vie, au quotidien, et alors que nos paroles, nos conversations, nos arts et nos sciences, nos mysticismes et spiritualités, étaient baignées de ce mystère, nous tentions pourtant tous de changer ces espaces vides interrogatifs, en notre compréhension du monde, et son expression ; ainsi la quête des vérités restait la destination que notre voie empruntait ; et le faux y était omniprésent : croyances, doutes, choses invérifiées, sont lentement devenues des ignorances et des certitudes, des choses vérifiables... erreurs, mensonges, implicites, ont atteint à cette apogée transitoire, une force qui s'annihilait elle-même, par l'effet que la vérité demandait des comptes là où il n'y avait plus d'échappatoire, pour la première fois de l'humanité partagée, et par le fait qu'elle était cumulative ; toutes les duperies volontaires et les fausses croyances involontaires, avaient survécues jusqu'à lors par le silence, ou plutôt par l'absence d'accès à leur extériorisation ; mais à ce moment-là où la communication elle-même, dans ses formes, fut suffisamment équipée, puissante, alors la vérité fut la plus forte dans les esprits, et ainsi révélée publiquement à la société elle commença le long chemin de son enracinement ; l'authenticité put commencer sa lente approche dans les rapports sociaux, en commençant par un délitement de ses constituants ; c'est ainsi que débuta 'le sommeil' : le refus de la vérité qui priva l'humanité de sa capacité à l'éveil ; Sous la Surface est considéré comme le mouvement raréfié à l'extrême et impuissant face 'au sommeil', qui tenta, tente et tentera tant que perdurera, de refaire surface pour que nos âmes respirent ensemble

- II
"les bulles sous la surface, courent à leur fin"
là où les prophéties se réalisèrent ; ce même endroit où les prévisions furent exactes ; ce lieu de la raison qui pour un début, y voyait clair... trop clair ! un regard vrai était neuf, il était aveuglant, alors nous nous sommes brûlés les yeux à le contempler... comme le soleil sur la rétine, il n'a fallu que d'un instant pour que tout s'effondre, à peine le temps de prendre conscience de la douleur, et tout était dorénavant détruit ; ne restait qu'une espérée durée de cicatrisation, résorbance des séquelles impliquées par ce passé fulgurant, apparu comme une étincelle, celle-là qui avait mis feu aux poudres de la communication ; tout explosa, on n'y put rien, et les rares survivants perdus entre ceux qui s'entre-tuèrent, furent ceux qui, sous la surface, gardèrent précautionneusement la flamme de l'éveil de conscience dont tant d'humains avaient témoignés, et qui disparut de la société par manque de ces individus... pour la grande majorité des autres, ils furent incapables de se construire assez pour parvenir à cet état dont la complexité était alors nouvellement trop ambitieuse, à partir du IIIème millénaire, et ils restèrent irrémédiablement dans leurs bas instincts, car ils oublièrent la culture qui s'étaient matérialisée et dont ils avaient pourtant besoin afin de devenir ce qu'ils appelaient des adultes responsables ; la communication perdit toutes les structures extérieures qui la soutenaient, et alors qu'exprimée sur des supports plus ou moins accessibles et durables, l'expérience cumulée de l'humanité se voyait dénigrée par ceux qui n'estimaient pas suffisamment en avoir le réel besoin, tout fut alors perdu ! non pas comme d'une purge effaçant les preuves, mais d'un oubli, d'un désintérêt, partagé par la majorité qui finit donc par ne plus que vivre dans un conflit s'aggravant par le manque progressif de moyens de rationalité ; les pulsions oui, prirent le dessus, et naquit la discorde et le refus en bloc de toute culture ; furent traqués, se dissimulèrent, les rares qui croyaient encore en ces choses, qui s'abreuvaient en secret des histoires de l'Histoire... la flamme à garder allumée, c'était les objets matériels qui exprimaient cette histoire, et ceux qui pouvaient le faire étaient ceux qui en avaient assez expérimentés ; il y eut des gardiens de livres qui se devaient surtout de les lire et de transmettre l'amour de la lecture, par mais aussi au-delà de la conservation de ces objets matériels, tout comme il y eut des gardiens de films, de musiques... et dans les objets matériels, il y avait ceux de la révolution numérique, elle qui avait permis l'explosion de la vérité : il y eut des gardiens de l'informatique, se démenant dans les ruines d'internet, morcelées depuis leur déconnexion ; un sous-terrain de conscience humaine ; pendant que les zombies de l'apocalypse étaient de simples animaux de lignée humaine et peuplaient une planète dévastée ; la vérité s'était mise 'en sommeil', et dans cette coupure d'une nuit, elle faisait rêver l'humanité ; le lendemain serait proche

- III
"les étoiles du faux ne brillent que dans le ciel d'une nuit de la vérité"
Soleil Systémique se définit comme un sémiotope synthétique numérique ; il en existe à l'heure actuelle au moins la version que j'ai trouvée, que j'ai cachée en lieu sûr, et la copie que j'ai sur ma machine de data sur lequel est témoigné mon présent ricochet de conscience cumulable ; en tant qu'archéologue du web, mon occupation consiste en l'entretien du mouvement perpétuel d'accumulation des expériences singulières ; je vis une époque difficile, la fin humaine du début du IIIème millénaire a laissé mon environnement extrêmement hostile du point de vue de l'écosystème, son équilibre étant alors très fragile, incertain ; je survis grâce aux technologies de mes ancêtres, qui sont extrêmement précieuses, car je n'ai ni les matériaux, ni les moyens de leur fabrication ; ainsi je me dois au mieux de préserver leur état qui pourtant se dégrade au fil des ans, des siècles ; le récit en pièces de Soleil Systémique, raconte comment le papier se fragilise au fil du temps, et qu'idemement éphémère, le numérique pourrait finir par retourner lui aussi à la poussière ; j'espère qu'avant que tout soit ainsi perdu, renaîtra l'humanité consciente, et qu'ainsi nouvellement éveillée, elle reprendra sa route, sa quête, éternelle, de réponses à ses questions ; car aujourd'hui dans ce monde hostile car sans vie agréable, ce monde dangereux car affaibli, les humains survivent en s’entre-tuant ; la communication a disparu car le rejet de la culture l'a rendue exsangue, l'a étouffée, et elle gît là par moi et sûrement d'autres, qui lui prodiguons les soins à son coma

- IV
"l'entrée peu rassurante de ce passage sombre par en-dessous"


version corrigée : v.c1.3
« Modifié: 11 avril 2024 à 08:25:07 par Dot Quote »
won't you color me a picture of your shallow needs
together you and me will find a pill to help stop you bleed
all this time you thought you'd never live successfully
just turn right back around and tell yourself the delivery
[...]
no i'm not awake


severed - crossbreed

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Re : un tunnel sous le ciel
« Réponse #1 le: 09 avril 2024 à 21:57:25 »
Salut Dot !

Citer
Sous la Surface désigne l'ensemble des successions de sociétés secrètes
du coup, le "Sous la Surface", je le verrai bien entre guillemets ou en italiques, pour marquer l'expression.

Citer
jusqu'à lors, elle dura et elle dure encore,
je verrai bien un point avant "elle dura"

Citer
les vérités gagnent pour la première fois de l'Histoire, plus de batailles que le mensonge
me semble qu'il faudrait encadrer l'incise "pour la première fois de l'Histoire" par des virgules
J'aime bien "les" vérités, ça donne de la profondeur

Citer
d'après certains points de vue, le faux a toujours suivi l'hominisation depuis l'hominidé à partir du stade où celui-ci a cherché la communication
je pense que "points de vue" pourrait sauter

Citer
nos ancêtres sans exception avaient eu pour cette quête, affaire au mystère et aux interrogations
décidément, je pinaille sur la virgule... celle-ci me semble de trop

Citer
à chacune des autres questions qui construisaient notre rapport acté à la vie, au quotidien, et alors que nos paroles, nos conversations, nos arts et nos sciences, nos mysticismes et spiritualités, étaient baignées de ce mystère, nous tentions pourtant tous de changer ces espaces vides interrogatifs, en notre compréhension du monde, et son expression
j'aime beaucoup

Citer
à cette apogée transitoire, une force
virgule en trop ?

Citer
mais à ce moment-là où la communication elle-même
le "-là" me semble de trop

Citer
qui tenta, tente et tentera tant que perdurera, de refaire surface pour que nos âmes respirent ensemble
point

Commentaire du I.
C'est très conceptuel, en narration très externe, très "je vous raconte". Perso, un peu de chair, avec un personnage, avec du vécu etc. me permettrait de reprendre me souffle et de concrétiser les réflexions (forcément abstraites).
Je verrai bien ça comme le prologue d'un bouquin, l'intro qui pose le monde et ses enjeux, ses problématiques avant que les persos entrent en scène.

Citer
"les bulles sous la surface, courent à leur fin"
très joli
(courir ? est-ce que naviguer ou un truc plus aquatique serait pas plus parlant ?)

Citer
là où les prophéties se réalisèrent ; ce même endroit où les prévisions furent exactes ; ce lieu de la raison qui pour un début, y voyait clair...
remplacer les ";" par des virgules ?

Citer
un regard vrai était neuf, il était aveuglant, alors nous nous sommes brûlés les yeux à le contempler...
puissant ça, ça mérite réflexion et mâchouillage avant la phrase suivante

Citer
furent ceux qui sous la surface,
encadrer "sous la surface" avec des virgules ?

Citer
furent traqués, se dissimulèrent, les rares qui croyaient encore en ces choses, qui s'abreuvaient en secret des histoires de l'Histoire...
très clair et très puissant ce passage qui éclaire ce qui précède (j'aime bien la métaphore filée de la lumière dans ce qui précède : soleil, étincelle, feu au poudre, explosion...)

Citer
la flamme a garder allumée
à

Citer
la vérité s'était mise 'en sommeil', et dans cette coupure d'une nuit, elle faisait rêver l'humanité ; le lendemain sera proche
"sera" c'est fait exprès ? j'aurais vu "serait"
pas de point ici non plus, c'est donc peut-être volontaire... tu m'expliques ?
Sinon la conclusion du II est bien chouette, une belle phase de synthèse qui ouvre vers la suite.

Ce II est encore assez "didactique", conceptuel, toujours pas de personnage.

Citer
sémiotope
tu m'expliques STP ?

Citer
Soleil Systémique
comme tout à l'heure, je verrais des guillemets ou de l'italiques

Citer
il en existe à l'heure actuelle au moins la version que j'ai trouvée, que j'ai cachée en lieu sûr,
Ahhhh ! Voici le "je" voici l'entrée en jeu d'un narrateur personnage  :bonpublic:

Citer
et elle gît là par moi et sûrement d'autres, qui lui prodiguons les soins à son coma
"elle gît là par moi", je comprends le concept, mais je pense que tu peux formuler de manière plus compréhensible (en gardant cette notion "d'assitance respiratoire"  :mrgreen:)


Voilà pour le détail.
Au global, j'aime bien les concepts énoncés, j'aime bien la forme un peu complexe mais compréhensible, j'aime bien l'évolution sur les trois parties et surtout le fait que la dernière prenne corps (avec le "je") et devienne plus concrète (les concepts deviennent plus préhensibles pour le lecteur).

Citer
- ce texte est inachevé parce que je me suis arrêté l'autre jour, sans penser à mémoriser ce que j'en attendais...
- je crois c'est ça qu'ils appellent la cancel culture ? dont je m'effraie ici à un point névralgique assez insoutenable pour moi...
dommage que tu te sois arrêté ; je pense que t'a matière à nous faire vivre quelque chose de fort ; sans forcément partir sur un format long (je parlais de prologue, au-dessus), j'aimerais, arrivé à ce stade du texte, lire l'aventure de ton narrateur, sur ses préoccupations de vie en visualisant le monde (horrible) dans lequel il vit et en voyant ces "humains déshumanisés" vivre leur quotidient effrayant.

Merci pour la lecture, c'est une base qui pourrait vraiment faire une chouette nouvelle.

A+
Rémi
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

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Re : Paniers aux œufs dans les branchages
« Réponse #2 le: 10 avril 2024 à 19:52:16 »
salut Rémi !

merci pour :
- les suggestions de forme
- les impressions sur le fond
- l'inspiration qui m'a sorti de l'impasse



selon tes remarques :
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en réponse à tes réflexions :
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en paratexte de ce nouveau segment :
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respectueusement Rémi,
et à une prochaine !



Paniers aux œufs dans les branchages
#bribes #science-fiction #'sommeil' & 'éveil' #apocalypse

...


"
La double-longue-vue me permet un regard. En contrebas s’élèvent les ruines. Et les lentilles de verre avancent vers moi la situation du lieu. Venise est ensevelie sous le sable, comme à son habitude, et de rares restants des bâtisses de l’ancien temps émergent ça-et-là. Je connais la ville, je sais ce qui l’habite ; ce qui la ronge. Et je suis là pour, justement, garder un œil sur son agonie. Elle est morte depuis longtemps déjà, mais comme dans un nid laissé à l’abandon, s’y trouvent des œufs que je me dois de protéger. Lors de ma ronde je valse entre les nids que Sous-la-Surface m’a confiés. Nous sommes trop peu nombreux pour tous les surveiller en même temps. Et puis, paradoxalement et malgré l’impératif à notre surveillance, ces nids sont plus sécurisés lorsque nous n’y sommes pas.
Car les Endormis nous traquent plutôt nous, les humains équipés. Capables seulement de violences physiques avec leurs corps bestiaux et peu outillés, ils ne peuvent ni atteindre ni pénétrer ni détruire les sanctuaires aux sémiotopes. Là, en-dedans des forteresses qu’ont bâti les premiers conservateurs de l’Histoire, sont gardées en lieu sûr, toutes les traces de l’ancienne humanité qui ont survécues. Il y a longtemps que les livres de papier ou de plastique se sont désagrégés. Il y a longtemps que la data de métal est inopérante à la lecture. Ne restent que les cristaux gravés. Ceux-ci sont rangés dans des bunkers impénétrables. Et qui ne possède pas la clé n’a aucune chance de les toucher. Alors les Endormis attendent patiemment nos rondes, et par tous les moyens de destruction nous attaquent. Non pas vraiment sans raison, ils ne sont pas assez bêtes pour ça ; mais sous les ordres des Démons, ces humains éveillés qui n’ont que la haine à partager. Ainsi par des bribes de langage injonctives, quelques peu d’effets de communication beuglés, les Démons liguent les Endormis contre nous. Tout ce qui les motive est la mort. Le chaos. Et la prise de contrôle des sanctuaires que nous protégeons.
Je les observe donc depuis le monticule forestier le plus sécurisé des abords de Venise. Cela fait six mois depuis mon dernier passage. Je compare un peu les situations. Quelques mouvements plus ou moins organisés, ils doivent être au moins une centaine à errer ainsi en plein jour, à découvert. Ceux qui se cachent sont souvent deux à cinq fois plus nombreux. Et les chefs sont parmi eux. Parfois l’un de ces Démons tient place en un emplacement stratégique, mais les autres prennent soin de se dissimuler, de se protéger. Cette fois ci je n’en repère aucun.
Il me faut à présent organiser mon entrée dans le sanctuaire. Le nombre d’entrées de celui-ci perd en sécurité à chaque nouvelle ronde. Les Endormis connaissent l’entrée principale, il y a longtemps qu’elle est devenue impraticable, car je ne peux l’approcher sans qu’ils soient des dizaines à m’y attendre. Deux autres accès un peu plus excentrés, menant à la salle de stockage par des couloirs aménagés, sont également connus des Démons qui ont posté des gardes pour la plupart du temps. Il y a la trappe d’au-dessus, totalement à découvert en haut d’un monticule, cet accès-là est circonstanciel, car dangereux pour eux comme pour nous ; mais pour la ronde d’aujourd’hui je ne peux pas compter dessus. Ces entrées là furent tellement utilisées qu’elles sont dorénavant inutilisables ; elles sont contrôlées par l’ennemi.
Les anciens nous avaient prévenu de ce caractère consommable des points vitaux d’accès. Que notre seule arme était la discrétion, et que celle-ci n’était jamais totale. Qu’à chacune de nos rondes les Endormis s’organiseraient grâce aux Démons, pour repérer les entrées par lesquelles nous nous faufilons, et pour en prendre le contrôle. Que lorsqu’ils les avaient toutes, alors nous perdions le sanctuaire ; par manque d’accès dû à leur garde. Et que sinon, dans le pire des cas étant qu’ils parviennent à entrer dedans, ils détruiraient tout à l’intérieur.
Des anciennes villes comme New York, Paris ou Tokyo, abritaient plusieurs sanctuaires avec de multiples entrées, toutes conçues par les premiers conservateurs de l’Histoire. De plus petites ne possédaient qu’un unique sanctuaire, les entrées étant en nombre variable, débouchant parfois à des kilomètres loin des bâtiments. Il y avait aussi de ces sanctuaires beaucoup plus perdus sur la carte cosmopolite de l’ancien monde, des bunker loin de toutes ruines… Mais la constante à tous ces nids aux œufs, c’était que lorsqu’une entrée était prise par les Endormis, alors nous n’avions que très peu de chance qu’ils nous la rendent ; que s’ils franchissaient le passage scellé, alors tout était perdu. Ainsi perdions-nous au fil des décennies, ces œufs à protéger, à garder le plus longtemps possible. Et de notre espoir de voir renaître l’humanité consciente, nous savions qu’ainsi le temps était compté. Que les réserves s’amenuisaient inéluctablement.
La double-longue-vue est précieuse. Cela fait déjà quelques siècles que les ateliers de verrerie et de ferronnerie de Sous-la-Surface ont été détruits par les Endormis, et que nul ne possède les moyens de les reconstruire. Je prends soin de cet outil, car je le transmettrai un jour à mon successeur, qui prendra lui-même le soin contre l’inéluctable dégradation du matériel. Un jour, inéluctablement, il sera inutilisable, soit par l’inadvertance d’un choc dont nous nous sommes appliqués à éviter les risques, soit si tout se passe au mieux, lorsque sa vie prendra fin à cause du temps qui passe. Le soin des objets est une capacité indispensable depuis le début du Sommeil. Je m’y applique aussi scrupuleusement que précautionneusement. Alors, une fois que j’ai assez observé, je range la double-longue-vue dans son étui, avant de siffler Moustique.
Il est une forme beaucoup plus sophistiquée de l’outillage humain résiduel du passé technologique. Un bijou de l’époque transitoire. Quelque chose parmi les plus inouïes qui nous reste de l’ancien monde et de ses pouvoirs. C’est une chimère qui m’accompagne fidèlement. Qui transcende les âges et les générations de Sous-la-Surface. La savante alliance de l’équilibre terrien. Il ressemble à un énorme frelon qui me suit partout. Son dard-abdomen consiste en un cristal gravé, le plus durable et le plus solide des matériaux pour cacher de l’information en quantités inégalables, cryptée ainsi dans un objet atemporel ou presque. Enraciné dedans, un nerf organique vient étirer ses terminaisons qui permettent d’avoir accès à toutes ces données, il y a là une machinerie complexe constituée de biostructures aux cycles de régénération infinis, un peu comme un animal immortel qui ne vieillirait pas. C’est ce que les anciens savaient faire avec la génétique. Ce nerf se prolonge dans un corps de chair qui porte le cristal. De la taille d’un oiseau, il est un organisme autonome qui survit notamment grâce à ses ailes végétales. Celles-ci lui permettent de voler pour se déplacer, autant que de capter les rayons du soleil et, par photosynthèse, de remplir les carences en énergie dont il pourrait souffrir. Enfin, dernière pièce de la chimère, une glande mycélienne lui permet en cas de mort accidentelle, de libérer des spores qui relancent la construction d’un nouvel être autour du cristal ; un nerf et un corps animal, des ailes végétales, et une nouvelle glande mycélienne. C’est ainsi que ce phénix suit, depuis le début, la phase de Sommeil de l’humanité. Il me suit là et me suivra toujours, il suivra encore après ma mort, ceux qui me survivront.
- Moustique ? On y va ?
Ses petites cordes vocales vont stimuler la plus fragile des pièces des chimères ; le cyborg. Une puce électronique logeant un logiciel d’interface entre moi et le cristal, lui indique une réponse à parler :
- On y va.
D’après mes observations, aucune des entrées les plus endommagées n’est accessible. Je n’aime pas lorsqu’il faut que je me lance vers une qui soit encore saine. Déjà parce que l’impression de perdre encore une fois du terrain sur celui des Endormis se fait désespérante ; cette réserve consommable de moyens d’accès étant manifestement amoindrie lorsque cela arrive. Ensuite parce que les entrées saines, puisque restées secrètes, puisque pas utilisées, je ne les connais pas, ou beaucoup moins. À chaque fois que les Endormis gagnent du terrain, c’est en parallèle du nombre de fois que je prends le même chemin. Ainsi plus je les emprunte, plus je les connais, plus ils me retrouvent. Et au bout d’un moment elles sont perdues. Lorsque celles que je connais le mieux sont impraticables, je dois aller gaspiller les opportunités restantes, et elles le sont car nous les gardons en réserve. Ainsi je ne les connais que par les cartographies des anciens, et plus le temps passe, plus celles-ci s’éloignent de la réalité du changement topologique.
Cette fois-ci donc, je dois emprunter l’entrée 07, car les six premières sont trop dangereuses. Et je n’ai jamais utilisé l’entrée 07.
- Moustique, s’il-te-plait, éclaireur. L’entrée 07. Une porte d’acier dans une petite tour dans le quartier sud-ouest. Des escaliers à vérifier dans le bâtiment. Des rues à confirmer pour y accéder. Une fois dedans tout sera comme dans la carte, mais il me faut savoir comment y parvenir. Tu le fais selon le protocole habituel ?
- D’accord, acquiesce la boite de dialogue limité.
La chimère-cyborg s’envole devant moi. Je la suivrai dans quelques minutes en prenant soin de passer là où les troupes d’Endormis ne risquent pas de me repérer. D’ici là il sera parvenu à l’objectif, aura noté ce que j’ai à savoir pour arriver à la cible, et repartira en sens inverse pour aller à ma rencontre et me servir de guide.
J’ai mes harpons aux poignets, mais il me semble que Venise n’est pas la plus optimale des villes pour utiliser ces treuils de déplacement. Ses murs sont trop solides pour que les pointes ne les transpercent, ses reliefs étant pourtant très adéquats pour se déplacer ainsi en semi-vol acrobatique. Ici, encore plus que dans les immenses forêts de la nature, il vaut mieux pouvoir se détacher du sol pour se déplacer. Les troncs gigantesques qui marquent les routes des rondes de Sous-la-Surface, se hissent en piliers propices au déplacement pendulaire rapide. Certaines villes offrent le même type d’opportunités à se balancer entre les crochetages successifs du harpon-poignet-droit et du harpon-poignet-gauche, mais Venise, ce n’est pas son cas…
Afin de brouiller les pistes, il faut les multiplier. Les anciens les ont listées, et nous suivons leur ordre selon la loi systémique de l’occupation de l’ennemi, tout comme l’usage des entrées. Si la numéro n est trop risquée, on passe à la n+1, si une n-x est sécurisée, on la privilégie à nouveau. Ainsi est la règle de consommation des accès. Là pour l’entrée 07, puisque c’est ma première fois, je vais emprunter la piste 01 ; si celle-ci est par le hasard occupée et donc risquée, ce sera la piste 02. Etc.
Parfois je tombe sur les légions plus ou moins marchantes des Endormis. Et alors je dois les détourner au mieux de leur cible. Je prends des détours, les perds, puis reviens lorsque je les ai abandonnés.
Je contourne la ville, Moustique me rejoindra à la limite sud-ouest des lignes de bâtiments. Il me faudra être furtif dans les rues. Me glisser le plus possible à découvert. Esquiver les zones de pleine visibilité. Et atteindre le bâtiment qui abrite l’accès scellé. Une fois à l’intérieur, tout sera plus calme, plus stable, plus sécurisé. Tant qu’ils ne sont pas à l’intérieur, les Endormis ne peuvent rien si j’y suis. Et alors j’ai un moment de tranquillité, le temps de m’occuper des œufs dans le nid ; des cristaux dans le sanctuaire.
La forêt est beaucoup moins haute ainsi aux bords de Venise. Comme une lisière de plage où les vagues végétales viennent s’écraser contre le fond qui disparaît. Il n’y a donc pas de hauts points où lancer mes harpons. La progression est alors difficile, puisque je dois marcher sur un sol encombré de ronces, de racines, de buttes et de crevasses.
Au milieu de l’après-midi, j’ai rejoins le quartier le plus proche de l’entrée 07. Je sais que Moustique m’observe depuis une cachette, et qu’il viendra me guider lorsque je serai moi-même à couvert.
Je profite d’une faille dans un mur, pour sortir de la forêt et m’engouffrer dans les ruines.
Seuls les matériaux les plus durables ont résisté aux siècles d’abandon depuis le début du Sommeil. Du béton qui s’effrite un peu, se fissure parfois, s’effondre au bout d’un moment ; du métal d’armatures, des plaques, des grilles ; très peu de bois a tenu jusqu’à aujourd’hui ; très peu de verre aussi, qui en morceaux a fini recouvert par la poussière et le sable ; les plastiques ont fondus, se sont désagrégés ; les papiers ne sont plus là.
Dans ce lieu figé qui se meurt lentement, j’enjambe des fenêtres, suis des couloirs, traverse le moins de rues possible pour passer d’un rez-de-chaussée à l’autre. Moustique reste à proximité, son logiciel de déplacement lui étant adapté pour rester discret sans me perdre de vue.
À un moment, j’entends des voix humaines. Des baragouinements inarticulés qui m’indiquent un groupe d’Endormis. J’ai de la chance qu’aucune de ces voix n’aient les caractéristiques d’un Démon. Ce ne sont pas des invectives hurlées en quelques syllabes construites, non, simplement des grognements plus ou moins gutturaux, comme des flatulences de conscience. Ils sont tout près, et avant qu’ils puissent me détecter, je cherche la solution 01 à ce genre de situation : un escalier. Leur  odorat peut les mener sur la piste, mais c’est surtout leur vue et leur ouïe qui peuvent me trahir et les placer devant ma route, situation qu’il me faut éviter au maximum. Leurs rondes à eux n’impliquent pas de monter aux étages, ils y perdraient la majeure partie de leur temps, ainsi les étages sont une bonne cachette lorsque je veux les laisser s’éloigner. Mais il est beaucoup plus difficile de se déplacer entre les bâtiments si je monte du sol ; surtout à Venise où les harpons-de-poignet sont inefficaces.
Par chance, je n’ai pas à chercher le plus proche vestige d’escaliers qui sont le plus souvent effondrés ; il y a plantés dans les murs, les barreaux métalliques d’une échelle. Je monte un étage et m’arrête le temps que la cachette me dissimule du chemin des Endormis. Il me les faut à portée de bruit pour savoir lorsque je pourrai reprendre ma route en toute sécurité ; je ne monte donc pas aux étages supérieurs. Pendant ce temps que je perds immobile, Moustique au vol silencieux inspiré par les chouettes s’en va tourner pour une mission de repérage, en attendant qu’ils soient hors de portée.
Lorsque je sais les Endormis assez éloignés du chemin que je dois prendre, je redescends l’échelle et le reprends, en direction de l’entrée 07.
C’est la première fois que je vais la tenter, alors il y a très peu de chances que les Endormis ou les Démons la soupçonnent. Je ne dois pas gâcher ce secret ; le plus longtemps possible. Peut-être une future fois inévitable, seront-ils sur sa route, et commenceront-ils à se méfier ; une fois d’après ils me suivront alors que je dois l’atteindre le plus discrètement possible ; et à force d’indices que je leur perdrai à chaque nouvelle ronde, finiront-ils par la contrôler totalement et à en bloquer l’accès. Ou pire, entreront-ils alors que je passe par l’ouverture scellée dont j’ai la clé.
Aujourd’hui je n’ai donc que peu affaire avec eux, alors je dois me concentrer à découvrir cette nouvelle route vers l’intérieur du sanctuaire.
Une fois arrivé dans le bon bâtiment, cette tour indiquée par la cartographie des anciens, je grimpe les étages jusqu’à l’entrée scellée. Le moment est délicat, car pour ouvrir la porte sécurisée, il faut le bon matériel et assez de temps pour la procédure. Moustique monte la garde comme il le peut, surveillant sans se faire voir, observant les éventuels passages de troupes Endormies. Je joue des clés, je déplace des blindages, m’infiltre à l’intérieur, et il me rejoint au dernier moment. Je peux alors refermer le passage, et me voilà en sécurité dans le sanctuaire-nid-aux-oeufs-de-cristal.
Je vais pouvoir aller vérifier l’état de l’écosystème interne qui permet la durabilité et la stabilité du lieu et de ce qu’il abrite. Ce n’est qu’une ronde de contrôle, la plupart du temps il n’y a rien ni à réparer ni à consolider, les anciens ont tout prévu afin que cela reste totalement autonome. Je ne suis que de passage, mais le petit séjour que je me dois d’effectuer ici relève d’autre chose que de la vérification du bon ordre, et de l’entretien des œufs.
Il me faut aussi entretenir le souffle de conscience. Profiter du patrimoine immatériel de l’humanité, et surtout m’en nourrir, afin de le transmettre au fil des générations de Sous-la-Surface. Mon lecteur de cristal est ce qui me distingue des Endormis et des Démons : s’ils savaient que ce qu’ils veulent détruire est le trésor le plus important de l’humanité…
Après une marche souterraine dans les méandres des couloirs de l’entrée 07, j’arrive enfin au sanctuaire que je connais bien. Il n’a pas changé en six mois. Les cristaux sont là, rangés, plantés dans leur pré comme une forêt de culture. Mes yeux fascinés le sont car mon esprit est bien là, conscient, admiratif de ces reliques d’un temps où l’humain savait encore se partager de l’information par cryptage de celle-ci, dans des incarnations matérielles. L’époque des livres est révolue, l’époque des images, des sons, l’époque des traces physiques de l’esprit humain, tout est là conservé, gravé dans les cristaux qui ne se dégradent pas, même des siècles durant. Les humains d’aujourd’hui ne savent pas ce que leurs ancêtres avaient construits, ce château de cartes qui depuis s’est effondré. S’ils étaient à mes côtés ici, à admirer ces cartes retombées au sol, ces cristaux magnifiques, ils ne verraient que des jolies pierres à piller, à voler, à casser ou, au mieux, à brandir pour s’enivrer de leur esthétique mystérieuse et scintillante. Alors que moi je sais ce qu’il y a à l’intérieur. Ces choses qui font toute leur préciosité. Ces choses invisibles, que mon lecteur de cristal peut révéler au grand jour dans mon esprit.
Il y a tant de ces choses encapsulées. Tant d’Histoires emmagasinées dans ce sanctuaire. Avant de repartir pour le prochain nid sur la route de ma ronde, c’est ce moment intense que je préfère : parmi cette multitude immense de témoignages du passé, je n’ai que l’embarras du choix. Toute une vie ne suffirait jamais à embrasser ne serait-ce que le contenu d’un seul cristal, et il y en a des centaines. Ma responsabilité pour perpétuer la conscience humaine, consiste juste à donner à mon esprit accès à la culture passée.
Je saisis un cristal au hasard, et parcours son chapitrage.
Je lis quelques titres des documents rangés dans la catégorie « cinéma de science-fiction, fin du deuxième millénaire chrétien » : eXistenZ, par Cronenberg – ia, par Spielberg – minority report, par Spielberg – a skanner darly, par Linklater – the prodigies, par Charreyron – wall-e, par Stanton – babylon ad, par Kassovitz – je suis une légende, par Lawrence – l’armée des 12 singes, par Gilliam – thx 1138, par Lucas – the island, par Bay – mr. nobody, par Van Dormael – clones, par Mostow – ultimate game, par Neveldine et Taylor – waterworld, par Reynolds – …
Je suis près à plonger. Mon esprit là pleinement accompli par mon corps, va pourtant oublier ce dernier le temps de s’abreuver de culture humaine du passé. Je suis avide de m’oublier un peu dans l’Histoire de mes ancêtres. Et pendant ce temps les Endormis errent sous le soleil couchant. Moustique, lui, ronronne dans son coin en une sieste afin d’économiser ses batteries végétales ; il est en apnée en tout intérieur sans soleil, et je le laisse dormir, également en position de repos pour ma session d’abreuvage.
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Re : un tunnel sous le ciel
« Réponse #3 le: 10 avril 2024 à 21:59:43 »
Yo !

Citer
je réserve le point-virgule afin de suggérer un autre type de séparation qui serait plutôt de l'ordre d'une mise en parallèle... ta suggestion me fait réfléchir pour utiliser au mieux ces deux formes de séparateurs pour mes prépositions chewing-gum
j'aime bien le concept de prépositions chewing-gum ^^
et effectivement, les prépositions qui proposent des angles d'analyse de cette vie dans le futur résonnent pas mal entre elle en étant séparées par des points-virgule

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hmmm disons après réflexion, que c'est un peu la traduction 'sf' de 'médiathèque', ou pas loin ; un 'lieu' (topos) où son conservés les 'signes' (semeion), je voulais un terme qui prenne en compte le numérique que je tentais de décrire dans ce mien univers sf ; mais je me rends compte notamment grâce au récit qui suit et que tu m'as permis, qu'une zone floue demeure, car je désignais autant par ce terme, un livre, un cd, une clé usb ou toute forme de stockage, que le lieu où les rassembler, confusion possible entre donc, un rassemblement de médias, et les médias en tant qu'objets unitaires...
mon grec est rouillé !
J'aime bien du coup ; à voir pour expliquer sans trop expliquer au lecteur. Et oui, du coup je te laisse gérer la possible confusion



Chouette si mon petit commentaire a pu faire revenir à toi les idées qui se cachaient :)

Citer
à la base pour ce texte, maintenant que je me souviens de ce détail, je voulais qu'il soit implicitement composé de pièces des reliques culturelles ayant survécu à cette forme d'apocalypse qui me sert de trame contextuelle scénaristique, des morceaux des sémiotopes que Sous-la-Surface tente de conserver, et avec une ambition déchronologique, commençant donc par une explication de la fin du Sommeil, où la conscience humaine est sur le point de se relever, ce qui justifiait donc la forme que tu as justement décrit comme étant 'conceptuelle', plus on aurait avancé et plus on serait remonté dans le processus de récupération de l'éveil humain là où celui-ci avait cassé, nécessitant donc un travail de Sous-la-Surface pour, à partir des données culturelles de la fin de millénaire, creuser un tunnel sous le ciel du Sommeil, comme des zones d'ombre que cette société secrète devait éclairer tout en préservant les objets de cryptage du patrimoine nécessaire à la conscience individuelle-collective qui ici par son absence, marque la perte humaine qui motive tout mes mots d'ici
Appétissant !
ça donne envie. L'idée suivante peut paraître bateau : pourquoi pas raconter cette histoire sous un angle un peu prophétique ? Genre avec un groupe de types, des croyants de la culture et du savoir, qui gardent leurs reliques du passé (textes, musiques, théâtre, films...) et les consultent en attendant la fin du Sommeil ?


Je repasse un de ces jours (sûrement pas avant ce week-end, je suis booké demain et vendredi) pour lire et commenter la nouvelle. J'ai hâte !

À bientôt !

Rémi
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

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Re : un tunnel sous le ciel
« Réponse #4 le: 10 avril 2024 à 22:14:52 »
re !



j'aime bien le concept de prépositions chewing-gum ^^
awèèè j'trouve aussi, cette texture chewing-gum est vraiment bien malléable maintenant que je la pétris de longue période de pratique ! coooool

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hmmm disons après réflexion, que c'est un peu la traduction 'sf' de 'médiathèque', ou pas loin ; un 'lieu' (topos) où son conservés les 'signes' (semeion)
[...]
confusion possible entre donc, un rassemblement de médias, et les médias en tant qu'objets unitaires...
mon grec est rouillé !
J'aime bien du coup ; à voir pour expliquer sans trop expliquer au lecteur. Et oui, du coup je te laisse gérer la possible confusion
...qui risque de se manifester si les armées d'idées qui m'ont attaquées après la rédaction de ce deuxième segment, sortent depuis mon clavier sur mon ordi ! mais là pour l'instant ça fourmille de perspectives pour lesquelles je ne peux me lancer dans une nouvelle session écriture ! ayaya ça va tellement probablement disparaître dans le sous-mon-iceberg snif

L'idée suivante peut paraître bateau : pourquoi pas raconter cette histoire sous un angle un peu prophétique ? Genre avec un groupe de types, des croyants de la culture et du savoir, qui gardent leurs reliques du passé (textes, musiques, théâtre, films...) et les consultent en attendant la fin du Sommeil ?


Je repasse un de ces jours (sûrement pas avant ce week-end, je suis booké demain et vendredi) pour lire et commenter la nouvelle. J'ai hâte !
eh bien serais-je vraiment le seul à te spoiler si je te dis que tu as deviné ? huhu ceci et des détails de plausibilité qui viendront ptetr enrichir ce tas de chewing-gums !



à++++ !
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Re : un tunnel sous le ciel
« Réponse #5 le: 10 avril 2024 à 23:11:50 »
J'ai finalement pris le temps de lire (mais pas de commenter), j'avais trop envie. Et c'est trop chouette !!!
Super ambiance, background expliqué sans trop de lourdeur (et c'est pas facile). J'ai repéré des trucs à dire, je repasse bientôt, promis !
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Re : un tunnel sous le ciel
« Réponse #6 le: 10 avril 2024 à 23:16:07 »
Haha cooool
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Re : un tunnel sous le ciel
« Réponse #7 le: 10 avril 2024 à 23:54:10 »
Alors, clairement, c'est pas le genre de texte que j'ai l’habitude de lire, et mes commentaires n’engagent que moi! J'espère ne vexer personne en donnant mon avis en tant que personne qui débarque sur ce texte et qui ne sait pas à quoi s’attendre.
La première chose, c'est que je n'ai pas réussi à identifier ce que j'ai lu. Posté sur un forum, sans marqueur, c'est peut-être normal, mais le texte est très dense et l'absence de genre clairement identifié et de contexte ne m'a pas aidé à comprendre le texte et surtout où il veut aller. Je ne suis pas du tout une spécialiste des textes courts, bien au contraire, mais pour accrocher sur ce format, j'ai besoin de comprendre rapidement où l'auteur veut m’emmener.
Il y a de belles images, des associations intéressantes, mais je trouve que des phrases sont vraiment trop longues et qu'il y a une accumulation d’effets qui devient lourde. J'ai fini par perdre le sens des phrases. Maintenant, je suis adepte d'un style simple et fluide. Je ne suis pas le bon public. Mais je trouve que c'est intéressant en tant qu’auteur d’avoir différents sons de cloches!

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Re : un tunnel sous le ciel
« Réponse #8 le: 11 avril 2024 à 13:01:25 »
Salut Mythesilenne,

T'as lu le deuxième post de Dot ? y a une histoire beaucoup plus concrète à te mettre sous la dent ;)

A+
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

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Re : un tunnel sous le ciel
« Réponse #9 le: 12 avril 2024 à 20:34:21 »
yoyobonjour Mythesilenne, et bienvenue sur ce forum ! un chaleureux merci pour oui, ce 'son de cloche' de quelqu'un qui 'débarque' sur mon écriture, c'est très intéressant de lire ta confusion car cela me sort de ceux qui ont suivi ma progression, et c'est très enrichissant de pouvoir cerner les enjeux de ta lecture !

les points qui m'ont fait bcp réfléchir :
- 'identifier ce que tu as lu'
là tout ce que je pense est mon rapport coupé du monde par la psychiatrie, j'ai une pathologie dont un symptome est la défaillance intellectuelle sur la notion d'identité... ce pour quoi je peux même être très revendicateur, car cela date d'avant mes troubles officiels... mais c'est très vaste et résumer ceci est déjà là bien trop volumineux, je ne vais donc pas plus loin !
- ' sans marqueur'
qu'entends-tu par ce terme ?
'comprendre rapidement où l'auteur veut t'emmener'
- hmmm... je ne sais pas quoi répondre, il me semble babiller le bec en l'air pluss pour l'expression que pour la communication ou l'influence... ptetr pas de manière générale, mais pour chacun de mes trucs, je suis pas du tout bon mentaliste et ne me pose pas vraiemnt la question de comment je serai interprété... en lien sûrement avec le sentiment d'être incompris : moi-même n'ai pas forcément de vraie destination précise autre que l'unicité de mes textes, que je ne saurais synthétiser en quelques mots... même mes titres, le visage du texte, sont souvent très fumeux, multifactoriels, avec de fortes doses de flou...
'phrases'
réponse cachée dans la réponse à ton commentaire d'un autre de mes textes

merci à toi pour ta participation, et comme te l'indique sympathiquement Rémi, est à ta disposition une suite plus 'normale' que tu peux retrouver sur cette page, avec des points des majuscules, des vraies phrases, des personnages des lieux des actions des objets et une trame scénaristique...

=)
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Re : un tunnel sous le ciel
« Réponse #10 le: 12 avril 2024 à 22:51:40 »
Merci Rémi, non je n'avais pas vu! J'ai compris aujourd'hui qu'on pouvait avoir la suite d'un récit dans le même sujet.... Je débarque! :D

J'entends par marqueur une quatrième de couverture, une image, tout ce qui font qu'un livre te donner quelqus indices sur ce que tu vas lire et de manière inconsciente, prépare tes attentes.

Je trouve très intéressant de remettre en cause la notion de genre et les stéréotypes. Mais comme beaucoup de lecteurs, je pense, je suis formatée par eux et donc, en lisant les premiers paragraphes d'un récit, je les cherche involontairement. Ta première phrase me dit " traité, essai" et puis "IIIème millénaire" me dit SF, puis, tes propos me disent "philosophie" puis "métaphysique"... et comme e plus tu as un vocabulaire dense et manies les idées de manière intense.... ben je me suis paumée! :D
Et du coup ce que tu dit sur l'absence de but précis de ton texte peu aussi expliquer ma perpexité. Encore une fois, parce que je suis habituée à la convention qu'au début d'un texte, l'auteur pose une question et tente d'apporter une réponse à la fin. Le fameux contrat. Je ne dis pas que tu devrais suivre cette convention, simplement que ça aide à comprendre un texte.

J'adore ton expression de "babiller le bec en l'air", excellent!
« Modifié: 12 avril 2024 à 22:53:20 par Mythesilenne »

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Re : un tunnel sous le ciel
« Réponse #11 le: 12 avril 2024 à 23:28:55 »
reeee
merci pour le soin apporté à ta réaction, et aux opportunités de réflexion que tu me proposes à nouveau



Merci Rémi, non je n'avais pas vu! J'ai compris aujourd'hui qu'on pouvait avoir la suite d'un récit dans le même sujet.... Je débarque! :D
je me dois d'être honnête, c'est un peu de la triche de ma part vis-à-vis des usages corrects du forum... mais j'avoue qu'en tant que cela m'aide à rassembler des thématiques, des sujets, je serais volontiers partisan que cela ne soit pas aussi limite que ce qui se considère sur la question... plusieurs textes courts en un fil, ça reste du texte court !

J'entends par marqueur une quatrième de couverture, une image, tout ce qui font qu'un livre te donner quelqus indices sur ce que tu vas lire et de manière inconsciente, prépare tes attentes.
oooo d'ac eh ouais j'avoue que la frontière entre un produit et l'orbite qui permet de graviter autour ne sera jamais nulle quoi qu'on veuille épurer le paratexte ! heu... j'avoue parfois associer plusieurs médias, notamment le dessin que je pratique aussi... j'avoue me sentir parfois un peu seul contre bcp, à habiller mes intervention avec des tags, j'avoue ne pas forcément être efficace à la pratique d'un texteparatexte que je tente qmm souvent en italique right avant ou en spoiler... mais en tant que j'ai eu un peu de théorie de comm' notamment comm' (communication commerciale huhu), je considère comme important ce qui est sauvagement appelé publicité lorsque c'est pour du fric, mais dont le mot devient tout-de-suite plus vague si l'on parle de promotion...

Je trouve très intéressant de remettre en cause la notion de genre et les stéréotypes.
[...]
en lisant les premiers paragraphes d'un récit, je les cherche involontairement. Ta première phrase me dit " traité, essai" et puis "IIIème millénaire" me dit SF, puis, tes propos me disent "philosophie" puis "métaphysique"... et comme e plus tu as un vocabulaire dense et manies les idées de manière intense.... ben je me suis paumée! :D
remettre en cause oui, pour la pratique du truc qui me parait primordiale en toute circonstance... après, on ne refait qmm pas à volonté ce qui fait consensus ! ptetr mon mélange des genres que tu cites peut participer de la confusion, mais en vrai t'as hit les bons qui me touchent et m'ont motivé, j'y renommerais volontiers en 'pseudosophie d'anticipation (hypothétique)'... ça brasse un peu le tout dans un même bol, non ?

Et du coup ce que tu dit sur l'absence de but précis de ton texte peu aussi expliquer ma perpexité. Encore une fois, parce que je suis habituée à la convention qu'au début d'un texte, l'auteur pose une question et tente d'apporter une réponse à la fin. Le fameux contrat.
hmmm j'ai l'impression tu voulais dire 'de propos à la thématique unique et clairement distincte' ? ce serait une autre manière de signifier ce que je formule en 'unicité de mes textes' ; moi je reste perplexe car pourtant ce que je trouve à cette unicité, que je peux évoquer avec le terme que j'emploie souvent, 'capsule', montre bien que pour moi, un texte = une idée... mais effectivement elle n'est ptetr pas... comment dire... notre système solaire possède une étoile centrale, le contrat que tu évoques me parle en principe même si je n'en ai qu'une pratique sans vraie théorie, mais il pourrait résonner selon moi, comme certains systèmes solaires possèdent plusieurs étoiles, dont certaines sont donc en tant qu'objets orbitaux ; ma métaphore ici tente de rendre ce que j'estime à mes écrits et autres formes d'art : il n'y a pas que le centre qui brille, il n'y a pas une idée-cheffe, il m'est très intéressant de composer des idées où il n'y a pas qu'un objectif, pas qu'une problématique, pas qu'un axe unique comme pourtant il est sécurisant de réfléchir, mais au contraire bin... oui, plusieurs soleils dans des systèmes où du coup, la lumière n'est ni d'un point unique, ni forcément depuis le centre...

J'adore ton expression de "babiller le bec en l'air", excellent!
huhu je dois rendre à césar ce que j'ai pris à platon, cette expression est de lui pour désigner (preuve que tu as tapé juste) le philosophe ! huhu du même bonhomme une autre que vraiment j'attendais de pouvoir placer avec tout un contexte qui ici sera sous silence : 'la perversion de la cité commence par la fraude des mots' ! c'est un problème assez vieux je crois, je me sens tellement découragé à tenter de le palper, notamment ici



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