Le Monde de L'Écriture
Salon littéraire => Salle de lecture => Romans, nouvelles => Discussion démarrée par: Arsinor le 05 avril 2024 à 17:23:11
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Bonjour à tous,
Qui a lu ces pavés civilisationnels que les Lettres classiques et modernes présentent comme fondamentaux ? Je veux parler de l'Odyssée, l'Iliade, l'Enéide, les Métamorphoses, la Divine Comédie, les Misérables, la Recherche du temps perdu et des cycles comme les tragédies grecques, et j'en oublie la plupart.
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Pourquoi donc cette question ?
J'suis en plein dans la Recherche si tu veux en parler. Mais vraiment les romans fleuves comme ça c'est pas ma tasse de thé - y'a quand même Ulysse de Joyce que j'aimerais bien tenter, et L'homme sans qualité de Musil.
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Bonjour Safrande,
La raison de ce questionnement est lié à une méditation personnelle sur mon manque de culture.
J'ai un peu commencé "à l'ombre..."
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Moi quand je pense mon manque de culture je me rappelle la phrase de Renard : "Je me moque de savoir beaucoup de choses, je veux savoir des choses que j'aime" ;D
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Il y’a un an j’ai trouvé une dizaine de grands classiques que je n’ai pas lu à l’école, en version électronique gratuits, le disciple de Picsou que je suis n’a pu résister à cette offre pour étoffer ma culture. J’ai donc commencé avec « Les frères Karamazov » de Léon Tolstoï. C’était aussi long et chiant que « Les Chouans » de Balzac et presque autant que « Les Misérables » que j’ai dû lire. Il y’a en revanche quelques classiques que j’ai apprécié comme « Supplément au voyage de Bougainville » de Denis Diderot. C’est l’un des rares ouvrages, avec les pièces de Molière, excepté « Don Juan », que j’ai aimé. Le reste était soit chiant, soit bof, aussi j’appréhende un peu celui que j’ai choisi pour lire après Tolstoï, « Gargantua ».
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Il y a des classiques passionnants, c'est sûr. Il ne faut pas hésiter à fouiller là-dedans pour se faire plaisir. ^^
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J’avoue que j’ai pris du plaisir à lire certains classiques comme « Le capitaine Fracasse », « Cyrano de Bergerac », « L’aiguille creuse » ou « Le tour du monde en 80 jours ».
Après si je me rappelle bien j’ai une vingtaine de classiques à lire, des titres aussi variés que « Le Bossu de Notre Dame », « Les filles du docteur March » ou « Mort sur le Nil , et plus d’une centaine d’autres livres, avant tout des sujets d’Histoire, ma grande passion. L’avantage de l’Histoire c’est que l’on connaît le sujet et qu’il y a peu de chance que l’on soit déçu. Avec les auteurs que l’on ne connaît pas c’est toujours la loterie et je n’ai pas envie de gâcher mon argent.
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Moi quand je pense mon manque de culture je me rappelle la phrase de Renard : "Je me moque de savoir beaucoup de choses, je veux savoir des choses que j'aime" ;D
C’est vrai, mais j’ai quand même bien envie d’étoffer ma culture 😁.
Surtout savoir de quoi il retourne et comprendre pourquoi ce sont devenu des classiques. Je n’ai d’ailleurs pas compris pourquoi « Les frères Karamazov » en était devenu un, il est d’après moi bourré de défauts.
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Ouais je comprends, mais j'ai pas tellement cette approche un peu "historique" de la littérature ou de l'art en général ; puis lire c'est tellement chronophage que je veux être à peu près sûr que je vais prendre du plaisir, que je vais vivre une expérience esthétique, que ça va me marquer, que ça va changer ma façon d'écrire si possible ;D
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Tu as raison la lecture est chronophage. C'est pour ça que je préfère l'Histoire, qui est aussi une véritable passion chez moi. Contrairement à toi je ne cherche pas l'expérience esthétique. Je cherche à prendre du plaisir quand je lis et je m'intéresse plus au fond qu'a la forme. Ce que j'essaie de modifier un peu car je me suis aperçu sur le forum que j'avais encore des progrès à faire dans l'écriture et que si je faisais un peu plus attention à la forme cela pourrait m'être profitable.
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"Toute littérature s'inscrit dans l'Histoire", a dit Petitfils. Et ailleurs, en substance : "On ne peut juger alors qu'avec les yeux d'alors." Impossible donc de se faire une idée exacte de notre passé.
Je fais cette remarque en passant car je m'intéresse aussi beaucoup à l'Histoire.
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Je ne connaissais pas ces citations de Jean-Christian Petifils, mais elles sont pertinentes, les historiens s’en tiennent avant tout aux faits. Et les mentalités évoluent avec le temps. C’est pourquoi ce qui nous semble logique ne l’était pas pour une personne d’autrefois, qui plus est dans une aire géographique différente. Malgré certains sentiments communs aux êtres humains peu importe leur époque et leur région.
J’ajoute que les historiens sont généralement de bons écrivains. Certes leurs thématiques n’ont rien de romantique bien souvent, mais leur style est bien souvent agréable à lire.
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Entièrement d'accord, avec toi, Joachès.
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Peut-être que les grands textes traitent des grands sujets que l'on ne cessent de reraconter sans fin.
Parce que les mythes fondent la pense humaine, qu'ils sont à la source, et que les histoires que l'on raconte sont toujours les mêmes.
Après je ne suis pas certain que nous soyons assez fortiches pour repérer les bourdes et les défauts chez Tolstoï, déjà que l'on a de la peine à repérer ceux des écrivailleurs du forum
B
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Ouais je comprends, mais j'ai pas tellement cette approche un peu "historique" de la littérature ou de l'art en général ; puis lire c'est tellement chronophage que je veux être à peu près sûr que je vais prendre du plaisir, que je vais vivre une expérience esthétique, que ça va me marquer, que ça va changer ma façon d'écrire si possible ;D
J'avais jamais entendu parler de ce livre! :mrgreen: oups... Je n'ai encore jamais approché Tolstoï...
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"Toute littérature s'inscrit dans l'Histoire", a dit Petitfils. Et ailleurs, en substance : "On ne peut juger alors qu'avec les yeux d'alors." Impossible donc de se faire une idée exacte de notre passé.
Je fais cette remarque en passant car je m'intéresse aussi beaucoup à l'Histoire.
Pour l'esthétisme, perso, je suis une grande fan de Lamartine ( Raphaël est un de mes favoris, j'ai découvert Graziella récemment), ou Musset ( les Confessions d'un enfant du siècle, par exemple). Je me fiche un peu de l'histoire, la langue et les sentiments sont tellement beaux!
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Après je ne suis pas certain que nous soyons assez fortiches pour repérer les bourdes et les défauts chez Tolstoï, déjà que l'on a de la peine à repérer ceux des écrivailleurs du forum
B
A cet égard, voir Proust qui critique Flaubert
https://marcel-proust.com/style-flaubert (https://marcel-proust.com/style-flaubert)
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Après je ne suis pas certain que nous soyons assez fortiches pour repérer les bourdes et les défauts chez Tolstoï, déjà que l'on a de la peine à repérer ceux des écrivailleurs du forum
C'est comme tout ça s'apprend, ça se travaille, ça se pratique, ça s'entretient, l'esprit critique - si on ne prend jamais de recul, si on ne remet jamais en question, si on ne démystifie jamais ce qu'on consomme, peu de chance qu'il nous tombe du ciel.
A cet égard, voir Proust qui critique Flaubert
Ouais, je préfère le Proust romancier que le Proust critique quand même - même si sa recherche est aussi une espèce de critique. Dire que l'intérêt du style de Flaubert réside dans son emploi personnel de certains temps, de certaines prépositions et de certains pronoms, c'est assez réducteur. Comme de dire que seule la métaphore peut donner de "l'éternité" au style - mais j'suis d'accord avec lui que celles de Flaubert sont assez plates, même souvent bateaux. Il invoque à un moment son rythme, ce rythme Flauberien si caractéristique, presque mécanique, symphonique, et là j'suis déjà un peu plus d'accord. Mais c'est surtout la musicalité que je retient chez Flaubert, les sonorités sont choisies avec un soin d'orfèvre - et Proust aurait peut-être dû en prendre de la graine, quand on voit les galipettes qu'il demande de faire à la langue quand on le lit à haute voix, et même en voix de tête !
J’ajoute que les historiens sont généralement de bons écrivains. Certes leurs thématiques n’ont rien de romantique bien souvent, mais leur style est bien souvent agréable à lire.
Ah bon ? J'aurais dit plutôt que c'est des bons "conteurs", et ça collerait avec ce que tu dis après, que leur style est "agréable" à lire - pour moi un bon écrivain n'est pas forcément celui qui écrit "bien", qui écrit "agréable", mais plutôt celui qui tord la langue, qui invente sa propre langue, et qui par là, comme dit Proust, renouvèle "presque autant notre vision des choses que Kant, avec ses Catégories, les théories de la Connaissance et de la Réalité du monde extérieur".
Bon bref c'est pas le sujet je crois ;D
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J’ajoute que les historiens sont généralement de bons écrivains. Certes leurs thématiques n’ont rien de romantique bien souvent, mais leur style est bien souvent agréable à lire.
Ah bon ? J'aurais dit plutôt que c'est des bons "conteurs", et ça collerait avec ce que tu dis après, que leur style est "agréable" à lire - pour moi un bon écrivain n'est pas forcément celui qui écrit "bien", qui écrit "agréable", mais plutôt celui qui tord la langue, qui invente sa propre langue, et qui par là, comme dit Proust, renouvèle "presque autant notre vision des choses que Kant, avec ses Catégories, les théories de la Connaissance et de la Réalité du monde extérieur".
Bon bref c'est pas le sujet je crois ;D
Tu as raison. Je n'avais pas pensé à ce terme de "conteur", il est plus juste.
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Peut-être que les grands textes traitent des grands sujets que l'on ne cessent de reraconter sans fin.
Parce que les mythes fondent la pense humaine, qu'ils sont à la source, et que les histoires que l'on raconte sont toujours les mêmes.
Je pense qu'en effet on raconte tous à peu près la même chose et que ce ne sont que les détails qui font que nos textes changent.
Pour ce qui est des mythes, ça ouvre au débat philosophique, littéraire et historique sur l'oirigine des mythes et leur perpétuation dans le temps sous différentes formes. Malheureusement je ne suis pas assez calé pour m'aventurer sur ce terrain.
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Bonjour,
Je me permets de venir déposer sur ce fil mon petit avis personnel... ;D
Ah, les classiques... qui ne le sont pas pour rien. Mais pas toujours faciles à aborder, je vous l'accorde.
Je jette un peu au hasard ce qui me vient...
L'Iliade (plus que l'Odyssée, bizarrement)
Eschyle
Chrétien de Troyes
Racine
Verlaine, Baudelaire
Les Misérables (j'avoue j'ai pleuré)
Flaubert, Maupassant (Pierre et Jean, par exemple)
Et là encore n'y a-t-il que les français. Je pourrai rajouter Shakespeare, Holderlin, Pouchkine, Hemingway, Fitzgerald, Steinbeck... Robin Hobb ;D