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05 décembre 2024 à 02:11:29
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Auteur Sujet: Pédagogie  (Lu 734 fois)

Hors ligne Grégor

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Pédagogie
« le: 25 novembre 2023 à 12:28:18 »
Je n’ai jamais eu de réel projet pédagogique.
J’avais une vague idée philosophique de l’idéal que je voulais atteindre, un idéal spinoziste de liberté, mais je ne connaissais pas les pédagogies que l’on peut mettre en œuvre et la manière d’éviter les pièges psychologiques qui nuisent à la communication.
J’ai découvert le pouvoir, en tant que directeur d’un centre de loisirs, les responsabilités et l’impuissance où l’on est quand le navire est lancé et que l’on n’a pas suffisamment préparé le voyage.
Je dois dire que je suis animateur, parent, donc déjà embarqué dans une méthode d’éducation.
Or, j’ai été éduqué assez durement et j’ai naturellement recherché la dureté.
Pour moi, spontanément, j’associais les pédagogies positives à des niaiseries d’enfants modernes et gâtés, incapables de dormir sans leurs doudous… Je trouvais cela, au fond de moi, assez méprisable. J’ai aimé mes professeurs les plus durs, les plus exigeants, parfois à la limite maltraitants mais brillants. J’avais le sentiment que sans difficulté, sans dureté, sans se faire du mal, on restait au niveau des imbéciles satisfaits. Rimbaud écrivait que « si je n’ai du goût ce n’est guère, / Que pour la terre et les pierres, / Je déjeune toujours d’air, / De roc, de charbon, de fer. » Cela signifie que c’est aussi une question de goût dans les relations humaines. Je n’aime pas quand c’est trop sucré. J’avais l’idée d’un grand homme qui cherche la vérité, tel Nietzsche, non par la médiocrité du consensus du troupeau mais dans la solitude, la lutte intellectuelle, voire la méchanceté, l’humiliation, la colère, le bouillonnement interne de quelqu’un qui n’a pas peur de souffrir pour atteindre l’excellence.
Je trouve notre époque un peu fragile et pas très cultivée. À force d’être satisfaits de nous, de vivre dans un consensus mou et hypocrite, on ne pense plus, on ne cherche même plus de solutions mais on fait comme le dernier homme de Nietzsche : on rumine nos bonnes intentions.
Mais en même temps, si j’ai des goûts un peu suspects aux yeux de mon époque, j’ai aussi appris, notamment depuis que je suis animateur, à être plus tolérant et à me remettre en question, à propos de valeurs profondément ancrées en moi. Ma vie s’est structurée autour de ce rapport violent au monde et de cette déchirure. Notamment plus jeune, où je pensais devenir poète ou compositeur de chansons ou écrivain, philosophe, quelqu’un de reconnu et d’important. Mais j’ai échoué, du moins à ce jour, alors quelque part j’ai haï ce monde, cette époque et je pensais, tel Zarathoustra, que je pouvais mépriser un monde qui ne s’intéressait pas à moi.
Il y a évidemment, c’est lisible, une recherche « du père », de reconnaissance.
Mais en même temps, je sais que j’ai du talent, une très vive intelligence, un don même et que j’ai, qui plus est, un peu travaillé. Donc je sais que je mériterais d’être reconnu.
Cependant, depuis que je suis animateur et que j’ai changé de philosophie, grâce à la lecture de Hegel notamment, je sais que je peux agir sur le monde. C’est seulement qu’entre la théorie, par exemple, La Phénoménologie de l’Esprit de Hegel, et mes actions au quotidien d’animateur, père ou bien directeur, il y a un grand écart à combler.
Il y a aussi tous les jeux psychologiques pervers, où l’on reproduit inconsciemment les rôles que l’on a vécus et qui nous empêchent de communiquer efficacement.
J’ai un peu lu cette année des livres sur la communication non violente et sur le fonctionnement du cerveau des enfants. Il y a quelques années j’aurais trouvé ces livres totalement niais, leur vision fade des rapports humains, les exemples médiocres, le manque de complexité, l’absence de style et d’esprit critique et surtout mon redoutable esprit de contradiction auraient détruit ma lecture en moins d’une page. 
J’ai longtemps détesté les psychologues et ce n’est pas un hasard, c’est malheureusement ce qu’il me manquait.
À tel point qu’aujourd’hui j’aimerais axer ma pédagogie sur une meilleure compréhension des besoins des enfants et pour ce faire, une meilleure communication et une meilleure compréhension des jeux psychologiques qui nuisent à une bonne communication et une meilleure intelligence collective.
J’ai besoin de me former et j’aimerais travailler avec des gens qui pratiquent cette forme de pédagogie.
J’ai été professeur et je détestais la pédagogie, c’est la raison pour laquelle je n’ai pas réussi à enseigner. J’avais pour modèle mes professeurs d’université ou de Lycée, très compétents dans leur domaine mais sans aucune pédagogie. Des professeurs élitistes que j’admirais. Je m’ennuyais le reste du temps, quand il fallait attendre que tout le monde exprime sa petite vérité. J’ai un cerveau rapide et la lenteur me fait souffrir. L’attente du rien, du vide. Une parole vraie est rare, les gens parlent comme des perroquets, la bêtise, dont parle Flaubert, me navre.
Mais j’ai changé de position en devenant professeur, puis animateur, maintenant directeur : je joue davantage, en théorie transactionnelle, le rôle de l’adulte.
Du coup, la bêtise n’est plus une source d’angoisse pour moi. Elle est un point de départ et le but, c’est de trouver le moyen en partant de ces paroles vaines d’aller vers une véritable parole.
La pédagogie est un moyen, très stimulant intellectuellement, de changer le monde et de réaliser peut-être une partie de la vocation que j’ai toujours voulu réaliser, sans en avoir les moyens, parce que j’ai connu la violence, que je l’ai recherchée et reproduite.
C’est aussi le rapport aux autres qui est perturbé, notre faculté à comprendre les émotions des autres et nos goûts dans les relations qui ayant été constitués par une éducation violente sont un peu particuliers.
Mais nous pouvons aussi essayer de résoudre sans violence les divers conflits. Je parlais tout à l’heure de Hegel et j’avais notamment en tête sa dialectique, qui est une autre manière de penser les oppositions et de les dépasser. Une opposition binaire nous demande de choisir l’un des deux camps qui s’affrontent, au détriment de l’autre. Or, la lecture de Hegel a assoupli ma réflexion et j’ai pris l’habitude d’essayer de penser la complémentarité des contraires dans un tout plus vaste, qui les dépasse tout en les conservant, donc sans les nier.
Le noir et le blanc ne s’opposent pas seulement, comme le clair et l’obscur, la nuit et le jour, où un objet est soit blanc soit noir. Le noir et le blanc sont complémentaires dans un système plus vaste où, par exemple, la rotation de la terre permet l’alternance entre la nuit et le jour. Si le noir est l’absence de lumière et le blanc la totalité du spectre lumineux, alors on comprend bien que l’on a besoin de l’obscurité pour expliquer l’absence de lumière. Comment saurions-nous ce qu’est la lumière si l’on ignorait ce qu’est le monde en son absence ?
Cet exemple montre que la connaissance du blanc et du noir passe par la connaissance de leur contraire et du tout plus vaste auquel ces entités appartiennent.
L’enfant et l’adulte en conflit ne réclament pas forcément un vainqueur et un perdant, peut-être devons-nous revoir cette notion de conflit autrement, de manière à sauver la face de tout le monde et que personne ne se sente lésé. Dans ce cas nous ne pensons pas seulement la situation dans les termes du conflit, mais nous pensons plus largement, de manière à ce que chacun soit satisfait de la solution trouvée et ne garde pas de rancune envers celui qui aurait imposé sa volonté.
Ainsi nous pouvons repenser le rôle du pouvoir dans l’éducation des enfants.
En effet, l’éducateur, qui pense savoir ce qui est le mieux pour ses élèves, est souvent tenté d’imposer ses choix, pensant sans doute qu’une fois qu’ils auront automatisé certaines pratiques, ils les auront acquises pour la vie.
Mais en réalité, c’est aussi un rapport à leur propre pouvoir qu’ils instaurent. Or, rien ne leur garanti que les élèves, hors de leur regard, continueront de pratiquer ce qu’ils ont appris. Un tel éducateur passe à côté des pensées de ses élèves et ignore donc complétement la nature de son influence sur eux. 
D’une manière encore plus générale, on peut se demander si l’éducateur doit absolument influencer ses élèves. Sommes-nous si sûrs de l’idéal que nous prônons ? Cette responsabilité est bien lourde à porter. Alors que si nous laissons aux élèves la responsabilité de leurs actes et de leurs choix, nous nous sentirons plus légers. Après tout chacun est responsable de sa vie. Les éducateurs ne sont pas des dieux omnipotents.
Il est vrai qu’au moindre problème, les parents cherchent un coupable et accusent l’adulte responsable de leur enfant. Le professionnel de l’éducation est garant de l’enfant dont il a la charge. Cette lourde charge de garant peut se traduire par un désir de tout contrôler, de tout surveiller, de ne jamais faire confiance aux enfants. Ainsi l’adulte est satisfait de pouvoir garantir sur son temps que rien ne se produit de dangereux pour les enfants dont il s’occupe. J’ai longtemps été ainsi et je continue d’être extrêmement vigilant, mais je me suis aperçu que beaucoup de choses se passent à notre insu quand on joue ce rôle de surveillant. N’est-ce pas aussi notre responsabilité d’apprendre aux enfants à se comporter correctement sans surveillance ?
Tout est une question de positionnement de l’adulte par rapport à l’enfant.
Beaucoup d’éducateurs pensent savoir mieux que les enfants ce qui est bon pour eux et de ce fait, ils ne les écoutent pas et éventuellement, si on leur mettait un troupeau de chèvres comme auditoire, ils tiendraient le même discours et se plaindraient, de la même manière qu’ils se plaignent de leurs élèves, que ces chèvres ne les écoutassent pas.
Parce que les élèves ne sont pas écoutés, ils n’écoutent pas.
Parce qu’ils ne sont pas respectés, ils ne respectent pas.
On entend souvent des hommes de culture venir se plaindre des jeunes générations, qui ne s’intéressent plus aux grandes œuvres du passé. Mais eux-mêmes ne s’intéressent pas aux jeunes générations. C’est pourquoi, ils se permettent de les juger et d’avoir une opinion négative sur elles. Or, c’est ce jugement négatif qui nuit à la transmission des grandes œuvres. Parce que la méthode de transmission est sévère, humiliante et peu respectueuse de celui à qui on s’adresse. Souvent, on place sur un piédestal le génie qui a composé l’œuvre et vis-à-vis duquel on demande à l’auditoire de se soumettre. Il existe toute une cérémonie de la génuflexion devant les grands hommes, qui est en fin de compte assez humiliante, y compris pour le professeur qui voudrait enseigner ce qui le dépasse. Tout ce système pyramidal de la culture est assez ridicule et je comprends que les jeunes générations s’en amusent. Certains pensent que parce qu’ils prononcent le nom de Mozart, ils entrent dans un catégorie de gens supérieurs et intéressants. On les connait, les Mme de Guermantes et compagnie. Ces idoles de la culture, qui « aident tellement à vivre », servent surtout à pontifier et à donner une apparence de lustre à des nantis, qui voudraient s’acheter une bonne conscience, si possible de gauche, alors qu’ils vivent comme des rois, insoucieux des autres.
Les jeunes générations le savent, surtout dans les quartiers « prioritaires », la culture qu’on leur propose n’achètera pas leur logement. C’est un verni pour les gens riches, une manière pour eux de se reconnaître et d’exclure les déshérités.
Comment cette culture élitiste pourrait-elle correspondre à des nouvelles générations qui portent d’autres valeurs ?
Je ne dis pas que c’est impossible, bien des contradictions sont possibles et même souhaitables. Ce n’est pas le contenu qui est has-been mais la méthode de transmission. J’ai toujours regretté qu’on ne laisse pas suffisamment les élèves être créateurs de leur œuvre. On les écrase avec des œuvres soi-disant géniales mais on ne les laisse pas libres de faire leurs propres œuvres. Surtout que les critères d’évaluation de la valeur d’une œuvre sont très partiaux. Ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel c’est de faire participer les élèves. Qu’ils soient véritablement acteurs de leur formation.
Je pensais pendant un temps qu’il existait une hiérarchie dans les œuvres et que certaines méritaient davantage de louanges que les autres. Je caractérisais notre époque de nihilisme, parce que toute valeur était niée par le fait même de ne pas reconnaître de hiérarchie entre les œuvres ou les actes. Or, j’ai reconnu par la suite que toute estimation de valeur était liée à nos désirs et que du point de vue de la nature il n’existait ni bien ni mal.
C’est seulement de notre point de vue, fini et mortel qu’il existe du préférable ou du nuisible. Or, en tant qu’être raisonnable, on peut souhaiter quelque chose de communément souhaitable, mais ce que j’ai observé, c’est que les hommes souhaitent surtout ce qu’ils ont pu décider eux-mêmes et ne souhaitent pas du tout ce qu’on leur impose tyranniquement, quand bien même cette tyrannie leur serait bénéfique. Un des plus impérieux désir des hommes est d’être libres. La République de Platon, guidée par un philosophe éclairé et plus compétent que les autres, aurait peu de chance de réussir. Qui plus est, et je l’ai longtemps sous-estimée, l’intelligence collective permet d’avoir de meilleurs résultats intrinsèquement. Quand plusieurs cerveaux s’attèlent à un même problème, parce qu’il les concerne tous, ils envisagent plus de possibilités et donc trouvent de meilleures solutions qu’un seul, même s’il est particulièrement intelligent. D’ailleurs, les plus pertinents ne sont pas découragés par un groupe sain mais sont au contraire motivés par une émulation complémentaire. Si l’on y réfléchit bien, ce sont les problèmes de pouvoir qui nuisent au bon fonctionnement du groupe, quand plutôt que d’être portés à contribuer à trouver la meilleur solution, certains veulent imposer leur vision des choses. Ainsi, certains sont incapables d’écouter un autre point de vue et cherchent à discréditer toute pensée différente. Leur désir de commander ou de se mettre en valeur est plus important que leur soif de résoudre le problème. Parce qu’ils imaginent que posséder la bonne réponse leur donnera un avantage plus important que de trouver une réponse qui convienne à tout le monde. C’est le danger du vote et des séditions. Les petits chefs aiment engager des partisans et organiser des luttes contre des adversaires. C’est pourquoi, la méthode sans perdant, où l’on doit chercher l’unanimité, est si précieuse. Trouver une solution qui convienne à tout le monde oblige à renoncer aux jeux de pouvoirs, qui nuisent eux-mêmes à la quête de solutions. On sort donc du cercle vicieux, où les empêcheurs de penser règnent en maîtres. Dans une telle quête de solutions, il faut écouter les désirs et les besoins de chacun, sans que les goûts des plus influents n’annulent ceux des autres. Ce n’est pas parce qu’une majorité s’est mise d’accord sur tel désir que la minorité doit adopter ses goûts. Il faut trouver une solution acceptable par tous.
J’ai l’impression que le vote aux élections présidentielles n’aide pas les Français à comprendre le véritable sens de la démocratie. Cette mauvaise habitude de gagner ou de perdre en fonction du nombre de partisans d’une cause nous habitue à penser qu’il faut des gagnants et des perdants. Alors que nous avons sans doute les moyens de satisfaire les besoins de tous. Du moins est-ce une valeur qui mérite d’être défendue. Sinon, cela signifie qu’à la manière d’un Nietzsche, on accepte l’injustice au nom de la supériorité de certains hommes sur d’autres. Pourtant, Nietzsche parlait lui-même par-delà bien et mal, mais il n’en tirait pas les mêmes considérations que nous. Nous sommes plus proches de Spinoza, qui du point de vue de Dieu ne voit rien de préférable à rien et nous en tirons la conclusion que rien ne légitime nos désirs plus que ceux d’un autre, sinon notre égoïsme. Mais nous voyons bien que le problème de l’ego, c’est que chacun est un « je » et que tout le monde peut dire que son « je » vaut plus que les autres. Ce n’est pas vraiment un argument.
La raison nous indique qu’aucun « je » n’acceptera jamais d’être déconsidéré. La parabole de Jésus, où ce dernier risque de perdre l’ensemble du troupeau afin de sauver la brebis égarée, est, je crois, d’une profondeur insondable. En effet, elle est l’essence de la démocratie bien comprise et, il me semble, d’une partie de notre époque, où tant de justes se démènent pour que nul ne soit laissé pour compte. Parce que nul consensus n’est légitime s’il se fait aux dépens d’un seul être humain.
Or, il est possible de chercher dans sa vie de tous les jours à dénouer les conflits sans faire de perdants. Avec ses enfants, ses collègues, ses parents, son conjoint, ses amis etc.
Il est possible de chercher à satisfaire les besoins de chacun et d’apprendre à écouter la voix de tous.
Dieu sait que j’ai aimé Nietzsche, mais je ne suis finalement pas d’accord avec lui et je pense que le christianisme qu’il combat est dans le vrai.
Jésus Christ est l’âme de notre époque.
Autant Dieu est mort en quelque sorte, autant la pensée laïcisée de Jésus Christ est devenue la valeur fondamentale de notre monde.
Nietzsche l’avait bien compris et il appelait cela le nihilisme.
Je crois qu’il ne concevait pas suffisamment la richesse de l’altérité.
Prendre en considération les besoins et les désirs d’autrui, cela n’est pas une soumission de notre originalité géniale à la médiocrité ambiante, sauf si notre seul rapport aux autres est une volonté de se mettre en valeur et de démontrer notre génialité.
Or, je pense que la principale richesse se situe dans la relation que nous entretenons avec autrui. Un individu qui s’associe avec un autre offre plus de possibilités que la somme des deux. Mais à condition que la relation ne soit pas toxique.
La compassion pour tous les êtres humains est vraiment la santé de l’âme, la sagesse.
Parce que les ennemis que l’on se fabrique ne sont que notre propre reflet, une forme de déni, quelque chose que nous ne voulons pas accepter.
Mais ce que nous n’acceptons pas et que nous refoulons, comme si le fait de fermer les yeux pouvait faire disparaître l’objet que nous craignons de voir, continue d’exister et de nous causer les mêmes problèmes qui reviennent invariablement.
Nous ne modifions pas les causes de notre souffrance mais nous rejouons le même jeu qui nous lèse sans fin.
Nous sommes la victime de ce drame, le persécuteur a les mains libres puisque nous fermons les yeux sur les motifs de notre souffrance et le sauveur auquel nous nous en remettons n’a aucun moyen de nous aider. Nous sommes en plein dans le triangle dramatique de Stephen Karpman.
La force du déni est l’une des plus puissantes du monde.
Derrière l’ennemi que l’on désigne comme son persécuteur, il est en réalité un problème inavoué qui hante notre for intérieur. Parce que nous n’arrivons pas à nommer ce problème émotionnel nous jouons à des jeux qui sont comme des leurres pour nous distraire de notre véritable souffrance.
Beaucoup des choses que nous n’acceptons pas ne gênent en rien nos besoins et si nous les refusons, c’est tout simplement qu’elles renvoient à un dysfonctionnement intérieur que nous transférons vers l’extérieur.
Si nous arrivions à nommer ce dysfonctionnement, alors le leurre de haine que nous avons dressé contre ce que nous refusons d’accepter se dissiperait et nous pourrions renouer avec nous-même et notre propre histoire.
Voilà comment des relations toxiques se nouent, où chacun essaie de résoudre des conflits internes en les transférant sur autrui. Personne n’arrive à être simplement présent et à l’écoute de l’autre et de soi-même, dans une forme de relation thérapeutique et créative.
Il existe aussi une autre forme de déni.
C’est lorsque chacun fait ce qu’il est censé faire. Quand chacun fait son devoir et se plie à ce qu’« on devrait faire ». Dans ces relations abstraites rien d’authentique n’est investi mais chacun fait semblant d’être un autre en se conformant aux valeurs impersonnelles prescrites par la bienséance. Dans un tel monde, où tout est apparemment sous contrôle, les relations ne sont pas créatives et personne n’ose dire « je ». Tout le monde refoule ce qu’il est et se plie aux desiderata d’un Grand Autre qui représente le sur-moi absolu et joue le rôle de grand persécuteur que tout le monde craint. Si une personne ose dire « je » elle sera aussitôt sacrifiée par le groupe qui veut conserver son statu quo. Dans cette ambiance morose, c’est l’ennui surtout qui règne, car personne n’est authentiquement investi. Pourtant certaines personnes se complaisent dans un tel rôle afin de ne pas rouvrir les plaies profondes qui ont lacéré leur âme.
Rares sont les âmes intactes, nos psychés sont meurtries par bien des drames et nous avons besoin d’être soignés. C’est pourquoi, il ne faut pas faire semblant dans nos relations avec les autres d’être une autre personne, comme si notre passé n’existait pas et ne nous avait pas formé. Nous avons tous des histoires à rejouer et c’est seulement lorsque nous en prenons conscience que nous pouvons avancer et écrire une belle histoire.
Quand nous sommes émus aux larmes et que nous sentons toute la gratitude monter du fond de nos cœurs, alors nous vivons vraiment. Sinon, c’est que nous sommes déjà morts.
Mais il faut aussi accepter certains principes, afin de ne pas rejouer sans cesse des jeux pervers et stériles avec les autres : afin de sortir du manège maléfique des triangles dramatiques. Afin de renouer avec ses émotions les plus belles et les plus profondes.
Le seul principe est de ne pas faire à autrui ce qu’on n’aimerait pas qu’il nous fasse.
Mais il faut méditer profondément le sens de cette phrase.
Parce que nul n’aime être au pouvoir d’autrui, ce principe est un principe de liberté et de respect de la liberté d’autrui.
Je prône donc une forme d’anarchisme.
Toutes les relations conflictuelles sont des luttes de pouvoir. Chacun veut l’emporter sur l’autre, imposer ses valeurs, sa vision des choses.
Mais Thomas Gordon nous propose une méthode pour résoudre les conflits sans perdant.
Cela signifie qu’une révolution est possible, non par les armes mais spirituellement.
Elle est déjà commencée si l’on en croit de nombreux phénomènes où les minorités peuvent s’exprimer et obtenir les droits civiques fondamentaux.
Mais je pense que chacun a un rôle à jouer dans cette transformation sociétale.
Ma formation professionnelle me permet d’agir auprès des enfants et c’est une chance inouïe que j’ai.
Chacun est libre de se libérer et de libérer les autres.

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Re : Pédagogie
« Réponse #1 le: 25 novembre 2023 à 17:50:00 »
cool propos au titre assez proche avec ce que permet le dico, mais que je sens un poil plus précis et plus vaste par la notion sans vrai mot unique précis, de 'transmission des savoirs'... là avec celle qu'on réserve aux enfants, tu pars de ton vécu, point de départ de remise en question que la curiosité te fait vivre comme une riche péripétie intellectuelle, gravites fort bien autour de l'éducation de ces enfants sous le prisme donc de la pédagogie, que tu dépasses ensuite pour l'idée plus générale non-explicite de 'transmission des savoirs' sous les angles sociétal et politique... tout ceci appuyé avec de la lecture philosophique, pour ma part j'ai bcp aimé retrouver les noms tels que Nietzsche, Hegel, Spinoza, Platon, et la manière que tu as de les articuler avec des doutes prudents autant que des intuitions vérifiées

un ptit Kant pour démêler la théorie de la pratique à propos de la raison ?

cette réflexion je la poursuis pour moi le plus souvent avec la distinction entre enseignement et apprentissage, entre celui qui donne et celui qui reçoit le savoir transmis ; et comme tu le fais depuis le terme pédagogie jusqu'à comment tu l'ouvres sans trouver de bon mot unique pour étiqueter le truc, je crois tu pointes toute la difficulté de l'impératif social à résoudre le paradoxe : comment enseigner l'autonomie de l'esprit ? quelle forme d'apprentissage nous y amène ? une de ces choses qui je crois demande en théorie participation de tout le monde, mais qui en pratique n'est soumis qu'au choix de chacun à y passer...

j'ai relevé quelques trucs un peu centraux je crois :

N’est-ce pas aussi notre responsabilité d’apprendre aux enfants à se comporter correctement sans surveillance ?
[...]
Ce n’est pas le contenu qui est has-been mais la méthode de transmission.
[...]
mais ce que j’ai observé, c’est que les hommes souhaitent surtout ce qu’ils ont pu décider eux-mêmes et ne souhaitent pas du tout ce qu’on leur impose tyranniquement, quand bien même cette tyrannie leur serait bénéfique.
- oui, l'adulte a le devoir je pense, et la nécessité aussi, de transmettre son savoir... adulte parent, adulte professeur, l'éducation se retrouve partout où il y a enfant, car justement il n'est pas encore adulte et donc par définition, n'est pas encore 'fini', comme on pourrait le dire simplement si ce n'était pas souvent interprété comme rabaissant... l'autonomie est la clé, la différence entre adulte et enfant, et en humanité cela passe par une grosse part de rapport psychique à l'existence, la mentalisation étant un des fers de lance de l'humain ; mais c'est là toute la difficulté :
- j'aurais pensé plutôt 'c'est pas le contenu qui est à apprendre, c'est le contenant qui est à comprendre', où la méthode serait le comment faire passer par du contenu, le réel but à transmettre, à savoir, comment soi-même générer du contenu par un contenant qui serait la façon de se créer son propre contenu afin d'être autonome ; enseigner l'autonomie c'est créer ce type de contenant, de structure à l'élaboration d'un contenu, et s'adresse à tout état non-autonome sur le sujet de l'acte libre et viable, la différence entre profane et professionnel, mais surtout la différence entre les impératifs des savoirs à transmettre pour vivre bien éduqué, libre et autonome ; et par le contenu seule forme palpable du savoir à transmettre, il faut je crois, que l'individu qui reçoit cette éducation, puisse trouver le contenant, le comment construire l'environnement intellectuel dont il a besoin pour survivre, et à son tour transmettre du contenu... lui pointer à cet 'élève', efficacement ce en quoi il a à ne pas se focaliser sur le contenu, apprendre à réfléchir par lui-même à force de pratique se basant pourtant sur la réflexion d'autrui qui lui sert de modèle, afin de trouver son autonomie psychique, intellectuelle, émotionnelle ; il faut du contenu pour substancifier ce qui est à enseigner, mais ce qui est à enseigner est aussi et surtout, à ne pas oublier disons, le contenant, la méthode personnelle qui vise l'efficacité, et le regard de l'apprenant se porte trop instinctivement sur le contenu à apprendre, d'où la difficulté à lui faire regarder comment se faire son contenant, sa méthode donc, sa liberté oui ; et transmettre ceci, j'crois est tout le point névralgique du problème de ce que la démocratie ne promet pas malgré l'espoir populaire, chose qui se construit, se réfléchit, se pense, s'agit, en toute l'actuelle ignorance de ce que notre monde commence à chercher comment bien éduquer ses individus sur tous les domaines dudit fer de lance que nous espérons avoir et trouver chez autrui...
- entre volonté de choisir les éléments qu'on décide d'apprendre, et la volonté d'imposer les éléments que l'on décide d'enseigner, est sûrement l'un des gros ressorts de la divergence entre savoir utile et savoir acquis, piège auquel les caprices peuvent mener... s'ils sont amplifiés par la monotonie existentielle que les enseignants s'excusent de devoir traduire en ce que la vérité s'impose en facts même si les esprits libres voudraient avoir le choix de la croire ou non

la fin est optimiste, et, plus rare encore, constructrice de solution, évocatrice de pistes pour viser cette optimisation ; je veux bien suivre activement ce que, de tout ce que j'ai lu là, on pourrait chacun tous ériger ensemble un édifice de la raison collective

le début m'a pourtant fait des frissons désagréables, j'saurais pas dire en quoi mais j'ai failli zapper... ptetr le mot 'projet' qui me soule vite, pis cette manière d'user des mots comme adressés à foule, heureusement que par la suite tu les reprends avec plus de cohérence, de pertinence, de profondeur, car c'est ce qui du coup à mon sens est une belle ligne de pèche après cet hameçon qui m'arrachait la gorge...

du sérieux, mais de l'humain psychique moins contraint par trop de rationalité, j'ai trouvé ça cool, merci pour ce pan architectural de la raison partagée

+++

Hors ligne SablOrOr

  • Aède
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Re : Pédagogie
« Réponse #2 le: 25 novembre 2023 à 23:02:27 »
Bonsoir à vous deux,
et merci pour ces beaux pavés érudits auxquels j'ai avant tout envie de répondre laconiquement (par pur égoïsme excentrique) : Encore ! Bébé a faim !
Puis, passé le sursaut digestif et rapide, je souhaiterais ajouter une mini-graine mi-questionnante, mi-d'accord...
Me souciant z'aussi d'aider le jeune à bien grandir et de trouver les astuces nécessaires à une telle ambition, je me dis parfois qu'il faut être follement visionnaire dans un monde de troubles, performant dans une société fatigante, pur dans une atmosphère trouée et clair dans un espace obscur pour concevoir des pistes fiables et durables ! Quel ego il faut  ou ne faut pas !
Autant ne pas trop trop (comme l'âne) se poser la question au risque de ne plus se sentir...du tout, nan ?
Aussi je partage l'idée d'anarchique spontanéité sur certains points.
Ensuite, j'aime l'idée du contenant qui contient "bien" !
Ne faut-il pas en passer déjà par une bonne formation, en tant que guide ? (Mais alors ce serait la poule la 1ère ??))...
Je crois pourtant aux valeurs que portent la répétition et le travail conscient...mais la procrastination m'accapare de ses pires crochets griffus, m'imposant le calme, la patience et le néant pour je ne sais quelles raisons de contre-temps, contre-point ou pieds...
Le tout sans imaginer complètement les issues...? Oui car une place pour l'intuition et le mystère doit être gardée...n'est-ce pas?
Bref, je m'aperçois que ce petit paragraphe arrive à sa fin,..sans faire tellement avancer l'histoire  :o
Alors je ne garde pas plus vos yeux sur mes pensées,  vous saluant respectueusement...à la japonaise tiens, pour une esquisse exotique et délicate  :huhu:
Bien avec vous,
SOO  :calin:


« Modifié: 25 novembre 2023 à 23:10:11 par SablOrOr »
"Aimer quelqu'un c'est le lire". Christian Bobin.

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Re : Pédagogie
« Réponse #3 le: 27 novembre 2023 à 18:46:34 »
Merci pour ton texte qui est plutôt philosophique.

Il nous parle de notre relation aux autres. C'est vrai que beaucoup de personnes cherchent a dominer les autres, dans un rapport de force de gagnant et perdant, pour s'imposer et réussir dans la vie.

Ce que tu racontes sur l'éducation des enfants est tellement vrai. Beaucoup d'éducateurs (parent, prof...) pensent comprendre leurs comportements, alors qu'ils sont dans l'erreur. Même, ils sont très manichéens.
Je me rappelle d'expérience personnelle ou l'adulte était dans le faux et ne voyait pas ma réalité.
Mais encore faut il s'intéressait à l'autre pour pouvoir le comprendre, et je pense, que nous faisons toutes ces erreurs.

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Re : Pédagogie
« Réponse #4 le: 03 décembre 2023 à 21:11:46 »
yoyo je repasse avec un p'tit élément pour reprendre la réflexion... l'émission 'un bon moment' que je découvre en ce moment, c'est étrange je me rematte celle avec verino et fabien olicard à la recherche d'un passage sur le biais de connaissance rétrospective (ça n'a rien à voir mais il me soule lui, t'sais le truc genre 'je le savais !', et puis 'mais j'y sais moi tout le monde devrait y savoir', genre 'c'est évident'... mais bref, oui, tant que c'pas dit en fait, t'es moins affirmatif sur le truc ; bref), et puis j'ai stoppé à ce passage là avant d'avoir trouvé mon truc, parce qu'ils discutent d'un truc (ça fait bcp de trucs hein...) qui illustre bien une difficulté paradoxale à l'enseignement et l'apprentissage comme je l'envisage, et qui irait bien autour de ton sujet :

"les 4 accords toltèques, j'les ai [...] on aurait du le dire à l'école, j'aurais gagné du temps"

moi qui 'mentalise' bcp de trucs surtout depuis tout jeune, j'en ai eu plein des comme ça qui viennent a posteriori confirmer mon expérience, genre descartes qui conseille le principe scientifique de l'isolation des éléments d'un sujet d'étude, ma mère était chimiste avant de m'avoir bin j'suis sûr ça a transpiré d'elle, que ce fut explicite ou moins, elle m'a bien fait passer le truc car elle avait l'esprit, j'en suis sûr car c'est une des bases les plus anciennes et les plus stables de ma pensée mais à laquelle je n'ai pas de souvenir depuis l'extérieur, et c'est qu'en philo où j'ai lu le discours de la méthode, que j'ai réalisé comme navo sur les 4 accords toltèques : 'ah, oui, je l'ai trouvé moi même j'suis content qu'il existe qqpart'... ça glisse pour moi sur l'idée de cet autre cartésianisme efficace qui est le conseil de s'entraîner l'esprit sur les sujets qu'on veut, avant d'aller vérifier ou confirmer par ce qui existe de théorique, et ce pour se renforcer l'esprit hypothético-déductif plutôt que juste 'enregistrer' ce qu'on nous fait ingérer en tant que contenu de savoir... tout ceci autour de l'idée de la métacognition, qui est un savoir aussi : la méthodologie de l'esprit n'est pas la même si on l'entraîne par soi même ou si on ne fait que suivre les conseils ; il y a construction des structures d'élaborations de pensée, et ainsi je crois 'enseigner' devrait relever de bien plus que de la transmission de données 'à savoir'...

d'où la difficulté paradoxale qui me travaille déjà dans ce que je disais dans mon message au-dessus, en caricaturé, la fameuse maxime sur donner un poisson à celui qui a faim le nourrit un jour, lui apprendre à pécher règle sa faim pour toute sa vie ; ainsi le piège est ptetr de donner comme ça de l'info, ça pourrait atrophier la capacité à se la trouver soi même : si les 4 accords toltèques étaient enseignés à l'école, navo aurait-il développé son bon-sens de la même manière ? il aurait ingéré le truc ou pas, comme tout élève retient ou pas un truc, mais il aurait pas eu l'occas' de se le travailler, se le découvrir, par lui-même, et c'est là où tout se joue je trouve et où est le piège à croire que plus on en dit, plus on enseigne, plus l'autre gagne des cartes... non, ça joue ptetr inversement : le gaver de trucs qui l'empêchent de réfléchir par lui-même, solliciter sa mémoire en contre partie d'un afaiblissement de son bon sens personnel et autonome : est bcp plus solide l'enseignement qu'on ne te donne pas, si tu vas le chercher toi même en un apprentissage personnel en vue de et par, une autonomie psychique...

qu'en penses-tu ?

bon et puis tout de suite après ce bout de conversation dans la vidéo, et ça me conforte dans ma façon de lier ces bouts à ton texte, verino met le juste terme, 'pédagogie', et ça donne suite à une autre prise de parole de navo qui raconte une belle anecdote sur le soutien scolaire où il joue une carte que j'aime bien voir dans plein de jeux, celle de l'inversion des rôles (y'en a plein qui sont pas d'accord avec ce que je pense sur ce sujet, notamment en h2o...), qui mériterait bien ici d'être comme une piste de réflextion pour ce fil :

"à un moment donné j'faisais du soutien scolaire, et un truc qui marchait bien c'était... que ils me faisaient la dictée"

voilà... j'avais envie de partager ce morceau de culture, l'un des rares qui m'ait pas révulsé de chelouserie humaine... le biais de connaissance rétrospective j'suis trop en mode soupe intellectuelle intérieure pour en parler, mais j'crois on peut un peu démêler la difficulté sur la pédagogie, pour que si un beau jour on a moins de problèmes pratiques à l'éducation, on pourra se dire 'c'était évident que c'était ça !' huhu alors que actuellement dans ce brouillon social, on s'est pas encore dit de réelle solution, que quand elle arrivera on oubliera instantanément toutes les galères en amont, juste sera-ce 'évident'... espérons (ou autrement)

à peut-être !



(

edit : le passage que je cherchais est juste après, un peu plus éloigné du texte, mais pas sans lien non plus ; qmm, la connaissance rétrospective, now que je vois leurs mots c'est encore plus clair pour moi (principe même du truc, donc, si vous voyez la poupée russe) :
"si je devais avoir un combat..."
j'suis un peu pareil à trouver ça...
"on en veut à l'autre [...] le cerveau est très prétentieux [...] mais c'est sincère, c'est ça qu'est terrible"

)
« Modifié: 03 décembre 2023 à 21:56:23 par Dot Quote »

 


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