en postant ce texte , j'espère avoir votre avis sur le déroulé , la chute et la fluidité de de la lecture. Merci
Toi ou moi ?
Je vous ai vu dans la cuisine en débarrassant. Ce n'était rien, même pas une caresse, juste un frôlement …Mais j'ai compris, d'un coup, un coup de poignard qui m’a pétrifiée. Toutes les pièces du puzzle se sont assemblées. Je n’entendais plus les conversations autour, juste un bruit de fond. Tout était devenu noir, j’avais le vertige. J'ai dit que je ne me sentais pas bien et je suis rentrée.
Après cette soirée, notre mariage est resté dans le flou pendant très longtemps. Nous vivions comme s'il ne s’était rien passé. Mais Alex a fini par trancher la fine corde qui nous reliait encore.
Ne rien dire, ne rien montrer, pleurer seule dans la voiture. Faire que tout aille bien. J’ai tenu pendant plusieurs mois. Mais une nuit, j’ai été prise de panique, j’ai manqué d’air, et les digues ont cédé. Je me suis réveillée aux urgences sans savoir comment j’y étais arrivée.
Après un séjour à la clinique, j’ai commencé à « voir quelqu'un », et cela m’a beaucoup aidée. J’ai rapidement arrêté les médicaments et j’ai retrouvé un équilibre et réussi à faire le deuil de ma vie passée.
Quel plaisir de respirer à nouveau, d’apercevoir un bout d’horizon.
Changement de maison. Nouveau travail. Nouveau bonheur ?
Un dimanche de début de printemps, de ceux où on pressent que tout est possible, je me suis rendue au marché. L'ambiance était légère, presque joyeuse. J’ai bu un café en terrasse, j’ai flâné.
Et vous êtes apparus à quelques pas, main dans la main. Il n’y avait pas d’échappatoire, je devais vous croiser.
Tu étais très belle, très lumineuse dans ta robe fleurie, très jeune aussi…
Une petite fissure s'était formée, presque invisible. La légèreté de cette journée s’était envolée.
La suite….
D’abord, des pensées sur ce que j’aurais pu vous dire, ou faire autrement lors de cette rencontre. Chaque soir, dans mon lit, je revivais la scène et j’en modifiais les dialogues.
Puis, je me suis mise à imaginer de petites histoires. Te couper une mèche de cheveux, te ridiculiser à ton travail, provoquer une dispute entre vous …rien de grave, rien de réel, je m’endormais souriante, apaisée.
Ma vie suivait son cours. Un peu monotone, calme.
Un jour je t’ai aperçue sortant de chez le coiffeur avec une coupe courte et une couleur auburn qui mettait vraiment tes yeux en valeur.
Le lendemain j’ai pris rendez-vous. Crois le si tu veux, mais cette coiffure m’allait mieux qu’à toi. J’avais également réussi à trouver la jolie robe fleurie que tu portais le jour du marché.
Le week-end, j’inventais des scenarios qui occupaient mon temps. J’ai passé une annonce pour vendre ta maison et j’ai mis ton numéro de téléphone. Tu as dû avoir beaucoup d’appels car le prix était attractif.
Une autre fois, passant devant chez toi, et vous sachant absents, j’ai ouvert le portail et le chien est sorti. Quelques jours plus tard, on m’a rapporté qu’il était mort mais je ne pense pas qu’il y ait un lien.
Ces petits riens égayaient mon quotidien. C’était sans conséquence.
J'avais aussi l’habitude de regarder la messagerie d’Alex car il n’avait pas changé de mot de passe. Je le faisais sans y penser, tous les soirs et tous les matins pour savoir si tout allait bien dans sa vie. Il ne s'y passait pas grand-chose d’intéressant mais je veillais sur lui.
Et un jour, je suis tombée sur un message de toi. En vacances au Sénégal , on t'avait volé ton téléphone et tu ne pouvais donner des nouvelles qu’en passant par tes mails depuis l’ordinateur de l’hôtel. Tu le lui expliquais, tu l’aimais et le lui disais (avec beaucoup de mièvrerie à mon avis. Évidemment, personne d’autre n’était censé te lire…)
Il n’avait pas encore ouvert le courrier, je l'ai supprimé. Qui le saurait ?
On était samedi, premier jour d’un long week-end et j’avais tout mon temps. J’ai donc naturellement laissé la messagerie ouverte et observé ce qu’il s’y passait.
Le soir même, sans doute étonnée de ne pas recevoir de réponse, tu as envoyé un nouveau message, un peu moins amoureux, en racontant ton escapade touristique du jour.
J’ai pris plaisir, je dois l’avouer, à le supprimer dès son arrivée.
Dimanche matin, tu as montré des signes d’inquiétude. J'ai pensé que tu t’affolais un peu vite.
J’ai supprimé le message, sans méchanceté, juste pour t’apprendre la patience.
Le soir, tu as de nouveau écrit, tu avais annulé ton excursion, tu semblais un peu en colère face à ce silence. Tu l’accusais de gâcher tes vacances.
J’ai trouvé que tu t’emballais un peu vite. Et au point où j'en étais, j’ai supprimé le mail et vidé la corbeille.
Partagée entre l'envie de connaître la suite et l'obligation de trouver une solution pour sortir de cette situation, je me suis décidée à te répondre.
Je t’ai expliqué que je ne t’aimais plus comme avant, que l'attrait de la nouveauté était émoussé et que notre histoire était finie.
Après quoi, j’ai changé le mot de passe, pris un somnifère et très bien dormi.
A la fin du week-end, lorsque j’ai récupéré les enfants, j’ai échangé quelques mots avec leur père. S’il était inquiet, il n'en a rien dit. Et il semblait très en forme. Peut-être que grâce à moi, il allait pouvoir se libérer d'une situation qui lui pesait. Je lui aurais rendu service ?
La vie a repris son cours tranquille. Les semaines se sont succédées à une vitesse folle jusqu'à l’été.
Tout cela m'est sorti de la tête tant j'avais à faire. Je me sentais aller mieux, j’étais vraiment apaisée.
Puis, une enveloppe est arrivée dans la boîte aux lettres. Sur le carton beige et élégant il était noté :
« Nous sommes heureux de vous annoncer l’arrivée de Tom dans notre vie.
Le bébé et la maman se portent bien et ils sont impatients de vous rencontrer »
C'était gentiment proposé.
Calmement, tranquillement, j’ai pris un couteau et je me suis mise en route