J’ai toujours su qu’un jour, tu me quitterais. Je ne savais pas quand, ni où, ni comment, mais j’en étais persuadée. J’y avais pensé dès notre tout premier rencard.
J’aurais pu te donner le script à l’avance. Tu sembles si bien jouer le gars qui s’en fout, que je t’aurais bien vu faire une carrière d’acteur.
Ce script est toujours le même, je le connais par cœur.
Un jour, tu te lasserais de moi.
Tu aurais commencé par trouver pesant de devoir m’envoyer un texto tous les matins, avec un petit cœur dedans, évidemment.
Ensuite les petites attentions telles que des bouquets de fleurs se seraient faites plus rares. Pourquoi me faire plaisir ?
Il y aurait eu ce moment tant redouté où tu aurais esquivé un bisou sur ma bouche, mais l’aurais-tu vraiment esquivé ou n’était-ce que mon imagination angoissée ?
Tu aurais ensuite été de mauvaise humeur, puis tu m’aurais fait un reproche ou deux, sur des détails insignifiants comme le fait que je laisse toujours la lumière allumée dans la chambre à coucher.
Tes yeux auraient de plus en plus évités les miens, qui auraient semblé davantage attirés par ton maudit smartphone.
Tu m’aurais tourné le dos la nuit, au lieu de m’enlacer et de vouloir ôter ma petite culotte à tout prix.
Je serais restée stoïque, dans un premier temps. N’était-ce pas dû à un surmenage au travail ? A ton enfance difficile ?
Puis je me serais rebiffée, et ça aurait aggravé les choses. Si en plus je suis chiante…
Alors j’aurais tenté une toute dernière stratégie, j’aurais fait des blagues, je t’aurais fait rire juste pour retrouver notre complicité.
Tu aurais ri un peu, pas beaucoup, plus du tout.
Puis tu m’aurais un jour annoncé froidement que tu ne te sentais plus amoureux. Que tu voudrais tourner la page. Fermer le livre de notre histoire. Effacer les dernières lignes. Jeter le livre à la poubelle. Depuis le temps que cette lecture t’ennuie.
Tu vois mon cœur, je suis capable de prévoir l’avenir. C’est exactement ce qu’il s’est passé, non ?
Tu ne le savais pas que les choses allaient se dérouler ainsi. Mais moi je le savais depuis le début. Ça finit toujours comme cela. Toujours…
Au fond je ne t’en veux pas, d’être un égoïste et un imbécile, parce que c’était écrit.