Gasp non. Je m'exprime mal sans doute, ce qui est le comble sur un forum de littérature.
Dire que tous les philosophes se moquent de la forme (et tous les littéraires du fond) est évidemment faux !!
En fait même je n'affirme rien, j'essaie de me poser des questions autour de ton thème pour échanger.
Pour illustrer la différence entre la forme et le fond, j'essayais d'imaginer (c'est un angle d'attaque parmi d'autres) des cas extrêmes de textes avec beaucoup de fond et peu de recherche sur la forme ou inversement.
Dans le cas de textes où la forme prévaut, je proposais le texte de Mallarmé "Ses purs Ongles..." (Aboli bibelot d'inanité sonore) ; et je constatais que les seuls cas que je connaisse de ce type sont des textes poétiques. Même si le fond est obscure, on ne peut s'empêcher de ressentir quelque chose. Je proposais donc que la forme permettrait à elle seule de communiquer des choses, et dans mon cas ce sont des émotions.
Dans le cas de texte ou le fond prévaut sur la forme : il est impossible d'écrire "sans forme" ; je proposais donc certains textes de thèse, ou des textes techniques (notice) car ici la forme adoptée est en général imposée. Il y a une forme mais il n'y a pas toujours (pas nécessairement en tous cas) ou peu de recherche de la part de l'auteur, juste un volonté de "respecter une Charte". Je ne dis pas qu'aucun thésard ne l'a jamais fait ! J'essaie de trouver un cas extrême pour illustrer un texte avec peu de forme.
Ensuite je proposais d'étendre ce cas à certains textes de philo (pas tous !) où les auteurs prennent le parti de faire peu de recherche sur la forme, privilégiant le contenu.
Ces cas extrêmes n'illustrent pas tout ; et je pense au contraire que l'écrasante majorité des textes (philo et littérature) sont un mélange des deux.
Mais j'ai envie de tirer comme leçon de ces 2 cas extrêmes que la forme s'adresse davantage à notre cœur et le fond à notre raison. C'est évidemment une proposition, pas une affirmation.
Enfin, pour pousser le bouchon encore plus loin, j'observe que la philosophie (sauf quand elle devient poésie comme avec Nietzsche par exemple) n'est pas considérée comme de l'art (ce n'est pas moi qui le dit pour le coup).
Je me demandais donc (et là je suis de moins en moins affirmatif !) si la différence entre ces deux formes d'écrit n'est pas liée aussi à cette recherche sur la forme, et si c'est cette recherche de forme qui vaut à la littérature d'être un art.
Et je propose ici que cette recherche sur la forme, qui fait que le texte dépasse les mots, dépasse le sens strict des mots, est à la fois l'art et à la fois le canal qui véhicule en grande partie les émotions.
Hum, j'ai été un peu long, mais j'espère en avoir profité pour être plus clair...
C'est un sujet compliqué, non ?