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Auteur Sujet: La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)  (Lu 2089 fois)

Hors ligne Alan Tréard

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La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)
« le: 16 novembre 2021 à 12:33:21 »
Bonjour,


J'ai entendu dire que le dernier prix Goncourt avait été attribué à une maison d'édition indépendante.

J'ai été carrément surpris !! :o


Quelqu'un d'entre vous l'a lu ?

C'est un bon livre ?? :)
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Re : La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)
« Réponse #1 le: 16 novembre 2021 à 13:33:19 »
Pas (encore) lu, mais l'auteur a l'air d'avoir écrit pas mal de titres intéressants ! C'est plutôt chouette que le Goncourt mette en lumière une maison d'édition indé, on est d'accord. J'ai bien envie de jeter un œil :)

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Re : La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)
« Réponse #2 le: 16 novembre 2021 à 14:35:09 »
Pas (encore) lu, mais l'auteur a l'air d'avoir écrit pas mal de titres intéressants ! C'est plutôt chouette que le Goncourt mette en lumière une maison d'édition indé, on est d'accord. J'ai bien envie de jeter un œil :)
J'ai un super retour de quelqu'un qui lit énormément et qui se tient très au courant de l'actu littéraire francophone. Et j'ai lu la première page, ça m'a donné vraiment envie de le lire ! En plus l'épigraphe c'est une longue citation de Bolaño des Détectives sauvages qui justifie le titre <3
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Hors ligne Alan Tréard

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Re : La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)
« Réponse #3 le: 17 novembre 2021 à 13:50:46 »
Ça m'a l'air d'être une bonne découverte à faire. C'est enthousiasmant de constater que de nouveaux horizons s'ouvrent à l'édition indépendante maintenant.
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Re : La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)
« Réponse #4 le: 17 novembre 2021 à 14:29:32 »
Je suis pas sûr qu'il faille le voir comme un début d'ouverture promettant des lendemains qui chantent en termes de valorisation du travail de structures éditoriales indépendantes... peut-être juste comme un élément ponctuel, on peut s'en réjouir mais je vois pas quel signe permettrait de l'interpréter comme la rupture choisie et durable des prix littéraires avec une tradition de mise en valeur d'éditions solidement installées. D'ailleurs il suffit de regarder le reste du palmarès des prix d'automne pour s'apercevoir que c'est très très plan-plan.

Mais ce livre a l'air bien et j'ai envie de le lire, c'est cool qu'il ait été primé, je pense qu'il mérite cette visibilité (:
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Re : La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)
« Réponse #5 le: 17 novembre 2021 à 18:56:24 »
Cool ! Qu'est-ce qui t'a fait kiffer, Keanu ?

(@modé : pourquoi pas séparer le fil à partir du #407 et le déplacer vers la bibli ?)
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La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)
« Réponse #6 le: 14 mars 2022 à 16:12:21 »
Critique aisée n°227

La plus secrète mémoire des hommes
Mohamed Mbougar Sarr - Prix Goncourt 2021
Editions Philippe Rey - 459 pages - 22€

Après ces déceptions littéraires qu’ont été Un Barrage contre l’Atlantique (Begbeider) et Fragile des bronches  (Blier), il fallait que je me lance dans quelque chose de solide, sinon, c’était la rechute immédiate et totale dans Netflix et ses séries. J’ai donc pris une valeur sûre, garantie par trois prix littéraires en 2021 (Hennessy, Transfuge et Goncourt) : La plus secrète mémoire des hommes par Mohamed Mbougar Sarr

Bon ! Après avoir lu 59 pages, je peux déjà vous dire que pour aller plus loin, il va falloir que je prenne de l’élan. Ce n’est pas que le livre me paraisse (déjà ?) mauvais ou ennuyeux.  D’ailleurs j’y suis entré avec beaucoup plus de facilité et de plaisir anticipé que dans les deux objets bizarres que j’ai mentionnés plus haut. Mais voilà, j’appréhende. J’appréhende car, dans ce dernier prix Goncourt, rien ne correspond à ce à quoi je suis habitué, donc (bêtement) à ce que j’aime.

Le style en est bon, sans doute excellent, on verra sur la distance, mais il est parsemé de mots qui m’obligent à Gougueuliser : déhiscent, clinamen, épillet, sénère… et ça, ça m’agace un peu.

L’intrigue s’annonce bien : un écrivain disparu, auteur d’un seul livre, essentiel, introuvable, dont on sent que le narrateur, jeune écrivain sénégalais francophone, va se mettre à la recherche. Mais je crains  d’être peu sensible à l’ambiance humide, chaude et parfumée de l’envoûtement de la vieille Afrique.

Et puis, ce passage de la page 50 m’a fait un peu peur :
« Les gens veulent qu’un livre parle nécessairement de quelque chose. La vérité, Diégane, c’est que seul un livre médiocre ou mauvais ou banal parle de quelque chose. Un grand livre n’a pas de sujet et ne parle de rien, il cherche seulement à dire ou découvrir quelque chose, mais ce seulement est déjà tout, et ce quelque chose aussi est déjà tout. »

Quand je pense que Flaubert, dont c'était justement le rêve que d’écrire un livre sur rien, n’y est pas arrivé, j’ai des craintes pour Mohamed Mbougar Sarr.

Mais, ne vous y trompez pas : je fais juste une pause pour voir la fin de Better call Saül et je reprends le bouquin. Je vous en donnerai des nouvelles. Si je dois m’arrêter en route, vous le saurez. Si je vais jusqu’au bout, il faudra attendre pour savoir, parce qu’il se peut que cela prenne du temps.

À SUIVRE
« Modifié: 14 mars 2022 à 16:14:09 par Champdefaye »

Hors ligne Michael Sherwood

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Re : La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)
« Réponse #7 le: 15 mars 2022 à 08:14:49 »
Merci Champdefaye,

Je croyais être nul pour ne rien avoir compris à ce gros pavé verbeux commis par Mohamed Mbougar Sarr.
Maintenant tu expliques l'une des quelques raisons de mon rejet, comme le fait de devoir googeliser pas mal de mots pour le comprendre.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

L'intrigue s'annonce bien mais le récit est embrouillé et tortueux - mais je ne veux pas gâcher ta découverte  ;)

MS
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Re : La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)
« Réponse #8 le: 15 mars 2022 à 19:30:30 »
Bonsoir

Merci a toi pour cet avertissement ! :)

Je me suis longtemps mefie de ces Goncourt et autres prix jusqu a ce que je plonge dans van cauwelaert que je suit depuis avec grand plaisir ! :-¬?
« Modifié: 15 mars 2022 à 20:52:12 par txuku »
Je ne crains pas d etre paranoiaque

"Le traducteur kleptomane : bijoux, candelabres et objets de valeur disparaissaient du texte qu il traduisait. " Jean Baudrillard

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Re : La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)
« Réponse #9 le: 15 mars 2022 à 20:20:51 »
j'ai été séduit par les deux premières phrases et lassé par les troisième, quatrième et cinquième phrase 8)

il a un style compliqué j'ai l'impression 8)

quant aux prix, bah c'est comme chez les papous à pous : y a des goncourt bien, des goncourt pas bien, des pas goncourt bien, et des pas goncourt pas bien :D
« Modifié: 19 mars 2022 à 17:26:51 par Meilhac »

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Re : La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)
« Réponse #10 le: 15 mars 2022 à 23:20:09 »
Doublon d’un fil qui existait déjà, les commentaires ont été déplacés vers le sujet le plus ancien.

un modo :ninja: furtif

Hors ligne Champdefaye

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Re : La plus secrète mémoire des hommes (Mohamed Mbougar Sarr)
« Réponse #11 le: 18 mars 2022 à 17:25:41 »
Critique aisée n°227 (suite)


Il y a quelques jours, je vous avais donné les premières informations disponibles sur le déroulement de ma croisière à bord du dernier Goncourt, La plus secrète mémoire des hommes.
Les nouvelles n’étaient pas excellentes, il faut bien le dire. Les gros rouleaux de la langue africaine avaient fait naitre en moi un léger mal de mer et le vocabulaire très spécifique du commandant de ce bateau surchargé commençaient à m’indisposer.
Mais j’avais payé mes 22 euros pour la traversée et, malgré un mauvais pressentiment, je ne voulais pas renoncer si tôt à mon voyage. Prenant le livre et mon courage à deux mains, je poursuivis donc la croisière.

La mer s’était un peu calmée et le voyage s’annonçait plus confortable quand, page 75, un écueil apparut au milieu des vaguelettes d’un océan assagi :
(…) Au dessert, l’ambiance se détendit et Béatrice mis de la musique. Ritualités, spiritualités : on s’offrît d’abord aux secousses galvaniques de la nuit à peine nubile, verte comme une jeune mangue. Puis tout s’adoucit ; la lune mûrit, prête à tomber du ciel. Nous pendions aux bras d’heures cotonneuses, vestibules de somptueux rêves qu’on ne faisait qu’à condition de rester éveillé.(…)

La métaphore maritime filée jusqu’à présent ne me permettant pas de décrire aisément mon état d’esprit quand je lus cette phrase, je vais l’abandonner provisoirement.
Secousses galvaniques... nuit nubile... comme une jeune mangue... bras d’heures cotonneuses..., vestibules de somptueux rêves...
Quand je lis des trucs comme ça, une succession de métaphores épaisses nourries d’adjectifs rares, j’ai une tendance naturelle, un tropisme aurait dit le commandant, à me demander si c’est de l’art ou du cochon. L’auteur veut-il nous en mettre plein la vue, nous faire le coup de Salammbô ? Et s’il le fait, est-ce par pédantisme, par prétention ou par naïveté ?
Naïveté ? Compte tenu de la qualité formelle des phrases que j’avais lues jusque là, j’avais à peine du mal à croire que ce soit la véritable raison de cette débauche verbale à la limite de la parodie.
Pédantisme ?  C’était envisageable avec la formation du monsieur à l'École des hautes études en sciences sociales du Boulevard Raspail à Paris.
Prétention ? Peut-être, mais à courant alternatif alors, comme on le verra plus loin avec le prochain extrait.

Et maintenant, retour à la mer :
J’avoue que le passage du navire en plein sur cet écueil aux algues visqueuses m’avait secoué. On pouvait craindre le pire pour les 384 pages qui restaient à parcourir. Mais, ce n’était pas le moment d’abandonner le navire : aucune côte n’étant alors en vue et je n’avais pas de bouée de sauvetage.
Je me réinstallai donc sur le pont supérieur et repris son mon erre le voyage et ma lecture. Et voici que, vingt pages plus loin, le vaisseau fit escale sur une île aux phrases plus accueillantes qui me rassurèrent sur la personnalité du commandant.
(...) Sanaa nous a invité chez lui ce soir. J’y suis allé sans réelle envie, en pensant à la vanité de ce que j’écrivais, au mensonge de ce que j’écrivais, à l’écart entre ce que j’écrivais et la vie. Siga D. avait raison : du perchoir de mes discours sur ce qu’était où devait être la littérature, je m’élançais en grands vols de faucon au-dessus du monde ; mais ce n’était que des vols de parade et non de combat, de divertissantes exhibitions circassiennes au lieu de luttes à mort. Je m’abritais derrière la littérature comme derrière une vitre ou un bouclier ; et de l’autre côté se tenait la vie : sa violence, sa corne, ses coups de bélier à l’estomac. Il faudrait bien se découvrir et faire face, se tenir prêt à encaisser les gnons et, peut-être, à les rendre. Il allait bien falloir un peu de courage ; pas de marchandages, pas de trucs, pas d’arrangements ; du courage seul. C’était le prix.(...)
Malgré ses exhibitions circassiennes, il restait donc lucide, le pacha. Il s’était posé bien avant moi la question de l’authenticité et de la vanité de ses écrits. Si cette clairvoyance me rendait plus fréquentable ce Capitaine Achab, car je préfère toujours les gens qui doutent, j’hésitais quand même à aller avec lui jusqu’au bout de sa recherche de lui-même.
C’est alors qu’à quelques encablures à peine de la page 135, apparut un petit dériveur léger, le dernier modèle sorti de chez Philippe Delerm. Je sautai à l’eau et nageai résolument vers le youyou en me répétant cette vieille maxime de lecteur versatile : La vie est trop courte et ce livre est trop long !
« Modifié: 18 mars 2022 à 17:28:01 par Champdefaye »

 


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