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Auteur Sujet: Discours de la méthode (René Descartes)  (Lu 18207 fois)

Hors ligne Windreaver

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Discours de la méthode (René Descartes)
« le: 03 avril 2007 à 15:51:06 »
Résumé (amazon)
Dans son Discours de la méthode, Descartes semble annoncer Le Corbusier quand il rêve de villes tracées au cordeau, délivrées du désordre médiéval, et qu'il compare l'empilement chaotique des savoirs hérités de la tradition à ces constructions de guingois encombrant le coeur de la capitale. Déplorant la confusion de leur agencement et magnifiant la transparence des édifices rationnels, Descartes formule le projet utopique d'un futur proche où l'homme se serait rendu "comme maître et possesseur de la nature". Relire le Discours de la méthode c'est à cet égard remonter à la source des fantasmes prométhéens de la modernité.
Cependant, Descartes redevient philosophe dès lors qu'il rejoint sa chambre et nous invite, à son instar, à nous arrêter en chemin pour tester la solidité de nos certitudes. C'est à l'âge d'homme, quand le savoir accumulé obscurcit l'esprit, qu'il faut savoir s'offrir, au moins une fois en sa vie, le luxe du doute. Faites place nette sur votre table de chevet pour y déposer, comme une purge aux vertus cathartiques, ce texte radicalement moderne !

Mon avis
Une grande oeuvre selon moi. Les 4 règles de la méthode et les 3 maximes de la morale de Descartes sont intéressantes, comme une leçon d'humilité.
« Modifié: 18 octobre 2015 à 19:51:41 par Zacharielle »
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Re : Discours de la méthode (Descartes)
« Réponse #1 le: 03 avril 2007 à 18:59:11 »
Je n'ai pas lu toute l'ouvre de Descartes mais j'ai eu l'occasion d'étudier pendant les cours de philo les 4 règles de la méthode et faire connaissance des 3 maximes de la morale de Descartes que j'ai trouvé très intéressantes et bien que parfois je ne comprenais pas bien certaines phrases, je trouve que malgré tout, l'auteur a adopté un style et un vocabulaire simples, que tout le monde peut comprendre.

Robras

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Re : Discours de la méthode (Descartes)
« Réponse #2 le: 09 janvier 2009 à 23:18:06 »
Cet ouvrage me pose deux grandes questions totalement insolubles : quelle aurait été la morale qu'il voulait créer à partir de cette nouvelle connaissance, et qu'aurait fait un si grand esprit s'il avait eu connaissance de la linguistique et de la psychanalyse --de ce qui tempère si ce n'est évente le sujet et la raison ?

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Re : Discours de la méthode (Descartes)
« Réponse #3 le: 09 janvier 2009 à 23:30:55 »

Il aurait sûrement remasterisé son "je pense donc je suis" en "ça pense donc c'est"... lol :P
dont be fooled by the gros that I got ~ Im still Im still lolo from the block (j Lo)

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Re : Re : Discours de la méthode (Descartes)
« Réponse #4 le: 10 janvier 2009 à 17:16:58 »

Il aurait sûrement remasterisé son "je pense donc je suis" en "ça pense donc c'est"... lol :P

le "ça pense donc c'est", c'est Averroès (auteur arabe du Moyen-âge). il me semble qu'Alain de Libera en parle dans son livre "L'archéologie du sujet".

sinon, il est aussi tout à fait possible de faire une critique cartésienne de la psychanalyse et de la linguistique, qui sont un peu, il faut le dire, des sciences à tout faire, fourre-tout commodes pour argumenter et désargumenter. on trouve d'ailleurs historiquement cette critique cartésienne de la psychanalyse chez Sartre et Merleau-Ponty, voire chez Levinas (de manière sans doute plus complexe).
donc, il me semble qu'il faut "douter" justement, à la manière cartésienne, avant d'enterrer le "sujet" et la "raison". je dis cela alors que je suis un anti-cartésien convaincu, mais je suis anti-cartésien non par freudisme ou structuralisme, mais par hégélianisme plutôt (le sujet étant une manière unilatérale de poser l'absolu, elle est insuffisante).
« Modifié: 10 janvier 2009 à 17:31:12 par Windreaver »
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Robras

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Re : Discours de la méthode (Descartes)
« Réponse #5 le: 11 janvier 2009 à 14:27:22 »
Autant je suis d'accord sur la critique qu'on peut faire à la psychanalyse (dont je n'ai retenu comme utile, disons, pratiquement, de ce que j'en sais, la notion d'inconscient), autant j'ai du mal à voir quelle critique on peut adresser à la linguistique, et je serais très curieux de voir ce qu'on peut lui reprocher, et voir quelles en sont ses limites.

Cela dit, puisque je suppose que tu parles de cela, la mauvaise foi sartrienne me renvoie à un autre problème, qui est le suivant : comment être convaincu par une doctrine ? Ca me donne l'irrémédiable impression qu'on choisis non par raison mais par sentiment...

Toutefois merci bien, je m'en vais me renseigner sur Levinas, que je ne connais pas du tout. :)

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Re : Discours de la méthode (Descartes)
« Réponse #6 le: 12 janvier 2009 à 19:04:30 »
ce n'est pas la première fois que j'entre en débat avec un linguiste ou défenseur de la linguistique, et comme chaque fois ça ne se passe pas super bien, j'aimerais que tu m'expliques d'abord ce que c'est la linguistique pour toi en gros, ses concepts principaux, sa méthode; quels sont tes auteurs favoris, et enfin le rapport qu'elle a entretenu avec les philosophes (personnellement je connais surtout le débat Derrida / John Searle).
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Robras

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Re : Re : Discours de la méthode (Descartes)
« Réponse #7 le: 20 février 2009 à 00:44:05 »
ce n'est pas la première fois que j'entre en débat avec un linguiste ou défenseur de la linguistique, et comme chaque fois ça ne se passe pas super bien, j'aimerais que tu m'expliques d'abord ce que c'est la linguistique pour toi en gros, ses concepts principaux, sa méthode; quels sont tes auteurs favoris, et enfin le rapport qu'elle a entretenu avec les philosophes (personnellement je connais surtout le débat Derrida / John Searle).

Je dois dire que je ne suis pas du tout spécialiste, et que je n'ai que quelques concepts bien généraux. Je dirais que la linguistique est une science (hmm, mais pas au même titres que les sciences dures, comme la physique, la chimie... étant donné qu'il n'y a pas d'expérimentations possible, de ce que je sais) dont l'objet d'étude est le langage, qui analyse ses mécanismes, les explique --un peu comme on étudierait une machine pour mieux la comprendre. Or, après n'avoir lu que --rapidement-- Saussure, Benveniste et Chomsky, il m'a semblé que le concept de symbole, comme produit social, remettait dans une perspective tout à fait différente les notions d'un "je" continu, d'un en-soi et tendait à présenter cela comme une certaine interprétation, et non pas un fait objectif. J'espère que tu vois ce que disais à propos de Descartes.

P.S.: malheureusement, je ne m'y connais pas assez pour proposer une méthode, ou bien connaître et exprimer les rapports entre philosophes et linguistiques. Désolé.

P.S.: je suppose que je devrais dire "ça faisait longtemps. :)"

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Re : Discours de la méthode (Descartes)
« Réponse #8 le: 21 février 2009 à 13:27:44 »
salut,

Depuis la dernière fois j'ai pu me renseigner un peu plus sur la linguistique.
en effet c'est une science très intéressante et féconde, mais comme toute nouvelle science, un peu trop sûre d'elle-même. Pour répondre à ce que tu dis sur l'expérimentation, la linguistique se mue parfois en psycholinguistique et à partir de certains présupposés quant à la faculté d'abstraction on expérimente par exemple sur des autistes ou des aphasiques les troubles du langage.

Pour une critique de la linguistique, le livre de J. Derrida De la grammatologie (première partie) est vraiment très bien fait je trouve.  La philosophie heideggerienne du langage remet en cause certains présupposés de la linguistique, par exemple la distinction saussurienne signifié/signifiant.
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Re : Discours de la méthode (Descartes)
« Réponse #9 le: 25 février 2009 à 18:06:20 »
« Je pense, donc je suis » formulée par Descartes nous a enfermés dans une intellectualisation outrancière, imposant la pensée permanente comme fondement de l’être humain. Le philosophe ne discernait pas dans ses propos la dictature aliénante qu’il allait instaurer. L’obsession de la pensée a créé un état de division, un univers intérieur perpétuellement fragmenté où foisonnent d’infinis problèmes nourrissant de nouvelles énigmes, un chaos aveuglément érigé en symbole. L’homme brandit cette pensée comme l’étendard de l’espèce dominante, de l’espèce la plus évoluée…Mais ne s’agit-il pas plutôt de la plus égarée ? » 

C'est marrant de tomber sur ce post étant donné que le texte au-dessus démarre mon dernier bouquin. C'est une idée qui me tarabusque depuis longtemps...
Je pense que de ne pas penser est un état de liberté extraordinaire, une communion avec un état de conscience qui se situe au-delà du mental et de la pensée, de la réflexion, de la raison. Il m'avait énervé Descartes quand j'étais au lycée et j'avais toujours voulu lui retomber dessus (à mon humble niveau) ::)

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Re : Discours de la méthode (Descartes)
« Réponse #10 le: 27 février 2009 à 19:25:05 »
tu oublies un détail de taille, c'est que Descartes a dit (je cite de mémoire) quelque chose comme : utiliser un mois de l'année aux sens, une semaine à l'imagination, une heure à la pensée.

édité : voilà la citation :

Citer
Et je puis dire, avec vérité, que la principale règle que j'ai toujours observée en mes études et celle que je crois m'avoir le plus servi pour acquérir quelque connaissance, a été que je n'ai jamais employé que fort peu d'heures, par jour, aux pensées qui occupent l'imagination, et fort peu d'heures, par an, à celles qui occupent l'entendement seul, et que j'ai donné tout le reste de mon temps au relâche des sens et au repos de l'esprit ; même je compte, entre les exercices de l'imagination, toutes les conversations sérieuses, et tout ce à quoi il faut avoir de l'attention. C'est ce qui m'a fait retirer aux champs ; car encore que, dans la ville la plus occupée du monde, je pourrais avoir autant d'heures à moi, que j'en emploie maintenant à l'étude, je ne pourrais pas toutefois les y employer si utilement, lorsque mon esprit serait lassé par l'attention que requiert le tracas de la vie.

Correspondance avec Élisabeth - Descartes à Élisabeth - Egmond du Hoef, 28 juin 1643

d'autre part je pense sincèrement que, comme disait Schopenhauer, "l'homme est un animal métaphysique" : ce qui fait sa spécificité d'homme, c'est de se poser des questions, de douter et de s'étonner du monde. ce qui n'empêche pas l'oisiveté de l'esprit, et l'importance de formes "alternatives" de pensée telles la poésie, l'art en général ou les sciences.
« Modifié: 27 février 2009 à 19:30:56 par Windreaver »
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Re : Discours de la méthode (Descartes)
« Réponse #11 le: 27 février 2009 à 20:10:05 »
Windreaver, je n'ai pas et je n'aurai jamais ton niveau de connaissances dans le domaine. ;) Je tenais juste par ce texte à amener ce que mes personnages vont découvrir peu à peu dans le cadre des montagnes. Ni la poésie, l'art ou toute autre forme de pensée libérée de la réflexion mais juste l'absence de pensées, rien, le vide, comme un puits sans fond, ce n'est ni l'absence, ni l'inconscience mais un état de plénitude et de conscience de soi dans un espace qui n'est pas accessible par le mental. Sandra, une des protagonistes de l'histoire, est passionnée par la philosophie, elle fait des études et rêverait de devenir professeur en université. Elle va s'apercevoir peu à peu que la réflexion lorsqu'elle est une dictature de la raison peut être un frein immense à certaines révélations.
Loin de moi l'idée et la prétention d'aller à me frotter à Descartes ! ;D C'était juste un point de départ.

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Re : Discours de la méthode (Descartes)
« Réponse #12 le: 27 février 2009 à 20:16:51 »
Eh bien, je suis d'accord avec toi sur le fait que la réflexion peut devenir très aliénante. On peut en faire l'expérience justement quand on est étudiant, en philosophie par exemple.
En revanche, j'aimerais bien savoir ce que c'est ce type d'expérience que tu décris. Cela ressemble vaguement à l'extase mystique, que je ne vivrais probablement jamais car je ne suis pas assez exercé et pieux.

A propos de Descartes, j'ai rappelé cette merveilleuse phrase extraite de sa correspondance avec la reine (qu'il faudrait lire avant les Méditations, justement car c'est plus frais et vivant) pour essayer de manière infime de lever le préjugé qui voudrait que Descartes ne soit rien d'autre que le penseur du "Je pense", précisément. Ce qui est manifestement faux : si Descartes est l'inventeur génial du "je pense" en philosophie, il est aussi et surtout celui qui dit dans sa correspondance qu'il faut profiter de la vie avant tout et ne pas penser au-delà de la mesure, qu'il réduit ici fortement ("fort peu d'heures par an"). De même dans le Discours de la méthode, ses règles morales visent non pas à trouver la conduite parfaite et définitive, mais à savoir se débrouiller dans la vie au quotidien. Descartes est très stoïcien à certains moments. Et c'est avant tout un philosophe du sens commun ("le bon sens est la chose du monde la mieux partagée", dit-il, même si je rappelle souvent ironiquement qu'après cette phrase il ajoute "car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont.").

« Modifié: 27 février 2009 à 20:20:18 par Windreaver »
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Re : Discours de la méthode (Descartes)
« Réponse #13 le: 27 février 2009 à 20:40:24 »
"Extase mystique", je n'en sais rien...Et je ne suis ni "exercé", ni "pieux"...Mais il existe certaines situations "tendues" qui génèrent des états de conscience modifiée jusqu'à un point que la raison ne peut identifier. Les NDE (near death experience) ou simplement des états d'épuisement absolu, une approche de la mort.
Je préfère te mettre un extrait de roman pour en parler. Désolé si c'est un peu long mais de toute façon, j'en ai tellement à dire que ça serait aussi long si je m'y mets. ;D


Noirceur des cimes.
situation: Luc est seul sur le sommet du K2. Ses compagnons sont morts, personne ne sait où il est, il n'a plus d'abri, il s'est recroquevillé dans un trou de neige. C'est la nuit. Il s'est assoupi.


« Tu n’es pas au fil des âges un amalgame agité de verbes d’actions conjugués à tous les temps humains mais simplement le verbe être nourri par la vie divine de l’instant présent. »

L’aura étincelante exhale des paroles qui l’investissent avec douceur. Des myriades de cristaux éclatants scintillent autour de l’apparition et l’enlacent délicatement. Il sent les mots glisser en lui et répandre sur leur trajet des tiédeurs qui le tranquillisent. Il ne distingue aucune forme et pourtant il devine qu’il est observé. Les particules lumineuses coulent en lui comme des nourritures, le soutiennent et le revigorent. Il a l’impression de flotter dans une matrice protectrice et l’énergie qui lui parle résonne dans son esprit comme à travers une cloison moelleuse…Il n’a pas de corps, il n’est qu’une entité vibratoire, palpitant sur un tempo étrange, mystérieux, incommensurable. Etrangement lui vient à l’esprit qu’il n’a même plus d’esprit et que cette pensée n’en est pas une, qu’elle n’a pas de source connue et que l’émetteur habituel a disparu. Ni corps, ni esprit, ni matière, ni intellect mais une certitude de vie.
L’idée le sidère et déclenche dans le bain radieux où il flotte un tourbillon dérangeant, une anxiété perturbatrice, l’intuition inquiétante d’avoir égaré une image précieuse.
Aussitôt, la sensation de froid dans son dos l’arrache à son sommeil. Il ouvre les yeux sur des noirceurs insondables.

Il fait terriblement nuit. L’idée que le monde a disparu le panique. Il cherche la lampe frontale dans le duvet et tourne la mollette. Le faisceau étroit est d’une fragilité qui le désespère. Les flocons dansent encore et couvrent minutieusement son abri, la couverture de survie, son sac, la corde, les piolets sur lesquels il est amarré. Il a froid et perçoit son corps comme un bloc solidifié. Entre son nez et la lèvre supérieure, la peau est brûlante. Il regrette les douceurs oniriques et il tente de retrouver quelques bribes d’images. Il se souvient vaguement de phrases murmurées, d’une lumière étrange, nullement aveuglante et pourtant intense, comme si cette intensité était davantage une forme de sentiment qu’une énergie.
Il sent qu’il n’aurait pas dû avoir peur. Qu’il ne devait pas s’attacher à son image égarée.
Il voudrait retrouver la totalité du message. Quelqu’un lui a parlé. Ou quelque chose. Il n’en a pas de représentation exacte, juste un amalgame de sensations tranquillisantes et simultanément la certitude d’un don merveilleux, d’une confiance accordée. On lui a permis de voir quelque chose de rare.
Il est persuadé d’avoir été en contact avec un mystère qu’il doit saisir. C’est une faveur inestimable qu’il n’a pas le droit d’ignorer. Il maudit les miasmes léthargiques qui limitent sa lucidité puis il réalise aussitôt que cette apathie tenace est un écrin protégeant des lumières. A vouloir retrouver d’illusoires capacités intellectuelles, à vouloir comprendre à travers la vitre trompeuse de ses certitudes passées et de ses sens limités, il devine une erreur.
La réalité s’établit-elle dans le champ présent de cette conscience connue ou l’Univers qui vient de se dévoiler recèle-t-il un monde véritable ?
« Suis-je entrain de me souvenir d’un rêve ou bien ce rêve était-il la réalité qui m’a toujours échappé, suis-je revenu dans un monde illusoire, une imposture monumentale ? »
Le questionnement le sidère. Il n’a aucun souvenir de telles interrogations. Il a même du mal à croire que son esprit puisse élaborer de telles hypothèses. Cette intuition que le monde aperçu contenait davantage de vérités que celui dans lequel il souffre actuellement est une probabilité qui l’attire et son inclination à adhérer à ce raisonnement le bouleverse tout autant. Il se corrige en pensant d’ailleurs qu’il ne s’agit pas d’un raisonnement. Mais d’un ressenti. Sa raison s’efforce au contraire de rétablir des conclusions antérieures. Elle fait partie du mensonge. Elle est le ciment qui scelle les murs de la geôle, un élément majeur de l’embrigadement. Ici, une tentative d’évasion lui est proposée.
Jusqu’à ce jour, le cerveau, formé par l’éducation et la dictature d’une vision faiblement humaine, lui a servi à renforcer l’expérience restrictive de la raison. Il sent désormais qu’il doit trancher les tuteurs contre lesquels il s’est enchaîné en acceptant ce fonctionnement négligeable mais qui l’a puissamment endoctriné, l’a inscrit dans le moule carcéral d’une humanité dictatoriale. La perception d’un espace épuré des manifestations communes à tous les êtres humains le ramène vers l’aura qui l’a accueilli dans son rêve. Ou dans cette autre réalité qui l’a touché. Il ne perçoit pas ce ressenti étrange à travers ses cinq sens, mais à l’aide d’une conscience neuve, d’une compréhension atypique à laquelle il s’abandonne avec béatitude, avec un profond apaisement. Cette vision extatique d’une lumière protectrice, matricielle, emplie d’une vérité supérieure, le ravit et le tranquillise tout en insufflant en lui un enthousiasme régénérateur.
Sa vision s’élève au-dessus de la carapace ramassée dans son trou de neige et une immense compassion pour cet être épuisé l’inonde. Il sent qu’il ne s’agit pas de son imagination mais bien d’une partie intime de lui qui l’observe. Il s’est scindé mais il n’a pas peur. Sans qu’aucun mot ne se forme, il sait, avec une certitude absolue, qu’il s’agit d’un privilège.
Il flotte au-dessus de lui, tout du moins, une entité de lui-même, et il ne peut voir dans cet observateur qu’un esprit libéré de son enceinte de chair. Ce n’est pas l’image de cette existence en sursis qui le touche mais l’apparition merveilleuse de cette onde vitale qui palpite dans la matière recroquevillée. N’importe qui verrait dans ce corps misérable, dans cette extrême infortune, cette solitude désespérante, les prémices d’une mort certaine. Lui ne perçoit que la force de vie coulant de l’Univers et le nourrissant. Ce n’est pas son cœur qui bat mais la Vie qui l’alimente, ce n’est pas son sang qui circule mais le courant qui l’anime. Rien n’est à lui, tout lui est offert. C’est un don merveilleux dont il n’avait jamais pris conscience. Et il devine aussitôt que ce mot ne convient pas. Il en faudrait un autre. Il pense à la lucidité, à la clairvoyance. Sa conscience s’est effacée. Il n’est pas dans un état connu et les anciens mots sont insignifiants. Il sait qu’il ne peut plus être privé de ce contact sublime, que la réalité est en lui, que le halo lumineux s’est inscrit à tout jamais dans son esprit éveillé. Son esprit…Lui revient en mémoire une image du rêve, une pensée, quelque chose qu’il ne sait nommer…Ni corps, ni esprit mais la certitude de la vie…Ni esprit…Ni esprit…Il ne parvient pas à imaginer que tout ce qu’il perçoit puisse être capté par une autre entité que cet esprit mais ils ne parvient même pas à l’imaginer clairement, à l’identifier, à l’analyser, le décrire. Il ne s’agit pas de sa raison, ni de son intellect ou de son mental. Ne lui reste dès lors que l’esprit. Une distinction s’impose soudainement. Ce qu’il reçoit est capté par son esprit mais l’Ame qui l’a effleuré est à la dimension de l’Univers. L’esprit est humain, l’Ame vibre dans le Tout. Cette Ame l’a investi et son esprit s’est retiré devant la beauté du contact. Il s’est mêlé au Tout ou plutôt il a enfin saisi au plus profond de ses fibres son appartenance… Oui, il tient la solution, elle coule en lui comme une lave revitalisante. Il est une particule de l’Ame, un fragment du Tout, un élément infime, une image participant à la multitude dans une unité indivisible. Pendant des années d’errance, son égo l’a gonflé de suffisance, l’a gavé de prétention, aspirant follement dans la raison humaine les ingrédients empoisonnés de l’hallucination collective dans laquelle il s’est égaré. Ici, sa propre conscience s’est évaporée devant celle de l’Ame. Et la vérité est apparue.
L’Ame…De qui, de quoi ?  Quelle importance ! Il n’en sait rien puisque rien de connu ne lui est proposé. Il n’a aucun repère, aucune connaissance, aucune limitation humaine. Et il ne cherche pas à traduire par sa raison ce qui lui est donné. Il ne veut plus des murs de la geôle. Il est dans l’abandon, l’accueil, l’osmose.
L’osmose. Le mot lui est apparu avec une splendeur indéfinissable, une joie qui le bouleverse.
Il est heureux.
Dans l’antre éclairé de son esprit, il sent grandir un embryon magnifique.

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Re : Discours de la méthode (René Descartes)
« Réponse #14 le: 23 mars 2020 à 12:07:53 »
eh bien : j'ai lu que deux bouquins de philo, et celui-ci est l'un des deux...

de la préface d'une édition qui était récente, j'ai retenu la remarque suivante : Descartes formule une méthode qu'on a tous recopié dans nos mœurs, ce qui fait que beaucoup de ses principes paraissent 'naturels', 'normaux', 'intuitifs', sans qu'on sache qu'il les a formulés puis divulgués à cette fin, alors qu'en fait c'est juste qu'on a pas bien saisi qu'un philosophe, c'est ce truc qui dans l'ombre nous construit notre philosophie... et de fait cela a eu un impact néfaste sur ce qu'on appelle à tort et à travers, le cartésianisme, parce que tout est parti du fait qu'il n'était pas crédible... à cause qu'il avait trop raison !

alors ensuite, comme d'hab, ma pathologie m'écorche les neurones donc j'ai à peine survolé, mais je retiens de vos interventions ce qui m'a sauté au yeux par ponçage du cliché :
- on est trop cartésiens, trop réfléchis, trop carrés, trop orthonormé, trop méthodiques...
heu, je tiens à préciser, mais cela sort du discours de la méthode et s'étend à toute l'oeuvre et au personnage de Descartes :
- il était croyant, déjà... et pas qu'un peu
- en tant qu'il définit l'homme comme animal métaphysique, c'est à la fois de la raison que de son intuition dont il fait preuve
- c'est lui qui relance d'une manière encore actuelle, la recherche sur les articulations du corps et de l'esprit... (https://journals.openedition.org/asterion/3094 pour ceux qui me croiraient et souhaiteraient alimenter la réflexion qui ne sera peut-être jamais aboutie, mais tout de même vaut mieux ça que de répéter inutilement les négationnages de type "t'es trop cartésien, écoute autre chose que ta raison")

voilà, alors j'ai RIEN retenu de la méthode de Descartes à cette lecture, et je me suis donc reconnu dans ce que disait la préface : je suis cartésien malgré moi, et bien que ma méthode soit sûrement moins complète, moins affirmée, moins tout-plein-de-trucs que lui, eh bien je m'enorgueillis malgré tout de gérer plus ou moins ce que le mec a longuement réfléchi pour nous manipuler notre liberté cérébrale avec des mots écrits, que j'aurais qmm dû lire avec méthode philosophique, huhu l'aporie, mais je n'étais pas encore arrivé en cours de philo...




EDIT :

3 ans plus tard, l'idée me traînait encore en tête, alors j'ai pondu un truc avec l'intuition que ce serait grosso modo le même topo que ce qu'il me semblait avoir déjà réagi ici (j'ai pas vérifié avant, juste histoire de voir ce que ça donnerait)... un poil un peu plus précis (au moins, les 4 règles figurent dorénavant sur le fil, ça peut tjrs servir...), je le colle à la fois pour me dire que y'a des trucs qui trenscandent le temps, c'est ce qu'on dit de la philo : une discipline cumulative, qui à l'inverse d'autres disciplines plus progressives, ne renverse pas forcément son passé à chaque nouvelle innovation, et à la fois pour me dire que malgré cet attribut temporel spécial, on pourrait très bien y perdre si on se faisait pas quelques piqures de rappel de temps en temps...



y'a pas long je citais les deux seuls romans qui m'ont pas fait criser depuis ma schizophrénie et l'un de ses efffets : la volonté affolée de ne plus vouloir me confronter à la connerie culturelle humaine... c'pas juste une déontologie, un principe, ça relève vraiment de la phobie, mébref...

y'a aussi deux bouquins de philo que j'ai lu du début à la fin, c'était juste avant la rentrée à l'u en philo, j'voulais essayer un peu de me tenir prêt, sans bien sûr savoir qu'on ne lit pas ce genre de produits comme on lirait tout autre chose, non je savais pas, pour moi un bouquin quelconque se lit dans l'ordre, exception possible du dictionnaire, une ou plusieurs fois selon comment on kiff, et à la limite on revient sur un passage qu'on a sauté de conscience ou de compréhension ; j'étais loin de ce que j'ai appris après en méthodologie, qu'une lecture analytique c'est pas un doux voyage en barque sur une rivière avec une canne et l'espoir serein à se dire que ça pourrait mordre sans trop savoir à l'avance quel poisson on veut manger ou relâcher, non, qu'il vaut mieux pour être sérieux, de s'outiller et d'envisager le truc pour ce que c'est : de la réflexion... j'ai donc pas pris de notes, j'ai pas marqué mille passages aux différents fluos, j'ai pas tenté de cerner la structure du texte, les enjeux de la problématique, ni la problématique elle-même, la ou les thèses avancées, j'y ai pas lu en distinguant les phases de l'argumentaire, bref, j'étais là en mode touriste, et comme tous les touristes philologues que nous sommes un peu tous moi y compris y compris maintenant, et du coup j'ai pas retenu grand chose ni du Discours de la Méthode, ni de l'Apologie de Socrate... mais !

mais j'avais eu l'intuition facile de choisir parmis ce qui fait consensus, de commencer par les bases reconnues, et ces deux ouvrages j'suis assez bien tombé, car effectivement faire de la philo sans ces deux-là, c'est comme partir pêcher la baleine sans moyen de transport flottant ni moindre conscience de l'étoile du berger, wè, même avec le meilleur train du monde il va te manquer un chouilla de ce qui est basique... Descartes c'était pas seulement un truc approché comme ça dans une ou deux séances, non, on avait tout un créneau pour une année dessus ; et justement !

c'est ce caractère basique qui m'a marqué dans le Discours de la Méthode, avant donc d'arriver en cours, oui je n'ai rien retenu sur le coup, autre chose que ce qui était dans la préface de l'édition que j'avais achetée, et qui m'est apparue comme un danger qui déborde de la philo sur tout le léviathan et ses phénomènes psychosociaux : dans cette préface, ils insistaient sur un truc qui résonne énormément de vrai en moi, la locution ptetr assez approximative, qui dit de ce qui est 'victime de son succès'... ils disaient oui, que toute la difficulté rencontrée auprès des élèves, c'est que la 'philosophie' développée dans le Discours de la Méthode, paraissait tellement 'évidente' pour les gens dès leur plus jeune âge, que personne ne voulait creuser trop loin la théorie précise tellement c'était barbant, tellement c'était si naturel que y'avait pas besoin d'y bosser, ni que personne ne s'imaginait qu'on ait pu penser autrement avant l'apport réalisé du philosophe, et tout ce qui fait ajd notre méthode scientifique qui est sortie de son chapeau

ce qui n'était pas dans la préface et que je rajoute moi, encore plus affolé d'un point de vue intellectuelo-social, c'est que c'est implanté si durement dans nos têtes, que y'a une grosse forme de déni-ignorance autour du truc, et que 99% des gens qui se prétendent 'non-cartésiens' pourraient effectivement avoir raison, seulement s'ils n'ont que mal ingurgité ce qui se passe du coup assez en mode 'scred', mais alors qu'ils appliquent ces trucs 'évidents', 'faciles', 'intuitifs', sans même savoir que ça vient de lui, ce qui d'un point de vue purement factuel est assez décrédibilisant... seulement auprès des rares qui savent d'où ça vient réellement ; dommage ; les principes définitionnels et opérationnels de la réflexion sérieuse telle qu'on la conçoit sont de lui et on s'en sert bien au-delà de la science qu'ils façonnent, pour affirmer toutes nos certitudes ! je ne vais pas parler de ce qu'il a apporté en distinguant les sciences de ce qu'il a aussi très bien pensé, la métaphysique, car cela énerverait ceux qui croient que Descartes, c'est 'carré', 'rationnel', 'stricte', uniquement 'clair et précis', etc...

pis pour mon petit combat perso, je vais aussi rajouter que c'est bien naze la prison dans laquelle on met la philosophie sans comprendre ce qu'elle est, à travers un exemple concret de ce que les philosophes sont lus par une tranche très rare qui croit en eux et qui les comprend, et que malheureusement une bonne méthode pour faire passer leurs idées, bin c'est de cacher aux moutons que ce truc bien efficace, c'est de la philosophie... l'exemple est l'un des seuls qui m'a vraiment fait mal de rencontrer ainsi, en tous cas je me souviens surtout de lui alors que je sais que tous les jours le phénomène aveugle me frappe, mais là c'est parce que la bonne volonté et la bienveillance et même, le bon sens de cette personne, se heurtait à cette contradiction intellectuelle qui faisait passer Descartes dans un tunnel pour mieux qu'il voyage, un tunnel de coaching tiré de je ne sais quelle formation scolaire officielle pourtant plus sérieuse que des strates plus animales de méthodologie de la réflexion qu'on peut retrouver jsp, chez les influenceurs ou autres pseudo-conseillers... je me souviens de la formule pour mieux gérer les problèmes : 'fonctionner en entonnoir, en arborescence'... j'interprétai sur le coup, directement la bonne méthode pour trier les problèmes selon leur importance, à les traiter un à un par le procédé de la déduction en s'assurant de partir d'une certitude et de mieux conduire son raisonnement pour arriver à une bonne conclusion... alors, qmm, nuance :

'fonctionner en entonnoir, en arborescence', c'est ptetr plus parlant pour bcp que les 4 règles de la méthode, mais si on sait pas que c'est grosso-modo la troisième, bin wè, on peut se revendiquer non-cartésien, avoir raison si on ignore les trois autres puisqu'on aurait alors une mauvaise note en interro en philo pour bien conduire sa raison, on peut trouver que ce conseil coaché ainsi formulé est vraiment efficace même séparé des trois autres, eh ouais c'qmm pas du flan quand on les pratique ces trucs, tout en restant sérieux ou non sérieux quand on parle de la méthode personnelle de chacun pour bien raisonner, tout en ayant des résultats satisfaisants à nos avancements idéologiques intérieurs, puisque comme dit le même philosophe en première phrase de cet ouvrage : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils n'en ont. »

bien difficile de sortir des deux concepts clés :
- L'intuition : il s'agit de l'intuition intellectuelle c'est-à-dire ce qui est clair et évident à l'esprit, si clair et si distinct que je ne peux en douter. C'est le point de départ à partir de quoi on va déduire tout le reste.
- La déduction : je conclus des idées claires et distinctes d'autres idées claires et distinctes et elles deviennent alors claires et distinctes également alors qu'elles ne l'étaient pas auparavant.


"Les quatre règles de la méthode sont la règle de l’évidence, la règle de l’analyse, la règle de l’ordre et celle du dénombrement complet."
moui, ptetr moins parlant que la métaphore de l'entonnoir-arborescence ou, si je puis suggérer à ceux qui voudraient les inventer, les métaphores pour chacune des règles...

et puis les fameux 4 'préceptes' :
- Première règle : " Ne recevoir aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ". C'est la règle d'évidence. N'admettre pour vrai que l'évident, le certain et non le probable.
- Deuxième règle : "Diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre ". C'est la règle de la division du complexe en éléments simples (analyse). Il faut examiner les objets de la connaissance, voir ce qui est simple et composé, analyser ce qui est composé et l'expliquer par ses constituants simples.
- Troisième règle : "conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître pour monter peu à peu, comme par degrés, jusqu'à la connaissance des plus composés" . C'est la règle de l'ordre. Cet ordre à suivre est l'ordre des raisons. Il faut partir de l'évident et déduire. C'est l'ordre des raisons et non des matières : on ne commence pas nécessairement par le plus important ou le plus fondamental.
- Quatrième règle : " faire partout des dénombrements si entiers, et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre ". C'est la règle du dénombrement. Faire une revue entière, générale des objets ce qui fait intervenir la prudence, la circonspection.


alors, bien sûr, en bon philosophe, il influence tout les meilleurs systèmes actuels de déduction de la vérité, mais il laisse aussi la porte ouverte à la relativité ou au dépassement, je le cite donc aussi pour ne pas oublier de garder les yeux ouverts :
"Ainsi mon dessein n’est pas d’enseigner ici la méthode que chacun doit suivre pour bien conduire sa raison ; mais seulement de faire voir en quelle sorte j’ai tâché de conduire la mienne."
m'enfin généralement, quand on fait comme lui, on fait moins de conneries qu'autrement...

et puis à souligner aussi, les critères de Descartes pour établir la vérité, que j'ai sournoisement déjà écrit plus haut en mode 'scred' même si je suis pas expert en tunnels : la clarté et la distinction... une 'image' précise de chaque élément, et ce pour chacun des éléments unitaire d'un tout : pour moi j'illustre ça comme un plan d'ingénierie, mettons ikéa, toutes les pièces sont représentées, et de sorte à ce qu'on puisse les identifier toutes ; c'est ainsi que se conçoit aussi la pensée, avec bien sûr d'autres dessins que ceux des vis, chevilles et planches à assembler pour bien monter le meuble...

bon perso j'ai arrêté la philo notamment parce que je me sentais déjà bien assez à côté de la masse comme ça pour pas ajouter à mon esprit une forme supplémentaire de contre-socio-évidence propice à stigmatisation, mais c'était déjà trop tard, redpilld, pis passque je suis bien trop feignant, pis aussi passque ça demande un effort de cerveau que j'étais pas en mesure de fournir... je crois même me souvenir que ma plus mauvaise moyenne était pour le cours de Descartes justement, donc j'ai l'air d'un con à venir blablater comme quoi c'est ultra important, mébon ; c'est pourquoi par exemple, je ne peux plus trop déplier les trois formes de 'distinction' qu'il distingue (huhu poupée russe... solo-joke sorry) ; mais voilà, je ne peux plus fermer les yeux maintenant que j'ai pris la pilule rouge, je peux plus me réinsérer dans la matrice et sa quiète illusion, alors, là, me prend la gerbe de vomir un peu ce qui m'aurait vraiment rassuré d'un point de vue socio-existentiel, si j'avais pu compter sur les autres que moi, et les quelques clampins rares dans la classe déjà rare par rapport aux autres sciences humaines, à tenter de réfléchir sérieusement sur ces conneries et à vouloir croire en elles... on a tous suivi nos routes depuis, et le flambeau je sais qu'il n'est pas éteint, mais après une bonne session de tri sur ne serait-ce que notre confiance en la discipline... bon pis également à préciser pour ce message : je ne suis pas seul, il m'a fallu un peu me replonger dans le vrai, l'officiel, ne serait-ce que pour l'exactitude de mes références...

voilà, petit prout, si jamais y'a un 0,01% de la masse à qui ça sert, je serai déjà plus que comblé...
« Modifié: 05 février 2024 à 19:23:42 par Dot Quote »
"i don't care if your world is ending today
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you said i tasted famous, so i drew you a heart
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(s)AINT - marilyn manson

 


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