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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Périple d'un grain de sable (ou l'éloge de la lenteur)

Auteur Sujet: Périple d'un grain de sable (ou l'éloge de la lenteur)  (Lu 2980 fois)

Hors ligne Corsaire

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Périple d'un grain de sable (ou l'éloge de la lenteur)
« le: 03 septembre 2017 à 13:56:30 »
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Musique d’ambiance :
Earth – Left in the desert (HEX; of printing in the infernal method - 2005)
Earth – Mirage (HEX; of printing in the infernal method - 2005)
Earth – The bee made honey in the lion’s skull (The bees made honey in the lion’s skull - 2008)



   Il venait d’émerger de la dune.
Depuis combien de temps était-il enfoui dessous ? Des semaines, des années ou des siècles ?
Il ne savait pas ou ne savait plus. Se retrouver à la surface de la grande dune était une sensation extraordinaire. Il se sentait libre et individuel, chauffé par le soleil qui scintillait sur sa coquille transparente. Alors qu’il se tenait en équilibre sur quelques autres grains de sable, le vent chaud du désert le fit glisser de quelques centimètres sur le côté. Heure après heure, il appréciait ce souffle qui, lentement, le faisait escalader le versant de la dune. Il arriverait probablement un jour en haut, après des milliers de micros-déplacements.
Parfois le vent le soulevait pour le reposer plus en avant et parfois le faisait dévaler un court instant la pente, dans une coulée de sable qui réduisait à néant les efforts des dernières heures de voyage.
Mais inlassablement, le vent soufflait. Et inlassablement, le grain de sable s’associait au ballet de tous ces congénères qui comme lui escaladaient l’immense dune orangée.
Les jours passaient ainsi, sous un soleil implacable. Puis les nuits, glaciales. Il était incapable de les compter. Sa progression continuait inexorablement.

   Un jour, enfin, il arriva au sommet de la dune.
Durant un bref instant, il ressentit un sentiment d’omniscience. De son piédestal, il contempla à perte de vue, l’immensité du désert. Des dizaines et des dizaines de dunes, parées de centaines et de centaines de douces vaguelettes à leur surface, elles-mêmes composées de milliers et de milliers de minuscules grains de sables, semblables à lui-même. Tout semblait immobile et immuable depuis des siècles.
Mais aussi vite qu’il s’y était retrouvé, le vent le fit décoller de la crête. Il crut alors voler, virevolta puis s’échoua doucement.
Il était désormais de l’autre côté de la montagne de sable.
Un flot continu de granules ruisselait par-dessus lui, apporté par le vent qui, avec régularité, les poussaient tous en avant. Ainsi jour après jour, le grain de sable se retrouva enseveli, de nouveau prisonnier de la formidable masse de sable. Pour combien de temps ?
Las, ces considérations disparaissaient de son esprit à mesure qu’il sentait peser sur lui l’oppressante intrication de millions de grains de sable. Progressivement enfoui dans l’amas, comprimé au contact de ces semblables, il sentait la conscience collective de la dune prendre forme et subtilement s’imposer à lui. Par d’infinitésimaux mouvements et transferts de masses, il contribuait dorénavant à faire rouler le fond de la dune pour lui permettre de subir les assauts du vent.
Cela dura des années, peut-être des siècles.
À l’intérieur de la dune, le temps n’avait plus de prise. Tout était lent, imperceptible, peut-être même inexistant. Pourtant la conscience, l’esprit de la dune était bien en mouvement, évoluant sur un lit de sable encore plus profondément enfoui depuis des temps immémoriaux.
Au dehors, le vent continuait de façonner des rigoles de sable, de les faire avancer une à une le long du versant pour ensuite les arracher du sommet. C’est ainsi que la dune progressait, poussée par le chant du désert. Grains par grains. Chacun de ses infimes composants en découvrant peu à peu de nouveaux sur les grands versants.
Et c’est ce qui arriva au grain de sable. Il se retrouva à l’extérieur par une nuit fraiche après un temps non mesurable passé à l’intérieur.
Combien de fois avait-il vécu cette sensation de réveil au dehors ?
Combien de fois avait-il été ainsi arraché à la douce et lente puissance collective de la dune ?
Peu importe : Une nouvelle ascension débutait.

   Un évènement allait toutefois perturber ce rituel millénaire.
Était-ce lors de cette ascension ou d’une autre ? Il ne savait pas. Tout s’était passé si soudainement.
Cette nuit-là, un habitant du désert marchait le long de la crête. Régulièrement, chacune de ses quatre pattes laissait une empreinte, déformant la surface patiemment sculptée par le vent. Chacun de ses pas dégageait une force équivalente au poids de l’animal, traduisant son léger trot. Et la force de cet impact repoussait les grains de sable vers l’extérieur, formant un cratère. Les plus lourds glissaient en un fluide visqueux le long d’un des deux versants de la dune, tandis que les plus légers étaient projetés en volutes d’airs dans le sillage du coyote. Certains, ni trop lourds, ni trop légers, restaient accrochés à ses pattes. Les uns coincés dans les griffes ou les interstices des coussinets, les autres accrochés aux poils de sa fourrure sombre.
Et c’est ainsi que le grain de sable se trouva emporté dans un nouveau voyage, définitivement orphelin de la conscience de la dune.
À présent, le temps s’écoulait en millisecondes, rythmé par la marche de l’animal. Les mouvements incessants et réguliers des pattes l’avaient coincé peu à peu au plus près de la peau du coyote, sous ses poils.
Quelques heures de vagabondage plus tard, l’animal avait quitté le désert de sable pour atteindre un massif plus rocailleux. Il rejoignait sa tanière située en hauteur sur les plateaux montagneux qui dominaient la vallée orange. Là, la chaleur du soleil n’était contrée que par le vent et l’ombre d’une éparse végétation.
Le grain de sable, enfoui comme tant d’autres sous la fourrure de l’animal, aurait pu y rester encore longtemps, l’accompagnant ainsi dans tous ses déplacements. Mais, poursuivant sa route vers son repaire, le coyote devait franchir un petit ruisseau qui coulait entre les cailloux de la montagne. L’eau infiltra alors les poils de ses pattes et y aggloméra toutes les poussières et corps étrangers en une fine pellicule.
Une fois revenu sur le sol sec, l’animal s’ébroua pour se sécher. Sous la brutalité du mouvement, les molécules d’eau se transformèrent en gouttes, emportant au passage toutes les impuretés qu’elles maintenaient collées aux poils. Et tout fut projeté au loin de l’animal, qui s’éloigna et disparut dans la nuit.

   Le temps ralentit brusquement. Tout s’arrêta. Entouré de gouttes d’eau et collé à d’autres limons, le grain de sable s’était immobilisé dans un paysage minéral aux teintes grises et ocres. La nuit fraiche et l’air humide dégagé par le ruisseau voisin le laissèrent en place de cette façon pendant de longues heures.
Un autre jour se leva. Mais cette fois ci, le soleil ne se montra pas. De nombreux nuages empêchaient le grain de sable de sentir la chaleur. Cependant, progressivement, il séchait. L’humidité finissait par s’évaporer, le laissant seul et unique.

   Les montagnes étaient frappées d’un vent différent de celui du désert de dunes. Plus froid, plus mordant. Et plus violent. Lorsqu’il arriva, descendant du ciel, il souffla toute sa force sur les rochers acérés. Des milliers d’atomes de pierre étaient projetés dans toutes les directions.
Encore une fois, tout alla très vite.
Le vent fit décoller le grain de sable du plateau dans un long sifflement puis, au droit de la falaise, l’emporta dans un courant ascendant, lui et des milliers d’autres poussières du désert. Chacune de ces particules avait une origine et un parcours différents, mais toutes, à cet instant, faisaient partie de la tempête qui se formait. Elles étaient emmenées à une altitude élevée dans les airs. Plus haut que la montagne. Le mouvement était si rapide, si imprévisible, que le grain de sable n’aurait eu aucune chance d’apercevoir sur l’horizon lointain, l’immense et placide erg dont il provenait.
Une sensation de chaos s’imposait à lui durant des jours. D’innombrables bourrasques le frappaient chaque seconde et l’emportaient toujours plus loin. Elles se disputaient les millions d’impuretés charriées par le souffle de la tempête.
Mais à mesure que la tempête avançait, sa force semblait diminuer. Sur son trajet, elle continuait à emporter des particules, mais de plus en plus légères. Et ses prisonniers les plus lourds, après avoir flirté avec les nuages, finissaient par redescendre. Les milliers de bourrasques composant ce déchainement s’épuisaient à transporter le grain de sable.
Touchant une première fois le sol, il fut à nouveau emporté quelques instants et s’échoua, enfin.
Puis le bruit et la fureur s’éloignèrent de lui et tout cessa.

   Le temps s’écoulait à nouveau lentement. Il avait atterri sur une plage. Devant lui, s’étalant jusqu’à l’horizon : l’océan.
Un vent léger en provenait, formant de petites ondes à la surface de la houle. Comme les dunes de sables, les vagues se mouvaient, charriant des milliers et milliers de molécules d’eau dans une danse incessante et hypnotique.
Sur la plage, rien ne bougeait. Seul le bruit des vagues qui se fracassaient régulièrement sur les rochers rythmait le temps.
Toutefois le vent ne s’était jamais arrêté. Plus faible cette fois-ci. De temps en temps, il déplaçait le grain de sable puis le laissait à nouveau immobile durant des jours. Des mois. Ou des années peut-être.
Jours comme nuits, le chant des vagues retentissait, mû par une énergie inépuisable.
Par des déplacements erratiques et désordonnés, le grain de sable se rapprochait de l’océan. Peu à peu, l’humidité le liait avec d’autres éléments : Sable, sel, coquillages, poussières… aux reflets multicolores : argentés, blancs, noirs, beiges…
Il était désormais au plus près de l’eau, léché par le dernier souffle des vagues qui venaient mourir sur la plage. Sous la pression de l’océan, à chaque déferlante, il s’imbriquait, se frictionnait aux autres. Et à chaque fois que la vague se retirait, l’air se cherchait un chemin à travers la surface, la faisant gonfler.
Sous cette respiration permanente, il se sentait de moins en moins lui-même. D’infimes atomes semblaient s’échapper de son corps sous les agressions de l’océan.
Baigné dans l’humidité, il ressentait une nouvelle présence. À chaque ressac, un nouveau phénomène d’érosion le diluait toujours un peu plus. À mesure que les jours ou les semaines s’écoulaient, il pouvait se sentir à plusieurs endroits à la fois, comme faisant partie d’un environnement beaucoup plus vaste. Peu à peu, les parcelles de son être se dissipaient. De particule de silice, dure et ciselée, il était devenu particule arrondi, émoussé par le lessivage de la mer.
Et de plus en plus souvent, il décollait légèrement du sol pour se baigner dans l’écume. Et de plus en plus souvent, il se détachait de cette terre où il avait passé des années, des siècles, des millénaires d’immobilisme.
Il n’y avait dès lors plus de jours ni de nuits.
Seule la mer dialoguant avec la côte faisait le temps.
Bientôt, il ne ressentait même plus les vagues qui s’échouaient.

   Il avait définitivement quitté son enveloppe terrestre pour flotter dans l’océan. Lentement bercé par l’infinie masse d’eau, il faisait désormais partie de la conscience de l’océan. Son esprit individuel avait disparu, délayé dans les mouvements de la houle qui, jour après jours, années après années, le laissèrent s’écouler au plus profond des abysses glaciales.
Là, où la lumière et le bruit n’existe plus.

Où plus rien n’existe.

Seule, l’éternité.

« Modifié: 30 septembre 2018 à 18:15:09 par Corsaire »
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un peu de pub: une histoire qui pour le coup n'a aucune prise sur les événements... Périple d'un grain de sable

Hors ligne Sophie131

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Re : Périple d'un grain de sable / ou l'éloge de la lenteur.
« Réponse #1 le: 03 septembre 2017 à 14:12:08 »
Salut salut,

tout plein de remarques pour commencer :

Il vient d’émerger de la dune.
[...] Il se sentait libre et individuel.
y'a comme un souci de concordance des temps non ? la première phrase devrait être au passé, comme toutes ses copines dans la suite

perdant l’équilibre, et dévalant de courts instants la pente
je suis fermement opposée à la virgule avant "et" (à quelques exceptions près), et comme cette phrase comporte beaucoup de participes présents, j'aurais mis des verbes à l'indicatif pour ceux-là

Durant un bref instant, mais qui pouvait tout aussi bien durer des heures, il ressenti un sentiment d’omniscience
ressentit

Il crut voler, planer au loin et s’échoua en avant
je sais pas si c'est que moi mais est-ce que "s'échouer en avant" a un sens ? surtout que c'est un grain de sable, c'est où l'avant ?

des rigoles à sa surface antérieur
antérieure

le grain de sable se retrouva lentement enseveli sous un flot continu de grains. Il était de nouveau prisonnier de la masse formidable de sable.
deux fois grain et deux fois sable en deux phrases, c'est beaucoup

un lit de sable encore plus profusément enfoui, depuis des siècles ou des millénaires.
profondément ?

Certains grains, ni trop lourd, ni trop léger, restaient accrochés à ses pattes
lourds, légers

Le grain de sable, enfouis comme tant d’autres, sous la fourrure de l’animal, aurait pu rester encore longtemps
enfoui, pas de virgule après autres

Le temps ralenti brusquement.
ralentit

il était devenu particule arrondi, émoussée par le lessivage de la mer.
arrondie

à part ça, c'est un très beau texte et je laisse à d'autres le soin d'en dire plus, je suis plus douée pour les petites remarques que pour les longs commentaires constructifs :)

Hors ligne Corsaire

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Re : Re : Périple d'un grain de sable / ou l'éloge de la lenteur.
« Réponse #2 le: 04 septembre 2017 à 21:20:15 »
Merci Sophie pour tes commentaires.
Je corrige. Mais certains méritent discussion/négociation/contestation/rébellion  ;D
Mes réponses en bleu

Salut salut,


perdant l’équilibre, et dévalant de courts instants la pente
je suis fermement opposée à la virgule avant "et" (à quelques exceptions près), et comme cette phrase comporte beaucoup de participes présents, j'aurais mis des verbes à l'indicatif pour ceux-là
Pour la règle du "et," je n'en sais rien! Déjà, dans ta phrase, tu l'utilises!  :P A moins que ce ne soit l'exception?
En fait, j'ai tendance à mettre une virgule pour séparer une action. (pas sûr que mon explication soit claire).
Par exemple: "J'ai acheté des pommes et des poires et j'ai mangé." Ca fait trop de "et". on peut mettre une virgule après poires?



Il crut voler, planer au loin et s’échoua en avant
je sais pas si c'est que moi mais est-ce que "s'échouer en avant" a un sens ? surtout que c'est un grain de sable, c'est où l'avant ?
Il faut comprendre en avant de la dune. Bon, c'est pas clair, je change.

le grain de sable se retrouva lentement enseveli sous un flot continu de grains. Il était de nouveau prisonnier de la masse formidable de sable.
deux fois grain et deux fois sable en deux phrases, c'est beaucoup
Oui... j'ai eu du mal à éviter les répétitions sur ce texte... Les personnages se ressemblant un peu tous... j'ai trouvé granule à la place de grain. Par contre Le grain de sable, c'est le nom du héro, donc ça fera toujours répétition avec le sable (les autres).  :D

un lit de sable encore plus profusément enfoui, depuis des siècles ou des millénaires.
profondément ?
mais quelle buse, ce Word®...



Le temps ralenti brusquement.
ralentit
C'est fou... moi qui faisait confiance à Word® pour la correction de conjugaison d'un truc aussi simple...


Merci d'avoir pris le temps de relever mes boulettes!
J'ai corrigé, et ai ajouté le fond sonore de l'histoire, que j’avais oublié!
En espérant que ça motive d'autres à commenter!
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Hors ligne Sophie131

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Re : Périple d'un grain de sable (ou l'éloge de la lenteur)
« Réponse #3 le: 04 septembre 2017 à 21:39:16 »
Je réponds pour la question de la virgule : j'en mets moi-même beaucoup quand j'écris comme je parle (ce que je fais quand je commente), mais j'évite au maximum quand j'écris un texte.
Ton explication est claire mais dans ce contexte, la virgule n'a pas lieu d'être, je maintiens
Si on respecte vraiment les règles de la virgule (je ne suis pas sûre que ça existe mais passons), techniquement on peut pas (la répétition de "et" n'est pas géniale mais une virgule me choquerait encore plus, à la limite le mieux c'est de remplacer le "et" par une virgule, comme ça c'est pas faux)

C'étaient les précisions de la grammar nazi de la virgule

Hors ligne Corsaire

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Re : Périple d'un grain de sable (ou l'éloge de la lenteur)
« Réponse #4 le: 04 septembre 2017 à 21:48:48 »
C'étaient les précisions de la grammar nazi de la virgule
Et bien je serai le Jean Moulin de la virgule mise n'importe où!  ;D

Noté, j'y réfléchirais la prochaine fois.
Mais est-ce que ça ne serait pas aussi une façon (inconsciente) de vouloir imposer mon rythme, ma respiration au lecteur...
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Hors ligne Sophie131

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Re : Périple d'un grain de sable (ou l'éloge de la lenteur)
« Réponse #5 le: 04 septembre 2017 à 22:02:18 »
Ca impose certes un rythme, mais un rythme très étrange (en gros on a : action rapide, pause et re action rapide accentuée par le "et"), la virgule ne fait que ralentir l'action rapide (suis-je claire ?)
Sinon une solution est aussi de supprimer le "et"

(Tu fais quand même ce que tu veux, c'est ton texte après tout ^^)

Hors ligne Rémi

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Re : Périple d'un grain de sable (ou l'éloge de la lenteur)
« Réponse #6 le: 17 octobre 2017 à 23:19:55 »
Salut Corsaire !

M'a semblé que tu souhaitais un commentaire  ::)

Détails :

Citer
Depuis combien de temps était-il enfoui dessous ? Des semaines, des années ou des siècles ?
Il ne sait pas ou ne sait plus. Se retrouver à la surface de la grande dune était une sensation extraordinaire.
ces verbes au présent... tout le reste est au passé. Y a une raison ?

Citer
dans une coulée de sable, réduisant à néant les efforts des dernières heures de voyage.
je pense que la virgule est en trop (c'est la coulée qui réduit à néant...)

Citer
Les jours passaient ainsi. Puis les nuits. Il était incapable de compter. Sa progression continuait inexorablement.
j'aime bien ce retour aux phrases courtes

Citer
Durant un bref instant, mais qui pouvait tout aussi bien durer des heures, il ressentit un sentiment d’omniscience.
me semble de trop
Tu joues la lenteur, et le piège est de tomber dans la lourdeur. Pas facile de faire durer le "bref instant"... peut-être jouer sur l'équilibre précaire ?

Citer
De son piédestal, il contemplait à perte de vue, l’immensité du désert.
si c'est un bref instant, je mettrais "contempla"

Citer
de dizaines de milliers, puis de dizaines de millions
déjà au-dessus, tu as dizaines de dizaines, centaines de centaines... répéter ce même effet de style me semble de trop
(et tu répètes dizaines en dessous)

Citer
il sentait la conscience collective de la dune, dont il faisait maintenant partie, prendre lentement forme et s’imposer à lui.
me semble de trop

Citer
Par d’infinitésimaux mouvements et transfert de masses,
transferts (y en a plein, nan ?)

Citer
Par d’infinitésimaux mouvements et transfert de masses, ils faisaient rouler le fond de la dune,
à quoi se rapporte le "ils" ?
=> D’infinitésimaux mouvements et transfert de masses faisaient rouler le fond de la dune (?)
(et la virgule après dune me semble de trop)

Citer
Cela dura des années, peut-être des siècles.
Citer
depuis des siècles ou des millénaires.
encore ce même effet, tu en abuses un peu, je trouve

Citer
Au dehors, le vent continuait de faire remonter les grains un par un le long du versant de la dune, pour ensuite les arracher de la crête. C’est ainsi que la dune progressait en avant, poussée par le chant du désert.
pour alléger et éviter la répétition de "dune"

Citer
Etait-ce lors de cette ascension ou une autre fois ? Il ne sait pas. Tout s’est passé si vite.
encore ce présent qui ressurgit ?

Citer
Pas après pas, chacune de ses quatre pattes laissait une empreinte dans le sable, déformant la surface patiemment sculptée par le vent. Chaque coup de patte
perso, j'aurais éviter de répéter pattes et de mentionner le sable (qui revient juste après)

Citer
Les plus lourds glissaient en un fluide visqueux le long d’un des deux versants de la dune, tandis que les plus légers étaient projetés en volutes d’airs dans le sillage du coyote.
joli ça :)
(y a d'autres trucs chouettes, hein ! je relève que ce qui chagrine...)

Citer
Certains grains, ni trop lourds, ni trop légers, restaient accrochés à ses pattes.
encore un exemple pour éviter les répétitions

Citer
Désormais, le temps s’écoulait en milliseconde,
millisecondes, non ?

Citer
Là, la chaleur du soleil n’est contrée que par le vent et l’humidité d’une éparse végétation.
je mettrais de l'imparfait

Citer
L’eau infiltra alors les poils de ses pattes et aggloméra toutes les poussières et corps étrangers en une fine pellicule qui se collaient aux poils.
pour alléger (avant qu'il ne s'ébroue :D)

Citer
les molécules d’eau qui tenaient collés les poils entre eux se transformèrent en goutes,
mais bon... tu vas dire que je suis lourd
(et gouttes)

Citer
Le temps ralentit brusquement. Tout s’arrêta. Entouré de gouttes d’eau, et collé à d’autres grains et poussière, le grain de sable pouvait désormais observer le paysage minéral qui s’offrait à lui. La nuit fraiche et l’air humide dégagé par le ruisseau voisin le laissèrent en place de cette façon pendant de longues heures.
Un autre jour se leva. Mais cette fois ci, le soleil n’apparaissait pas. De nombreux nuages empêchaient le grain de sable de sentir la chaleur. Cependant, progressivement, il séchait. Chaque molécule d’eau finissait par s’évaporer, le laissant seul et unique.
je pense qu'il faudrait virer "grain" au moins une fois et "molécules d'eau" qui est déjà présent au-dessus

Citer
Chacun de ces particules avait une origine et un parcours différents, mais tous, à cet instant,
chacune
toutes

Citer
Ils étaient emmenés
au féminin (particules)

Citer
le grain de sable n’aurait eu aucune chance d’apercevoir sur l’horizon lointain, le placide désert de dune dont il était originaire.
Une sensation de chaos s’imposait au grain de sable durant des jours.
grain de sable x2

Citer
après avoir flirtés les nuages,
flirté
et flirté avec les nuages

Citer
Un vent léger en provenait, formant de petites vagues à la surface d’autres, plus importantes.
à la surface de la houle ?

Citer
Seul le bruit des vagues qui se fracassaient régulièrement sur les rochers rythment le temps.
rythmaient

Citer
Plus faible cette fois ci.
fois-ci

Citer
transparentes, blanches, noires…
pourquoi ces féminins ?

Citer
Lentement bercé pas l’infinie masse d’eau
par



Au global :
Sur le style, je pense que tu peux alléger, tailler allègrement et éviter de nombreuses répétitions. Je n'ai rien contre les répétitions, lorsqu'elles donnent sens. (par exemple dans ce texte, les multiples occurrences relatives au temps ne me gênent pas, sont même souhaitables)
Toujours sur le style, niveau allègement, tu as pas mal de participes présents, et je ne suis pas toujours fan.
Ce qui marche bien - côté style toujours-, c'est la personnification qui prend forme au fur et à mesure du texte, et par moment les jolis changements de rythme.
Sur le fond, l'histoire en elle-même, c'est très chouette :) Tu aurais même pu aller jusqu'à évoquer la génèse du grain de sable, morceau de quartz (d'ailleurs tu n'utilises pas quartz ou gypse ou autre...) dans les entrailles de la Terre ou même la crétion des atomes au sein des étoiles...
Belle idée donc que la vie de ce grain de sable pour évoquer les âges géologiques :)

A+
Rémi
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

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Re : Périple d'un grain de sable (ou Eloge de la lenteur)
« Réponse #7 le: 21 octobre 2017 à 22:39:36 »
Salut Rémi

Merci pour tes commentaires!
j'ai repris quelques phrases, corrigé des boulettes et fait la chasse aux doublons!

Je te rejoins sur l'utilisation des temps. Tout doit être au passé. C'est pas naturel chez moi, encore du boulot!
Mais quand on "ne sait pas", type amnésie, on ne sait pas depuis combien de temps on ne sait pas. c'est une constatation immédiate, sans passé! D’ailleurs sait-on qu’on ne sait pas ?  :p
Sérieusement, je suis coincé par le fait que le héro de l’histoire vit cela au présent. et c’est le narrateur qui applique le passé, pour des raisons esthétiques dirons nous. Ça me perturbe.  :???:
Mais si j'avais relu plus consciencieusement, peut être que cela m'aurait frappé.

Pareil, la relecture aurait évité aussi de nombreux cas faciles de répétitions que tu as relevé (Mais qu'est-ce que c'est dur, la relecture, ça prend 10 fois plus de temps que d'écrire).
J’avais peur que des mots trop variés et différents dynamisent le récit, sur les parties lentes notamment. Mais au final, j’ai cherché plus en détail quelques synonymes et on s’en sort un peu. Je n’avais pas pensé à quartz ou gypse !

Pour répondre à ta proposition de genèse de l'histoire, c'est une bonne idée mais contraire à mon concept originel. Et moi-même suis tombé dans mon piège. C'est à dire que je voulais raconter l'histoire du point de vue du grain de sable. Or, à partir du moment où il se trouve dans la dune, il fait partie de la conscience collective et n'existe pas en tant qu'individu. Et je ne veux pas raconter la vie de la dune. Ainsi, j'aurais du faire démarrer l'histoire au moment où il émerge pour la dernière fois de cette dune. Puis, on suit ses pérégrinations jusqu’à l’océan, où, de nouveau dans un tout, il disparaît et fatalement c'est la fin de l'histoire.
mais l'histoire d'un atome, pour raconter que rien ne se perd, tout se transforme est une bonne idée! Tu tiens quelque chose!  :P
« Modifié: 21 octobre 2017 à 22:43:23 par Corsaire »
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Hors ligne Rémi

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Re : Périple d'un grain de sable (ou l'éloge de la lenteur)
« Réponse #8 le: 23 octobre 2017 à 19:45:38 »
Salut Corsaire !

Citer
Pareil, la relecture aurait évité aussi de nombreux cas faciles de répétitions que tu as relevé (Mais qu'est-ce que c'est dur, la relecture, ça prend 10 fois plus de temps que d'écrire).
oui hein !

Citer
C'est à dire que je voulais raconter l'histoire du point de vue du grain de sable. Or, à partir du moment où il se trouve dans la dune, il fait partie de la conscience collective et n'existe pas en tant qu'individu. Et je ne veux pas raconter la vie de la dune. Ainsi, j'aurais du faire démarrer l'histoire au moment où il émerge pour la dernière fois de cette dune.
ça ne me semble pas un problème, de se positionner du point de vue du grain de sable, y compris dans la dune.
Pour une personnalisation encore plus marquée, tu peux (sur ce texte ou un autre) tenter une approche à la première personne.

Au plaisir,
Rémi
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

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Re : Périple d'un grain de sable (ou l'éloge de la lenteur)
« Réponse #9 le: 24 octobre 2017 à 00:57:03 »
Le sujet me plaît énormément. On y trouve même une certaine philosophie
l'éclat d'un ciel bleu, le goût de tes lèvres tracent mon chemin
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Re : Périple d'un grain de sable (ou l'éloge de la lenteur)
« Réponse #10 le: 31 octobre 2017 à 11:25:58 »
@mario
Merci de tes impressions!

@Rémi
En effet, une approche à la première personne aurait été intéressante. (principe que je compte utiliser pour d'autres histoires)
Mais, comme je considère qu'un grain de sable ne sait pas ce qu'est un coyote, ni même le concept d'être "vivants" comme nous l’entendons, ça aurait été très difficile pour lui, de le décrire!  :D  Cela impose donc une réécriture intégrale du texte.  ><
Cela me fait penser aux Aventuriers de la Mer, de Robin Hobb. Dans certains chapitres, on suit des entités évoluant dans un univers différents, et analysant le monde avec leurs mots et leurs sensations à eux. Ce n'était pas à la 1ère personne, mais le fait de voir une action ou des concepts à travers des yeux "neufs" (différents de nous et notre culture du 21ème siècle) étaient bien retranscris. Par contre, j'ai eu beaucoup de difficultés au départ à rentrer dans cet univers, tellement il était en rupture avec le reste de l'action du livre (traité traditionnellement).

Autre point: c'est l'idée de conscience collective que je pourrais développer un peu plus à l'intérieur de la dune (et que j'essaye d'aborder à la fin de l'histoire). Avec un mélange de je/nous/ils. Mais là encore, ça demande d'arriver à un certain niveau d'abstraction sans perdre le lecteur...

Vaste sujet que la personnalisation des objets...
"Puisque les événements nous échappent, feignons d'en être les organisateurs." (Jean Cocteau)
un peu de pub: une histoire qui pour le coup n'a aucune prise sur les événements... Périple d'un grain de sable

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Re : Périple d'un grain de sable (ou l'éloge de la lenteur)
« Réponse #11 le: 30 septembre 2018 à 18:20:38 »
Un petit up, juste pour signaler qu'avec cette nouvelle, j'ai remporté le 3ème prix du concours de nouvelles de l'association "les mots d'où" d'Auffargis (78) dont le thème de cette année était voyage!  ;D
Merci à tous ceux qui m'ont lu, et commenté!
J'en profite pour modifier le post et y coller la version définitive, pas mal retravaillé depuis le 1er post.
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